Le prêtre nous remit de l'encens, et nous quittâmes les lieux. Aglaeka eut une mauvaise surprise en sortant, ses chaussures n'étant plus à leur place. Comment est-ce qu'un abruti avait pu se tromper de chaussures. Le bracelet refit parler de lui, me faisant encore une fois mal. Je le maudis, même s'il l'était déjà, alors que la jeune femme se cherchait des chaussures de remplacement. Elle trouva finalement son compte, une jolie paire de bottes de cuir. Finalement elle n'y avait pas perdu au change.
Nous quittâmes donc les lieux, descendant l'esplanade en évitant les prêtres et les quelques pèlerins venus prier. Aglaeka nous emmena vers la droite, probablement un quartier commerçant. Il y avait encore une sacrée cohue, mais les gens ne nous bousculaient pas tant que ça. C'était bien pire à Tulorim les jours d'arène.
Finalement une petite échoppe attira mon attention. Ce n'était pas l'enseigne, en caractères bizarres, mais plutôt le dessin à côté qui ressemblait à un talisman. N'ayant pas grand chose à perdre, je pointai l'endroit du doigt à Aglaeka avant d'entrer dans la boutique.
L'intérieur était plutôt coquasse: sur des étagères trainait un foutoir monstre, des babioles et des rouleaux de parchemins se chevauchant les uns les autres. Il y avait aussi quelques vêtements, du plus austère au plus ostentatoire. Le tout semblait tout de même clairement dépassé, même pour la mode locale.
Un petit monsieur avec une barbe très fine attendait derrière le comptoir, nous dévisageant de ses petits yeux serrés. Je lui offris mon plus beau sourire, l'insultant intérieurement. Mon bracelet se mit à luire, avant d'une nouvelle fois me donner une décharge. Dans un mouvement de recul je manquai de faire tomber un vase, le replaçant délicatement sur l'étagère sous l'œil toujours aussi mesquin du vendeur. Je farfouillai un peu, mais la plupart des reliques m'étaient inconnues. La barrière culturelle comme qui dirait.
"C'est sûrement une mine aux trésors, mais hé, j'ai jamais fait de prospection moi!"Je me dirigeai donc vers le petit bonhomme, qui avant que je ne lui demande quoi que ce soit me lança d'une voix nasillarde:
"J'espère que vous avoir argent. Vous pas argent, vous dehors. Moi appeler la police!
-Hola mon brave, j'ai de l'argent. -Vous quoi vouloir?
-Vous avez des fluides de foudre?-Fluide foudre? Oui moi avoir beaucoup fluide foudre. Pas beaucoup magicien foudre. Magicien intelligent prendre feu. Feu bien, foudre pas très bien.
-Je sens que nous allons êtres amis.-Nous pas amis.
-Et c'est combien le fluide de foudre?-C'est mille yus.
-Qu... que quoi??-Mille yus, et vous 25 fluides foudre.
-J'en veux pas 25.-Vous faire perdre mon temps. Combien fluide vouloir?
-J'en veux deux. C'est déjà pas mal.-Deux c'est tout?
-Je croyais que ça se vendait pas...-Vous raison... Vous jolie même si stupide. Je vous fait trois fluides foudre pour 120 yus!
-95 yus, c'est mon dernier mot.-D'accord. "
Je sortis ma bourse, grimaçant tout en prenant l'argent tant aimé. Il fit une courbette, toujours avec un grand sourire avant d'aller me chercher mes fluides. Il revint avec une petite outre, l'ouvrant pour me montrer qu'il ne m'avait pas arnaquée.
"Si vous vouloir, moi très fort sort foudre. Sort du Dragon Céleste de Foudre. Plus grand sort foudre d'Oranan. Secret bien gardé. pour vous pas cher.
-Faîtes moi voir ça!"dis-je, intéressée.
Il prit alors une clef qui pendait autour de son cou, avant de sortir un petit coffre en bois. Il ouvrit celui-ci cérémonieusement, en sortant alors un petit étui en parchemin. Il souffla dessus, et on pouvait y voir un dragon dessiné.
"Ça être sort ultime. Valoir très cher très cher. Pour vous moitié prix, juste 200 yus.
-Tant que ça?-Sort ultime. Plus fort que cent éclairs!
-Je peux le voir?"Il me le tendit à contrecœur, surveillant bien que je ne faisais pas de bêtise. Je dépliai avec grande attention le parchemin, me rendant compte que le tout était écrit dans la langue d'Oranan. Je soupirai, mécontente. Pour apprendre un sort sur parchemin, la moindre des choses était de pouvoir lire le parchemin. Et là, si ça se trouve un vieux monsieur parlait juste des champignons qui poussaient sur les pieds de sa grand mère.
"Sort 200 yus que aujourd'hui. Après 400."
Un instant l'idée de m'enfuir en courant, le parchemin à la main, me vint en tête. Mais bon, ça n'en valait peut-être pas la peine si c'était pour se retrouver avec ce foutu truc illisible. Je le lui rendis donc:
"Une autre fois peut-être.-Vous stupide. Offre du siècle. Complètement stupide.
-Bonne journée à vous aussi mon vieux."Je me retournai alors vers la jeune femme, tout en haussant les épaules. Je lui murmurai d'une toute petite voix:
"Allons nous en, il me tape sur les nerfs ce crétin."
Une nouvelle fois le bracelet tenta de m'électrocuter, je manquai même de faire tomber mes fluides. Je jurai intérieurement, pour le voir recommencer une nouvelle fois.
"Vous problème magique, stupide sorcière?
-Oh mon brave, c'était marrant au début mais là tu commence à sacrément me taper sur le système. Lâche moi la grappe et occupe toi de tes affaires, crétin!"Une nouvelle fois le bracelet m'agressa, ne semblant pas heureux de me voir m'énerver. Je le traitai de plusieurs noms d'oiseaux, ce qui ne manqua pas de lui faire perdre son sang froid, me faisant un mal de tous les diables à chaque fois. Le vendeur ne me lâcha pas pour autant:
"Vous sortez d'ici! Ou j'appelle police. Dehors!"
Passablement énervée et le poignet endoloris, je sortis. Décidément ça ne s'arrangeait pas cette affaire. Je respirai un grand coup, tentant de calmer mes nerfs.
(hrp: achat de 1 fluide foudre 1/8 , le second ayant été acquis
ici et le troisième
ici)