Post de combat
J’en avais marre de voir les murs de cette pièce. Il ne se passait toujours rien et je commençais à me demander si Cromax avait vu juste sur le sort de Duncan ou si j’avais bien trouvé l’entrée de la prison de la demeure de Grantier. Rester dans l’expectative ne me plaisait que très peu.
(Ne baisse pas les bras Aenaria, Salymïa est avec toi de tout cœur et n’attend qu’une chose en découdre à tes côtés.)
(Un message de sa part je suppose ?)
(Oui.)
(La tension qui monte dans mes membres devient intenable, il me faut de l’action !)
(Chut ! J’entends du bruit.)
Après quelques minutes de longue attente, j’entendis enfin des bruits de pas provenir de ce couloir. Enfin, j’allais pouvoir faire quelque chose de mes dix doigts et sortir de cette salle de bal qui me sortait maintenant par les yeux. Agrandissant l’interstice par lequel le son provenait, je pus voir Duncan, les mains liés, passer devant moi sans se douter une seconde que j’étais à côté de lui. Il était escorté par deux gardes qui le tenaient fermement. Je pouvais voir une expression de peur sur le visage de l’ynorien.
(Tiens bon Duncan, tu n’es pas seul.)
Si seulement mes pensées pouvaient voler jusqu’à lui pour lui donner un peu de réconfort, j’en serais fort aise. Malheureusement, cela n’était pas possible car la télépathie était quelque chose d’exclusivement elfique.
(Mais bien sur ! Et la marmotte, elle met le chocolat dans le torchon de lin !)
(Oh madame la cynique, c’est pas bientôt fini !)
(Hey ! C’est pas moi qui ait sorti ça je te rappelle !)
(Stop, concentration s’il-te-plaît)
Ce n’était vraiment pas le moment de faire de l’humour alors que la situation était plutôt aux larmes. Une chance pour moi, le garde qui se trouvait posté devant la porte faisant face à la salle de bal partit dans la direction inverse me permettant de me glisser derrière les gardes qui escortaient Duncan. Je pus alors voir deux autres gardes postés devant une porte imposante…
(La prison est derrière…)
Le petit convoi de Duncan touchait au but et heureusement pour moi, les 4 gardes passèrent par cette porte. Deux d’entre eux étaient équipés de cotte de mailles et avaient ceint une épée au côté alors que les deux autres portaient des tuniques plus légères mais protégeant de la même manière.
(Deux épéistes, un qui se bat avec ses poings et le dernier avec une dague, les statistiques sont en ma défaveur…)
Ayant suivi les cinq hommes, ils ne prirent pas la précaution de refermer la porte derrière eux. Je pus donc m’introduire à leur suite pour voir que Duncan et ses chiens de garde descendaient alors que je fermais la porte. Prenant soin de bloquer l’entrée au cas où je devrais en venir à la force pour aller jusqu’à Duncan, c’était un moyen d’éviter d’alerter le reste de la cavalerie.
Sauf qu’en me retournant, je me retrouvai nez à nez avec les gardes de la porte de la prison. Derrière eux se trouvait un escalier qui descendait, certainement l’endroit ou Duncan avait été conduit pour être torturé. Le problème était que deux gardes se trouvaient entre moi et la cellule où devait être installé l’ynorien.
- « Ou est-ce que tu crois aller comme ça ? »
C’était l’épéiste qui venait de m’interpeller de la sorte. Il sortit son arme de son fourreau alors que l’autre s’équipait d’étranges bagues en fer qui recouvraient quatre des cinq doigts de sa main. Lorsque je vis ce dernier se taper les poings dans les paumes, je compris l’utilisation que pouvait avoir cette arme. Rien qu’à cette idée, je tremblais d’avance.
(Ils ne sont que deux, tu peux en venir à bout facilement.)
(Merci pour le vote de confiance…)
Puis les deux gardes s’avancèrent vers moi finissant de monter les quelques marches qui nous séparaient. Je dégainai mon épée et m’équipai de mon bouclier dans la seconde afin de me préparer à la riposte. Les deux gardes s’écartèrent l’un de l’autre pour tenter de m’encercler, instinctivement je reculai. J’avais oublié que j’avais une porte derrière moi et que par conséquent, je ne pouvais aller bien loin.
Les deux gardes prirent position et me sautèrent littéralement dessus. Le premier, le garde au gant de fer, atterrit directement sur mon bouclier alors que le deuxième, l’épéiste, rencontra mon épée. Pour cette première attaque de leur part, j’eus de la chance de les parer facilement. Il voulait probablement me jauger, moi, mes forces et mes faiblesses.
(A mon tour maintenant.)
D’abord, je repoussai mes deux adversaires avec force pour les faire reculer autant que possible, c’est-à-dire peu. Il me fallait riposter et vite avant qu’ils ne retombassent dessus. Le plus proche étant le jeune homme à l’épée, je calai ma jambe droite dans le sol et m’élançai vers ce dernier la lame en avant prêt à l’embrocher. Je sentis que ma lame faisait mouche car je la vis s’enfoncer dans la cotte de maille puis dans la chaire en dessous du foie. L’attirant à moi avec mon arme, je lui posai mon pied droit sur le torse et le poussai violemment afin de récupérer mon épée. Je vis son corps dévaler les escaliers à la vitesse grand V tout en faisant un magnifique roulé-boulé.
(Oh merde, moi qui devait la jouer discrète…)
(C’est raté !)
(Oui, et c’est surtout très mauvais pour moi, il va rameuter les deux autres gardes qui étaient descendus avec Duncan.)
(Cela lui donnera peut être une chance de se libérer !)
(N’y crois pas trop, il est désarmé je te rappelle.)
(D’ailleurs, n’oublies pas que son arme est attachée à ton sac.)
(Ca me donne une idée pour la suite…)
Je n’eus pas le temps d’en dire plus à ma faera que déjà le monsieur au gant métallique me resauta dessus et visa avec une précision d’archer mon bras droit me donnant un violent coup sur l’avant bras. Sur le coup et à cause de la douleur, je lâchai mon épée, repliai mon bras vers moi. Mon adversaire en profita pour reculer puis courir dans ma direction, je devais le prendre de vitesse. Je me mis donc à courir vers le mur, puis posant le pied droit contre ce dernier afin d'y prendre appui, je donnai un coup de bouclier dans la caboche de ce pauvre diable. Il fut aussitôt sonné me laissant le temps d’aller récupérer mon épée.
Etant de nouveau en selle, j’avais le temps d’organiser mes pensées et d’envisager la suite de ce combat. La chute de l’autre débile avait certainement alarmé les deux autres gardes en bas et ils allaient certainement remonter ensemble pour me faire mal. Il me fallait donc m’occuper rapidement du cas de celui que je venais de sonner avant que les ennuis ne commencent vraiment. A une contre quatre, j’aurais beau avoir tout le courage du monde, je ne serais pas capable de les battre, à part au prix de ma vie et cela je ne pouvais le concevoir. J’avais trop à perdre, notre groupe avait trop à perdre et Duncan comptait sur moi pour le délivrer.
J’entendis alors un mouvement sur le côté qui me sortit de mes pensées, mon adversaire au poing de métal, venait de reprendre ses esprits. Aussitôt il m’interpella.
- « Pourquoi tu ne m’as pas tué ? »
- « Agir de la sorte aurait fait de moi un traître et je n’en suis pas une. Je veux te battre à la loyale alors en garde ! »
(Ton sens de l’honneur te perdra.)
Je ne pris pas la peine de répondre à Crystallia car j’étais trop concentrée sur mon adversaire afin d’anticiper ses mouvements mais comme je n’avais pas l’habitude de me battre contre des ennemis avec un équipement pareil, j’étais quelque peu démunie face à lui. Ce dernier dut le voir dans mes yeux car aussitôt il courut vers moi me donna un puissant coup de poing qui tomba directement sur mon bouclier, je me croyais sauve mais j’avais tort car avec son poing droit il passa sous son bras gauche, sous mon bouclier et atteignit avec une facilité étonnante mon menton.
Sous l’effet du coup ma tête partit en arrière, du sang et de la bile montèrent dans ma bouche, je fus sonnée sur le moment. Le mouvement que mon cou venait de faire d’arrière en avant à toute vitesse faisait atrocement mal. A l’instant ou l’uppercut fut porté, j’avais fermé les yeux et maintenant je les rouvrais. Mon adversaire avait reculé pour se protéger de mon épée alors que moi je reprenais mes esprits tout en essayant de remettre ma mâchoire en place en la bougeant de droite à gauche.
(La vache, ca fait fichtrement mal !)
(Non tu crois ! Méfie-toi de ces poings, ils sont dangereux.)
(Heureusement qu’il est tout seul, sinon je te raconte pas le combo…)
Revenant sur mon combat, je me concentrai sur mon adversaire qui était littéralement en train de me narguer en se tapant les poings dans les paumes, me montrant qu’il était prêt à en découdre. J’avais été bien stupide de ne pas lui trancher la gorge lorsque j’en avais eu l’occasion. Comme l’avait dit Crystallia mon sens de l’honneur me perdra et ici c’était la vie que j’allais perdre si je ne trouvais pas un moyen de parer ses attaques rapidement.
Analysons la situation et surtout la dernière phase de combat. Il a utilisé mon bouclier pour me leurrer et attaquer sournoisement par dessous. Jouons à son petit jeu et nous verrons bien ce qu’il fera par la suite. Je me mis en position et l’enjoignis de venir m’attaquer en lui faisant un signe dans ce sens avec mon épée. Ce pauvre benêt n’avait pas compris que je l’avais fait tomber dans un piège.
Courant vers moi, il réitéra son attaque précédente, à la seule exception que cette fois-ci je savais à quoi m’attendre et je n’eus aucun à parer son attaque. Se jetant sur mon bouclier, j’attendis le bon moment pour me dégager, ne lui laissant aucun moyen d’arrêter son coup de poing. Il se retrouva complètement déséquilibré et surtout dos à moi, je n’aimais pas attaquer les gens dans le dos mais la situation m’y obligeait, ma vie et celle de Duncan en dépendaient. Je lui assénai donc un grand coup d’épée allant de son épaule droite à son rein gauche, coupant sa tunique de cuir et atteignant la peau avec une facilité déconcertante.
Je vis mon adversaire tituber quelques secondes avant de me faire face de nouveau. Il semblait sonné, devrais-je dire dans les vapes, après mon petit dégagement surprise. Quelle stupidité de sa part de recommencer la même attaque ! Il aurait du se douter que face à une épéiste suffisamment intelligente, son adversaire, moi, ne se serait pas laissé berner une seconde fois. Cette blessure était le résultat de son total manque de tact et d’intelligence, il l’avait d’ailleurs payé très cher.
Lorsqu’il revint à lui et à la situation, je lui montrai ma lame luisante de son sang. Il me regarda avec un air mauvais, méchant voir même diabolique sur le visage, pas bon du tout pour moi. J’eus tout juste le temps de me remettre en position de défense que déjà la furie qui était en mon adversaire lui donna des ailes pour m’attaquer de nouveau avec force. Il se rua vers moi et alors que je m’attendais à parer une attaque de ses poings, il n’en fit rien et préféra prendre de l’élan pour sauter et me donner un puissant coup de pied dans la tête.
De suite, je vis 36 chandelles et il me fallut quelques secondes afin de reprendre mes esprits. De nouveau, le sang monta à ma bouche en quelques secondes et par réflexe, je crachai au visage de mon adversaire. Secouant doucement ma tête de gauche à droite, je réussis difficilement à remettre mes idées en place ainsi que toutes les parties de mon cerveau qui avait fait des jolis sauts de cabris à l’intérieur de ma boîte crânienne.
(Putain, je lui ai bousillé le dos et il arrive encore à me frapper avec une force pareille !)
(Peut être mais regarde-le…)
Crystallia voyait tout plus vite que moi ou du moins avant moi car mon adversaire avait souffert de ce coup de pied à la tête. Attendre 1m95 de haut devait demander un effort énorme et son dos avait du en prendre un coup. Il était en train de reprendre son souffle tout en enlevant le sang de son visage alors que je me remettais de mes émotions.
(Aenaria, y’a du mouvement en bas…)
Je n’avais pas besoin d’en entendre plus, aussitôt je fonçais sur cet adversaire et lui tranchai la gorge afin de mettre un terme à ce combat. Il me regarda quelques secondes essayant de comprendre ce qu’il se passait puis s’écroula au sol baignant dans son sang et moi pataugeant dedans. Un de moins, en restait trois, mais tous ensemble…
(Ca va être coton…)
(Je le pense aussi.)
J’avais un affreux mal de crâne, entre le coup de poing et le coup de pied, j’étais vernie ma parole. Je me plaçai dos à la porte et attendis que les gardes remontent l’escalier, le nombre en était la seule inconnue à cette attente. Sachant que j’en avais balancé un dans ces mêmes escaliers avec une blessure assez sévère mais pas mortelle, je ne pensais pas le revoir, quoi que. Serait-il accompagné des deux autres gardes qui avaient remis Duncan aux mains d’un spécialiste de la torture ? Cette idée me faisait froid dans le dos et ma détermination à gagner ce combat n’en était que plus grande.
J’entendis alors des bruits de pas, d’abord lointain, puis au fur et à mesure de plus en plus proche, et enfin, le moment tant attendu de la confrontation des armes arriva. Deux épéistes, dont un qui n’était pas en état de se battre et un garde avec une dague, il s’amusait d’ailleurs avec, un assassin sans nul doute et donc un mauvais moment à passer pour moi.
Ces trois bons hommes se déployèrent autour de moi, l’épéiste blessé, l’assassin au milieu – que je supposais être un assassin – et le dernier épéiste sur mon flanc droit. Trois contre moi, déjà affaiblie par deux coups à la tête, si je n’arrivais pas à me débarrasser rapidement du premier manieur d’épée sur mon flanc gauche, la situation allait vite dégénérer. Néanmoins, j’avais en tête que ces deux compères allaient le protéger et donc me sauter à la gorge à la moindre occasion.
(Pries pour moi Crystallia, pries pour moi…)
(Pas besoin, tu t’en sortiras très bien.)
La confiance de ma faera me fit beaucoup de bien, elle croyait en mon succès et c’était tout ce dont j’avais besoin pour le moment. La tension entre les jouteurs était palpable, nous étions tous sur les dents et en attente du premier coup. S’ils s’attendaient à ce que je frappe la première, il pouvait attendre longtemps, en infériorité numérique, ce serait du suicide. Je pouvais sentir la présence du mur dans mon dos, impossible de fuir si les trois me tombaient dessus en même temps.
A mon grand damne, cela se produisit à un élément prêt, deux seulement me tombèrent dessus. Le flanc droit et le milieu me sautèrent dessus, je réussis à les bloquer facilement mais cela ouvrit mon flanc gauche à une attaque directe et ce bougre ne se fit pas prier pour se venger du coup que je lui avais porté. Je le vis avancer vers moi comme un dingue alors que toutes mes forces étaient dirigées vers mon épée et mon bouclier afin de repousser les attaquants. Je dus poser mon pied gauche sur le mur afin de prendre un meilleur appui pour éviter de plier sous la puissance des hommes.
Ainsi ce fut sur cette scène que monsieur flanc droit arriva sur moi et alors que sa lame se levait dans les airs prête à trancher dans le vif, le sang de son compatriote me sauva la vie. En effet, lorsqu’il courut vers moi, il glissa dans la marre de sang que son ami avait laissé suite à sa courte agonie silencieuse. Suite à cela, il se retrouva les quatre fers en l’air et atterrit lourdement sur le dos dans un bruit métallique et s’évanouit au moment ou sa tête entra en contact avec le sol.
Je ris intérieurement alors que les deux adversaires qui m’avaient sauté dessus restaient pantois devant la scène. J’eus alors deux secondes pour les repousser car ils baissèrent leurs gardes en admirant la cascade de leur ami, ce qui me permit de me libérer et d’achever d’un coup d’épée dans le cœur le pauvre bougre qui n’aurait jamais dû remonter les escaliers pour littéralement venir au casse pipe. Un de moins, il en restait encore deux.
(Bien joué !)
(Merci, mais j’ai peur qu’un tout autre combat ne commence et je ne suis pas au mieux de ma forme.)
(Comment ça ?)
(Les deux autres ont l’air sacrément remonté. Il est temps pour moi de repartir au charbon. Souhaites-moi bonne chance.)
(Reste surtout en vie…)
Je n’entendis pas les dernières paroles de Crystallia à mon intention, sa voix ayant perdu en volume dans ma tête. Je retirai mon épée du cœur de l’ennemi que je venais de tuer afin de pourfendre les deux hommes qui étaient encore debout. Il m’avait regardé faire sans broncher, je trouvais cela bien étrange de leur part, du choc ou du dégoût, je ne saurais le dire. Je me remis en position et partit à l’assaut espérant profiter de ce moment de latence de leur part pour les blesser.
Je levai mon épée et tentai de l’abattre sur l’assassin qui semblait le plus dangereux à mes yeux et j’avais raison. Ce dernier esquiva mon coup avec une facilité déconcertante puis contre-attaqua avec une rapidité tout aussi fulgurante. Sa lame toucha directement mon cou et je sentis le sang couler le long de ce dernier, la carotide avait été touchée. Je ne réalisai pas du tout ce qu’il m’arrivait et le deuxième épéiste en profita pour me donner deux coups d’épée qui tranchèrent mes bras, faisant de grandes entailles.
Sous les coups, je reculai et m’adossai contre le mur, je sentais mes forces m’abandonner un peu plus chaque seconde. Le sentiment d’impuissance que je ressentais à présent était un véritable enfer à vivre. Sous le poids de la douleur, mes jambes se dérobèrent sous moi et je me laissai glisser contre le mur, me retrouvant les fesses sur le sol. Je pouvais sentir le rythme de mon cœur diminuer au fur et à mesure, la nuit commençait à se faire jour en moi. Mes yeux se fermèrent, la vie me quittait petit à petit me rapprochant de mes parents.
(Aenaria, je t’en supplie bats-toi ! Tu peux t’en sortir, ne meurs pas ! Tu peux te sauver toute seule…)
Je pouvais me sauver toute seule… J’avais en moi le pouvoir de continuer à me battre…
(Gaïa, viens à mon aide…)
Mon sang continuait de couler, j’avais échoué, j’allais mourir, jamais je ne pourrais accomplir ma vengeance sur mon frère, rendre leur honneur à mes parents, aller pleurer sur leur tombe car je m’approchais de la mienne… Mais alors que j’étais submergée par d’obscures pensées, je sentis la vie refluer en moi doucement. Cette sensation était apaisante et me permit de retrouver un peu de bon sens.
Mes sens reprirent leurs rôles, je gardai les yeux fermés mais mes oreilles captèrent des bruits de pas venant vers moi. L’un de mes adversaires venait certainement vérifier que j’étais morte ou sur le point de l’être. Il fallait que je garde l’effet de surprise le plus longtemps possible en ma faveur pour à mon tour leur faire voir de quel bois je me chauffe. Je ne respirai pas fort volontairement afin de garder le suspense sur la suite des évènements, je fis en sorte de calmer les battements de mon cœur qui reprenait son rythme régulier.
Les pas s’éloignèrent pour rejoindre un point dans la pièce.
- « Elle est quasiment morte, on peut retourner en bas. »
- « Bien joué Igor. »
- « Ton attaque n’était pas mal non plus, deux coups d’épée, j’aime beaucoup l’idée Pavlov. »
Les bruits de pas s’éloignèrent, j’entendis l’un des deux hommes qui commençait à descendre l’escalier de la pièce. Ce fut le moment que je choisis pour ouvrir les yeux et me relever aussi sec. Je n’étais pas au mieux de ma forme mais j’avais recouvert au moins la moitié de mes forces, cela serait amplement suffisant pour me permettre de jouer un peu avec eux. Maintenant, il me fallait un moyen de retrouver leur attention, rien de plus simple. Le deuxième homme venait de suivre le premier, je dirais dans l’ordre Igor puis Pavlov.
- « HEY ! »
Aussitôt les deux hommes se retournèrent et affichèrent un visage totalement estomaqué devant ma soudaine rémission. Je les narguais en montant ma main droite au niveau de mon visage et avec mon index et mon majeur, je leur fis un petit signe leur invitant à revenir sur le lieu du combat. Ils se jaugèrent du regard alors que moi je récupérai mon épée, mon bouclier et m’en équipaient. Ils finirent par remonter vers moi et se placèrent de part et d’autre de ma petite personne.
Il était clair pour moi que je ne pourrais les vaincre s’ils me tombent tous les deux dessus, il fallait donc que j’arrive à en virer un des deux pendant au moins deux minutes. Mais comment faire cela sans que je ne prenne très cher ?
(Tu n’as qu’à en propulser un au bas des escaliers.)
(C’est une idée ça !)
Propulser un des deux zigotos au bas des escaliers, je trouvais cela fort intéressant, encore me fallait-il trouver un moyen de le faire. Je me creusais la tête afin de trouver une bonne stratégie pour mettre mon plan à exécution. Aurais-je suffisamment de force pour cela, voilà la grande inconnue ! Ma constitution elfique devrait me permettre de faire des miracles alors essayons cela.
L’assassin se rua vers moi, dague dehors prêt à me faire une nouvelle entaille mortelle, sauf que cette fois j’y étais un peu plus préparée. Me baissant, je ramenai ma lame vers le sol puis la passant dans l’entre-jambe de mon adversaire, je le soulevai vivement afin de l’envoyer paître quelques mètres plus loin. Je le vis décoller et s’envoler vers les escaliers pour retomber en effectuant très certainement une roulade assez cataclysmique vers le bas de la tour.
J’affichai un sourire machiavélique sur mon visage tout cela à l’intention du deuxième porteur de lame longue de la pièce. Il me jaugea quelques secondes se rendant compte que j’étais quelqu’un de plus coriace que prévu.
- « Nous t’avions sous-estimé gourgandine… »
Une lueur infernale brilla aussitôt dans mes yeux à l’écoute de ce mot. La seule personne qui avait osé m’appeler ainsi était passée par le fil de mon épée, un shaakt. Je me replongeai alors momentanément dans mes souvenirs, le regard dans le vague.
(Aenaria, ce n’est pas le moment de faire du sentimentalisme ! Attention !)
L’épéiste avait certainement remarqué que je n’étais plus à 100% dans le combat car ce dernier se jeta sur moi et m’entailla de nouveau le bras. Par Sithi, il commençait sérieusement à me taper sur le système celui-là à toujours me blesser de cette manière. Je tentai alors de le blesser à mon tour sauf que je ne réussis pas à le toucher et cela me mit en rage. Je me remis dos à la porte d’entrée de prison afin de lui bloquer la sortie.
Je n’aimais pas la situation du tout et mon adversaire du le sentir car il tenta un mouvement que je n’avais jamais réussi à présent, une botte. Il entortilla son épée autour de la mienne et d’un mouvement souple du poignet l’envoya valser juste à côté de lui. J’étais sans arme à part ma magie, je ne pouvais plus faire grand chose… ou presque. J’avais une idée mais pour y arriver il me fallait gagner du temps alors aussitôt je mis mes fluides d’éclair à profit et fermant les yeux, je lançai un éclair suffisamment puissant pour l’aveugler une minute.
Immédiatement, je pris mon sac et délaçai l’attache qui tenait l’arme de Duncan à ce dernier. A la place, j’y attachai mon bouclier car je ne pourrais pas m’en servir pour le moment. Je me mis face à mon adversaire et j’entendis alors l’assassin remonter les marches tambour battant. Je pris bien en main l’arme de Duncan et priai intérieurement pour qu’elle me permette de tuer ces deux hommes.
Cette fois-ci je fis appel à mes fluides d’air et prenant l’arme de l’ynorien à une main comme un javelot, je lançai l’arme à travers le corps de l’épéiste. Grâce à la force indue par le sort d’air, l’arme traversa de part en part le premier des hommes et atteignit l’assassin à l’épaule gauche. Aussitôt je partis récupérer mon épée qui était maintenant à côté d’un homme entre la vie et la mort. Je crus bon de mettre un terme à son agonie et lui coupait la tête avec un geste ample de mon épée.
Le corps tomba au sol et ainsi l’assassin put se libérer, monta les quelques marches qui nous séparaient encore et se mit en garde. Je voulais récupérer mon bouclier mais je n’en eus pas le temps car déjà mon dernier adversaire se rua vers moi. Je pris mon épée à deux mains et tentai de contrer la lame de sa dague sauf que j’écopai d’une belle et longue estafilade sur l’avant-bras gauche.
Nous retournant dans un même mouvement de demi-cercle, il me nargua en léchant la lame de sa dague puis en la passant sous son cou. J’avais envie de l’électrocuter et de le faire crier jusqu’à ce que mort s’en suive. Ma détermination à sortir victorieuse de ce combat était telle que j’aurais pu tuer mon frère avec un seul regard. Je retroussai la lèvre lui montrant ma colère et mon envie de lui faire mal.
Ni une, ni deux, je partis à l’attaque tout comme lui. Ce dernier m’attaqua sur le flanc droit, c’était le moment pour moi d’utiliser une technique qui avait déjà fait ses preuves contre les gobelins que nous avions affrontés dans les plaines d’Ynorie. Je me mis à effectuer des mouvements de huit avec mon épée tout autour de l’assassin pour le toucher le plus de fois possible et surtout l’empêcher de m’attaquer à nouveau ou tout du moins de me toucher avec son arme.
Mon entreprise fut victorieuse car je réussis à lui couper deux fois le bras droit, celui tenant sa dague, une fois au niveau du poignet et une fois au niveau du biceps. Je pus voir une méchante grimace de douleur barrer son visage à la fin de mon attaque. Ce combat n’avait que trop duré, il était temps pour moi d’y mettre un point final et d’aller retrouver Duncan pour le sortir des griffes de son bourreau, s’il n’y en avait qu’un…
(Je vais vérifier cela de suite.)
Je n’avais même pas besoin de lui demander, elle pensait à la même vitesse que moi. C’était tellement agréable de pouvoir compter sur un autre esprit aussi vif que le sien en ces temps de malheur.
(Il n’y a qu’une personne qui interroge Duncan.)
(D’accord.)
Bon et maintenant, il ne me restait plus qu’à tuer cet individu. Une attaque frontale serait trop facile à parer alors mieux valait la faire subtile cette fois-ci. Personne n’avait encore goûté à ma magie de feu, cela me titillait de lui lancer une boule de feu sur la tête… Mieux valait garder mes fluides de feu pour plus tard, qui savait s’ils ne seraient pas plus utiles plus tard. Le corps à corps me semblait le mieux dans la situation présente et j’avais bien envie de tester quelque chose.
Je courus vers l’assassin et feintai délibérément un coup, passai sur son côté droit, le plus saignant, et me postant derrière lui, je lui donnai un coup de coude dans la tête, le sonnant quelques secondes. Je me retournai vivement et d’un coup d’épée le transperçai des reins vers le cœur. Puis m’approchant de son oreille, je lui murmurai quelques mots.
- « Ca c’est pour m’avoir traité de catin, sale con. »
Aussitôt je retirai mon épée de son corps, il s’écroula à genoux les mains sur le cœur à la recherche d’un second souffle qui pour lui ne viendrait pas. Je me plaçai devant lui et me mis à sa hauteur afin de le voir rendre son dernier soupir. Il me regarda avec les yeux de quelqu’un qui implorait pour sa vie mais je n’en avais que faire. Il était un obstacle à ma mission, celle de retrouver et de sauver Duncan, et rien ne pourrait se mettre en travers de mon chemin.
Il finit par exhaler pour la dernière fois et resta ainsi à genoux, c’en était pathétique. Je me relevai et d’un coup de pied, je le fis tomber à terre, orgueilleux qu’il avait été de croire que je n’étais pas capable de le battre. Je ne le dirais jamais assez mais l’ego des hommes est surdimensionné lorsqu’il s’agit de se battre.
Suite à cela, je pris soin de nettoyer mon épée sur sa tunique afin de l’en laver du sang des ennemis que j’avais mis du temps à tuer. Je la rangeai dans son fourreau, puis je pris le temps de récupérer l’arme de Duncan qui était toujours planté dans le corps du second épéiste. La tirant de son corps sans vie, j’y ajoutai du sang sur toute sa longueur, pas très pratique si l’ynorien devait se battre avec par la suite. Donc comme pour ma lame, je l’essuyai précautionneusement sur les vêtements du cadavre dont je l’avais tiré.
Une fois ma tâche accomplie, je regardais une dernière fois la scène d’apocalypse qui s’offrait à moi. J’avais pris cher mais j’en étais sortie victorieuse et c’était tout ce qui comptait à mes yeux. Puis je réalisai que mon sentimentalisme m’éloignait de mon objectif principal.
- « Duncan, tiens bon j’arrive. »
J’avais presque crié cette phrase, aussitôt je me ruai vers le bas des escaliers afin de mettre un terme à son calvaire qui n’avait que trop duré.
(((HRP : Utilisation de la CCAA Estoc droit, de la CCAA Coup de bouclier, du sort Souffle de Gaïa sur moi, apprentissage de la CCAA de paladin Propulsion, utilisation du sort Eclair aveuglant (ancien car je n'ai pas encore senti le trouble de la force avec l'arrivée de Brytha), utilisation du sort Lancer du vent, utilisation de la CCAA de paladin Soleil.)))