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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Dim 26 Oct 2014 21:45 
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L'arrivée à Tulorim et le voyage vers le monastère



JOUR 4 Enfin « terre en vue ! »


Le maître de quart Radames observait la scène en silence et se réjouissait de l’aubaine que Zewen ou Moura lui accordait en lui ayant permit de croiser le chemin de l’étrangère féline.
Si ses compagnons superstitieux y voyaient dans ce qui c’était passé un signe de bienveillance des dieux, lui savait au fond de lui ce qu’il en était.
Jamais il n’en avait parlé de se qu’il croyait être une malédiction, enfin depuis des années.
Bien sur, plus jeune, quand il avait découvert ce don, il en avait profité et très vite abusé. Au début, enfant chétif et solitaire, il était plutôt solitaire et parfois, trop souvent, la risée des autres gamins. Mais un jour un incident grave arriva. Un des jeunes coq voulu châtier Radamès à qui la petite Quintia lui faisait les yeux doux, parce qu’il la voulait à lui, revint ensanglanté, criant à l’unisson avoir été attaqué par un monstre. Les battues organisées ne donnèrent rien, si ce n’avait été la découverte d’empruntes d’un quadrupède inconnu et imposant. Plus tard, des soupçons et les ragots se répandirent sur le jeune Radamès. Il devint rapidement la bête noire, le paria, par crainte, ignorance et superstition malgré l’acharnement de se parents à démentir les accusations. Jusqu’au jour où, même ses parents sous la pression des villageois furent contraints de partir, bannis à jamais.
Alors s’en étaient suivit des années d’errances pitoyables, qui furent fatales à ses parents. Puis un jour, le capitaine mystérieux de ce bateau le sortit des caniveaux d’un port et le prit sous son aile. Cela faisait maintenant bien des années… Depuis, il s’était bien abstenu de faire étalage de cette malédiction, jusqu’à aujourd’hui…

Ce qui s’était passé, avait fait ressurgir le démon. Et, si les marins étaient ébahis, prit entre l’admiration, la crainte voir la peur pour certain, dans l’ensemble ils avaient bien accepté ce que leurs yeux leur avait révélé. La féline ne semblait pas vivre ce… don… comme quelque chose de maudit et cela l’intriguait. Il voulait savoir, comprendre… et peut-être apprendre.
La jeune femme qu’il avait appelé, s’approchait. Il l’observait et admirait ses mouvements sibyllins et sa silhouette si féminine. Elle était jolie, attirante et pourtant se dégageait d’elle un secret qu’il avait éventé et faisait peur au néophyte. Les yeux mordorés de l’Humoran étincelèrent quand elle releva la tête dans sa direction sou sel reflet de la lune. Elle se planta à coté de lui, appuyée au bastingage le regard perdu dans l’immensité liquide. Sa croupe était magnifiquement dessinée, si cela n’avait été cette queue qui ondulait nonchalamment. Radamès la trouvait bien à son goût de mâle… Mais le sujet n’était pas là. Il avait du mal à se lancer et c’est elle qui entama la conversation, d’une voix douce et lointaine, comme si elle avait deviné pourquoi il voulait lui parler.

Parfois, moi aussi je me demande encore si c’est un don… ou une malédiction…

Il bafouilla

« Oh ? … je… hum ! … oui…  » Silence… J’ai compris à vote changement d’attitude et vos regards que vous étiez vous aussi un changeur. Je me trompe? hésitation et perplexité… « Oui…  » Il déglutit, les mots avaient du mal à franchir la barrière de ses lèvres. « J’préfère po en parler … enfin… avec vous m’dame c’est différent… on a la même malédiction…  » . Oui… parfois cela peut-être une malédiction, fou dépend de ce que l’on en fait. Mais vous n’avez pas tort les gens n’aiment pas notre condition, on fait peur. « Pour moi ça’été un enfer…  » Elle était toujours de dos, n’avait pas croisé le regard de l’homme pour ne pas le gêner plus. Quel est votre totem?… « Un grand quat’mains… J’fais peur, j’maitrise po sa force ni ses colères… Quant’ça arrive, j’casse tout !  » Est ce que vous contrôlez votre changement? « Maintenant oui…  »
Alors vous avez fait un grand chemin. Trouvez l’élément qui vous donne le pouvoir et apprenez à l’utiliser. Trouvez un Shaman qui vous aidera… Elle se retourna et ses yeux brillèrent quand elle croisa son regard. Il frissonna, non pas de peur mais d’espoir. « Vous?…  » Elle ne répondit pas tout de suite … ce n’est pas en mon pouvoir… j’ai moi même trop de questions sans réponses. Elle s’éloigna sans se retourner. Il resta un peu interloqué, déçu. Mais au moins il avait eu le courage d’affronter sa peur et cela le rassurait de savoir qu’il n’était pas seul. Il lui restait l’espoir de rencontrer un autre Shaman. Il lui faudrait prendre une décision arrivé à destination…

***


Comme à son accoutumée, le distant et toujours mystérieux Capitaine prit possession des lieux en pleine nuit quand tout le monde dormait. Pas une fois les demoiselles ne cherchèrent à enfreindre l'interdit et suivirent le conseil de ne point chercher à savoir. La nuit se déroula sans accroc et au petit matin le temps c'était rafraichi et un vent du sud tournoyant les obligea à des manœuvres qui les retardèrent. Les nuages défilaient à vive allure et recouvrait par moment le soleil. L'océan si calme la veille avait lui, prit un tout nouvel aspect. Des creux d'un bon mètre venaient à faire tanguer le frêle esquif. L'équipage habitué à la haute mer n'y voyait rien de très alarmant et les gerbes d'eau qui inondaient parfois le pont ne les inquiétaient guère. En milieu de journée, le vent se calma et la navigation fut plus paisible. Nellia allait beaucoup mieux, elle attrapa la main de sa copine.

N'Kpa, Tiens, chose dite, chose due. Elle lui tendait le masque de Dragon

Pffff ! tu ne perds vraiment pas le nord, pas du tout... N'Kpa prit le masque et le porta sur son visage. Cela lui donnait un look étrange, mi-homme mi-bête. Parée de la sorte, je ne te crains plus Nellia la fourbe hi hi hi ! … En garde, je vais te rosser comme tu le mérites. Na !

Ooooh! te voilà bien sûr de toi la féline, je t'attends ! Voyons donc ce que tu as retenu !
Les deux filles étaient en posture, l'une face à l'autre. Les marins qui avaient suivi l'échange ne comprenaient pas vraiment si c'était du lard ou du cochon. L'expression de Nellia avait changer en une détermination sérieuse et offusquée.
Déjà dans son attitude figée, était palpable l'énergie de sa colère montante. De son coté, masquée, l'Humoran ne laissait transparaître qu'assurance.
Nellia enchaina les mouvements préparatoires à son attaque. N'Kpa ce mit enfin en défense, reculant une jambe, anticipant l'assaut. Soudain comme une flèche d'arc, Nellia bondit en avant, rapide comme le vent, ses bras disparurent de la vision des spectateurs, elle traversa la position qu'occupait la Shamane, zébrant l'air. Prête, aux aguets, l'énergie s'infiltrant dans ses membres, la Shamane avait anticipé l'attaque de sa compagne. Au moment ou elle déversait l'ire de son attaque, l'Humoran masquée avait déjà quitté sa position et fendait de ses griffes la forme de Nellia qui passait à sa portée.

La maraudeuse stoppa son élan, serrant son ventre de ses bras. Elle était stupéfaite et la douleur lui brûlait les entrailles. Elle se releva difficilement pour jeter un oeil en arrière et à son ventre. Sa tunique portait huit zébrures entachées du carmin de son sang. Ses yeux s'arrondirent cherchant la féline qui n'était plus là. Une odeur l'alerta et une ombre. Nellia se jeta dans une roulade, juste à temps pour esquiver la Shaman qui tombait du haut du mât. Le bruit mat de son atterrissage prouvait la souplesse de ses muscles. Nellia encore sous le choc se blottit derrière un monceau de voiles qui trainaient sur le pont, le souffle court. Elle observa à nouveau ses blessures qui n'étaient pas graves, mais douloureuses et prit conscience d'être passer à un cheveux d'un accident plus grave… Que ce passait-il? Elle commençait à avoir peur.

Hola ! N'Kpa à quoi joues tu? … Si tu ne retiens pas tes attaques tu vas me fendre en deux ! Tu m'fais peur tout à coup ! … Tu m'entends? …
N'Kpa entendait… Une odeur de sang dans l'air lui titillait son instinct le plus refoulé. Etait-ce l'armure d'Amalia qui réclamait du sang et ne s'arrêterait que quand le désir serait assouvi? Elle ne répondit pas.
Les marins plus détendus depuis deux jours sentirent tourner un vent mauvais et commencèrent à s'inquiéter. L'un d'eux alla chercher Ramadès…

N'Kpa s'apprêtait à fondre sur sa proie tel un un tigre, s'arrêta net pour observer le contremaitre s'approcher.
Radamès leva une main en signe d'arrêt. « Assez ! m'dame, reprenez vo'te esprit, vous vous laissez emporter par la sorcellerie ! Ôtez le masque et revenez à la lumière de Gaïa ! » La demoiselle ne semblait pas le voir sous le même angle. Elle se campa sur ses jambes et imprima la gestuelle à ses bras, répétition grandeur nature de ce qu'elle avait appris. L'homme hésita et commença à craindre le pire.
« Foutre dieux, que me faites vous là? j'n'ai pas envie d'm'battre là !  » Il n'eut pas le temps de dire autre chose. La femme se jeta sur lui, aussi vite que lui permettait l'énergie de la terre qui coulait en elle. L'homme eut juste le réflexe de plonger vers Nellia. La Shamane termina sa course bien au delà de la dernière position du marin. S'il était resté, il aurait subit de gros dégâts.

N'Kpa se retourna, au moment où Nellia et le marin en faisaient de même.

N'KPA , il suffit ! …

La maraudeuse se mit en garde devant le marin. La Shamane s'approcha nonchalamment et avec une fourberie décocha une gifle à sa copine. L'autre surprise mais maître de sa technique, combative, rétorqua d'une projection puissante des deux mains. L'Humoran se retrouva au sol sur les coudes quelques pas plus loin. Un grondement sourd sortit de ses entrailles. Nellia n'en croyait pas ses oreilles et ses yeux. Radamès, je ne comprends pas ce qu'elle a et ce qu'elle fait. Elle n'est pas elle même ! Il va falloir la coincer pour la neutraliser ! …
« Oui, j'le vo bien, mô côment faire? Elle est enragée vo'te copine ! » Attirez là de votre coté, je vais la prendre en tenaille… L'homme s'exécute et au passage se saisit d'une rame, tout en s'éloignant de la maraudeuse. Les marins s'étaient retirés et deux c'étaient équipés d'un filet de pêche, prêt à sauter sur la furie.

N'Kpa qui n'avait rien perdu de la scène s'était relevée et se mit à rire. Bien !… Nellia, nous allons voir si j'ai bien retenu tes leçons !… A nous deux !…
Nellia resta interloquée, et avait espéré l'attirer à elle? Elle s'aperçut que sa copine avait changer de cible et chargeait Radamès, qui était plus proche. Sans répit, Nellia sauta dans les jambes de sa copine qui l'esquiva par un bond et plongea sous le coup de rame de l'humain. Ce dernier emporté par le poids de l'espar se prit de plein fouet deux attaques des poings de la Shamane. Elle l'envoya bouler dans un tauron de cordage. Il n'avait été que bousculé, comme si la jeune femme n'avait voulu que le sortir de son jeu.

N'Kpa à nouveau sur jambes faisait face à une Nellia déterminée. Quelque secondes interminables passèrent pendant lesquelles les deux femmes s'observèrent, tournant l'une par rapport à l'autren cherchant comme deux boxeurs la faille qui leur permettrait de toucher l'autre.

Les deux marins avec le filet avaient rejoint Radamès qui sortait des cordages.

« Vous au'tes n'vous mêlez pô d'ça !  Donnez moi vo'te maille, j'va m'emballer la sauvage et t'la calmer !… Allez !… »

Les deux lâchèrent le filet et filèrent se mettre à l'abri. Ils savaient ne pas être bon discuter les ordres du contre-maitre.
Pendant ce temps, N'Kpa entama le premier assaut, ses mains volèrent plus vite que l'oeil du néophyte mais pas ceux de la maraudeuse qui para sans grandes difficultés. Par contre, elle ne s'attendait pas au coup de pied de la Shamane qui l'envoya frapper de la tête contre le bastingage. Nellia resta sonnée en glissant sur le pont.

C'est l'ombre qui avertit la Shamane du danger, le filet tombait sur elle, mais pas avec précision. Elle roula sur le coté et évita le piège.
Un grand "Hoooo!" retentit de dépit. Les marins étaient convaincus de la réussite de leur chef. Ce dernier ne laissa pas loisir à la Shamane de se ressaisir et lui tomba dessus avec la rame. Le bois éclata au contact du pont. La jeune femme avait esquivé. On pouvait voir sous l'armure sa poitrine se gonflée et son souffle expirer avec fureur de derrière le masque.
Elle grogna et sa queue fébrile dans son dos dénotait de son excitation. C'était un jeu. Elle se releva, se mit à courir, prit appui sur le rebord du bastingage et s'élança dans les airs, juste dans l'auréole au zénith du soleil. Radamès la suivit un instant et, aveuglé par l'astre du jour la perdit de vu une seconde de trop. Un pied lui arracha une dent de la mâchoire et deux coups de poings lui frappèrent la poitrine l'envoyant valdinguer contre le mât. Il toussa de douleur, cracha un caillot de sang en se tenant la joue. Il soufflait, essayait de se maitriser. Il savait ce qu'il allait se passer s'il ne se contenait pas. « (Noooon ! Que fais-tu … tu n'as pas l'droit, j'vo pô fair çâ !…. HUmpf ! Nooooon ! … )OooooAAHgrrrrr ! »

Sous les yeux terrifiés de l'assemblée, Radamès changeait de forme et se transformait en une bête énorme d'environ 7 pieds de haut et 170 livres en poids. Son large crâne, au fasciés simiesque noire aux yeux jaunes était impressionnant. Ses bras étaient immenses et aussi épais qu'un tronc d'arbre. Son large dos gris argenté tranchait avec le pelage noir. L'animal se redressa sur ses jambes courtaudes mais puissantes et frappa le pont de ses poings dans un grognement terrifiant. Son regard exprimait la colère et ses longs crocs longs en disaient long sur ses intentions.

N'kpa qui avait provoqué ce choc, en resta tétanisée. Elle avait souhaité déclencher le passage et comprenait maintenant pourquoi Radamès avait eu de grands soucis. La bête comme un Oliphant chargeait et, avant même qu'elle n'ai pu dire ouf, il l'a saisi dans ses bras et l'enserra comme pour l'écraser. Son mufle proche de sa figure crachait un souffle chaud et humide, ses yeux furieux emplit d'une haine incontrôlée la transperçaient.
La Shamane étouffait, il allait lui briser les côtes, Quand il l'avait saisie, ses poumons c'étaient vidés artificiellement comme une éponge que l'on compresse. Elle manquait d'air, mais c'était plus la pression sur sa colonne et ses côtes qui était douloureuse et handicapante. Une étincelle, une idée germa. Ni une ni deux, elle ferma les yeux pour se concentrer et le lémurien, plus petit, plus souple apparut et se dégagea de l'étreinte mortelle.

Sans attendre, elle s'éloigna assez pour reprendre forme humaine. Le gorille un instant décontenancé, se frappait la poitrine de colère et dodelinant, se dirigeait dans la direction de la jeune femme, prêt à en découdre. (Yahiiii ! ma fille tu as réussi à déchainer le démon de Radamès et il va falloir que tu survives et arrives à le calmer! Bravo… quel gâchis as tu fait là ? … )

La Shamane se campa sur ses jambes, fit le vide dans sa tête, elle n'avait que quelques secondes. L'énergie afflua et elle visualisa les mouvements maintes fois répétés la veille. Quand elle ouvrit les yeux, le gorille la dominait et allait la frapper. Elle laissa l'énergie se vider. En deux secondes le gorille encaissa quatre attaques l'une sous le sternum qui malgré la masse musculaire pénétra assez profondément pour lui bloquer la respiration, la seconde le genoux frappa dans les côtes basses avec un craquement sinistre, les doigts de la main droite en forme de pointe pénétrèrent juste à la base de la gorge, dans le creux entre les deux clavicules, étouffant l'animal, qui dans l'agonie recula de quelques pas, juste assez pour que la dernière attaque d'un pied levé haut, le projeta à quelques mètres. La bête gisait sur le pont sur le dos, ouvrant large une gueule dans l'espoir d'y puiser l'air que ses poumons bloqués refusaient. Sa trachée le brûlait et une bave suintait de la commissure de ses lèvres. Ses yeux rougit par la douleur et la peur versaient une larme. Les côtes fêlées n'étaient que secondaires. N'Kpa sauta sur son torse à califourchon et allait lui infliger le coup de grâce, quand elle se prit un coup de poing sur la tempe qui la sonnât :

N'KPA STOP ! … ASSEZ ! … Nellia furibonde se tenant la tête, secouait sa main. ASSEZ ! Tu entends ? …

Au dessus de leur tête, des oiseaux de mer voltigeaient portés par les vents, répendant parfois leur cris rauque et discordant.

« TERRRRRRRRE ! »

Le cri retentit comme une délivrance. L'homme sur la proue tendait le doigt vers l'horizon et les coeurs se sentirent soudain plus léger.
N'Kpa descendit du poitrail du gorille. Radamès qui avait perdu connaissance revint naturellement à sa forme humaine. Nellia l'osculta, alors que la Shaman debout retirait le masque de dragon…

Euh… il s'en sortira hein? … Je ne voulais pas que cela aille si loin… Je… enfin…

Oui, il va s'en sortir, heureusement que sous sa forme animal il est très musclé. Il aura mal un temps mais je ne crois pas qu'il ait des côtes cassées… Des marins c'étaient approchés avec crainte. Emportez le sur sa couche et donnez lui un peu de vin, tout doucement. Il est vivant et s'en remettra vite… allez ! Les homme avaient peur. Leur contre-maitre avait changer de statu et serait craint et respecté. Mais peut-être que là, aussi, une seconde légende était en train de naitre et cela ne lui plairait surement pas.
Nellia se releva et observa la Shamane penaude.

Tu as voulu quoi N'Kpa, m'impressionner?… C'est réussi, tu as dépassé mes attentes. Mais tu as joué avec le feu, la vie et la confiance de cette homme. Je pense que tu vas devoir disparaitre rapidement si tu ne veux pas d'ennuis en arrivant.

Hum ! oui, je crois, je pensais l'aider en lui prouvant qu'il pouvait avoir confiance en son don… Je me suis trompée…

Viens allons préparer nos affaires, je suis bien contente que cela se termine.

Oui… moi aussi.




Enfin à destination, mais c’est où?

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Sam 5 Mar 2016 03:45 
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(O Phaïtos, m'aurais-tu abandonné ?)

Il avait de bonnes raisons. J'avais échoué. Trop impatient, j'avais bâclé mon travail et maintenant j'étais coincé dans cette cale d'un navire marchand de mon père, strictement surveillé par un jeune matelot. Une vingtaine d'années à peine, une belle gueule de fille, un corps de fille. Maigrichon, l'œil fuyant, les mains tremblantes. Probablement bon à rien, c'est pour cela qu'on devait me l'avoir collé sur le dos à me surveiller sans oser me regarder. Silencieux aussi, le seul mot que je l'ai entendu dire a été une excuse quand il a renversé l'unique repas qu'on me sert par jour. Car en plus, oui, il est maladroit. Après ça, il a partagé son repas avec moi. Acte généreux ou stupide, je l'ignore.

J'étire mes jambes endormies en grognant, attirant l'attention du gamin.

" Tout va bien monsieur ? "

Je me fige. Sa voix fluette m'horripile. Agacé, je masse mes jambes pour les réveiller, du moins autant que mes liens me le permettent.

" Désolé. "

Je soupire. Las, je lui réponds avec mépris :

" A ton avis ? Je suis enchaîné ici depuis plusieurs jours. A même le bois. Je n'ose plus bouger de peur de m'enfoncer une autre écharde. Je me soulage dans un sceau. La seule lumière que je vois est celle de cette fichue lampe à huile et je ne peux compter les jours que grâce aux repas que tu m'apportes. "

J'ajoute après un instant :

" En espérant que tu ne les renverses pas. "

Un silence glacé s'installe. Il fixe le sol, gêné. Ma curiosité l'emporte et je brise le silence :

" Que fais-tu sur ce bateau ? Tu n'as rien d'un marin. "

Il tourne la tête vers moi, croise mon regard, détourne la tête. Garde le silence.

" Combien de jours je vais devoir supporter ce silence, c'est pire que dans une crypte… "

" Je ne sais pas. "

Je le regarde tandis qu'il se tripote les doigts.

" On a changé de cap, c'est bien plus long que d'habitude. C'est pour ça qu'on rationne les vivres. A cause de la marchandise exceptionnelle. "

J'hausse un sourcil.

" Vous. "

J'hausse le deuxième avant de me mordre les lèvres.

" Moi, une marchandise ? "

Il hoche la tête en guise de réponse.

" Sais-tu qui je suis ? "

Il secoue doucement la tête.

" On m'a juste dit que vous étiez dangereux et qu'il fallait vous ramener à des personnes qui vont vous enfermer. "

Je fronce les sourcils, sa voix et son attitude enfantine sont insupportables. Je dois me calmer. Ce garçon à l'air naïf. Il est sûrement manipulable. Je moule un nouveau masque, celui d'un homme victime d'un mauvais jugement. J'inspire. J'expire doucement.

" Comment tu t'appelles mon garçon ? "

Il hésite. Je dois établir une relation, créée une conversation. Il doit me manger dans la main avant que le délai soit terminé.

Je hausse les épaules, l'air désintéressé.

" Billy… "

Je camoufle un rictus satisfait derrière mon masque, je tourne la tête vers lui, l'observant sans insistance pour l'inviter à poursuivre.

" Mon père m'a trouvé un travail sur ce bateau. Il est à bord lui aussi. "

Il continue à jouer avec ses doigts, évitant mon regard.

" Et c'est ce que tu rêves de faire ? "

Il fait non de la tête. Secouant ses mèches blondes. S'il n'avait pas ces quelques poils de barbes, je jurerais avoir un enfant avec moi. Un gosse qui accompagne son père au travail pour pouvoir reprendre quand il sera trop vieux et trop faible pour continuer.

" Je rêve de partir à l'aventure, de parcourir le monde. De découvrir tout ce qu'on peut découvrir. De devenir un aventurier et de trouver des amis pour le faire avec moi comme dans… "

" Comme dans les histoires ? "

Il hoche la tête, ravi.

" Oui, exactement ! "

Quel abruti. Comment pouvait-on être assez stupide pour vouloir partir de son plein gré sur les routes sans rien. Pour se faire détrousser, égorger ou dévorer par la première chose que l'on croise. Mon esprit brûle de rage derrière mon regard faussement intéressé.

Je décide d'exploiter ce filon. Je lui demande quels livres lui ont donné cette envie. Des histoires que je déteste, tellement les héros sont niais et les méchants pitoyables. A leurs places, tout serait à ma portée en quelques heures. Mais la réalité est bien plus difficile que la fiction.

Ses yeux brillent tandis qu'il me parle de ses comptes favoris. Ceux que sa si gentille maman lui lisaient avant de dormir. J'ai envie de lui cracher au visage.

Soudain j'entends le tintement d'une cloche et de bruit de bottes qui s'activent au-dessus de moi. Je lève la tête, craignant que le plafond s'effondre tant les martèlements sont nombreux.

" Qu'est ce qui se passe Billy ? "

L'air paniqué, il scrute le plafond de droite à gauche avant de se lever et de me bafouiller qu'il va voir, avant de sortir de la pièce.

De longues secondes se passent où je continue d'entendre le son de la cloche d'alarme et le vacarme des bottes qui s'agitent. Puis vient un choc, je sens le navire vibrer. Je le sens se secouer, se tordre. Le bruit est insupportable.

Billy revient, effrayé :

" Des pirates ! "

Il ne manquait plus que ça ; des rats puants pilleurs de navires. Les rejetés consanguins du monde. Mais peut-être est-ce un signe de Phaïtos, une aide qu'il m'envoie pour me sortir d'ici.

Les cris bestiaux des marins me parviennent.

" Billy écoutes moi ! Ils vont fouiller le navire, nous trouver et nous tuer ! Nous devons fuir ! "

" Mais comment ?! "

Terrorisé, il fait les cent pas dans la pièce, la rapière à la main.

" Détaches moi et prenons une barque pour fuir tant qu'il est temps. "

" Nous sommes en pleine mer ! Nous n'avons pas le temps de rassembler des vivres ! Nous n'avons aucune chance de survivre ! "

" Plus que si les pirates nous trouvent ! "

" Non, non, non… Ils peuvent nous épargner. "

" Pour nous revendre en tant qu'esclaves à des Shaakts ou des Orcs ! C'est ce que tu veux ?! "

Au-dessus de nous la bataille entre les équipages fait rage. Billy est déstabilisé, je le vois. Il hésite, regarde les liens de mes mains tendues.

" Non, non. C'est de la folie. "

Il range la rapière à sa ceinture.

" Je vais me rendre. "

Quel imbécile !

" Écoutes moi ! Ils vont te massacrer ! "

Un cri de victoire traverse le plafond, la bataille est finie, la fouille et le pillage commence. Nous observons tous les deux au-dessus de nos têtes. Je reprends vite le contrôle de la conversation. Avant qu'il ne conclue sa stupide idée de reddition.

" Il est trop tard, on n'a plus qu'une seule chance pour ne pas finir mort ou esclave. "

Je l'observe, il est apeuré, incapable de réfléchir sereinement. Je le pousse dans ses retranchements, prenant un ton grave et le fixant d'un air sévère.

" Nous devons leur tendre un piège. "

Encore, il doute. J'hausse le ton.

" Billy ! Nous n'avons pas le choix ! Détaches moi, je te viendrais en aide. "

Des bruits de pas dans le couloir finissent de le convaincre. La porte s'ouvre, il jette sa rapière au sol, lève les mains.

" Ne me tuez pas ! Je me rends ! "

Je parviens difficilement à cacher ma colère envers ce lâche. Il se met à genoux, baisse la tête, me laissant apercevoir deux silhouettes sur le pas de la porte.

Un homme d'abord. Grand, bien plus grand que moi en tout cas. Fort aussi si je me fie aux muscles de ses bras et de son torse nu. Habillé uniquement d'un pantalon ample, court, sale et troué. D'une ceinture et armé d'un sabre de pirate.

Il nous fixe d'un regard sévère, bleu et intense. Son visage maquillé de noir et ses cheveux foncés tombant sur ses épaules tâchés de sang lui donnent un aspect bestial effrayant.

Derrière lui, un Shaakt qui parait minuscule par rapport à l'humain. Beaucoup plus propre sur lui, ses cheveux blancs sont attachés et il semble bien moins sale que son acolyte. Habillé d'une tenue sombre moins amples et de bottes. Il se tient d'une façon plutôt élégante et son regard violet nous toise d'un air soupçonneux.

Pas d'armes en main si ce n'est sa plume et le bouquin qu'il porte.

Les pirates s'échangent un regard puis l'elfe noire ouvre son livre et le scrute quelques instants avant de déclarer.

" Il n'est fait office d'aucun prisonnier. Faites-vous parti de l'équipage de ce navire ? "

Billy lui répond, tremblotant, tandis que l'autre pirate commence à fouiller les caisses qui nous entourent.

" Moi oui, je suis chargé de le surveiller pendant le trajet " Dit-il en me désignant.

" Quel trajet ? "

" Pardon ? "

Le Shaakt referme brutalement le livre provoquant un sursaut du gamin à genoux.

" Où va ce navire ? "

" Je l'ignore, seul le capitaine le sait. Habituellement ce navire ne fait que l'aller-retour entre Kendra Kâr et Oranan. Mais nous devons faire un détour pour livrer ce prisonnier. Il faut demander au capitaine, moi je ne sais pas, je vous jure. " Commence-t-il à sangloter.

Le pirate reprend calmement.

" Je crains que ton capitaine ne soit plus en mesure de répondre à nos questions… De même qu'une partie de ton équipage qui se sont bien défendus. "

Il déclare cela avec un certain respect qui m'étonne.

" Encore une prise qui ne vaut rien. " Dit l'homme torse nu en laissant retomber le couvercle d'une caisse avec fracas.

" Pas grand-chose en tout cas. " lui répond le Shaakt en me fixant avant d'ajouter. " A priori… Amenons ces deux-là sur le pont, nous verrons ce que le capitaine décide. "

Le musclé hoche la tête avant de nous remettre debout et de nous pousser vers la sortie.




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Dernière édition par Eldros Rougine le Ven 30 Déc 2016 15:42, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 17 Mar 2016 10:38 
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La lumière du jour, enfin. Bien qu'elle me pique les yeux les premiers instants, je me réjouis de sentir sa chaleur sur moi. Une fois habitué à la clarté, je peux distinguer le résultat de l'affrontement qui a eu lieu au-dessus de nos têtes.

De nombreux cadavres sont étendus au sol, que ce soit d'un équipage ou de l'autre bien que les pirates semblent avoir subis beaucoup moins de pertes. Ceux si s'activent, trimbalant caisses et tonneaux sur un navire collé au notre. Un bateau qui ne paye pas de mine. Des voiles blanches qui me paraissent très usées alors qu'elles ne sont mêmes pas déployés et une coque tellement rafistolée qu'il est étonnant que le navire n'est pas encore coulé. La seule chose qui semble en bon état et qui attire mon regard c'est cette grande installation à l'avant du navire qui ressemble à une grande baliste, fixée à même le bois. Trois hommes s'y démènent pour y recharger un harpon d'une taille elle aussi démesurée.

Sur notre navire, une poignée de pirates surveille les survivants. Les mettant en joue avec leurs arbalètes ou en tournant autour, sabre à la main.

En nous approchant, un pirate à la peau bleuté et aux cheveux d'un rouge corail nous regarde d'un air furieux. Je comprends qu'il s'agit d'un sang pourpre en remarquant ses mains et ses pieds palmés. C'est la première fois que j'en vois un et je dois dire qu'il est fidèle aux descriptions que j'en ai entendues. Le corps fin, musclé, pourvus de quelques cicatrices. Les traits du visage et le regard extrêmement dur. Portant uniquement un pantalon court de toile pourpre sombre.

"Qui sont-ils ?" Crache-il sèchement.

Le musclé nous arrête, nous laissant face à la décision de celui qui devait être le capitaine.

"Ils étaient dans le faux pont. Lui, fait partie de l'équipage. "

Il désigne Billy qui détourne le regard, tremblotant quand le sang pourpre pose son regard sur lui. Une grimace de mépris le dévisage l'espace d'un instant avant de reprendre contenance pour tout simplement se désintéresser de lui. Sans un mot, il jette un œil sur les chaînes qui me lient les poignées puis dirige son regard vers le Shaakt.

"Il n'est fait office de lui nulle part dans le livre de bord. Je ne sais pas si nous pouvons tirer de lui une rançon. "

C'est donc ça. Ces rats veulent connaître ma valeur marchande. Savoir s'ils ont une raison de ne pas me laisser crever sur ce bateau. J'ai envie de sauter sur ce Shaakt pour l'étrangler, d'arracher les yeux de son capitaine. Mon masque se fissure, je sens un coin de ma lèvre se soulever et mes sourcils se froncer en une grimace haineuse.

Mes muscles se crispent. L'appel, je le ressens. Phaïtos ne m'a pas abandonné. Il réclame une âme. Je balaie le pont du regard, cherchant une arme abandonnée ou un éclat de bois qui suffirait à perforer une gorge. Je vois un tas d'armes potentiels mais mon regard s'est arrêté sur autre chose. Derrière le sang pourpre, un pirate s'était retourné. Plus petit que moi mais bien plus large d'épaule, je reconnais immédiatement qu'il s'agit d'un Varrockien qui a préféré se raser le crâne plutôt que de laisser ses cheveux le revêtir d'une manière particulière.

En revanche, il arbore une barbe noire touffue qui semble bien entretenu. Sa tenue se différencie de celle des autres par un manteau couleur sable et des bracelets d'argents qui ornent ses poignets. A sa ceinture est attachée un cimeterre et une dague qui semble toutes les deux de bonnes factures. Il nous scrute d'un regard inquisiteur, les bras croisés. Sur un de ses bras est tatoué un corbeau.

Je retrouve mon calme, le masque de raison s'approprie à nouveau mon visage. Bien que Phaïtos me réclame encore une âme, il m'envoie également le signe qu'il croit encore en moi et que mon succès passe par ces pirates.

"Personne ne vous donnera une rançon en échange de ma vie."

Les regards se tournent vers moi, un peu surpris.

"En revanche, je détiens des informations qui peuvent vous rendre riches. "

" Si je recevais un Yu à chaque fois que j'entendais ça, je serais en effet un homme riche. "

Le Varrockien s'était exprimé, une voix grave, terriblement sérieuse. Il décroise les bras, reposant une main sur la poignée de son sabre en avançant vers moi. Il me fixe de son regard en mêlant assurance et détermination.

" Parle. "

" Je me nomme Eldros, Eldros Rougine et je suis le fils de celui qui possède ce navire. Il m'a fait prisonnier par jalousie ne désirant pas un concurrent sérieux. Je connais les marchandises que ses convois transportent et je serais ravi de vous guider vers le plus gros qu'il possède. Ainsi je me vengerais de lui en lui faisant perdre beaucoup d'argent. Et vous, vous serez riches. "

Le barbu m'observe sans ciller, se grattant la barbe. D'autres pirates assez proches pour m'entendre semblent juger la cohérence de ce que je raconte.

Après un long silence de la part du tatoué et de chuchotements aux alentours, le Varrockien s'exprime d'un ton calme mais ferme.

"Monsieur Haath, escortez monsieur Rougine et son camarade dans ma cabine. Il a suscité ma curiosité. Monsieur Ein, assurez-vous que l'on trouve tout ce qui peut avoir de la valeur sur ce navire. " Puis plus fort. "Restez vigilants messieurs, il n'y en a plus pour longtemps ! "

Une exclamation de l'équipage s'élève pour lui répondre tandis qu'il traverse un ponton de bois pour retourner sur l'autre navire et gagner ce qui est sans doute sa cabine de capitaine.

Le Wielhois bestial nous relâche et le sang pourpre nous indique d'une main le chemin à emprunter.



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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 30 Juin 2016 17:33 
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La cabine est spacieuse, de quoi largement mettre six hamacs pour l'équipage mais la pièce est occupée d'une autre façon. Un bureau trône au centre, grand, sur lequel est déroulée une carte du monde, retenue par un poignard et un compas. Dessus roule une longue vue au gré des vagues. Autour se trouve un siège qui semble confortable et des chaises qui le paraissent nettement moins. Les parois de la pièce sont occupées par des étagères où y sont soigneusement rangés bon nombres de livres. Au fond, une banquette qui sert sans doute de lit pour le capitaine. Celui-ci prend d'ailleurs place derrière son bureau, sur le siège confortable et nous invite à nous asseoir. Billy s'installe sans résistance et je l'imite après que le sang pourpre m'y pousse légèrement.

J'observe le Capitaine qui lui aussi nous scrute sans ciller avant de se pencher à sa droite pour ouvrir un tiroir. Il en extirpe trois verres et une bouteille.

" Vous avez de la chance, on ne manque pas de rhum. "

Il remplit les trois verres et pousse vers nous ceux qui y sont destinés avant de reprendre la parole tout en remettant la bouteille dans le tiroir.

" Je suis Jiat Laeten, Capitaine du Baliste. Et voici Monsieur Manor Haath, mon Quartier Maitre. " Dit-il tout en désignant d'une main le Sang Pourpre debout derrière nous.

"Vous, vous êtes donc Monsieur Eldros Rougine. "

J'acquiesce sans un mot.

" Et toi mon garçon ? "

" Bi. Bi. Billy. " Bégaie t-il en tremblotant.

" Billy. D'accord. "

Il prend une bonne rasade de rhum avant de continuer.

" Je vous écoute monsieur Rougine. Comment comptez-vous me rendre riche grâce aux convois de votre père ? "

Je m'avance vers le bureau, tendant un doigt vers la carte, tout en lui expliquant, d'une voix assurée.

" Il possède un navire qui fait le tour de Nirtim. Il lui apporte sa principale source de revenue en faisant principalement du transport de marchandise d'un port à un autre. Il part de Kendrâ Kar avec du blé et des céréales qu'il ramène à Bouhen et Oranan en échange d'or et de marchandises qui iront ailleurs. Ensuite, il navigue jusqu'à Caix Imorhos où il se charge de charger des esclaves qu'il ramène à Pohélis pour travailler dans les mines. "

Je suis le trajet avec mon doigt sur la carte tout en continuant.

"Ensuite il reprend la mer pour retourner chez les Shaakt, déverser les pierres précieuses récupérées avant de continuer jusqu'à Luinwë pour récupérer du bois qu'il ramène à Kendra Kar. "

Le Capitaine observe mon doigt en se frottant la barbe.

" Tu en sais des choses. "

" Plus jeune, il m'expliquait les fondements de son commerce. Bien sûr il omettait certains détails que j'ai appris plus tard. "

" Le navire passe à proximité de Darhàm. Comment se fait-il qu'aucun pirate ne l'ait attaqué ? "

" Persuasion sans doute. C'est son plus gros navire et il est lourdement armé. D'apparence en tout cas. "

Il plisse un œil avant de les lever vers moi.

" Je connais mon père. S'il peut simplement faire croire qu'il a investi de grosses sommes pour armer son bâtiment plutôt que de vraiment le faire. Alors il le fera. "

"Et si ce n'est pas le cas ? Je vais envoyer mon Brick contre un navire de guerre ? "

J'hausse les épaules.

" C'est peut être un risque à prendre. "

" On m'a dit qu'ils étaient peu d'hommes sur ce navire. "

Nous échangeons un regard moi et le Varrockien avant de nous tourner vers Billy.

" Vous parlez du Mât d'Or pas vrai ? " me demande-t-il.

J'hoche simplement la tête, plissant les yeux.

" Un homme de l'équipage m'a dit avoir travaillé dessus avant et qu'ils étaient pile assez pour manœuvrer. "

" Où est cet homme Billy ? " Demande calmement le Capitaine.

" Je l'ai vu parmi les cadavres. "

Il baisse la tête en sanglotant.

Je regarde à nouveau le Capitaine Laeten qui semble hésitant. Il vide son gobelet avant de se lever pour se diriger vers le fond de la cabine, observant l'horizon par les larges fenêtres tandis que je saisis mon verre pour en siroter le contenu.

Un lourd silence s'installe, troublés parfois par les reniflements de Billy.

Après de longues minutes de réflexion, le Capitaine finit par se retourner. Immédiatement son Quartier Maitre réagit.

" Capitaine ? "

" Si je rentre à Darhàm avec un butin aussi maigre, les hommes me jetteront par-dessus bord. "

Le Sang pourpre hoche la tête, l'air grave.

" Dites leurs de se préparer, nous partons à la chasse. Mettez le cap vers Luinwë. "

" Bien Capitaine ! " Dit-il avec un grand sourire avant de s'envoler hors de la pièce.

" Vous deux. Vous venez avec nous. Mais je vous préviens, il n'y a ni prisonnier, ni tire au flanc sur mon navire. Vous travaillerez comme les autres et quand viendra le moment. Vous vous battrez comme les autres. Sortez maintenant. Allez voir Malaggor Ein, le Shaakt. Il vous récitera les règles qui régissent notre équipage. "

Nous acquiesçons tous les deux et sortons de la cabine. Billy soulagé d'être encore en vie. Moi avec la ferme intention de me venger de mon père.


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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Dim 11 Sep 2016 15:23 
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Nous naviguons depuis cinq jours. Toujours pas de navire en vue. Pourtant, le moral de l'équipage n'en démord pas. Aucun ne se plaint, aucun ne désespère malgré les journées longues et les loisirs peu nombreux. Les jeux sont interdits ainsi que l'ivresse, cassant d'un coup deux des clichés que j'avais sur les pirates.

Moi qui pensais qu'ils n'étaient qu'une bande d'ivrognes stupides sans foi ni lois. Je m'étais lourdement trompé et je l'avais découvert en apprenant la longue liste de règles que le Shaakt de l'équipage, Malaggor Ein, nous a récité pendant un long moment.

Tenir le navire et son équipement propre et en état de marche. Etre en état de combattre ou de naviguer à tout moment. D'où l'interdiction d'être ivre à bord.

Les jeux d'argents interdits, pour éviter tout conflit. En cas de conflit, il est de la responsabilité du capitaine ou de son quartier maître de le régler. Interdiction de se battre à bord.

Quelques-unes des nombreuses lois qui permettaient une vie sereine en mer. Il m'avait également mis au courant sur les parts du butin et les rations de nourriture.

Billy s'était assez rapidement habitué à la vie de pirate par son passé de marin. Moi, en revanche, j'avoue avoir encore du mal avec les biscuits secs que l'on pouvait grignoter. Durs comme des cailloux et surtout à manger dans le noir pour ne pas être dégoûté par les vers qui y grouillent.

Étrangement, il s'était montré d'une grande aide et j'avais appris à mieux connaître ce jeune naïf. Très généreux, il ne refusait jamais rien mais il avait surtout la qualité de savoir écouter et d'avoir la tête du garçon à qui l'on peut parler. En quelques jours, j'avais appris grâce à lui beaucoup sur l'équipage.

Le capitaine, Jiat Laeten, était à la base un marchand en quête d'affaires lucratives et après s'être fait piller son premier convoi marchand en mer, il en a déduit que la piraterie était un commerce comme un autre et qu'il pouvait y trouver le moyen de devenir richissime.

Son quartier maître, le sang pourpre du nom de Manor Haath était un capitaine qui s'est frotté au Varrockien. Après plusieurs poursuites et combats, Laeten avait finalement réussi à se défaire des pirates au Sang pourpre qui ont pris la fuite en abandonnant le capitaine perdant à la mer.

Là où je l'aurais laissé mourir, Laeten l'avait sauvé et très respectueusement proposé de rejoindre l'équipage. Ce que Haath a accepté.

Rapidement, il a gagné la confiance de chacun jusqu'à occuper la place qu'il a maintenant.

Des rivaux qui deviennent si proches, voilà une histoire à l'eau de rose comme je les déteste.

Parmi les quarante membres d'équipages, la moitié déjà avait raconté sa vie à Billy qui, sans raison, était venu me le raconter.

La vie sur le navire et l'apprentissage des tâches de tous les jours avaient apaisés mes envies de meurtre. Phaïtos occupait toujours mes pensées mais il atténuait mes pulsions afin de mener sa mission à bien.

(Ô Phaïtos, je ne te décevrai plus.)

Je continue de briquer le pont, évitant à celui-ci de devenir du bois sec qui écorcherait les pieds nus des matelots. J'observai, comme les autres jours, le capitaine qui restait à côté du timonier, fixant l'horizon sans ciller, levant parfois les yeux vers la vigie qui lui faisait signe qu'il n'y avait rien de nouveau. Il hochait alors la tête et reprenait sa contemplation de l'océan.

J'ignorais où était le navire de mon père et il se pouvait que cela prenne plusieurs jours encore pour qu'on le retrouve. Laeten le savait et l'équipage semblait le comprendre. Il n'y avait qu'une chose à faire. Etre patient.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Dim 11 Sep 2016 16:34 
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" Capitaine ! Navire à tribord ! "

Les yeux se tournent dans la direction annoncée, cherchant à percer la brume matinale. Ils se tournent ensuite vers le capitaine qui calmement déplie sa longue vue pour y plonger son regard. Je reste silencieux, interdit. Etait-ce notre navire ?

Laeten replie sa longue vue avant de laisser apparaître un mince sourire.

" Tribord toute. Rattrapez ce navire. "

Il avait l'air si serein, comme si le bâtiment lui était déjà acquis.

Le brouillard s'écarte, offrant à la vue de tous, la silhouette de notre cible, accentuant les cris de joies de l'équipage avant qu'ils se pressent pour manœuvrer les voiles.

" Monsieur Rougine. Venez me voir. "

Sa voix couvre le bruit de l'eau qui se fend contre la coque. Il était vraiment un homme impressionnant. Celui qu'il était bon d'avoir comme allié. Je le rejoins sans attendre, gravissant deux par deux les quelques marches qui me séparent de la dunette. Il me tend sa longue vue et m'invite d'un geste à y jeter un œil.

Un grand bâtiment, bien plus immense que La Baliste. Muni de trois grands mats, je dirige mon regard vers le sommet du plus haut où dansent deux pavillons que je reconnais sans peine. Le soleil jaune sur fond rouge et bleu. L'emblème de Kendra Kar, la cité qu'un jour, je réduirai en cendres. Pour toi Phaïtos.

En dessous, un emblème qui me déclenche un sentiment de haine ; une pièce d'or surmontant deux pièces d'argents, le tout sur un fond jaune symbolisant encore une fois la couleur de l'or, de la richesse, de l'opulence. L'emblème de la compagnie marchande de mon père. Je replie la longue vue tout en reprenant mon calme.

" Aucun doute, c'est le bon. "

" Il ne reste plus qu'à savoir si vous aviez raison à propos de son armement. "

Je l'observe tandis qu'il se tourne et s'adresse à l'équipage, toujours de cette voix forte et implacable.

" Hissez le pavillon noir ! "

Un doute plane un instant avant que l'ordre soit exécuté. A juste titre, il était beaucoup trop tôt. Nous aurions pu encore nous approcher en nous faisant passer pour un navire ayant besoin d'aide et profiter de l'effet de surprise. Maintenant nous sommes des pirates leur fonçant droit dessus et assez loin pour leur laisser le temps de réagir.

" Sonnez la cloche ! Faites en sorte qu'ils nous remarquent ! "

Cette fois l'équipage met plus de temps à agir, observant Laeten comme s'il avait perdu la raison.

Le sang pourpre réagit en grognant et en tapant du pied sur le bois avec une telle force qu'il fit vibrer les tonneaux sur le pont.

" Exécution ! "
Hurla-il

Les hommes s'activent alors, sonnant la cloche, hurlant et tapant du pied pour se faire entendre. Nul doute que maintenant le Mat D'Or nous avait repéré.

" Qu'est-ce que vous faites ? " demandais-je surpris.

Le capitaine se tourne vers moi, toujours souriant.

" Observez monsieur Rougine. Vous avez vite et beaucoup appris en quelques jours sur la mer et sur nous. Mais il vous reste beaucoup à apprendre."

" Capitaine ! Il change de cap ! "

A l'exclamation de la vigie, Laeten se met à rire en levant les yeux vers lui.

" Il barre à bâbord et à lâcher de la toile ! Il cherche à nous distancer ! " Continue il en hurlant.

" Vous voyez. Un capitaine expérimenté à bord d'un navire si chargé au vu de sa ligne de flottaison, lourdement armé, n'aurait pas cherché à prendre la fuite à la vue d'un petit brick pirate si téméraire. Il aurait viré de bord, remonté ses voiles, nous dissuadant d'attaquer ou se tenant prêt à nous couler une fois à portée de tir. Qu'il soit vraiment armé ou non, le simple fait de ne pas chercher à fuir aurait dissuadé n'importe qui. Surtout qu'il n'a aucune chance de nous semer. "

Je l'observe, si sûr de lui, comme s'il avait déjà abordé le navire.

" Préparez-vous au combat, nous serons sur lui dans quelques heures ! "

Acclamation de l'équipage. Bientôt, je donnerai un fort coup dans le commerce de mon père.



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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 8 Déc 2016 17:29 
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Nous n'entendions plus que le bois qui craque et les vagues qui cognent de façon régulière contre la coque. L'équipage avait fini de tout préparer et maintenant nous attendions, en silence, accroupi, à couvert derrière le bois du pont.

Certains priaient en silence, d'autres examinaient leur équipement une dernière fois. Le capitaine avait pris place au fond du pont principale et se promenait parmi ses hommes en leurs glissant quelques mots, leurs tapant sur l'épaule, encourageant certains et rassurant d'autres.

On m'avait confié une arme, une hachette affûtée, comme si elle sortait de la forge. Les pirates ne plaisantaient pas sur l'entretien des armes. J'aurais préféré une arbalète pour rester à distance mais ils se sont rendu compte que j'étais un tireur lamentable. C'est donc au corps à corps que je dois me rendre utile. Impossible de me débiner, ma seule chance est de faire en sorte de rester avec un homme capable de me défendre à proximité ou peut être profiter du chaos pour me cacher le temps que la bataille se termine.

Les tireurs eux, préparaient encore des arbalètes, chacun en avait cinq, posé contre la balustrade, cinq tireurs, armés de cinq arbalètes avec trois hommes qui ne servaient qu’à les recharger. De quoi faire pleuvoir des carreaux sur l'ennemi. C'était bien pensé. Même recharger les arbalètes on ne m'a pas laissé faire, sois disant que je suis trop lent. Maudit soient-ils à me faire passer pour de la piétaille inutile bonne à se faire écharper.

Porté par le vent, on pouvait entendre l'équipage adverse courir dans tous les sens, hurler des ordres, c'était la panique. Une panique qui provoquait chez le capitaine un sourire satisfait.

A l'avant du bateau, le sang pourpre lui fit un signe de la main auquel le capitaine lui répondit d'un autre.

Le silence se brise alors. Le son d'un sifflement de corde, d'un claquement dans l'air et d'un raclement de l'acier contre le bois. La baliste de proue venait de tirer et on devinait qu'elle avait fait mouche. Le bruit du bois explosant en centaines de morceaux, des cris de douleurs et de peur s'élèvent.

"Rechargez !"

Beugle Laeten. Les trois hommes à l'avant s'exécutent. Cela prend de longues minutes mais à peine l'arme est prête que Jiat redonne l'ordre de tirer. Deuxième claquement, deuxième explosion, deuxième vague de cri.

"Prenez position !"

Les hommes du gaillard avant rejoignent les autres sur le pont, sabre au poing.

Les cris et les pleurs s'approchent, je les entends de l'autre côté de la paroi de bois qui me sépare de la mer.

Des projectiles fusent mais aucun ne fait mouche. Nous sommes bord à bord. L'excitation de l'équipage est à son comble. Dernières prières. Derniers gestes symboliques. Embrasser un porte bonheur, embrasser sa lame. Pour ma part j'adresse une prière à Phaïtos, l'implorant de m'aider à rester en vie en échange de vies prises.

"Secondaires ! Tirez !"


Les arbalétriers se redressent, saisissant leurs armes et font feu. Je jette un œil par un trou dans le bois usé.

Les projectiles touchent leurs cibles, les hommes en face s'écroulent. D’autres continuent de tirer dans la précipitation, ratant complètement leurs cibles, d'autres rechargent à découvert, se faisant cribler de carreaux par la deuxième salve.

J'avais raison, le navire ne possédait que des marins pour le manœuvrer mais peu pour le défendre.

Nos salves se poursuivent, usant du stratagème de Laeten pour recharger les arbalètes, gardant un rythme soutenu.

Le capitaine monte sur le pont à notre niveau, ne craignant plus les jets de projectile lancés à la va vite.

Il observe, serein et concentré, comme s'il était devant une simple partie d'échecs.

En face, ils abandonnent l'idée de répondre à nos salves et se mettent à couvert.

"Grappins ! "

Aussitôt dit, aussitôt fait. Nos combattants munis des grappins se lèvent comme un seul homme pour lancer les griffes d'aciers.

Les arbalétriers et leurs assistants eux, quittent leurs postes pour rejoindre les plateformes sur les mats avec une arbalète et des munitions, une position surélevée pour maintenir la pression durant l'attaque.

Je guette les plateformes du navire en face, me disant qu'eux aussi avaient sûrement des hommes là-haut, mais non, ils étaient en train de descendre. L'un d'eux, sûrement à cause de la panique, perd l'équilibre et s'écrase sur le pont.

Le capitaine me donne une tape sur l'épaule avant de désigner les hommes qui tiraient sur les cordes des grappins.

"Au boulot monsieur Rougine ! Nous ne sommes pas en croisière ! "

Vexé de m'être fait sermonner, je grommelle en les rejoignant, saisissant les cordages à deux mains pour tirer de toutes mes forces.

L'impulsion est donnée, je sens notre navire dériver vers la coque adverse. Je vois les mats qui se rapprochent.

"Echelles !"

D'autres hommes accourent sur le pont, portant d'épaisses échelles de bois qu'ils laissent retomber avec fracas sur le pont adverse.

Jiat Laeten dégaine alors son sabre avant de hurler.

"A l'abordage !"

C'est maintenant notre pont qui résonne de hurlements, de rage, d'excitation, des cris de guerre.

Les hommes se précipitent sur les échelles tandis que le choc de coque contre coque me fait valser sur le sol.

Les marins s'élancent sur le navire, un homme me relève et me pousse à courir. J'emprunte une échelle, prudemment, encore un peu sonné, me forçant à ne pas regarder la mer en dessous de moi.

Les projectiles filent de part en part. L'acier s'entrechoque. J'entends cris et pleurs. Si avant tout était orchestré, c'est maintenant le chaos qui règne sur le bois ensanglanté.

Je lève les yeux des cadavres chauds jonchant le sol, j'aperçois Laeten échangeant des coups de sabre avec un homme. Le sang pourpre qui transperce un marin avec sa lance.

Je continue d'avancer, me frayant un chemin entre les duels qui s'amplifient tandis que mon masque se fissure peu à peu, laissant apparaître un rictus joyeux devant tant de carnage. Une soif de sang incontrôlable me submerge, une envie de tuer.

Un homme me fonce dessus, défiguré par des éclats de bois sur son visage. Il porte un premier coup de sabre que je parviens à éviter en me baissant, laissant le mat derrière moi subir le tranchant de la lame à ma place. Mais je ne parviens pas à esquiver le coup de poing qui s'abat sur ma joue. Je titube, vacille alors que le balafré relève son arme pour l'abaisser sur mon crane. Je lève ma hache, parant le coup, mais la lâchant sous sa force.

Je me jette alors sur lui, pris d'un instinct de survie bien supérieur au sien et lui plante mes pouces dans les yeux en poussant un hurlement de rage couvrant largement son cri de douleur.

Je ramasse ensuite ma hache et me redresse face à un autre homme qui me fonce dessus mais celui-là est abattu d'un trait d'arbalète en pleine tête bien avant de m'atteindre.

Je continue d'avancer à travers le pont, en quête d'une vie à faucher.

Une charge d'épaule me percute, m'envoyant contre des tonneaux que je renverse. Un marin se dresse au-dessus de moi pour me transpercer de sa lance mais un sabre lui traverse la poitrine, il tombe à genoux, dévoilant le visage enfantin de Billy l'air aussi combatif qu'apeuré. Ce petit idiot venait de me sauver la vie.

Il fait volte face pour retourner au sein de la bataille.

Je me relève tandis qu'un autre membre d'équipage me charge en criant. Cette fois, je saisis fermement mon arme et pare son attaque, j'évite le coup de poing qui suit et en assène un à mon tour, percutant la mâchoire de mon adversaire. Mais il en est à peine secoué, il est bien plus costaud que moi.

A nouveau il lève son sabre. Je me baisse. J'entends siffler la lame au-dessus de mon crane. Je plante ma hache dans son pied, lui arrachant un cri. Un coup de genou vengeur vient me percuter le ventre, me coupant le souffle mais qui me pousse suffisamment pour me remettre debout.

Je dois tenir bon. Il approche en boitant, me laissant le temps de me reprendre.

Une fois encore il lève son arme. Je brandis la mienne avec fougue vers son poignet, tranchant nette son bras. J'amorce alors un retour qui lui lacère le torse. Laissant un flot de sang s'échapper pendant que mon ennemi, vaincu, tombe à genoux.

Je reprends alors ma marche funèbre, essoufflé, crachant le sang qui remplit ma bouche.

J’abats ma hache dans le dos d’un marin à plusieurs reprises, lui fendant le dos comme une bûche sèche, venant ainsi en aide à un homme de Laeten qui était en difficulté à deux contre un. Grace à l’effet de surprise, il parvient à éliminer le deuxième avant d’incliner la tête pour me remercier et de retourner dans la mêlée.

Je cherche des yeux, à travers la cohue, une autre vie à prendre. Une autre âme à offrir à mon dieu. Cherchant à combler ma soif de sang.

Un autre homme s’écroule devant moi, victime de la précision de nos tireurs.

J'engage un duel avec un autre marin, protégé derrière le couvercle d'un tonneau. J'assène coup après coup, faisant voler son bouclier improvisé en éclats.

Je ne contrôle plus ma force, c'est Phaïtos qui guide mon bras et me donne l'énergie nécessaire pour vivre au sein de cette bataille. Je le sens.

Mon adversaire se défait de sa protection pour me sauter dessus, lui aussi mû par une envie de vivre. Mon arme tombe. Je sens plusieurs coups m'atteindre le visage. Je hurle en me protégeant du mieux que je peux. Au terme d'un grand effort je parviens à bloquer un coup et de riposter enfin, écrasant mon poing contre sa joue.

J'attrape alors sa gorge à pleine dents, croquant comme dans un fruit mur pour en aspirer le jus en recrachant ensuite la peau.

Ses deux mains se portent à sa gorge pour en maintenir le flot de sang tandis que je rampe jusqu'à ma hache.

A nouveau armé, je me redresse pour achevé le marin de nombreux coups dans le dos même après qu'il soit à terre.

Soudain, un vacarme d'acier qui tombe me fait lever les yeux de ma victime. Ils se rendent. Les survivants ont lâchés les armes et ils lèvent maintenant les mains.

Un cri de victoire s'élève. Nous avons pris le navire. J'ai pris des vies. Pour Phaïtos.



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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Mar 27 Déc 2016 12:44 
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De l'or, des joyaux, du bois.

"Largement de quoi réparer la Baliste."

Comme le précise le Shaakt en notant soigneusement le contenu et la quantité de chaque caisse, chaque tonneau et chaque marchandise qui change de navire.

Je ploie sous le poids d'une caisse. Je pensais m'être tiré de la bataille indemne mais une fois le calme revenu, j'ai senti coupures, estafilades et coups que j'ai subis.

J'avais essayé de m'asseoir dans un coin pour me reposer mais ce maudit peau bleu ne l'a pas vu de cet œil et est immédiatement venu me remettre au travail comme un vulgaire larbin.

Le Capitaine se tenait à côté de l'elfe noire, scrutant les vas et viens des porteurs et les annotations sur le carnet. Il se grattait la barbe, pensif, hochant la tête en réponse aux commentaires de son scribe.

Le quartier Maître supervisait le pillage de la prise, organisait les équipes, la fouille du bateau et la surveillance des prisonniers.

Une équipe remonte justement de la cale pour aller le voir. Ils échangent quelques mots avec lui qu'il prend avec un air sévère.

Un matelot derrière moi me bouscule, me crachant de sa voix cassé de, je cite, me bouger le cul. Je lui jette un regard noir avant de descendre sur le faux pont, m'empêchant d'observer la suite.

Je presse le pas pour descendre ma caisse à la cale avant de remonter pour ne pas tout rater.

Le quartier Maître avait rejoint le capitaine et le Shaakt. En m'avançant, je parviens à reprendre le fil de la conversation.

"Cela explique pourquoi il y a autant de vivres."

Laeten lâche sa barbe pour croiser les bras, l'air sombre tandis que l'elfe noir lève les yeux de son carnet pour déclarer qu'il y a un autre problème, la baliste arrivait au maximum de son tonnage. L'information fait rire jaune le capitaine.

Je passe le plus lentement possible à côté d'eux en essayant de ne pas paraître trop suspect.

"Ne vous fatiguez pas monsieur Rougine, nous avons repéré votre petit manège. Approchez."

Le ton est ferme comme à son habitude ne me donnant pas le choix de me débiner. J'enrage en sachant que je suis encore à sa merci tant que je suis en mer. J'obéis donc, m'approchant docilement pendant qu'il poursuit.

"Figurez-vous que nous venons de trouver des esclaves dans une sous cale. Vous saviez que votre père faisait ce genre de commerce ?"

Je secoue la tête de droite à gauche tout en gardant un air sceptique. Evidemment je me doutais qu'il servait de transport entre le nord de Nirtim et le sud de Nosveris mais je ne pensais pas qu'il en emmènerait si loin au sud et surtout pourquoi l'aurait-il fait ?

"Monsieur Haath, libérez les et rassemblez les sur le pont. Je vais leur parler."

Il rassemble aussitôt un groupe pour disparaître dans les tréfonds du navire.

"Monsieur Ein, demandez à ce qu'on rassemble les prisonniers."

Le Shaakt hoche la tête avant de partir en direction des marins à genoux sur le pont, surveillés de près par les pirates.

"Quant à vous, retournez au travail. "

J'hoche simplement la tête avant d'aller chercher la caisse suivante, l'air mauvais, une fois que le capitaine m'a tourné le dos.

Je reprends le travail, l'esprit occupé par de nombreuses interrogations. Mon père s'était enrichi grâce à ses convois de marchandise. Il avait commencé avec une charrette qu'il tirait à travers la cité comme il aimait toujours le raconter. Ce vantard. Ce menteur, il n'y avait pas eu que ça. J'en étais persuadé maintenant. Le simple fait qu'il commerce également avec les Shaakt et les Orcs n'était que la partie visible de l'iceberg et c'était terrible.

Je pensais porter un coup décisif en trouvant le Mat d'Or mais je venais seulement de me rendre compte que ce n'était peut-être qu'une feuille de son arbre d'opulence. Combien de navire, combien de client, combien de branches commerçante invisible et inconnu possédait-il ? Jusqu’où s’étendaient ses racines marchandes ? Cette fois c'était des esclaves mais il pouvait tout aussi bien dans d'autres navires transporter des armes, des prisonniers, des armées entières au service d'on ne sait qui.

Je riais jaune, il était vraiment fort à ce jeu.

"Rougine ! "

Je sursaute. Un membre d'équipage venait de débarquer sans prévenir pour m'annoncer que le Capitaine nous demande sur le pont pour son discours. Je hoche la tête sans rien dire, camouflant ma grimace haineuse derrière mon masque de chair.

Sur le pont était rassemblé les prisonniers et les esclaves, debout, les mains liées, sous bonne surveillance. Les seconds jetaient des regards sombres aux premiers alors que parmi eux, beaucoup semblaient étonnés.

Un raclement de gorge. Les têtes se tournent vers sa provenance.

"Messieurs. Je suis le Capitaine Jiat Laeten. Je n'irais pas par quatre chemins. J'ai pris le navire sur lequel nous nous tenons et je compte bien en ramener toutes ses richesses à Darhàm."


Il lève une main vers les esclaves qui commencent à s'agiter, les invitant à se calmer.

"Laissez-moi terminer. Premièrement, je ne fais pas dans le commerce d'esclaves. Deuxièmement, je dois faire face à un problème de places. Ce navire contient bien plus que ce que je peux transporter et vous tous, êtes bien trop nombreux. "

C'était le cas. Majoritairement Humain pour l'équipage de mon père mais les esclaves eux étaient de toutes ethnies. Humains, elfes, même un nain était là. Loin de sa si tendre montagne. Un rictus apparaît furtivement sur mon visage.

C'est au tour des prisonniers de s'agiter. Il jette cette fois un regard sombre à son public.

"C'est la dernière fois que je répète de me laisser finir."

Le calme revient et Laeten garde le silence quelques secondes pour s'en assurer. N'entendant plus que le fin craquement du bois et des vagues contre la coque, il reprend.

"Heureusement. J'ai une solution. Je viens de faire l'acquisition d'un nouveau bâtiment. J'ai donc besoin d'un équipage pour le manœuvrer et le protéger."

Il fait un signe de tête à son quartier maître. Celui-ci s'approche d'un esclave et sans attendre lui retire ses chaines.

Il observe le sang pourpre, surpris.

"Approche."

L'esclave fait partie des hommes les mieux bâti. Grand, large, de solides muscles de galérien. Une gueule dure, cassée. Le visage de celui qui a subis beaucoup de coups mais qui les a toujours rendus. L'homme parfait pour tenir en respect n'importe quel agité pensais-je en souriant.

Il approche du capitaine jusqu'à être à portée du moindre coup. Il baisse les yeux vers lui alors que Laeten est forcé de lever la tête pour garder son regard plongé dans le sien.

Pas décontenancé pour autant, il lui annonce.

"Je te nomme responsable de ces personnes. Si l'un d'eux commet une erreur, tu subiras la même punition."

Le gaillard semble hésitant mais finit par hocher la tête, provoquant un sourire satisfait sur le visage du Varrockien.

"Parfait. Quel est ton nom ?"

"Marwaru."

"Juste Marwaru ?"

Il s'éclaircit la gorge avant de déclarer plus bas. Mais sa voix porte tant que nous entendons clairement le nom qu'il donne.

"Nibar. Marwaru Nibar."

Quelques rires s'élèvent. Quelle bande de crétins. Je hais ces gamineries. Un monsieur Hanus ou une Madame Pipe et ce genre d'imbéciles ne cesseront plus de faire des plaisanteries sur ça.

Si ça ne tenait qu'à moi ils auraient une bonne correction mais les ricanements cessent aussitôt que Marwaru leur jette un regard, déclenchant un autre sourire satisfait du capitaine.

"Parfait. Libérez les. Vous l'aurez remarqué je ne vous laisse pas le choix. Vous naviguerez avec nous en tant que pirates jusqu'à Darhàm. Pas en tant qu'invités, ni prisonniers et encore moins en tant qu'esclaves. A ce titre vous aiderez à la manœuvre et vous respecterez les règles qui font office dans mon équipage et aux sanctions qui en découlent si vous les enfreignez. Sur ce je laisse Monsieur Ein vous les citer. Les anciens prisonniers prendront ensuite place sur La Baliste tandis que les anciens esclaves resteront sur le Mat d'Or sous les ordres de Monsieur Haath. "

Un choix judicieux. Les victimes et les tortionnaires seront ainsi séparés et les matelots du Mat d'Or, sur un navire inconnu, seront moins tentés de se mutiner. Quant aux esclaves ils devraient être suffisamment reconnaissant et dans le doute, il y avait monsieur Nibar.

Une fois la longue liste de lois de la piraterie énuméré, Laeten conclu son discours.

"Une fois arrivé à Darhàm, vous serez libre d'embrasser ces règles ou de les rejeter. A présent, tout le monde à son poste ! Cap sur Darhàm ! "

Un cri de joie retentit. Les hommes se précipitent. Rejoignant un navire ou l'autre selon les choix probablement préalablement fait par le capitaine et son quartier Maître.


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Dernière édition par Eldros Rougine le Ven 30 Déc 2016 16:41, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Ven 30 Déc 2016 12:47 
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La témérité du capitaine avait laissé place à la prudence. Avec deux navires remplis à ras bord, il semblait bien moins serein à l'idée de naviguer sans prendre de précaution.

Il interrogeait régulièrement la vigie que ce soit sur les navires à portée de vue ou sur ce qu'annonçaient les nuages à l'horizon. Nous avions même passé une journée et une nuit entière dans une crique à l'abri d'intempéries. Il ne voulait pas risquer de perdre ne serait-ce qu'une seule pièce d'or et n'hésitait pas à faire de grands détours pour éviter les routes commerciales et les zones de chasse de ses collègues forbans.

Il parvenait malgré tout à calmer les marins, impatient de retrouver terre, putes et ivresse. La durée du voyage avait fidélisé les prisonniers et comme le Mat d'Or continuait à suivre, j'en avais conclue qu'il en était de même pour les anciens esclaves.

Autrement les journées étaient calmes, rythmés par les chants marins, les manœuvres, l'entretien des armes et du navire.

Le pillage nous avait permis de refaire le plein de vivres que ce soit en fruits, légumes ou bétails. Les hommes étaient donc satisfaits puisque ils pouvaient manger à leur faim à chaque repas.

Nous passons maintenant au large de Caix Imoros que j'observais d'un œil mauvais. Terriblement laide, la cité, perchée sur les falaises, surveillait la mer du haut de ses hautes tours biscornues.

(Architectes consanguins.) Pensais-je

J'avais imaginé que nous éviterions de passer si proche d'une cité abritant surement une population de raclures et de sorcières mais une conversation de matelots m'indiqua que c'était seulement à la tombée du jour que le port était actif.

Je détourne donc mon regard d'une cité que j'aimerais voir brûler avec ses habitants pour poursuivre le briquage du pont mais Billy vint me trouver pour me remplacer, m'informant que Laeten voulait me voir.

Je lui laisse le balai et le sceau sans aucune hésitation, lui mettant presque de force dans les bras avant de lui tourner le dos sans un mot.

Je masse mes épaules endolories, m'étirant ensuite pour soulager le gêne dans mon dos. J'avais en quelques semaines plus utilisé mon corps qu'en toute une vie et il me le faisait sentir.

L'air salé, les échardes et les ampoules avaient rendues mes mains calleuses, ma barbe et mes cheveux avaient poussés et je devais ressembler à un clochard avec en prime mon visage fatigué et asséché.

Les transformations physiques me font ressembler à un homme bien diffèrent du vendeur de pot de chambre que j'étais.

Je frappe poliment à la porte de la cabine et patiente jusqu'à ce que la voix forte et implacable m'invite à entrer.

Je m'exécute, refermant derrière moi. Jiat est au fond de la pièce, observant l'horizon et les vagues qui en viennent par les larges fenêtres.

Je m'avance de quelques pas, tandis qu'il reste immobile, les bras croisés.

"Installez-vous monsieur Rougine. "

Je me dirige vers les chaises en face du bureau et m'y assois, laissant reposer mes bras sur les larges accoudoirs.

"Vous étiez marchand avant n'est-ce pas ?"

Je hausse un sourcil. Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ?

Il tourne la tête, dardant son regard vers le mien m'invitant à briser mon silence.

"Oui, de la poterie."

Il tourne le reste de son corps, dirigeant sa carrure solide vers son fauteuil confortable pour s'y installer. Il s'avance vers le bureau, y pose ses avants bras avant de joindre ses mains, gardant son regard déterminé plongé dans le mien.

Je n'aimais pas la façon dont il m'observait. A chaque fois, j'avais l'impression qu'il perçait mon masque, qu'il pouvait voir qui j'étais et qui je pouvais devenir. Me poussant dans mes retranchements en construisant masque sur masque, allant jusqu'à perdre l'identité que je voulais imiter.

"Je voulais vous remercier. Comme vous l'aviez dit, je suis maintenant un homme riche. "

J'incline la tête pendant qu'il tire une bouteille et deux verres de son tiroir.

"Mais vous et moi nous sommes pratiquement fait du même bois. Ne faites pas cette tête, j'ai toujours eu un don pour déceler le potentiel des gens. "

Il pousse vers moi le verre plein, s'amusant de mon air surpris alors que mon masque se brisait.

"Combien ont voulu me dissuader de récupérer monsieur Haath, de le laisser couler au fond de l'océan. Ils ont tous vu un ennemi vaincu, un homme qui avait pris des vies parmi leurs amis. Moi j'ai vu un homme de valeur, courageux, malin, habile, intelligent, fort. Vous n'imaginez pas à quel point nos destins auraient pu être inversés."


Il sourit, dégageant une certaine fierté d'avoir vaincu ce jour-là.

"Je le voulais dans mon équipage, j'ai refusé d'écouter toutes les mises en garde et maintenant j'ai un second que tous les capitaines de Darhàm m'envient."

J'hoche la tête, même si j'ignore où il voulait en venir je devais admettre que la hiérarchie était bien en place et fonctionnait à la perfection. Le sang pourpre veillait à ce que chacun se respecte et surtout à ce qu'on le respecte lui et encore bien plus le capitaine qui n'avait pas à se soucier des petites tensions entre certains marins.

"Mais lui ne sait pas voir le potentiel des gens. Il ne voulait pas vous écouter, il voulait vous jeter à la mer. Mais j'ai refusé, j'ai cru en votre histoire et maintenant j'ai de quoi remettre sur pied mon navire."

Il prend une rasade de rhum avant de continuer.

"Comme je voulais vous le dire, je ne compte pas m'arrêter là. Une fois au port, vous aurez votre part du butin comme tous ceux qui ont combattu pour le prendre. Vous en ferez ce que vous voudrez mais j'ai quelque chose à vous proposer. Je veux m'enrichir et vous voulez défaire le commerce de votre père. Je crois que nous pouvons lier nos deux ambitions."

Il me sourit, satisfait, déterminé.

Je prends à mon tour une bonne rasade de rhum avant de diriger mon regard vers le corbeau tatoué du capitaine en riant.

(O Phaïtos, tu continues à me montrer la voie.)

"J'accepte, mais quand il se rendra compte que ce sont des pirates qui le pille, il prendra des mesures."

"J'en prendrai moi aussi monsieur Rougine. Je vous annonce alors avec joie que vous prendrez la place de monsieur Ein à la comptabilité du navire. Notre ami à la peau noir restera à terre pour s'occuper de la gestion du Mat d'Or et de la vente des marchandises. J'imagine que vous avez l'habitude des chiffres."

J'incline la tête, satisfait de la proposition, je pourrais ainsi compter chaque Yu que je vole à mon géniteur.

"Vous irez le voir avant d'arriver à Darhàm, il vous expliquera ce qu'il y a à savoir. "

Il m'indique alors d'un geste que l'entrevue est terminée. Je me lève et prend la direction de la porte.

"Monsieur Rougine, vous et moi nous allons marquer un tournant dans l'histoire de la piraterie."

Je me retourne, le visage nu, déclenchant un autre sourire sur le visage barbu. A quoi bon se cacher maintenant qu'il m'a percé à jour. Je lui réponds en lui rendant son sourire.

"C'est certain, Capitaine."

Les navires marchands couleraient les uns après les autres, plongeant mon père dans une colère noire pendant que ma bourse s’alourdirait. Phaïtos, ton plan est parfait, tu as bien fais de me guider vers ce pirate. Un jour je te donnerai tout Kendra Kâr mais pour le moment, cap sur Darhàm.



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Dernière édition par Eldros Rougine le Sam 4 Mar 2017 18:17, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Jeu 2 Fév 2017 18:52 
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C'était la pire situation qu'il eût eu à vivre depuis sa naissance. Seul, dans le noir, embarqué quelque aventure terrifiante, mais non, encore pire : pas seul. Il avait son petit frère. Loin de le rassurer, cela ne faisait venir que davantage de larmes à ses yeux entièrement bleu, bleu comme la mer sur laquelle ils voguaient à présent, sans aucune idée de leur destination. Lenen était effrayé et lui l'était tout autant, mais ne devait pas le montrer. Il continuait de serrer son cadet dans ses bras, avec force, pour tenter de lui faire sentir qu'il était là et que puisqu'il était là, il ferait tout pour qu'ils s'en sortissent tous les deux. C'était le rôle du grand frère : veiller sur le plus jeune. C'était ce que Maelgion était décidé à faire. À tout prix. Malheureusement, quand le bâtiment naval s'ébranla et que ledit plus jeune paniqua, il ne sut pas lui mentir. Lui dire que ce qu'ils entendaient n'était que les craquements coutumier d'une coque détrempée ? Que ce qu'ils ressentaient en tant que secousses n'étaient que le roulis habituel d'un bateau accosté ?

"Non, ne t'inquiètes pas, ça va bien se passer. Je suis là, je t'ai dit."

(Et c'est la seule chose que je suis capable de dire, oui.)


Mais, oh ! Après tout, lui aussi n'était qu'un petit garçon ! Lui aussi aurait voulu des bras pour l'accueillir ! Lui aussi aurait voulu pleurer et gémir et se lamenter en se roulant en boule dans un coin et pleurer encore parce qu'ils étaient loin de leurs parents sans grand espoir de les revoir un jour ! Lui aussi l'aurait voulu.

Cependant, tout l'optimisme du monde n'aurait su tourner le visage du capitaine qui avait fait irruption en celui de quelqu'un attentionné et à l'écoute. Non, le sourire qu'il arborait était bien sadique, les traits de son visage apathiques. Bas les masques ; il n'était qu'un pirate.

"Allons, debout !" hurla-t-il.

Et, pour appuyer ses propos agressifs, n'hésita pas à envoyer son pied botté dans les côtes de Maelgion qui lâcha, malgré lui, un bref cri de douleur, comme le glapissement d'un chien battu. Il adressa un regard assassin à l'homme - ce qui ne fit que le faire éclater de rire, avant qu'il ne réitérât son ordre, mais, sous son insistance, se remit debout, tâchant de ne pas lâcher Lenen. N'ayant d'autres choix, ils remontèrent avec le pirate sur le pont, mais le jeune garçon faisait de son mieux pour protéger son petit frère. Néanmoins, il était écrit que rien ne devait aller pour eux et même la présence de leur frère leur fut enlevée : à peine furent-ils sur le pont que l'un des marins, celui qui avait des épaules énormes et sentait constamment la gnôle, les sépara de force, tandis que le capitaine leur expliquait ce qu'allait être leur vie future.

"Le plus petit, tu vas aider le cuistot ! Et toi, le grand, tu vas me briquer ce pont et me tendre ces voiles !"

Aussitôt, le marin aux larges épaules emmena Lenen dans la partie supérieure de la coque où se trouvait ledit cuistot, un homme tout aussi gros et tout aussi imposant qui le gratifia immédiatement d'un sac de pommes de terre et d'un couteau pas très propre. En ce qui concernait Maelgion, il se vit donner un sceau et les plaisanteries plus ou moins fines du reste de l'équipage. Le bateau, quant à lui, était bien au large et le port d'Eniod plus en vue depuis longtemps. Ses larmes se mêlèrent à l'eau savonneuse.

(Maman, papa, venez-nous chercher...)

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Ven 3 Fév 2017 19:47 
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Le garçonnet restait blottit contre Maelgion, effrayé. Les mêmes questions le tourmentaient sans relâche, ne faisant qu'accentuer sa peur. Il avait juste envie de courir partout et de pleurer pour appeler sa maman, son papa, ou n'importe qui d'autre. Ce pirate l'intimidait. En le voyant s'approcher, Lenen sentit son coeur s'accélérer, et il vit le pied du pirate passer juste à côté de lui, de justesse, pour s'enfoncer dans les côtes de Maelgion.

"Mael' !" gémit-il avec inquiétude.

Inquiet, Lenen se dépêcha de se lever, restant dans les bras de Maelgion sous les rires diaboliques du pirate. Jamais le garçon n'aurait cru qu'il aurait pu exister des personnes aussi terribles dans le monde. Maelgion lui avait souvent dit qu'ils devaient faire attention aux alentours d'Eniod, que ce n'était pas forcément un coin réputé pour leur bienséance. Mais qu'imaginait-il ? Il imaginait des voleurs... Des tueurs, peut-être. Mais qu'était-ce, la mort, devant cet enlèvement ? Lenen, pourtant jeune, avec Maelgion, se voyait séparé de ses parents, qui avaient encore tant à lui apprendre. Lui et Maelgion n'étaient pas en âge d'être séparés ainsi, et encore moins pour être sous les ordres d'un pirate despotique, sadique, cruel.

Néanmoins, ils n'étaient pas en position de protester. Ils ont ainsi suivit la vile personne jusqu'au pont. Les yeux de Lenen s'agrandirent de frayeur en voyant l'océan s'étaler devant lui. Il n'était pas seulement horrifié de savoir qu'ils avaient quittés le port; il était surtout horrifié de ne RIEN voir à l'horizon. Rien. Pas une île, pas un homme, pas un bâtiment. C'était... vide. Il se sentait perdu. C'est comme si le pirate était un puissant mage, qui venait juste de désintégrer toute l'île en une fraction de seconde, ne laissant en vie que son bateau, son équipage et ses prisonniers.

Alors qu'il allait exprimer son inquiétude à son frère, une main ferme le tira brutalement des bras du garçon, ce qui lui fit pousser un léger cri de surprise et de peur. Un marin, costaud, le tenait fermement par le col, l'empêchant de retourner auprès de son frère. Les bras tendus vers Maelgion, il regardait son frère, impuissant, les larmes lui venant aux yeux. Il avait déjà perdu ses parents ! Ils n'allaient quand même pas lui enlever son grand-frère ?... Que ferait-il, sans lui ? "Heureusement", le pirate leur expliqua - ou plutôt imposa - leur nouvelle vie; Lenen se voyait emmené vers le cuistot, tandis que Maelgion devait s'occuper du pont. Un mince espoir était encore au fond du coeur du blondinet; au moins, ils étaient tout les deux sur le même bateau. Enfin... Pour combien de temps ? Le garçon déglutit, sanglotant silencieusement - ayant peur d'attirer l'énervement d'un pirate - et se laissa emmené vers le cuistot, sévère et ravit d'avoir un assistant. Le garçon, loin d'être en position de se rebeller, prit les patates et le couteau. Il n'avait que rarement aidé ses parents à la cuisine. Comment allait-il s'y prendre ? Sans doutes allait-il avoir la main pour ce genre de choses. Tremblant, Lenen commença à éplucher maladroitement la pomme de terre, assez maladroitement pour, parfois, se couper légèrement au niveau du doigt. Durant tout le reste de la journée, le garçon n'avait cessé de pleurnicher et de renifler, ce qui causait parfois de l'énervement chez le cuisinier, qui n'était bientôt pas loin de l'assommer avec un ustensile.

Les jours passèrent. Non, les semaines. En fait, un mois s'était écoulé. Durant un mois, Maelgion et Lenen s'étaient occupés de leur corvées, sans rien gagner en retour si ce n'est qu'une maigre couverture pour dormir ensemble dans un coin du bateau, et assez de nourriture pour vivre. Les jours n'étaient jamais faciles. La journée, les deux garçons ne se voyaient pas, ou peu. Quand ils se voyaient, c'était seulement pour s'échanger des regards tristes, parfois encourageant pour l'autre. Lenen, en particulier, avait un peu de mal à s'intégrer. S'il était amélioré pour quelques tâches cuisinières simples, il devait souvent rapporter de lourds sacs venant de la réserve, avec des vivres à l'intérieur. Cela lui arrivait souvent de trébucher et de s'étaler sur le sol, faisant tomber les légumes ou les poissons sur le sol, faisant rire la moitié du bateau. Au final, le seul moment où il se sentait bien, c'était le soir. Les pirates étaient cruels, mais heureusement, il fut décidé que les deux garçons dormiraient ensembles, dans la même pièce où ils furent gardés prisonniers. C'était le seul moment où Lenen se sentait plus ou moins bien. Maelgion examinait ses quelques légères blessures, tandis qu'il racontait ses soucis à son grand-frère... Et surtout, il pouvait dormir avec quelqu'un qui le rassurait. Seul, il en aurait été incapable, tant à cause de l'obscurité, que des bruits inquiétants du bateau, ou que de ses cauchemars où il revivait son enlèvement en boucle, en revoyant ses parents lui être enlevés.

Ce soir, en particulier, il était, comme d'habitude, avec Maelgion. D'ailleurs, le sommeil le gagnait peu à peu en ce qui le concernait. Sa journée avait été difficile; il s'était encore étalé sur lui-même - il n'avait pas vu une marche - donc il y eut des rires, et le cuistot l'a réprimandé. Il avait parfois l'occasion de se reposer un peu, mais était-ce vraiment du repos ? La plupart des pirates avaient, lorsqu'ils étaient de corvé, une demi-heure ou une heure de repos. Ils en profitaient pour fumer leur cigare nauséabond, ou pour ronfler sur un hamac. Mais c'était trop peu pour Lenen ! Il n'était pas dans un environnement qu'il connaissait, malgré le temps qu'il a passé dans ce bateau, et sans personne de rassurant avec lui, il mettait du temps à s'endormir. Au final, ses siestes ne servaient donc à rien, et il arrivait souvent que c'était le cuisinier qui devait aller le chercher en le sermonnant. Aujourd'hui, Lenen n'avait pas fait l'erreur de tenter de dormir; il a regardé les voiles, assis sur le parquet, regardant l'architecture des voiles. Mais cela faisait qu'au final, il ne s'était pas reposé.

"Mael' ..."

Le garçon s'était blottit contre son grand-frère. Parfois, Maelgion n'était pas bien, lui non plus. C'était un grand-frère exceptionnel aux yeux de Lenen, mais lui aussi avait besoin de réconfort, il le savait au plus profond de lui. Donc il se faisait force pour ne pas trop l'embêter parfois... Mais ce soir là, il avait envie d'ouvrir son coeur sur un sujet qui le hantait depuis leur enlèvement.

"Pardon... Pardon, grand-frère... Je pense que c'est de ma faute si... si on est là... J'aurais peut-être dû te laisser t'occuper de ce... ce client quand on... quand on..."

Il déglutit, n'ayant pas la force de finir sa phrase. Il ferma les yeux de fatigue, voulant les reposer un peu, écoutant cependant la réponse de Maelgion... ou l'absence de réponse. Cela lui faisait se souvenir qu'il avait eu, ces temps-ci, que très peu d'occasion pour rire, ou sourire. Il faisait néanmoins des efforts auprès de Maelgion, quand une situation semblait plus ou moins amusante, ou que l'un cherchait à faire de l'humour. Mais ces moments là étaient rares.

(Les grandes prairies me manquent... J'aurais tant aimé courir à nouveau au milieu des herbes hautes ...)

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Mar 7 Fév 2017 20:49 
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Les jours, en filant, devinrent des semaines, avant de former un mois. Un mois sur mer, sans rencontrer personne, à vivre sur un bâtiment sans cesse en mouvement, grinçant la nuit sous les étoiles claires, gentiment balançant durant la calme journée. C'était étrange. C'était étrange parce que Maelgion se levait chaque matin et s'étirait, délicatement secouait son frère qui dormait sur le hamac à côté du sien, afin de le réveiller, lui souhaitait une bonne journée, l'aider à descendre, à s'habiller, un brin de toilette avec un morceau de tissu et un peu d'eau au fond de la bassine, avant qu'ils ne montassent sur le pont, rejoindre les autres pour un petit-déjeuner constitué de biscuits plus ou moins durs et - là encore - d'eau plus ou moins propres. Enfin, ils se séparaient et Lenen partait en cuisine et faire toutes ces menues corvées pour lesquelles il semblait absurde d'engager les gros bras peuplant l'Anne-Marie. Quant à lui, il grimpait aux cordages avec une étonnante facilité, son dos courbé, pieds nus avant de s'accrocher par les orteils et parvenus en haut, rendait rouge ses doigts à force de faire des nœuds et les reposait en les suçant tout en contemplant la vaste plaine liquide.
Et c'était étrange parce que cette vie n'était pas désagréable.

Pourtant, il avait pesté. Il avait hurlé et s'était débattu quand on avait emporté au loin son petit frère. Il avait poussé de grands cris de sa voix pas encore mure, donné des coups de ses jambes pas encore fermes. Le capitaine avait dû le frapper. Toute la journée, il s'était tenu tranquille et avait mêlé à l'eau passablement savonneuse qu'il faisait râper sur le pont crasseux du bateau avec une brosse aux crins durs et crissant, ses larmes pures et enfantines. Toute la journée, il n'avait pu apercevoir son cadet. Heureusement, il l'avait retrouvé le soir quand ils apprirent qu'ils dormiraient au plus profond de la cale, loin des autres matelots. Ça l'arrangeait. Il avait rassuré Lenen et passé la nuit à fomenter un plan d'évasion. Non, il ne laisserait pas son frère sur ce bateau grouillant de pirates. Il s'en était fait la promesse. Mais quand les doigts rosés de l'aube avait touché le mât de l'Anne-Marie qu'il dû apprendre à grimper le plus vite possible, le jeune garçon n'était parvenu à aucun plan satisfaisant. Il se dit alors qu'il avait peut-être le temps. Il se dit qu'il y arriverait en temps et en heure. Il se dit qu'un peu d'infiltration ne serait pas mal. Il finit par se convaincre qu'ils s'échapperaient quand le lourd bâtiment regagnerait un port. Il finit par croire qu'il prenait son mal en patience.

"Salut Mael' !"

Une nouvelle fois, pour un nouveau matin, une simple chemise sur lui et un pantalon délavé aux jambes remontées, il s'était hissé jusqu'aux larges branches qui quadrillait le ciel depuis le pont, afin de resserrer les cordages et larguer la grand'voile qu'on descendait le soir, en cas de tempête subite. Il avait à ses côtés l'autre mousse, un garçon d'environ quinze ans - ou peut-être dix-sept, dont la vie s'était faite aspirée par le grand large depuis si longtemps qu'il se sentait mal dès qu'il posait le pied sur la terre ferme. Cet autre interlocuteur était rapidement devenu un compagnon pour Maelgion - bien qu'il fût toujours l'un des premiers à se moquer méchamment chaque fois que ce dernier commettait une maladresse. Mais, ainsi qu'il l'avait vite compris, les moqueries étaient monnaie courante et cela faisait longtemps qu'il n'en prenait plus ombrage.

"Salut."

"Alors, bien dormi ? T'as pas fait dans ta culotte cette fois ? Ou alors c'était ton frère ?"

"Oh arrêtes Asam, t'es vraiment fatiguant."

L'épisode n'était arrivé qu'une fois, mais tous les marins furent au courant durant la journée même et on le poursuivait de quolibets à ce propos depuis lors. L'autre rigola et lui envoya une franche tape dans le dos qui eût déséquilibré et fait tomber quiconque ne s'y attendait pas. Maelgion se concentra plutôt sur son travail, mais ses pensées dérivèrent vers Lenen dont Asam venait de faire mention. La veille, après une journée particulièrement difficile pour lui, son benjamin s'était comme effondré, lui avouant à quel point il se sentait coupable pour ce qu'il leur arrivait. D'abord muet à cause de la surprise, Maelgion s'était ensuite empressé de le serrer dans ses bras et de tenter de le rassurer. Le garçonnet avait fini par s'endormir, blottit contre lui. La vérité, c'est qu'il tenait bien plus mal que son grand frère. Le jeune mage avait beau être en contact avec tous les membres d'équipage - et la grossièreté qui allait de pair - il avait Asam et, pour être franc, cette vie-là ne lui déplaisait pas. Il aimait monter au mât et admirer la mer. Et le doux roulis qui était permanent était comme une berceuse. La vérité, c'est qu'il ne se sentait pas malheureux et qu'il en ressentait une sorte de honte vis à vis de Lenen.

(Juste triste... Enfin je crois ?)

"Hé, Mael' ! Regarde par là !"

Il suivit le doigt qui s'était pointé vers l'horizon et trouva l'objet de cette attention en même temps que la voix de stentor du capitaine retentissait par tout le vaisseau.

"Hissez le drapeau noir ! Tout le monde sur le pont ! Préparez-vous à l'abordage !"

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MessagePosté: Dim 12 Fév 2017 21:51 
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"Tu bouges tes fesses, un p'tit peu, gamin ? Ces patates vont pas s'éplucher toutes seules !"

Lenen balbutia des excuses, tandis que le cuistot, pipe en bouche, assis confortablement sur son fauteuil, se reposait, regardant avec un oeil sévère le jeune garçon qui coupait avec attention les pommes de terre. Malgré le temps qu'il avait passé à faire cette tâche, il se coupait toujours au moins une ou deux fois la journée, faisant qu'il faisait attention à bien s'appliquer pour ne pas se faire de mal. Il était gêné que le propre cuistot ne fasse rien, mais il n'était évidemment pas en position de protester. Le cuisinier le voyait plus comme un esclave qu'un assistant; enfin quelqu'un pouvant faire les tâches à sa place !

Il y eu soudain un cri, qui fit bondir le cuisinier. Lenen s'arrêta dans son activité, regardant par le hublot et voyant vaguement une autre embarcation de loin. La terrible voix du capitaine résonna dans tout le bateau, ordonnant à tout le monde de venir sur le pont pour un abordage. Un abordage ? Le coeur du garçonnet se mit à accélérer, inquiet. Mais il se dit que, de toute façon, ils n'enverraient pas un gamin comme lui à ce genre de guerre. En quoi serait-il utile ?

"Tu te démerdes, oui ? T'as bien entendu, non ? Sur le pont !"

Le cuistot, qui s'était levé, prit le bras de Lenen, ce dernier lâchant la pomme de terre et le couteau, et l'emmena sur le pont, sous les gémissements inquiets du garçon. Il le lâcha au bout d'un moment quand ils arrivèrent au milieu d'une foule de pirates semblant excités, rejoignant un autre groupe de pirate. Le garçon ne se sentait pas à sa place, ici, en plein milieu de ces horribles personnes, qui, pour certains, le dévisageaient avec amusement. Le visage de Lenen montrait clairement une incompréhension. Allaient-ils vraiment aborder ce navire ? Pourquoi ? C'était une question bien naïve... Mais ce qu'il ne comprenait pas, c'était qu'on l'emmenait sur scène. Pire; il vit un pirate, d'un âge certes avancé, mais ayant encore toute sa force, s'approcher et lui mettre dans sa main un sabre rouillé, avec un rire vieux; il semblait parier que le garçon n'allait pas s'en tirer lors de cette bataille. Peu habitué, Lenen manqua de tomber vers l'avant, le sabre plus lourd qu'il n'y paraissait, faisant rire les pirates à proximité.

Gêné, le garçon regarda autour de lui et fut rassuré de voir Maelgion. Il se dépêcha de le rejoindre.

"Maelgion !" soupira-t-il avec satisfaction.

Maelgion avait, lui aussi, une arme à la main. Il était accompagné de Asam. Lenen le connaissait aussi et a pu lui parler de temps en temps. Mais il restait méfiant envers lui. Si Maelgion semblait accorder confiance à Asam, ce n'était pas encore le cas pour Lenen, qui ne voyait que son grand-frère en tant qu'ami fidèle sur ce navire. Il fit un petit signe de tête à Asam, au moins pour lui dire bonjour.

"Maelgion, qu'allons-nous faire ?..." demanda-t-il à son grand-frère avec inquiétude.

Le bateau voguait vite. Le navire marchand était fait. Il ne naviguait pas assez vite pour échapper aux pirates. Voyant le désastre arriver, de loin, Lenen pouvait voir l'équipe s'activer, le capitaine hurlant. Certains, prêts à se battre, étaient déjà armés, attendant de pied ferme les pirates. Mais ils étaient peu nombreux comparés aux pirates qui poussaient des cris de guerre excités et enjoués. Juste à côté, Asam était enjoué lui aussi. Une raison de plus pour le garçonnet de ne pas l'apprécier... Il communiqua sa joie à Maelgion, qui se tourna vers son petit-frère, lui ordonnant de rester sur le navire.

"Mais... Tu... tu ne vas pas y aller ?..."

L'inquiétude prit possession du jeune garçon, qui avait peur de perdre son grand-frère, à la fois physiquement, et à la fois au niveau psychologique; allait-il devenir un pirate, lui aussi ? Néanmoins, Lenen ne voulait pas lui désobéir et se résolu à rester sur le bateau tandis que de plus en plus de crie fusait de toute part.

Soudain, une flèche fusa juste au dessus de la tête de Lenen. Effrayé, il eut le réflexe de se cacher derrière son grand-frère; les navires s'échangeaient des flèches. Sur le bateau des pirates, il y eut déjà un blessé à la jambe. Ce dernier poussa d'ailleurs un juron, voulant rejoindre la bataille malgré tout. Semblant de rien, il arracha la flèche et ignora la douleur, lui donnant un air fou. De l'autre côté, il y avait déjà un victime; un des marchands était tombé, une flèche d'arbalète sur la poitrine.

"A L'ABORDAGE !" hurla soudain le capitaine.

On envoya alors des grappins. il y en avait au moins quatre, maintenant le bateau marchand prisonnier. Sans hésiter, les pirates crièrent et foncèrent sur l'autre bateau dans une bataille sans précédent. Lenen, le coeur serré, vit son grand-frère partir au combat sur l'autre bateau, suivant Asam. Il avait tellement envie de le suivre, aussi bien pour se protéger que pour se persuader qu'il n'allait pas mourir. Ne restait plus que quelques personnes sur le navire; les deux arbalétriers, qui tiraient sur les marchands de l'autre navire, une personne tenant le gouvernail, le cuisinier, et quelques autres personnes qui regardaient de loin, arme à la main, attendant qu'un potentiel ennemi arrive.

"Tu vois, petit ? C'est ça, la vie. Si tu croyais qu'elle n'était que rose et tendresse, alors tu as eu faux sur toute la ligne. Si tu survis à cette bataille, tu en verras plein des batailles comme ça." dit le cuisinier qui avait un sourire sadique, semblant prendre plaisir à voir Lenen dans la peur.

Soudain, un des soldats du navire marchand bondit avec un cri de guerre sur le bateau des pirate. Impossible de savoir ce qu'il voulait faire, étant donné qu'il n'y avait rien d'important sur le navire des pirates actuellement, mais toujours est-il qu'il venait de sauter comme un fou sur le pont. C'était un jeune homme, qui devait bien avoir les 25 ans, les cheveux blonds bouclés. Mais malgré sa jeunesse, il avait une grande envie de se battre, cela se voyait dans ses yeux. Armée d'un sabre, reflétant avec perfection la lumière du soleil, il se jeta sur le cuisinier qui l'avait aperçu. Tétanisé par la peur, Lenen n'osa intervenir au combat, dos à un des murs - qui constituait la cuisine.

Le combat était violent; on pouvait entendre le choc des épées, les cris violents, le sang giclait. D'un côté, la tunique du cuistot était perforé, ayant croisé la lame du jeune homme. Par moment, la lame du pirate touchait le corps du jeune-homme, faisant parfois giclé le sang. Mais ce dernier se défendait bien, au point que ses seules blessures étaient superficiels. Il en était d'ailleurs de même pour le cuistot, qui, soudain, prit d'un énervement sans précédent, poussa un cri pour frapper avec plus de violence. Surpris, le jeune homme fut poussé contre le bord du bateau, les lames croisées. Le cuistot, avec toute la force dont il était capable, poussait sa lame pour tenter de lui trancher la gorge, mais le jeune homme tenait bond. Lenen vit soudain la main libre du cuistot se glisser dans sa tunique, pour sortir ce qui semblait être un poignard.

Le corps de Lenen fut soudain prit par l'adrénaline; il ne devait pas laisser le cuistot tuer cet inconnu. Il ne le méritait pas. L'envie de le poignarder avec le sabre à sa main le prit, mais il n'osait pas faire couler le sang. Laissant tomber son sabre, le garçon se dépêcha de prendre un tonneau. Ce tonneau était remplie à ras bord de poisson. Il avait rarement porté de tonneau aussi lourd, mais il donnait toute sa force pour sauver l'inconnu. Au début, le tonneau ne bougea pas. Ensuite, avec un gémissement d'effort intense, l'enfant se retrouva avec un tonneau plus gros que lui dans ses bras et il s'empressa de monter un peu en hauteur, sur une grosse caisse, et il jeta le tonneau sur le cuisinier. Surpris, le cuisinier ne put voir le tonneau arriver; il le prit en pleine tête et tomba au sol, assommé, tandis que l'enfant, à nouveau au sol, vit la scène; l'inconnu était sauvé.

Ce dernier, sous l'adrénaline, n'attendit pas et pointa aussitôt son arme vers Lenen, qui tomba sur ses fesses, dos au mur. La pointe du sabre touchait sa gorge, et il leva innocemment les mains, les larmes aux yeux. Le jeune homme regarda la pauvre personne devant lui, méfiant. N'importe quel de ses supérieurs aurait déjà tué l'enfant. On lui a souvent dit que l'on ne pouvait plus rien aux enfants enlevés par les pirates. Ils étaient formatés à la piraterie. Ils n'étaient que des menaces potentielles. Mais cet enfant... semblait montrer le contraire. Ses yeux respiraient l'innocence, et ses larmes pures montraient sa peur. Il n'avait rien de dangereux. Mieux; il lui avait sauvé la vie. Encore soupçonneux, il fronça les sourcils en regardant Lenen. L'enfant pouvait voir que plein de questions tournaient dans la tête du soldat; que faisait-il ici ? Pourquoi ? Comment ? D'où vient-il ? Pourquoi l'avoir sauvé ? Il avait envie de lui poser ces questions, mais en pleine bataille ? Il baissa son arme, restant néanmoins méfiant. Lenen se sentait plus en sécurité. Le garçon avait peur qu'il l'élimine, le prenant pour un ennemi.

"Ce n'est pas un endroit pour un enfant de ton âge ... dit-il tout simplement, avec un fort accent.

Il regarda sur l'autre bateau où la bataille faisait rage. Il se doutait que Lenen était là contre son gré, et il avait une folle envie de le sauver. Mais les chances pour qu'ils remportent la bataille étaient faibles ... Ils n'étaient que quinze contre une trentaine de pirate, sans compter le fait que ces derniers étaient expérimentés, tandis que, de leur côté, une bonne partie du bateau comptait des marchands qui ne connaissaient rien de la guerre. Il hésita une dernière fois.

"Reste sagement ici."

Il partit vers le gouvernail, voulant se débarasser du plus de pirate possible. Il espérait que les personnes les plus importantes étaient encore sur ce bateau, de sorte à déstabiliser les pirates d'une façon ou d'une autre. De son côté, Lenen, inquiet, s'était redressé et regarda partir le jeune homme. Il regarda ensuite le cuistot assommé. Hésitant, il commença à suivre l'inconnu.

(On verra bien ce que je pourrai faire ...) se dit-il avec inquiétude.

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MessagePosté: Mer 15 Fév 2017 21:35 
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En fait de voile noire, c'était surtout toutes les voiles qu'on tendit de tous côtés afin de prendre au mieux le vent et, surtout, engager une si vive accélération que le vaisseau visé n'aurait le temps de fuir. C'était une méthode rodée et, bien que Maelgion n'eût eu, jusque là, jamais à l'accomplir, il se contenta d'agir sans réfléchir et elle prouva son efficacité : en peu de temps, on était bord à bord avec ce qui se révéla être un navire marchand. À comprendre : quelques commerçants dans leurs riches étoffes qui glapirent de peur en les voyant arriver, une quinzaine à peine de soldats et leur capitaine censés assurés leur sécurité et qui se précipitèrent qui, sur sa lance, qui sur son épée, la vingtaine de matelots pour diriger l'énorme bâtiment et les serviteurs desdits commerçants qui ne se présentaient pas comme beaucoup plus courageux que leurs maîtres. Pour les pirates, l'affaire était pliée.

Dès lors qu'on fut à portée, les arbalétriers se mirent à tirer, faisant quelques ravages, tandis que d'autres préparaient leurs grappins qui leur permirent de s'assurer que leur proie ne fuirait pas. Ne laissant sur leur navire que les trop estropiés, ceux qui n'avaient aucune expérience et tous ceux qui servaient mieux l'intérêt commun en restant là, les trois quart de l'équipage sautèrent par dessus bord et atterrirent sur le pauvre bateau, sourire carnassier aux lèvres, sabre au poing et la farouche envie d'en découdre.

En haut, sur son mât, impuissant, Maelgion n'avait pu qu'assister à la manœuvre. Avant qu'il ne s'en rendît compte, Asam lui avait mis entre les mains un des cordages pendouillant là et le presser de redescendre.

"Dépêche-toi ! Vite ! Ou on va tout rater !"

"Mais..."

"Y'a pas de mais, grouille !"

Le jeune garçon d'ordinaire torse nu avec son pantalon bouffant et sale, faisant ressortir sa peau tannée et mordorée par le soleil de la mer, était complètement enthousiaste. Sans attendre, il poussa le petit mage qui, déséquilibré, s'envola en direction du pont avant que ses réflexes ne prissent le dessus et le fissent atterrir en douceur sur les planches délavées. Son ami le rejoignit la seconde d'après et lui fourra un long couteau au manche en bois élimé dans sa main qu'il le força à la refermer dessus. Au même moment parvenait sur le pont Lenen. Le voyant, il se précipita vers lui, toujours aussi apeuré comme c'était dans sa nature, lui demandant ce qu'ils allaient faire.

"Ça me semble évident..."

Il sentait, dans son dos, Asam, qui le poussait et s'excitait et le ne laisserait pas faire sa mauviette en restant en arrière. Eh, après tout ! Il y avait trop peu de soldats pour le nombre qu'ils étaient : avec un peu de chance, il n'aurait même pas à combattre. Il fallait faire peur aux bourgeois, les enfermer dans leur coin et se précipiter dans la cale pour rafler le butin. Ni plus, ni moins.

"Reste-là, s'il te plait Lenen, ça peut être dangereux."

Mais à peine avait-il dit cela que son petit frère trembla davantage, lui demandant, comme de façon rhétorique, s'il comptait vraiment partir à l'abordage. Peut-être était-ce un sursaut d'adrénaline, peut-être était-ce Asam qui lui empoignait le bras avec force avant qu'ils ne fussent pas les derniers. Toujours était-il que cette question l'énerva.

"Si tu as trop peur, tu peux aller te cacher, mais me fais pas chier ok ?!"

Aussitôt, le plantant là, il se précipita en compagnie de son ami vers le bord sur lequel ils mirent un pied, un pied pour se propulser avec force et se poser de façon fracassante sur le pont adverse. Un soldat, aussitôt, se précipita vers eux, les considérant sûrement comme une proie facile. Asam, du sabre qu'il maniait admirablement bien de sa main gauche, para le coup sans aucune difficulté. Sans attendre, Maelgion lança son bras vers l'avant, forçant le soldat à rompre au risque de se faire embrocher par le long couteau. Les deux garçons s'échangèrent un regard complice. L'un à gauche, l'un à droite, il harcelèrent le pauvre homme qui ne pouvait se défendre en même temps contre deux lames, l'une d'elle fût-elle petite et sans résistance comparable au fer des armes. Il recula tant qu'ils finirent par l'acculer contre le bord, de l'autre côté du navire. Tout autour d'eux hurlaient les bruits de la bataille qui faisaient rage. Les deux capitaines ferraillaient l'un contre l'autre avec acharnement. Le boucan des lames qui se croisaient et se décroisaient et se rencontraient, se caressaient et se frappaient, s'entrechoquaient dans un ballet infernal et bruyant emplissait l'air et rendait Maelgion sourd à tout autre chose qu'était le combat. L'adrénaline coulait à fond dans ses veines et il se sentait invincible. Hélas, cela ne devait pas durer.

"Attrape cette corde Mael' ! On va le ligoter !"

Asam tenait toujours en respect le soldat qui, bien qu'ayant conservé son arme, prenait appui de ses deux mains sur le bord, par peur de passer par-dessus. Posé sur un tonneau, à ses côtés, se trouvait un beau cercle de chanvre, cordage en prévision, sûrement. Maelgion glissa son poignard dans sa ceinture et s'y avança avec un sourire. Las, quand il mit la main dessus, un autre ennemi, surgissant dans leur dos, abattit son épée en direction de la tête d'Asam. Le jeune mage n'eût que le temps de crier, mais, par chance, le garçon avait de bon réflexe et sut éviter le coup. Il perdit néanmoins son équilibre et chut sur le sol, son sabre lui échappant des mains. Maelgion eut le réflexe de se porter à son secours, mais l'homme, sur lequel ils avaient jusque là eut le dessus, se précipita vers lui. Par un heureux réflexe, il lui envoya son pied dans les boules. Le soldat, hurlant de douleur, se plia en deux et Maelgion put le dépasser. Avec horreur, il vit le deuxième homme d'armes prêt à décapiter son ami. Aussitôt, sans prévenir, sa magie déferla et un fort vent vint envelopper Asam, comme une bulle ou une amure. L'épée cruelle vint y déraper. En voyant l'échec de cette tentative et en comprenant sa raison, leur ennemi se retourna vers le mage qui, prenait soudainement peur se détourna et voulut s'enfuir : malheureusement son pied glissa et il s'effondra sur le bois dur du pont. Blessé au coude, légèrement sonné, il ne put que relever la tête vers son assaillant qui n'allait laisser passer cette occasion.
Au moment où il abattait son sabre, cependant, il eut un sursaut et on vit une pointe sanguinolente sortir de sa poitrine. Dans un râle plein de sang, il s'effondra, sans vie, aux pieds du garçon. Au-dessus de son cadavre, Asam, les deux mains, tremblantes, sur son sabre, des larmes aux yeux.

À côté, on s'agitait. On avait repéré l'un des soldats qui, ayant pris le contre-pied de l'abordage, était parvenu sur le navire pirate et, ayant terrassé le cuisinier de bord, s'élançait désormais en direction du gouvernail où ne se trouvait qu'un seul de leurs hommes. S'il mettait en danger l'Anne-Marie, même, les pirates seraient sûrement forcés d'abandonner leur attaque, ce qui pourrait même donner l'avantage aux occupants du vaisseau marchand.

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 Sujet du message: Re: Trajet maritime sur les Bateaux pirates
MessagePosté: Dim 19 Fév 2017 17:06 
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Dans un cri de rage, le combattant du navire des marchands bondit sur le pirate qui était devant le gouvernail. Pris au dépourvu, ce dernier essuya quelques blessures avant de pouvoir dégainer son arme. Rapidement, tout les pirates qui étaient restés derrière, sur le navire, furent au courant de la présence d'un intrus. Lenen regarda le combat sanglant sous ses yeux, caché derrière une caisse. Rapidement, ce fut l'étranger qui eut l'avantage et qui terrassa le pirate, qui se vit l'abdomen perforé du sabre. Crachant du sang, il laissa tomber son arme avant de tomber au sol, se vidant de son sang. Derrière lui, Lenen entendit des sabres sortir de leur fourreau, et des cris de guerre; quatre pirates arrivèrent, ignorant Lenen, pour se battre avec le jeune homme, qui avait prit le sabre du pirate terrassé dans l'autre main pour pouvoir se battre contre plusieurs personnes à la fois.

(Il n'a aucune chance ...)

Il fallait être honnête; ce jeune homme avait beau être un courageux combattant, il n'avait aucune chance contre quatre pirates expérimentés. Le blondinet baissa les yeux pour regarder son arme à sa main, hésitant un instant à rejoindre l'inconnu au combat. La réplique de Maelgion lui tournait encore dans la tête... "Si tu as trop peur, tu peux aller te cacher, mais me fais pas chier !". Maelgion avait rarement parlé à son petit-frère avec une telle violence et une telle... grossièreté. En y repensant, Lenen en avait les larmes aux yeux, ayant le sentiment d'avoir perdu son grand-frère adoré.

Mais alors qu'il était dans ses pensées, il entendit les cinq hommes pousser de grands cris, accompagnés de jurons; les lames se croisaient. Les gestes étaient rapides, violents. L'agilité du soldat du navire marchand lui permit d'esquiver habilement les lames qu'il ne pouvait parer malgré ses deux armes. Le sang giclait. C'était tantôt celui d'un pirate, qui eut le malheur de ne pas pouvoir esquiver un coup, tantôt celui de l'étranger, qui ne pouvait esquiver une blessure non létale. Au bout d'un moment, ce dernier, qui était en confrontation avec un pirate, envoya un puissant coup de genou au ventre de son adversaire en voyant les trois autres charger dans son dos. Le pirate poussa un cri, titubant vers l'arrière et tombant.

(C'est ma chance !)

Il voulait rendre son grand-frère fier de ce qu'il était. Il voulait aider cet homme seul contre quatre lâches pirates. Il voulait... arrêter de se cacher. Hésitant, tandis que les quatre hommes se battaient, Lenen prit à deux mains son sabre et osa s'approcher du pirate au sol, le menaçant de son arme. Le pirate le regarda un instant, avec une pointe de surprise dans les yeux, avant de se lever tranquillement. Quand il eut analysé la situation, il se mit à rire; étais-ce bien ce gamin pleurnichard qui osait le menacer de son arme ? Le spectacle était amusant; le garçon essayait de paraître fort, mais son visage enfantin gâchait tout, sans parler de ses larmes. Quant à sa lame, elle tremblait en permanence, que ce soit à cause du poids ou de la peur qui emparait ce petit corps.

"Tu m'as bien fais rire, petit ! Qu'est ce que j'ai hâte de voir le visage de ton abruti de frère quand il me verra avec ton cadavre en guise de jeu !"

Il attaqua alors, frappant la lame de Lenen. Ce dernier pouvait sentir la lame trembler dans ses mains tant ses coups étaient puissants. Rapidement, il fut désarmé, et la force chétive du garçon fit que la lame tomba en plein dans la mer. Il recula, effrayé, contre un tonneau derrière lui, qui faisait quasiment sa taille, tandis que le pirate chargeait vers lui, pointe droit vers son coeur.

Il y eut soudain un horrible cri à sa gauche; un pirate était tombé. Mais ce n'était pas lui qui avait crié; c'était le soldat du navire marchand. Dans une belle envoyée de juron, de sa part ou des deux autres pirates, il arriva à bondir sur le pirate qui menaçait Lenen, lui tranchant la main, l'arme à terre. Ce dernier cria, avant de se voir égorgé par l'étranger, protégeant Lenen en se mettant devant lui. De son côté, Lenen, en plus d'être totalement paralysé par la peur tant la mort était proche de lui, vit le haut de son protecteur tâché de sang. Même s'il avait réussi à fuir les pirates pour protéger Lenen, un des deux autres pirates ont réussit, avant, à le poignarder au flanc gauche. Grimaçant, le jeune homme ignora sa blessure et reprit le combat, tout en hurlant des insultes. Sur l'autre navire, un des archers survivant, qui était en retrais, vit le combat sur l'autre navire. Hésitant d'abord, il tira une flèche dans leur direction, qui perfora la gorge d'un des pirates qui tomba au sol, mourant. Déstabilisé, le dernier pirate mourra de la main de l'étranger.

Un silence s'installa. Il regarda Lenen, qui le regardait avec une certaine frayeur, et une fascination à la fois. L'adulte soupira.

"Je t'avais dis... de rester... derrière..."

Il grimaça avant de se laisser tomber contre le mur, assis près de Lenen qui se dépêcha de venir à ses côtés, inquiet.

"Vous... vous êtes blessés..."

"Laisse moi... Tu ferais mieux de dire pour ta sécurité que c'est toi qui m'a éliminé..."

"Je ne peux pas... S'il vous plaît, faites moi confiance, montrez moi votre blessure ..."

Hésitant d'abord, l'étranger arrache le morceau de tissu qui était sur sa blessure. C'était une plaie large, saignante, et qui, non stoppée, tuera bientôt son porteur. Lenen se remémora quelques souvenirs... On aurait pu croire, au début, que Lenen était, comme son frère, un mage. Cependant, la magie de Lenen, qui s'est d'ailleurs très peu montrée jusqu'ici, semblait plus correspondre à celle d'un guérisseur. Le seul sort que Lenen connaissait était un sort qu'il essayait chaque fois que quelqu'un était blessé. Généralement, ça marchait, s'il allait bien. Il doutait fortement pouvoir soigner ce soldat, car la blessure était grave, et il était en panique. Mais...

(Je dois essayer ...)

Il posa très doucement ses deux mains sur la plaie, sous le regard interrogateur du soldat, et il ferma les yeux pour se concentrer du mieux qu'il pouvait. Très lentement, il utilisait le Souffle de Gaïa pour soigner le jeune homme. Il essaya de, peu à peu, oublier ce qui l'entourait. Bientôt, il n'entendit plus le cri des hommes et des combats en général. Il n'entendit que sa pensée, et que... la voix de Maelgion, qui le réprimandait quelques minutes plus tôt. Il déglutit, une larme coulant doucement sur son visage, et il se força à imaginer autrement les paroles de Maelgion. Peu à peu, le discours grossier de son frère se changea en un vague compliment, avant de devenir un "Je suis fier de toi, Lenen.". Lenen voulait entendre cela plus que tout au monde. Motivé par cette pensée, il donna tout ce qu'il pouvait pour utiliser le sortilège, son collier brillant peu à peu sous le regard surpris de l'étranger.

Sous une douce lumière bleutée, la blessure commença, très lentement, à arrêter de saigner. Encore plus lentement, elle se ferma, peu à peu, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucune trace autre que le sang et une vague cicatrice. Lenen, épuisé, manqua de se cogner sévèrement la tête contre le plancher, si l'étranger ne l'avait pas attrapé à temps.

"Mais... C'est incroyable ce que tu viens de faire !"

L'étranger ne s'attendait certainement pas à ce qu'il y ait un mage, ou un guérisseur sur ce navire remplit de nigauds. Doucement, il se leva, aidant Lenen à se lever à son tour, qui restait éveillé malgré la fatigue. La douleur était encore là, mais moins forte. Et, au moins, il pouvait être sûr qu'il ne mourra pas.

"J'ai une idée pour les mettre en difficulté. Tu as peut-être déjà vu des lanternes, sur ce bateau ? Il m'en faut une. Allumée. Vite ! Dépêche toi ! On a peu de temps."

Lenen hocha la tête tandis que le jeune homme, toussant un peu, se penchait au dessus d'un des cadavres. Il courut, prenant un escalier, manquant d'ailleurs de tomber. Il passa devant une salle remplie de hamac, là où dormaient tout les pirates, avant de prendre un petit couloir qui menait vers ce qui semblait être la chambre des officiers et du capitaine. Aucune lanterne n'était présente. Il y en avait, mais elles étaient éteintes puisque la lumière était suffisamment présente. Cependant, Lenen savait où en trouver. Il descendit un peu plus vers la geôle où dormaient Lenen et Maelgion. Il devait bien être au deuxième niveau du bâteau, l'endroit le plus obscure. Les pirates y gardaient pas mal de choses, comme des butins, ou de la nourriture en général. Il ne tarda pas à trouver une lanterne allumée, qu'il se dépêcha de ramener au jeune homme.

Quand il le retrouva, regardant le combat d'à côté, il le vit tenant un bout de bois, à côté des restes d'un tabouret. Visiblement, il venait de massacrer un tabouret trouvé dans la cuisine pour en exhiber un bout de bois. Il était torse nu, la chemise de tissu roulée en boule autour du bout de bois. Le tissu semblait fermement tenir, bien que Lenen ne voyait pas comment. En voyant l'enfant, l'inconnu sourit.

"Merci. Tu sais nager ? Juste au cas où."

Lenen balbutia qu'il savait vaguement nager. Il n'avait pas eu l'occasion de beaucoup nager dans sa vie.

"Je compte brûler une bonne partie de ce bateau. Cela devrait déstabiliser les pirates. Je n'ai pas encore réfléchis à ce qui se passera ... Soit les hommes de mon navire parviendront à prendre l'occasion pour avoir l'avantage, soit les pirates vont tous battre en retraite pour arrêter les flammes. Dans tout les cas, cela nous laisse une chance de gagner. Toi, tu vas rester caché. Si je venais à perdre avec mes camarades... Je ne veux pas qu'on sache que tu as tenté de nous aider."

Il ébouriffa ses cheveux pour le rassurer, bien que c'était peine perdu. Il poussa doucement Lenen entre deux barils, lui demandant de s'agenouiller pour qu'il soit caché. Il ouvrit la lanterne, et, se protégeant du faible vent, il brûla le tissu sur le morceau de bois, soufflant doucement pour que le feu prenne. Peu à peu, la flamme prenait forme. Poussant un cri de guerre, le jeune homme courut brûler le plus de choses possibles, prenant chaque fois le temps de bien vérifier que les flammes tenaient et dévoraient leur victime. Il brûla des tonneaux, des caisses. Il commença même à brûler les cordes, le feu montant doucement, très doucement à cause du vent, vers les voiles, qui allaient sévèrement en pâtir. L'Anne-Marie était en train de s'illuminer, léchée par les flammes.


Dernière édition par Lenen Syalgius le Lun 20 Fév 2017 22:23, édité 1 fois.

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