Le visage cramoisi, il se dirigea aussi que lui permettaient ses courtes jambes vers le fond de la salle, ignorant le demi-gobelin qui avait sauté de son tabouret pour se réfugier sous la table, sentant la dispute venir.
Arrivé entre les deux hamacs, tourné vers celui qu’il avait interpellé, il glapit à nouveau mais plus fort.
-Sèvothyr !-Mmhh ?-Regardes moi quand je te parle !(Allons bon finissons en vite). Il se leva en soupirant et fit face à l’homme d’une cinquantaine d’années nommé Pachak. Ce dernier, furibond, faisait bien une tête de moins que lui, le haut de son crâne dégarnit luisait comme le pommeau d’une épée. Comme chaque fois qu’il le voyait, le demi-elfe dût retenir un petit rire. L’allure qu’essayait toujours de se donner Pachak ne cessait jamais de l’amuser.
Il portait une longue robe de noble marchand, qui cependant était complètement usée et rapiécée. Sa barbe grise était grossièrement taillée en pointe, et à son cou pendait un vieux médaillon terne, en forme de soleil, qu’il avait il y a longtemps acheté une poignée d’or à un marchand crapuleux, pourtant réputé pour la mauvaise qualité et la provenance douteuse de ses marchandises.
-Où étais tu ENCORE passé ?-J’étais allé me balader, tu devrais savoir depuis le temps, que je préfère nettement sortir en soirée plutôt qu’en journée.-Et toi, tu « devrais savoir depuis le temps » *reprenant son expression d’un ton dédaigneux* que je refuse que tu sortes comme ça en pleine nuit, les rues ne sont pas sûres ici ! (Tu crains pour moi ou pour ton porte monnaie). Tu n’es vraiment qu’un ingrat ! c’est grâce à moi que tu vis encore, moi, qui t’ai recueilli alors que tu étais en train de crever dehors tel un mendiant, moi, qui t’ai nourri, logé et élevé comme un fils (comme un esclave plutôt) tout comme eux !
*il désigna de son index boudiné Raftael qui n’avait pas bougé d’un pouce depuis que Sèvothyr était arrivé, et Fluron, qui, tapi sous la table observait la scène de ses grands yeux craintifs*
-….Et à propos où sont Caldor et Ernest alors ?Encore plus énervé par cette nouvelle insolence Pachak grinça des dents.
-Ernest est parti faire le serveur à une des tavernes qui est sur le port, parce que lui au moins, a suffisamment de jugeote pour qu’on ait pas toujours à être derrière lui (Bien sûr, l’intellectuel du groupe),
et Caldor votre aîné (Et le gentil grand frère…) est parti à ta recherche !
Sèvothyr soupira, cela pouvait encore durer longtemps, prenant alors un air faussement peiné il dit :
-Je te prie de m’excuser, pour tout t’avouer j’étais parti vers les quais, j’avais entendu dire qu’un navire marchand allait bientôt arriver, demain je crois, je voulais donc demander aux services maritimes s’ils pourraient m’engager pour décharger les marchandises. J’espérais que quand tu verrais la paie que j’aurais ramenée tu aurais été fier de moi…-Ohhh mon garçon…. *Pachak se radoucit tout d’un coup, il posa ses grosses mains sur les épaules du demi-elfe qui se raidit imperceptiblement*
et que t’ont-ils dit alors ?
Sévothyr baissa la tête.
-…Ils fermaient quand j’arrivais, ils n’ont pas voulu m’ouvrir, mais je repasserais demain !
Le « tsss » que fit Raftael faillit lui arracher un sourire, mais apparemment Pachak n’avait rien entendu.
-Ne t’en fais pas mon garçon, tu iras demain, reposes toi maintenant.
La trappe s’ouvrit soudain violemment et un demi-elfe aux long cheveux bruns dévala l’échelle, une fois à terre il fit volte-face vers Sèvothyr et le foudroya du regard. De taille moyenne, il avait le teint bleu pâle, et ses yeux noirs lançaient des éclairs. Il portait des jambières en cuir et une armure légère de moyenne qualité, à son coté pendait une épée longue. Tandis qu’il se dirigea d’un pas vif et souple vers Sèvothyr, Fluron se recroquevilla sous sa table et Raftael cesse momentanément de mâcher.
Une fois arrivé devant lui il le saisi par le col, Pachak s’interposa.
-Caldor ! Du calme ! Il était juste allé se proposer pour un petit boulot.
L’interpella relâcha lentement sa prise en interrogeant du regard le commerçant grassouillet.
-Apparemment un navire va bientôt arriver avec beaucoup de marchandises, il était allé postuler pour décharger.
Sur ses mots il tourna les talons pour partir.
-Mais ne recommence pas, d’accord Sèvothyr ?-Bien bien.Ce dernier, un sourire narquois aux lèvres soutenait le regard perçant que dardait sur lui Caldor. Quand Pachak se fut suffisamment éloigné, le demi-Eàrion lui murmura :
-Tu arrives peut être à l’embobiner, lui, mais avec moi ça ne marche pas me prends tu donc pour un idiot ?Sèvothyr émit un léger rire.
-Mais de quoi parles tu donc?Une claque retentissante lui répondit.
-Caldor du calme !Pachak qui avait posé une main sur l’échelle revint au pas de course.
-Excusez moi je me suis laissé emporté, c’est juste que je ne comprends pas pourquoi il n’aurait aucune sanction. *il tourna la tête vers le marchand*
Cela éviterait vraiment qu’il recommence.
Après quelques secondes de réflexion Pachak acquiesça :
-Soit, je te laisse te charger de ça *il leva son index en fronçant les sourcils*
mais ne le frappes plus je le veux en bon état !
Caldor hocha la tête. Pachak gravit l’échelle tandis que le demi-Eàron reporta son attention sur l’insolent, qui le regardait avec toujours la même expression aux lèvres.
Inspirant lentement il se força à se calmer, *diable qu’il détestait ce sourire*.
-Savais tu *dit il après un moment de silence*
qu’il y a effectivement un navire de marchandises qui arrive demain ?
-Bien sûr, puisque je suis allé me proposer pour le décharger.Se retenant avec peine de regifler l’impertinent il continua.
-Parfait alors…sauf qu’ils sont au nombre de deux, ils arriveront en début d’après midi… *il essaya en vain d’imiter l’expression railleuse de son interlocuteur*
Demain matin j’irais personnellement au service maritime pour te recommander.
Voyant que Sèvothyr n’offrait aucune réaction il calma à grande peine une nouvelle bouffée de colère.
-Sache que si tu n’y vas pas je le saurais, et à ce moment là ne comptes pas sur Pachak pour prendre une fois de plus ta défense.-Compris chef. *dit ce dernier en s’inclinant*
Furieux Caldor tourna les talons et se dirigea vers l’échelle, il posa la main sur un barreau et tourna la tête vers Raftael et Fluron.
-Vous 2 ! Vous l’accompagnerez aussi, la prochaine fois vous n’aurez qu’à le retenir avant qu’il ne fasse une de ses folles escapades nocturnes.Fluron, les mains sur la tête émit un pitoyable gémissement et Rafteal resta impassible.
Il grimpa, claquant la trappe derrière lui.
Raftael bougea enfin, il se leva de son hamac et se dirigea vers une armoire qu’il ouvrit, prit une bouteille d’hydromel et but une gorgée. Il se tourna ensuite vers Sèvothyr, le fixant d’un œil bleu, l’autre était couvert d’un bandeau noir, sur lequel tombait de fins et raides cheveux châtains, qui eux-mêmes descendait jusqu’au niveau de ses côtes.
-Content de toi ? *dit il après un moment de silence*
Sèvothyr le rejoignit, leva la main pour prendre la bouteille mais Raftael écarta son geste du revers de sa main.
-Allons il n’y a rien eu de grave, détends toi un peu.-Il serait peut être temps que tu te mettes à grandir. *il lui fourra la bouteille dans les bras et retourna à son hamac*
Fluron sortit de sous la table, jetant des regards nerveux autour de lui. Le demi-elfe bu quelques gorgées.
-Je te signale que pratiquement trois fois ton âge.Ignorant la remarque, l’humain une fois installé repris la même pose que précédemment. Le demi-gnome dit alors d’une petite voix aigue.
-Co..comment ferais je .p..pour décharger t..toutes les marchandises J..je ne suis pas assez r..robuste !Sèvothyr posa les ses yeux gris sur la petite créature dont le visage était agité de tics.
-Fais des pompes jusqu’à demain matin on verra ensuite.Il rejoignit sa couchette. Quelques instants plus tard Raftael lui murmura.
-Tu as encore quelque chose derrière la tête je me trompe ?-Ah…. Peut être, peut être pas.Aucun des deux ne rajoutèrent un mot, le demi-elfe entendit Fulron souffler les bougies et regagner son hamac. Caldor ne redescendit pas, peut être qu’il essayait de se calmer avant, ou avait préféré dormir dans une auberge plutôt que de le revoir songea Sèvothyr, mais à vrai dire il s’en fichait. Ils s’endormirent peu après. Le lendemain, ils se levèrent tard partirent pour le port.
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Au quartier des marins