L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 130 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5 ... 9  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Lun 10 Jan 2011 11:23 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 15:46
Messages: 13910
Le Masamune, gallion de Sirius Heartless

Image

Le Masamune (tel qu'il fut baptisé par son capitaine, Sirius Heartless) est un galion splendide dont la coque est toute en longueur, et laisse parfois penser au tranchant d'un sabre. La couleur bleue qui émane de sa structure est le parfait compromis entre l'azur du ciel et le turquoise de la mer. Facile à manœuvrer, il est néanmoins très polyvalent et se prête volontiers aux idées démesurées du jeune capitaine, encore faut-il que ce dernier apprenne comment diriger cet immense navire.

Il est la demeure et le repaire des pirates les plus atypiques, et l'ordre n'y règne pas en maître absolu. De plus, il n'a besoin que de très peu de main d'œuvres pour naviguer dans de bonnes condition, ce qui implique l'inactivité de la plupart des membres d'équipage, plus à l'aise dans l'art du combat. Ils ne sont même pas 10 !

Durée du trajet en bateau entre les villes des 4 continents
Vitesse : Avancée (x2)

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless)
MessagePosté: Sam 22 Jan 2011 19:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
3ème jour de voyage sur le Masamune :


Deux hommes étaient alités dans la même pièce. L'un souffrait de blessures graves qu'il avait reçues lors d'un combat, l'autre était... étrange. L'un d'eux s'appelait Renart. Il était presque guérie de ses coupures et fêlures mais on lui avait imposé un peu de repos, contre son gré, car il ne pouvait pas bouger, de toutes manières. Son bandana rouge sang était accroché à un mur à côté des peaux de bêtes qui l'abritaient et lui permettaient de dormir à même le sol sans que son dos ne crie douleur à typhons hurlants. A la place, il y avait un pansement frontal, blanc, qui servait juste à lui faire ignorer son mal de tête. Il adressa son regard à l'autre malade, car oui, il ne souffrait pas de l'extérieur, mais de l'intérieur.Son front ruisselait de sueur et ses habits en étaient trempés, il avait des réserves d'eau douce à disposition, et d'eau salée si la dose ne suffisait pas, mais il fallait être désespéré pour en boire. Il était habillé très légèrement malgré le vent frais qui berçait l'embarcation qui retenait leurs corps au-dessus des mers, un énorme galion. Le pauvre bougre, pour ignorer la chaleur ardente qui brûlait son corps, avait même retiré son bandeau cache-œil...
Renart parla.

- C'est toi ?

L'homme était en bien piteux état, il semblait brûlé mais n'avait rien sur la peau, il suait sans effort par temps frisquet. Il se tordait de douleur sans objet apparent. Le blessé pensa d'abord au mal de mer, mais il se dit ensuite que ce n'était pas le genre d'un homme qui aspirait à la capitainerie et qui avait obtenu son navire après une vie d'efforts discrets. Il n'entendit pas Renart.

- Heartless ? Hé !

Cette fois, Heartless tourna la tête et fixa son interlocuteur, qui fut aussi son précédent adversaire, dans les yeux. Ses lèvres desséchées s'entrouvrirent pour laisser passer une voix brisée, fanée, sèche comme une feuille morte. La souffrance qui en émanait le mit mal à l'aise.

- Sa... Salut, perdant...

Il ricana un instant puis le visage tiraillé du borgne s'éleva jusqu'à ce que son dos ait craqué et toussa d'un élan étouffé et lugubre à plusieurs reprises, avant d'empoigner fermement une bouteille de rhum remplie d'eau et de la vider d'une traite. Son échine se hérissa mais on le voyait tout de même tourmenté par une immense chaleur. Il suait à grosses gouttes mais voyait sa chair de poule. Il était atteint d'un mal désagréable, une déshydratation extrême, ironique pour un homme vouant sa vie à écumer les mers. Il se remit à ses aises dans sa couche et continua à parler comme si de rien n'était :

- Alors... toujours pas tenté ?

Le malaise de Renart laissa immédiatement place à sa fierté. Il ravala sa salive et frappa avec la langue

- Même pas en rêve, j'ai dit. Je suis pas comme les pirates, je ne pille pas pour l'argent.

- C'est ça... Vragdush est donc un enfant de chœur ?

- Il est mort, c'plus un problème.

- N'empêche que tu massacrais des gens pour leur piquer d'la maille, blondinet.

- C'était pour survivre.

- Survivre à quoi ?


Le bandé détourna son regard et le fixa contre le mur, retournant ensuite son corps tout entier, il tourna le dos à l'infirme aquaphile, ses sentiments mêlaient la fierté, le dégoût et la pitié. Après quelques minutes de silence, il demanda, toujours dans la même position boudeuse :

- Mal de mer ?

- Nan. C'est... compliqué. Je crois que j'ai chopé un truc pas net.

- Grave ?

- Mais non, hé ! J'vais pas crever pour un peu de fièvre !


Il se remit à enchaîner rire, étouffements et descentes d'eau glacée dans un cycle incassable. Il faisait preuve d'un euphémisme presque irraisonné quand il parlait de cette maladie qui lui harponnait tout son corps et élevait sa sueur si haut dans l'air qu'elle l'emplissait d'une odeur plus nauséabonde que d'habitude. Il continua comme tel jusqu'à la tombée de la nuit. Renart n'arrivait pas à trouver le sommeil, il se demandait si son voisin de chambrée était contagieux et ne pouvait supporter ses ronflements, même dans le noir total, bercé par le courant. Un rayon de lumière surgit de la porte qui s'ouvrit en grinçant, poussée par un mastodonte à la barbe grise et au nez rougi pas l'âge et surtout l'alcool : Gallion Thunderhead, surnommé Gorilla. Ses bras étaient chargés de bouteilles givrées qu'il posa discrètement à côté du lit de son capitaine. Il fut interrompu par Renart qui se releva difficilement de ses draps. A la grande surprise de Gorilla, le jeune homme ne montrait pas d'agressivité comme à l'accoutumée, il se questionnait à propos de celui qui l'avait vaincu en combat singulier. Les deux hommes commencèrent à parler entre eux, en chuchotant leurs dires.

- Gallion, c'est ça ?

- Renart...

- Tu fais quoi là ?

- J'lui apporte de la flotte, ça se voit pas ? Ce mec est desséché comme un bout d'pain rassis.

- Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

- Je sais pas. Y'a trois jours, il se portait comme un beau diable mais sa santé a dégénéré y'a deux jours.

- Comment ?

- Bah, chais pas... au début je remarquais que les flammes étaient attirées par lui et les torches tombaient souvent des murs. On les a toutes éteintes mais il a commencé à suer de partout comme un porc après l'acte. On s'est dit que ça allait lui passer mais hier, il s'est évanoui en bonne et due forme.

- Il est tombé dans les vapes ?

- Ouais, sans prévenir, comme ça. Et depuis il se déshydrate à un rythme de fou, il se balade presque à poil et boit plus que de l'eau glacée, des glaçons parfois, ça le gênait pas, il disait qu'il avait trop chaud, mais à un point vraiment... chaud quoi.

- En gros il est... "brûlé" de l'intérieur ? C'est de la fièvre ?

- Je sais pas, mais j'ai jamais vu de fièvre comme ça. Mais c'est possible. Tu sais gamin, c'est en mer qu'on chope le plus de maladies. Mais dans son cas c'est impossible, il est resté que trois jours sur le bateau.

- Étrange... C'est grave ?

- Il t'a dit quoi ?

- Que c'était qu'un coup de froid.

- Alors le crois pas, ce truc le bouffe vraiment jusqu'à la moelle. Il se fait dévorer par un truc inconnu et c'est sûrement pas un coup de vent...

- Ça veut dire quoi ? Il va s'en sortir, non ?


Le vieux loup de mer resta muet un bon moment, hésitant. Il jeta un œil à la dépouille noyée dans sa sueur, dont le corps s'était amaigri à un point tel qu'il aurait été méconnaissable, comme si il n'avait jamais bu ou mangé de sa vie. Il avait même découvert son œil meurtri pour se libérer d'un tout petit peu plus de son tourment. Quelqu'un comme lui, dans cet état, c'était un cas désespéré, le pire était que personne ne savait de quoi il était frappé. Se mordant un peu les lèvres, Gorilla reprit :

- Honnêtement, je sais pas si il va s'en sortir. Si ça continue à ce rythme, il en aura plus pour longtemps...

- Combien ?

- Quinze jours au mieux.


L'inspiration que prit Renart à ce moment-là trahit son état d'esprit, que son arrogance tentait de dissimuler à tout prix. Le sort du borgne sans cervelle lui importait quelque peu, malgré les apparences. Ce n'était pas qu'il se sentait son ami, mais mourir à son âge était pour lui quelque chose d'inadmissible pour un homme aussi ambitieux. Il aurait peut-être réussi à obtenir quelconque renommée, était-ce la peine que le destin lui inflige pour tous ses péchés une mort aussi misérable, sans gloire ? En tout cas, une telle mort ne lui aurait pas plu du tout. Il se reprit à imaginer sa mort et se dit que cela n'était tout de même pas une certitude. Renart demanda, en forçant sa voix à taire sa compassion :

- Il peut guérir, non ?

- Ouais, possible. On approche de Kendrâ Kâr et c'est une grande ville. Y'aura sans doute un bon médecin ou un moine pour l'aider, dans le cas contraire...


Gorilla soupira. Il savait exactement ce qui allait lui arriver si il ne se dépêchait pas de guérir. La mort par déshydratation étant lente et pénible, il souhaitait que son compagnon de finisse pas comme un macchabée maigrichon, il ne méritait pas ça. Il savait que dans très peu de temps, Heartless plongerait dans l'inconscience et ne pourrait plus bouger avant l'administration d'un remède fiable. Si ce remède venait à trop tarder...

- ... Dans le cas contraire, il est perdu.

Les deux hommes avaient perdu leurs mines respectives, Gorilla ne gueulait plus à tord et à travers pour se moquer et insulter son camarade de galère, tandis que la fierté de Renart ne surgissait plus au rythme d'élans combatifs. La minute de silence avant l'heure. Quelques instants plus tard, le gorille rejoignit son poste et le blond revint dormir. Le voyage n'était plus bien long avant Kendrâ Kâr.

_________________
Image


Dernière édition par Heartless le Mer 26 Jan 2011 21:48, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless)
MessagePosté: Mer 26 Jan 2011 20:36 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 5 Déc 2010 19:00
Messages: 258
Port de Tulorim

Recueil de pensées de la traversée jusqu’à Kendra Kâr, à bord du Masamune.


Premier jour :

_10h14_

L’alcool de la veille, qui circule encore dans mes veines, me permet d’aider à la manœuvre. Sans lui, la douleur provenant de mes blessures m’empêcherait de me déplacer correctement. Manœuvrer à quatre un tel navire, non mais comme idée saugrenue ça se pose là. Si Gallion n’était pas parmi nous, je pense qu’on se serait échoué sur des récifs dès la sortie du port. Je dois avouer que j’ai, de temps en temps, des hauts le cœur à cause du roulis. J’espère que je ne vais pas rendre mon maigre déjeuner sur le pont. C’est déjà assez gonflant de devoir apprendre le boulot de marin, hors de question qu’en plus je doive nettoyer le pont.

_13h32_

J’ai pu soigner mes blessures avec des linges et des herbes que j’avais envoyé chercher par Gallion tandis que nous étions encore à terre. Heureusement, il a put trouver chez un herboriste la plante que je lui avais décrite : du plantain. Dans ma famille on ne se sert pas des longues fleurs mais uniquement de ses larges feuilles nervurées. Certains en font des décoctions ou des salades, d’autres les font macérer pour guérir je ne sais plus quel mal. Mais moi on ne m’a apprit qu’une seule de ses utilisations : posée entre le bandage et la plaie, elle désinfecte celle-ci en en autant le pus. Mon père à toujours soigné ses blessures ainsi, plantain et temps cicatrisent n’importe quoi d’après lui. Il ne m’a pas appris grand-chose mais au moins cela m’a toujours servit depuis. Néanmoins je ne regrette pas mon départ. J’étais condamné à travailler sans que le fruit de mon labeur de me profite. Ils comptaient sur le fait que je me laisse asservir sans rien dire, alors que mon maigre salaire d’apprenti forgeron allait directement dans leurs poches.

_17h03_

Heartless m’a un peu surpris hier quand il a annoncé la destination de ce rafiot : Kendra Kâr ! Je le rencarde juste pour avoir un coup de main et me faire un peu d’argent facile, et lui, bonne pomme, m’offre un billet gratuit. Quelle ironie, cet argent devait justement me servir à payer le trajet. Bah, à la place il servira à combler le gouffre de mon ignorance dans le domaine de la magie. Je devrais peut-être repenser à son offre : avoir le logis et le couvert, découvrir le monde et ne plus m’ennuyer. Cela mérite vraiment que j’y repense.

_22h56_

Je m’interroge toujours sur la raison de mon état d’hier. J’ai utilisé mon sort de ténèbres comme si cela était aussi naturel pour moi que respirer. Mais là n’est certainement pas le plus bizarre. La douleur. C’était comme si elle me galvanisait au lieu de me paralyser. J’ai assisté à tout, depuis le sort de Vragdush jusqu’à la baffe de Gallion. Et je m’en souviens étrangement bien : chacun de mes gestes, chacun de mes mots, chaque pensée sadique, chaque lent battement de mon cœur,… Tout, je me souviens de tout. Mais le pire est que c’était bien moi aux commandes. Ma haine et ma cruauté étaient à leurs paroxysmes, la pitié et la bonté avaient totalement disparues de mon être. Chaque goutte de mon sang qui s’échappait faisait croître davantage encore cette folie. Mais était-ce seulement de la folie ? Ces sentiments m’ont toujours habité après tout. Mais au milieu de tous les autres, ils n’avaient jamais autant fait entendre leurs voix. J’espère que le prêtre que Niran m’envoie rencontrer aura une réponse à cela.


Second jour :

_11h15_

Tandis que je faisais un état des lieux de nos maigres provisions, j’ai mis la main sur une paire de brassards en fouillant les frusques des anciens matelots. Leur cuir est plutôt usé et leur réalisation guère élaborée. Mais je ne peux pas faire le difficile, mes vêtements ont étés mis en lambeaux. Maintenant je porte des affaires trouvées ça et là sur cette coque de noix. J’ai due les laver plusieurs fois à l’eau de mer pour en faire partir l’odeur mais bon, au moins comme ça je suis présentable. J’ai également dégoté une pierre à aiguiser, au moins ainsi ma dague ne sera plus qu’un morceau de métal décoré. Ma dernière découverte me laisse quelque peu perplexe, il s’agit d’une fiole contenant une sorte de liquide noirâtre. Enfin on dirait du liquide mais la surface me fait davantage penser à de la brume. Je pense savoir de quoi il s’agit, Niran m’en a parler sans m’en montrer. Il disait que se ne serait pas sage que j’en prenne sans connaître l’effet que ça pourrait avoir sur moi. Bah, on verra plus tard, Kendra Kâr est encore loin.

_14h06_

De drôles de choses se passent sur ce bateau. D’abord on a eu droit aux flammes des torches qui se sont inclinées bizarrement, comme attirées vers quelque chose. Ensuite les torches qui se mirent à tomber des murs, et cela toutes seules, au point que désormais la lune est notre seule lumière durant la nuit. Et maintenant ça ! Le borgne s’est évanouie tout à l’heure, il semblait aller bien et l’instant suivant il s’écroulait de tout son long. On l’a allongé à l’infirmerie, et depuis Gallion tente de savoir ce qui l’atteint. On en saura plus qu’en il se sera réveiller, mais jusque là, impossible de le soigner correctement sans savoir de quoi il souffre.


Troisième jour :

_10h27_

Le capitaine s’est éveillé durant la nuit, il semble souffrir de brulures et de déshydratation mais sans raison physique viable. Il ne cesse de boire l’eau que Gallion lui amène sans arrêt, il semble en consommer autant qu’il en perd, tant son corps transpire. On se relaye pour l’approvisionner en eau fraîche, tout autant qu’à la manœuvre d’ailleurs. Nous ne sommes plus que trois de valides à bord et seul l’un d’entre nous est un véritable marin. Nous risquons de dévier légèrement de notre cap, ainsi nous prendrons sans doute une ou deux journée de retard. Quand on y pense, vaut mieux du retard que de sombrer. A quoi cela nous servirait de nous plaindre ? Et pour se plaindre à qui ? Je suis habitué aux longues journées et aux courtes nuits depuis l’enfance, alors qu’importe. Le tout est que nous arrivions tous en vie à notre destination.


Quatrième jour :

_12h12_

Nous rationnons désormais notre eau, seuls les blessés en sont dispensés. Ces idiots de pirates n’avaient pas dues juger opportun d’en faire de plus importants stocks. Gallion pense que cela suffira pour le reste du voyage. Toutefois si Heartless venait à augmenter davantage sa consommation, nous autres serions probablement contraints de nous contenter d’alcool pour qu’il puisse étancher sa soif. Même Renart semble préoccupé par son voisin de chambrée. Après tout, le combat resserre bien plus les liens entre les hommes que n’importe quelle parole.


Cinquième jour :

_4h39_

C’est terminé, j’ai repris mes esprits. J’ai filé dans la calle sur un coup de tête, et là, seul au milieu de tonneaux vides, je l’ai vidé. Lorsque j’en ai ôté le bouchon, une odeur étrange a aussitôt emplit alors mes narines. On aurait dit un savant mélange entre celle d’une vieille caverne, sombre et humide avec une légère nuance de champignons, et celle d’un corps en décomposition, laissé dans la fraicheur nocturne aux bons soins d’un fossé. Lorsque le contenu se posa sur ma langue, c’était … indescriptible. Cela semblait s’infiltrer dans chaque parcelle de mon corps avec la plus grande rapidité. Coulant et traversant mes chairs comme si j’étais fait de calcaire. Mes artères s’en gonflaient comme d’un divin nectar de poison. Cela se déversa en moi jusqu’à même atteindre la pointe de mes cheveux, j’étais comme une éponge se gorgeant de ténèbres. Mon esprit aussi en fut inondé, mes sentiments humains s’envolèrent pour laisser place à de biens sombres émotions. C’était bizarre, comme si j’étais libéré d’un poids. Le terrible poids des bonnes intentions, de l’altruisme et autres niaiseries du même genre. Mais cet état de conscience ne dura pas. Ma cruauté et mon égoïsme diminuèrent au retour de mes bons cotés. Cela m’avait semblé durer une bonne heure, mais seules quelques minutes s’étaient véritablement écoulées. Ainsi est-ce cela absorber le fluide d’ombre.

_16h12_

Mes blessures semblent aller mieux, je boite toujours un peu mais cela pourra être aisément camouflé d’ici le port. Le malaise que je ressentais au début de ce voyage c’est dissipé comme le brouillard dans la plaine. Je passe mon peu de temps libre entre l’aiguisage de ma lame et la confection de vêtements corrects à partir des loques laissées par les pirates de Vragdush. Mieux vaut ne pas ressembler à l’un de ces ivrognes malfaisants si on ne souhaite pas attirer trop l’attention de la garde. Ni ma cape ni mes bottes n’ont eus à subir le tranchant du sabre de l’autre trouillard. Heureusement, car là j’aurais eu bien du mal à leur trouver des remplaçants dans de pareilles haillons.


Sixième jour :

_9h19_

Dernier jour de traversée à priori. L’idée de pouvoir naviguer librement où bon me semble me séduit de plus en plus. Je me doute que je vais devoir voyager pour obtenir cette relique d’un temps révolu. De plus, qui sait ce qui pourrait se dresser entre ce pouvoir et moi ? La sagesse me dicte de m’entourer d’alliés puissants et loyaux pour m’accompagner sur ce périple. Cela ne fait que deux petites semaines que je parcours librement les routes, aussi ne suis-je guère un aventurier professionnel. Mais cette idée possède un charme certain et cette poignée d’hommes semblent déjà m’avoir intégrée à leur groupe. De toute façon, je verrais bien assez tôt ce que l’avenir me réserve.

_18h29_

Nous accosterons tard ce soir à Kendra Kâr, enfin. Heartless ne semble pas aller beaucoup mieux et Gallion souhaite l’emmener au plus tôt voir un guérisseur. Je pense qu’il s’en sortira, il n’a certainement pas l’intention de mourir alors qu’il vient juste de devenir capitaine. Pour ma part, je partirais en ville demain matin. Personne ne souhaite être dérangé à une heure si tardive dans la nuit. Et je ne souhaite pas me mettre directement en mauvais termes avec celui qui devrait, normalement, m’en dire davantage sur mon objectif. De plus il s’agit d’un prêtre de Gaïa et cela m’étonnerait que la nature de mon pouvoir ne lui fasse bonne impression. Qu’importe, j’atteindrais ce que je souhaite quoi qu’il m’en coute.


Port de Kendra Kâr

_________________
Leoj / Fanatique / Humain (Wiehl)
Image

"Si on ne prend pas son destin en main, nul ne le fera à notre place."


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Dim 24 Nov 2013 13:34 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
Nark, Mythanorië et Nahoriël furent quand à eux jetés dans une grande pièce totalement vide. Les seules ouvertures étaient une petite meurtrière à barreaux qui donnait sur la mer, et une autre, plus bas, pour des raisons sanitaires...

Pendant ce temps, dans la loge du capitaine, le colosse à la prothèse d'acier buvait du vin à la bouteille, assis face à la vitre qui lui permettait de contempler la colère que Moura déchaînait sur l'Aeronland.

- Quatre mille pièces d'or et ils ont le cran de voler des épées. Ha, les shaakts feraient d'excellents pirates...

Un de ses sous-fifres frappa à sa porte.

- Entrez ! grinça-t-il.

Un de ces hommes en manteau noir, trop élégants pour être de vrais pirates, entra et se mit dans une position presque militaire.

- Maître. Les prisonniers sont contenus dans la salle Von Klaash, conformément à vos ordres.
- Bien. Dis-moi...


Le "maître" tourna la tête vers l'otage retenu dans l'ombre. Un éclair dévoila son visage ruiné par les bleus pendant une fraction de seconde.

- ... Mazhui. Tu ne veux toujours pas rejoindre notre cause ? Au lieu de t'accrocher à ces idées absurdes ?
- Tu devrais savoir mieux que les autres. J'ai beau avoir l'air frêle, je ne plie pas même devant la menace...


Un second éclair illumina le visage de l'homme qui, lui, avait été ruiné par son histoire.

- Eliwin.

Un rire, son rire, qui donnait l'impression d'entendre deux plaques de métal froid se frottant l'une contre l'autre, résonna.

- Ha. Ha. Ha. Ha. Ha. Entendu. Soldat, conduisez-le dans un compartiment à l'écart des autres prisonniers.

Des ombres faucheuses se saisirent de Mazhui dont l'apparence, principe pourtant si cher à ses yeux, s'était dégradée après plusieurs passages à tabac, et le soulevèrent par le bras pour le conduire jusqu'à sa cellule. Alors que le sage ynorien franchissait malgré lui le pas de la porte, Eliwin leva sa bouteille de vin et lança.

- Et à la nouvelle Confrérie.


Lorsque les trois autres prisonniers se réveillèrent, la Méduse Noire était déjà loin, et ils étaient dépouillé de toute arme et de tout équipement jugé dangereux. Surprenant, les vêtements, pièces d'armures, bijoux, livres et accessoires divers étaient quant à eux restés sur leurs propriétaires pour une raison inconnue.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Lun 25 Nov 2013 12:55 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
*<---*


*7*



La sensation de bien-être fut peu à peu interrompue. En passant près d'un récif, une sorte d'algue s'enroula autour de moi, retenant mon corps sous l'élément liquide. Ce fut à cet instant que je réalisai ma situation. Sous la mer, à plusieurs dizaines de mètres de la surface, et empêtrée dans un végétal cherchant à me nuire. Je manquais de souffle, sentant la peur envahir tout mon être. Plus je me débattais, cherchant à arracher ces liens vivants, et plus la prise se resserrait sur moi. J'ouvris la bouche pour appeler du secours, n'obtenant pour résultat qu'un flot salé obstruant ma gorge. Une ombre passa, obscurcissant tout ce que je pouvais voir. Perdue, je sentais mes forces diminuer, comme laissée à l'abandon.

Alors que je fermais les yeux, un lot de masses difficiles à décrire s'approcha. Un banc d'un étrange animal, ressemblant à un équidé avec une queue de poisson et des sabots masqués par des nageoires, passa à côté de moi. En me voyant, toutes les créatures effectuèrent un écart. Toutes. Sauf une. Faisant pratiquement le double de la taille de ses congénères, l'un des sujets de Moura s'arrêta face à moi, m'observant sans bouger. Était-ce lié sa présence ou à ce qu'il représentait à mes yeux ? Ma peur se calma, comme si des mots rassurants avaient été prononcés. La créature marine tourna lentement autour de moi, comme intriguée par le spectacle. Lorsqu'elle revint face à moi, le faciès équestre vint s'accoler au mien. Quelque chose se passait. Quelque chose que j'avais du mal à comprendre. Comme tirée de ce mauvais pas par la bête, j'eus la sensation d'entrer en phase avec elle. Une évidence m'apparut, étrangement normale malgré l'impossibilité de la chose.

Nous ne faisions qu'un.


Un inconfort certain s'immisçait dans mon corps tandis que j'émergeais peu à peu de cette étrange vision. La vue brouillée, je distinguais vaguement le voleur, assis à côté de moi, comme s'étant jeté en arrière, et avec une expression indéchiffrable sur le visage. L'esprit embrouillé, je tentais de prendre appui sur mes mains pour me redresser, n'étant pas plus surprise que cela d'apercevoir ces mêmes sabots à nageoires dans mon champ de vision. Je devais encore rêver, ce qui expliquait cet inconfort. Je refermais les yeux, laissant mon corps reposer contre la surface rigide.

Je revins bientôt à moi, étendant mes longs doigts végétaux pour m'appuyer dessus. Basculant sur le côté, j'aperçus Nahöriel, me scrutant avec une sorte d'incrédulité. Je n'y prêtais guère attention, découvrant un horizon loin d'être familier. Ma voix, faible, se teinta d'une pointe d'inquiétude.

"Où... Où sommes-nous ?"

Ma gorge me fit mal, tout comme ma tête, mais ma prise de parole suffit à rendre au voleur son attitude normale. Il se leva avec prudence, testant son équilibre, avant de tendre une main pour m'aider à me redresser.

"J'dirais une cale. C'qu'est sûr, c'est qu'on est toujours en mer."

Acceptant cette main, j'observai les lieux. Une grande salle vide, à peine percée d'une petite ouverture munie d'un barreau. Lentement, je tentais de rassembler mes souvenirs. La Méduse Noire. Les shaakts. La soupe que mon malaise ne m'avait pas fait toucher. Mazhui... Immédiatement, je jetai un regard circulaire à la pièce, n'y trouvant pas le faciès de l'ynorien. Mon camarade semi-elfe sembla venir à la même conclusion, grimaçant ensuite de ne pas trouver son stylet noir à sa ceinture, ni la plus petite arme dans les environs.

Il se mit à chercher un passage. Une porte ou une trappe sans doute, car à l'évidence, nous n'étions plus perçus comme des passagers normaux. Je restais dans ses pas, curieuse et méfiante. Ce fut le voleur qui cracha ses pensées le premier.

"Peste soit des elfes de toutes les couleurs ! Déjà qu'un c'est pas bon signe, mais un équipage complet, c'est s'jeter dans la gueule d'un drakarn !"

Le jeune semi-humain serra les poings, cherchant sans doute une surface à taper. Plus mesurée, je percevais toutefois cette sensation de trahison envahir mon torse. La plus récurrente des questions restait le "pourquoi". Je finis par apposer la main sur l'épaule du voleur, cherchant à lui faire retrouver son calme. Il me poignarda une seconde du regard puis poussa un long souffle contrarié.

"Faut qu'on sorte d'ici."

Je ne pus qu'acquiescer et chercher du regard la sortie de cette salle. Un lot d'interrogations continuait de tourner dans mon crâne. Était-on toujours à bord de la Méduse Noire ? Qui était à l'origine de notre situation et surtout que comptait-on faire de nous ? Au moins, le malaise qui m'avait pris semblait avoir totalement disparu. Maigre consolation, mais c'était déjà cela.


*--->*

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Lun 3 Mar 2014 23:12, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Lun 25 Nov 2013 13:58 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
Alors qu'ils commençaient à réfléchir à un moyen de s'en sortir, les détenus entendirent la porte se déverrouiller. Leur prison s'ouvrit un court instant, mais des gardes armés les dissuadaient de sortir, tandis que l'un d'eux jetait Mazhui dans la cale avec les trois autres prisonniers.

La porte se referma dans un claquement brutal et fut reverrouillée in extremis. Mazhui semblait en bonne santé et n'avait pas subi de mauvais traitement. Il regarda autour de lui, son regard croisa celui de Mythanorië et de Nahoriel fraîchement sortis de leur sommeil, puis s'attarda sur les murs de la grande pièce. Tout cela lui évoqua de lointains souvenirs. Cependant, il arrêta là sa rêverie et, tout en s'asseyant d'une manière plus digne, l'Ynorien s'adressa à ses compagnons.

- Tout le monde va bien ?

En dépit de la situation, il ne semblait pas plus inquiet qu'eux.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Lun 25 Nov 2013 18:23 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
*<---*

*8*



À peine mes yeux clairs se rivèrent-ils à la porte que celle-ci s'ouvrit. Du coin de l'oeil, je devinais le voleur se raidir, mais les nombreuses silhouettes entravant le passage mirent rapidement fin à son attitude. J'avais beau avoir encore mon énergie magique en grande partie, je doutais pouvoir lutter. Je n'eus de toute manière pas assez de temps pour réfléchir à la plus petite stratégie. Les arrivants ne firent que jeter une autre silhouette dans la salle avant de verrouiller l'accès. Je sentis mes lèvres se séparer brièvement quand je reconnus la personne. Il s'agissait de l'ynorien Mazhui, chose qui mettait un terme à la possibilité qu'il fusse à l'origine de notre situation actuelle.

Quelques instants de flottement furent nécessaires avant qu'il ne prenne la parole, s'enquérant de notre état. Il changea de posture pour s'asseoir, ne semblant à mes yeux guère inquiété. En quelques pas, Nahöriel l'avait rejoint et mis un genou à terre. Après m'avoir regardé un moment, le demi-humain prit la parole.

"Moui... Vu c'qui nous arrive, j'crois que ça peut aller. "

Pourquoi avais-je la sensation que le regard que me lançait mon camarade insinuait autre chose ? J'y décelais presque de la méfiance. Réaction étrange de sa part. Je m'inquiétais sans doute pour rien, il n'avait aucune raison de me traiter de cette façon. Tôt ou tard, il finirait bien par exprimer ce qui le tracassait.

M'approchant à mon tour, je demeurais toutefois debout, formulant mes questions. Je n'étais pas certaine que l'ynorien puisse y répondre, mais cela aidait ma voix à se remettre.

"Que nous est-il arrivé ? Et qui étaient ces êtres à la porte ? Ils ont l'air trop massifs pour être des elfes."

Machinalement, je plongeai la main dans ma sacoche, effleurant le grimoire bleuté qui s'y trouvait. Son contact m'apaisa quelque peu, mais ne répondait en rien à mon désir de faire le point sur la situation.


*--->*

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Lun 3 Mar 2014 23:15, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Lun 25 Nov 2013 19:27 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
Mazhui répondit à la femme végétale avec un sourire tranquille et réconfortant.

- J'aimerais vous expliquer, mais c'est une longue histoire. On ne craint rien, pour l'instant du moins. Restons sur nos gardes.

Mazhui leur demanda de se rapprocher, puis il commença à murmurer.

- Nous aurons besoin des compétences de chacun pour nous en sortir. Malheureusement, le combat n'est pas mon fort. Quel est le vôtre ?

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Ven 29 Nov 2013 10:10 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
*<---*

*9*



Malgré l'attitude tranquille de l'ynorien, je ne parvins pas à me sentir rassurée. Comme il semblait être de coutume parmi les humains et semi-humains, il écarta toute question de ma part en prétextant une explication sans doute trop longue à fournir. Je m'efforçai ne pas manifester mon désappointement, effectuant juste un signe de tête. Mazhui fit ensuite un léger mouvement, nous incitant à nous rapprocher. Le voleur obtempéra, chose que je fis quelques instants plus tard. Notre interlocuteur semblait vouloir en apprendre davantage sur nos capacités, afin sans doute de les mettre à profit quand le moment serait venu.

Après un bref échange de regard avec le voleur, celui-ci reporta son attention sur mon voisin. Tout en se frottant l'arrière du crâne, il prit la parole sur un ton de confidence.

"J'suis pas un guerrier, mais j'suis assez agile pour m'défendre au corps à corps. Et j'ai appris à me familiariser avec... Certains serrures. Ils m'ont piqué mon stylet mais j'peux m'contenter d'mes poings et d'mes pieds."

Un léger grincement du navire accompagna mon propre mouvement de tête, me faisant un instant me demander si j'en étais à l'origine. Je pris ensuite la parole.

"Depuis toujours, je possède des fluides d'eau. J'en ai récemment absorbé de lumière et de terre, mais en quantité bien inférieure. J'ignore si cela pourra nous être utile."

Je sentis alors sur moi le regard pesant du voleur. De nouveau, il me fixait avec une expression entre méfiance et bouderie. Ancrant mon regard au sien, je tentai de comprendre son attitude quand il reprit la parole.

"T'as oublié quelque chose."

Devant mon silence, lié à un mélange de doute et d'incompréhension, il poursuivit.

"Ta forme de bête à écailles."

Cette fois-ci, j'ouvris les yeux tous ronds. Fouillant dans mes souvenirs, je tentai de me rappeler d'un moment où je lui aurais fait part de mon rêve. En vain. Nahöriel savait que quelque chose avait changé en moi. Ou peut-être pensait-il que je lui avait toujours caché cette information ? Un peu perdue, je jetai un regard à l'ynorien puis détournai les yeux. Plissant ces derniers, je me mis un instant à l'écoute des flots cognant contre la coque du navire. Mon rêve me revint en mémoire. La créature que j'y avais rencontré aussi.

Des écailles bleutées, une forme entre cheval et poisson. Une nageoire en guise de crinière et des sabots masqués. Un petit étourdissement me prit quand le contact entre la créature et moi me revint comme s'il avait eu lieu pour la deuxième fois.

"M... Mytha' ? "

Mon champ de vision était étrange. Quand m'étais-je allongée ? Lentement, je tentai de basculer sur le dos, gênée par quelque chose. Sans dire un mot, et avec appréhension, je tendis ma main droite devant moi. Je ne la reconnus pas. D'un ton bleuté, les doigts unis, je ne vis qu'un sabot sous une nageoire irisée. Surprise, je cherchai à repousser cette vision, uniquement pour m'apercevoir qu'il était difficile de me redresser. Et pour cause. En lieu et place de mes jambes, une puissante queue d'animal marin battait le sol de bois.

Inconfort, incompréhension. Je cherchai désespérément un élément auquel me raccrocher. La peur s'immisçait en moi. Que m'arrivait-il ? Qui étais-je ?

"Par... Par Moura !"

Ma voix ne fit qu'ajouter un brin d'anxiété à mon ressenti actuel. Malgré mes efforts, je ne parvins qu'à basculer sur le ventre, mes... Pattes... antérieures repliées sous moi. Je me sentais mal, mais ce n'était pas de la douleur. Cela ressemblait à un mélange indistinct de peur, d'inconfort et de curiosité incrédule.

D'abord immobile, le voleur glissa jusqu'à moi. Il hésita puis apposa la main à la base de mon cou. Son expression était indéchiffrable, mais sa présence m'insufflait un regain de calme.

"Que... Qu'est-ce qui m'arrive ?"

Ma gorge me fit un peu mal, mais je parvenais tout de même à m'exprimer normalement. Mes yeux clairs se rivèrent à Mazhui, seule présence jusque-là hors de mon champ de vision.


*--->*

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Dim 1 Déc 2013 23:07, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Dim 1 Déc 2013 22:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
Mazhui était visiblement impressionné par cette transformation soudaine. Il s'était levé et avait reculé de cinq pas, effrayé par la nouvelle forme de Mythanorië. Cependant, voyant qu'elle était aussi déboussolée que lui, il reprit doucement son calme.

- Impressionnant... Cependant, dans un espace aussi confiné, je doute que cette forme de... d'hippocampe... nous soit d'une grande aide, sinon à effray- impressionner nos adversaires.

L'Ynorien regarda autour de lui, visiblement inquiet.

- Il ne faut pas qu'on nous remarque. Vite, reprenez votre forme normale !

Mazhui ne connaissait pas le niveau de maitrise que la jeune femme avait en son pouvoir, mais il souhaitait faire profil bas pour un temps. Il craignait que cette nouvelle ne compromette le plan d'évasion qu'il avait déjà prévu.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Dim 1 Déc 2013 23:07 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
*<---*

*10*



À mon grand désarroi, l'ynorien effectua une mise à distance aussi soudaine qu'inattendue. Sa réaction ne fit qu'augmenter ma propre inquiétude. Néanmoins, il m'offrit une information. L'animal en question semblait s'appeler un hippocampe. Il émit un vif doute sur l'utilité de la chose, m'enjoignant à rapidement reprendre ma forme normale. Agitant les pattes avant, je tentai d'éviter de faire trop de bruit, cherchant dans ma mémoire un moyen de renverser cette situation. Ma sève pulsait de plus en plus vite à mesure que l'angoisse m'étreignait. J'avais du mal à réfléchir et l'urgence de la situation ne faisait qu'empirer les choses. Serrant les dents, j'essayai de penser à mes fluides ou à des écrits que j'aurais lu sur la modification des corps.

En vain.

Alors que je sentais monter la panique, devant laquelle j'étais encore plus démunie que je ne l'aurais cru, la pièce s'assombrit davantage. Il me fallut bien une poignée de secondes pour comprendre que le voleur venait de se défaire de sa cape et de me camoufler avec. À travers le tissu, je pus soudain sentir son étreinte et percevoir sa voix, somme toute assez basse.

"Calme-toi. T'arriv'ras à rien si tu paniques. Fais comme moi."

Ma peau écailleuse pouvait sentir le mouvement caractéristique d'une profonde inspiration de sa part. Un peu perdue, je l'imitai, troublée de sentir que je pouvais aussi bien respirer par mes naseaux que par d'autres orifices situés quelque part sur mon cou. La chaleur du voleur me parvint, et je calai ma tête équine contre lui. Lentement, mon calme me revint et avec lui la sensation de remonter à la surface. Ma peur partie, seule ma volonté de me relever et de retrouver la possibilité de marcher sur la terre ferme resta. J'apaisai mes fluides, me concentrant sur mes sensations. Mon corps se faisait plus lourd, plus rigide, mais aussi plus familier.

Quand l'impression d'étrangeté se dissipa, j'eus l'image de cet animal qui me fixa un instant puis retourna se terrer auprès des algues. Je ne le voyais plus, mais percevais toujours sa présence. "Il" restait là, comme attendant que j'ai besoin de lui.

Lentement, j'abaissai les yeux vers ma main, poussant un souffle soulagé en voyant le familier serpentin d'écorce. Je relevai la tête, mon regard tombant sur le visage amical et au sourire en coin du voleur. Il reprit sa cape, la renfila, puis il se permit de bouger l'une de mes mèches végétales de mon visage.

"Va falloir travailler là-dessus."

J'acquiesçai puis tournai la tête vers Mazhui. Un brin de timidité passa sur mes traits quand je lui adressai un signe du chef. Je préférai garder le silence et reprendre en main mon cher grimoire, encore un peu confuse de ce que je venais de vivre. Cette étrange faculté me fascinait et m'effrayait, mais ce n'était vraiment pas le moment de se livrer à des expériences.


*--->*

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Lun 3 Mar 2014 23:19, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Dim 8 Déc 2013 04:00 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
Soudain, un sifflement extrêmement fort se fit entendre derrière les parois de bois, ensuite des explosions, et le navire se mit à trembler. Les cris des marins résonnèrent et les pas des deux gardes s'éloignèrent à toute allure de la cellule des prisonniers. Mazhui s'activa, c'était le moment qu'il attendait. Une attaque.

- C'est notre chance. Vous, Nahoriel, vous savez crocheter des serrures, n'est-ce pas ?

Alors que l'elfe s'apprêtait à lui faire remarquer qu'il n'avait pas de quoi faire un crochetage, Mazhui sortit une paire d'aiguilles de sa manche.

- J'ai profité de ma mise à l'écart pour nous donner un coup d'avance. Dépêchez-vous. J'ai fait un peu de repérage et la salle où ils gardent votre équipement est tout près.

Ensuite, il se tourna vers Mythanorië, encore sonnée par les récents évènements.

- Mademoiselle, nous allons avoir besoin de votre magie, ici. Surtout, gardez votre calme.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Dim 8 Déc 2013 10:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
*<---*

*11*



Je n'eus pas le temps de me reprendre qu'un bruit inquiétant et puissant submergea le navire. À entendre les réactions du bâtiment et de ses occupants, quelque chose de grave se passait. Comme s'il savait que cela arriverait, Mazhui sembla reprendre confiance. Il s'adressa d'abord au voleur, lui demandant confirmation au sujet du crochetage de serrure. Le jeune semi-humain n'eut pas le temps de répondre qu'il se vit offrir une paire d'aiguilles, qu'il avait l'air de reconnaitre. Il s'en empara et en quelques enjambées, il se trouva devant la porte, un genou à terre à examiner la serrure.

L'humain avait l'air d'être au courant de certaines choses sur le navire, y compris où les équipements des prisonniers se trouvaient. Il s'adressa ensuite à moi, me demandant de garder mon calme. C'était vrai. Si je n'avais pas la maîtrise de moi-même, comment pouvais-je manier efficacement mes fluides ?

J'acquiesçai et me redressai, serrant mon ouvrage contre moi, puis tournant mon attention vers Nahöriel. Comme un enfant qui s'était vu offrir un nouveau jouet, ce dernier affichait un sourire visible sur le visage. Avec calme et un certain amusement, il commentait ses actes.

"Serrure basique. J'ai qu'à glisser ça là... Pousser ça vers le haut... Retenir cet élément... Qui coince un peu... Allez ma belle. J'appuie ici et..."

En quelques instants, un petit déclic se fit, et le poids de la porte suffit à ce que cette dernière s'entrouvre d'elle-même. Je lançai un regard bref mais empli de détermination à l'ynorien.

"À vos côtés, Mazhui. Puisse Moura nous accompagner."

Sur ce, le voleur acquiesça, rangea les aiguilles dans la petite sacoche de son ceinturon, et poussa davantage la porte, semblant gagné par la curiosité et une certaine excitation.

J'avais beau me reprendre, cette situation était étrange et inattendue. Que pouvait-il bien se passer dans les ponts supérieurs ?


*--->*


[HRP : Pour info, j'ai tiré 3 au dé 20 (serrure simple 1-11) et 41 (sur 100) +10 (voleur) pour la tentative donc réussite.]

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Dim 15 Déc 2013 11:43, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Dim 8 Déc 2013 16:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 27 Oct 2010 20:28
Messages: 6658
Localisation: :DDD
Pour Mytha :

Mazhui répondit à Mythanorië d'un hochement de tête puis il prit les devant et amena ses compagnons jusqu'au placard où était rangé tout leur équipement. La porte n'était pas fermée à clé, probablement à cause de la précipitation des gardes. Alors qu'ils se munissaient de leurs biens, ils pouvaient entendre des hommes crier "Le sang pourpre ! Le sang pourpre !". Mazhui resta pensif un instant, puis il avisa :

- Apparemment, le navire a été abordé. Si nous ne nous dépêchons pas, nous risquons d'être pris dans la bataille. Je ne connais pas cet équipage, j'espère qu'ils ne nous prendront pas pour des ennemis. Dépêchons.

Mazhui ouvrit la marche du groupe dans les entrailles du navire quand soudain un des marins surgit d'un couloir annexe en hurlant : "Le chasseur de brisants ! C'est le chasseur de brisants et le Masamune ! On est perdus !". Il s'arrêta net devant Mazhui, visiblement très surpris. Puis il mit raidement la main à son fourreau en hurlant à qui voulait l'entendre :

- Évasion ! Les prisonniers s'échappent !

Mazhui, pris de peur, fit un pas de côté.


Pour Leyna :

La bataille faisait rage sur le navire fantôme, et des grappins provenant du Masamune se plantèrent à leur tour dans les mâts du navire. En à peine une minute, c'était le chaos général. Gallion Thunderhead s'était joint à la bataille et il trucidait à tour de bras, comme si il voulait rivaliser avec le capitaine des Sang-pourpres en termes de victimes.

Gallion renversa la marmite de laquelle émanait la brume, déversant une eau bouillante sur quelques malchanceux, avant de hurler à pleins poumons :

- ELIWIN !! SORS DE TA CACHETTE ENFANT D'PUTAIN !

Pour l'instant, il restait sans réponse. Alors il continua de tuer et de tuer de plus belle, ordonnant à ses subordonnés de partir à la recherche des prisonniers et de Mazhui.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Le Masamune (Joueur : Sirius Heartless, v=x2)
MessagePosté: Dim 8 Déc 2013 17:42 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 7 Mai 2013 22:32
Messages: 655
Localisation: Aeroland
Sur le navire, régnait le plus grand chaos. Les guerriers aux masques de triton se battaient, taillaient et décimaient leurs ennemis qui n'étaient pas préparés à se faire attaquer par derrière de la sorte.
Thunderhead dominait la mêlée, écrasant ses adversaires, appelant un certain Eliwin. Il renversa un chaudron rempli de substance bouillonnante, brûlant plusieurs adversaires. L'épais nuage qui s'en échappa cacha bien vite l'essentiel du champ de bataille.

« Voilà donc la raison de ce brouillard ! souffla Kéosan. Point de magie, mais un simple mélange alchimique destiné à produire de la brume. Ils nous ont volé notre tactique ma parole ! Il est temps de remettre de l'ordre dans tout ça ! »

Il leva les bras et fut bientôt environné d'une aura pâle. Mais Leyna ne resta pas plus longtemps pour voir ce qui allait se passer. Elle était submergée par une rage de combattre qui lui commanda de foncer sur le pont envahi de fumée.

Les silhouettes y étaient indistinctes, et la seule chose qui permettait de savoir qui appartenait à quel équipage était de se fier au fait que les pirates du Masamune devaient être de l'autre côté du pont.
Leyna bondit sur un pirate et lui planta sa dague dans le dos. Aussitôt, les coquillages s'animèrent et virent sucer la plaie, prélevant le fluide de Moura pour ne pas qu'il se perde. Mais la jeune femme s'élançait déjà vers un autre adversaire. Celui-là la vit arriver et ouvrit des yeux ronds :

« Depuis quand les sang-pourpres ont-ils des femmes à leur bord ? »

Mais Leyna frappait déjà. Malheureusement, son manque de talent pour le combat fit que la blessure était peu dangereuse. Quelques coquillages restèrent cependant accrochés sur l'estafilade qui parcourait maintenant le torse du pirate.

« Attend, garce ! »

Il porta un coup qui lui fit lâcher son bâton. Aussitôt, la rage du combat se dissipa.

(Il y a vraiment quelque chose qui ne va pas avec cette crosse.)

Elle recula à quatre pattes tandis qu'il s'approchait pour l'achever, une main serrée sur sa blessure. Il semblait souffrir et ses mouvements se firent tremblants.

« Je vais... je vais te... »

Il n'en dit pas plus et s'effondra, agonisant. Avant qu'il ne tombe à plat ventre, elle eut le temps de voir que le nombre de coquillage avait déjà augmenté. Il allait falloir faire attention avec cette dague, sinon, elle allait créer de nouveaux carcinos...
Elle rampa vers son bâton, décidé à le récupérer pour lui faire reprendre sa forme initiale, mais un nouvel adversaire s'interposa. Elle roula à terre pour éviter un sabre qui entailla les planches du sol. Son ennemi, tenace, la suivait. Elle voulut appeler son pouvoir, mais dans la panique, n'y parvenait pas. Elle aurait bien eu besoin de la rage que lui donnait la crosse mouraïque !
Elle brandit sa dague et parvint à dévier un nouveau coup, mais à quel prix : elle avait lâché sa dernière arme ! Elle était maintenant sans défense.

« As-tu une dernière parole à prononcer avant de mourir, catin ? » ricana le pirate.

Une parole ? Les mots avaient toujours été ses meilleurs armes jusqu'ici. Elle devait tenter... elle n'avait pas vraiment le choix.

« Je suis prêtresse de Moura. Éloigne ta lame si tu ne veux encourir son courroux ! »

« C'est ça, fait moi rire ! »

Elle évita de justesse un nouveau coup. C'était fini. Elle leva les yeux...

… et une brise commença à se lever. Elle se transforma bientôt en un véritable coup de vent qui balaya le pont et dissipa la brume. Kéosan, les bras tendus, exultait : le soleil revenait et faisait briller les armures des sang-pourpres.
En même temps, Leyna revit la crosse qui l'attendait à quelques pas. Elle se précipita pour la ramasser et, dès que ses doigts la touchèrent, elle se sentit la colère divine de la déesse monter en elle. C'était comme si tout son corps entrait en ébullition, comme si toute son âme était focalisée sur l'homme qui l'avait défié. La voix était son arme. Et par sa voix il périrait.

« Moura... »

Désorienté par le soleil qui envahissait le pont alors qu'il n'y était plus habitué, le marin cligna des yeux.

« Quoi ? »


« Moura ! »

Ce n'était même pas des fluides, que canalisait Leyna. C'était quelque chose qu'elle ne parvenait pas à identifier. Quelque chose qui faisait vibrer ses cordes vocales. Elle se releva et l'homme, réagissant enfin, brandit son arme. Il semblait pourtant que son mouvement était comme au ralentit. La prêtresse percevait tout ce qui l'entourait, mais par dessus tout, elle percevait son propre corps, la force de ses poumons entraînés à rester longtemps sous l'eau. Elle sentait le clapet frémissant qui produisait les sons. Elle voyait sa voix qui déformait les derniers lambeaux de brume. La voix était comme du vent.
Au milieu des nuages qui continuaient à jaillir des chaudrons encore debout, elle cria :

« MOURA ! »

La brume se cabrait, se déformait, dessinait des volutes impossibles aussitôt balayées par le vent de Kéosan. Elle en discernait néanmoins les motifs. C'était la première fois qu'elle voyait ce qui d'ordinaire ne pouvait que s'entendre.
Un sabre s'abattit et elle le détourna d'un coup négligeant de sa crosse. Le pirate croisa son regard et recula, pris de panique. Sa bouche s'était ouverte toute grande pour se préparer à dessiner des volutes de mort :

« MOURAAAA ! »

Le cri n'était pas plus fort que le précédent, mais elle avait accordé le son sur une fréquence qu'elle utilisait pour se faire entendre dans tout le temple lorsqu'elle chantait à Darhàm. Elle en eut mal à ses propres oreilles, mais son adversaire, lui, se plia littéralement en deux, les mains sur les oreilles. Leyna tomba à genoux avec l'impression de s'être cassé la voix.
Mais elle vit alors l'Écho de vie qui reposait juste à côté. Elle aurait pourtant juré avoir bougé depuis... oui... la dague s'était-elle déplacée d'elle-même ? La volonté de Moura, sans aucun doute. Elle ramassa l'arme et la plongea dans le ventre de son ennemi. Leurs regards se croisèrent à nouveau et elle siffla :

« Tu ne blasphémeras plus... »

Et elle le laissa retomber à terre.
Plus loin, Galion envoyait plusieurs de ses hommes à l'intérieur du bâtiment arrière, probablement pour récupérer les prisonniers. Leyna fit disparaître la crosse et s'élança, dague en main. Sa curiosité était grande de savoir pour qui Thunderhead était-il prêt à sacrifier or et gloire...

_________________
Image



Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Forum verrouillé Ce sujet est verrouillé, vous ne pouvez pas éditer de messages ou poster d’autres réponses.  [ 130 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5 ... 9  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016