Gentille Alylade(Zone 1)
Soudain, il se passa quelque chose. Le silence se fit plus oppressant. Les autres avaient donc du sentir quelque chose eux aussi. Soudain, le livre dans lequel elle se trouvait sembla basculer. Mais elle ne pouvait toujours pas bouger, et malgré la sensation de chute, elle ne pouvait rien faire.
Elle attendit donc le choc, essayant au mieux de s'y préparer. Mais elle n'y arrivait pas. La chute semblait longue, très longue. Puis, la sensation disparut, et tout devint noir. Cette même obscurité qui l'avait déjà engloutie avant qu'elle n'arrive dans ce livre. Que lui arrivait-elle ? Où était-elle ? Et surtout, pourquoi y était-elle?
Et soudain, elle sentit le sol sous ses pieds, et quelque chose sous ses fesses. Elle ne s'y attendait pas et paniqua un bref instant, basculant sur le côté. Elle tomba à genoux et se rattrapa avec les mains, sentant l'un de ses poignet craquer. C'était celui de son bras déjà brisé, et cela ne l'arrangea guère. Elle s'écroula, et se retrouva sur le côté, allongée sur un parquet plus ou moins miteux. Elle venait de tomber d'une chaise en bois. Elle ne se releva pas tout de suite. En fait, elle n'osait pas. Elle ne savait pas où elle était, avait un bras qui commençait à être complètement inutilisable, et était dans une position de faiblesse.
Evangelina écouta ce qu'il se passait autour d'elle, mais n'entendait rien de dangereux. Elle entendit des marmonnements, des bruits de verres qui tintent. Mais rien qui puisse lui affirmer qu'elle était en danger.
Elle s'appuya sur son bras valide et releva la tête, regardant autour d'elle. La première chose qu'elle remarqua fut qu'elle n'était pas seule. Devant elle, derrière un comptoir aussi sale qu'abimé, se tenait un homme dans la force de l'âge, apparemment en grosse colère, le visage rouge et les yeux perçants. C'était lui qui marmonnait, seul dans son coin.
Que lui arrivait-il ? Il ne fit même pas attention à Evangelina, qui avait pourtant du faire du bruit en tombant. Dans les mains de cet homme, une bouteille se vidait et un verre se remplissait.
Evangelina tourna la tête. Elle était dans une grande pièce, apparemment d'une maison presque insalubre. Les murs étaient décrépis, le sol était sale, les tables et les chaises qui remplissaient la pièces étaient toutes plus ou moins bancales...
(Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ?)(Il existe des lieux que l'esprit ne peut imaginer.)Evangelina sursauta presque, ne s'attendant pas à une réponse.
(Je serais bientôt là.)Evangelina ne dit rien. Un homme qui marmonnait seul, ça suffisait amplement. Elle se releva complètement et se retourna, avant de se figer. Derrière elle, deux autres personnes l'ignoraient elles aussi. La première était une jolie jeune femme, le regard dans le vide. Evangelina reconnut de la tristesse dans ce regard, mais il y avait autre chose. Quelque chose de mitigé, quelque chose qu'elle ne parvenait pas vraiment à cerner.
Et l'autre personne était un elfe apparemment en pleine réflexion, ses yeux perçants suintant la méfiance et l'intérêt qu'il semblait porter au sujet obscur qui occupait l'entièreté de ses pensées.
Pourquoi aucune des personnes présentes ne semblait étonnée ? Evangelina n'arrivait pas à trouver de solution, exceptée si c'était eux qui étaient la cause de sa venue ici.
Mais, pourquoi ? Evangelina ne parvenait pas à comprendre. Elle serra sa dague dans sa main, prête à se défendre. Mais avec un bras en moins, et contre trois personnes, elle aurait beaucoup de mal.
Evangelina se tint prête à réagir à la moindre menace. Elle n'avait aucune confiance en ces trois personnes qui l'entouraient, et pas plus en les personnes qu'elle avait entendu dans le livre. A part Alylade, peut être...
Car autour d'elle apparaissaient d'autres personnes qu'elle n'avait jamais vu. Mais son regard s'attarda sur l'une d'elle. Elle resplendissait presque. Elle était sublime, habillée d'une longue robe blanche qui allait à ravir avec ses cheveux bonds. Un diadème de perle retenait ces derniers, découvrant un visage fin, maquillé de rose et sans aucun accroc. Mais ce n'était pas cela qui attirait le regard de l'Aniathy. Ce n'était pas cette beauté, mais plutôt son irréalité... Elle ne pouvait être humaine. Contrairement aux autres personnes qui l'entouraient -un homme encapuchonné et une femme à l'allure guerrière- elle ressemblait à un rêve, à une création unique et rare...
"Alylade."Evangelina n'avait fait que le murmurer. Elle en était sûre, ce ne pouvait être qu'elle. Ce regard perçant et plein de fierté qui allait parfaitement avec la voix qui l'avait soutenue dans le livre. Et cette perfection qui semblait la caractériser, son absence de bouton, de cicatrice...
Evangelina baissa soudain les yeux. Elle aussi était belle, sans accroc et sans défaut. Elle n'avait rien à envier à cette poupée. Mais elle était couverte de sang et avait un bras brisé.
Elle releva les yeux, et son regard croisa celui de d'Alylade...
Vraie magie
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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...
Merci à Itsvara
« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. » Jean Ray