L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 12:59 
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Epilogue : La Fête.




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    Ils descendirent d’innombrables escaliers, croisant à certains endroit des détours et couloirs vers d’autres tours de ce palais construit pour protéger le fluide. Et protégé, il l’était bien, entre des armures animées de Nagorin, toute d’or armurées, et les vingts puissants guerriers ynoriens de la salle du fluide de Fan-Ming pour garnison. Lorsqu’ils sortirent de l’édifice, ce fut pour se retrouver dans un décor qu’ils ne connaissaient pas. Pas… vraiment, en tout cas. Un grand piton rocheux s’élevait d’une plaine dégagée, en contrebas. Si la neige et l’air frais stagnait sur les hauts sommets de la Tour d’Or d’Aliaénon, il n’en était rien de l’espace sous le piton rocheux, qui vu d’ici semblait fait d’or, entièrement. Bien peu, même parmi les aventuriers, avaient l’explication d’un tel spectacle.

    Ils passèrent un pont suspendu qui les mena jusqu’à un second piton qui formait un chemin vers la plaine d’or, qu’ils empruntèrent alors qu’à leurs oreilles, une musique montait, joyeuse et entrainante. Le soir était bien avancé, déjà, et les lueurs de feux immenses brillaient en contrebas. L’odeur de cent mets mijotés leur montait aux narines, affamés qu’ils étaient de n’avoir rien mangé de consistant pendant près d’un an. Et ils ne furent pas déçus du spectacle en arrivant en bas : de nombreuses tables étaient installées en cercle autour d’un grand feu aux flammes hautes de plusieurs mètres. Plusieurs marmitons de différents peuples s’affairaient autour de feu mineurs pour préparer des grillades et autres bons petits plats. La terre sous ce banquet merveilleux semblait être faite d’or. Non pas d’or solide et uni, mais de parcelles d’or souple. De la terre ayant la consistance de la terre, mais dorée. Surpassée par de l’herbe souple, mais semblable à mille cheveux d’or dépassant du sol. La vie avait repris son court, ici, mais cet endroit garderait à jamais les stigmates de la potion de Midas employée par Karz pour arrêter le puissant sortilège de Lothindil ayant sans doute causé les premiers stigmates de l’éveil du Titan des plaines ynoriennes.

    Les membres du conseil se dispersèrent parmi la foule pour rejoindre l’une ou l’autre tablée. Tous se mêlaient ici comme s’ils s’étaient toujours connus, qu’importe leur origine, leur race. À l’instar d’un bout de table, où Arthès Raisonvive, Glanaë et Finarfin Seuillée devisaient joyeusement avec le capitaine Hirotoshi et Astidenix. Plus loin, s’égayaient de la musique une troupe de troubadours bien connue de Charis, spectateurs, cette fois-ci, en les personnes de Marthis, Ezereb et Kerem.

    Le conseiller Tsukiko était là aussi, devisant calmement avec Atsuhiko, le capitaine de la milice oranienne, et sa sœur, Chihiro, pendue au bras puissant de Seok, le fils d’Astidenix. Sheeala d’Argentar, quant à elle, avait rejoint Khar’Tar, Khar’Tal et Talia D’Omble, qui partageaient diverses vues d’opinion avec Egregor Carminès.

    Zaria, danseuse de flammes, conversait au coin du feu avec l’énigmatique Belliand, scrutés par la jeune Feerale, esseorthéenne au pouvoir pyromantique. Thensoor Val’Crooh, lui, s’écarta un peu vers les tables les plus sombres, pour rejoindre la compagnie de Loona. Le capitaine Chigiru se restaurait avec Trifalgin et Charkere, deux pâles qui restaient un peu discrets. Azra crut même remarquer, au détour d’une ombre, un visage balafré aux yeux orangés… mais lorsqu’il chercha à mieux voir, il ne vit rien de plus que l’ombre nocturne.

    Pintant de larges chopines de bières, des éclats de rires montaient d’une tablée constituée de géants bien connus d’Endar : Therk’Ruk, Phroan et Mielon avaient fait le voyage jusqu’ici pour profiter de la fête. Triman alla rejoindre, en compagnie de Simaya Sombreroc, la prêtresse Amaya qui parlait elle-même avec Kithra, fille d’Ejude. Naral, quant à lui, alla minauder près des trois Dames d’Arothiir. Ils étaient tous là. Tous, ou presque. Il n’y avait nulle trace du Gouverneur Teruki ou de sa promise, ni d’aucun Ol’Toga. Les résidents de la Lande Noire, toujours sous la férule d’Oaxaca, ne s’étaient pas déplacés non plus. L’humaine sauvageonne de la forêt de Jollarsyth n’était pas là non plus, pas plus que son amant, ou leur divinité forestière, Iso Karhu.

    Lorsqu’ils arrivèrent tous sur les lieux du banquet, tous les regards se tournèrent vers eux, et la musique s’arrêta pour laisser place à des applaudissements et vivats. Cris de joie et prénoms scandés, plus sympathiquement qu’héroïquement, pour la plupart. Plus que des admirateurs, c’étaient des amis que certains s’étaient faits ici. Les acclamations durèrent un peu, puis la musique reprit son cours. Ils n’avaient plus qu’à prendre place, et profiter de la fête.

    Un peu à l’écart des festivités, gardée par Katsuya, dans son armure rouge, une place commémorative avait été construite. Elle arborait une statuaire toute particulière : chacun des aventuriers avait été immortalisé dans la pierre dans une posture rappelant l’un de ses hauts faits, gravé dans l’or. Elles se faisaient face, en un cercle, et chacune portait un petit écriteau arborant le nom du héros représenté. Sous plusieurs, un coffre avait été déposé, contenant les biens personnels de chacun des aventuriers, ainsi que de multiples récompenses. Certaines, toutefois, n’en possédaient pas, à l’instar de celle de Therion, arborant sur le dos un bouclier d’or percé de flèches, ou encore celle d’Azuha, une main d’or posée sur sa poitrine, à l’emplacement du cœur. Calimène, également, dans son armure, portant à la main un parchemin d’or.

    Mais celles de tous les aventuriers encore présents étaient là. Celle de Xël, bras levés et poings fermés, mine rageuse et combattive, entouré de morceaux d’or expédiés, explosés, rappelant sa victoire sur une créature noire. Eva, debout, droite et fière, entourée de cristaux glacés faits d’or. Mathis, tenant en ses mains une pique d’or coincée dans un engrenage. Azra, le visage mi-humain, mi-squelettique, tenant dans sa main, plongée dans son propre cœur, la dague qui a vu sa vie périr sur la Lande Noire, dorée. Sa statue est couronnée d’or, rappelant sa reprise héroïque d’Esseroth aux mains de l’ennemi. Celle de Karz, aux bras mécaniques, penché sur le sol, mains d’or plaquées sur celui-ci, et terrassé d’or, mimant l’usage de sa création de la Plaine d’Or. Kiyoheïki, ensuite, arborant dans sa main un écu d’or frappé d’une trinité représentant les trois cités pâles qu’il a réunies dans cette guerre. Autour de son autre bras, tendu vers le haut, poing fermé, un dragon d’or s’enroule représentation de sa propre transformation. Heartless, ensuite, brandissant d’une main son trident d’or, de l’autre une tête d’orque tranchée, symbole de sa victorieuse participation à la bataille du Sud des Plaines ynoriennes. Serpent, aussi, au masque d’or, et brandissant fièrement, droit et fier, une lyre dorée. Sirat, ensuite, brandissant d’une main un marteau d’or, et de l’autre un épais grimoire d’or, symbole de connaissance et de sagesse. La dualité de l’humoran était ainsi représentée, telles ses actions dans cette aventure. Silma, ensuite, un rapace nocturne, un harfang doré, posé sur l’épaule, fière et droite, elle aussi. Alistair, ne lui déplaise, portant à bout de bras un drapeau doré, symbole de sa reddition momentanée contre les esclaves de Vallel. Reposant à ses pieds, la grande épée, dorée, de Gurfelion, vaincu par sa main. Endar, ensuite, l’air concentré, tenant entre ses doigts une boule d’or, symbole de sa magie. Charis, aussi, altière, tenant dans ses mains tendues un oeil schématisé, d’or, à la pupille incrustée d’une pierre de vision étincelant d’un bleu magnifique. Elle arborait au cou une clé d’or, symbole de l’ouverture de l’Antique Messaliah.
    Et non des moindres, la plus réaliste sans doute, toute d’or, pour sa part, la statue de Lothindil, main tendue vers le ciel. Une statue ? Pas exactement. Son moulage dans l’or ayant recouvert la plaine, plutôt. Car la statue contenait encore son corps, indéniablement. Ainsi, elle était maintenue dans sa forme initiale, embaumée par l’or qui la conservait.

    Il leur restait, à tour, une seule chose à faire en ce monde : profiter de la fête en leur honneur, et, quand l’heure serait pour eux venue, récupérer leurs affaires et passer le fluide de la Tour d’Or pour retourner à leur vie d’avant. Nul doute, cependant, qu’ils garderaient tous ce monde en leur cœur, les aventures vécues et les personnes rencontrées. Ce monde sauvé, harmonisé par leurs soins. Les souvenirs vivaces resteraient gravés en eux, et chacun aurait toujours sa place, ici, sur Aliaénon.


[HJ : Aucun message du présent sujet ne sera noté. Sentez-vous libre d’interagir avec les PNJ que vous vouliez revoir, je m’occuperai de répondre à vos interactions. Très vite, je détaillerai dans un post hors-jeu le total de vos récompenses (y compris celles du jeu des mots, qui prend, du coup, fin), et les détails de la mise à jour de votre fiche, individuellement.
Il ne me reste plus, non sans émotion, qu’à vous remercier pour votre participation accrue à ces trois ans de quête. Une aventure mêlant courage, surprises, émotions fortes et moments épiques, qui n’aurait pas pu prendre place sans vous. Ma quête la plus réussie, de mon côté du panneau MJ, et tout ça grâce à vous, à votre motivation, à votre inventivité, à votre fidélité, à votre originalité.
Merci, donc, à chacun de vous. Merci, merci, merci mille fois, pour tout ça.
Ainsi, je clôture officiellement l’histoire et le scénario de la quête 30, qui me laissera un souvenir impérissable, et sera dur à égaler dorénavant. En espérant remettre le couvert au plus vite et vous retrouver dans… une prochaine aventure.
GM9.]

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 13:55 
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La réponse était à craindre : aucune nouvelle d'Ombos... le « louveteau » avait fini sa courte vie dans les sables du désert... La liche baissa les yeux, tristement. En ces lieux, sa vie s'était achevée, et bien plus encore. Il ne lui restait d'avant qu'Arek, mystérieuse faera dont les buts étaient on ne peut plus flous. Chandakar était parti, mais il reviendrait. Ombos, lui, ne reviendrait pas.

Tant de morts... il serait égoïste de prétendre que cela n'en valait pas la peine. Ombos était mort pour sauver un monde... mais il était quand même mort dans la solitude, attendant un maître qui, pris dans la tourmente, l'avait oublié. Et Azra était égoïste.

C'est à cet instant qu'il réalisa que les larmes étaient aussi quelque chose qu'il avait perdu. Quelque chose qu'il avait jadis détesté mais dont maintenant il réalisait le pouvoir libérateur. On dit que les morts-vivants vouent une haine éternelle aux vivants. Il comprenait pourquoi. Cette simili-vie n'était bonne qu'à révéler l'étendue de ce qu'on avait perdu.

Comme le zombie qu'il était, il suivit la procession qui sortait maintenant de la tour. Après avoir passé des rangées de gardes, ils arrivèrent finalement devant un spectacle qui lui éclaira un peu l'esprit par son caractère grandiose : Une immensité d'or s'étendait devant eux. Dans les discussions alentour, il apprit que c'était l’œuvre de Karz, l'homme au bras de métal. Étrange chose... mais apparemment, cela avait contribué à éveiller le titan.

Ils descendirent jusqu'à arriver devant des tables où étaient assemblés tous les « héros » de cette guerre. Il reconnut avec surprise Charkere et Trifalgin. Après quelques hésitations, il alla les saluer. Au début, ils ne comprirent pas, et sa nature magique évidente les inquiétait, mais ils lui serrèrent tout de même la main, le remerciant d'avoir participé à les sauver. Le chirurgien se révéla assez intéressé par la leçon d'anatomie ambulante qu'il représentait, aussi, il préféra s'éclipser. Alors qu'il se détournait, son regard en croisa un autre, orangé, et il sursauta. Une ombre passa... était-ce...

Il s'enfonça un peu dans la nuit, sans rien trouver. Sans doute son esprit lui jouait des tours... lui faisant croire que quelqu'un ai pu échapper à sa malédiction. Mais non. Les gens mouraient autour de lui. C'était ainsi depuis des années et cela continuerait pour l'éternité...

Tout de même, il ne put s'empêcher de lancer dans les ombres de la nuit :

« Karin, que tu sois ici en ombre spectrale ou en chair, tu mérites autant, sinon plus, que moi ta présence ici... »


Et il revint vers la fête. Il y avait du monde à saluer. Des statues à admirer aussi. Sculptées dans l'or de la plaine, elles représentaient les héros unis ici, réalisant leurs glorieux exploits. Il sentit un peu de chaleur revenir en lui en voyant sa propre statue, mi-mort, mi-vivant, et de son propre fait, la dague plantée dans le cœur. IL portait une couronne d'or, comme en écho aux propos des Cadi Yangin lui demandant s'il était le souverain d'Esseroth, ce qu'il avait effectivement été de droit l'espace d'un instant.

Alors qu'il croisait l'image de Sirat, l'humoran, portant un marteau et un livre comme pour montrer l'étrange ambivalence entre violence et sagesse qui l'habitait, il vit que l'intéressé était à côté de lui. Tristement, il déclara :

« J'ai toujours haï Zewen et tout ce qu'il représente. Le seul destin qu'il y ait, autour de moi, est présidé par Phaïtos, le seul qui nous mettent tous à égalité. Je gage que nous serons ennemis un jour ou l'autre... si votre dieu le veut. En attendant, je dois bien admettre que vous avez su jouer votre rôle et que votre dévotion est admirable. Donc malgré ces sinistres augures, je serais heureux de vous revoir. »

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
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David le nerd


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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 14:38 
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Dans la salle, nombre d'échanges se font encore. Mes questions posées, je me rends compte de l'approche de l'individu félin. Ce dernier m'adresse de nouveau la parole, assumant que je ne le porte pas dans mon coeur alors qu'il mérite d'être connu. Il m'invite toutefois à me détendre et à boire un verre en sa compagnie, histoire de ne plus se quereller devant nos hôtes. Je m'apprête cette fois à lui répondre, mais une tape dans mon dos me coupe le souffle et m'oblige à faire quelques pas en avant pour ne pas choir. Quelle brute. Il ne pense peut-être pas à mal, mais il devrait apprendre à se contrôler pour éviter les malentendus. Je ne peux que lui faire un signe de tête approbateur pour marquer ma compréhension.

Suite aux explications de la Respectable Honoka concernant l'état de nos corps et de nos esprits, ainsi que la nécessité d'une magie lourde et d'un rituel élaboré pour nous en remettre, il est finalement décidé de quitter les lieux. La fête et les convives nous attendent.

Nos pas nous font traverser couloirs et escaliers lourdement gardés, aussi bien par les samouraïs que par des armures dorées. Je sens mon corps protester aux premières marches, mais rapidement s'y faire. Quelque part, je songe que j'aurai besoin de me remettre en forme, mais ces pensées sont rapidement chassées par la vue à la sortie. Hauteur. Air frais. Paysage qui devrait être saisissant, mais que la soirée bien avancée masque grandement. La Tour dont nous émergeons domine, et est liée par un pont suspendu à une autre immensité menant à... La plaine d'or. L'écrin du fluide a donc été élevé... Là où tout a basculé ? Question symbolique, je doute que l'on puisse faire plus puissant.

Tout comme le reste du conseil et des aventuriers, je progresse, percevant à mesure de mon avancée la montée de musique. D'immenses feux crépitent, illuminant les environs, et dans l'air flotte le parfum d'innombrables mets. Un sourire m'échappe quand je sens mon estomac me rappeler à l'ordre. Le lieu qui nous accueille est parsemé de nombreuses tables, et auprès d'elles, des visages connus et plus ou moins chers à mon cœur. À notre arrivée, la musique s'arrête, les regards se tournent vers nous et...

Des cris de joie. Nos noms scandés avec une sincérité qui m'arrache une expression surprise, et émue. C'est la première fois que cela m'arrive. D'être saisi du sentiment d'avoir accompli quelque chose de grand, d'important. D'être reconnu pour mes actes et pas jugé sur mon apparence. J'ai contribué à quelque chose qui me dépasse, et je m'en sens grandi. Et pas seulement moralement, d'ailleurs. Aurais-je vu ma croissance se poursuivre malgré ce sommeil prolongé ? Il me semble aussi que ma chevelure était plus courte... Mais ce sont là des détails, et la chaleur que je ressens à l'idée d'être en vie et que ceux que j'estime aussi les repousse.

Lorsque la musique reprend, mes yeux violets passent sur les alentours. Ceux que j'avais connu comme des étrangers se côtoient naturellement. Parmi eux, des groupes aussi étonnants qu'un quatuor composé du Conseiller Tsukiko, de mon supérieur le Capitaine Atsuhiko, du fier Seok au bras duquel... Se trouve la Respectable Chihiro. Je ne parviens pas à m'empêcher d'écarquiller les yeux. Décidément, une année semble apporter son lot de changements. Plus loin, le Trio d'Arothiir est abordé par l'énigmatique Naral Shaam. Elles qui méprisaient tant les hommes et les autres peuples sont aujourd'hui présentes et abordables, comme si cela avait toujours été le cas.

Mais c'est un autre quatuor de silhouettes qui m'incite à reprendre la marche. Celui des D'Omble et de la Reine, aux côtés desquels un inconnu discute. Je sens ma poitrine se serrer. Les héritiers de cette famille Pâle se sont donc remis de leurs blessures, et les voir là renouvelle le feu de joie crépitant dans mon torse. Oublié un instant le stoïcisme ynorien. Je me sens comme n'importe quel jeune homme retrouvant des amis après une longue, et surtout coupable, séparation.

"Je... Je crois bien... Avoir mis un peu plus de temps que prévu... À vous rendre de nouveau visite. Je vous dois des excuses, mes amis."

Mon regard passe respectueusement du père des jeunes gens à ces derniers, débordant sur le visage inconnu que je salue du chef. Le plus âgé des D'Omble est absent. Le nombre de raisons l'expliquant est important, mais je ne les envisage pas. Nul besoin de faire des hypothèses à présent. Ils me l'apprendront d'eux-mêmes.

Je me sens sourire à mes interlocuteurs, y compris à la Reine. Elle qui m'avait chargé de ses dernières volontés, si quelque chose devait lui arriver, vit. Peut-être plus pâle que dans mon souvenir cependant. Mais si elle siège au conseil, est-ce définitif ? Qu'est-ce que cela implique pour les siens ? Tant de questions me taraudent encore, mais je veux profiter de ces retrouvailles, de cette fête dont j'ai encore des difficultés à réaliser qu'elle est en notre honneur.

"Une année s'est écoulée depuis notre dernier échange. Vous devez tous avoir tant de choses à me raconter à votre sujet, et à celui du peuple Pâle."

Un grondement émanant de mon abdomen, et assez gênant, me fait toussoter. Mon cœur a beau être envahi d'émotions positives, certaines choses ne peuvent être mises de côté.

"Mais avant tout, si vous avez des recommandations quant au menu proposé, je suis toute ouïe."

J'ignore si le battement faisant tressaillir mon être est juste une conséquence de la musique, ou si c'est ma vie redécouverte qui s'impose. Ce qui est certain, c'est que je repartirai d'Aliaénon changé. Grandement. Mais une fois encore, je repousse cette idée de départ. Pas tout de suite. Je veux profiter de cette paix quelques instants.

Je pense l'avoir aussi méritée.




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Dernière édition par Kiyoheiki le Dim 9 Oct 2016 16:27, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 15:25 
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Lentement, Endar suivait les autres d'un pas loin d'être assuré alors que son corps peinait à descendre les nombreuses marches de la tour nouvellement construite où siégeait après le Conseil chargé de défendre les intérêts d'un monde à présent apaisé et en harmonie avec les Titans. L'adrénaline ne faisant plus effet, il dut poser une main contre le mur pour descendre correctement les étages pourvus de nombreux couloirs qui semblaient mener à des tours défensives. Cela lui rappelait étrangement Fan-Ming, véritable bastion de guerre dont les murs n'avaient finalement pas cédé aux assauts des peaux-vertes et des monstruosités de Vallel. Un moment, il repensa à Vallel, un des lieutenants d'Oaxaca, un des treize morts sans doute il y a presque des siècles et dont les esprits revenaient hanter la vie des vivants. Au fond son arrogance l'avait mené à la mort et à une prochaine punition pire que la mort sans doute, celle de subir le courroux de la déesse Oaxaca en personne à Omyhre. Vallel aurait dû l'accepter au lieu de le renier, son sort aurait été peut-être différent et une solution plus intéressante aurait été peut-être trouvée.

Non, au fond cela n'aurait changé en rien la face de ce monde, il y avait trop d'acteurs à ce conflit pour aboutir à une solution acceptée par tous. Les ynoriens ou les troupes de Vallel auraient dû être sacrifiés de toute manière, cette seule solution convenait à la volonté de la reine de Khonfas d'affaiblir d'une part les humains, ennemis de toujours des shaakts et Oaxaca dont l'influence grandissante commençait à devenir pesant dans les cités des elfes noirs. L'ynorienne leur avait confié qu'ils avaient tous joué un rôle prépondérant dans cette guerre, seulement le shaakt savait qu'il n'avait pas encore révélé son véritable rôle, qu'il lui faudrait attirer sur lui le regard des divinités et s'en servir comme d'une arme pour enfin façonner les cités des elfes noirs comme il l'entendait. Seuls les gens puissants méritaient de pouvoir façonner le monde, ni ceux élevés par les préceptes ynoriens ou kendrans, ni ceux portés aux nues par Oaxaca ne méritaient d'acquérir un tel privilège.

Submergé par ses pensées, le shaakt peina à se rappeler qu'il n'était plus dans la tour jusqu'à ce qu'un vent glacial s'abatte sur eux. Devant eux s'étendait un champ en or et il imaginait sans peine que si l'un des aventuriers avait été un nain, il en aurait bavé d'envie. Heureusement aucun des aventuriers ne semblait empreint de folie à la vue de tout cet or. Si la protection du palais par les samuraïs ynoriens et les armures animées de Nagorin ne suffisait pas, seul un pont surplombait le vide pour atteindre l'autre côté. Cela lui rappelait étrangement l'architecture à Nagorin et le palais où était enfermé le vieux Xissirant.

Passant le pont suspendu, il entendit une musique endiablée s'élever et de multiples braseros illuminant une fête des plus réussies, puis il sentit l'odeur d'une multitude de plats mijotés et surtout le fumet d'un bon rôti ainsi que l'odeur âcre de la bière. D'un seul coup, son corps le poussa dans cette direction, affamé et assoiffé depuis si longtemps. Arrivés sur les lieux du banquet, la musique s'arrêta et des vivats les accueillirent tandis que des prénoms étaient criés dans un joyeux foutoir. Il vit le Conseiller qui avait dû récolter le fruit de leur dur labeur à en voir sa mine radieuse qui se mit lorsque la musique reprit de plus belle à discuter avec deux ynoriens et un homme à la stature impressionnante. Il lui fit juste un signe discret de la main, car de toutes les personnes ici assemblées, il y avait un petit groupe qui l'intéressait particulièrement: celui où, évidemment, les éclats de voix se firent entendre et où la carrure des individus restait des plus impressionnantes.

Cependant, son regard fut attiré par un monument gardé par Katsuya dans son armure rouge et qui portait une plaque commémorative. Tous les aventuriers avaient été immortalisés dans la pierre et leur nom était gravé dans l'or mentionnant également leurs hauts-faits.

Devant chacune des statues se trouvaient des coffres contenant leur précieux équipement à n'en pas douter. Trois des statues étaient dépourvues de coffres à leurs pieds, l'une représentant le likyor noir qu'il avait brièvement rencontré à Fan-Ming et une autre ressemblait à une ynorienne, une main d'or posée sur sa poitrine à l'emplacement du cœur tandis que la dernière en armure tenait un parchemin d'or. Etaient-ils morts lors de cette guerre, étaient-ils déjà partis avant leur réveil ? La question demeurait, mais pour l'instant, il chercha sa propre statue. Avec stupeur, il découvrit sa statue magnifiquement taillée qui le représentait concentré, une boule d'or entre ses doigts.

- Qui l'eût cru qu'on érigerait un jour une statue en mon honneur dépassant toute la beauté des statues des reines de Khonfas depuis des millénaires.

Il tapota légèrement son coffre et lui promit qu'il reviendrait l'ouvrir après la fête, là son estomac lui ordonnait de se sustenter. Il se dirigea alors vers Ther'Ruk, Phroan et Mielon, les deux premiers géants de glace buvant de larges pintes de bière comme à leur habitude.

- J'ai tellement faim que je mangerai volontiers un Titan ce soir et puis je n'ai pas bu depuis presque un an !

Il les regarda tous les trois avec un grand sourire amusé par la situation, il savait que ce serait compliqué de partir pour un endroit où ténèbres, mensonges et trahisons allaient être son quotidien, pourtant paradoxalement, cela lui manquait les coups de poignards dans le dos.

- Phroan, Ther'Ruk, vous m'avez été d'un grand secours, je suis plus que ravi de vous retrouver ici, un Aliaénon sans vous cela aurait été bien triste. Transmettez mes salutations à votre peuple, qu'ils vivent heureux et en paix, c'est tout ce que je peux demander.

Il regarda ensuite Mielon avec intérêt lui lança avec ferveur:
- De toutes les femmes ici, vous êtes toujours la plus belle Mielon. Je suis heureux que vous soyez venu à cette soirée.

- A présent, si vous pouviez me donner de la bonne viande et une large chopine de bière, mon corps vous en sera gré ! lança-t-il avec humour.

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 20:11 
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    Les paroles d’Azra pour Karin restèrent un instant dans le vide, comme si elles flottaient, sans réponse.

    Kiyoheïki, lui, reçut un bon accueil parmi les D’Omble. Les sourires rassurés de ses pairs étaient sincères et joyeux. Tendre, même, quand il croisa le regard de Talia. Complice, avec celui de Khar’Tal. Profond, lorsque son regard se posa sur celui de la Reine, qui prit la parole pour répondre à ses questions.

    « De nombreux changements sont survenus, effectivement, depuis l’Eveil des Titans. Le Royaume Pâle s’est retrouvé fortement séparé géographiquement, et le pouvoir local s’en est trouvé renforcé. Je suis toujours leur Reine, mais je les représente plus que je ne les dirige, désormais. Le Seigneur Khar’Tar D’Omble a été nommé nouveau gouverneur d’Andel’Ys, Astidenix n’aspirant plus à un rôle politique après tout ceci. Ser Kar’Tash, son père, dirige quant à lui la communauté de Treeof, dans la Forêt d’Emeraude. »

    Khar’Tar intervint, saluant d’un signe de tête Kiyoheïki.

    « Mon père n’a plus l’âge pour les si longs voyages, mais il vous transmet ses amitiés, cher Kiyoheïki. Et vous avez les cordiales salutations de mon épouse et du reste de ma maison, restés sur place pour prendre soin de ma cadette, enceinte. »

    Il jeta un œil à Talia. Ce n’était pas elle, bien sûr. Sa sœur, plus discrète. Se sentant apparemment subitement ciblée, alors qu’elle lorgnait tendrement le semi-elfe, elle se rendit compte d’être le centre de l’attention, et nerveusement, prit la parole :

    « Oui. Heu… oui, oui. Alors nul doute que les Andel’Ysiens vous recommanderont leur ragoût de poisson aux pommes d’eau, mais si vous n’aimez pas le goût de la vase, je ne le vous conseille pas. »

    Le père de la jeune femme eut un regard à la fois amusé et sévère à son encontre, qu’elle remarqua, alors qu’elle ajustait son propos.

    « Bien qu’habitant la cité du Lac, désormais, je reste originaire de Treeof, et ne saurait que vous conseiller l’Ourgle rôti au miel avec son accompagnement de baies forestières. Mais si vous n’aimez guère la viande au goût trop prononcé, une entrecôte de Buffapa vous nourrira certainement fort bien. Elle est tendre et savoureuse. »

    On pouvait, malgré ses attentions, déceler assez clairement ses préférences carnivores, lorsqu’elle évoquait les plats. Une déformation raciale ? Sans doute. Le milicien était loin de tout savoir sur eux, encore. Khar’Tal, lui, était resté silencieux, se contentant de sourire sans un mot, bien qu’une nostalgie chagrine lui masquait le regard.

    Endar connut semblable accueil, plus bruyant peut-être, lorsqu’il alla à la rencontre des géants. Éclats de rire joviaux des deux mâles l’accueillirent, et il n’eut guère à la demander pour se voir servir une énorme chopine d’une bière ambrée au goût prononcé et épicé. Mielon, discrète et timide, rougit ostensiblement au compliment, sans oser y répondre. Therk’Ruk, quant à lui, en digne chef de clan, prit la parole, alors que Faseihl les rejoignait, silencieuse mais souriante.

    « Ahah ! Nous leur dirons tes amitiés, n’ais crainte ! Tu as tenu ta promesse : la guerre s’est finie sans atteindre nos monts. Tu es digne de porter cette armure qui fut un don. Bon… Le Titan sous la Montagne s’est réveillé, mais… Haha, il en a rebâtit d’autres, plus grandes encore. Nul ne viendra plus nous chercher là-bas, et nous sommes libérés de notre serment envers la Reine de Glace. »

    Il jeta un œil à Faseihl, qui cligna des yeux avec un sourire, précisant à son tour d’une voix douce :

    « Puisque je suis membre du conseil, et que la Tour de Glace a été détruite par l’Eveil du Titan, ils vont pouvoir faire leur les Monts en construisant d’autres villages. Dans quelques générations, ils seront enfin un peuple conséquent à parts entière dans ce monde. Et j’espère me montrer digne de les représenter. »

    Phroan, le plus vieux du trio, déposa une assiette d’argile immense devant Endar, contenant un animal roti presque entier, de la taille d’une tête humaine, tout en boule avec de petites pattes. Le géant grisonnant commenta son arrivée :

    « Du rustaud des Neiges. Ça pullule par ici, mais foutre que c’est dur à attraper ! Y’a pas viande plus qualitative, dans cette région. »

    Il semblait fier de partager ce repas avec Endar.

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 20:24 
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L'ynorien accusa la tape dans le dos et se contenta d'un signe de tête sobre, mais approbateur. Sirat découvrit sa dentition dans un sourire carnassier. Il était temps d'aller festoyer et le grondement qui se fit entendre dans les entrailles de l'humoran trahissait son envie la plus pressente. La troupe se mit en marche sous le regard des Chevalier Ouessien et Ynoriens. Ils descendaient des escaliers tortueux, alors que Sirat ne pensait plus qu'a une chose, boire et manger. Il passa sa main sur la pierre, fraiche et humide, humant le parfum du givre qui enveloppait cette tour. Il observa chacun des aventuriers qui l'accompagnait, il les détailla en silence essayant de comprendre ce qui pouvait leur traverser l'esprit pendant cette marche. Certains semblaient soucieux, les mots échangés dans la salle, précédemment, ne s'étaient pas dissipé, d'autres semblaient fatigués. Ils sortirent de ce dédale glacé et sombre pour découvrir qu'ils se trouvaient sur un piton rocheux. Derrière eux, la tour qu'ils quittaient, imposant édifice orné de dorure dans ce désert aride de glace, s'élevait dans ce ciel ténébreux. Ils passèrent sur un pont, l'air glacé de l'altitude frappait leur visage et lacérait leur corps à peine réveillé de leur long sommeil. Pourtant au loin en contrebas après l'aqueduc, se trouvait une plaine recouverte d'or. Elle brillait éloigné comme un trésor au bout du tunnel. Une lumière douce et chaleureuse s'en dégageait. Une renaissance après leurs morts, la vie et la joie leur ouvraient les bras. C'était cette même plaine ou l'épée était plantée et ou il avait rencontré la jeune blonde habillée de cristaux. Il la chercha du coin de l'œil, elle était devant lui, il ne voyait que sa croupe charnue se déhancher sous ses cristaux de glace qui lui servait de tenue. Alors qu'il passa un deuxième pic et qu'ils approchaient de la steppe ambrée, une musique joyeuse et festive vint égailler le silence ténu qui pesait pendant cette transhumance. La mélodie apportait avec elle les odeurs et fumets du banquet. Sirat salivait déjà, la viande grillé, les oignions fris accompagné de leur sauce aux légumes, la cervoise tiède, les rôtis, les gratins, les canards et cochons qui tournaient sur des broches, l'estragon et les aromates, le vin, il les voyait tous alors qu'ils étaient encore à quelques mètres. Il ne prêtait aucun attention à cet herbe doré souple, seul son estomac comptait. Alors que le groupe pénétrait sur cette place entourée de table ou la nourriture ultime récompense trônait, les membres du conseil se séparèrent chacun allant dans des directions différentes. Il vu Simaya le frôler de sa robe fendue et aller vers les siens. Il aurait voulu la retenir, lui parler, mais sitôt tous les aventuriers arrivés la musique cessa et tous les regards se tournèrent vers eux. Un tonnerre d'applaudissements et de cri de joie s'abattit sur eux. Chacun les accueillit différemment, Sirat souriait, mais n'avait qu'une envie attrapée un morceau de viande. Il se rapprocha d'une table et sans discrétion aucune arracha une cuisse de bœuf et une pinte de bière, qu'il commença a dévorer, tandis que porter par le mouvement la troupe se décalait vers un sanctuaire à l'écart de la fête. Là, des statues d'eux en or massif trônaient gardé par une guerrière ynorienne en armure rouge au pied de ces cariatides d'ambre était déposé leur effet personnel. Alors que sirat dévorant goulument sa viande jaugeait incrédule sa statue, la lyche s'était approché de lui. Il ne l'avait pas sentie, elle n'avait pas d'odeur. Il terminait de rogner son os, il avait avalé sa viande avec une telle rapidité qu'il sentait que cela coinçait un peu. Dans une laconique tristesse, il lui déclara alors que l'humoran portait à sa bouche sa bière afin de faire passer le tout.

« J'ai toujours haï Zewen et tout ce qu'il représente. Le seul destin qu'il y ait, autour de moi, est présidé par Phaïtos, le seul qui nous mettent tous à égalité. Je gage que nous serons ennemis un jour ou l'autre... Si votre dieu le veut. En attendant, je dois bien admettre que vous avez su jouer votre rôle et que votre dévotion est admirable. Donc malgré ces sinistres augures, je serais heureux de vous revoir. »


Il laissa un renvoi s'échapper et essuya sa barbe avec son avant-bras. Il jaugeait le squelette sceptique.

Phaïtos est un élément clé du temps, si la vie existe celle-ci doit cesser un jour, car cet ainsi et qu'il n'en va pas autrement. À votre façon, vous œuvrez pour Zewen. Je serais heureux aussi, je ne répugne pas à une bonne bagarre. Mais pour l'instant allons boire "brindille"!!


Et emporté par sa joie et sa faim, il tapa dans l'épaule en lâchant un rire gras. Il s'en retourna rapidement vers une table ou se trouvait plusieurs liqueurs. Chacune d'entre elles dégageaient des fragrances fruitées qui étaient inconnue pour l'humoran. Après, un instant de réflexion, il se décida pour une liqueur châtain aux légers reflets blonds. Il humecta ses lèvres et apprécia le goût corsé de l'alcool. Non loin de lui se trouvait Simaya, sa peau opale enveloppé dans son éternelle robe olive. Elle se tenait là, près des Ouessiens, Triman et Amalia tout deux les yeux toujours cachés qui discutaient avec une elfe. Il prit un deuxième verre et se rapprocha du quatuor.

Dame Simaya, un verre en souvenir de nos péripéties. Vous m'avez impressionné pendant cette guerre.

Il lui tendit le verre.

Triman, prêtresse Amaya heureux de vous revoir.

Il leur fit un signe de tête amicale puis se tourna vers l'elfe.

M'zelle, on ne nous a pas présenter, je suis Sirat trouble-fête et ancien garde du corps de Madame Simaya.

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 20:37 
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L'humoran répondit que Phaïtos était une part du destin selon Zewen. Il ne semblait pas particulièrement affecté, mais sourit à l'idée d'un affrontement. Quel étrange personnage... il vit alors passer non loin l'archère hinion, Siiwih. Cherchant une plaisanterie pour se remonter le moral, sans s'attendre à un grand succès, il invoqua Rendrak et alla la saluer :

« Bonjour. Vous ne nous reconnaissez sans doute pas, mais vous nous avez croisé, Rendrak et moi, à Kendra Kâr. Un gamin hystérique et un bandit liykor... remarquez, il est vrai que nous avons bien maigrie depuis ! Bien que nous n'ayons pas été sur le même rempart, je suis flatté de m'être battu au côté d'un personnage de légende comme vous. Peut-être nous reverrons-nous encore sur un autre champ de bataille ? »

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Sam 8 Oct 2016 22:37 
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Endar n'avait jamais connu pareil accueil aussi bruyant qu'une horde de nains armés de barils de bière et prêts à guerroyer. Dans cette ambiance simple, il se mit à rire, entraîné par les rires communicatifs de Therk'Ruk, chef du clan des géants de glace et de Phoan, son fidèle bras droit. Mielon, aussi discrète que timide, se mit à rougir violemment à l'encontre de son compliment, il ne saurait dire si cela qui lui plaisait chez elle, il était néanmoins dommage qu'elle n'ose pas s'exprimer plus avec lui. A peine installé, une immense pinte de bière ambrée et épicée lui fit mise sous le nez, cette boisson allait lui manquer également à Khonfas, même si l'absinthe aussi noir que l'âme des shaakts pourrait satisfaire sa soif. Alors que Therk'Ruk prenait la parole, la reine Faseihl les rejoignit aussi silencieusement qu'une ombre manquant de peu d'effrayer le shaakt qui n'avait pas été toujours en de très bons termes avec elle en raison de leur divergence d'opinions, cependant le sourire qu'elle affichait finit par le détendre.

Il la salua avec déférence en inclinant légèrement la tête à son approche, puis écouta les paroles chaleureuses du chef de clan qui, en un an, n'avait pas du tout changé. Alors qu'il buvait lentement sa bière qui commençait à réchauffer sa gorge puis chaque extrémité de son corps laissé en proie à un rituel magique les ayant plongés dans un état de stase, le chef l'assura qu'il allait transmettre ses amitiés à son peuple, puis qu'il était digne de porter l'armure qui lui a été offerte en respectant sa promesse de laisser intact leurs monts et d'éloigner la menace.

A vrai dire, Endar ne se souvenait même plus qu'il ait formulé cette promesse, tout cela était si lointain, mais il était heureux néanmoins d'avoir tenu parole, une bizarrerie chez un shaakt. La colère s'était emparée de lui sur Yuimen, mais ici, avec les Gardiens de la Tour de Glace, elle s'était éclipsée et à la place, son cœur parlait pour lui. Il sut dès cet instant que son cœur appartiendrait à Aliaénon et plus précisément à Colomir'Thù. Sur Yuimen, il serait de nouveau le shaakt terrible et manipulateur qu'il adorerait être. La reine de Khonfas lui avait promis qu'il pourrait être anobli et fonder sa propre maison en échange dudit service, il allait voir si elle allait tenir parole ou non.

Un instant, lorsque le chef évoqua le Titan endormi sous les monts enneigés de Sansarth, il eut peur, finalement il le rassura en lui avouant qu'il avait rebâtit d'autres montagnes plus grandes encore à la place. Une autre information de taille lui était adressée: la fin de leur serment envers la Reine de Glace.

Endar jeta également un regard à Faseihl qui clignait des yeux et lui souriait en précisant que la Tour de Glace a été détruite par l'éveil du Titan et qu'à présent en tant que membre du Conseil, elle espérait se montre digne de représenter son peuple qui allait pouvoir s'étendre de plus en plus et peser de son poids sur ce monde.

- Je suis navré pour votre Tour, Reine Faseihl, elle était magnifique, même si par dépit j'ai failli déclencher de légères fissures dans la glace si vous ne m'aviez pas ouvert, avoua-t-il un peu gêné en se passant la main dans ses cheveux qui avaient poussé depuis le temps. Je doute que Vallel revienne sur Aliaénon, ils attaqueront sans doute un autre monde à présent, méfiez-vous cependant d'Elscar'Olth, elle reste encore sous domination d'Oaxaca. Malgré nos désaccords reine Faseihl, j'ai toujours pensé que vous étiez digne de représenter votre peuple, continuez à agir selon vos convictions et vous serez une personne à écouter lors des réunions du Conseil.

C'est alors que Phroan déposa une assiette d'argile d'une belle taille contenant un animal rôti presque entier et de la taille d'une tête humaine dont le corps était pourvu de petites pattes et était tout en boule. Le géant à la hache lui expliqua que c'est du rustaud des Neiges, un animal difficile à attraper et dont la viande est la plus délicieuse dans cette région.

- Vous savez comment faire plaisir à vos hôtes Phroan ! J'ai une faim de loup à avoir dû patienter autant de temps dans un sarcophage de marbre ! Mais avant, et si vous me le permettez chef Therk'Ruk, j'aimerais offrir un gage de mon estime à votre fille, Mielon pour qui je serais bien resté indéfiniment sur ce monde.

Se baissant, il activa sa magie lorsque ses doigts touchèrent le sol couvert d'or le rendant malléable et préleva ce qu'il lui fallait pour créer ce qu'il désirait. Devant les yeux de ses convives, il remodela l'or malléable qu'il avait entre les mains, une image qui rappelait étonnement celle de la statue le représentant. Affinant les contours, il modela un cercle et l'évida pour que l'anneau soit le plus fin possible. La magie n'était peut-être plus aussi puissante qu'à l'époque de la toute-puissance du Sans Visage, mais cela ne nécessitait pas une trop grande magie. Il modela l'alliance de telle sorte qu'elle soit à la taille de l'annulaire de Mielon, puis lui prit tendrement la main avant de lui passer l'alliance en or autour du doigt.

- Les shaakts ne sont guère de grands romantiques, en règle générale leur "union" est presque... bestiale, les humains eux connaissent la notion d'amour courtois. J'espère ainsi que tu ne m'oublieras pas Mielon en le portant et peut-être qu'un jour, ta timidité s'effacera et tu pourras me dire si ce que je ressens pour toi est réciproque ou non.

Il lui sourit, puis lâcha doucement sa main avant de reporter son attention sur les autres membres attablés à ses côtés.

- Un jour j'espère vous revoir, en attendant passons cette dernière nuit à festoyer mes amis !

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Dim 9 Oct 2016 02:50 
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Je me suis peut-être un peu trop emporté. Après tout, tout le monde ici vient de se réveiller après avoir pioncé pendant un an, il y a de quoi avoir le cerveau en bouillie et puis dans le fond, je sais bien que ce pirate n'est pas aussi con qu'il veut bien le faire paraître. Il s'est battu à mes côtés, comme les autres et...Je lui dois toujours une bière et quelques explications, s'il n'est pas du genre rancunier. Mais alors que je commence à arpenter les couloirs direction la fameuse fête, j'entends quelqu'un presser le pas derrière-moi. Presser le pas et crier mon nom. Impossible de ne pas reconnaître cette voix. Il a enfin percuté. Il aura mis un peu plus de temps que prévu, mais il a percuté. Xël, mon clodo de garde du corps.

Alors que je me retourne vers lui, il me serre dans ses bras. Surpris, je reste impassible, ne sachant pas vraiment comment réagir. Il me lance une petite provocation qui ne manque pas de me faire sourire. Bordel, je suis heureux de le revoir celui-là. Il est en vie. Et maintenant, tout ce dont j'ai envie, c'est d'aller siffler une bière. Ce breuvage donc le gars supposé me surveiller ne cesse de parler depuis le début de cette aventure de dingue. Mais avant ça, il faut que je réponde un truc. Il n'est pas dit que j'allais laisser la pique de Xël sans réponse.

« Hey, doucement. Si tu baves trop sur mes bras je risque de rouiller ! Et tu ne voudrais pas que les demoiselles se fassent des idées n'est-ce pas ?"


Je le repousse légèrement pour pouvoir fixer sa trogne et je lui fais mon plus beau sourire moqueur. Après tout, il l'a bien cherché. Mais assez de glander dans le couloir.

« Bon, c'est pas tout ça, mais la bière nous attend et j'suis impatient de revoir la face d'Artès s'il est là, et de discuter avec quelques autres. »

D'un pas rapide, je prends quelques escaliers, puis d'autres et pour finir...Des escaliers. Peu m'importe au final, ça a au moins le mérite de servir d'exercice matinal. Après un an de sommeil, j'avais presque peur d'avoir oublié comment marcher. Puis soudain, l'extérieur, enfin et ce que je vois ne manque pas de me faire sourire, encore une fois. De l'or, partout. La forme n'est sans doute plus la même c'est certain, les Titans ayant joué les alchimistes à grande échelle, mais il n'y a pas de doute possible. Tout cet or, c'est mon œuvre. Elle a donc perduré.

Puis un pont, puis de la musique, puis la rumeur de quelques discussions joyeuses et animées. Et alors que le spectacle d'un immense feu de camp et d'un paquet de personne rassemblées s'offre nous, le silence se fait. Un bref instant, le temps semble se suspendre. Tous les regards sont tournés vers nous et d'un seul coup, c'est le bordel La musique reprend et tout ceux présent ici commencent à scander les noms de chacun. C'est donc ça être traité en héros ?

« Et bah, ça c'est de l'accueil. »

Mais tout ça, ce n'est rien. Rien du tout comparé à ce que j’aperçois un peu plus loin. Des statues. Ils ont osé. Ils ont osé faire des statues de nous. Avaient-ils vraiment besoin d'aller aussi loin ? Qu'il me considère comme un héros, soit. Qu'ils scandent mon nom, passe encore. Mais là...Franchement. Enfin, je me plains, mais...Ce n'est pas si désagréable. Moi qui voulais entrer dans la légende, je suis servi. Les générations suivantes sauront.

Enfin, l'auto contemplation c'est bien joli, mais je vois des tas de personnes à qui j'ai envie de parler. Thensoor, la Reine Sheeala d'Argentar, Naral, Atsuhiko, quelques aventuriers...Et un trio bien particulier. Non loin, je peux voir Arthès se détendre en compagnie de Fin et Glanaë. Comme avec Xël un peu plus tôt, je sens poindre une émotion forte dans le creux de mon estomac, du simple fait de les voir en vie.

« Ramène-toi Xël, ils sont là ! »

D'un pas excessivement rapide à la limite de la course, je me dirige vers les trois Esserothéens. Je ne sais pas encore ce que je vais leur dire, mais peu importe. Je suis simplement heureux de les voir. M'asseyant alors en face de la jolie Glanaë, je décide de m'adresser à eux.

« Ca m'fait plaisir de vous voir bordel ! Bon Glanaë est au courant et si j'en crois ce qui est gravé sous la statue là-bas, je ne pense pas avoir besoin de me présenter. Un an. J'ai pioncé pendant un an..."

Je regarde plus spécialement Glanaë cette fois.

« ...Et pas adossé à un mur cette fois. »

Mais la curiosité m'assaille.

« Alors, racontez-moi tout. Comment ça se passe à Esseroth ? Est-ce que je peux aider ? Parce que sachez qu'une partie de mon cœur est et restera au cœur de votre cité et que si je peux vous apporter quoi que ce soit, il suffit de demander. »


Sur ces mots, je remplis quelques chopes de bières avant d'en tendre une à Xël et aux trois magiciens d'Esseroth. Le sourire aux lèvres, comblé de bonheur, je commence à siroter la mienne en attendant l'exposé.

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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Dim 9 Oct 2016 13:41 
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Localisation: Quête 30 - Aliaénon
Alistair descendit de nombreux et longs escaliers en direction du bas de la tour. Il redoutait quelque peu ce qu'il allait y trouver : ne lui avait-on pas dit que tout le monde était réuni là pour les attendre et les acclamer ? Mais il n'avait pas envie d'être acclamé... Il ne voulait pas entendre le moindre applaudissement pour cette aventure sans victoire. Sans victoire pour lui. Il voulait qu'on le laisse tranquille une bonne fois pour toute, et qu'on arrête de trouver des excuses à ses échecs. Qu'on arrête de les lui répéter comme s'ils étaient de bonnes chances, tout ça parce que « il avait essayé ». Essayer c'était pour les faibles ! Les nuls sans avenir, sans ambition, sans talent ! Les vainqueurs n'essayaient pas, ils réussissaient ! Et il s'était toujours pris pour un vainqueur. Pour le haut du panier. Il était entré dans cette aventure persuadé d'en devenir l'un des acteurs incontournables... Il avait fini par ne briller que par son incompétence. Et tout ça pour s'essouffler après trois marches en plus. Sa condition physique n'était en effet plus du tout la même, et la simples descente de ces marches suffisait à le fatiguer peu à peu, à le drainer de son énergie. Il avait passé une année entière dans un cercueil, et il était maintenant aussi apte qu'un squelette. Si bien qu'il se fit bientôt rattraper par tous les autres, et c'est ensemble qu'ils sortirent enfin de la tour.

Le spectacle qui s'offrit à eux une fois dehors était tout bonnement inexplicable. Ou au moins pour Alistair, qui n'avait pas les cartes en mains pour le comprendre. Car ils se trouvaient sur un piton rocheux qui surplombait une plaine aux étranges reflets dorés. Ils avancèrent jusqu'à un pont suspendu, qui les mena finalement sur un nouveau rocher qui descendait lui vers les terres d'or en contrebas. Et plus ils s'approchaient, plus il devenait clair que ce n'était pas qu'une histoire de reflets : l'entièreté de la zone semblait faite du si précieux minerai. Le spectacle était d'autant plus saisissant que, dans la pénombre du soir, de nombreux feux venaient se réfléchir sur les brins d'herbe et les grains de terre à l'allure si précieuse. Mais Alistair ne contempla pas la beauté du paysage bien longtemps, car les brasiers lui avaient rappelé la situation : il devait maintenant affronter le regard des centaines de personnes venues les féliciter, installées sur des tables autour d'un gigantesque feu de camp. Et quand finalement ils furent arrivés à portée de regard, tous se turent, y compris les musiciens, pour laisser place à des applaudissements retentissants. La mâchoire de l'assassin se serra. Il laissa les dirigeants et autres aventuriers le dépasser, et tâcha de se fondre dans leur masse pour passer inaperçu. Ce n'était pas pour lui. Tout ça... C'était pour les autres. Pas pour lui.

Lorsque les vivats s'arrêtèrent enfin, Alistair fouilla la foule à la recherche de celle qui avait accepté de l'accompagner pendant une certaine partie de son aventure. Et il la trouva bien vite en compagnie de l'homme qui aurait dû porter un masque, comme il l'avait surnommé à Andel'Ys. Mais il n'alla pas la voir. Pas tout de suite. Pas encore. Ses yeux parcoururent de nouveau les lieux, identifiant le conseiller Tsukiko et Chihiro, Astidenix et Hirotoshi, Glanaë et quelques autres Esserothéens, et... Et c'était à peu près tout. Il y avait un certain nombre de personnes ici, mais il n'était capable d'en reconnaître qu'une poignée, qu'il n'avait finalement que croisé brièvement. Nouveau symbole, s'il y en avait besoin, de son inactivité au sein de cette guerre. Il n'avait finalement échangé des mots qu'avec Tsukiko, Honoka, Hirotoshi, Glanaë, Triman et Loona. Oh il y avait bien quelques personnes ci et là avec qui il avait partagé quelques phrases, mais ces six personnes avaient
finalement été les seuls habitants d'Aliaénon à connaître son existence pour autre chose que sa simple appartenance à la liste des aventuriers. Et trois d'entre eux le méprisaient. Peut-être même quatre, si ce n'était cinq ou six, si les deux Esserothéennes et le capitaine de Fan-Ming avaient entendu parler de ses exploits les moins reluisants. Il n'y avait pas à dire, il avait décidément hâte qu'on l'oublie définitivement.

Mais quelque chose attira son regard quelque peu à l'écart. Quelque chose qui sembla reléguer la perspective de l'oubli au rang du doux rêve. Car, dans les plaines dorées qu'ils foulaient, une place abritait de nombreuses statues. Des statues à l'effigie des « héros » qui avaient soi-disant sauvé ce monde. Au milieu des quelques unes qu'il ne reconnaissait absolument pas, il y avait le portrait de celui qu'il reconnut comme étant Xël, bras levés et poings fermés et entouré d'éclats d'or. Il ignoraitce que cela signifiait, mais il ne pouvait que supposer que c'était là la représentation d'un acte spectaculaire comme il avait été incapable d'en fournir. Un peu plus loin se dressait Eva, entourée de ce qui ressemblait à des cristaux de glace, symbole de sa magie puissante. Il y avait également Calimène, qu'il n'avait pas revu depuis Oranan, qui tenait un parchemin. Puis venait l'arrogant
Mathis, une pique coincée dans un engrenage. Et Charis, Serpent, Sinaëthin. L'homme au visage squelettique et celui aux bras métalliques. Et, enfin, évidemment... Lui. Une statue de lui, Alistair, qui aurait certainement ravi l'ego démesuré de son ancienne personnalité, mais qui lui laissait en ce jour un goût plus qu'amer. Il portait un drapeau doré, symbole de la trêve avec les esclaves, et l'épée colossale de Gurfelion gisait à ses pieds. Un petit rire jaune s'échappa de ses lèvres, laissant le temps à un goût salé de prendre place sur sa langue. Ha ! Voilà qu'il pleurait. Encore. De frustration et de rage. Comment avaient-ils osé, sans même demander son accord ? Comptaient-ils l'humilier chaque seconde un peu plus, jusqu'à ce qu'il quitte enfin ce monde maudit ? Qu'avait-il bien pu faire pour mériter qu'on lui refuse sa requête
d'anonymat, à la fin ? Bien sûr il s'était montré sans cœur à plusieurs reprises, mais ses exactions, sur Aliaénon, étaient somme toute bien maigres, voire presque inexistantes. Alors pourquoi ? Pourquoi pousser le vice à ériger une statue de lui ? Tout ça pour donner des héros à des peuples abrutis par leur propre ignorance. Voilà qu'on devait chanter ses louanges dans le monde entier sans même avoir la moindre idée de ce qu'il avait réellement accompli. Et puis le prétexte trouvé pour l'immortaliser était d'un ridicule. La trêve avec les esclaves ? Vraiment ? Celle qui avait fini par l'extermination pure et simple de toutes ces personnes ? Celle qui n'avait servi strictement à rien d'autre qu'à leur faire perdre du temps ? C'était ça son exploit ? C'était vraiment ça qui le distinguait de tous les autres ? Un énième échec ? C'en était trop. Et d'ailleurs, son corps s'en était rendu compte avant son esprit, car déjà il marchait en direction de cette statue goguenarde, imitation fantasmée de sa personne qui semblait lui montrer tout ce qu'il n'était pas. Et l'épée de Gurfelion
pour couronner le tout, comme si cette action avait été décisive. Et puis quoi encore. Il avait vaincu un homme brisé à la toute fin d'une bataille. Son acte n'était ni héroïque ni important, et s'il n'avait pas été là les deux-cent-cinquante guerriers de la compagnie Omega se seraient occupé de son cas sans le moindre soupçon de difficulté. Deux actes dérisoires, en somme. Deux actes merdiques pour illustrer son inutilité la plus complète.

« Alistair, » lut-il sur l'écriteau une fois face à son double.

Comme ça, on lui avait définitivement refusé son anonymat. Pour toujours il serait le héros raté
d'Aliaénon.

« Espèce de... Sous-merde ! » hurla-t-il en lançant son poing dans la figure de son reflet.

Ses doigts craquèrent sous le choc, lui arrachant un gémissement de douleur. Mais il était bien trop frustré pour ressentir pleinement la douleur. Il frappa une seconde puis une troisième fois, empirant chaque fois l'état de sa main, avant de tomber à genou devant la statue, personnification de ses échecs, sanglotant. Après ce qui lui sembla plusieurs minutes, enfin, il s'arrêta, fit face à la foule qui ignorait complètement son désarroi, occupée qu'elle était à festoyer, et s'adossa contre son double, le cul par terre. Et ce qu'il vit tordit plus encore son cœur de douleur. Tous semblaient avoir quelque
chose à faire. Tous avaient des amis à retrouver, des félicitations à recevoir. Tous sauf lui. Il en venait, pour la première fois de sa vie, à envier ces personnes capables d'empathie, d'amour. Il avait toujours considéré les relations comme des faiblesses dont il ne voulait s'encombrer. Et dont il était de toute manière complètement incapable de s'encombrer. Quelque chose était brisé en lui, et ce depuis son plus jeune âge. Depuis ses six ans en fait, lorsque ses parents avaient été massacrés sous ses yeux. C'était cliché, certes, mais il n'avait plus aimé depuis, et n'avait jamais désiré changer cela. Après tout il avait toujours été assez fort pour s'en tirer seul, ou pour manipuler les autres de sorte à ce qu'ils l'aident en se fourvoyant sur sa personne. Mais aujourd'hui il était complètement seul, il n'y avait personne pour lui tendre la main. Même la sympathie qu'il avait pu recevoir de Loona n'avait été que le fruit d'une apparence trompeuse, et avait sûrement disparu après cette année complète d'absence. Tant par l'habitude de ne plus le côtoyer que par les vérités qu'elle avait dû entendre depuis.

« Mais je lui ai demandé de se mettre à l'abri, » réalisa-t-il.

Après tout, peut-être était-ce là son salut : arrêter de ne se soucier que de sa personne ? Arrêter de tout calculer, jour après jour, seconde après seconde, pour savoir comment seraient perçues tous ses actes. Et trouver quelqu'un qui pourrait motiver ses actions. Qui pourrait le pousser à se surpasser. N'était-ce pas – soi-disant – pour avoir une chance de culbuter Loona qu'il s'était relevé et avait sauté sur le dos de Naral alors qu'il pensait la bataille terminée ?

Et comme ça, en une seconde, il sut ce qu'il avait à faire. Il se redressa, tâchant d'ignorer la douleur grandissante de ses phalanges meurtries, se dirigea, comme tous les autres, vers la foule, et chercha une personne qui, peut-être, possiblement, avec un peu de chance, serait heureuse de le voir. Et puis même si ce n'était pas le cas, il avait besoin de lui dire ce qu'il avait à dire. Lorsqu'il avisa finalement Loona, près de l'homme qui aurait dû porter un masque, il s'approcha de l'étrange duo
avec résolution. Il avait, évidemment, encore la mine défaite, le teint pâle, la démarche abattue, mais mentalement il était préparé. C'était, il le sentait, le début d'une longue convalescence. Une convalescence au terme de laquelle il deviendrait plus grand qu'il ne l'avait jamais été.

« Je peux vous l'emprunter ? » fit-il finalement à l'homme au visage de mort en attrapant doucement la jeune femme par le bras.

Puis, sans réellement attendre de réponse, il s'éloigna de quelques pas pour n'être entendu que d'elle, prit une profonde inspiration et commença son discours.

« Loona, je suis sûr que tu l'as déjà entendu des autres, mais je tenais à te le dire personnellement. Je ne suis pas la personne que je t'ai montré pendant ces quelques temps passés ensemble. Je suis profondément égoïste et intéressé. Tout ce que j'ai fait, c'était pour ma gloire personnelle. Tous mes échecs sur Aliaénon, je les dois à ma cupidité et mon envie de pouvoir. Absolument tout était faux. Tout était orchestré pour servir mes propres intérêts, sans aucune compassion pour les morts et les blessés. Même toi, je me suis comporté comme je l'ai fait à ton égard dans l'unique but de te mettre dans mon lit. Parce que c'est ce qui me caractérise : le sexe et le pouvoir. C'est tout ce que j'ai toujours désiré, pour satisfaire mes envies autant que mon ego démesuré. Je le répète : tout était faux. Tout sauf le moment où je t'ai demandé de te mettre à l'abri sur les portes de Fan-Ming. »

Il laissa une courte pause avant de continuer sur la deuxième partie de son monologue, juste assez longtemps pour que ses premières paroles fassent leur effet sur Loona, mais pas assez pour qu'elle ait le temps de répondre.

« Je voulais te demander de me suivre sur Yuimen. Savoir si tu voulais visiter mon monde. Mais j'en suis incapable aujourd'hui. J'ai échoué tout ce que j'ai entrepris sur cette planète et il ne reste presque plus rien de moi, de la force qui me caractérise. Je ne suis plus la moitié d'un homme. Alors je te le demande autrement : lorsque je reviendrai renouvelé, changé, lorsque je me tiendrai devant toi de nouveau en tant qu'homme, m'accompagneras-tu sur Yuimen
pour faire de moi celui que je n'ai encore jamais su être ?
»

Et voilà, le pavé était lancé, il n'y avait plus qu'à attendre sa réponse. Il se doutait que celle-ci serait négative, et il ne pouvait l'en blâmer, mais essayer était le premier pas vers le changement.

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Dim 9 Oct 2016 16:26 
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Les Pâles m'offrent une expression rassurée et joyeuse, qui ne fait qu'affirmer ce lien que j'ai développé avec eux. La Reine m'informe de forts changements depuis l'Eveil, notamment la séparation géographique de leurs trois cités. En conséquence, le pouvoir local s'est affirmé, et ce sont à présent les D'Omble qui dirigent Treeof par l'intermédiaire de leur aïeul, et Andel'Ys. Je ne peux que cligner plusieurs fois des yeux pour manifester ma surprise, mais elle se dissipe vite. Khar'Tar assure la succession d'Astidenix, et j'apprends par sa bouche que sa famille réside dans la cité du Lac. Son épouse Dame Elisa, ses domestiques, mais surtout la discrète cadette, enceinte s'y trouvent en ce moment.

Lorsque l'homme coule un regard vers Dame Talia, mon regard violet aperçoit une lueur tendre dans le regard de cette dernière. Bizarrement, le soudain sujet d'un futur enfant et le regard de son géniteur envers la belle D'Omble m'intimide. Tendrait-il une perche pour inciter la jeune Pâle à prendre époux à son tour ou... La taquiner sur le fait que sa jeune soeur attend un enfant ? Je me souviens très bien de la soirée que j'ai passé en leur demeure de Treeof, et du contact de sa main sur la mienne. Le geste m'avait quelque peu mis mal à l'aise, car je lui prêtais alors des intentions masquées sous son intérêt envers moi. Mais maintenant ? Je ne suis plus un messager. Je ne suis que le semi-elfe d'Ynorie qui... Qui lui a sauvé la vie.

Une nervosité certaine s'empare de la jeune femme lorsqu'elle se rend compte des regards tournés vers elle. D'une façon maladroite, elle détourne la conversation sur des recommandations de plats, y compris de cette impressionnante créature qu'est l'ourgle, rôtie. La rupture du fil de la conversation me fait sourire, et m'oblige à masquer mon amusement derrière mon poing clos. Par contre, si la Reine, le nouveau gouverneur d'Andel'Ys et sa charmante soeur se sont exprimés, Khar'Tal demeure silencieux. Je l'ai pourtant connu plus ouvert et franc. A-t-il lui aussi derrière la tête l'idée que mon départ est proche ?

"Oranan, ma cité natale, est une ville portuaire. Le poisson y est une denrée habituelle. Je vais donc suivre votre recommandation concernant l'ourgle, Dame Talia."

Je tourne mon attention ensuite vers le jeune homme.

"Cette bête ne quittera pas ma mémoire de sitôt. Après en avoir vu une de près... Très, même... Je suis curieux d'en connaître le goût. Et il serait dommage de ne pas honorer le courage de ceux qui l'ont chassée."

Un instant de pause. Je baisse un peu les yeux pour rassembler mes pensées puis les relève. Je me sens ému, et j'ai du mal à le masquer ce soir. Brièvement, j'avise le Capitaine Atsuhiko, et la vue de sa silhouette me rappelle les raisons de ma venue en Aliaénon.

"Bientôt, le devoir me rappellera en Yuimen. Je devrai m'entretenir avec mon supérieur sous peu..."

J'inspire lentement puis reporte mon attention sur mes interlocuteurs.

"Mais ce soir, j'aimerais être simplement un ami, et point un milicien d'Oranan. Je sais encore si peu de choses à votre sujet et vous au mien, profitons de cette dernière soirée pour y pallier un peu. Partageons un godet, et si vous avez une recommandation particulière Khar'Tal, j'écouterai votre suggestion avec grand plaisir."

Une expression amicale au visage, j'essaie de faire taire cette sensation de serrement au niveau de ma poitrine. J'aimerais leur parler de ma pupille, de mes apprentis, de mon oncle décédé, mais chaque visage accroit la pression. Alors, je me concentre sur d'autres souvenirs. Ceux de la rencontre avec les D'Omble, la chevauchée vers Treeof, la belle forêt d'Emeraude. Mais malgré tout, l'ombre de la séparation plane dans ma conscience. Et quand bien même je suis ynorien, l'idée d'une poignée de main ou d'une accolade avec eux ne me rebute pas.

Il faut croire que je suis encore en train de changer.

Tiraillé entre l'envie de revoir mes proches et cette chaleur amicale émanant des Pâles, je prends la décision de profiter de ces dernières heures. En prenant place à leurs côtés, je me promets de revenir vite. Et peut-être à leur présenter certains de mes amis, qui sait ? Mais... Pas sans avoir de choses intéressantes à leur raconter au sujet de l'Ynorie et de Yuimen.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Lun 10 Oct 2016 18:56, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Dim 9 Oct 2016 21:22 
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Naral me répond, m'enjoignant à aller demander directement aux intéressées ce qu'elles en pensent. Aller voir Oaxaca et Brythä ? Drôle d'idée, à la fois tentante et terriblement dangereuse à vrai dire. Vu les défaites que j'ai imposée à ses troupes, je n'ose imaginer la Dame sombre me laisser partir en paix et en vie, mais après tout, qu'en sais-je réellement ? Sur ce, l'Ynorienne prend la parole et nous invite à nous rendre à une fête, où il va y avoir à manger, et à boire. C'est bien sûr, le moment choisi par Astinor pour se réveiller totalement dans un hurlement qui retentit dans mon cerveau presque aussi douloureusement que l'attaque de Naral ou de Vallel :

(A la bouffe !!!)

Ah oui, à la bouffe tiens, c'est vrai que j'ai les crocs, je crève littéralement la dalle. Il faut bien avouer qu'après un an sans une véritable nourriture, ça n'a rien d'étonnant, enfin je suppose. Déjà qu'après mon coma de plusieurs jours dans les montagnes, j'avais englouti un sérieux repas au temple du dragon d'or, mais là, ça n'a rien à voir.

(En même temps, si mes prévisions sont juste, tu devrais avoir faim, très faim même.)
(Et pourquoi donc ?)
(Crois-tu qu'il n'y ait que ton apparence qui ait changé ? Ton corps complet est celui d'un Garzok désormais !)

C'est en sortant de la tour, sur un pont surmontant une plaine semblant d'or pur, que la révélation me vient, brutale : l'odeur de viande grillée réveille en moi un appétit gargantuesque se manifestant par un gargouillement stomacale qu'aucun elfe, fût-il affamé, ne saurait produire.

(Ah bah en même temps, la différence est de taille !)

Je me mets à rire toute seule, d'un rire lourd et gras, n'ayant là non plus rien à voir avec la mélodie claire que produise les elfes. Par Yuimen, moi qui croyait qu'ils faisaient exprès d'être aussi bruyants, je découvre que leur corps est truffée de surprises, pour le moins étranges.

Dès que nous posons les pieds sur la plaine, la musique qui résonnait s'arrête. Un silence qui est rapidement comblé par des vivats et nos noms scandés par la foule rassemblée. Manifestement, ils nous prennent réellement pour des héros, ça me change des huées et des regards de craintes que j'ai vécus en quittant le Naora après avoir, il est vrai, tenté d'assassiner Kouschuu, et bordel, j'aime ça en fait ! L'adolescente qui est en moi a-do-re cette attention. Depuis le temps que je rêve qu'on reconnaisse ce que je fais, il a fallu que je sauve le monde pour y parvenir enfin.

(Que tu manques de le démolir, tu veux dire...) commente Anouar en rigolant.

Quand la musique reprend, je me surprends à regarder le sol et découvre que celui-ci est fait d'or, réellement d'or, mais d'un or étrange, souple qui vient chatouiller mes gros pieds de Garzok. L'herbe elle-même est faite d'or d'ailleurs.
"Moi qui croyait que les reflets étaient ceux de la neige."

En sortant du corps de Naral en effet, j'avais cru voir des reflets vifs sur le sol. Mais je n'y avait prêté aucune attention alors, la neige pouvait jouer de la même manière avec les rayons du soleil, surtout quand on ne voit que trouble et sans les couleurs. Amusée de cette découverte, je continue à me frayer un chemin, droit vers un des feux mineurs, qu'importe le contenu de l'assiette, tant qu'elle est bien remplie.

Une bonne assiette de légumes et de l'eau plate, voire du jus de fruits, et une petite portion de viande fine et bien cuite. Voilà ce qui me ferait plaisir ! Je finis par trouver ce qui me plaît et m'installe à une table, un peu au pif. A vrai dire, je m'aperçois que je n'ai pas parlé à grand monde finalement, faudra un jour que je devienne plus sociable. Mais là pour l'instant, j'ai faim !

Je me saisis d'un premier légume que je mets en bouche. Je le mâchouille, mais malgré mon appétit, j'arrive pas à être convaincue. C'est pas que c'est mauvais, mais ça paraît bien plus fade que prévu.

(Marrant, je m'y attendais à celle-là.)
(Quoi, encore ! ? )
(Rappelle-moi ce que sont les deux trucs qui dépassent de ta mâchoire.)

Je porte ma grosse paluche à mon visage, tâtant ma mâchoire à la recherche de l'indice d'Anouar, avant de me rappeler que j'ai deux superbes canines qui dépassent.

(Et des canines, ça sert à ?)
(De la viande ! Bien sûr, c'est logique. Mon corps est celui d'un carnivore désormais !)
(Ouais, tout juste. Des légumes, du pain, il t'en faut. Mais tu vas pas faire le lapin avec ce corps. Laisse-moi faire !)

Sortant de table, laissant mon assiette végétale sur la table, je me dirige vers de nouveaux feux. Sur mon corps pousse des poils et une queue, bridée par la tunique pas adaptée, mes oreilles se décalant et ma gueule verte se muant quasiment en museau.

"Là, File-moi la bidoche !"

Le jeune cuisinier prend un couteau et s'apprête à me couper une cuisse de roustaud, il est interrompu par une Astinor, un grand sourire sur les lèvres :
"Nan, pas une cuisse. La bidoche complète ! File-moi toute la bestiole !"

Le jeune humain a l'air décontenancé puis avec un grand sourire décroche la broche avec la carcasse complète, encore saignante, avant d'en remettre une à cuire. Astinor part avec la pique, utilisant du tissus pour éviter de se cramer la patte. Passant à coté de la table des Pâles, elle tend l'oreille et se retourne vers Kyioheiki au moment où il parle de godet.

"Hey, Kiyo, t'es là aussi ! J'peux m'incruster ? Y a quoi d'bon à picoler ?"

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Dim 9 Oct 2016 23:25 
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Ibn Al’Sabbar répond à mes propos en m’expliquant que le Sans-Visage est connu sous le nom de Vakkâr Ti et je plisse les yeux, me souvenant de la légende contée par Marthis et de ce que cette créature a fait au sorcier, à son vœu et à sa cité. Mes yeux se teintent de compassion alors que j’imagine ce que cela doit signifier pour lui que la fin du règne de cet être. L’entité aurait endormi les Titans d’Aliaénon en les faisant passer pour des êtres sanglants.

Ses mots, ensuite, me procurent un soulagement immense, ôtant un poids de mon cœur dont je n’avais pas réellement conscience. Personne n’a été tué à Fan-Ming après mon départ, les échelles et les tours étant restées inutilisables. Les orques ont fui vers les pans de muraille les plus accessibles, délaissant notre partie du mur. Aucun des miens, aucun de mes amis n’est mort. J’adresse un profond signe de tête au Seigneur, le remerciant de ses propos, avant de tourner mon attention vers Naral Shaam qui rebondit sur les propos du Cadi Yangin. A l’observer ainsi, je peine encore à lui accorder ma confiance, et j’ai dans l’idée que je fais bien. Néanmoins, il a toute mon attention. Il m’explique qu’éveiller les Titans a servi à libérer un prisonnier trop longtemps enchaîné dans sa prison, que ce n’était que justice. Les peuples d’Aliaénon et les Titans cohabitent à présent en paix, sans se chercher querelle mais au contraire en s’aidant dans la mesure de leur pouvoir.

Il tourne alors son attention vers un autre de nos membres et je me plonge dans une profonde réflexion. Tant de choses se sont passé dans les derniers jours de ma conscience, avant cette longue inconscience. Je sens les aventuriers se quereller avec les différents membres de l’assemblée et n’ai pas la force de me préter à leur jeu de questions-réponses. Nous sommes parvenus à une fin, une fin dont nous avons été les dindons, mais une fin heureuse, et c’est ce qui compte. Je me dirige vers Al’Sabbar, pour ne dire qu’à lui :

- Je suis heureuse que ce monde est connu cette fin, augure d’un renouveau radieux. J’espère que les sorciers de Neo-Messaliah sont revenu de leur autarcie. Autrement… et bien, autrement, j’imagine que des femmes comme Zaria sauront leur faire voir ce que signifie réellement les flammes qui coulent dans leurs veines, lui dis-je avec un des rares, trop rares sourires qui ait effleuré mes lèvres depuis cette sombre nuit dans le Désert de Yuimen. Merci, Seigneur Al’Sabbar, merci pour tout. Je serai heureuse, un jour, de revenir vous voir, où que vous ayez décidé de reconstruire les Cadi Yangin.

Sur ces mots, je décide de me rendre à mon tour à la fête. Je descends avec peine des escaliers interminables, mes jambes protestant contre ce mauvais traitement après un an – un an ! – de sommeil. Pourtant, à chaque marche, je me sens revivre, comme si un nouveau souffle me porte et me pousse à aller de l’avant. J’ai survécu à l’insurmontable, surmonté l’infranchissable. J’ai rencontré des sorciers, des hommes-lézards. J’ai vu les profondeurs d’une cité détruite et enfouie, j’ai aidé à éveiller un cristal ancien. Du feu coule à présent dans mon sang. J’ai côtoyé la mort et je l’ai donné, à de nombreuses reprises, que ce soit par cette flamme qui m’habite pour la pointe de cette épée dont mes doigts se languisse de pouvoir se refermer sur la garde. J’ai combattu sur des murailles, j’ai harangué des foules et dirigé des soldats. Et puis j’ai volé sur les écailles d’un dragon gigantesque, une créature merveilleuse et si puissante que mon esprit peine à en déterminer la force. Oh non, je ne suis plus la Charis Kel Asheara qui a posé, incertaine et chancelante, un pied sur Aliaénon. J’ai bien changé, beaucoup changé. Je pensais, une fois retournée sur Yuimen, retourner poignée de sable par poignée de sable les étendues du désert d’Imiftil à la recherche des survivants du Kel Asheara, mais… A quel point ai-je changé ? Suis-je réellement prête à retourner à cette existence, ou est-ce profondément égoïste de ma part que de souhaiter vivre de mon côté. Seule. Libre. Allant où mes pieds décideront de me porter. Que me réserve l’avenir ? Je n’en sais rien. Loin est le temps où ma vie était toute tracée devant moi par la volonté de mon père ou de mon frère. A présent, je suis la seule maîtresse de mon destin.

Finalement, mon pied se pose sur la dernière marche de l’escalier et je me sens libre, plus légère que je ne l’ai jamais été. Mon cœur semble chanter au rythme du feu qui bat dans mes veines, du vent qui caresse mon visage alors que je quitte cette tour posée sur un grand piton rocheux.

Mes yeux s’écarquillent soudain. Quelle est cette chose blanche qui macule les tours, qui macule la roche ? Serait-ce… de la neige ? Je m’avance, incertaine, pour mettre ma main dedans. C’est étrangement froid et humide. Lentement, doucement, comme si mon corps réapprenait ce geste, je sens un sourire fleurir sur mes lèvres. Mes yeux se teintent d’un éclat argenté alors que je joue avec ce matériau si étrange. De la neige.

Mes yeux se redressent pour constater un spectacle d’or et de roche, étonnant. Je m’engage d’un pas léger sur le pont. Peut-être devrai-je être craintive de ce qui m’attends, pourtant je ne parviens pas à calmer les palpitations qui agitent mon cœur. J’entends au loin une musique s’élever, guillerette, joyeuse, comme si elle faisait écho à mon cœur qui tout juste se relève. Mon père, mon frère, l’homme qui devait être mon époux. Tous sont morts depuis un an à présent. Peut-être n’est-ce pas si égoïste de tourner la page. Leur souvenir restera gravé et chéri dans mon cœur, mais peut-être puis-je prendre le droit de vivre moi aussi.

Mes yeux s’élèvent vers le ciel et je vois les dernières lueurs du jour s’éteindre pour laisser place à l’empyrée. Bien, les étoiles ont toujours été les contemplatrices silencieuses de mes plus précieux instants. Il semble juste qu’elles assistent aussi à ce renouveau. Je suis et resterais toujours Charis Kel Asheara, Princesse de mon clan. Mais pour cette nuit, je ne serai que Charis, simplement Charis, pour le meilleur et pour le pire.

Les odeurs qui caressent mes narines me font accélérer, mon pas tentant de rattraper la promesse de ces mets délicieux qui m’attendent, le grondement de mon ventre me rappelant que je n’ai rien mangé depuis une année entière. Pourtant je ralenti légèrement lorsque mes pas effleurent ce sol si étrange qui semble fait d’or. Je reste un instant étonnée, est-ce là l’œuvre des titans ? Peut-être, toujours est-il que c’est exquis, comme ce bout de tarte que j’ai récupéré à l’envolée sous le clin d’œil d’un serviteur. Je m’empresse de lui sourire avant de poursuivre, rougissante, mon chemin. Je vois beaucoup de tête, mais aucune de réellement connue, simplement quelques êtres croisés sur mon chemin, jusqu’à ce que mes pas me mènent à côté du feu. Inconsciemment, sans y avoir réellement songé. C’est pourtant là que je trouve Zaria, accompagnée de Belliand et d’une autre femme. Je m’approche d’eux, le visage radieux, souriant. Mes yeux bleus pétillent de joie de les revoir bel et bien vivant, et je leur dis.

- Et bien, une année ne vous a pas tant changé, très chers. Voilà que je passe un an ensommeillée pour vous retrouver assis à côté du feu dans ce lieu mystique.

Le sourire que je leur adresse chasse tout le sérieux de mes paroles alors que je serre Zaria dans mes bras et incline profondément la tête à l’égard de Belliand. Mes yeux recherchent alors Ezereb, Marthis et Kerem. C'est sans grande surprise que je les retrouve aux côtés des troubadours à alimenter de musique ce lieu étonnant. Je leur adresse un grand signe de bras ainsi qu'un grand sourire.

J’ai les larmes aux yeux de les voir ainsi, tous. Mes yeux se tournent de nouveau vers Zaria et Belliand.

- Comment vas-tu, Zaria ? Et vous, Belliand, qu'êtes vous devenu après Messaliah ? Et nos amis à écaille ?

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Lun 10 Oct 2016 11:17 
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Une petite pique. Quoi d'étonnant ? Il s'agit de Karz. De mon ami. C'est ce qu'il le définit. Il me rend le sourire, la joie de vivre, le fait qu'il soit en vie me permet de supporter toutes les morts.

"Les demoiselles adorent les hommes sensibles. Mais j'ignore ce qu'elles pensent des tas de ferrailles."


Lui-dis je en riant tandis que je relâche mon étreinte. Il me fixe en souriant et je fais de même, m'habituant à son nouveau visage jusqu'à ce qu'il déclare qu'il est temps de boire et de retrouver ceux que nous voulons.

"T'as raison, ça commence à faire quand même un peu homo, je veux voir comment va Fin', je l'ai quitté précipitamment ! "

Nous nous dirigeons vers la sortie, descendant des escaliers encore et encore. Réhabituant peu à peu mon corps à se déplacer.

Nous parvenons enfin à l'extérieur et je ne peux pas m'empêcher de pousser un cri contemplatif. C'est si magnifique, je retrouve le bonheur de découvrir un paysage étonnant, merveilleux, sans la crainte de le voir détruit ni l'inquiétude de savoir qu'une armée approche. Nous venions de sortir d'une immense structure perché au sommet d'un piton rocheux me rappelant le palais de Nagorin, en contrebas malgré l'heure tardive, les reflets de la couleur dorée du sol me fait briller les yeux.

Nous traversons un pont suspendu menant à un second piton puis nous suivons un chemin qui nous mène vers la plaine d'or, guidés par une musique entrainante, les lueurs des feux de joie et les odeurs de plats qui d'ici paraissent exquis et variés.

Enfin nous sommes sur le sol dorée et ce qui se passe alors est sur le point de me faire pleurer encore, mes yeux deviennent humides mais je parviens à ne pas fondre en larmes. Je souris. Je ris même.

Un banquet où tous se mêlent, visages connus et inconnus, discutant, buvant, riant.

Mais tous s'arrêtent quand nous arrivons en bas, suivis de près par tous les autres. Un court silence s'installe alors que les regards se tournent vers nous.

Et le silence se brise, il fait place aux applaudissements, aux acclamations.

Je pose une main sur mon cœur, saluant de l'autre. Ému, plus que je ne l'ai jamais été.

Mon regard est attiré vers quelque chose un peu à l'écart des tables. Surveillé par la première personne que j'ai vu en arrivant sur Aliaénon, la belle samouraï Katsuya. Des statues, des statues de nous, immortalisés dans la pierre et l'or. Je repère rapidement la mienne; bras levés, poings fermés. Mine rageuse, combative, un visage de guerrier. Autour de mon effigie, des morceaux d'or explosés. Je reconnais sans peine l'horreur noire que j'ai explosé en morceau à Ouesseort. Je tourne la tête vers Simaya, la seule qui a pu raconter cette histoire. J'incline la tête pour la remercier et la saluer, chose que je n'avais pas encore fait depuis mon réveil.

Je me tourne à nouveau vers les statues pour m'observer encore. Impossible de ne pas en tirer une certaine fierté malgré les moments surmontés. Je la détaille de la tête aux pieds pour finalement apercevoir l'écriteau en or où est gravé mon nom. Xël. Le clodo qui est devenu un héros.

"De clodo en héro." Chuchotais-je en chantonnant un air venu de nulle part.

Cette aventure m'avait permis de mieux me connaitre, elle a révélé la magie qui se cachait au fond de moi. Mais aussi à me montrer des sentiments, des émotions que je ne connaissais pas, que je ne suspectais pas ou pas aussi fort. La détermination, la volonté, le courage. Autant d'émotions qu'on pouvaient lire sur le visage de la statue. Ainsi que la colère, la rage, la haine.

Je pose une main sur mon ventre, sentant encore la boule chaude qui a explosé contre Naral un peu plus tôt. Naral... Je me tourne vers lui, l'apercevant minauder avec de jeunes demoiselles.

Je sens encore mon ventre réagir, mes sourcils se froncer. Pourtant...

Karz me tire de ma réflexion, me disant de le rejoindre avant le voir se précipiter vers une table et ceux vers qui il se dirige.

Je lui emboite le pas en courant, riant de joie et de soulagement, oubliant tout le reste. Je saute sur Fin' le prenant de mes bras.

"Mec ! Je suis si content de te voir en vie !"


Je le libère et lui met une tape amicale dans l'épaule. Je me tourne ensuite vers les autres personnes autour. Arthès, le mec au chapeau, je le serre lui aussi dans mes bras, plus brièvement mais tout aussi heureux de le revoir. Puis il y a la mage aux cheveux fuchsia. Je n'ai pas eu l'occasion de vraiment la connaitre mais je me souviens qu'elle m'a sauvé la vie à Esseroth alors que j'étais trop faible pour marcher. Je lui souris et la prends elle aussi dans mes bras.

"Content de vous revoir aussi !" Dis-je en riant.

Je me tourne ensuite vers les deux autres personne en compagnie des Esserothien. Un capitaine de Fan-Ming que je salue militairement en souriant avant de lui serrer la main et un autre homme, jamais vu, un homme âgé aux cheveux longs malgré la calvitie qui mangeait la moitié de son crâne. Il dégageait l'aura d'un combattant, d'un chef. Lui aussi je lui serre la main en souriant tout en me presentant aux deux hommes.

"Salut ! Nous n'avons pas eu l'occasion de nous rencontrer, je m'appelle Xël."


Puis je m'assois aux cotés de mes amis Esserothiens alors que Karz leur demande des nouvelles et propose son aide tout en me tendant une chope

"Pareil ! Si y a besoin de nous on sera ravie de filer un coup de main !"

C'est vrai je suis sincère même si j'ai envie de retrouver Kendra Kar et mes proches. Les Esserothiens méritent notre aide et ca me ferait plaisir de le faire.

Je lève mon verre avant de déguster son contenu.

Ma place me permet de jeter un œil sur les festivités. Je vois les gens visiblement de cités différentes se rassembler, d'autres les joindre. J'aperçois Tsukiki à qui j'adresse un signe de tête avant de brièvement lever ma chope vers lui. J'aperçois Alistair se diriger vers les statues, Simaya et Triman rejoindre la pretresse Ouessienne puis mon regard tombe à nouveau sur Naral.

Peut-être que je me suis emporté. En regardant autour de moi je m'en rends compte maintenant. Les gens sont en paix, soudés. Ce n'était pas le cas avant. Bien sûr je ne peux pas pardonner les vies qu'il a prise mais...

Je pousse un souffle par le nez avant de prendre une chope vide pour la remplir et me lever, adressant quelques mots à ma table.

"Je reviens tout de suite..."


Puis je m'éloigne avec mes deux chopes en direction du séducteur aux cheveux violets, je l'approche encore jusqu'à arriver devant lui et les dames qui l'accompagnent. Je leurs adresse un sourire poli avant de plonger mon regard dans celui du dragon.

"Salut. Je tenais à ...enfin, je viens m'excuser."

Commençais-je un peu gêné. Il n'est jamais facile d'admettre qu'on a été un peu con.

"Je ne te pardonne pas pour les vies que tu as prises, soyons d'accord. Mais..."

Je désigne d'un mouvement de bras la fête en prenant soin de ne pas renverser de bière.

"Visiblement les choses vont beaucoup mieux ici alors... J'imagine que ça valait le coup de tous nous tromper pour défaire un usurpateur. Donc je m'excuse de t'avoir dit d'aller te faire foutre."

Je lui tends alors la chope pleine.

"Alors on a qu'a faire la paix, trinquer et profiter de la fête et de ceux et celles qui s'y trouvent."


J'adresse à nouveau un sourire aux demoiselles et à nouveau je plonge mon regard dans les pupilles mauves de Naral d'un air déterminé.

"Si à l'avenir nous nous rencontrons dans des circonstances semblables... Bonnes raisons ou non... Je ne te laisserais pas prendre des vies sans rien faire. "

Je conclue en souriant.

"Je vais travailler ma beigne venteuse pour ça."

Puis, respectueusement, je lève ma chope pour trinquer, ajoutant encore:

"Et si tu pouvais remercier tes semblables de nous avoir sauver la vie, je t'en serais reconnaissant."


Je lui adresse un dernier sourire, un dernier regard aux demoiselles et quand il m'aura répondu et accepter de trinquer ou non je retournerais auprès de Karz et des Esserothien pour profiter du moment.

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 Sujet du message: Re: Epilogue : La Fête.
MessagePosté: Lun 10 Oct 2016 13:16 
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La fête.

    Simaya toisa Sirat avec un léger sourire flottant sur ses lèvres. Décidément, elle souriait bien plus depuis peu que durant cette crise majeure qu’avait vécue Aliaénon. Elle accepta le verre qu’il lui tendit, et répondit à sa remarque.

    « L’on dit que la nuit porte conseil. Ce long sommeil vous aura au moins remis la tête sur les épaules, et laissé de côté vos envies de chaos. Vous semblez même prendre ce dénouement plus sagement que quelques autres des vôtres. »

    Les deux Ouessiens saluèrent l’humoran en silence, et l’elfe le salua de la tête, se présentant à son tour.

    « Kithra, fille d’Ejude et Reine des elfes de Jollarsyth depuis que mon père a rejoint le Conseil. »

    Elle avait ce port altier et ce ton hautain si particulier aux elfes de sang pur.

    Faseilh accueillit les propos d’Endar avec sagesse, sans pour autant lui répondre, clignant simplement des yeux pour marquer ses remerciements tacites. Les regards des géants furent irrémédiablement attirés, ensuite, sur la magie dont il fit preuve pour former un anneau de l’or tiré de la plaine. Lorsqu’il le tendit à Mielon, celle-ci rougit davantage encore, mais l’accepta de bonne grâce, et l’enfila à l’un de ses doigts, murmurant, conquise :

    « Merci. Je le porterai en ton souvenir, jusqu’à l’heure de ton retour. »

    La scène était touchante, mais presque curieuse aussi, avec cette grande dame, bien plus haut perché que le shaakt, quoique plus petite que ses géants de concitoyens. Ceux-ci se mirent une nouvelle fois à rire de bon cœur face à cette déclaration, et trinquèrent joyeusement en l’honneur d’Endar, et de son retour futur sur Aliaénon. Car ils semblaient l’espérer.

    Les trois esserothéens accueillirent l’arrivée de Karz avec des accolades auxquelles il ne put se soustraire. C’est Arthès qui répondit pour le trio, digne représentant des survivants de sa cité.

    « C’est un plaisir de te revoir, ami. Nous avons appris ce qui t’était arrivé, et Simaya a reconnu en tes bras la marque terrible d’Orsan. Esseroth se reconstruit petit à petit, depuis un an. Nous avons ouvert les portes de la cité à tous ceux qui voulaient y vivre, créant une communauté plus hétéroclite que jamais auparavant sur Aliaénon. Cela sied bien à notre état d’esprit. Les nouveaux résidents, quelle que soit leur origine, même les garzoks de l’armée de Vallel, nous aident à tout reconstruire. Ils développent tous, petit à petit, les mêmes pouvoirs qui formait notre spécificité. La cité semble agir positivement sur eux, comme si plus que de naissance, ce pouvoir pouvait être acquis en vivant en nos murs. Egregor et moi prenons soin d’eux, qui qu’ils soient. Une ouverture que nous espérons inspirer à toutes les autres cités touchées par la guerre qui nous a frappés voici un an. Mais les habitudes ont la vie dure, ailleurs qu’à Esseroth. Aussi, nous n’avons pas besoin de ton aide pour reconstruire, Karz, défenseur de cités. Mais ta place est à toujours réservée à nos côtés, et tes visites futures nous feront le plus grand plaisir. »

    Ils trinquèrent alors tous dans les verres proposés par l’humain modifié, joyeusement. Même Finarfin semblait avoir acquis un peu plus de corps. Comme si en un an, il avait fini par s’éveiller de sa longue rêverie. Lorsque Xël l’aborda, il se laissa saisir et y joignit même le mouvement retour, souriant malicieusement. Le capitaine de Fan-Ming se présenta à Xël :

    « Je suis Hirotoshi, nouvel esserothéen, retraité de l’armée de Fan-Ming, où je dirigeais la compagnie Omega. Et mon compagnon que voici est Astidenix, autrefois puissant gouverneur d’Andel’Ys, et aujourd’hui général des armées pâles unifiées. »

    Naral, lorsque le mage de vent alla le trouver, eut un sourire surpris à son encontre, et écouta sans rien dire ce que ce dernier avait à lui dire. Lorsqu’enfin ce fut son tour de répondre, il se toucha la mâchoire, et répondit d’un ton un peu provocateur :

    « Ainsi c’est de toi qu’elle venait ! Tu me la paieras, un jour, sois en sûr. Hihihi. »

    Plus une boutade qu’une menace, en vérité, puisqu’il trinqua avec le mage de bon gré. Il conclut en parlant de ses « collègues » dragons.

    « Ils sont loin, désormais. Mais s’il m’est loisible d’en recroiser un jour, je leur dirai. »

    Thensoor accorda Loona à Alistair sans demander son reste. Celle-ci, face au discours plein d’honnêteté de l’assassin, resta muette et interdite. Son visage, à la fois outré et triste, se mura dans une distance immense, alors qu’elle détournait le regard. Elle resta ainsi silencieuse un long moment, avant de relever son regard vers l’humain, posant une main sur son avant-bras. D’une voix sincère, quoique tremblante, elle annonça sa réponse :

    « Je veux être celle qui te changera, qui refera de toi l’homme que tu désires être. Avant de te rencontrer, je n’étais personne. Une survivante parmi les autres, anonyme, reculée. Qu’importent tes intentions d’alors, si odieuses étaient-elles, tu m’as menée sur le devant de la scène, et grâce à toi j’ai pu jouer un rôle dans cette page de notre histoire. Ainsi, je refuse d’accéder à ta proposition : il est hors de question que je te laisse repartir chez toi avec la seule promesse de m’emmener plus tard. C’est avec moi que tu partiras, Alistair, et c’est moi qui t’en formule la demande. »

    Son ton n’était pas pourtant celui d’une amante éperdue, chose qu’elle précisa alors.

    « Puisque tout était faux, peut-être qu’alors, tu me montreras celui que tu veux devenir. Et peut-être qu’alors, tu pourras gagner mon cœur… Et ma couche. »

    Elle avait prononcé ces trois derniers mots avec un sourire mutin, bien que son regard restait sombre et sérieux.

    Les D’Omble et la Reine Pâle acquiescèrent les choix de Kiyoheïki en matière de viande. Talia précisa même sa provenance :

    « Les archers de Diasgo en ont ramené trois pour le buffet, de ces dangereuses créatures. Il n’y a qu’eux pour connaître si bien la forêt d’Emeraude et les nombreuses créatures qui y vivent. »

    Khar’Tal, à la question de l’ynorien sur les possibilités de boisson, quitta un instant son air nostalgique pour répondre :

    « Ma fibre patriotique serait malvenue de ne pas vous conseiller la bière d’Andel’Ys ou le vin des coteaux d’Arothiir, mais vous trouverez sans doute le Cidre doux de Jollarsyth bien meilleur, ainsi que leur absinthe verte. Les elfes manient plantes et fruits comme pas deux. Vous ne partirez cependant pas avant d’avoir goûté la liqueur de sureau de Treeof, mise en bouteille par mon grand-père en personne, et dont j’ai déjà par trop abusé ce soir. »

    Ça expliquait sans doute son air un peu las et tristounet. Talia rebondit plus positivement sur les interrogations de Kiyoheïki :

    « Il y a tant à dire sur mon peuple, qu’une soirée ne suffirait pas pour effleurer la surface de tout ce qu’il y a à savoir. Que voulez-vous savoir, Kiyo-sama ? »

    Une appellation toute ynorienne, s’il en était. La belle Talia avait-elle pris quelques cours du patois d’Oranan ? C’est avec déférence, en tout cas, qu’elle proposait de se faire, une fois de plus, la conteuse à son égard, interrompue, peut-être, par l’intervention d’une panthère noire bipède envieuse de se joindre à leur compagnie.

    Zaria et Belliand accueillirent Charis avec chaleur lors de son arrivée près d’eux. La danseuse de flammes prend la parole en premier pour répondre à l’enchanteresse.

    « Je me porte mieux que jamais. Succédant à Ibn Al’Sabbar, désormais Conseiller à la Tour d’Or, Ayoub El’Haris a pris la tête du Nouveau Conseil des Cadi Yangin, et je le seconde dans sa tâche, et il m’apprend tout ce dont ces années d’obscurantisme m’ont privé. Les Sorciers de Neo-Messaliah se radicalisent et s’isolent de plus en plus de notre peuple, restant enfermés dans leur tour. Quant à nous, nous avons rejoint Methbe-El, mêlés à notre peuple désormais, sans qu’aucune distinction ne soit plus faite entre nous tous. »

    Belliand prit à son tour la parole.

    « Mes amis les hommes-lézards ont quitté Messaliah. Il y a de trop sombres secrets enfouis là-bas, qui méritent encore d’être découverts. Ils ont été acceptés dans la communauté de Methbe-El, et y vivent désormais une vie plus confortable que ce à quoi ils ont été habitués. Quant à moi, après une année passée à leur côté, dans la cité du Désert, je pense retourner vers les miens, à Nagorin, pour leur rapporter mes nombreuses découvertes. Et repartir, ensuite, qui sait, pour de nouvelles aventures parmi ce monde si vaste. »

    Ezereb, Marthis et Kerem, aant aperçu Charis, se rapprochèrent de ce petit groupe pour venir la saluer. Silencieusement, ils approchèrent, sourire aux lèvres. Une infinie tendresse s’échappait des yeux de Marthis, et de la fierté perlait dans le regard d’Ezereb. Kerem, lui, pour ne pas changer, semblait dans un état second, pupilles dilatées. Il l’avait finalement eue, sa dose de Thiir. Le chef de la troupe s’avança, et après s’être éclairci la voix, tendit à Charis un présent.

    « Pour toi, grande dame du désert, afin que jamais tu n’oublies la musique dans nos cœurs. Un Oud, mon premier instrument. Puisses-tu en apprendre les détours et revenir vers nous te mêler à nos mélodies. »

    L’instrument était finement décoré. Un présent précieux, et symbolique, s’il en était.

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