Les portes du palaisIl refuse. Ca commence bien. D'un autre côté, il fait son boulot, je ne peux pas lui en vouloir. Je recule donc et attend patiemment que l'on nous autorise à entrer. Derrière moi, la foule augmente de minute en minute, et j'aperçois même quelques personnes qui semblent plus aventurières que la moyenne.
Et soudain, un bruit, une odeur, un brouhaha attire mon oreille. Je tourne les yeux vers la foule mais rien de visible ne m’apparaît. Quoique, un mouvement, et ces voix à la fois vulgaires et emplies d'alcool. Peu de personnes peuvent avoir une telle voix, mais il faut attendre qu'elles sortent de la marée humaine pour que mon intuition soit confirmée.
Des nains, couverts de crasses, beuglant sans retenue au devant des portes du palais. Je soupire et détourne le regard, essayant de faire fi de leur présence, même si, comme à leur habitude, ces petits êtres prennent bien plus de place qu'ils ne devraient.
L'attente s'arrête bien vite, alors que le palais s'ouvre devant nous, laissant sortir les supérieurs que le garde m'avait dit attendre. Et pas n'importe lesquels, qui plus est. Un lèche botte et sa soeur, voilà ce qui va nous diriger. Je ne les apprécie pas beaucoup eux deux, ils sont pour moi l'exemple même de la faiblesse de l'armée Kendrane.
J'écoute à peine Cassius se présenter et présenter le sergent Aeden, m’intéressant plutôt au troisième homme, apparemment moins habitué à ce genre de scène que ses deux collègues. Gaël de Montarban, sergent et chef de l'unité spéciale. Ca promet. Il faudra que j'en apprenne un peu plus sur lui, peut être mon père le connait-il ?
Cassius ne nous laisse pas un instant et nous invite à le suivre dans le palais, saluant tous les gardes au passage. Je soupire à nouveau. Est-on vraiment obligé d'assister à ce protocole d'une lourdeur sans nom et d'un intérêt clairement limité ? Un simple salue militaire en passant aurait amplement suffit... Le sergent Aeden semble, pour une fois, penser la même chose que moi et reprend son frère en lui faisant remarqué que le Roi nous attend. Ainsi donc, c'est le Roi lui même qui va nous mettre au courant du pourquoi de ses inquiétudes.
Et nous voici arrivé dans la salle du trône. Je connais le Roi, sans lui avoir jamais parlé pour autant, mais n'étais jamais entré dans sa salle du trône. La multitude de gardes armés d’arbalètes près à tirer au moindre mouvement suspect est impressionnante. Je jette un rapide coup d’œil à ceux qui m'accompagnent. Deux nains crasseux, une jeune mage, à priori, à l'air impassible, une jolie guerrière, un aristocrate et un... pirate ? Je suis la première à dire que l'armée est emplie d'incapables, mais là, la moitié du groupe ne semble même pas taillée pour se battre convenablement...
La voix du Roi me coupe dans mes pensées, et je l'écoute, immobile, sérieuse. Il parle peu mais est direct, et commence son monologue par une critique de ses propres hommes. Il n'est pas mal, ce Roi.
Il faudrait que je parvienne à discuter avec lui, un jour.
Il parle de deux problèmes.
"Depuis quelques temps, vous l'avez vu, des aurores boréales sont descendues jusqu'à nos latitudes."N'a-t-il pas des scientifiques, des prêtres et une tripoté de têtes pensantes prêtes à travailler jour et nuit pour lui apporter sa réponse ? Surtout pour "rassurer le peuple" comme il dit. Si ses propres hommes n'ont pas trouvé la réponse, je ne vois pas en quoi des aventuriers et des combattants le pourrait.
" Le deuxième problème vient des aldrydes. Elles semblent prises de folie..."Les Aldrydes ? Qu'en ais-je à faire des Aldrydes ? Il n'a qu'à envoyé des soldats sécuriser les routes, pas besoin d'aventurier pour ça...
Il termine en laissant la discussion ouverte, nous laissant poser des questions si on le souhaite.
Je soupire une nouvelle fois. Je n'est rien à faire là, mais... Ce message, il ne peut pas être anodin. Il faut que je continue et je verrais. Au pire, je pourrais toujours partir et abandonner si ça ne m'apporte rien.
De toute façon, je n'ai aucune envie d'aller crapahuter à Buhen simplement pour une question d'Aldryde, je pense donc que je vais rester ici. Je pourrais en profiter pour parler au Roi, et avec un peu de chance, je n'aurais pas à me coltiner Cassius.
Sans surprise, les premiers à s'exprimer sont les nains, bruyamment, et sans la moindre once de respect pour la royauté, ni pour nous qui sommes avec eux. Ils se disent fiers Mertariens. J'ai peur de voir leurs rebus, dans ce cas...
"Ahem. Et qu'est-ce qu'on peut attendre comme récompense, m'sieur ? J'veux dire, votre altesse."Il n'y a pas que des rustres, finalement. Le pirate a parlé, comme l'aventurier qu'il semble être. Un autre homme, apparemment pourvu d'un cerveau plus développé que la moyenne dans cette pièce, lance une requête diplomatique, préférant éviter les potentiels problèmes liés à la présence de deux nains tapageurs lors des discussion avec les Aldrydes.
Demande fondée à mon sens. Je n'aime pas trop les diplomates en général, mais je dois admettre que parfois, un homme avec leurs qualités n'est pas peu utile. La guerrière enchérit.
« Pour ma part, j’offre mes talents de combattante. Je désire également me rendre à Bouhen afin de neutraliser les aldrydes prises de folie et protéger les gens qui empruntent ces routes. »Il va me falloir choisir. Je vais rester à Kendrà-Kar, ça me semble le plus simple pour le moment. J'aviserai par la suite. D'autant qu’apparemment, la plupart des personnes présentes veulent aller embêter les Aldrydes. Tant mieux, ça fera moins de gêneurs.
"Votre Altesse. Pour ma part, je pense m'en aller me renseigner en ville au sujet de ces aurores boréales. J'ai quelques idées de personnes qui pourrait m'y aider."Je ne comprends toujours pas pourquoi le Roi a besoin d'aventuriers pour cette tâche, mais peut être le saurais-je plus tard.
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Le discours du Roi - II