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 Sujet du message: Les habitations
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 12:09 
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Les habitations


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De grandes bâtisses qui se serrent les unes contre les autres, avec leurs jardins et parcs respectifs bien délimités. Des maisons de famille vétustes, richement décorées. A certains endroits de la ville, on trouve des quartiers pauvres où les bâtiments sont délabrés, mais la majorité des résidents vit dans de riches villas, ou de grandes masures.
Ici, vous êtes chez vous.

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Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 28 Nov 2008 22:06 
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Heureusement pour moi, il n'habitait pas à des heures de marche du port. Il nous guida vers un quartier adjacent à ce dernier, peu apprécié des riches Oraniens. Je le suivis sans dire un mot, serrant mes doigts autour des siens en restant quelques centimètres en arrière.
De temps à autre, il m'observait par-dessus son épaule et je lui rendais son regard accompagné d'un sourire se voulant confiant et amical. J'avais le sentiment de capter et m'adapter assez facilement à son comportement, mais il semblait intrigué par quelque chose. Aucun de ses gestes envers moi ne laissaient à penser qu'il se méfiait, mais il était pensif, très pensif.

Nous entrâmes dans un immeuble modeste. Les vieux murs nus et poussiéreux me rappelaient ceux des maisons de mon enfance, le genre de bâtisse qui nous dit en y rentrant : fis-toi à ce que tu vois petite, et n'imagines pas vivre une belle vie en mon sein.
On imagine mal un lieu plus vide de sens que mes vieux orphelinats, et pourtant, en entrant dans son appartement j'eus l'impression de tomber dans un abysse de solitude.

La pièce était petite, les volets et fenêtres fermés pour la nuit mais on se doutait à l'odeur qu'ils n'étaient que rarement ouvert. Le lit l'était plus de nom que d'apparence, le matelas était affaissé de telle sorte qu'on ne pouvait s'imaginer autre position que celle propice au sommeil. On apercevait une cantine où les habits étaient rangés, mais correctement. Une chaise en bois dont le siège était abîmé par l'usure, mais aucune table ou bureau n'était visible.
Tout était terne, il n'y avait aucun caractère dans l'ensemble … Je m'imaginai qu'un prisonnier aurait mieux réussit à personnaliser sa cellule.

Je le sentis bouger derrière moi, s'attendait-il à une réaction de ma part ? Un mot, ou plutôt une question vu l'état de son lieu de "vie". Mais, une fois n'est pas coutume, je ne trouvais rien à dire. En arrivant ici, je n'avais aucun a priori particulier sur l'endroit où il vivait, mais on s'attend toujours à un quelque chose, à n'importe quoi … pas à Rien. Et il restait là, silencieux et immobile, je l'entendais respirer et sentais son souffle à la base de ma nuque. C'en était presque enivrant si la scène n'était pas si risible. Pour échapper au silence gênant qui s'installait, je me forçai au moins à me tourner vers lui. Je m'adaptai plus facilement à un regard, un geste, une impression, qu'à la nostalgie quasi morbide qui m'habitait en pensant à l'endroit où il vivait chaque jour.

Le travail fut on ne peut plus simple. En me retournant, je perçus un léger mouvement de fuite dans son regard, cherchant à dissimuler l'intérêt qu'il portait, la seconde avant, aux rondeurs de mon buste. Je lui souris avec un brin de malice, lui indiquant par une moue appropriée qu'il n'avait pas à détourner les yeux.
Il ne me sembla pas beaucoup plus serein pour autant. Nous tournions en rond, il restait comme un enfant fautif et moi je ne trouvais rien à dire. Tout ça était indigne de moi, depuis quand une situation arrivait à me faire perdre pied, bon sang, on avait l'air de deux gamins à leur premier rendez-vous. Et ça n'avait rien de charmant ou de mignon !

- Tu as de quoi soigner mon épaule ? Demandai-je en suivant une intuition.
Je fis mouche, mon instinct n'était pas rouillé, et il ne fallait pas un miracle à mon compagnon pour se sortir de sa léthargie. Il hésita une seconde, sans doute le temps de retrouver la place des choses, puis partit dans la pièce adjacente.

Je ne tenais debout que grâce à l'adrénaline, et je sentais cette dernière doucement filer à mesure que l'ambiance se détendait. Il était clair que le moment des explications allait pointer le bout de son nez, mais j'étais sereine. Je savais ce que j'avais à lui dire et n'avais pas l'intention de me laisser prendre au dépourvu par une question embarrassante, il allait falloir jouer de ruse, de modération et d'une pointe de malice.


Il m'amena dans la pièce à coté où je m'assis confortablement, les fesses sur les talons et les mains posées à plat sur mes cuisses. Je l'observais du coin de l'œil pendant qu'il s'appliquait à soigner mon épaule dont la douleur était nettement moins mordante qu'il y a une heure encore.
L'idée de devoir me montrer avec un bleu énorme pendant plusieurs jours ne me plaisait pas beaucoup, et même soignées correctement, les vilaines égratignures ne seraient pas du meilleur ton avec l'exigence requise pour une fille de la Maison.
Ainsi, autant voir le coté positif à toute chose, je n'étais plus obligée de mélanger mon travail et ma mission. Grâce à cette blessure, c'était négociable.

Je chassai ce détail de mon esprit et me concentrai sur mon compagnon qui n'avait pas cessé de s'occuper de moi. Ses gestes étaient pour le moins précis en matière de soins, il n'agissait pas avec la douceur de celui qui aurait eu peur de faire mal, mais avec l'assurance de quelqu'un qui connaissait les blessures. J'osai un regard par dessus mon épaule et découvris un visage sérieux au possible, aussi imperturbable qu'un archer attendant le moment propice pour tirer une flèche parfaite. Assise à ne rien faire, je m'imaginai ce silence de plomb sur un champ de bataille, avant qu'un cri ne surgisse à l'avant et que les hommes ne chargent, armes aux poings.

Soudain, me sortant de ma rêverie, je sentis Arakasi changer d'attitude et hésiter, son geste ralentit et sa main flottait en l'air, comme en apesanteur.
Et puis quoi encore, le laisser prendre la place de celui qui décide du début de la bataille ! Que non !

- J'ai été envoyée par l'organisation qui t'a contacté. Ils pensent que tu as besoin de cours particuliers …
Je relevai vers lui un visage scintillant de malice mais chaleureux, ne lui laissant d'autres choix possible que de rester coi et septique.
- Bien sur que non pas pour ça … voyons. Dis-je en gardant mon sourire taquin.
Plus sérieusement.
- Oui, j'aimerais autant
- Keyoke pense que tu as la discrétion d'un dragon, et m'a demandé si je pouvais t'apprendre deux trois choses.
- Pourquoi toi ?
- Parce que je ne fais pas partie de l'armée, qu'il te faut apprendre l'instinct. Vos règles sont trop strictes pour la voie que tu as choisie.
- Ça se tient.
Il fronça les sourcils et je gardai le silence pour ne pas couper le fil de ses pensées. J'aurais aimé devenir l'une d'elles pour remonter à la source, voir comment un jeune homme comme lui pouvait assimiler et accepter tout ce que l'organisation lui demandait.

- Et ce soir ? Pourquoi tout ça, et tous ces risques. Tu n'es pas vraiment douée question combat.

(Non mais oh !! j'suis pas si nulle)

- Il a toujours aimé faire dans le théâtrale, il voulait que je te teste et …
- Non, ce que je veux que tu me dises, c'est pourquoi tu as accepté de prendre autant de risques.
- J'aime ça.
- Au point de risquer ta vie … pour un boulot.
- Je ne travaille pas pour eux. Tranchant d'un coup sec toute la cordialité précédente.
Je pense avoir le droit de faire ce que je veux de ma vie. Et je ne suis pas la seule à accepter cet état de fait, n'est-ce pas ? …
Je fis allusion, peu subtilement, aux nombreuses exigences qui prévalaient dans le contrat à signer, avant de faire parti de l'organisation. C'était cependant plus un contrat moral qu'un papier signé par les deux parties. J'en connaissais les grandes lignes, et savais que le choix n'était pas simple. Entre autre celui de mettre sa vie au service d'un ordre dont on ne savait, au final, que peu de choses. On remettait vite en équilibre son sens du devoir, son patriotisme et l'idée que l'on se fait de notre libre arbitre.
- Je ne pensais pas qu'ils étaient si connus.
- Ce n'ait pas le cas. J'ai un statut particulier. Ils sont nombreux, sans doute même plus que je le soupçonne. Il est même possible que ceux travaillant pour eux ne sachent pas exactement pour qui ils le font.
- Pourquoi m'en dire autant ?
- Si Keyoke s'intéresse à toi, c'est que tu es doué, que tu feras de grandes choses. Si, bien sur, tu décides de les suivre jusqu'au bout.
- Il ne m'était pas venu à l'esprit qu'une fois embarqué, on pouvait penser à un revirement
- Chaque choix a droit à son lot de conditions.

Je relevai les yeux vers lui en en l'entendant pas répondre et découvris un visage fermé, les yeux dans le vague et le front plissé de quelqu'un perdu dans ses pensées. Il prenait tout cela visiblement très au sérieux, mais à réfléchir avec soi même, trouve-t-on toujours les meilleurs arguments du pour ou du contre ? Il apprendrait, possèderait et vivrait des choses inconcevable dans une vie d'homme ordinaire. Mais il devra faire le sacrifice de ce dont monsieur tout le monde tient pour acquis, sa vie et sa liberté. Était-il déjà au courant, devais-je lui faire part de mon avis sur ce point ?

(Il m'a l'air de quelqu'un de lucide, pourquoi se mêler de sa vie !)

Ce qui était troublant pour moi, c'était de voir une sorte de miroir déformant avec mon état quelques années auparavant, lorsque je pesai moi aussi le pour et le contre d'une telle décision. Tout ce cheminement de ce à quoi on croyait ou pensait croire, de savoir ce qu'on allait perdre alors qu'on imaginait pas l'extravagance de ce qu'on allait gagner, jusqu'au moment où on commençait à se méfier des motivations de ceux qu'on ….

(Aha, le v'là)

- Non !
- Hmm? Qu'est-ce que tu as dis ?
- La réponse à ta question
- Je n'ai pas …
Nos regards se croisèrent, sans doute plus parlant qu'un millier de mots.
- Ok, d'accord. Et comment tu savais ce que j'allais demander
- J'ai posé la même question.
- Si tu n'es pas là pour m'espionner ou pour me convaincre, pourquoi alors ?
- Pour t'aider, et sûrement pas en ce qui concerne ta réponse finale.

Je me levai en prenant soin de laisser glisser un peu plus la manche de mon uniforme. Nous étions trop fatigués pour entamer ce genre de conversation et je savais qu'il n'était pas de service aujourd'hui, et les jours qui viendraient non plus. Il ne tarderait sans doute pas à comprendre que ce congé exceptionnel n'était pas étranger à l'organisation.
Machinalement, il essaya de remonter le tissu le long de mon bras mais je l'en empêchai en attrapant sa main pour la maintenir dans son dos.
Il eut un mouvement de recul mais son visage s'apaisa en croisant mon regard. Je posai une main sur sa joue et le guida vers moi tandis que je m'élevai sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Un baiser qui n'avait rien à voir avec l'amusement de notre rencontre à la Maison Rouge.

- Est-ce là l'apprentissage courant que vous offrez à vos candidats ?
- C'est un bonus, et tout le monde n'y a pas droit.

Il libéra sa main de la mienne et la reposa sur mon bras, mais cette fois le mouvement était différent, et ne laissait aucun doute sur la suite.

- Je vais t'apprendre à devenir une ombre, mais en échange, je veux que tu m'apprennes à me battre.

Il avait défait les liens de l'uniforme et dégageait l'autre épaule, dévoilant un peu plus des formes qu'il guettait lorsque nous étions entrés. Je le laissai faire, choisir son propre rythme et prendre les devants, lui donnant l'occasion de dominer l'entrevue.
Il acquiesça d'un simple signe de la tête, visiblement déjà très absorbé par d'autres envies. J'attrapai le bas de sa chemise et la remontai le long de son corps, l'obligeant à lever les bras et quitter la chaleur de ma poitrine qu'il venait à peine de découvrir. Je l'entendis râler doucement sous la couche de vêtement qui lui passait devant le visage, puis découvris un petit sourire carnassier qui me fit frissonner de désir.
Lorsqu'il me prit dans ses bras et m'embrassa avec une tendresse inattendue, je sentis toute la pression quitter mon corps et mes dernières forces avec. Il me souleva, me donnant encore cette impression d'être un fétu de paille entre ses bras puissants, et je l'entourai de mes jambes tandis que nos bouches ne se quittaient plus. Il tournait sur lui-même et souriait comme un enfant à qui l'on venait de faire le plus beau des cadeaux, il m'embrassait sans cesse, des petits baisers de plus en plus fougueux. Je sentis de l'amusement dans ses gestes et décidai de le taquiner un peu …

- Heureux d'avoir gagner ton pari joli cœur ? Faisant référence à cette phrase dite à ses amis un après midi.
- Comment sais-tu ça toi ?
- Tout ce qui se dit sur moi, tôt ou tard, arrive à mes oreilles.
- Oh, et tu n'es pas un peu …
- Fâchée, contrariée ? Grands dieux non !! Tu as les lèvres les plus douces que je connaisse. Le crime aurait été de ne pas les connaître.
- Quand l'as-tu su ?
- Avant ta soirée à la Maison Rouge. Je lui laissai quelques secondes pour se remémorer les faits dans les moindres détails, en prenant en considération cette nouvelle donne.
- Petite roublarde !

Il riait de bon cœur, continuant à nous faire tourner. Il s'arrêta lorsqu'il sentit mes caresses et mes baisers dans son cou, je le sentis frissonner sous les morsures et je perçus un ronronnement lorsque ma main frôla sa gorge avant que mes baisers mordant ne descendent sur son torse. Il m'allongea sur le lit et j'oubliai peu à peu l'endroit et son coté sinistre. Je me laissai bercer par ses caresses, ses gestes lents et appuyés, la chaleur de son corps contre le mien. Le désir fit place au plaisir qui s'échappa quelques heures plus tard pour ne laisser qu'une douce allégresse avant que le sommeil ne nous enveloppe de sa bienveillance.

Lorsque j'ouvris les yeux le lendemain, je remerciai dame chance de m'avoir laissé rencontrer un homme au corps aussi doué pour l'amour que ses mains l'étaient pour soigner les petites blessures de la vie.


Suite

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Dernière édition par Madoka le Mar 13 Jan 2009 20:01, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 8 Déc 2008 22:45 
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- Mado ?
- Mmh ?
- Tu ne me parles jamais de toi. Je ne sais rien, quasi rien de toi

Je me dirigeai vers le lit et m'installai à califourchon au niveau de son ventre. Il avait mit plus de temps que je pensais à me poser ce genre de question, il avait jusqu'à maintenant accepté ma réserve. Tôt ou tard, je savais qu'il en viendrait à ces discussions qui me faisaient horreur.
- Faux. Tu sais comment je suis au jour le jour, tu connais mon caractère et mes manières.
- Je sais oui, mais je pensais. Disons que … j'ai beaucoup réfléchi à nous, notre relation.
Je lui coupai la parole en posant mon index sur ses lèvres
- Joli cœur, il y a pour le moment des choses plus urgentes et plus importantes auxquelles tu devrais réfléchir.
- Ah bon, je ne savais pas que tu décidais de mes priorités.
- Étant l'une d'elles, je pense en effet avoir mon mot à dire. Et je te signale que nous avons un marché toi et moi. Apprend-moi à me battre.

Nous échangeâmes un long regard, j'essayai de le convaincre de ne pas aller plus loin dans ses questions et je compris que bien qu'il allait encore une fois accepter mon silence, il se souciait de mes vraies raisons. Je lui souris pour le rassurer et, pour définitivement enlever ce petit air chagriné de ce beau visage, je descendis légèrement mon bassin au niveau du sien et remuai lentement, mordillant son torse jusqu'à se qu'il perde son sérieux et revienne à des préoccupations plus libertines.
Il m'attira vers lui et m'embrassa sauvagement.
- T'es incorrigible Mado ! Allez, en piste. On va commencer ton entraînement ici même.
Il étala sur le sol le tapis qu'il avait ramené il y a déjà quelques jours.
- Je l'ai apporté pour ça justement.
- Moi qui pensais que c'était pour qu'on puisse faire l'amour sur le sol, n'importe où.
- On peut cependant lui trouver une deuxième utilité, répondit-il dans un grand sourire intéressé.

Je sautai du lit et courus jusqu'à lui.
Depuis le soir où nous nous étions battus, je ne cessais de penser à tout ce qu'il pourrait m'apprendre. Keyoke avait dit qu'il était un bon bretteur et j'espérais qu'il puisse m'être utile dans ce domaine. Savoir me défendre, esquiver les attaques jusqu'à profiter d'une brèche pour m'enfuir ne me suffisait plus, il fallait que j'évolue.
J'essayais de me convaincre que cela me rendrais plus utile pour Keyoke, que je ferais autre chose qu'espionner et lui passer des informations. Pouvoir le servir de mille autres façons était une bonne motivation, mais la vérité était que j'avais adoré le combat et les sensations nouvelles dues au danger, différentes de celles que j'ai apprises à maîtriser pour fausser compagnie à n'importe lequel de mes poursuivants.

- Je ne vais t'apprendre aucunes techniques de combat Mado.
Il leva la main pour m'interrompre
Il y a en ville des maîtres mieux placés que moi pour te les apprendre. Mais je peux t'apprendre à mieux te servir de ta défense. T'as de l'instinct et l'originalité de certains de tes mouvements pourrait facilement déconcentrer un adversaire moyen, ou celui qui te sous-estimera.

Tandis qu'il m'expliquait un peu la situation, la mienne en l'occurrence, mes atouts et mes points faibles ; j'observai le sérieux qui émanait de son attitude. Sa voix était plus grave que d'ordinaire et son discours était clair, sans mots hachés. Il dégageait une sorte de charisme qui m'obligeait à vouloir faire de mon mieux, malgré ma tendance à chercher le divertissement à chaque instant.

Il commença doucement, prenant le rôle de l'attaquant dont je devais me défaire. Il décrivit chaque gestes, m'indiquant comment je pouvais m'y prendre pour réussir à prendre le dessus sur l'attaquant.
Petit à petit il accélérait les mouvements, j'arrivais à esquiver la plupart de ses attaques mais dès lors que j'essayai de prendre le dessus … je me retrouvai les fesses au sol. J'avais du mal à penser à tout ; soit je me préoccupais trop de lui et en oubliais ma propre place, soit je réfléchissais trop à ce que je devais faire et ne voyais plus ce qui arrivait en face.
Au bout de deux heures, je réussissais certes à esquiver tous ses gestes mais pas une fois je réussis à placer le bon enchaînement pour le mettre à terre. Il ne manquait pourtant pas grand-chose, un pied ou un bras mieux placé pour lui faire perdre l'équilibre ou ne pas se faire intercepter soi même. Il y avait une sorte d'obstacle invisible que je ne parvenais pas à définir et encore moins à dominer.

- Ne te crispe pas autant parce que tu n'y arrives pas, ça ne va pas t'aider.
- Je n'arrive pas à comprendre où ça bloque !
- Moi je sais. Un dernier essai, et je te montre.

On se replaça, et il recommença … comme une danse qu'on fait et refait pour avoir le rythme encré dans la peau. Sauf que moi, c'était plus une corvée qu'une recherche constante d'amélioration. Je parai ses coups de poings en plaçant mes avant-bras en travers et déviant leurs trajectoires, esquivai son coup de pied en me penchant en arrière et sentit un léger courant d'air devant mon visage … ce qui n'était encore pas arrivé jusque là, il avait légèrement allongé son corps. Le coup suivant aussi fut différent, au lieu de rebondir sur sa jambe et lancer la deuxième en se retournant, il sautilla et leva la jambe sans demi-tour, plus rapide et plus vive que ce qui était prévu. Je fis un pas sur le coté pour éviter de me prendre son pied dans l'abdomen, profitai de ma position pour lui donner un coup de pied au niveau du genoux. Il ne tomba pas mais oscilla afin de retrouver un minimum d'équilibre pour porter le coup censé être le suivant de l'exercice. J'attrapai fermement son bras alors qu'il atteignait mon épaule, puis basculai mon corps sans briser le mouvement de son coup en tordant son poignet avec mon autre main valide et, enfin, je réussis à placer mon pied correctement afin de le faire basculer sans trop d'effort physique. Il était à terre et je compris l'intérêt de l'enchaînement. Il était coincé sous moi, un genou appuyant entre ses omoplates, et le bras tordu à la limite de la fracture. Il ne pouvait se dégager sans se déboîter l'épaule.

- Alors ?
- Héé, j'ai réussi !
- Tu as compris pourquoi ?
- T'as changé tes attaques.
- La seule chose qui t'empêchait d'y arriver avant, c'est ton cerveau. Tu connaissais les données et tu y réfléchissais. Et je suis désolé de te l'apprendre ma douce, mais ton instinct et tes réflexes sont plus compétents que ta tête.
- Quand je t'aurais mit un coup de tête dans le nez, on verra si elle est capable de rien ! Voyou !

J'étais à la fois fatiguée et totalement éveillée. Nous étions allongé l'un contre l'autre et restâmes ainsi plusieurs minutes, sans bouger ni parler. Je pensais à ces prochains jours, ce qui nous restait à faire ensemble, à apprendre et à vivre.

- Il est tard, nous devrions rester là cette nuit.
- Tu sembles oublier que nous ne sommes pas en vacances. Alors cette nuit on continue ton entraînement à toi.
Je me relevai sur un coude pour l'observer. Il avait les yeux dans le vague et son air pensif des premiers jours, mais je sentais qu'il ne voyageait pas à travers les mêmes pensées.

- As-tu déjà perdu quelque chose d'important ?
- Oui
- Crois-tu que mon choix était celui à faire ? Peut être que je me trompe et que …
Je le fis taire en l'embrassant mais il se recula et me regarda d'un air méfiant.
- Mais …
Je posai mon index sur ses lèvres.
- Chut ! Il n'y a rien à réfléchir. Nous sommes ici et maintenant, et c'est tout ce qui compte.
Il s'enfermait presque volontairement dans cet état d'esprit déplorable, et je commençais à envisager la semaine à venir plus dure à vivre que prévu. J'allais lui donner un peu plus de temps et de liberté, et la première phase de ce léger changement se ferrait ce soir même.

- Si par hasard je décidai d'accéder à ta requête, et qu'on ne sorte pas … tu envisages quelque chose particulier ?
Sous mes caresses et mon regard sans ambiguïté aucune, je le sentis revenir à la réalité.
- Explorer la deuxième utilité de ce tapis.

La passion fut mon alliée cette nuit encore, elle lui fit oublier ses inquiétudes.


(suite, post en dessous)

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 13 Déc 2008 19:52 
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... ... ...
La porte se referma derrière lui, après un dernier regard tendre et affectueux.
On y était, la fin d'une mission. Les dernières heures à passer ensemble, à se sentir presque seuls au monde, à plus ou moins vivre en couple entre ces murs.
Il était partit faire quelques achats au marché pour que nous puissions manger, avant de … (mais il n'y a pas de "avant de" aujourd'hui.)

Toute cette habitude de vie, tout ce petit train-train quotidien qui c'était installé n'avait plus de raison d'être. Pendant ces sept derniers jours nous avions continué à nous entraîner, et je me rendis compte que moi aussi, j'avais pris goût à cette routine originale, je n'avais pas pensé à ce matin de toute la semaine.
Je me levai et me dirigeai vers la salle de bain, profitant une dernière fois d'un de ses départs pour m'occuper de moi, me laver et prendre le temps de me coiffer et m'habiller avec soin. Je mis un peu plus de rigueur dans ma tenue, ma coiffure et mon maquillage étaient à la fois légers et sobres.
Il était très observateur de nature et remarquerait le changement, mais il ne le comprendrait sans doute pas de suite.

Lorsqu'il entra, il resta quelques secondes à me regarder et je sentis le soulèvement de sourcil imminent. Prenant les devants face aux questions qui résultaient de cet état, je levai les bras et tournai sur moi-même, comme pour l'inviter à admirer plutôt qu'examiner. Je m'approchai de lui en souriant tendrement, il posa ses achats au sol avant de prendre l'une de mes mains et me faire tourner sous nos bras levés.

- Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu habillée ainsi.
- Oui, j'en avais un peu assez de tous ces habits lugubres.

Je l'embrassai tendrement comme je le faisais chaque fois qu'on se voyait après une séparation, même aussi courte fusse-t-elle.
Nous nous installâmes comme à notre habitude et déjeunâmes sans beaucoup parler. Les repas étaient souvent silencieux, on mangeait en vitesse, se regardant l'un l'autre. A la fin du repas je débarrassai la table, comme à mon habitude en chantonnant une douce mélodie.

Il partit dans la pièce à coté pour se passer un coup d'eau sur le visage et j'en profitai pour enfiler une veste et récupérer mon sac, le posant au milieu de la pièce.
Lorsqu'il revint, son regard se posa sur mon sac tout d'abord, premier élément de décor à semer le doute dans son esprit. Il releva les yeux vers moi, la bouche à moitié ouverte de quelqu'un qui ne réussissait pas à piocher un mot parmi la centaine qui passait par là.
Son visage n'exprimait qu'un seul sentiment … le doute. Mais il resta droit et juste lorsqu'il prit enfin la parole.

- Tu vas quelque part ?
- Je retourne à la Maison Rouge. Donnant le ton le plus plat possible à mes mots.
- Pourquoi ? Il te manque quelque chose ?
- Non, je fais ce qu'on m'a demandé.
- Qui ? Il s'est passé quelque chose ?
- Je devais rester avec toi le temps de t'apprendre à devenir plus discret et …
- Ça je le sais, mais pourquoi aujourd'hui.
- Parce que le temps est écoulé. Je dois rentrer. Je les préviendrais que tu es prêt. Ils te diront quoi faire ensuite.

Il ne répondit pas. Je me demandais si dans sa tête se faisait maintenant le lien entre plusieurs choses qu'il n'aurait peut être pas comprises sur le coup.
Je pris mon sac et me dirigeai vers la porte.

- Attends ! Il me rejoint rapidement et me prit par le bras.
Je me retournai et le regardai sans la moindre chaleur.
- Qu'est-ce que tu veux ?
Il hésita face au ton étrange de ma voix et mon attitude digne d'une étrangère.

- Et nous alors ?
- Comment ça, "nous" ?
- Je t'aime Mado.
- Arakasi, tu es un homme merveilleux et je me suis bien amusée ces derniers jours, mais l'amour n'a rien à voir là-dedans. J'avais une mission, ça s'arrête là. Ce qu'on a vécu n'est rien. J'aime les jeux entre adultes, et si tu crois que c'était parce que je t'aime, tu te trompes complètement.

Ses yeux ne cessaient de s'agrandir et ses joues s'empourprèrent, mais aucune larme ne vint souiller ce beau visage. Je passai la porte sans un dernier regard et l'entendis reprendre son souffle, difficilement.

- Attends, dit-il doucement comme s'il cherchait à gagner quelques secondes afin de trouver une vraie réponse aux milliers de questions qui se déversaient
- Pour quoi faire ?
J'attendis un peu sans même me retourner puis repris la marche.
- Quelqu'un viendra bientôt te voir.

En sortant de l'immeuble je m'aperçus que la journée était magnifique, le soleil était bas en cette saison mais il réchauffait légèrement mon visage. Je restai un instant les yeux fermés à apprécier cette douce chaleur, et je décidai de prendre par les rives de la rivière qui traversait à ville pour rentrer chez moi.
Un messager s'arrêta à coté de moi et me demanda d'un signe de tête où en était la situation.

- C'est fait, répondis-je froidement.

Il partit sans un mot et je pris la direction inverse, revenant à mon soleil et à l'idée de me promener un peu tranquillement avant de rejoindre la Maison rouge.


(suite, maison rouge)

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Dernière édition par Madoka le Lun 12 Jan 2009 19:25, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
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Le trajet n’était pas bien long mais je remerciai en silence Keyoke pour son attention à mon égard. J’avais la fâcheuse manie de marcher quoi qu’il arrive, une des mes habitudes de jeunesse qui ne disparaissait pas malgré mon statut présent. Et cette ballade était des plus agréables, j’enviai presque toutes ces dames et nobles qui ne déplaçaient autrement.

On accédait à la villa par la cour arrière d’une boutique d’herboriste. Un sentier de gravier à peine assez large pour deux personnes côte à côte, à longer sur une centaine de mètres environ.
L’entrée n’était pas ce qu’on peut qualifier d’accueillante, la peinture était craquelée, abîmée par le temps et le manque d’entretien. Des mauvaises herbes avaient poussé un peu partout entre les graviers, le bois des murs semblait plus un amas d’échardes et des nœuds qu’autre chose.
Rien ne donnait envie d’entrer en ces lieux, et rien d’ailleurs ne vous y invitait. Il fallait d’une part une bonne raison pour s’aventurer dans une ruelle aussi peu rassurante et encore plus pour penser entrer dans cette maison. D’autant que la seule trace de vie autour de ces murs était d’énormes traces d’un animal qui, d’après la taille des pattes, ferait d’un visiteur courageux le plus rapide des fuyards.

Et pourtant, une fois passé la ruelle, une fois terrassé la peur de la bête gardienne des lieux … on arrivait dans un univers où paix et harmonie avaient trouvé leur sanctuaire.

C’était chaque fois un plaisir de lui rendre visite, je me revois toute petite marchant sur la pointe des pieds de peur d’abîmer le sol. Les longs couloirs entourés de portes faites de papier laissant filtrer la lumière. C'était une villa où se mêlait extérieur et intérieur avec symbiose, se jouant des saisons comme un virtuose de son instrument, et cela autour d'un jardin harmonieux où il faisait bon vivre. Je me souviens de ce que j'avais alors dis la première fois où mes pieds foulèrent les pierres de ce lieu enchanteur : "Je veux mourir vieille et m'endormir là bas près du petit pont"
Je fis quelques pas dans le jardin ayant dans l'idée d'attendre sur l'un des bancs près du petit étang où pousseraient dans quelques mois de magnifiques nénuphars. Les domestiques de Keyoke sauraient me retrouver lorsque le moment sera venu, je pouvais bien m’octroyer ce coin de paradis en tant que salle d’attente.

Mais il n’en fut rien …
Un cri attira mon attention, d’autant plus que le mot hurlé était mon nom. Je m’approchai comme on me l’avait apprit. Malgré mes habits larges et peu commodes, je marchai sans bruit dans les ombres, le dos collé au mur. Je n’étais pas en lieux hostiles et savais que peu de personnes ici verraient d’un très mauvais œil de me voir fureter, mais l’orateur lui, n'aimerait pas savoir que je m’approchais.

Arakasi était encore là, et la deuxième voix ne m’était pas inconnue bien que je ne distinguai pas ces mots. Keyoke m’avait fait venir alors qu’il n’en avait pas finit avec mon ancien compagnon. La subtilité légendaire de mon mentor ne reflétait pas son génie sur ce coup là. Il voulait que j’arrive pendant leur entrevue, et je me demandai si je n’allais pas justement faire le contraire. Partir et les laisser ensemble, après tout … pourquoi voudrais-je savoir ce qu’ils disent ? Sur moi ?

Je poussai un long soupir intérieur, et passai quelques secondes à me sermonner moi-même.

(Grands Dieux, ce vieux manipulateur va me rendre folle)

Je continuai mon chemin jusqu’à la bonne pièce et m’adossai au montant de porte d’où personne ne devinerait ma présence, en tout cas de l’intérieur.

- … Alors tout ça n’était qu’un jeu ? la voix d’Arakasi tremblait légèrement
- Non mon garçon, tout cela est beaucoup plus sérieux qu’un simple jeu. Avant tout, tu dois comprendre l’étendue des enjeux de ton futur rôle.
- Je ne le connais même pas, vous ne me dites rien. Depuis des mois, je ne fais qu’accepter d’être votre marionnette, et personne ne me dit dans quel but.

Dans l’ombre de mon couloir, je souris aux mots de ce cher Arakasi. Il n’avait au moins pas changé de ce point de vue là. Nous étions comme les deux extrémités d’une courbe se mouvant au grès des circonstances. Lui se posait toujours des questions et ne se fiait qu’à un savoir acquis pour chaque choses qu’il devait entreprendre, et moi ; je ne cherchais jamais à savoir, me fichais de qui était qui ou ce qu’il pensait, du moment qu’on me disait quoi faire, je le faisais.
Bien qu’étant sûre de ne pas pouvoir changer beaucoup cet état d’esprit, j’avouai en mon fort intérieur que ma rencontre avec cet homme passionné m’avait fait réfléchir à ma vie, et à ma peur vis à vis de ce sentiment et ce qui en découle … la passion, celle des sentiments et non des actes.
Et justement, ma concentration s’était peu à peu réduite tant les paroles échangées ne me concernaient plus … mais mon nom revint et je calmai ma respiration pour retrouver le fil conducteur de la conversation.
Keyoke avait reprit la parole.

- Madoka n’a fait qu’obéir aux ordres. Elle a joué son rôle de professeur pour que tu puisses avoir ta chance parmi nous. Elle devait te séduire et te laisser dans l’état dans lequel nous t’avons trouvé, parce que nous lui avons demandé.
- Me briser le cœur ? ... et à quoi ça lui a servit de me faire ça ?
- Ne te trompe pas de cible Arakasi. (Alors pourquoi justifier mes actes ?)
- Je sais oui, elle n’est que votre pion, rien de plus qu’un pion. Comme moi.
- Dans notre guerre, cela est nécessaire, mais tout comme toi, elle a fait un choix.
Arakasi, là où nous allons t’envoyer, être le meilleur bretteur ne te suffira pas. Tes ennemis ne seront pas toujours des hommes, armes à la main te faisant face. Cette mise en scène était nécessaire, et souviens-t-en le reste de ta vie. Un beau sourire, un regard flatteur cache parfois le plus dangereux des poisons.

- Rien n’était sincère ? (Est-il tenace ou sot ?)
- Rien. Ne cherche pas à trouver un semblant de sentiment dans cette leçon mon garçon, ou tu te perdras.
Ne te fais aucune illusion. Si nous lui avions demandé de te tuer, elle l’aurait fait. Mais à la différence des autres jeunes gens à notre service qui auraient sans doute ressenti de la peine, Madoka n’aurait eu aucun remords et serait repartie de ton appartement en flânant devant une boutique de bijoux.
Lorsque je l’ai rencontrée, c’était une enfant brisée. Elle considérait les êtres humains comme des objets dont elle pouvait se servir un temps en s’en débarrasser une fois finit. Elle n’était pas mauvaise en soi, mais avait perdu toute trace d’humanité ou de ce qui nous différencie des animaux.


Je décidai de stopper mon attention pour cette discussion. Je percevais le début des limites de l'impassibilité que nous inculque notre éducation. Toujours fier et ne jamais dévoiler ses sentiments, surtout à chaud et si ceux-ci révèleraient une faiblesse.
Les jointures de mes doigts étaient aussi blanches qu’un mort ... et j’en avais aussi la mâchoire serrée.

Le silence tomba d’un coup à l’intérieur, j’imaginais Arakasi pensant nerveusement à tout ce qu’il avait apprit et Keyoke … oh, lui devait jeter un coup d’œil vers ici. Pourquoi donc avait-il parlé de moi ainsi ? il c’était plus confié à ce soldat qu’à n’importe qui sur mon compte.
Leurs pas traînants arrivèrent devant la porte qu’un domestique fit coulisser sans attendre d’ordre.
Il ne fit qu'un pas avant de sentir une présence. son front était monstrueusement plissé, signe d'une contrariété ne cessait de se creuser ; si bien que je lui servis une révérence formelle et purement protocolaire. Nos regards se croisèrent lorsque je me relevai, et il ne vit dans le mien qu'une étrangère toisant l'invité de son hôte.
De tous les esprits de cette contrée, je n’aurais en aucun cas voulu partager le sien à cette seconde.
Je fis un pas sur le coté et marcha en direction du bureau quand je l’entendis grogner, et je reconnus celui qui précédait une phrase qui jamais ne serait formulée. Sans me retourner je pris la parole la première, d’une voix lente et posée.

- Arakasi ?
- …
- Je préfère ta colère à ta pitié.
- Je ne sais pas … si je dois te haïr.
- Si cela peut t’aider.
- …

Ses pas traînants reprirent le chemin de la sortie, et je me retournai pour le voir disparaître.

- Adieu, mon ami.

Keyoke me tendit la main pour m'accueillir et baisa celle que je lui tendis à la manière des autres peuples.
- Vos manières ne changeront rien
- Tu es en colère ?
- Vous n'aviez pas à parler de moi à un étranger
- Un étranger ? Il me semble que même s'il n'était que ta mission, vous étiez assez proche pour que je lui dise cela. Tu aurais voulu qu'il parte sans comprendre.
- Je me fiche de ce qu'il aurait ou n'aurait pu penser de moi. Il doit vivre sa vie et suivre ses projets, pas comprendre la mienne. Personne d'ailleurs !!
- Pourquoi fermer ton monde et ne laisser personne en faire parti ?
- Il n'est pas fermé, il est seulement … restreint. Les gens ne sont pas des livres ouverts, tout le monde a ses secrets.
- Oui, mais nous n'avons pas fait un secret de ce que nous sommes, ressentons et vivons.
- La finalité de cette discussion ne nous mènera nulle part, vous le savez autant que moi.

Une parcelle de moi se rendait compte à cet instant que, malgré l'impression d'immobilisme de ces discussions, il arrivait à me faire changer peu à peu. Il avait dit vrai sur mon rapport aux autres dans ma jeunesse, et cela avait changé au fil du temps.

(Chaque remaniement à ces limites …)
- Et vous êtes bien content de vous en servir de ces limites … mes pensées s'étaient échappées de ma bouche. Je relevai les yeux vivement pour juger de la situation avant de me reprendre.

- Nous en demandons beaucoup à nos agents, mais pour la plupart il s'agit d'efforts physique … et rien d'autre. Mes mots ne lui avaient pas échappés mais il n'en dit rien, je continuai sans accroc, remerciant son silence.
- Vous nous demandez une loyauté sans faille, sans remise en question et sans doute. Vous savez la mienne toute acquise. Je ne vois pas en quoi mon comportement doit être sujet à débat, et encore moins avec les autres.
Il souffla de lassitude.
- Suis-je donc le seul à me faire du souci pour toi ?
- Oui.
- A moi le rôle du moralisateur alors.
Je mimai une moue de dégoût avant de reprendre, afin de changer de sujet car il ne me plaisait guère.

- Keyoke ? Je voudrais servir autrement que grâce à mon métier à la Maison Rouge.
- Dis m'en plus.
- Et bien, Arakasi m'a donné envie d'être plus utile. Tendre l'oreille ou jouer de ses charmes n'importe qui peut le faire, et je voudrais apprendre plus.

Je devinai son regard descendre sur moi mais je n'osai lever le mien, ressentant déjà son examen et sa réflexion à travers ma peau elle-même.
Il se détourna de moi et reprit d'une voix grave, à laquelle même moi je n'osai répondre.

- Je n'y vois pas d'inconvénients, n'étant pas très clair sur ce que tu veux vraiment, je vais tâcher de te trouver quelque chose.
- Merci.

Sentant là la fin de notre entrevue, je me penchai en avant pour le saluer bien qu'il soit de dos.
(et la raison de ma venue du coup ?) Me demandai-je soudain en me relevant.

- J'aime voir par moi-même l'état de mes poulains après une mission.
Je m'aperçus de mon sourire amusé et m'imaginai le sien, malgré son ton abrupt.
- A bientôt alors, Maître.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Sam 28 Fév 2009 23:08 
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Nous devons patienter un peu avant de percevoir le moindre mouvement dans l’habitation. Pourtant, le petit gars qui a repris son entrainement à l’arrière de la maison nous a assuré du contraire. Mais ne connaissant pas les coutumes régionales, je préfère m’abstenir de frapper une seconde fois et d’ainsi paraître insistant mal à propos. Je ne voudrais pas me faire mal voir du paternel d’un compagnon d’un soir, surtout le vainqueur d’un concours du plus gros mangeur ! Aussi je prends mon mal en patiente sans oser me retourner vers Sidë qui s’est postée derrière moi sans prononcer la moindre syllabe. Je me contente donc d’écouter les efforts du jeune Oranien qui s’efforce d’appliquer mon conseil et cela même s’il n’est plus dans mon angle de vue.

Mais mon attente finit par être payante, puisqu’un bruit de loquet se fait entendre derrière la porte de bois. Bien vite, celle-ci s’ouvre sur un homme d’un âge vénérable, marqué par les traits du temps, mais emprunt d’une sérénité surprenante, ainsi que d’un calme irradiant sur ses traits détendus. C’est sans doute là les caractéristiques d’un homme croyant qui sort d’une prière, d’une communication paisible avec sa ou ses divinités.

Si l’homme est surpris de nous voir, il n’en montre pas grand-chose, et je ne perçois qu’un bref haussement de sourcil curieux à notre vue. Comme les lois de la politesse élémentaire l’exigent, je prends la parole pour m’introduire à lui.

« Bonsoir. Vous êtes Sire Onmal Archevent, ce me semble… Je me nomme Cromax et voici Sidë. Nous sommes des aventuriers amis de votre fils, Léonid, et avons en notre possession une missive de sa part… »

À l’énonciation du nom de son enfant, l’homme semble s’émouvoir et son regard brille soudainement d’une nouvelle lueur, même si son visage préserve sa sérénité. Il prend la parole, et le ton de sa voix témoigne de sa gorge soudainement serrée.

« Bonsoir, voyageurs. Je suis en effet Onmal Archevent, le père de Léonid Archevent. Que Rana bénisse le plaisir que je dois à votre visite… Voilà tant et tant de temps que j’attends des nouvelles de mon ainé… »

J’opine alors silencieusement du chef tout en souriant malicieusement face à l’amour paternel évident que cet homme mur ressent pour son enfant lointain.

(Cet amour que je ne connais pas…)

(Cromax, mon tendre… Tu ne connais aucun amour et n’en connaitra sans doute jamais de pareil… Ne te perds pas dans des rêves qui te sont inaccessibles…)

Je décide de ne pas tenir compte des paroles rudes de Lysis, même si elles ont en moi un écho triste, comme un vide omniprésent depuis tant d’années… Je n’ai pas de famille, pas de père pour m’aimer et s’inquiéter pour moi… Un court instant de silence s’installe entre nous, bien vite comblé par l’enthousiasme du sieur Archevent, qui s’écarte pour nous laisser le passage.

« Mais entrez, entrez donc. Si vous êtes les amis de mon fils, vous êtes les bienvenus dans cette demeure qui a été la sienne. Entrez et installez-vous. »

Sans me faire prier plus longtemps, trop heureux de cet accueil pour le moins chaleureux, je pénètre dans l’habitation en hochant la tête, tout sourire. Sidë me suit comme mon ombre, silencieuse et presque absente, arborant un air neutre et plutôt distant pour une telle situation. L’homme nous entraine dans son intérieur et nous mène bien vite vers ce qui semble un petit salon et nous présente à chacun un siège qui semble confortable. J’attends qu’il réitère une seconde fois son offre avant de prendre place dans celui-ci, imité de suite par l’elfe bleue. Onmal part alors l’espace d’un court instant et s’en revient avec une théière en métal sombre et quelques tasses en porcelaine sans anse et peintes de motifs floraux.

« Désirez-vous du thé ? »

Après le voyage que nous venons d’effectuer, la perspective d’une boisson chaude est tellement rassurante que ni moi ni Sidë ne refusons cette offre, et l’homme finit par disposer trois tasses sur une table basse afin d’y servir son liquide fumant. Un parfum agréablement amer relevé d’une touche sucrée envahit alors l’air ambiant. Les senteurs de jasmins sont prédominantes dans la composition, mais d’autres plantes ont sans doute été utilisées pour parfaire cette infusion.

Je profite de son service pour sortir de ma poche la lettre de son fils. Lorsqu’il me tend la tasse, que j’accepte de bonne grâce avec un remerciement bref et poli, je la lui tends, prêt à témoigner de son avidité. Mais il se contente de me la tirer des doigts avec un fin sourire reconnaissant, avant de la déposer avec précaution sur un meuble en bois foncé. Je ne peux que m’étonner de cette action…

« Vous ne la lisez pas ? »

Et c’est avec un sourire énigmatique qu’il me répond avec une voix de vieux sage…

« La patience est une vertu qui me fera savourer d’autant plus chaque mot que je ne les aurai attendus. L’empressement gâcherait le plaisir de ces nouvelles, dont je désire prendre connaissance à tête reposée. »

C’est alors que je me rends compte que nous sommes sans doute de trop, et qu’il souhaite la solitude pour prendre connaissance des mots de son fils. Confus, j’esquisse un lever de mon siège tout en parlant.

« Oh mais, nous n’allons pas vous gêner plus longtemps, vous avez sans doute à faire… »

Mais l’homme pose une main sur mon bras pour m’empêcher de me lever.

« Allons, je n’ai rien à faire et vous êtes mes invités. Dites-moi donc ce qui vous amène dans ces contrées ? Vous n’êtes pas juste des messagers de mon fils, n’est-ce pas ? »

Sons sourire complice me fait un peu froid dans le dos, comme si soudainement la perspicacité de cet homme était capable de mettre à jour le but réel de notre expédition. Sans mentir, je réponds donc, tournant néanmoins mes propos pour ne pas trop en dire.

« Oranan était sur notre route, et formait une escale agréable pour notre long voyage. »

« Allons bon, Oranan une escale ? Et où donc vous rendez-vous, si ça n’est pas indiscret ? Cette cité n’est pas réputée pour être au confluent de routes fréquentées… »

« Oh mais notre destination n’est pas fort fréquenté, lui non plus… »

Je perçois à mes côtés le raidissement de Sidë. Visiblement, elle ne souhaite pas plus en dire à cet homme, et Onmal semble le comprendre et n’insiste pas davantage. La conversation se poursuit sur des choses plus banales, allant de présentations brèves à des anecdotes de parcours. Comme à son habitude, Sidë est plutôt avare en renseignements sur elle-même, et les rares fois où elle parle, elle manque cruellement de détails quant à ses expériences passées… Onmal semble comprendre et accepter sa réserve, puisqu’il ne semble pas la fustiger de questions incessantes et veille à conserver une ambiance agréable et conviviale.

Lorsque l’enfant que nous avions croisé en arrivant entre dans l’habitation par la porte arrière, le soleil est déjà couché, et Onmal n’hésite pas à nous inviter cordialement à sa table. Même si je perçois la réticence de l’elfe bleue, j’accepte poliment l’offre généreuse de notre hôte, et nous nous installons bien vite autour d’une table, à quatre. Le jeune enfant, dont nous apprenons bien vite qu’il s’appelle Lewis, porte nonchalamment sur ses genoux un vieux matou ronronnant.

Nous profitons avec satisfaction du repas, le ponctuant de remerciements et de compliments culinaires envers le maitre de maison. Durant celui-ci, et après le départ au lit du jeune Lewis, je m’autorise à reprendre la conversation abandonnée à notre arrivée.

« Vous disiez tout à l’heure qu’Oranan n’était pas un lieu de passage… »

« Oh non, ça ne l’est plus. Avec ces temps de guerre et la menace constante d’Omyre, nous n’offrons plus guère une réelle destination de villégiature, et la seule route qui autrefois passait par ici menait à la cité déchue d’Omyre. Ça n’est bien entendu pas là que vous vous rendez, n’est-ce pas ? »

À l’évocation du nom de la ville noire, capitale d’Oaxaca, je ne peux m’empêcher de frissonner. Le souvenir d’une lettre que m’a montré Pulinn fait soudain circuler une vague de froid tout le long de mon échine, et il me faut un temps avant de répondre à l’homme.

« Non, ça n’est pas dans la ville d’Omyre que nous nous rendons… Mais notre dangereux périple nous mène tout de même sur les terres sauvages de ce pays dévasté. Au cœur des bois sombres se dressant là-bas… »

L’étonnement de l’homme n’est cette fois plus dissimulable, et il intervient un peu plus vivement, sans pour autant s’emporter, gardant un calme irréprochable.

« Par la Grande Rana, mais qu’allez-vous donc faire dans un tel lieu de désolation ? Mis à part une mort tragique, vous ne trouverez rien dans ces contrées. Les patrouilles orques y sont fréquentes, et les rumeurs sur cette obscure forêt ne sont pas de bon présage pour les voyageurs s’y aventurant… »

« Nous cherchons un endroit précis, un lieu nommé la Tanière du Souvenir éternel… Auriez-vous entendu parler d’une telle chose ? »

Une fois de plus, Sidë se crispe, mais je sais en moi-même que je contrôle parfaitement ce que je dis. L’homme ne doit pas prendre de connaissance l’objectif de notre voyage là-bas, mais il peut en détenir la destination… Aucun être vivant saint d’esprit ne se rendrait là-bas sans être certain de ce qu’il pourrait y trouver… Onmal reste pensif un court instant, puis se décide à répondre…

« La Tanière du souvenir éternel… J’ai déjà entendu ce nom quelque part, mais je ne saurais pas vous en dire beaucoup. C’est normalement une grotte située au plus profond de la forêt sombre de l’Omyrhie, à l’écart de tout. Personne ne doit avoir d’autres informations concernant ce lieu-dit, car personne n’a sans doute eu le cran de pénétrer si loin dans les terres orques depuis longtemps. Mais… On raconte des choses étranges sur ce genre d’endroit, des légendes terribles qui effraient les enfants et ne rassurent pas plus les adultes… Je n’en connais pas la teneur, elles se sont sans doute perdues dans les affres des temps ancestraux. »

Suite à ces explications, un silence de mort s’abat sur la tablée, et le sujet est ainsi clôturé pour la soirée. Onmal propose au bout d’un petit temps une dernière tasse de thé, que nous déclinons gentiment, de peur d’abuser de son hospitalité.

« Nous n’allons pas tarder à vous laisser, messire Archevent. Nous vous sommes reconnaissants pour votre accueil. »

« C’est tout naturel, voyons. Par contre, je refuse que vous partiez maintenant. Je vous offre une chambre pour la nuit. Les rumeurs iront bon train si vous vous présentez maintenant à une auberge… La discrétion que requiert ce genre de voyage pourrait se trouver mise à mal, et je ne voudrais pas que des inconscients vous suivent ou vous précèdent dans votre entreprise. Vous êtes des personnes d’expérience, et peu auraient vos capacités en des terres si hostiles. Restez ici cette nuit, et partez quand bon vous semblera. »

Ne voulant pas résister à son insistance, nous finissons par accepter sa bienveillance, et il nous conduit bien vite à une chambrée. Je remarque la grimace de ma compagne lorsqu’elle s’aperçoit qu’il s’agit d’un lit double, et je ne peux refouler un sourire moqueur à son intention. Onmal prend rapidement congé de nous, arguant le fait que nous devions prendre du repos. Je m’étonne de l’aspect presque paternel avec lequel cet humain nous traite, alors qu’il est bien plus jeune que Sidë et moi.

Il nous laisse en fermant la porte en compagnie l’un de l’autre, dans cette pièce éclairée par la frêle lueur d’une chandelle dont la flamme vacille au gré du léger courant d’air provoqué par une petite ouverture dans la fenêtre…

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mer 15 Avr 2009 12:32 
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« Il est hors de question que nous dormions à deux là dedans… »

Le ton de Sidë est on ne peut plus catégorique, et je la regarde, incrédule, me fixer avec témérité de ses yeux noirs à la teneur chargée de colère. Moi-même, je ne peux m’empêcher de répondre à ce regard par un air mi affligé, mi provocateur, tout en lançant une réponse qui se veut une dangereuse pique humoristique à son égard…

« Oh, c’est gentil de te dévouer ! Tu crois que tu arriveras à bien dormir sur le plancher ? »

L’elfe bleue prend alors un air effaré, alors que négligemment, je commence à ôter petit à petit mon équipement pour me diriger vers le lit. Je laisse choir armes et armure au sol pour ne plus garder que ma chemise de lin et mon pantalon de voyage. Avec un air teinté d’innocence, je pose une main sur la douce et chaude couverture qui me servira d’abri pour cette nuit, et c’est à ce moment que Sidë m’agrippe par l’épaule et me tourne violemment vers elle. Son visage n’est que rage alors qu’un sourire complice orne le mien, et tout ce qui sort de sa bouche à ce moment n’est que témoin de son trouble.

« Mais… »

Je lève un sourcil en feignant à mon tour la surprise, et porte ma main sur ses doigts toujours crispés contre mon épaule pour les enlever fermement, sans outrepasser la bienséance de rigueur avec une demoiselle en colère.

« Quelque chose ne va pas, Sidë ? Insinuiez-vous que c’est moi qui devrait passer la nuit sur cet inconfortable parquais alors que vous dormiriez dans ce lit douillet ? Tss tss tss… »

Je tourne lentement la tête de gauche à droite avec un sourire énigmatique et toujours aussi provocateur. Je sens ses dernières défenses mentales céder sous le joug de la fatigue physique qui l’accable. Elle répond finalement avec l’air blasé d’une défaite amère.

« C’est bon… Nous dormirons ensemble dans ce lit… »

Je sens qu’elle retient en elle des mises en garde qui ne feraient qu’avouer sa conscience des événements de la nuit passée, dans la petite cabane de pêcheur le long du lac Ynorien. Avec un grand sourire, j’ôte ma chemise et me glisse dans les draps tout en sentant son regard insistant sur la rose qui m’étreint la poitrine, enfoncée dans ma chair aujourd’hui cicatrisée, mais encore rouge et vive intérieurement. De son côté, elle se débarrasse pudiquement et rapidement de son équipement, pour le glisser avec précaution à ses côtés, prêt à l’emploi comme si nous étions en pleine nature, sans protection ni défense.

Elle pénètre alors sous la couverture, et je peux sentir sa peau tiède répandre lentement sa chaleur à travers les draps. Je résiste tant bien que mal au désir d’avancer lentement mes doigts vers son corps allongé pour y sentir une nouvelle fois la douceur moite de sa peau bleutée, mais je la sens tendue à mes côtés, comme crispée. Ne sachant pas si c’est par révulsion ou par désir de moi, j’abandonne là cette idée pour me concentrer sur mon sommeil. L’état d’épuisement dans lequel ce long voyage m’a plongé est tel que je ne tarde pas à sombrer dans un profond sommeil sans rêve, lourd et récupérateur, dans le confort d’une vraie chambre à coucher, sur un matelas moelleux et dans des draps chauds et propres. La compagnie de la jolie elfe à mes côtés aurait même pu ajouter au tableau une touche de perfection, mais les événements allant, je préfère ne pas la compter actuellement comme l’un des points forts de cet hébergement.

La nuit passe donc, rapide et reposante, noire et inconsciente, jusqu’à ce que pointent les premières lueurs de l’aube à travers l’embrasure fine de la fenêtre.

À peine ai-je ouvert un œil vers ces premiers rayons diurnes qu’un léger bruissement se fait entendre de l’autre côté de la porte, qui se retrouve frôlée par une main légère en trois petits coups discrets, sensés nous réveiller en douceur. Sans vérifier si ma compagne dort encore, emmêlée dans les draps Oraniens, je me lève et me dirige vers la porte tout en enfilant ma chemise par-dessus mon torse nu. C’est Onmal Archevent qui se tient derrière. Il est tout prêt, déjà habillé, rasé et lavé, et son air éveillé témoigne de l’heure matinale à laquelle il s’est tiré du sommeil, qui ne marque même plus ses traits.

« Aventuriers, veuillez pardonner mon arrivée impromptue et matinale, votre déjeuner est prêt… »

Cet homme est décidément surprenant ! Non seulement il nous accueille dans sa demeure sans nous connaître, mais en plus il est aux petits soins. Je suis persuadé qu’un autre que moi aurait trouvé ça douteux, mais je crois en la bonne volonté de cet homme qui n’aurait aucun intérêt à nous nuire. Il est simplement hospitalier et gentil, attentionné, voilà tout.

« Oh, votre hospitalité est réellement honorable, monsieur Archevent. Mais comment se fait-il que vous soyez debout à une heure si matinale ? »

L’homme se fend d’un sourire paisible.

« Je me dois d’être levé à l’aube pour saluer d’une prière le nouveau jour qui va naître… Voyez-y une philosophie de vie particulière à cette région de Nirtim… Et puis, vous feriez mieux de partir au plus vite, pour ne pas attirer trop les regards sur vous. Je ne saurais que vous conseiller de rester discret, avec cette mission qui vous incombe. »

La clairvoyance et prévoyance de cet homme est réellement surprenante, et je le gratifie d’un sourire aimable.

Peu de temps après, après un rapide – mais copieux – petit déjeuner, nous nous retrouvons tous les trois, Sidë, Onmal et moi, sur le seuil de sa maisonnée, tous prêts à partir. L’homme nous donne sa bénédiction, et nous le remercions chaleureusement de tout ce qu’il a fait pour nous… Je retiendrai toujours la bonté dont cet homme a fait preuve, et en parlerai sans doute à son fils, Léonid, si j’ai le bonheur de le croiser à nouveau…

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 30 Avr 2009 21:58 
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Le tireur ralentit, nous étions à destination et déjà une femme attendait sur le pas de la porte, les bras croisés sous la poitrine en nous dévisageant avec autorité. Je descendais du véhicule avec une urgence non feinte et à peine avais-je eu le temps de la saluer qu’elle nous cracha son venin avec un air suffisant.
- Vous êtes en retard ... est-ce ainsi que votre maison entend honorer mon maître ?

Je me baissai plus encore dans une position inférieure et imaginai déjà cette dame prendre le plus grand plaisir à cela.
(Vieille tortue … grands Dieux, mais tu as les plus hideux pieds que je connaisse)
Je me redressai, en partie pour échapper à l’horreur, cachant sous un visage désolé tous mes sentiments les plus félons.

- Veuillez nous excuser, un enfant maladroit a traversé devant notre chariot et mon porteur a voulu préserver ce malheureux bambin, nous avons chuté lourdement. Le jeune domestique s’est blessé mais son honneur lui interdisait de me confier à un autre ou me laisser continuer à pied. Je fis une pause pour rependre mon souffle comme si l’histoire me touchait réellement, et continuai d’une voix perdue. Ne le jugez pas trop durement madame, il souffre déjà terriblement. Pourriez-vous vous occuper de lui pendant que je me hâte de rattraper notre retard ?

Je rajoutai à la scène une moue triste et tournai la tête vers mon chauffeur qui lui me regardait avec de grands yeux, il ne savait visiblement pas comment réagir face à l’attention inhabituelle dont il faisait l’objet.
- Une servante va vous conduire aux vestiaires, je m’occupe de tout n’ayez crainte il est maintenant entre de bonne main.

(C’est ça, fais donc)

Une jeune fille se présenta à moi, tout en finesse et dynamisme comme si son rôle était d'une importance capitale. Elle avait dans le regard la même lueur que j’avais à son âge devant les femmes comme moi et je sortis la sorcière de mon esprit. Je parais mon visage d'un sourire jovial pour accueillir la petite.
Nous pénétrâmes dans la maison, magnifique et plus grande qu’on l’imaginait de l’extérieur. La fillette m’expliqua que nous allions devoir contourner le jardin pour rejoindre la partie réservée aux domestiques. Le trajet était trop long, même s’il ne prenait que quelques minutes, j’en avais déjà trop à combler. Je lui proposais de me trouver une pièce vide où personne ne va à cette heure et proche de celle de réception. Devant son air surprit je posai un doigt sur sa bouche …

- Ne t’en fais pas, personne n’en saura rien, et puis ton maître mérite bien qu’on fasse tout pour le satisfaire au plus vite non ?

Elle acquiesça du chef et nous conduisit dans une pièce tout en longueur qui ressemblait à un mélange entre un bureau et un garde meuble tant il y avait de choses à l’intérieur. Je lui demandais de m’apporter un miroir en toute discrétion avant d’entrer et trouver un endroit où m’installer. Il ne lui fallut que quelques minutes pour revenir avec le miroir et j’en avais profité pour me vêtir des dernières étoffes que comportait mon costume de scène.
Je la remerciai avant qu’elle ne reparte à ses activités ordinaires et m’attela au maquillage et la coiffure. La lumière ne provenait que du couloir et était particulièrement faible mais je n’osais allumer de lampe et comptais sur mon expérience pour la suite.

J’étais enfin prête, mon visage avait la teinte blanchâtre indispensable à une représentation en tant que Maihime. Mon retard était oublié, il ne me restait plus qu’à attendre le signal pour rejoindre les convives.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 30 Avr 2009 22:02 
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Je me détendais en sachant que plus rien ne pouvait maintenant compromettre ma bonne fortune quand soudain, un violent éclat de voix retentit dans la maison.

Plusieurs hommes se disputaient et le ton commençait à monter avec une rare fureur. Je restai interdite dans une bulle de silence et tendis l’oreille pour capter quelques mots ou passages décousus.
Très vite, je compris que la conversation tournait autour de la politique et il semblait qu’un des invités avait laissé échapper son désir de voir notre ancien système remonter à la surface. Avis non seulement peu partagé par une majorité de citoyens d’Ynorie, mais très fortement contesté dans certain milieu social ; et les rares bribes que laissaient filtrer les cloisons me séparant de la scène me donnaient le vertige. Je reconnus la voix de mon hôte, s’élevant plus haute que les autres mais où se mélangeaient colère et anxiété ; le brouhaha couvrit ses mots mais peu de temps après une ombre traversa rapidement mon champ de vision et se dirigea vers la sortie.

La situation devenait de plus en plus embarrassante pour le maître des lieux. Les conversations houleuses n’étaient pas choses rares, surtout en huis clos comme ce soir, mais le fait qu’un des invités parte n’était pas bon signe, surtout si celui-ci n’était pas l’homme qui avait tout déclenché.

La situation devenait délicate pour moi aussi, ce cas de figure ne s’était jamais présenté jusqu’à présent, étais-je censée me montrer le plus tôt possible afin de leur permettre de passer à d’autres préoccupations ? Ou devais-je au contraire retarder ou encore annuler ma prestation ? L’une et l’autre possibilité démontreraient à Monsieur Haitori que j’eus été témoin du départ d’un invité, et cela n’était pas bon, ni pour moi du point de vue de mon professionnalisme, ni pour lui vis-à-vis de ses invités.
Moi et moi étions d’accord avec nous-mêmes, je devais attendre d’être demandée avant d’y aller … d'où l'émergence d'une nouvelle difficulté à solutionner : la pièce où je me trouvais, totalement inappropriée et je doutais que quelqu'un ici puisse avoir l'esprit assez ouvert pour me passer ce détail.
L’idée au début plutôt judicieuse m’apparaissait comme absolument idiote. A toujours vouloir jouer avec les limites d’une multitude de règles strictes, j’allais finir par perdre beaucoup plus que la vie. Je n’étais assurément pas à ma place et j’avais peine à imaginer une suite raisonnable si on le découvrait. Machinalement, j’avais rassemblé mes affaires, … mais ensuite ? et bien.
Pourquoi ne pas rejoindre le jardin ? La nuit était tombée, mais le ciel sans nuages et la fraicheur du soir n’étaient pas désagréable. L’éclat de la lune sur l’eau, le bruissement des arbres se laissant bercer par un léger vent, le ronronnement des quelques animaux nocturnes qui batifolaient dans leur parade amoureuse … voilà qui plairait à une dame attendant patiemment et docilement.

(Faisons comme si tout cet insipide environnement avait un quelconque charme à mes yeux)

La pièce comptait heureusement une porte donnant sur l’extérieur, ça limitait le risque de croiser quelqu’un. Mais le destin ce soir là décida de me sauvegarder d’une pénible mise scène, assise sur un banc à écouter des bestioles croasser.

Et je n’avais pas encore conscience à quel point j’étais au bon endroit, au bon moment …

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 30 Avr 2009 22:13 
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Je les entendis avant de les apercevoir, l’un d’eux répandait son poison sur l’humanité toute entière tandis que l’autre tentait de le calmer par des mots mielleux à souhait. Il boitillait derrière l’homme en colère, et failli le renverser lorsqu’il s’arrêta soudain juste devant la porte coulissante de la pièce où je me trouvais. Mon cœur cessa de battre le temps d’une réflexion sur la marche à suivre, ou plutôt sur comment se cacher. La longueur de la pièce était un bon point, d’autant que je me trouvais à l’autre bout et dans l’ombre mais rien n’était gagné, s’ils étaient là pour moi, peu importe derrière quoi je me cacherais

(Et bien sur ton existence a assez d’intérêt pour qu’on vienne te trouver où t’étais pas censée être, et sans se tromper.)

Là pour moi ou pas, les quatre doigts qui venaient d’écarter le panneau coulissant me dictèrent de m’activer au plus vite. Le bruit de la porte couvrit celui du paravent que j’ouvrais sur un coté, et je m’installais derrière d’où je pouvais voir sans être vue, du moins l’espérais-je. L’interstice entre les pans de papier de ma forteresse de fortune n’était pas large mais suffisant pour surveiller leurs faits et gestes.

Le premier des hommes était aussi beau que j’étais masculine. Son haut front était affreusement ridé, ses petits yeux mi-clos se perdaient dans la masse d’un visage bouffi, sans parler de son nez quasi inexistant comme si à la naissance sa mère l'avait projeté d'horreur droit dans un mur. Rien dans ce visage ne semblait être fait pour aller ensemble, mais il dégageait une sorte d’aura qui elle n’allait que trop bien à ce personnage orgueilleux. Il portait les habits traditionnels d’un des plus grands clans d’avant la grande guerre, mais ce n’était pas par nostalgie qu’il les portait. Son nom m’échappait, mais il devait être le moteur de l’altercation entre les invités. Comment cet homme pouvait avoir été invité dans cette maison, et pourquoi avait-il accepté une invitation de la part d’un adversaire connu pour son penchant politique totalement contraire au sien …

L’homme qui le suivait de près était à priori son conseiller. Beaucoup plus mince que l’autre, il n’en était pas pour autant gracieux. Ses gestes étaient saccadés, comme s’il réfléchissait à l'influence de chaque mouvements, la tête baissée pour accentuer sa présence déjà discrète face à l’énormité qu’il suivait.
Chose étrange, ils n’allumèrent aucune lampes et restèrent dans le noir, l’un faisant les cent pas autour d’une masse rangeant contre une situation insultante.

- Vous aviez sans doute raison Jiro, de retour à la maison, nous réfléchirons à une manière de réparer cet outrage … définitivement.
- Monseigneur, répondit le conseiller d’une voix doucereuse qui me fit grimacer, peut être pouvons-nous encore utiliser cette affaire à notre avantage. Après tout, nous sommes encore ici, à l’abri des regards d’autres invités moins tolérants. Mes espions n’ont découvert aucun changement d’activité chez cet homme depuis qu’il nous a conviés. Nous avons encore une chance de gagner quelques …
- Vous oubliez son cousin !
- C’est un progressiste, les affaires de familles ne sont plus ce qu’elles étaient. Il n’a plus de contact avec eux depuis des mois, et rien n’aurait pu échapper à la surveillance dont il fait l’objet.

Tout ça pour des affaires de souveraineté et d’alliances lucratives. Et la suite risquait d’être des plus intéressantes. Je ne pouvais de toute évidence rien faire d’autre que rester silencieuse et invisible, il n’y avait rien de mal à laisser traîner une oreille. Qui sait, cela pourrait intéresser Keyoke.

- Qui aurait pu croire qu’il serrait si facilement corruptible.
- Tout n’est pas gagné d’avance, nous devons rester prudents, ne pas lui ouvrir toutes les portes, et un jour sans s’en rendre vraiment compte …
- Cette démocratie sera de l’histoire ancienne.

Autant d’ambition que de corpulence, l’une ou l’autre finira par lui être fatale. La première sans doute avant la seconde …
La porte donnant sur l’extérieur s’ouvrit lentement, la lune fit son entrée et projeta sa lumière et curieusement, aucune ombres ne venait déformer le rectangle au sol ; personne n’entrait, mais quelqu’un pourtant avait forcément ouvert cette porte.
Je tendis le cou pour tenter d’apercevoir le seuil mais je ne vis rien, même pas l’ombre d’un mouvement au dehors. Le conseiller eut soudain un hoquet, et ramena une main à sa gorge en ouvrant grand la bouche pour hurler mais aucun son ne parvint à sortir, ses yeux se révulsèrent de surprise lorsqu’il regarda sa main pleine de sang.


De sa gorge dévalait un flot continu rouge carmin, qui à la lumière de la lune, était plus beau qu’un coucher de soleil sur l’océan. La scène se déroulait en face de moi au ralentit, l’homme nommé Jiro tombait en arrière, une main tendu vers la porte pour accuser le ciel de son sort, et lorsque sa tête toucha le sol, ses yeux vitreux me regardaient. Il hoqueta une dernière fois, répondant à l’appel de la mort, et j’espérais que la dernière chose qu’il entrevit à cette seconde fut mon sourire et mon regard ébloui par tant de beauté.
L’homme qui n’avait pas de nom eut une réaction des plus imprévues. Loin de prendre peur, de hurler comme un vulgaire amas de graisse, il arracha d’un meuble le kunai qui venait de causer la mort de son conseiller et se retourna vers la sortie, faisant face à l’inconnu.

- Viens donc vermine. Ses yeux se plissèrent un peu plus, il ne restait d’eux qu’un trait fin qui s’enfonçait presque totalement dans ses joues. Bras armé en avant, il avança d’un pas tout en scrutant l’extérieur.

Je tournai la tête pour chercher l’assassin sur le pas de la porte, mais je n’y voyais que la lune au loin dans le ciel. Un mouvement pas loin de là attira mon attention ainsi que celle du sans nom, l’assassin sortit d’un coin d’ombre, à l'intérieur de la pièce … mon cœur rata sans doute un battement tant je restai stupéfaite. Il était entré dès le début et personne n’avait rien vu, il avait lancé son arme et atteint la gorge du conseiller sans un bruit, sans un mouvement trahissant sa présence. Il se tenait face au royaliste et sortit son arme avec autant de grâce que lorsque j’ouvrais mon éventail lors d’une danse. Il la tenait vers le bas comme s’il voulait insulter son adversaire en ne prenant aucune posture de combat, ce qui eut son petit effet car l’homme bondit vers l’assassin en grognant de rage. J’eus peine à suivre ses mouvements tant il était rapide, je ne vis même pas la lame lorsqu’elle coupa net le bras du traître, un jet de sang traversa mon champ de vision suivit par le bras ressemblant à un poids mort emporté par son élan. Le hurlement de douleur qui devait suivre s’étouffa au fond de sa gorge, l’assassin l’avait attrapé violemment par la mâchoire et y avait enfoncé son poing avant de le ramener en arrière et lui asséner un violent coup de poing qui lui brisa les os et l’empêcherait de crier assez fort pour être entendu. Le bruit du craquement fut un délice de plus pour mes sens. Je sentais naître en moi une sorte d’envoutante révélation pour tout ça, je n'avais plus depuis longtemps ressenti autant de fascination. L’assassin était un virtuose et l’observer provoquait en moi des frissons, de la base de ma nuque jusqu’au creux des reins.

Il souleva l’homme par les cheveux et sans crier gare, lui trancha la gorge.

Le corps sans vie touchait à peine le sol que l’assassin était déjà à la porte, l’arme rangée dans son fourreau et le kunai caché dans sa manche.
Pendant une seconde, le monde s’arrêta de tourner … je n’aurais pu le jurer, mais j’étais presque sûre que l’assassin avait tourné la tête vers le fond de la salle, et avant que j’aie le temps de penser à ce que je voyais, il avait disparu dans un silence de mort.

Je me retrouvais subitement à nouveau seule, en tout cas encore en vie. Je me levai et m’avançai vers les corps baignant dans leur sang. Il était étonnant de voir autant d’expression dans des yeux morts, la surprise de l’un et la colère du dernier les suivraient dans l’autre monde, leurs visages étaient comme des poupées de cire crées pour un spectacle de marionnettes. L’habit du plus gros était une merveille, et de toute manière, là où il voyageait maintenant il n’aurait aucune utilité de toute cette richesse …

- On ne négocie pas son passage par la roue, puisse-tu renaître en cafard. Chuchotai-je en passant la main à l’intérieur d’un ourlet à la recherche d’une bourse tout juste privée de son propriétaire.

Le petit tintement d’une cloche m’empêcha de visiter le cadavre du conseiller, et mieux valait ne pas m’attarder ici car j’imaginais qu’on se débarrasserait vite de ces deux encombrants personnages. Je rassemblai mes affaires et jeta un dernier coup d’œil pour être sûre de ne rien avoir laissé derrière moi. Arrivée à la porte, je me tournai vers eux et esquissa une révérence pour une dernière prière puisqu’après tout, il était coutume d’accompagner les morts d’un vœu.

- Que vos corps n’aillent pas souiller le Bushido, que notre terre renie vos entrailles et puissent les vents refuser vos cendres. Je déposai un baiser sur mes doigts et leur envoyai en soufflant … avec tout mon amour.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 30 Avr 2009 22:21 
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Ainsi, l’homme politique renégat cherchant à faire tomber le système actuel était décédé, de même que son plus proche conseiller.

Tandis que mes pas m’amenaient jusqu’à la salle, j’imaginais d’autres hommes ou femmes de l’ombre emportant les corps pour les faire disparaître on ne sait où, les propres serviteurs de cette maison étaient peut être déjà en train de nettoyer et supprimer les traces de la présence du serpent. Soudain, je me demandais si la jeune servante était de ceux là ou si, par accident, elle parlerait de moi, du fait que je m’étais installée dans cette pièce pour me préparer. Tout était allé très vite au final, elle devait être encore de service à cette heure, troublée par la tournure des événements. J’étais intimement convaincue que l’assassin avait deviné ma présence, à aucun moment il n’avait pu me voir, et peut être étais-je un peu paranoïaque mais il s’était arrêté devant la porte alors qu’il paraissait pressé de s’en aller. Autant ne pas me faire de faux espoir, la présence d’une tierce personne et donc d’un témoin était probablement prouvée, il ne leur faudrait pas longtemps pour enquêter sur le qui … devais-je en parler ?

Arrivée devant la porte coulissante je m’agenouillais pour l’ouvrir, gardant comme il se devait la tête baissée jusqu’à ce que l’on m’annonce. J’entendis les voix s’éteindre peu à peu, les phrases s’achevaient en murmure et je devinais qu’à cet instant les hommes se paraient de visages enjoués pour accueillir la Maihime de la Maison rouge venue les divertir, oubliant pour quelques temps les discours venimeux qu’ils échangeaient.

Derrière mon teint de porcelaine et mon minois impassible, je plongeais dans un monde d’une beauté brute et doucereuse à la fois. Un mélange de sauvagerie abyssal qui tuait sans remord apparent, et d’une parfaite démonstration de simplicité et d’altruisme de surface. Deux hommes venaient d’être assassiner avec une beauté qui me procurait encore une délicieuse chair de poule, et le ou les commanditaires m’accueillaient comme des hommes réservés, inaccoutumés à la fantaisie.

Je me plaçai devant la large table basse et ronde puis les saluai d’une révérence appuyée et polie. Perdant un peu de leur réserve, ils commencèrent à parler du costume et du maquillage, usant de compliments simples destinés aux artisans créant ces magnifiques kimonos, ou du maquillage qui leur donnait tant de mal à reconnaître l’une ou l’autre fille de la Maison. Je restai droite, penchant la tête pour acquiescer ou remercier un compliment et j’avais eu le temps de faire le tour de mon auditoire de ce soir. Je reconnaissais la plupart des hommes présents, certains de vu et les autres grâce à leur réputation tant au niveau du physique qu’à celui des affinités politiques connues … et je pouvais sans me tromper affirmer qu’aucun d’entre eux n’auraient pu se lier politiquement parlant au cadavre.

- Messieurs, amorça Haitori d'une voix parfaitement contrôlée, que diriez-vous de laisser de coté nos discussions ennuyeuses pour faire place à la beauté d’un chant ou d’une danse. Se tournant vers moi, il fit un geste pour inviter son musicien à s’avancer. Si nous commencions en douceur, qu’en dites-vous très chère ?

Il agissait normalement, mais cet homme avait joué une partie risquée ce soir, j’en étais persuadée. Convier un opposant politique à une rencontre en huit clos était inhabituel et pouvait nuire plus que durablement à une réputation, et cela même si le but est d’essayer de le contrôler.
- Pourquoi ne pas commencer par la comptine de Dame Nacoya ? Faisant allusion à un chant racontant l’histoire d’une riche et excentrique vieille dame qui avait conquit nombre de cœur par sa générosité. C’est un classique mais la légèreté du poème est communicative …
- Excellent choix stratégique ! S’amusa Haitori. D’autant que sa descendance se trouve dans cette pièce.

Il alla rejoindre les autres en riant et fit signe aux serviteurs présent de baisser la puissance des lampes. Le musicien entama les premières notes et je saluai mon auditoire comme il se devait avant de commencer à chanter. J’y mettais tout mon cœur en l’honneur de Haitori qui avait si bien orchestré la soirée.
Si le complot incluait tous les membres présents, il aurait peut être à subir de nombreux chantages, sans parler du danger lors de la préparation, les faux-semblants et les mensonges sont plus durs à maîtriser si plusieurs personnes sont de mèche.
Le cadavre, de son vivant, devait être réellement dangereux pour que l’on mette en péril tant de choses pour l’éliminer, et cela dans un secret aussi fragile.

La soirée continua ainsi, au rythme de quelques chants et danses que j’exécutais avec un zèle non feint. Je servais le thé à chaque pause, participant aux discussions lorsque celles-ci me concernaient et condamnant mon attention aux autres par respect pour eux et mon métier. Peu à peu les invités quittèrent leur hôte, la coutume voulant que je reste jusqu’à la fin j’avais prit la place du musicien et jouais un air très simple, lequel il faut l’avouer était le seul que je connaissais.

Une fois tout le monde parti, je me préparais à quitter les lieux à mon tour et m’apprêtai à faire mes adieux à Haitori lorsqu’il proposa de me raccompagner dans son propre véhicule. Devant mon air surpris il avoua sans sourciller être au courant des mésaventures vécues à l’aller.
- Votre chauffeur n’étant plus là, vous n’alliez tout de même pas rentrer à pied. Son ton était poli et presque paternel mais nous savions ce qui se cachait derrière. Le fait de ne pas être à un endroit ne l’empêchait pas d’être au courant de ce qui s’y passait.
- Je m’y étais résignée, répondis-je sans accepter son offre ouvertement.
- Et nous avons à parler, vous et moi.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 4 Sep 2009 13:32 
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La matinée était douce et ensoleillée, bénie par l'éveil du chant des oiseaux qui habitaient le jardin oriental et luxuriant. Le bruit des buissons dansant dans le vent, le son de l'eau qui coulant accompagné du bruit régulier de la fontaine à bambou qui se remplissait et se vidait dans une douce note de bois creux. Tout cela s'accordait pour rendre le sanctuaire du clan Taïchi, un lieu paisible où la moindre intention hostile ou agressive y était banni.
En son centre se tenait la silhouette d'un jeune homme. Il se tenait, là, immobile à coté d'un petit sac muni d'une bandoulière. Ses yeux étaient fermés, le vent faisant danser à son rythme ses cheveux ainsi que le tissu de son kimono. Il semblait profiter de ce moment, comme si celui ci était le dernier. Son corps était calme et impassible, son esprit détendu et serein, tous deux dans une parfaite harmonie intérieure. Tout lui parvenait et le ressentait, à travers le moindre de ses sens. Un état que peu des personnes non initié à ces arts pouvait atteindre. Il pouvait sentir la moindre parcelle de vent parcourir sa peau, le bruit des goutes d'eau qui clapotaient à ses oreilles, l'odeur des cerisiers qu'il sent et qu'il goute sur son palais. Puis il entendit des sons de pas sur le plancher de la maison derrière lui. Il rouvrit les yeux et se retourna tout en élevant doucement la voix

« Le temps est ainsi donc venu de se dire au revoir ... »

Là se tenait sa famille, son père auprès de son petit frère de treize ans, ainsi que sa mère où se cachait derrière elle une petite tête, sa sœur cadette de 6 ans. Le chef de famille ne disait mot, mais son regard puissant parlait pour lui, il était fier et portait un immense respect pour son fils. Le petit frère cependant voulait courir vers son grand frère afin de lui dire adieu, mais il fut retenu par son père qui lui tenait l'épaule. Il se contenta alors de baisser la tête. Il était, en effet, en plein apprentissage afin de se comporter comme un homme sous la tutelle de son père. Ils se retournèrent alors sans rien ajouter et rentrèrent dans la demeure.
La femme qui se tenait devant lui, était d'une beauté époustouflante, bien que non originaire d'Ynorie, ce kimono drapé lui allait à merveille. Elle le regardait avec tant d'affection. Mais c'est alors que la petite fille timide a ses cotés courut vers lui en s'accrochant au bas de son pantalon et en sanglotant. Shin s'agenouilla et posa sa main sur sa magnifique chevelure hérité de sa mère.

« Sois bien sage, Tomoe ... fait honneur à ta famille et soit fier de ce que tu es ... »

Elle releva sa tête et renifla quelques fois, les yeux larmoyants pour finalement acquiescer simplement de la tête. Shin se releva puis sa mère s'approcha à son tour en posant une main sur la joue de son fils.

« Shin, tu n'es pas obligé d'écouter ton père et de partir de la demeure ... »

Shin lui fit un sourire et lui prit doucement sa main. Sa mère était très liée à lui et lui à elle. Elle lui avait apporté toute la douceur et la tendresse que son père ne lui avait jamais offert. Sans elle, il aurait surement été un homme froid et sévère. Il lui devait celui qu'il est devenu aujourd'hui.

« Je tiens à honorer les paroles et la volonté de mon père ... il ne peut en être autrement et cela a déjà été décider ... »

Elle reprit sa main et détacha un médaillon qu'elle portait autour de son cou et l'en entoura celui de son fils pour le lui attacher.

« Alors prend ceci ... c'est un médaillon porte bonheur, il symbolise la roue de Zewen ainsi que le souffle de Rana. Puissent ils te guider et te faire revenir sein et sauf auprès de nous ... »

Elle posa alors ses mains sur sa tête de son fils et s'éleva légèrement pour déposer un doux baiser sur son front.
Shin ferma les yeux, sa mère était aussi douce que magnifique. Puis il la vit s'éloigner de lui, amenant sa fille auprès d'elle.

« Maintenant va, mon fils, et ne reviens que lorsque ton cheminement sera terminé ... nous attendrons ton retour ... »

Shin lui sourit, mémorisant à jamais le visage de sa mère dont il put y lire une larme parcourant sa peau. Il prit la lanière de son sac léger pour le porter sur son épaule et se retourna sans autre regard marchant vers le portail du jardin. Il pouvait entendre sa petite sœur pleurer et se coller tout contre le tissu de sa mère en le regardant l'éloigner. Shin aperçut sur le chemin, son maitre d'arme depuis toujours, coller contre un arbre, Ken. Celui ci lui lança une lame que Shin attrapa par le manche du bout de ses doigts agiles. Il s'agissait d'un Kukri, un poignard à lame courbée et intérieur. Shin le regarda à nouveau et s'inclina par respect pour son maitre et par remerciement. Ken lui fit un sourire ainsi qu'un signe de la main. Shin sourit à son tour et mit la lame à l'intérieur de son kimono. Les mots étaient inutiles et bénins. Inutile de préciser que ces années de rapport maitre-élève avaient formé une complicité entre eux deux. A travers ce silence, le jeu de regard était plus que suffisant pour faire ressentir à l'autre ce qu'on désirait lui faire comprendre.

C'est ainsi que Shin quitta sa demeure de toujours en franchissant la grande porte en bois ouverte par les serviteurs du clan. Ainsi donc était venu le temps de s'ouvrir au monde extérieur. Il se retrouva dans la ruelle familière. Il sortit son petit sac de yus et le sous-pesa. Avant de faire le grand voyage, il était essentiel de s'équiper, il décida donc de passer à la petite boutique de Nataku Arashimasi, une boutique qu'il connaissait bien ...

La petite boutique de Nataku Arashimasi

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 27 Juil 2010 15:39 
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Première épopée


Je soupirais. Comme chaque matin, je n'avais guère envie de rentrer chez les Koyama. Les Koyama étaient sympathiques, c'est vrai, autant qu'on puisse l'être avec une domestique, et ne me traitaient pas non plus comme un chien.
La mère était une femme distinguée d'une quarentaine d'années. Elle avait des longs cheveux noirs, qu'elle relevait avec des piques magnifiques, et mettait souvent des fleurs odorantes dans ses beaux cheveux, tandis qu'elle ne négligeait jamais ses précieux kimonos.
Le mari était un peu plus terre à terre, mais sympathique aussi. Je ne le voyais guère que pour les repas, où je servais la nourriture. Il me disait à peine quelques mots, de politesse exclusivement.
Et puis, il y avait leurs deux filles. Des jumelles. Prisca et Mona. Je me chargeais de leur éducation, et faisait quelques corvées à leur place. Je les aidais à tisser puisque leur mère n'était guère attirée par ces ouvrages, et allait le plus souvent dehors, voir je ne sais quoi. En clair, elle me payait pour que je me charge de son travail.

Mais je ne l'en blâme pas. Toute mon adolescence, j'ai tenté de trouver un attrait à cette vie, sans y parvenir. Le tissage, le ménage... Toutes ces choses sont si inutiles, futiles.

" Jinann... Te voilà enfin.
- Excusez mon retard, Madame Koyama
- Ce n'est rien, ce n'est rien... Qu'est ce que tu faisais ce matin dehors, de si bonne heure ?
- Ah... Je me suis balladée.
- Encore ?
- Sur le port, oui.
- ... Bien. Je te laisse te charger du repas, je dois aller voir un...une amie. Je reviendrais dans deux heures. Voire trois. Les enfants étudient jusqu'à ce soir. Tu feras les chambres aussi cette après-midi... Ah ! Et il faudra aussi nourrir les deux cheveux de Takon." fit-elle, avant de partir

Et voilà. Les mots que j'échange avec cette femme. Autant dire que nous ne sommes pas très proches, même si elle se montre agréable, et s'efforce de feindre un petit intéressement pour ma vie privée.
Moi, je ne m'en cache pas, cela ne m'intéresse pas. Je sais parfaitement qu'elle est infidèle, mais peu m'importe. Takon le saura ou ne le saura pas, ce qui m'intéresse, c'est qu'il me paie.

Je me rendis donc dans la cuisine. Une salle spacieuse, où les aliments étaient nombreux. Les épices aussi étaient fort prèsentes. Il y avait une vingtaine de sortes d'épices. Aneth, gingembre, fenouil ...
La préférée de Takon était d'ailleurs l'Aneth. Aucune idée de pourquoi, mais en lui préparant à manger, je m'en suis aperçue. Et comme cela m'indiffère, je m'applique à toujours lui préparer son blé avec de l'aneth.

Oui mais voilà, aujourd'hui, j'ai décidé de faire les choses autrement. Cette nuit, je dormirais là, mais ne resterais pas. Il est temps que je m'en aille, et même si les Koyama ne sont pas des esclavagistes, je ne peux pas rester, et ce n'est pas avec la dîme de misère qu'ils me laissent que je vais pouvoir me payer de quoi partir.

Je soupirais, pris le blé qu'il y avait dans un pot, et le préparais sans conviction. Demain, je serais déjà sur place.
Je leur aurai emprunté un cheval, un des deux, de toute façon, ils ne s'en servent pas ; et j'aurai déjà quitté Oranan depuis longtemps.
Mon but ? Rejoindre l'endroit où notre maison a brûlé, et là où j'ai enterré le corps d'Hadrian. Logiquement, moins d'un jour suffira. Puis, je m'enfoncerai dans la forêt, pour affronter les Orques.
Je répandrai leur sang dans la forêt, sur la terre où ils ont sacrifié mes pairs sans la moindre raison.
Je ferai payer aux frères de ces meurtriers ma douleur, qu'ils recevront au centuple !

Enfin, j'assouvirai mon besoin de vengeance...

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Il est de la justice de prendre vengeance d'un crime, mais c'est vertu de ne point le venger

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 2 Aoû 2010 02:49 
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>> Trajet aérien en Cynore entre Kendra-Kâr et Oranan

Après les embrassades entre elfe et lutin, elfe et louvetau et enfin grand-mère et petite fille, le petit groupe se promena le long du chemin qui menait en ville, enchanté de se retrouver. Séléné courait dans tous les sens, trop content de retrouver la terre ferme, Eucalyptus, lui, sautillait dans tous les sens, trop content de retrouver sa douce Plume et les deux elfes marchaient en arrière, bras dessus bras dessous, en se racontant des histoires de grand-mère et de petite fille. Arrivé aux portes de la ville, le petit groupe dut attendre un peu, avant que l'on ne fouille leurs affaires et qu'on les autorise à rentrer. Eucalyptus n'aima pas trop qu'on mette son nez dans son sac et dans son fourreau mais resta sage et ne dit rien à ce propos. Après quelques pas dans les rues de la cité d'Oranan, Lumbo laissa Plume et Eucalyptus seuls car elle devait aller donner une lettre à un vieil ami.

"Ne m'attendez surtout pas. Je pense que je dînerai chez Umekun et nous risquons de discuter une bonne partie de la nuit. Finëlind, je compte sur toi pour qu'Eucalyptus ne veille pas trop tard car demain, nous aurons une longue journée... Amusez vous bien et à demain !"
"Pas de soucis, grand-mère ! Passez le bonjour à Ume Sama de ma part ! Allez, tu viens Eucalyptus, je vais te montrer ma maison et ce soir, nous dînons chez Barachan !"
"A demain, Lumbo ! Oh mais oui ! Rose ! C'est la gentille elfe que j'ai rencontré sur la route de Bouhen ! Ca tombe bien, j'ai trop faim et elle m'a promis un repas d'ogre !"
"Bara est une excellente cuisinière ! Je suis passée la voir tout à l'heure et elle m'a dit qu'elle était aux fourneaux depuis ce matin. Nous allons nous régaler !"
"Hinhinhin ! Je vais faire honneur à son invitation, foi de lutin !"

Plume et Eucalyptus marchèrent un bon quart d'heure avant d'arriver chez elle et Eucalyptus comprit de suite, en voyant sa maison, qu'ils étaient arrivés. La maison de Plume était une petite pagode d'un étage, planté au beau milieu d'un jardin somptueux, entretenu avec un soin tout particulier, comme l'étaient l'ensemble des jardins d'Oranan. Au sommet de sa porte d'entrée coulissante en feuille de riz, Plume avait cloué un shamisen et son bachi qui faisait office d'écriteau pour son commerce de lutherie. Tandis que Plume se déchargeait des malles de sa grand-mère devant le parvis en bambou de sa maison, Eucalyptus fit un tour de jardin, s'émerveillant à chaque buisson planté, prenant un soin délicat et particulier à suivre le fil du tout petit ruisseau aménagé qui parcourait le gazon tondu et le sable râtissé. Plume le rejoignit au bout de quelques minutes, avec un plateau, son service à thé et quelques douceurs sucrées.

"Thé au jasmin, gâteaux fondants à la noisette. S'il en reste, on pourra aller nourrir les carpes avec..."
"A la noisette, dis-tu ? Je doute fort qu'il en reste pour tes poissons... Je te suis !"

Plume et Eucalyptus contournèrent la maison et s'installèrent sous le porche de cette dernière. Il fit comme Plume et se déchaussa, assis sur le porche, avant d'y poser les pieds.

"Tu t'adaptes vite aux coutumes locales !"
"A Oranan, on fait comme les oraniens !"

Plume et Eucalyptus prirent donc le thé et ce dernier fit honneur aux gâteaux de Plume. Les pauvres carpes de Plume n'eurent pas la chance d'y goûter car ni Plume ni Eucalyptus ne laissèrent la moindre miette. Alors que le ciel se tintait pour montrer que la nuit arrivait sous peu, les deux amis entrèrent dans la pagode. Eucalyptus était fort étonné par l'architecture et la décoration, il n'avait jamais vu pareille maison avant. Plume lui fit visiter sa demeure et cerise sur le gâteau aux noisettes, elle lui montra ce qu'Eucalyptus qualifia de huitième merveille de Yuimen, sa chambre. L'elfe, qui aimait travailler le bois, avait bricolé une cage à oiseau et l'avait aménagé spécialement pour le lutin. Suspendue dans le salon, la chambre d'Eucalyptus comportait tout le confort que pouvait espérer un lutin, la décoration était splendide et le lit était des plus moëlleux.

"Il y a même un hamac ! Oh... Et les draps de soie sont si doux, si bleus, si fins... Nul besoin d'aller consulter l'Oracle pour en deviner la provenance !"
"Oui, j'ai demandé à tante Fara de me confectionner quelques textiles pour ta chambre... J'ai fait chauffer de l'eau pour mon bain, tu en veux un peu ?"

La petite chambre du lutin comprenait également une salle d'eau, à la fois typique d'Oranan et à la taille du lutin. Eucalyptus était ravi, enjoué et encore sous le charme de son elfe taurion si délicate. Plume avait bien raison, avant de se rendre chez Rose, il avait bien envie d'un bon bain chaud. Chacun partit dans sa salle d'eau et se délecta une bonne demi-heure, les yeux à moitié fermés, dans les vapeurs parfumées. Les deux amis se retrouvèrent frais et détendus devant le parvis de la maison, donnèrent à manger aux carpes puis prirent le chemin vers la maison de Rose. Quand ils rentrèrent chez la jeune elfe voyageuse, Eucalyptus constata qu'elle n'avait pas menti, sa table était garnie d'une multitude de mets exotiques aux fumet savoureux et aucun des plats ne contenait de viande ou de poisson. Il n'y avait qu'une seule chose qui ne plut pas trop à Eucalyptus, ce fut le manque de couverts mais lorsque Barachan lui expliqua qu'à Oranan on mangeait avec des baguettes, Eucalyptus crut d'abord à une bonne blague puis fut émerveillé par cette coutume quand il vit son hôte attraper un champignon avec ses baguettes. Le jeune lutin, qui était très habile de ses dix doigts, n'eut aucun mal à faire le pitre avec mais eut toute la peine du monde à attraper quoi que ce soit. Il ne se découragea pas pour autant et finit par trouver la technique. Tout fut excellent. Les soupes étaient succulentes et parfumées, les légumes poëlés aussi et les nems trouvèrent un nouveau fidèle.

"C'est comme des crêpes en fait ! Ca vaut pas celles à la fraise de ma maman mais c'est rudement bon. ", dit-il après avoir englouti son neuvième nem...

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MessagePosté: Lun 2 Aoû 2010 14:15 
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"Eucalyptus..."
"Mais heu... Rauco fait que m'embêter..."
"Allons, allons, reste concentré, veux-tu..."

La si douce buse en question s'amusait à fondre en piqué vers le lutin, ce dernier l'esquivait au dernier moment et elle reprenait son envol avant de continuer son petit jeu. Lumbo avait eu raison, il n'était pas là pour s'amuser. Le jeune lutin regrettait de ne pas être encore la veille à déguster les petits plats de Rose. Aujourd'hui, il était en compagnie d'un maître tai shi et tentait de reproduire ses mouvements, tout en se concentrant sur les conseils du parchemin du Souffle d'Air. Il aurait pu aisément apprendre ce sort si Rauco ne l'empêchait pas de se concentrer et s'il n'était pas en équilibre sur un pied sur une petite tige de bambou planté dans le jardin de Plume. Le but de cet exercice, selon Lumbo, était d'allier le travail au plaisir des travaux ménagers mais selon Eucalyptus, le but était de montrer clairement qu'elle était une despote tyrannique et particulièrement sadique. Plume, elle, s'était installé sur le perron et travaillait un koto avec son ciseau à bois...

"Grand-mère ? Pourquoi lui faire subir tout çà ?"
"Allons, Plume. C'est logique. Je veux qu'il travaille l'équilibre, l'esquive et la concentration. Et encore je me trouve trop douce. Tu ne voudrais pas par hasard porter quelque chose de plus léger ? Peut-être aussi de plus décolleté..."
"Si je peux aider..."

Quand Plume revint de la pagode, légèrement vêtue, l'exercice devint soudain extrêmement difficile. Eucalyptus ne suivait plus du tout les mouvements du maître, avait grand mal à garder son équilibre et finit par tomber sur les fesses pour esquiver la buse. Lumbo frappa dans ses mains et trois gamins du quartier vinrent jouer à chat dans le jardin. Cela faisait parti de l'exercice. Si le lutin tombait de son pic de bambou, Lumbo rajoutait du piment à l'expérience. Eucalyptus se massa la fesse et pesta contre Lumbo tout en remontant sur son perchoir. Il consulta rapidement son parchemin et tenta à nouveau de reproduire les mouvements du maître tai shi. Au premier assaut de la buse, Eucalyptus l'esquiva sans problèmes mais il croisa le regard et le décolleté de Plume et là tout devint encore plus compliqué. Déjà qu'il voulait lui aussi jouer à chat, si en plus Plume le déconcentrait aussi, il en était sur, il n'arriverait jamais à faire sécher le linge de maison. Cela faisait maintenant deux bonnes heures qu'il était en train d'essayer de maîtriser ce sortilège banal et il commençait sérieusement à en avoir assez.

S'il tombait encore et si Lumbo faisait intervenir le groupe de musique qui attendait devant la maison, il ne pourrait jamais maîtriser ce sort et décevrait Lumbo, chose qu'il ne voulait absolument pas. Alors il se concentra tellement qu'il en sortit sa langue et fit plus qu'imiter les gestes du maître tai shi qui semblait imperturbable. Dans ses mouvements, il canalisait ses fluides et jouait avec le vent qu'il créait ainsi. Pour esquiver Rauco, il fit une pirouette adroite et dirigea ses mains vers le linge trempé et suspendu sur des longues tiges de bambou. Un vent doux et chaud se mit alors faire voguer le linge et Lumbo applaudit son apprenti.

"Yattaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !"

Victorieux, il éructa de joie et avant de se rétablir sur le sol, la buse de Lumbo piqua vers le lutin et l'emporta avec elle dans ses serres...

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