L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Sam 4 Juin 2016 21:10 
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La dernière vision d'Azra fut les flammes et les flèches qui se déversaient sur le mur, sans parler des harpies furieuses. Puis, les ténèbres l'engloutirent et il reparut dans une pièce familière, avec les mécanismes des portes. Il eut à peine le temps d'analyser la situation qu'un rugissement terrible retentit : Rendrak passait à l'action !

Les garzoks, déjà débordés, ne s'attendaient pas à voir l'ennemi débarquer en hurlant au milieu de la pièce. Comme en plus ils n'étaient pas nombreux, ils fuirent précipitamment. Mais le liykor ne comptait pas les laisser partir à si bon compte. Il projeta sa chaîne pour en attraper un à la gorge et tirer violemment, l'attirant à lui dans un formidable vol plané... qu'il interrompit d'un coup de pied bien placé qui brisa la colonne vertébrale de son adversaire, lequel s'affaissa avec un gargouillis.

Azra et Thensoor eurent tout le loisir d'activer le mécanisme et d'ouvrir les portes. Saisissant les roues des battants, ils les tournèrent de toutes leurs forces. Leurs conditions de squelettes les ralentissaient un peu, mais ils arrivèrent tout de même à leurs fins. Un grondement retentit au loin, témoignant de la charge des cavaliers qui venaient finir le travail. Ceci fait, le jeune homme s'élança vers son compagnon, poursuivant furieusement les ennemis qui fuyaient vers les escaliers. Il en rattrapa un en premier, déviant une lame maladroite de son gantelet et portant un coup qui brisa quelques côtes. Non... il était mort... son corps ne ressentait rien... à moins que...

Avec un ricanement, il saisit le monstre à la gorge et siffla :

« Dis-moi, quel goût à la mort ? »

Le gazok ne répondit que par un flot de sang, la trachée broyée. Oui ! Il arrivait à ressentir quelque chose ! Ça y était ! La mort, la violence... les horreurs de la guerre... il comprenait maintenant ! Il ne pouvait rien ressentir, mais son esprit pouvait se souvenir d'anciens sentiments pour peu qu'ils soient assez forts... Il frappa le corps à terre plusieurs fois. Le casque se détacha. La boîte crânienne se fracassa dans un flot de sang et de matière grise. Oui ! C'était effroyable ! Immonde ! Délicieusement immonde ! Il pouvait le sentir ! Par-delà les épreuves ! À travers les plaines d'un autre monde, il avait tout vécu, y compris la mort... il avait senti son goût amer... mais en même temps...

« Je suis vivant ! Mouah ah ah ah ! AH AH AH AH !!! »

Une main squelettique le ramena à la raison. Il se leva d'un bond, couvert de sang, recula d'un pas devant Thensoor, trébucha et s'étala sur le cadavre. Il était couvert de sang, ses gestes étaient frénétiques tandis que ses mains s'enfonçaient convulsivement dans la chair de sa victime.

« Thensoor... c'est... comment faites-vous ? Mon esprit m'échappe... j'ai désespérément besoin de ressentir des émotions, mais elles me fuient... Comment faites-vous ? »

Le sorcier noir hocha la tête, inexpressif :

« Vous étiez trop jeune et pas assez sage pour être prêt à une telle vie... mais j'ai foi en vous. Vous y arriverez. »

Le jeune mort-vivant se redressa péniblement. Son esprit s'était calmé. Comme abreuvé de sang. Il en demandait encore, mais avec moins d'insistance.

« La mort a décidément une bien longue caudalie... » marmonna-t-il.

« Presque éternelle, je dirais... » se contenta de répondre le sorcier.

Ils descendirent au bas de la tour, à temps pour y voir Charis qui terminait le travail. Cette porte était reprise. La cité serait bientôt de nouveau entre les mains des hommes-pâles. Il la salua, puis demanda à Thensoor :

« Parfait. Ramenez-moi auprès des chefs. Le siège de Fan'Ming aura lieu d'ici un jour tout au plus. Il faut s'assurer que les renforts arriveront pour donner courage aux hommes là-bas. Êtes-vous prêt à affronter ce... Vallel ? »

(((645)))

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
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David le nerd


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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Sam 4 Juin 2016 23:31 
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Derrière nous, les combats continuent à aller bon train, et la reprise de la porte Sud n'est plus qu'une question de secondes désormais. Le Roi elfe m'annonce qu'il restera en-dehors pour lutter, soit comme il préfère, ce sont ses troupes après tout, d'autant qu'Ynoriens et Pâles iront combattre ensemble. Ainsi, les humains de mondes différents se trouvent ici plus proches qu'elfes et hommes voisins juste séparés par un fleuve. Cette notion de racismes entre membres de races me paraîtra toujours aussi étrange...

(N'en fais-tu pas de même avec les Garzoks et les Sektegs ?)
(C'est pas pareil !)
(Ah ? En quoi est-ce différent ?)

Ma faera se tait, me laissant méditer ces pensées fugaces. Trop heureuse de m'occuper l'esprit à des questions moins complexes, je laisse Kiyoheiki me soigner avec un sourire béat au fur et à mesure que mes plaies se referment. J'ai manifestement bien trop forcée aujourd'hui en matière de combats et de blessures, mon corps, bien qu'accoutumé, commence à être las.

"Merci Kyioheiki. Ces Garzoks ne m'ont pas loupés..."

Chacun se répartit pour la fin de la bataille, mais quand Ejude me propose de me joindre à ses armées, qui d'ailleurs apportent la preuve de leur courage en exposant pas moins de dix têtes de ces affreux géants, je ne peux que hocher la tête en signe de dénégation.

"Désolé, mais mon rôle de protectrice n'est plus sur ce champs de bataille. J'ai tué et semé le carnage et la destruction bien trop pour une seule personne et une seule journée. Regardez la plaine, regardez le chaos qui y règne; regardez au pied des murailles les esclaves morts, certains l'ont sans doute été de ma main. J'ai répandu la mort et la capharnaüm plus que je ne le devais et il est temps pour moi de soigner et de guérir. Ces hommes Pâles haïssent la magie et vu ce qu'elle peut faire sur ce monde, je les comprends; mais ma magie peut aussi soigner. Vos poisons sont mortels, Roi Ejude, mais connaissez-vous l'art des simples qui pansent les plaies de la chaire ?"

Bien que mon ton soit doux et fatigué, je n'ai pas le temps de me reposer, la nuit n'est pas encore venus et nombreux seront les hommes et les femmes, ynoriens, harpies et prisonniers d'ailleurs qui auront besoin ce soir de soin. Le message de Xël était clair, une autre armée a fait le tour, elle arrivera à Fan-Ming avant nous, j'en suis que trop certaine.

"J'ignore tout des plantes qui poussent dans vos cépées, des fleurs qui parsèment les clairières ensoleillées d'Aliaénon, des arbres qui fondent les canopées millénaires. Auriez-vous un guide pour venir avec moi à Jollarsyth, pour y trouver des remèdes et des tonifiants naturels, emprunt de la seule magie du monde qui nous entoure; car cette bataille n'est pas la guerre et nous aurons besoin de tout le monde dès demain, je le crains..."


(((S'il me trouve un guide pour les plantes à Jollarsyth, je siffle et pars vers la forêt. Sinon, je me contente d'aller dans la forêt d'Emeraude)))

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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha


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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Dim 5 Juin 2016 12:30 
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~117~



Ma magie opère sur Lothindil avec encore cette incroyable efficacité. Je ne sais dire si c'est l'influence d'Aliaénon ou le fait que je commence à m'habituer à ce monde. À peine ai-je terminé et entendu ses remerciements que le jeune D'Omble répond à ma question. Mon cheval est auprès de l'intendance de l'armée, et vue la façon dont il en parle, Ganko a du faire des siennes. Mais plus grave, et que je perçois dans son regard, c'est que Dame Talia a rejoint les autres harpies au combat. Qui sait ce qui a pu advenir d'elle ?

Je sens ma poitrine se serrer. Savoir que j'ai conduit les Pâles à se battre est une chose, pouvoir mettre des visages sur de possibles disparus en est une autre.

"J'effectuerais toutes les libations des deux mondes si cela pouvait apporter un brin de certitude..."

La Reine intervient en coupant court à nos retrouvailles, donnant ses ordres au jeune homme. Les murailles ouest sont encore à reprendre, et visiblement, il est de son devoir de rassembler les fantassins pour y agir. L'Etat-major part déjà en direction des portes sud, décidé à voir la situation par eux-mêmes. Je songe à accepter l'offre du jeune D'Omble de chevaucher avec lui quand, soudain, une voix résonne dans mon crâne. Une voix connue. C'est celle d'Alistair, l'homme que j'ai soigné en ville.

Des mots s'enchainent, mais c'est la sensation de vide qu'ils créent que je ressens le plus. En compagnie des soldats d'Omega, Alistair m'apprend que la population civile que j'ai tenté de protéger vient d'être exécutée... Sur l'ordre donné par Gurfelion, désormais lui-même entre la vie et la mort. Et on attend de moi... Que je vienne stabiliser son état.

Je perçois le sang se retirer de mon visage. Un frisson glacial me parcourt lentement. Debout, incrédule, je plaque la main contre mon crâne et me mets à lentement secouer la tête. C'est impossible. Le traitre Pâle ne peut pas avoir fait ça. Pas sans raison. Pas alors qu'il a tout fait pour garder la population civile hors de danger...

C'est une plaisanterie ? De très mauvais goût ? Je revois encore le pauvre hère attendant son sort comme une brebis égarée. Et le seigneur Gayit, agenouillé sur cette Grand'Place comme tous les autres. Ce... Ce n'est juste pas possible.

Me suis-je fourvoyé ? Encore une fois ? Ai-je accordé trop de crédit à l'ennemi, comme semble me le reprocher la voix de l'homme ?

Je lève les yeux vers les chefs de l'armée Pâle s'éloignant rapidement. Toute cette organisation, cette tension, ce chaos, pour au final perdre ce qu'il y avait de plus précieux dans cette cité. Je ne peux pas y croire. C'est juste... Impensable.

Désemparé, je jette un regard perdu au jeune D'Omble. Ma gorge est subitement sèche. Les mots me manquent. Jamais je ne me suis senti si proche d'un gouffre.

"Je... Les civils... Ils..."

J'ai beau chercher à me calmer, à retrouver ce sang-froid digne des miens, je n'y parviens pas. J'agrippe la pierre de vision, la regardant un instant comme une création malfaisante. Mon cœur ne parvient pas à retrouver un rythme normal. Le sang pulse à mes tempes.

Je... Je dois voir cela par mes yeux. Je ne peux pas croire qu'une telle chose s'est produite. Pas alors que j'étais si proche des lieux. Pas... Pas quand j'étais certain qu'ils ne risquaient rien... Tous ces gens... Tous ces innocents... Jetés dans ce conflit qui les dépassait... Et qui, maintenant...

Mélange de rage et d'angoisse. Poing serré. Rejet de cette distance nécessaire. J'agis par instinct. J'agrippe le sifflet magique, soufflant dedans sans autre explication. Le cheval ailé apparu, je m'empresse de grimper dessus. C'est d'une voix sonnant cassée à mes propres oreilles que je donne mon ordre à la bête magique.

"La Grand'Place ! Tout de suite !"

C'est juste un piège pour que je vienne... Un mensonge. Un cauchemar. Je vais me réveiller dans la boutique ou chez les D'Omble, et tout ceci... Tout ceci ne sera pas... Cette réalité n'aura jamais existé. C'est cela ! Juste un mauvais rêve !

Gaïa, faites qu'il n'en soit pas autrement !





Utilisation du sifflet pour aller sur la Grand'Place.

(690 mots)

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Dernière édition par Kiyoheiki le Mar 14 Juin 2016 15:58, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Lun 6 Juin 2016 12:55 
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Ce fut un nouvel échec pour ma part, irritant, mais après tout je ne maîtrise ces récents pouvoirs que depuis peu. Il est normal qu’ils m’échappent parfois. Néanmoins, les femmes volantes suivent mes conseils et s’en prennent aux arbalétriers, nous laissant ainsi quelques instants de répit. Je vois nos assaillants se couvrir de givre et regarde avec étonnement la nouvelle venue dont j’ignore toujours le nom. Il semblerait que si je maîtrise le feu, elle maîtrise la glace. Plusieurs parvinrent à se défaire de la chape de glace qui les entourait, mais cela permit aux créatures volantes de faire leur office et de faire passer par-dessus bord nos ennemis.

J’avise également de flèches happant nos ennemis de dos, provenant de l’autre côté de la muraille. Visiblement, nos alliés se sont à leur tour approché des portes, de l’autre côté, et nous prêtent main forte. Bien, fort bien, car rapidement, les murs de pierre se gorgent du sang et des cadavres de nos ennemis.

J’avise du coin de l’œil de la nouvelle venue chancelante après avoir jeté son sort de glace et je me précipite vers elle pour la récupérer délicatement entre mes bras avant qu’elle ne touche le sol et ne se blesse. Je l’y allonge doucement et observe autour de moi avant de héler un soldat que j’avise non loin de là.

- Occupe-toi de cette jeune femme, je te prie. Elle est souffrante.

Je connais cette fatigue, la même s’était emparée de moi dans les sombres recoins de Messaliah, mais elle fut moins puissante car je parvins à cesser à temps l’usage de mes pouvoirs. Je vois alors les battants des portes s’ouvrir, enfin, et des cavaliers déferler à l’intérieur de la cité, allant aider de part et d’autre là où l’on avait besoin d’eux. J’avise alors de l’apparition de deux êtres étranges aux longues robes, comme si la mort les avait pris dans leurs rais. L’un d’eux me salue, il semble me connaître, pourtant je me serais rappelée avoir croisé une créature si étrange, malgré l’incongruité de mes dernières rencontres.

- Vous semblez me connaître, messire, j’ignore cependant qui vous êtes, dis-je en le regardant avec méfiance.

Après tout, il semble être mon allié, mais son apparence n’en est pas moins guère engageante et peu rassurante. A côté de lui se trouve un sorcier et je me demande s’il ne s’agit pas de celui que j’ai brièvement vu apparaître dans la tour de Neo-Messaliah. Se pourrait-il que… je regarde avec stupeur l’être de mort qui m’a adressé la parole. C’est possible, probable… Quoi qu’il en soit, mes mots sont toujours d’actualité, j’ignore toujours quel nom il porte.

Nous avons repris les portes sud de la cité, néanmoins des ennemis s’agitent peut-être encore quelque part entre ces murs, aussi je m’approche d’Al’Sabbar, non sans m’être assurée qu’il n’est pas blessé.

- Comment vous portez-vous, Seigneur ? Allons voir au centre de la cité comme se passe la reprise, si l’on a besoin quelque part de nos bras. J’ai hâte de prendre un bain et de me défaire de ces habits tavelés de sang.

Ce disant, je me mets en route, l’épée toujours à la main.

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Lun 6 Juin 2016 17:21 
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Le geste d'Hirotoshi en réponse à Alistair surprit quelque peu ce dernier. Une main sur son épaule, il le rassura : Gurfelion était l'unique responsable de cette issue, et il n'avait rien fait de répréhensible. Sûrement était-ce encore la fatigué qui pesait sur lui qui expliquait cela, mais le voleur s'en sentit comme quelque peu soulagé. Cet échec n'était pas de sa faute, en fin de compte. Il s'était juste retrouvé face à un ennemi irraisonné et traître. C'était une explication qui lui convenait. Quant à sa proposition de torturer le captif, le capitaine accueillit la nouvelle avec bien plus de flegme que ce à quoi il s'attendait. Mais après tout, personne ne le pleurerait.

Ces paroles dispensées, Hirotoshi se tourna vers ses hommes, qu'il aida dans leur tâche, à savoir séparer les cadavres en deux tas selon leur allégeance. Etrangement, les Ynoriens se révélèrent respectueux même envers les garzoks, dont ils laissèrent les dépouilles intactes et pleines de leurs possessions. Ils étaient pourtant finement équipés, sans commune mesure avec la troupe Omega. Enfin, ce n'était sans doute pas si étonnant de la part de représentant de cette ethnie.

Reprenant ses esprits après quelques secondes de contemplation morbide, Alistair s'approcha des derniers vivants de la place, se positionnant au niveau du capitaine. Il avait assez lambiné : si tout se passait bien, le soigneur serait sur place d'ici quelques minutes, mais en attendant il restait des choses à faire.

« Si je peux me permettre une suggestion, » commença le voleur à l'égard du vétéran. « J'ai appelé un soigneur via la pierre. Je propose que les soldats dont les blessures sont incapacitantes restent ici en l'attendant. Je crains qu'il faille privilégier les soins de Gurfelion, entre la vie et la mort, mais il pourra sans doute s'occuper des vôtres juste après. Quant au reste des troupes, je propose qu'un tiers parte aider la porte Nord à prendre les remparts et un tiers s'en aille aider ceux que l'on a déjà envoyé à la porte Sud. Le dernier tiers devrait parcourir la ville pour s'occuper des éventuels soldats ennemis cachés ci et là et sécuriser le reste des habitants. »

En répartissant les troupes ainsi, en moins de deux heures ils pourraient avoir intégralement repris la ville et cessé toutes les activités militaires. Et il était primordial de terminer toute cette affaire le plus rapidement possible pour que les soldats prennent un repos bien mérité. Car dès le lendemain, si tout se déroulait comme prévu, ils repartiraient en direction de Fan-Ming pour prendre les troupes de Vallel à revers, en priant pour qu'à leur arrivée les murailles de la cité Ynorienne soient toujours là. Alistair aussi, d'ailleurs, rêvait d'une bonne nuit de sommeil. Mais il la prendrait certainement après avoir discuté avec Tsukiko. Il faudrait qu'il ramène Gurfelion avec lui, et pourquoi pas Loona, son nouveau porte bonheur, mais il lui restait beaucoup d'utilisation de son sifflet. Assez pour se permettre d'en utiliser deux, en tout cas.

« Dame Loona, » fit-il en se tournant vers la jeune femme, qui arrivait à son tour à leur niveau, « je m'occupe des dernières affaires à régler ici, puis je repars pour organiser les défenses de Fan-Ming. Me joindrez-vous ? Je vous dois la vie, après tout, sans vos pouvoirs je n'avais pas l'ombre d'une chance. J'aimerais vous garder comme porte bonheur un peu plus longtemps. Autant de temps que possible, en fait. »

Son dernier commentaire s'était accompagné d'un léger sourire, mais, faible qu'il était, celui-ci n'était pas très convainquant. Pour autant, il était, une fois n'est pas coutume, honnête. Il lui devait réellement la vie, il en avait conscience, et lui en était reconnaissant. Et puis, le physique avantageux de la jeune femme aidait. Quand bien même se serait-elle montrée parfaitement inutile qu'il aurait sauté sur l'occasion pour passer plus de temps avec elle. Alors après qu'elle ait contribué à sa victoire et sa survie, son désir de la voir rester à ses côtés s'en était retrouvé décuplé. Tout comme son désir pour elle.

« En plus, » reprit-il, « votre pouvoir pourrait m'aider dans la stratégie de défense. La première partie demandera que l'on gagne du temps pour que les troupes encore à Fan-Ming ne nous rejoigne. Effrayer les ennemis avec un brouillard de ténèbres sera assez enclin à les faire reculer promptement. Sans compter le potentiel qu'il représente pour poser des pièges. En bref, vous êtes essentielle, comme toujours, alors suivez-moi, je vous le demande. »

Son discours terminé, ses pensées se tournèrent vers la cité Ynorienne. Il y avait là-bas au moins un aventurier en provenance de Yuimen qui s'occupait des défenses, mais, ne le connaissant pas, il n'avait aucune foi véritable en ses talents de stratège. Il fallait donc qu'il le rejoigne au plus vite. En attendant, il y avait une information dont il avait besoin. Il attrapa sa pierre bleue et se concentra sur Eva, aux portes Sud.

( Vous avez la liste des Essérothéens et de leurs pouvoirs ? Je rentre bientôt à Fan-Ming, il me la faut pour organiser les troupes, où est-elle ? )

Il se souvenait qu'elle avait fait cette liste lorsque tous les magiciens s'étaient retrouvés à la cité Ynorienne pour la première fois, après avoir fuit Nagorin. Il n'y avait pas prêté beaucoup d'attention à ce moment là, mais c'était le moment où jamais de l'utiliser.

Son message envoyé, il se tourna une nouvelle fois vers le capitaine, pointant les garzoks de la main.

« Concernant ces cadavres, je comprends la retenue de votre peuple, mais au vue de la bataille à venir à Fan-Ming ne serait-il pas judicieux de prendre leur équipement ? Ce n'est pas comme si les Hommes-Pâles allaient leur construire des hypogées non plus, il me semble que quelques pillages ne feront de mal à personne. En tout cas, je ne passerez pas à côté de cette opportunité de prendre l'ascendant sur mes ennemis. »

Et, sans attendre de réponse, il s'approcha lui-même des corps des officiers Oaxiens pour y faire ses emplettes. Peut-être l'un d'eux serait-il en possession d'un poignard de qualité ou d'un quelconque équipement dont il pourrait se servir. Il ne comptait pas revêtir leurs imposantes armures, trouvant le cuir bien plus confortable pour ses compétences que le métal, mais il y avait certainement beaucoup d'autres choses intéressantes sur eux. Aussi s’affaira-t-il à fouiller le plus de corps possible avant l'arrivée du shaakt auprès d'eux. Poches, ceintures, capes, tout passait sous son œil expert.



(((1 082 mots)))

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Mer 8 Juin 2016 03:28 
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À court d’idées et désirant progresser plus rapidement, je profitai de la présence du pirate à mes côtés pour lui demander s’il n’avait pas un plan à me suggérer. Sans perdre un instant, affichant un large sourire un peu inquiétant, il répondit immédiatement par l’affirmative. Dégageant un filet de pêche calé sous son bras, il m’annonça qu’il avait tout ce qu’il lui fallait.

Un plan insensé ! Voilà ce qu’il avait en tête ! Tout en distribuant une portion de filet, il grimpa sur le rempart et tout en courant, il étendait son filet, espérant sans doute attraper des orques. Et le plus surprenant dans toute cette manœuvre, c’est qu’il réussit. Jouissant d’un sens de l’équilibre à peu près équivalent au mien, il avança aisément et piégea les créatures vertes dans ses filets. Les orques captifs churent au sol et furent bientôt piétinés et empaler par les soldats de Fan-Ming qui y mettaient tous leur cœur. Le pirate, malgré ses plans farfelus, était parvenu à en capturer une bonne vingtaine. Par contre, il en restait un bon nombre qui s’avançait vers une espèce de maison de pierres.

Et c'est à ce moment que j'entendis un message via ma pierre de vision. C'était cet homme mal fagoté nommé Xël qui m'informait qu'ils étaient en train de préparer leur défense contre Vallel qui étaient à présent sur le sud des plaines Ynoriennent. Il termina son message en nous conseillant la prudence à notre retour.

(Je suis sur la muraille Ouest en compagnie de Heartless, il reste encore des orques à abatttre. Je reviendrai avec Heartless dès que possible)
Mais le moment n'était pas à la discussion, j'avais l'intention d'informer plus tard le pirate de ma discussion avec Xël.

Je devais à mon tour prouver ma bravoure et mon intelligence. Mais hors de question que je grimpe sur ces filets pour risquer de m’y prendre un pied. Parmi les cadavres qui gisaient au sol, il me fut facile de ramasser de nouveau un pique garzok et de sauter à mon tour sur le rempart. Si le pirate borgne avait pu le faire, je pouvais en faire autant. Sans perdre une seconde supplémentaire, j’enjambais les créneaux et je chevauchais les merlons jusqu’à ce que j’eus dépassé le filet de créatures vertes. Puis sans ralentir , je plaçai le pique à l’horizontale à la hauteur de ma taille, le tenant par une extrémité des deux mains et l’appuyant légèrement sur mon ventre pour garder son ballant. Tout en courant, je tentai de faucher violemment de ma pique volée le plus d’orques possible afin de les faire chuter à l’intérieur des murs.

((( 337 mots )))

(((utilisation de l’aptitude :Équilibriste améliorée, Apprentissage CC Charge armée)))

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Dernière édition par Mathis le Sam 11 Juin 2016 12:51, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Ven 10 Juin 2016 19:24 
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Une ombre agile passa au dessus des têtes des orques à l'arrière, suivie d'une toile de corde solide. Heartless, une fois qu'il avait reposé les pieds sur le chemin de garde, avait déployé son filet et ordonné aux hommes de tirer. En à peine quelques secondes, une vingtaine de garzork tomba comme une file de dominos, proies faciles pour des lames traîtresses.

Seulement, il fallait encore pousser, et Heartless distinguait une forme singulière sur le chemin en face, une sorte de bosse pointue taillée dans la muraille, centre d'attentions d'un bon nombre de soldats ennemis plus en avant. Son attention fut cependant attirée vers le bretteur Mathis qui avait, avec une agilité tout aussi féline que celle du pirate, passa par le bord de la muraille pour avancer derrière la masse piégée. Dans un élan de bravoure ou peut-être d'imprudence, il se saisit d'une pique de manière à ce que sa longueur barre le chemin le plus possible, et se mit à charger sur les lignes ennemies, espérant briser leur formation et peut-être même en faire chuter quelques uns des murailles de cette manière... mais son gabarit ne lui donnait pas vraiment l'air de pouvoir repousser à la seule force de ses bras un régiment de viandes vertes. Ni une ni deux, après avoir compris ce qu'il tentait de faire, Sirius se colla à lui et, agrippant la lance de Mathis d'une main, chargea à ses côtés, en pointant son trident vers l'avant de l'autre main. Tout en faisant cela, il beugla :

- Vous derrière ! A vos piques et boucliers ! Oubliez le menu fretin et chargez !

Il encouragea les guerriers à enjamber du mieux qu'ils pouvaient le tas d'orques, quitte à en épargner une partie, pour pousser à l'unisson et former un barrage de piques mortel.


- Utilisation de CC AA "Charge Armée" lvl 23

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Sam 11 Juin 2016 02:21 
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Mon sort est rudement efficace, sans doute pas assez, mais efficace tout de même. Tout une rangée de Garzoks vient de se faire perforer par un rayon de lumière pure qui vient de jaillir de mes mains. Ils se retrouvent tous avec un trou béant et fumant au milieu de la poitrine, alors que ceux qui ont assisté à la scène reste béats et pantois pendant quelques instants. Mais malheureusement, moi aussi. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Le sort que j'ai lancé ? Un effet secondaire indésirable de mes modifications corporelles ? Je n'en sais rien. Je m'attendais à un coup de fatigue oui, mais ne pensais pas rester là, comme un épouvantail, le regard dans le vide. Je ne sais pas vraiment combien de temps je suis rester dans cet état et à vrai dire. Je me rends compte que j'ai été absent uniquement parce que les verdâtres me semblent plus proches, alors que je n'ai absolument aucun souvenir des les avoir vu avancer. Mais passons, je dois agir maintenant. A moins de vouloir me faire embrocher par une foule d'orques revanchards ce qui n'est définitivement pas dans mes projets à court terme...Ni à long terme d'ailleurs.

Mais qu'est-ce que je peux bien faire ? La panthèrelficus s'est barrée et je ne sais pas vraiment combien de fois je peux utiliser mon rayon de la mort avant de m'effondrer...Remarque, ce n'est qu'en essayant de m'approcher de la limite que je pourrais le savoir et au minimum, si je sens que je m'épuise de trop, je peux au moins essayer de bluffer mes adversaires en prenant simplement la même pose. Parce que si j'ignore presque tout de mes limites, ces abrutis en savent encore moins.

Alors c'est parti. Main sur le poignet, bras tendu, je tente une nouvelle fois de faire une brochette lumineuse avec les soldats d'Oaxie. Je veux en tuer quelques uns, ou au moins les ralentir, parce que si je ne m'abuse, des gens arrivent d'en leur dos à quelques mètres de ma position, si j'en crois le bordel sonore plus proche que celui des plaines. Pas de pleine puissance donc, ce serait con de perforer de potentiels alliés.

[ De nouveau un trait de lumière de lancé, d'une puissance un peu moins élevée que le précédent.]
[363 mots]

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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare


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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Sam 11 Juin 2016 11:49 
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Localisation: Quête 30 : La Chute d'Aliaénon | Nagorin
Les harpies assurent un maximum. Leurs attaques entraînent une courte accalmie qui me permet de me concentrer au mieux pour lancer mon sort. Une fois de plus, j'utilise avec succès mes pouvoirs dévastateurs. Ma vague de froid fonce vers eux, et refroidis leur ardeur meurtrière. Au lieu d'être vert, ils sont bleus. Et morts. Entre les harpies et des flèches dans le dos, envoyées par nos alliés qui se trouvent de l'autre côté du mur, ils n'en restent pas un en vie. Tant mieux !

Je n'ai malheureusement pas le temps d'admirer en détail notre éclatante victoire. Je tombe. Mes jambes refusent de rester debout, de rester tendus comme ma lame. Je n'ai pas le choix, désormais. Je suis éreintée, à bout de force. Physique comme morale, d'ailleurs. Incapable de me battre, à peine capable de penser correctement. Me voilà donc couchée sur le sol, telle une faible. Elle est bien belle, la guerrière givrée ! Ses pouvoirs lui sont bien utiles ! Je suis trop fatigué pour m’énerver contre moi-même et ma folie guerrière.

Ouvrant peu à peu les yeux, que j'avais fermés dans ma chute, je réalise que je suis entre de bonnes mains. Charis s'est rapidement rapproché de moi et m'a allongé calmement. Je me disais bien que je n'avais ressenti aucune douleur liée à un quelconque choc. Je l'entends, comme si elle était très loin, appeler un soldat pour qu'il s'occupe de moi.
Sombre idiote. Elle délègue la tâche à un homme sûrement incapable de faire quoi que ce soit. J'en ai marre de me faire balader... Je ne veux pas rester ici. Je veux retourner à Fan-Ming moi !

C'est alors que j'entends une voix dans ma tête. Celle d'Alistair. La pierre bleue ! Je m'en empare lentement. Elle est au fond de ma sacoche.
Il veut la liste des esserothéens et de leurs pouvoirs. Il rentre à Fan-Ming. J'ai peut-être un billet de retour à ses côtès !
Je me concentre du mieux que je peux, et lui envoie le message suivant :
(Je suis à la Porte Sud, terrassée par la fatigue. Pas de liste, mais souvenirs. Venez me chercher et partons pour Fan-Ming.)

J'espère qu'il viendra...

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Sam 11 Juin 2016 19:37 
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Andel’Ys – Sud de la ville (Lothindil, Kiyoheïki)

    Le canasson de Kiyoheïki ne mit guère de temps à être invoqué, et guère plus pour l’emmener vers le centre de la cité, alors que les dirigeants se portaient vers la porte sud, et que le jeune D’Omble obéissait aux ordres de sa reine en rassemblant sous son fanion les troupes pâles encore à l’extérieur de la cité. (suite au centre pour toi).

    Le Roi Ejude resta flegmatique face au discours de Lothindil. Lorsqu’elle eut fini de parler, et seulement alors, il lui précisa d’un ton neutre :

    « Les miens ne se déplacent jamais sans une parcelle de nos sylves. Vous trouverez toutes les herbes et poisons que vous voudrez chez l’intendance de mon armée. »

    Et sans un mot de plus, il passa son chemin avec les siens vers un autre combat : celui de la libération des murailles Ouest, où elle-même était il y a peu, en danger, et où plusieurs aventuriers s’étaient rendus pour la sauver, au péril de leur vie. Ceux-là même qu’elle abandonnait maintenant à un sort incertain pour préparer des tisanes revigorantes.

    Lorsque les soldats de l’armée eurent fini de défiler, l’intendance précitée arriva à sa hauteur et s’y arrêta, comme consciente de sa volonté. Ils transportaient, sur d’immenses chenilles aux nombreuses pattes, lentes mais indéniablement tout-terrain, de lourds coffres. Un elfe s’approcha d’elle et précisa :

    « L’on m’a noté votre besoin d’herbe. Lesquelles vous faut-il, et en quelle quantité ? »

    Ils semblaient prêts à s’en séparer d’une partie. Pour elle, du moins.


Andel’Ys – Porte Sud et Alentours. (Eva, Charis, Azra)

    La situation était réglée, ici. Et chacun, aventuriers comme troupes de Fan-Ming ou archers et cavaliers pâles, pouvait se gausser de cette réussite. Tout ce beau monde se retrouvait sur la cour intérieure, ivre de cette victoire rude à obtenir, pourtant, et au prix de nombreuses vies. Mais ce n’était pas terminé pour autant. Thensoor se pencha vers Azra pour lui signifier :

    « Ce ne sera pas nécessaire, je crois, car les voilà. »

    Effectivement, tout l’Etat-Major arrivait, à cheval, par l’entrée fraichement libérée. Astidenix, Sheeala d’Argentar sous sa forme humaine, Honoka de Fan-Ming et sa protectrice, Chihiro. Au-dessus d’eux passèrent également les trois harpies d’Arothiir, qui se dirigèrent sans demander leur reste vers le centre de la cité. Astidenix, en bon général d’armée, rassembla les troupes présentes ici.

    « Soldats, nos alliés de Fan-Ming se battent encore sur les murailles ouest. Une dernière poche de résistance qu’il nous faut percer avant de nous dire vainqueurs. Allez, sous la direction de mon fils et du Lieutenant d’Omble, qui vous rejoindront avec nos troupes. »

    Les cavaliers et archers de l’armée pâle se mirent en mouvement vers les murailles ouest, encore peuplées d’orques. À eux se joignirent, de leur propre chef, les guerriers de Fan-Ming qui étaient venus soutenir Charis. Ils n’allaient pas laisser tomber leurs frères. Sans attendre plus longtemps, l’Etat-major prit la route du centre-ville, alors qu’Ibn répondait à Charis :

    « Un peu rouillé, je le crains. Voilà tellement longtemps que je n’ai pu user de tels pouvoirs. »

    Un indescriptible sourire ornait son visage parcheminé. Il se tourna vers Thensoor Val’Crooh, l’archisorcier de la Lande Noire.

    « Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes croisés, mon ami. Puisse cette occasion nous unir à nouveau de cette amitié qui nous rassemblait, autrefois. »

    L’être squelettique se tourna vers le sorcier de feu et le salua d’un mouvement de tête, avant de lui répondre, se tournant après quelques mots vers Azra, un air grave sur son visage émacié et pâle :

    « Nous verrons cela, ami, lorsque tout ceci sera terminé. Car nul ne peut être prêt à affronter un être comme Vallel. Mais c’est pourtant une nécessité à laquelle je me plierai. »

    Sans attendre, ils prirent la suite du cortège vers le centre de la cité. Le soldat dépêché par Charis s’approcha d’Eva.

    « Dame, si vous me permettez… »

    Et sans attendre de réelle réponse, il la souleva de terre pour la porter dans ses bras, suivant les précédents vers la Grand’Place d’Andel’Ys. (Suite là-bas pour tout le monde).



Andel’Ys – Centre de la ville (Alistair, Azra, Kiyoheïki, Charis, Eva)

    Loona répondit aux paroles d’Alistair concernant la suite des événements, non sans une petite pique de provocation.

    « Je vous suivrai, Alistair, si vous ne m’abandonnez plus. »

    Et avec un demi-sourire, elle acéra son regard alors que l’assassin se tournait vers Hirotochi. Celui-ci secoua la tête à la proposition d’Alistair, qu’il semblait juger indécente.

    « Je n’apprécierais pas que, dans la mort, l’on souille mon honneur en dépouillant mon cadavre. Aussi ne le fais-je pas pour eux. De plus, mes hommes sont habitués à leur équipement, à leurs armes. Ils n’auraient que faire de celles, encombrantes, des garzoks que voici, fussent-elles puissantes et acérées. Faites en ce que bon vous semble. Nul doute que les pâles aient moins de principes que moi, sur la question : ils s’armeront des équipements des ennemis vaincus. Car c’est dans leur culture que de piller les faibles qui n’ont pu leur résister. »

    Il laissa donc l’assassin piller les cadavres déchiquetés entassés par ses hommes, sans s’y joindre pour autant. C’est à cet instant, alors qu’Alistair inspectait les corps, que Kiyoheïki arriva sur la place, descendant de son canasson ailé avant qu’il ne disparaisse. Le capitaine Hirotochi s’approcha de lui, voyant Alistair occupé, pour lui transmettre les ordres de ce dernier.

    « Nous avons des blessés, ici, et vos soins sont plus que les bienvenus, si vous êtes bien celui dont sieur Alistair nous a parlé. Il a précisé qu’il serait préférable que vous soigniez le corps agonisant du dirigeant de nos ennemis, le sire Gurfelion, pour le faire parler. »

    Il désigna du doigt un corps moribond abandonné de tous au milieu de la place. Il tressaillait encore de la douleur de ses blessures. Celui qui avait commandé l’exécution des civils dont les cadavres dépecés ornaient la place, rassemblés en colonnes par les Ynoriens. C’était, parmi les ennemis d’ici, le seul survivant. Le responsable de cette boucherie. Et on laissait au semi-elfe le soin de s’en occuper…

    Bien vite, l’attention du capitaine de la compagnie Omega fut attiré par l’arrivée de tout un cortège d’officiels : Honoka, Astidenix, Sheeala d’Argentar et les trois harpies d’Arothiir qui avaient repris toutes les quatre leur apparence humaine. Les suivaient de près Ibn Al’Sabbar, maître sorcier du désert, et Thensoor Val’Crooh, archisorcier de la Lande Noire. Ils étaient respectivement accompagnés de Charis et d’Azra. Juste derrière eux, Eva se faisait porter par un soldat de la compagnie Omega de Fan-Ming. Tout ce beau monde arriva sur la place, théâtre d’un sordide spectacle passé. Les cadavres jonchaient le sol. Ceux des gradés garzoks, certes, mais également ceux d’une cinquantaine de civils d’Andel’Ys.

    En les voyant, Astidenix courut s’agenouiller devant eux et, lâchant son marteau sanglant, tomba à genoux en hurlant. Un cri long, puissant, faisant vibrer jusqu’aux entrailles. Un cri mêlé de colère et de tristesse. D’impuissance. Car ils avaient vaincu, mais à quel prix ?

    Hirotoshi s’approcha de la Princesse Honoka, et salua son arrivée.

    « Dame, je suis heureux de vous voir sauve. »

    Elle lui répondit d’un sourire fugace.

    « Moi de même, mon vieil ami. Vous avez fait un travail remarquable, en prenant la porte et libérant la cité. »

    Mais l’heure n’était pas aux compliments, apparemment. Tout ce monde se rassembla au centre de la place, non loin du corps agonisant de Gurfelion, chevalier pâle traitre à son peuple. Du trio d’Arothiir, la blonde s’avança pour parler.

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    « Arothiir a payé son tribut à la guerre, aujourd’hui. Demain, nous reprendrons la route de notre cité. »

    La Reine d’Argentar lui lança une œillade dure, et enchaina :

    « La guerre est loin d’être terminée. Nous sommes victorieux, ici, mais Fan-Ming est maintenant la proie d’une seconde armée, plus puissante que celle-ci. Il est hors de question que nous les abandonnions à un destin tragique alors qu’ils sont venus nous aider, ici. »

    Honoka salua la remarque en s’inclinant devant la puissante Reine des Hommes pâles. Derrière, Astidenix s’était relevé, visage fermé, et s’adressa au groupe :

    « Andel’Ys répondra à l’appel de la bataille. Nous vengerons nos morts dans le sang de nos ennemis, et ceux qui se prétendent nos alliés devraient en faire de même. »

    Une bravade que Jessaccilo, la plus ténébreuses des trois dirigeantes d’Arothiir, releva avec froideur.

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    « Nous sommes venus pour défendre le peuple pâle et reprendre Andel’Ys. C’est chose faite. Nous ne perdrons pas plus d’homme dans une bataille qui ne nous concerne plus. »

    Ce fut au tour d’Ibn Al’Sabbar de prendre la parole d’un ton impérieux, la voix tremblant d’impatience et de fermeté.

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    « Je n’ai pas fait le voyage depuis le lointain désert de Raa’ska pour entendre les Hommes Pâles se déchirer entre eux alors que la guerre est à leur porte. Les dames d’Arothiir prendront le choix qu’elles jugeront bon de prendre, et nul ne saura leur en tenir rigueur. Chacun est libre d’agir comme il le veut, et surtout comme il le peut, dans cette sinistre affaire. Certains des miens sont en route pour Fan-Ming, pour aider pour la guerre. Je ne les laisserai pas tomber. Dames d’Arothiir, laisserez-vous vos frères, votre Reine courir un risque que vous n’osez pas prendre, alors qu’ici vous avez amené la victoire par l’union des vôtres ? Quel intérêt auriez-vous, à rebrousser chemin maintenant ? »

    Les trois femmes, cette fois, restèrent muettes. La question était rhétorique, elles en avaient conscience. C’est Honoka qui s’avança, si frêle parmi ces puissants, dans son armure blanche souillée du sang de ses ennemis abattus, à la fourrure immaculée teinte de vermillon par la bataille.

    « Prenons du repos. Demain, dès l’aube, il nous faudra partir pour Fan-Ming. Il nous faudra un jour pour que toutes les troupes rejoignent les Plaines Ynoriennes. Et un autre, après ça, pour rallier la cité. En espérant que le passage soit libre… Le Seigneur du désert a raison : que chacun prenne sa décision ce soir, et l’acte dès demain. »

    Nul ne parla plus vraiment, et très vite s’organisa la fin de soirée sur place. Des civils rescapés, ceux qui n’étaient pas sur la place, mais dissimulés dans les maisons alentours, sortirent rencontrer leurs alliés. Les tables, bien que démises et abimées sur la place, du banquet étaient toujours là. Très vite, les civils les replacèrent et vinrent les garnir de denrées pour les guerriers, aventuriers qui s’étaient battus. Ils avaient de quoi manger, ils avaient de quoi boire. Astidenix mit à disposition des aventuriers une grande salle dans sa demeure personnelle pour qu’ils passent la nuit. Un confort spartiate, quelques couches de paille étalées par terre, mais un toit sur la tête qui était plus que bienvenu. Les auberges et chambres de sa demeure étaient réservées aux représentants officiels des peuples. Honoka fut ainsi logée chez Astidenix, tout comme la Reine Sheeala d’Argentar. Ibn Al’Sabbar, Thensoor Val’Crooh et le trio d’Arothiir dut se contenter de chambres d’auberges.

    Hirotoshi, lui, ne s’cotroya pas de pause : ses hommes étaient encore en train de se battre, sur les murs ouest. Il prit avec lui les restes de la compagnie Omega avec lui, laissant les cadavres des orques et des civils aux soins des guerriers pâles.

[HJ : à vous de quoi faire du reste de la soirée. Au terme de cette semaine, pour la prochaine màj, j’’espère voir tout le monde endormi. D’ici là, plusieurs choix s’offrent à vous. Vous pouvez discuter avec un PNJ (tous les officiels présents sur la place, Gurfelion), discuter et diner entre vous, rejoindre la fin de la bataille sur les murs ouest, ou quitter la cité/l’explorer plus avant pour faire autre chose. N’hésitez pas à accumuler les petits posts de discussion entre vous. Pour ce qui est des discussions PNJ, on fera ça par MP ou sur Skype, ça sera plus simple (n’hésitez pas à faire de même entre vous, si vous le souhaiter, pour tout ppster d’un coup. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à la poser !)]


Andel’Ys – Murs ouest. (Mathis, Heartless, Karz).

Mathis : apprentissage validé. CCAA : réussite.
Heartless : CCAA : réussite.
Karz : sort : échec.

    L’action coordonnée de Mathis et de Heartless fut suivie avec engouement par les troupes de Fan-Ming. Ils étaient parvenus à prendre le dessus grâce au filet du pirate, et chargèrent suite aux deux aventuriers avec une force commune décuplée. Mené par ces deux gaillards nantis d’une puissance retrouvée. À deux, ils menèrent une charge dévastatrice, qui envoya la plupart des orques qu’ils croisèrent au tapis, alors qu’ils chutaient durement des murailles. Leurs alliés de Fan-Ming, à l’arrière, finissaient de faire choir les derniers résistants, si bien qu’en quelques secondes, ils étaient parvenus à dépasser les troupes de cette partie de muraille. Essoufflés et gourds, vidés de leur énergie, ils se retrouvèrent près de la prison de pierre de Karz, qu’ils ébranlèrent sans peine pour l’en libérer.

    La situation était à leur avantage, ici. Et si le reste des murailles ouest, les plus longues de la ville, étaient toujours garnies de nombreux orques et sektegs, ils virent arriver, de part et d’autre des murailles, des troupes nombreuses. À l’extérieur, une armée d’elfes se plaça, archers en avant, pour flécher les remparts de traits aussi précis que meurtriers. De l’autre côté, menés par Seok et le jeune D’Omble, les archers pâles les imitaient, avec moins de précision, mais tout autant de résultat, puisqu’ils n’avaient de ce côté pas de créneaux pour se protéger. Les fantassins et cavaliers, descendus de leurs montures, investirent les tours pour grimper sur les murailles à leur tour et défoncer ces dernières poches de résistance. Du côté des orques, la combativité n’était plus : ils étaient vaincus, et ils le savaient. Ils ne se rendaient pourtant pas, car leur honneur en dépendait : ils se battraient jusqu’à la mort, espérant en prendre de nombreux avec eux.

    Plus tard, Hirotoshi apparut au bas des murailles où les trois aventuriers se trouvaient, avec les troupes Omega. Il était suivi de ses soldats, eux aussi de la troupe Omega, qui avaient libéré le centre-ville. Il fit placer une échelle qui leur permit de descendre, et leur donna des nouvelles.

    « La ville est à nous. L’armée ennemie est défaite, et seuls les murs ouest sont encore parcourus d’orques. Une armée menaçant Fan-Ming, nous partirons dès demain pour la cité du Nord. D’autres aventuriers sont au centre de la cité, et vous avez été invités à loger chez Astidenix. Les trois dirigeantes d’Arothiir semblent hésiter à venir, mais nous leur avons laissé jusqu’à demain pour prendre une décision. Elles logeront, ainsi que le Seigneur Al’Sabbar qu’a ramené Dame Charis, et le Seigneur Val’Crooh qu’a amené Sieur Azra, dans une auberge de la ville. Un repas vous attend sur la place, si vous souhaitez vous restaurer. »

    Et il attendit leurs réactions.

[HJ : à vous de quoi faire du reste de la soirée. Au terme de cette semaine, pour la prochaine màj, j’’espère voir tout le monde endormi. D’ici là, plusieurs choix s’offrent à vous. Vous pouvez discuter avec un PNJ (tous les officiels présents sur la place (Honoka, Chihiro, Astidenix, les trois nanas d’Arothiir, Ibn Al’Sabbar ou Thensoor Val’Crooh, Gurfelion), discuter et diner entre vous, rester à la fin de la bataille sur les murs ouest, ou quitter la cité/l’explorer plus avant pour faire autre chose. N’hésitez pas à accumuler les petits posts de discussion entre vous. Pour ce qui est des discussions PNJ, on fera ça par MP ou sur Skype, ça sera plus simple (n’hésitez pas à faire de même entre vous, si vous le souhaiter, pour tout poster d’un coup. Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à la poser !)]



[Kiyoheïki : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus horreur de la guerre) + 0,5 (départ vers le centre) + 0,5 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! – étoupe.
Lothindil : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus horreur de la guerre) + 0,5 (informations reçues). Mot : 1 bon ! – littéralité.
Charis : 0,5 (introspection) + 0,5 (soutien à Eva) + 0,5 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! – fuligineux.
Azra : 0,5 (introspection) + 0,5 (folie) + 0,5 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! – Rogue.
Eva : -0,5 (retard) + 0,5 (introspection) + 0,5 (message à Alistair). Mot : 0. – cyprin.
Alistair : 0,5 (introspection) + 0,5 (fouille) + 0,5 (diplomatie) + 0,5 (message à Eva) + 1 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! – affidé.
Mathis : 0,5 (message à Xël) + 0,5 (apprentissage) + 1 (exploit : charge commune sans commune mesure). Mot : 0. – vulnéraire.
Heartless : 0,5 (organisation des troupes) + 1 (exploit : charge commune sans commune mesure). Mot : 0. – minium.
Karz : 0,5 (tentative de sort) + 0,5 (introspection). Mot : 0. – hypégiaphobie.]

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Dim 12 Juin 2016 09:56 
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Mais l'état-major était déjà là. Azra regarda avec satisfaction les peuples alliés qui entraient dans la ville martyrisée. Il se tourna vers Thensoor, qui affirmait que nul ne saurait être prêt à affronter Vallel, mais qu'il le ferait. Étranges mots... un homme pourrait-il être si dangereux ?

Tous se réunirent et prirent le chemin de la place centrale de la ville. Celle-ci portait les stigmates de la guerre et des cadavres se trouvaient un peu partout. Heureusement, l'occupation avait été trop brève pour que les dégâts soient aussi lourds qu'à Esseroth. Le jeune homme alla saluer Charis qui était à côté d'un étrange sorcier rouge.

« Je vois, princesse, que vous avez réussie à libérer le roi des sorciers de feu. Félicitations ! Messire, moi, Lord Azra, de Kendra Kâr et de Jesuir, je vous remercie. Votre intervention était la bienvenue ! »

Mais ils arrivaient maintenant à la grande place, où le gouverneur Astidenix s'élança en hurlant vers les corps de civiles massacrés. Sans doute devait-il considérer qu'il avait échoué à sa tâche de gouverneur... absurdité. Ce n'était pas lui qui avait porté l'épée qui les avait tué. Mais d'autres discussions s'élevèrent bientôt d'un peu partout. Plusieurs grandes dames prirent la parole : malgré l'avis de la reine, elles estimaient manifestement que leur rôle était joué. Elles étaient apparemment les dirigeantes de la ville des hommes-pâles d'Arothiir, et souhaitaient maintenant y rentrer. Seule la reine et Astidenix étaient disposés à aller se battre. Le sorcier de feu prit cependant la parole pour affirmer l'importance que les peuples restent unis face à ce conflit. Azra se présenta face au groupe. Il était temps de leur exprimer le fond de sa pensée :

« Lorsque je suis venu sur ce monde, j'y ai vu des peuples désunis, égoïstes... Vallel a dû voir de même, puisqu'il l'a envahi sans crainte. Mais regardez maintenant : Les hommes-pâles, les elfes, les Cadi Yangin, l'archisorcier d'Elscar'Olth, mais aussi moi, représentant des Ol'toga de Jesuir qui m'ont aidés à reconquérir Esseroth... tout ces peuples unis ici, pour défendre leur monde ! Ne comprenez-vous pas l'extraordinaire instant qui se déroule sous nos yeux ? Ensemble, vous êtes plus puissants que les armées des autres mondes ! Les guerres de Yuimen n'auraient jamais dû venir ici. Si vos peuples acceptent de se parler, de travailler ensemble et de répondre ensemble aux menaces extérieures, alors vous n'aurez plus rien à craindre ! Vous pourrez balayer les envahisseurs et ainsi garantir votre avenir ! Pensez-y. Tous les peuples, même les elfes, venez avec nous, à Fan'Ming, et éradiquons définitivement la menace d'Oaxaca ! Ensuite, votre monde pourra entrer dans une nouvelle air d'unité ! Les peuples pourront se rassembler autour d'une table et discuter, se tenir prêt à repousser toutes les menaces ! Pensez-y avant de décider de vos prochaines actions. Il me semble que la sagesse commanderait de ne pas négliger cette opportunité, pour que ceci ne se reproduise jamais ! »

Ses derniers mots furent ponctué d'un geste vers les civiles morts. Il se fichait de ses pauvres hères, mais pour la première fois, il avait l'occasion de changer les choses et il comptait bien le faire...

L’assistance sembla plus ou moins l'écouté, mais ils étaient déjà tombé d'accord sur la décision du mage rouge. Ils se dispersèrent donc pour vaquer chacun à leurs occupations. Mais Azra s'empressa de rejoindre Thensoor pour lui demander :

« Tout à l'heure, vous sembliez craindre Vallel tout particulièrement. Aurait-il démontré une si grande puissance lorsqu'il s'est emparé de votre cité ? Que savez-vous de lui ? Toute information pourrait être utile dans la bataille qui s'annonce. »

C'est alors que le sorcier lui révéla l'incroyable vérité : la bataille qu'Azra croyait issue de Yuimen avait bien ses racines ici, car Vallel était un être d'Aliaénon ! Un homme d'Esseroth banni par les siens pour son absence de pouvoir. Formé par Thensoor, il avait démontré un pouvoir de « contrôle de la chair » qu'il exploita de sinistre manière. Finalement banni, il partit pour un autre monde, Cisley, dont il revint sous d'autres traits. Voilà donc pourquoi il avait détruit Esseroth et conquis Elscar'Olth ! L'invasion d'Oranan n'était rien d'autre qu'un moyen d'obtenir auprès de la déesse noire les armées de sa vengeance...

Dans l'esprit du nécromancien, Arek siffla :

(Oaxaca... elle ne peut laisser les morts en paix. L'âme de Vallel aurait dû être isolée pour ne pas déranger les enfers, mais à la place elle a été rappelée dans un autre corps pour continuer à semer la mort et la destruction ! Alors, comprends-tu ton destin, maintenant ?)

(Tu veux dire que tu savais tout depuis le début ?)

(C'est plus compliqué que cela. Un mortel ne pourrait comprendre ce que c'est... Mais sache qu'en effet, tout ceci a un sens.)

(Le destin se joue de moi... encore... Mais oui, je comprends.)

Ses orbites flamboyèrent de colère et il déclara à Thensoor :

« Ce contrôle de la chair... Vallel pourrait-il faire fondre la peau d'une armée entière ? Pourrait-il briser des corps ? Si tel est le cas, alors tout est clair. C'est le destin qui m'a guidé jusqu'à vous ! Maintenant que nous n'avons plus de chair, nous devons être hors d'atteinte de son pouvoir, non ? »

C'était hélas fort probable comme le signala l'archisorcier. Hélas, cela les laisserait seuls contre lui, ce qui rendrait le combat difficile... Cependant, si Vallel avait besoin d'une armée, c'est qu'il n'était pas invincible pour autant... Réflexion faite, il ne devait pas pouvoir vaincre tous ses ennemis d'un coup. En revanche, il avait avec lui des armées d'horreurs sans nom, à cela, Azra demanda :

« Justement, vous qui les avez déjà affronté, avez-vous une idée des points faibles de ces créatures ? Si nous pouvons les détruire, nous aurons un moyen d'atteindre leur maître. »

Hélas, il n'en savait rien. Pour lui, elles étaient invincibles car aucune arme ne pouvait les blesser. Peut-être la magie le pouvait-elle ? En tout cas, c'était inquiétant. Azra le remercia pour ses explications et parti faire un tour à pied. Il ne ressentait pas vraiment de sommeil, il était juste préoccupé.

Le nécromancien hocha la tête. Il ne restait plus qu'à se tenir prêt à l'ultime bataille. Il prit sa gemme de vision et fouilla dans l'étrange obscurité de ce monde, à la recherche des étincelles des autres pierres. Il y en avait plusieurs, dispersées ici et là. Il sentit le dénommé Xël qui se trouvait à Fan-Ming. Il aurait sans doute besoin d'aide, et Azra tenait à être présent pour le fameux conseil de guerre. Dans la foulée, la liche sentit d'autres présences au-delà, dans les montagnes. Il faudrait les prévenir. Mais pour l'heure, il tourna son attention vers l'armée des elfes. Il y avait aussi deux porteurs de pierre là-bas. Taorak... Il était là... hors de question de se nommer par son vrai nom...

Il réfléchit et lança finalement :

(Taorak, ici Lord Azraël. Veillez à ce que les elfes se mettent en route pacifiquement avec les homme-pâle. J'ai l'impression qui faudra expliquer à eux et à Astidenix l'importance d'une bonne entente pour ne pas qu'ils s'étripent en route. Je pars pour Fan-Ming. La bataille commence demain.)

Puis, il se tourner vers Thensoor :

« Venez avec moi, s'il vous plaît. Il y a un conseil de guerre en prévision de l'ultime bataille de Fan-Ming, il a peut-être même déjà commencé. Votre connaissance de Vallel pourrait être utile là-bas. Au passage pourriez-vous me parler de la cité en bord de mer, entre Ouesseort et ici ? Je l'ai vu sur une carte à Fan-Ming... et aussi celle dans les montagnes Sansarth... Elles sont lointaines mais j'aimerais savoir si, en cas de besoin, on peut se rendre là-bas et espérer des renforts rapides. Si ces peuples peuvent voyager comme vous ou les Cadi Yangin, peut-être pourraient-ils venir rapidement à notre secours... »

L'archisorcier refusa, cependant. Il n'était apparemment pas le bienvenu chez les ynoriens... qu'avaient donc fait ces imbéciles ? Tant pis... Il lui expliqua ensuite que toutes les villes en bord de mer avaient été détruites depuis longtemps. Quant à la cité des montagnes, il ne savait rien d'elle. Dans ces conditions, mieux valait ne pas se risquer à perdre du temps là-bas et se rendre tout de suite à Fan-Ming. Le jeune homme invoqua le cheval ailé pour se rendre là-bas.

(((1400 tout rond !)))

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Merci et à Inès pour la signature
et à Isil pour l'avatar!
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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Mar 14 Juin 2016 15:24 
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Localisation: Quête 30 - Aliaénon
Aux paroles d'Alistair, la ténébreuse Loona répondit d'une provocation. Elle le suivrait, oui, s'il ne l'abandonnait pas une nouvelle fois. L'assassin songea quelques instants à se justifier, mais au demi-sourire que la belle lui accorda après sa remarque, il décida finalement de s'en tenir là. Le commentaire semblait sérieux et sincèrement incisif, mais il prit le léger rictus comme la preuve qu'elle ne lui en tenait pas rigueur. Ou du moins qu'elle avait décidé de le pardonner.

Hirotoshi, lui, se montra moins réceptif à la suggestion d'Alistair. Il ne l'empêcherait pas de lui-même fouiller les cadavres s'il le désirait, et il gageait que les Hommes Pâles ne se gêneraient pas, mais il se refusait à le faire, et il refusait que ses hommes le fasse. Ceux-ci ne donnaient d'ailleurs pas l'impression qu'ils déploraient ce choix.

Alors, sans autre regard en arrière, l'assassin s'approcha des corps des garzoks et sektegs vaincus. Les premières fouilles ne se firent pas très concluantes. La plupart des cadavres étaient tout de métal vêtus, et leurs armes étaient bien trop imposantes pour Alistair, habitué à la discrétion. Il y avait bien quelques capes d'une certaine qualité, quelques dagues affûtées sur des gobelins, mais l'assassin était un peu trop attaché à son image et sa prestance pour récupérer ces équipements tribaux au goût plus que douteux. La première bonne surprise, cependant, vint d'un sekteg aux mains rouges. Rouges sang. Si la vision était quelque peu dérangeante, l'arme qu'il tenait encore fermement, ses doigts crispés par sa mort brutale, valait largement qu'Alistair s'arrête sur son cas, dépliant une à une les griffes du gradé Oaxien jusqu'à délivrer complètement la sombre dague. Attrapant son butin et le plaçant à la lueur de la lune, l'assassin observa attentivement l'arme. L'objet était particulier, bien loin de la simplicité des armes classiques humaines, plus loin encore de l'ostentation des armes des riches Tulorains et Kendrans. La lame, d'un noir légèrement bleuté, ou argenté, il n'aurait su le dire, dessinait une légère courbe qui venait se terminer en une pointe à l'évidente efficacité. La poignée, un peu plus foncée, se terminait en un pommeau grisâtre à la forme étrange, comme deux lianes se séparant à la base et se rejoignant au bout. Mais c'était la garde qui était de loin la plus étrange. Indescriptible, elle semblait autant faire partie de la lame que de la poignée, et elle donnait à l'arme un aspect à la fois élégant et légèrement tribal, sauvage. Le tout donnait à la dague une image effrayante, mais c'était à n'en pas douter un objet unique, à la qualité évidente. Alistair rêvait de l'essayer. Si seulement l'un de ces gradés était encore vivant, qu'il plonge cette lame dans son ventre et en voit le sang couler... et couler... et couler... se répandre en une marre à ses pieds.

Les pensées du voleur furent vite chassées par un message télépathique d'Eva, qui lui confiait avoir la liste qu'il convoitait sur elle, et qui voulait qu'il vienne la chercher pour l'emmener à Fan-Ming avec lui. Mais il s'en occuperait plus tard. Pour le moment, il devait retourner à ses fouilles ; cette magnifique découverte l'avait ragaillardi : ces maudits Oaxiens possédaient donc bel et bien des équipements dignes de son intérêt. La sombre dague toujours en main, il reprit donc ses recherches au milieu des cadavres. Si la tâche était quelque peu sinistre, voire carrément glauque, ça ne l'arrêta pas le moins du monde. Bien vite, d'ailleurs, un nouvel objet attira son attention. Ce n'était ni une arme ni une protection, mais une fiole à l'aspect plus que douteux. Elle était d'ailleurs parfaitement assortie à son propriétaire, un garzok à l'allure sauvage, vêtu de peaux de bête et paré de crânes d'animaux en tout genre. Mais le flacon qui pendait à sa ceinture était de loin l'objet le plus insolite. Ce qui semblait être des crocs, ou bien des griffes, pendait à des petites lanières qui entouraient le récipient de verre ; il y avait également deux plumes, chacune rouge, noire et blanc, mais le plus curieux était finalement le tout petit crâne cornu qui était planté dans le bouchon de liège. Il y avait peu de chance pour que ce soit une potion de soin. En fait, si Alistair devait tenter une supposition, il aurait plus tablé sur un poison. Ou, à la limite, une potion obscure aux effets pas si bénéfiques que ça.

( Peut-être un poison de saignement ? ) songea-t-il.

S'il en recouvrait la lame qu'il tenait encore dans la main, peut être que sa prochaine victime saignerait, et saignerait, et saignerait encore et toujours jusqu'à ce que la dernière goutte du liquide visqueux et rougeâtre se soit échappé de son corps ? Un frisson d'excitation le parcourut à cette pensée. Un frisson d'anticipation, même. Il avait hâte d'essayer cela. Il défit les lanières qui retenaient la fiole à la ceinture du garzok à l'allure tribale et s'empara de l'insolite objet pour l'accrocher à sa propre taille. Le procédé lui prit quelques secondes, cependant, notamment car sa main droite était prise par la belle et sombre dague. Il pouvait bien sûr la ranger pour continuer les fouilles, après tout elle ne faisait que le gêner et il n'y avait pas l'ombre d'un ennemi aux alentours. Mais... mais non. Il la garda. Sans vraiment savoir pourquoi, d'ailleurs, car l'idée effleura son esprit, mais étrangement il écarta cette solution aussi rapidement qu'elle était apparue. Il préférait peiner à attacher la fiole.

L'entreprise enfin terminée, la fouille put reprendre. Et, après quelques cadavres pauvres en intérêt, son attention fut portée sur une masse plus imposante que les autres. Car si les garzoks étaient généralement des montagnes de muscle, celui-ci était un colosse même selon les standards de son peuple. Mais ce qui attira le plus l'attention d'Alistair, en dehors de son collier de crocs et du genre de tatouage semblant représenter des écailles qui ornait son visage, c'était son pendentif. Une sphère mauve, vraisemblablement parcourue d'une obscure magie, maintenue par ce qui ressemblait étrangement à une griffe reptilienne. Les écailles, les crocs, le mauve, la griffe... l'assassin fit bien vite le rapprochement.

( Un lien avec Naral Shaam, je suppose. )

Pour autant, sa curiosité prit le dessus. Si porter lui-même le pendentif ressemblait fortement à une très mauvaise idée, le récupérer ne lui ferait sans doute pas grand mal. Aussi, toujours armé de sa dague, il se pencha sur le corps du géant pour y récupérer le sombre artefact, qu'il fourra directement dans sa poche. Il y avait quelques mages dans les parages, il espérait que l'un d'eux puisse le renseigner sur le collier mauve. Après tout, peut-être était-il inoffensif. Inoffensif et utile. Enfin, il ne comptait pas jeter une telle trouvaille sans être absolument certain que le garder représentait un danger.

Derrière lui, un bruit d'ailes se fit entendre, attirant son attention. Le shaakt guérisseur venait d'arriver à dos de cheval magique, catastrophé.

( Un guérisseur, ) songea Alistair, rêveur.

Il pourrait le trancher presque indéfiniment. Il planterait la lame dans son corps... l'autre saignerait... puis se soignerait... il planterait la lame dans son corps une seconde fois... l'autre saignerait... puis se soignerait... une troisième fois... une quatrième fois... plus de sang à chaque nouvelle entaille, un océan vermillon les noierait tous deux...

( Du sang... pourquoi pensé-je à faire couler le sang si souvent ? Avec tant d'insistance ? )

A cette pensée, son regard se posa automatiquement sur la sombre lame qu'il tenait dans sa main droite. Pourquoi la portait-il toujours ? Elle l'encombrait, il aurait pu la mettre dans son fourreau, à la place de la rogne qu'il avait... Il aurait faire cela, en fait. C'était la chose logique à faire. La chose qu'il aurait fait habituellement. Alors pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Et pourquoi est-ce que ses tempes battaient et son cœur s'emballait chaque fois qu'il pensait à faire couler du sang ?

Po Pom !

Encore ! Une nouvelle allusion mentale au liquide rougeâtre et son organe s'était réveillé, s'était excité. Du sang.

Po Pom !

Loona était près de lui. Il pouvait s'avancer vers elle et plonger délicatement sa nouvelle arme, sa si belle arme, dans son ventre. Ou trancher une artère, le liquide vital n'en serait que plus abondant !

Po Pom !

Poignarder Loona ? Pourquoi faire ? Il appréciait la présence de cette femme. Elle était belle, elle avait de l'esprit et son pouvoir était parfaitement en accord avec ses propres compétences. Pourquoi la poignarderait-il ? La poignarder, oui, plonger la lame dans sa gorge et observer le sang couler... couler...

Po Pom !

Mais d'ordinaire, lorsqu'il songeait à la jeune femme, c'était d'autres pensées qui parcouraient son esprit. Et si du sang pouvait être impliqué, c'était celui qui venait irriguer une certaine partie de son anatomie et non celui qui coulerait du corps sans vie de la belle.

( Qu'est-ce qui m'arrive ? ) s'interrogea-t-il en observant la sombre lame.

C'était comme si elle absorbait une partie de sa volonté pour la faire sienne. Il pouvait sentir que ça venait d'elle. Elle voulait être nourrie, c'était cela. Elle voulait du sang, pas lui. Et elle ne se rendormirait pas avant d'avoir eu sa ration. D'avoir eu son nectar. Et Loona était là, si près, si proche... En quelques enjambées il pourrait être sur elle...

( Oui mais, quitte à être sur elle, c'est pas la charcuter qui m'intéresse, ) se dit-il mentalement, autant pour se convaincre lui-même que la dague.

Il ne toucherait pas à un cheveu de Loona, même si cette lame le lui demandait. Se tournant pour échapper à tout spectateur, et pris d'une résolution renouvelée, il agrippa fermement le poignard de sa main droite, releva la gauche, paume dressée vers le ciel, et appuya la lame contre sa chair. Le métal creusa un profond sillon dans son poing alors qu'une forte douleur le prenait. Mais il serra les dents, n'émettant aucun son audible à plus de quelques centimètres de lui, et dessina la blessure jusqu'au bord de sa main. Lorsqu'il desserra son poing, la dague était pleine de sang. Et son membre blessé également. Mais, repue, l'arme ne semblait plus s'insinuer dans son esprit. Et quand il songea à Loona, ce fut de nouveau son corps nu qu'il imagina, et non la couleur de ses entrailles.

( Cette arme est dangereuse. )

Sa main gauche le faisait terriblement souffrir... Mais au moins avait-il gagné. Et il savait qu'elle pouvait être calmée par autre chose que le meurtre. Il pouvait la contrôler, il le savait. Et puis, elle était si belle, et si acérée... Il ne put se résoudre à la jeter. Mais il fallait qu'il la range avant qu'elle ne reprenne son ascendant sur lui. D'un geste de la main, il jeta le piètre poignard qui était rangé à sa ceinture au sol, l'abandonnant à jamais, et rangea sa nouvelle arme à sa place. Il faudrait qu'il la manipule avec précaution.

« Saloperies d'Omyriens, » cracha-t-il entre ses dents, non sans un léger sourire en quoi cependant.

Il se pencha alors sur le corps du garzok le plus proche, arracha un morceau de sa cape pourpre et banda tant bien que mal sa main blessée avec le tissu. Il faudrait qu'il fasse soigner ça s'il ne voulait pas que ça s'infecte, mais il ne comptait pas arrêter sa fouille tout de suite. Pas après avoir découvert des objets si intéressants... Aussi se pencha-t-il rapidement sur quelques cadavres qui s'avérèrent tous aussi inintéressants les uns que les autres avant de trouver un nouveau corps prometteur. C'était l'accoutrement général qui avait attiré son attention. C'était un chef de guerre orc, certes, mais il semblait plus... civilisé. Citadin. Sur ses épaules reposait une cape noire qui semblait de meilleure qualité que celles de ses homologues. Juste ce qu'il cherchait. Il poussa le garzok sur le ventre pour en défaire les attaches, puis l'attacha sur ses propres épaules. Mais en se faisant, il découvrit la ceinture du gradé Omyrien, et avec elle l'arme de fine facture qui y reposait. Si elle n'était pas aussi particulière que celle qu'il avait déjà récupérée, elle n'en restait pas moins d'une singularité évidente. Ni garzok, ni humaine, certaines de ses courbes et finitions semblaient rappeler un travail elfique.

« Tu ne vas pas m'obliger à me charcuter toi, hein ? » demanda Alistair en attrapant la dague pour l'observer d'un peu plus près.

Elle était un peu plus courbée que l'autre, et également beaucoup plus claire. D'un bleu-vert distingué. Quelques fioritures étaient gravées à la base de la lame, et sa garde, finement taillée, était incrustée de pierres turquoises. Sa poignée, marron, était également bien plus classique, mais elle n'en restait pas moins d'une qualité rare. Le pommeau, relié à la garde pour former une protection pour les doigts, était le plus ostentatoire, descendant en une petite lame pointue qui offrait quelques perspectives intéressantes en combat.

« Magnifique. »

Il avait décidément bien fait de continuer les fouilles.

Mais sa chance s'arrêta là. La plupart des autres équipements étant de lourdes épées ou haches, ou des plastrons et jambières de métal, il fut finalement contraint d'abandonner ses recherches. Il plaça alors cette magnifique dague à la place de Necis, qu'il rangea dans son manteau, et se retourna pour rejoindre Hirotoshi et la délégation qui arrivait à sa rencontre. Elle était composée de Honoka, Chihiro, l'homme masqué et l'homme qui aurait dû être masqué, Eva et sept illustres inconnus. L'une d'elle lui était cependant familière, et il devina, au vu de son escorte, qu'il s'agissait de la dénommée Charis, avec qui il avait conversé par pierre télépathique. Avec eux, des soldats Ynoriens portaient Eva, en piteux état, et tout ce beau monde rejoignait Hirotoshi.

L'un d'eux, cependant, en voyant le spectacle qui s'offrait à lui, à savoir les civils décimés par les troupes Omyriennes, courut vers le tas de cadavre, lâchant son lourd marteau pour s'agenouiller à leurs pieds. Et il poussa un cri déchirant. Un long hurlement, le hurlement de celui qui découvre les entrailles de sa propre famille éparpillées sur le sol. Le hurlement d'un homme endeuillé.

Au même moment, au centre de la place, se rejoignaient Hirotoshi et Honoka. Ils échangèrent quelques brèves mais sincères formules de politesse, avant qu'une grande blonde à l'accoutrement ridicule ne prenne la parole. Arothiir, disait-elle, avait payé son tribut à la guerre, et elles reprendraient le chemin vers le cité dès le lendemain. Autrement dit, elle refusait de venir en aide à Fan-Ming. Mais une femme magnifique au visage quelque peu juvénile mais à la prestance et l'autorité naturelle s'interposa, impériale. La guerre n'était pas terminée, clamait-elle, et il était hors de question de laisser les Ynoriens à une mort certaine après qu'ils aient aidé à la reconquête d'Andel'Ys.

( C'est... la Reine ? ) s'étonna Alistair, qui ne s'attendait pas à ce qu'une femme à l'air si jeune et frêle soit la chef suprême de tous les Hommes-Pâles.

L'homme qui avait pleuré la mort des siens se releva à ces mots, et, le visage fermé, prit la parole à son tour. Andel'Ys répondrait présent : ils vengeraient leurs morts dans le sang de leurs ennemis, et ceux qui se prétendaient leurs alliés, concluait-il, provoquant, devraient en faire de même.

( Astidenix, je suppose, ) comprit l'assassin en voyant le géant parler au nom de la cité.

Mais la provocation du gouverneur ne plut pas à tout le monde. Une autre femme à la tenue ridicule prit la parole à son tour, clamant qu'ils avaient défendus le peuple pâle, mais que la bataille ne les concernait plus. Alors un homme à la longue robe rouge et aux bijoux d'or coupa la dispute dans l’œuf. Il ne voulait plus entendre les Hommes-Pâles se déchirer entre eux : chacun agirait comme il le voudrait et comme il le pourrait, sans qu'aucun n'ait à donner d'ordres aux autres, sans qu'aucun ne force qui que ce soit à se battre pour Fan-Ming. Il n'en était pourtant pas neutre pour autant, car aussitôt sa tirade terminée continua-t-il pour affirmer son soutien envers les Ynoriens et sa volonté de continuer lui-même la guerre aux côtés des siens, d'Andel'Ys et de la Reine. Les Dames d'Arothiir, comme il les appelait, laisseraient-elles les leurs périr sans pour autant les aider ? Un silence accueillit cette accusation. Silence que Honoka, si frêle au milieu de ses interlocuteurs, et pourtant égale dans la voix et la fermeté, interrompit. Ils devaient prendre du repos pour tous repartir dès l'aube. Aussi, dès ce soir, devaient-ils tous décider. Décider s'ils rebrousseraient chemin jusque chez eux, ou s'ils continueraient leur avancée jusqu'à Fan-Ming. Alors l'état major de sépara, chacun s'affairant à la préparation de la nuit à venir.

( Eh bien, on dirait que c'est finalement la fin de cette bataille. )

Il pouvait, enfin, prendre du repos. Enfin... C'était sans compter sur Gurfelion. Il avait promis qu'il obtiendrait des informations de sa part, quitte à le torturer. Et avant de finalement prendre un repos bien mérité, il devait s'occuper de cela. Mais savait-il seulement quelque chose qui pouvait leur être utile ? Parlerait-il, quand bien même serait-il soumis à la torture ? Rien n'était moins sûr. Mais pour en avoir le cœur net, il fallait qu'il se penche sur la question dès à présent. Alors il s'approcha de son ennemi, en compagnie du jeune shaakt. Il semblait remis de ses blessures, ou en tout cas hors de danger, signe que le jeune elfe noir avait accepté de le soigner.

« Maintenant, par pitié, accordez-moi la mort que je mérite, » l'entendit-il demander à son interlocuteur alors qu'il approchait. « Je n’attends plus rien de ce monde. »

Et Alistair choisit ce moment pour entrer en scène, prenant la parole.

« Par pitié ? Vous voulez dire la même pitié que vous avez eu pour ces civils, massacrés au nom d'une guerre dont ils ne voulaient pas ? »

Puis, se tournant vers le shaakt :

« Je ne crois pas que je me sois présenté. Alistair. Qu'est-ce que vous avez pu tirer de cet homme, gouverneur auto-proclamé et soit-disant affidé ? »



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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Mar 14 Juin 2016 15:53 
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Il me suffit de cligner des yeux pour que le paysage change. Je tombe dans un cauchemar éveillé en mettant pied à terre. La Grand'Place est méconnaissable. Maculée de sang. Des corps jonchant le sol en rang organisés par les miens. À ma botte, le bruit atroce d'un liquide opaque. Sidéré. Perdu. Déboussolé. Je sais ce que mes yeux me rapportent comme image, mais je ne parviens pas à l'accepter. Des garzoks, des hommes pâles, quelques ynoriens blessés maintenant leurs plaies closes comme ils le peuvent.

Des bruits de pas. Proches. Je relève la tête vers le Capitaine Hirotoshi. Ses paroles résonnent comme des sons incompréhensibles. Et puis mon esprit parvient à traduire ce que je perçois. Il m'apprend que ma magie peut aider ses hommes, mais qu'il serait préférable de soigner Gurfelion pour le faire parler. Le corps du général omyrien est étendu non loin, tressaillant encore de douleur. Celui qui a commandité tout ceci... Le responsable de toutes ces pertes civiles, lui qui m'avait affirmé vouloir les protéger. Mais la preuve est là : il a fait tout le contraire.

C'est en le fixant que je perçois l'arrivée de l'Etat-major, sans y prêter spécialement attention. Un frisson glacé me dévale l'échine, lorsque le puissant Astidenix émet un hurlement. Une déchirure. La marque d'un désespoir auquel le mien fait vaguement écho. Vaincre... Mais à quel prix ? Mes oreilles perçoivent vaguement une friction entre le Trio et le reste du contingent, mais mon esprit est accaparé par cette forme agonisante.

Gurfelion... Je me sens trahi. Envahi d'une juste colère. Alors que je m'approche de lui, mon Fang Bian Chan parvient dans ma main. Mes yeux violets scrutent cette gorge encore pulsante d'une vie arrachée à ceux qui nous entourent. J'agrippe mon arme à deux mains, sujet à une montée de colère et d'amertume, et la soulève, visant ce cou offert... Cet homme étendu et à portée d'un coup vengeur.

Ma lame évasée s'abat violemment... Coupant quelques mèches de cheveux alors que le tranchant n'effleure pas même la peau claire. Mes mains tremblent et mon visage se crispe.

"Je ne serais même plus digne de brasser de l'étoupe si je frappais un homme à terre..."

Mon honneur me l'interdit. Je range alors mon arme, pose un genou à terre et me concentre. Quelque part, je me sens réticent à refermer ses plaies d'un coup. J'opte pour un soin continu, qui lui rendra des forces sans risque pour moi. Ma magie se diffuse lentement en ce patient improbable. Lorsque je le devine reprendre conscience, je scrute ses yeux, attendant qu'il les dirige vers ce masque froid que j'affiche désormais. Une question supplante toutes les autres.

"Pourquoi un tel acte, Gurfelion ?"

L'homme ricane, sa bouche laissant éclater des bulles de sang. Il m'explique avoir voulu apporter la rédemption à cette cité, en se posant comme un gouverneur juste et ouvert, contrairement à Astidenix. Il prétend avoir voulu rendre la pareille aux barbares pâles, en massacrant les leurs en représailles. Mon regard se plisse. J'ai l'impression de le comprendre, et en même temps...

"Entre celui qui défend son foyer et celui qui met à mort ceux qu'il affirme vouloir protéger, le barbare change selon les yeux qui l'observent. Et maintenant, vous voilà seul en vie, entre nos mains... Jamais je n'aurais du quitter cette place..."

Si j'étais resté... Si j'avais pu être là pour lui faire entendre raison... J'aimerais comprendre comment... Comment a-t'il pu en arriver là ? Brève pause avant d'enchainer.

"Votre rancune semble venir de loin. Qui étiez-vous, Gurfelion ? Avant... Tout ceci ?"

Le visage plus pâle encore se tend. Ma magie semble trop faible pour l'arracher à son agonie. Peut-être est-ce cette perspective qui le pousse à me parler. Longuement. Dans sa jeunesse, il était un citoyen d'Andel'Ys. Non, mieux que cela. Il était Ser Gurren Fe'Lion, Chevalier-lige et même successeur potentiel du précédent gouverneur, qui n'avait pas de descendance. Mais à ses dires, c'était avant que le Seigneur Astidenix remporte une bataille décisive contre les elfes qui les repoussa dans leur forêt, et que la nuit même de leur victoire, le précédent gouverneur perde mystérieusement la vie. La Reine Sheeala d'Argentar a alors nommé le général victorieux et acclamé par le peuple à la tête de la cité. Aucun ne se préoccupa du sort du Chevalier-lige, qui devint un chevalier errant du nom de Gurfelion.

Ses pas l'ont conduit à Elscar'Olt, lieu où les sorciers avaient besoin de combattants pour protéger leurs savants des créatures de la Lande Noire. Là-bas, le Seigneur Vallel le remarqua et en fit son bras droit, lui promettant sa vengeance. Ce dernier mot me fait m'assombrir. Vengeance, encore et toujours. Une envie sombre qui altère l'esprit, l'emplissant de viles pensées.

Attentif, je l'écoute m'apprendre que s'il aurait du être à la tête de l'armée marchant sur Andel'Ys, les manipulations de Shaam auprès du Seigneur Vallel l'en ont privé. Ses yeux voilés par l'approche du tombeau fixèrent les miens.

"« Je… Vous avez pu voir sa perfidie, son habileté à séduire. Je me suis moi-même laissé tenter, et je l’ai suivi, plaçant mon honneur et ma fidélité avant tout. Son plan me paraissait lâche, mais… j’étais prêt à tout pour qu’Andel’Ys se souvienne de mon nom. De Sire Gurren Fe’lion, Chevalier Pâle. Je… Je regrette en être arrivé là… Je regrette tellement que les choses ne se soient pas passées… comme elles étaient censées se passer. »"

Son souffle est de plus en plus faible. Je sais que je pourrais le laisser partir en prétextant ne rien avoir pu faire, mais ce n'est pas dans ma nature. Ma main est lourde, à la mesure du poids sur ma poitrine, mais je manie ma magie une nouvelle fois, l'alliant à ma propre énergie pour régénérer cet homme. Si le souffle de Gaïa a pu sortir le fils d'Astidenix de son état, ce puissant sort devrait le ramener parmi les vivants...

"Je... Vais vous rétablir."

Ce n'est pas à moi de faire justice. Le crime est Pâle, et le jugement doit l'être également.

"Sire Gurren Fe'lion, le chevalier-lige d'Andel'Ys... Nul ne saurait affirmer que le peuple Pâle se souviendra de votre nom autrement que par l'image de ce sang versé. Mais je n'oublierai rien, surtout pas les actes de cette vipère mauve... "

Je me redresse, vérifiant s'il reprend des couleurs. Un léger étourdissement me prend. La journée a été longue.

"Vos regrets... Sont-ils suffisants pour parler du Seigneur Vallel ? Si vous connaissez un moyen de lui faire rebrousser chemin, avant que nous ayons à livrer bataille..."

J'en doute. S'il n'est pas fidèle au Dragon mauve, il l'est certainement envers l'un des Treize en personne. Et il ne tarde pas à me le confirmer. Son honneur lui interdit de trahir le seul être qui lui ait tendu la main. Le Seigneur Vallel ne l'a sans doute aidé que pour se servir de lui, pour avoir un pion pratique sur l'échiquier d'Aliaénon.

Pourtant...

Pourtant, j'ai du mal à m'en convaincre. Si l'image des omyriens est toujours sombre à mes yeux, voir se dévoiler quelques histoires m'amène à douter. Tant qu'Omyre menacera ma Patrie, je m'y opposerai. Mais pas aveuglément. Quelque part, une partie de moi commence à vouloir comprendre. Aussi bien la situation que les protagonistes en présence.

Je suis tiré de mes pensées par une voix étrange, directement perçue par ma tête. Quelqu'un me parle à travers la pierre de vision. Je sens mes yeux s'écarquiller. Dans ce message, le soi-disant Lord Azraël me prévient de veiller à ce que les elfes et les pâles fassent route côte à côte, mais ce n'est pas ce qui me fait froncer les sourcils. Il m'a appelé par mon nom d'emprunt, "Taorak". Or, les seuls à connaître ce faux nom sont peu nombreux. Azraël... Azraël... Azra ? C'est impossible... Il est censé avoir péri dans l'arène d'Omyre ! Non ?

Perturbé, je manque sursauter quand Gurfelion brise le silence, après un profond soupir.

"Maintenant, par pitié, accordez-moi la mort que je mérite. Je n’attends plus rien de ce monde. "

Je me mure dans le silence. Je suis étranger ici. Et si je l'ai aidé à se remettre, c'est parce que l'aventurier répondant au nom d'Alistair m'en a fait la demande. Et d'ailleurs, celui-ci intervient et se présente. Il en profite d'ailleurs pour enfoncer le clou sur le massacre perpétré ici, avant de s'informer sur ce que j'ai appris de lui.

"Rien qui puisse être utile contre le Seigneur Vallel ou ses troupes, j'en ai peur."

Mes yeux violets restent dirigés vers l'arrivant. C'est tout de même lui qui m'a fait venir ici. Ma tâche est accomplie, et je me sens de moins en moins alerte. À sa demande, je me présente à mon tour. Il est vrai qu'avec tout ce remue-ménage, j'en ai oublié qui est susceptible de connaître mon nom.

L'homme me présente une main bandée, vilainement coupée, mais alors que je manie ma magie, je sens un vertige brutal m'envahir. Quelque part, je sais qu'en faire usage est une mauvaise idée. À la place, je lui propose l'une de mes rations de soin. L'espace d'un instant, j'en viens à douter que l'homme ait pris l'une des doses les plus concentrées, car la plaie se referme assez mal. Et elle laisse une marque importante. Etrange. La magie est plus puissante, mais les liquides curatifs non... Aliaénon est décidément une contrée bien mystérieuse.

Je suis tiré de mon constat lorsque la voix de mon interlocuteur me demande si Gurfelion pourrait détenir des informations sur l'armée de Vallel.

"Il en était... Est le bras droit. Mais sa fidélité à son supérieur est admirable... Il préférera périr que de parler."

L'aventurier propose alors un marché au général défait. Une mort honorable contre des informations. N'a-t-il pas écouté ce que je viens de dire ? Gurfelion ne se fait d'ailleurs pas prier pour signifier à Alistair qu'il n'accepterait jamais rien de lui. Je retiens une vile pensée de type je vous l'avais dit, puis suggère que nous le remettions aux forces pâles. Après tout, il est traître à leur peuple. Mon interlocuteur demeure toutefois borné, et malgré mon assurance quant au résultat négatif que nous obtiendrions, il suggère... De le questionner...

Mon coeur est frappé d'une sensation glacée. Evoquer la torture, ici, au milieu de corps pas encore froids ? Son idée ne laisse pas le général pâle de marbre. Tous deux s'engagent dans un échange houleux, où les torts de l'autre sont jetés comme des poids dans une balance. Je sens mon visage se figer. D'abord des menaces de torture puis une dispute de sourds au milieu des morts... Mais quand Alistair pousse le vice jusqu'à frapper du pied l'homme à terre, je puise dans mes forces pour placer mon arme entre eux.

"Il suffit !"

Je n'arrive pas à croire ce dont je viens d'être témoin. Le sang lui est monté si vite à la tête qu'il vient de frapper un homme vulnérable. Déshonorant...

"Alistair... Vous avez triomphé. Vous ne tirerez rien de lui. Ne lui donnez pas davantage raison à votre sujet."

Mon Fang Bian Chan tremble à cause de ma fatigue, mais je suis déterminé à ne pas le laisser recommencer. Me voir m'interposer ne fait que le provoquer, puisque son ire tombe à présent sur moi. Je demeure stoïque, encaissant sa violence malgré la dureté de ses mots. Écouter un parfait inconnu laisser entendre que je privilégie la protection d'un assassin plutôt que l'obtention d'informations me froisse. Mais il a beau justifier ses propos, avoir recours à la force et à des méthodes barbares pour arriver à nos fins va à l'encontre de tous mes principes.

Cet humain a le sang chaud. Trop peut-être.

"Votre but est noble, mais vos méthodes sont... Omyriennes..."

Erreur. Ou mauvais choix de mots. Alistair semble totalement oublier ce dont il était question, et devant un Gurfelion silencieux mais attentif, il semble vouloir me rendre responsable du malheur des esclaves présents et futurs d'Omyre. Une ombre passe sur mon visage. Une pique dans mon cœur, mais malgré la fatigue, une évidence.

"Vous vous égarez, Alistair... Je n'ai pas l'intention de répondre à vos provocations. Cela ne résoudrait rien."

Toute cette violence et cette hargne... Était-ce une bonne chose que de faire appel à des aventuriers ? Je m'efforce de l'inciter à se calmer. Nous ne sommes pas ennemis. Voir ses méthodes contrariées a l'air de l'avoir tant frustré qu'il cherche des responsables où il le peut. Mes efforts paient, et c'est à mon tour de tenter de convaincre le Ser Gurren Fe'Lion de nous donner quelque chose. N'importe quoi au sujet de cette armée, pour que cet épisode finisse enfin. La tension et ma lassitude commencent à m'affecter sérieusement. C'est alors qu'Alistair propose quelque chose de concret : le nombre des troupes de Vallel contre la mort honorable souhaitée.

Et cela fonctionne. La confiance demeure dans la voix du vaincu, alors qu'il nous annonce sans ciller la présence de quarante mille garzoks sur le terrain. Sans compter de mystérieuses créatures noires et des rats. Mon sang ne fait qu'un tour. J'avise l'aventurier à mes côtés, incapable de visualiser ce que représente ce nombre invraisemblable. D'après lui, la Compagnie Omega comprend cinq cents hommes, et les pâles environs dix foix plus. Nous ne sommes pas prêts. Le Seigneur Vallel et les siens marchent déjà sur la colonie de mon peuple. Si confrontation directe il y a...

Je reporte mon attention sur Gurfelion. Maintenant que nous avons ce que nous voulions, sans avoir à user de méthodes affreuses, je mets un point d'honneur à respecter ma parole. Lorsqu'il est prêt et m'offre sa gorge, la lame évasée du Fang Bian Chan la frappe avec adresse. Le sang s'échappe vivement de la plaie et les yeux déjà voilés se ferment, tandis que son poing resserre la garde de son arme férocement.

Je viens de... De donner une mort digne à un être que j'ai empêché de périr... Mon esprit bloque un peu à cette idée, tout comme mon regard reste perdu sur le sang dévalant la lame évasée. J'ai tué. De mon plein gré. Pas des formes vagues et entassées, mais une personne dont je connaissais le nom. Et quand bien même je devrais me dire que justice est faite, une partie de moi ne parvient pas à s'en convaincre. Mort et Guerre marchent main dans la main, mais mon cœur de guérisseur a du mal à l'accepter.

L'envie de revoir un visage amical se fait de plus en plus pressant. Que j'aimerais qu'en rouvrant les yeux, je sois chez moi, à partager un thé et un repas chaud avec mes proches. Mais quand je le fais, c'est la Grand'Place maculée de sang qui s'offre à moi. J'en suis brièvement distrait par une demande d'Alistair au sujet d'un objet magique, à laquelle je ne peux pas répondre. Ma magie se limite aux arts curatifs, pas à la connaissance des enchantements. Et de toute manière, je ne me vois pas reprendre mes activités quotidiennes en présence du corps de ma victime.

Avisant des silhouettes pâles s'activant sur les lieux, je tente d'attirer leur attention pour s'occuper du corps, mais ne parviens pas à vocaliser ma demande. Il faut que je m'éloigne d'ici, aussi vite que mon état me le permet. Brièvement, j'ai le souvenir de la zone des remparts ouest associé à celui de Khar'Tal. Je salue brièvement Alistair, par principe, mais le coeur n'y est pas.

Et il me reste maintenant à faire face à la réalité quant au sort des jeunes d'Omble.

C'est fatigué que j'arrive au rempart, duquel s'éloignent nos alliés. L'endroit offre une vision également terrible. Les visages sont graves sur les figures s'éloignant vers les lieux de repos. Partout, des soldats d'Omyre étendus. Pas un survivant. Pas même un prisonnier. Se sont-ils battus jusqu'au bout ? Volontairement et jusqu'à la fin ? Les nôtres n'ont-ils pas su leur offrir une alternative ? Je dénombre à peine quelques pâles, étendus sans vie, ici et l...

Mon regard violet est happé par la silhouette maintenant familière de Khar'Tal, assis auprès de... Dame Talia. Je comprends malgré ma lassitude que la jeune femme est grièvement blessée. Un trait d'arbalète émerge de son épaule, un autre de son ventre, et elle est tuméfiée. Mais elle respire encore. Mon souffle accélère et je pousse mon corps récalcitrant dans leur direction.

"Ser Khar'Tal ? Dame Talia ? Vous m'entendez ?"

Le jeune pâle est inquiet, lui-même maculé de sang, mais qui ne semble pas être le sien. Il confirme ce que j'ai pu voir. Sa soeur est blessée. Gravement. Elle peine même à ouvrir les yeux. Un regard sombre et brillant. En un instant, je culpabilise d'avoir tant puisé dans mes forces pour le général pâle. Mes forces me manquent, mais je ne dois pas laisser les D'Omble s'en apercevoir. Je dois les rassurer, autant que le faire pour moi.

"Je vais faire ce que je peux... Mais je vais avoir besoin de votre aide. Pour retirer les projectiles."

Le jeune homme m'écoute et opine gravement. Il se charge d'extraire les carreaux, m'enjoignant à m'assurer de la survie de sa soeur. Alors qu'il attrape et tire le premier trait fiché dans l'épaule de la jeune femme, je me hâte d'agripper les bandages propres de ma sacoche. Le cri de Dame Talia déchire l'air, frappant ma poitrine comme un coup de dague. Dès que le trait est sorti, je comprime la plaie, réduisant la perte de sang au maximum. La douleur que je vois sur ce visage connu si calme et coloré ajoute un poids de plus sur mes épaules. Mais je suis décidé à l'aider, quoi qu'il m'en coûte.

Khar'Tal tremble, et je ne peux que comprendre à quel point faire souffrir un membre de sa famille peut le perturber. Néanmoins, faisant preuve d'un courage que je ne peux qu'admirer, il se saisit du second carreau et le tire. Gaïa... Sa plaie est si grande... Je... Je ne peux pas la laisser mourir ! Je m'y refuse ! Je ne pourrai pas accepter de voir une autre connaissance s'éteindre devant moi.

(Dame de Lumière... Je vous en conjure... Juste une dernière fois...)

La peine est telle que Dame Talia perd conscience. Je sens alors le regard appuyé et perdu de son frère sur moi. J'inspire, avise la plaie, puis concentre toute ma volonté et ce qui me reste d'énergie pour la soigner. Je ne me pardonnerai pas de ne pas tout tenter, de ne pas être prêt à tout sacrifier pour la sauver. Et si je... Non. Nul échec n'est tolérable. Et si cela s'avérait le cas... Ce serait mon dernier...

(Aliaénon... Tue-moi, mais ramène-la.)

J'incante mon sort, sentant la magie pulser et filtrer en moi à m'en rendre malade. Des éclats de lumière devant mes yeux, une faiblesse qui ne me quitte pas et s'amplifie. Mon corps... Si lourd... Mais je n'ai pas fini... Pas encore. Je dois tenir... Juste un peu... Je sens brutalement le contact du sol contre moi, mais je suis ynorien. Je dois mener ma tâche à terme ! Je... Le leur dois...

Une sensation familière. Le sort qui prend forme et se lance. Ma tête tourne... Mes oreilles sifflent... J'ai du mal à voir ce visage féminin, pourtant tout proche... Et totalement immobile... Mes yeux se ferment sans mon accord...Sur la pensée que... J'ai échoué...

Vue trouble... Mirage d'une conscience épuisée ou réalité ? Ai-je entraperçu un mouvement... De ses propres paupières ?

Une fraction de seconde, j'aime à y deviner une lueur... Suivie... D'une larme...

Puis...

L'obscurité gagne...





(3 250 mots)

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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 18 Juin 2016 18:29, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Jeu 16 Juin 2016 10:51 
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Au moment où je m’apprête à quitter les portes sud, une troupe attire mon attention. A en croire les réactions et la déférence des soldats, je devine ces personnes membres de l’Etat-Major. L’un prend la parole pour annoncer que des alliés à Fan-Ming se battent encore sur la muraille ouest, mais que la poche de résistance devrait être rapidement vaincue et il invite certaines personnes à rejoindre ces troupes afin de précipiter notre victoire. L’Etat Major, une fois les troupes parties, prend la direction du centre-ville et je décide de leur emboiter le pas.

Le sourire me vient à la réponse du sorcier qui se dit un peu rouillé après avoir passé tant de temps sans user de tels pouvoirs. Malgré ses mots, il semble ravi, comme s’il était complet pour la première fois depuis bien, bien longtemps. Il se tourne alors pour saluer un autre sorcier, celui que j’avais vu brièvement dans la tour de Neo-Messaliah. Ils semblent être, ou avoir été, amis, mais le second répond en demi-teinte, rappelant que nous sommes en guerre face à un ennemi des plus redoutables. Je crains moi aussi ce qui pourrait advenir.

L’homme dont je ne connais pas le nom s’avance alors et se présente sous l’appellation de Lord Azra de Kendra Kar et de Jesuir. Si le terme de Lord ne m’est pas familier, je me rappelle que le sorcier de feu l’avait appelé roi fantoche, aussi incliné-je mon buste en disant :

- Je suis heureuse de voir que vous vous en êtes sorti, Votre Majesté, j’ai craint, en ne vous voyant pas arriver, que vous ayez rencontré quelque funeste destin, quoi qu’à votre apparence actuelle, si vous me permettez, j’ignore la véracité de mes propos.

Nous arrivons finalement sur la place où s’amassent déjà bien des personnes et des cadavres. J’avance en regardant ceux-ci, que ce soient nos alliés ou nos ennemis, refusant de cacher à mes yeux le massacre qui s’est déroulé en ces lieux, ce massacre auquel j’ai pris part, brûlant mes ennemis des flammes qui habitent à présent mon cœur.

L’un des hommes de notre compagnie, pourvu d’un marteau sanglant, tombe à genoux et se met à hurler, un cri long, puissant, où se mêlent colère et tristesse et qui touche quelque chose au fond de moi. Ce sentiment de perte, d’impuissance que j’ai ressenti en voyant mon clan défait, ma nourrice mourir sous mes yeux. J’aimerai dire à ce grand guerrier que je partage sa peine, sa souffrance, mais je sais que rien ne peut atténuer la peine de la perte de siens. Seul le temps peut apposer un baume léger qui atténuera parfois la douleur.

Une femme, blonde et élancée, au visage masqué sous un fin voile, s’avança. Elle annonça qu’Arothiir avait payé son tribut à la guerre et que demain, ils reprendront la route de leur cité. Une autre femme, jeune mais non dépourvu de puissance, intervint à son tour, rétorquant que la guerre est loin d’être terminée car Fan-Ming nous attend encore. Une ynorienne que je devine d’influence intervient, se plaçant du côté de la dernière intervenante, rapidement rejointe par le grand guerrier. Ils se rendront à Fan Ming.

Une autre femme que je devine appartenir également à Arothiir prend la défense de sa compagne en expliquant que son travail est ici terminé. Je plisse les yeux. Si Fan-Ming tombe, ils auront l’assurance de voir Oaxaca taper à leur porte, ne serait-ce que par vengeance de cette déconvenue.

A mes côtés, Al’Sabbar prend la parole et je retiens un sourire. Plus le temps passe, plus cet homme emplis mon cœur de respect et je salue cette force qui m’a poussée jusqu’à lui pour lui faire confiance et le libérer de ses entraves. Il explique que chacun est libre de ses choix, mais plaide néanmoins en faveur de la cité ynorienne. Les trois femmes ne savent qu’y répondre.

L’ynorienne tempère, préférant le repos après la bataille, car la nuit porte conseil. Le seigneur Azra intervient néanmoins pour haranguer notre petite foule, rappelant la menace d’Oaxaca.

Je m’avance légèrement pour intervenir à mon tour, sentant cela nécessaire.

- Messires, mes Dames, permettez-moi de me présenter. Je suis Charis Kel Asheara, princesse, Cheikha du clan des Asheara du Désert de Yuimen. Mes Dames, dis-je en me tournant vers les trois femmes, si Oaxaca vainc à Fan-Ming, elle ne laissera pas l’affront de votre présence en ces lieux impunie. Nous ne pourrons, alors, venir à votre aide car nos troupes auront été massacrées. Les cendres fuligineuses des guerriers tombés sur les champs d’Andel’Ys auront alors été vaines.

Sans réellement attendre de réponse de leur part, j’incline légèrement le buste en signe de respect, autant pour elle que pour les autres membres de l’assemblée, et me retire.


Au moment où je m’apprête à quitter les portes sud, une troupe attire mon attention. A en croire les réactions et la déférence des soldats, je devine ces personnes membres de l’Etat-Major. L’un prend la parole pour annoncer que des alliés à Fan-Ming se battent encore sur la muraille ouest, mais que la poche de résistance devrait être rapidement vaincue et il invite certaines personnes à rejoindre ces troupes afin de précipiter notre victoire. L’Etat Major, une fois les troupes parties, prend la direction du centre-ville et je décide de leur emboiter le pas.

Le sourire me vient à la réponse du sorcier qui se dit un peu rouillé après avoir passé tant de temps sans user de tels pouvoirs. Malgré ses mots, il semble ravi, comme s’il était complet pour la première fois depuis bien, bien longtemps. Il se tourne alors pour saluer un autre sorcier, celui que j’avais vu brièvement dans la tour de Neo-Messaliah. Ils semblent être, ou avoir été, amis, mais le second répond en demi-teinte, rappelant que nous sommes en guerre face à un ennemi des plus redoutables. Je crains moi aussi ce qui pourrait advenir.

L’homme dont je ne connais pas le nom s’avance alors et se présente sous l’appellation de Lord Azra de Kendra Kar et de Jesuir. Si le terme de Lord ne m’est pas familier, je me rappelle que le sorcier de feu l’avait appelé roi fantoche, aussi incliné-je mon buste en disant :

- Je suis heureuse de voir que vous vous en êtes sorti, Votre Majesté, j’ai craint, en ne vous voyant pas arriver, que vous ayez rencontré quelque funeste destin, quoi qu’à votre apparence actuelle, si vous me permettez, j’ignore la véracité de mes propos.

Nous arrivons finalement sur la place où s’amassent déjà bien des personnes et des cadavres. J’avance en regardant ceux-ci, que ce soient nos alliés ou nos ennemis, refusant de cacher à mes yeux le massacre qui s’est déroulé en ces lieux, ce massacre auquel j’ai pris part, brûlant mes ennemis des flammes qui habitent à présent mon cœur.

L’un des hommes de notre compagnie, pourvu d’un marteau sanglant, tombe à genoux et se met à hurler, un cri long, puissant, où se mêlent colère et tristesse et qui touche quelque chose au fond de moi. Ce sentiment de perte, d’impuissance que j’ai ressenti en voyant mon clan défait, ma nourrice mourir sous mes yeux. J’aimerai dire à ce grand guerrier que je partage sa peine, sa souffrance, mais je sais que rien ne peut atténuer la peine de la perte de siens. Seul le temps peut apposer un baume léger qui atténuera parfois la douleur.

Une femme, blonde et élancée, au visage masqué sous un fin voile, s’avança. Elle annonça qu’Arothiir avait payé son tribut à la guerre et que demain, ils reprendront la route de leur cité. Une autre femme, jeune mais non dépourvu de puissance, intervint à son tour, rétorquant que la guerre est loin d’être terminée car Fan-Ming nous attend encore. Une ynorienne que je devine d’influence intervient, se plaçant du côté de la dernière intervenante, rapidement rejointe par le grand guerrier. Ils se rendront à Fan Ming.

Une autre femme que je devine appartenir également à Arothiir prend la défense de sa compagne en expliquant que son travail est ici terminé. Je plisse les yeux. Si Fan-Ming tombe, ils auront l’assurance de voir Oaxaca taper à leur porte, ne serait-ce que par vengeance de cette déconvenue.

A mes côtés, Al’Sabbar prend la parole et je retiens un sourire. Plus le temps passe, plus cet homme emplis mon cœur de respect et je salue cette force qui m’a poussée jusqu’à lui pour lui faire confiance et le libérer de ses entraves. Il explique que chacun est libre de ses choix, mais plaide néanmoins en faveur de la cité ynorienne. Les trois femmes ne savent qu’y répondre.

L’ynorienne tempère, préférant le repos après la bataille, car la nuit porte conseil. Le seigneur Azra intervient néanmoins pour haranguer notre petite foule, rappelant la menace d’Oaxaca.

Je m’avance légèrement pour intervenir à mon tour, sentant cela nécessaire.

- Messires, mes Dames, permettez-moi de me présenter. Je suis Charis Kel Asheara, princesse, Cheikha du clan des Asheara du Désert de Yuimen. Mes Dames, dis-je en me tournant vers les trois femmes, si Oaxaca vainc à Fan-Ming, elle ne laissera pas l’affront de votre présence en ces lieux impunie. Nous ne pourrons, alors, venir à votre aide car nos troupes auront été massacrées. Les cendres fuligineuses des guerriers tombés sur les champs d’Andel’Ys auront alors été vaines.

Sans réellement attendre de réponse de leur part, j’incline légèrement le buste en signe de respect, autant pour elle que pour les autres membres de l’assemblée, et me retire.

Un homme s’approche alors de moi. Relativement grand, ou tout du moins bien plus que moi, les traits yuimeniens saupoudrés d’une ethnie dont j’ignore l’origine, il possède de longs cheveux aile de corbeau et des yeux bleu sur un visage fin. Il se maintient avec un port altier, mais les tâches de sang qui maculent ses vêtements ne mentent pas sur son implication lors de cette guerre.

- Dame Charis, je présume, dit-il en me tendant la main. Alistair, nous avons échangé par télépathie.

J’incline le buste devant lui, la main sur le cœur avant de regarder sa main tendue. J’ignore exactement à quelle coutume il fait référence, mais j’ai le souvenir d’avoir vu des marchands se tendre ainsi la main, non sans avoir dûment craché dessus pour sceller un accord. Cependant nous n’avons nul accord à sceller et sa main est sèche, je doute que ce soit là ce qu’il attendre. Incertaine, j’accepte de la serrer avant de la relâcher bien vite. J’abaisse le masque sur mon visage, par politesse, tout en répondant :

- En effet, messire, je vous remercie d’avoir envoyé du soutien, il fut plus que bienvenu.

L’homme me demande alors comment avons-nous fait fuir les géants si rapidement et je me retrouve légèrement gênée au souvenir de ce déchaînement de puissance. Je réponds alors :

- Des flammes se sont abattues des cieux et un rideau igné a déferlé sur leurs êtres. Ils ont fui face à ce qu'ils ne connaissaient pas. Je suis arrivée au cours de la bataille, sauriez-vous me dire ce qu'il s'était passé et les forces en présence ?

Il hausse un sourcil, me demandant d’où sont venues les flammes avant de m’annoncer que les troupes omyriennes avaient pris la cité des Hommes Pâles. Ceux-ci s’étaient alors cachés dans la forêt afin d’organiser une attaque surprise avec une troupe de Fan-Ming.

- J'ai... développé d'étranges habilités depuis ma venue sur ce monde. Les flammes venaient de moi, lui réponds-je. Je suis heureuse que le sort de la bataille ait tourné, les forces semblaient égales à mon arrivée, la victoire fut de longue haleine... et à un bien lourd prix.

Le visage d’Alistair s’assombrit.

- Ne vous réjouissez pas trop vite... Il reste une seconde armée, menée par Vallel en personne, aux portes de Fan-Ming. Et si j'en crois les dernières informations que j'ai eues... Nous serons moins de sept-mille contre plus de quarante-mille, dit-il avant de pousser un soupir. Vos pouvoirs sont une bénédiction ici. Il semblerait qu'ils soient décuplés sur Aliaénon, et c'est probablement notre seul moyen de renverser le rapport de force.

J’écarquille les yeux à la mention des forces en présence. Cela fait… beaucoup d’ennemis. Nous serons retranchés derrière les murailles, mais malgré tout, je crains ce qui pourrait advenir. Heureusement avons-nous la magie. Néanmoins…

- Si j'ai développé ces capacités, nos ennemis pourraient en avoir également. Il nous faut plus de soutien, si seulement nous avons le temps de le rassembler. Il nous faudrait convaincre ces trois femmes d'Arothiir. Plusieurs Cadi Yangin, ces sorciers de feu, sont en route pour Fan-Ming, je suis parvenue à obtenir une partie de leur soutien, mais mon statut de femme m'a privé d'un peu moins de la moitié d'entre eux.

Alistair me répond qu’il ne pense pas que nous ayons à craindre de la magie de la part des garzoks. J’espère qu’il dit vrai. Il semble mettre beaucoup d’espoir dans notre capacité à lancer des sorts. Il me demande alors s’il reste d’autres peuples à convaincre, des peuples qui pourraient faire pencher la balance.

Je pousse un soupir en répondant :

- Malheureusement, je l'ignore, je n'ai guère de connaissances d'Aliaénon car elles se limitent au désert du Raa'ska et à mon arrivée à Fan-Ming. Peut-être pourrions-nous nous en enquérir auprès des ynoriens.

Il me dit qu’il doit discuter avec la princesse Honoka et me propose de m’adresser aux hommes pâles entre temps. J’acquiesce, l’idée est bonne.

- Oui, je vais discuter avec eux. Savez-vous qui sont-ils ? Je ne les ai jamais rencontrés.

Il me dit ne les connaître que de vue et que le grand guerrier au marteau doit être Astidenix tandis que la femme était leur reine. Quelle bien jeune personne pour occuper ce poste, mais après la déconvenue de mon clan, je ne puis qu’avoir de la compassion pour elle. Je m’apprête à le saluer lorsqu’il m’arrête :

- Ah, avant que vous ne partiez, vous pensez vous capable d'identifier les propriétés d'un objet magique ? J'ai trouvé un pendentif que je soupçonne d'être lié à Sharal Naam, un général Omyrien.

Je le regarde, indécise. J’ai déjà effectué ce genre de tâche avec plus ou moins de succès. Je ne perds rien à essayer, après tout.

- Je peux le tenter, mais je n'ai guère d'expérience en la matière. Pouvez-vous me le montrer ?

Il sort alors un pendentif étrange, une orbe violette tenue entre des serres reptiliennes. Je le prends dans mes mains et l’observe. Il dégage quelque chose de néfaste, comme s’il m’attirait à lui. Je sens comme une présence à l’intérieure, sombre, malveillante.

- Je… cet objet me semble être sombre, lié à une magie ancienne, ténébreuse et proche de la mort. J’ai l’impression qu’il y a une sorte de malédiction, comme s’il était possédé par une sorte de sortilège puissant… une possession que je sens tenter de m’atteindre. Comme s’il… vivait par lui-même. Je pense également qu’il augmenterait la puissance de son porteur, mais de façon non naturelle, dangereuse peut-être. Méfiez-vous en, je le sens néfaste.

Je lui tends avec un frisson afin qu’il le reprenne. Il l’observe quelque secondes, songeur, avant de le porter à son regard et de me remercier avant de prendre congé en me souhaitant bonne chance avec les Hommes Pâles.

Je m’incline alors, la main sur le cœur, et part en quête de la Reine des Hommes Pâles. Cette dernière devise avec quelques personnes et je m’approche légèrement d’elle et attire son attention en m’inclinant de nouveau devant elle.

- Votre Majesté, puis-je m'entretenir avec vous ? lui demandé-je.

Elle me répond par un signe de tête cordial avant de m’inviter à la suivre légèrement à l’écart et de prendre place à une table. Je m’assois devant elle.

- Je suis Charis Kel Asheara, Princesse d'un clan du désert de Yuimen. J'ai ouï dire qu'une seconde armée était en marche pour Fan-Ming, une armée nombreuse. Savez-vous si nous avons reçu le soutien de tous les peuples d'Aliaénon, y a-t-il encore des personnes que nous pourrions convaincre de venir à notre aide à temps ?

Elle me regarde d’un air sérieux en baissant les yeux, avant de répondre :

- Sheeala d'Argentar, Reine des Hommes Pâles et dirigeante de Treeof. Vous avez amené ici un homme du désert. J'avais espéré que vous seriez davantage en mesure de nous éclairer sur les forces nous étant alliées. Mon rôle dans cette guerre s'est limité au regroupement des troupes pâles ici, à Andel'Ys, grâce à l'intervention du Sire d'Esh Elvohk. A part les armées de mon Royaume et celles des elfes sortis de leur forêt, je n'ai connaissance d'aucune autre force rejoignant Fan-Ming. Je doute, cependant, vu l'urgence de la situation, qu'il est encore temps de contacter d'autres peuples. Le temps qu'ils fassent le déplacement, la bataille sera finie depuis longtemps, je le crains. Quelle qu'en soit l'issue.

Mon cœur sombre un peu plus. Les augures ne semblent pas bons.

- Je craignais une telle réponse de votre part, Votre Majesté. Je suis parvenue à rallier à notre cause un peu plus de la moitié des Cadi Yangin de Neo-Messaliah, cependant je crains que la dernière moitié soit trop réfractaire à l'évolution des mœurs et refuse de nous rejoindre.

La reine, pour une raison que j’ignore, semble ennuyée par mes paroles, mais cette réserve s’explique car son peuple s’est toujours méfié de la magie à cause de ses effets dévastateurs. Elle a beaucoup de réticence quant à son utilisation et certains des siens sont même haineux envers elle. Elle estime préférable que ces sorciers extrémistes soient restés chez eux. Je comprends son point de vue. Moi-même, quelques jours plus tôt, j’ignorais tout de la magie, et même à présent je la crains encore, alors que je la pratique. J’incline la tête en répondant :

- Je comprends votre réticence, Majesté, j'ai moi-même été surprise de voir les résultats d'une telle magie sur votre monde, néanmoins, si j'en crois les forces en présence, je crains que la magie soit un de nos meilleurs atouts, si dangereux soit-il.

- Peut-être avez-vous raison, me répond-elle. Mais de sombres légendes narrées aux enfants de mon peuple décrivent de cruelles et immenses créatures endormies dans les sous-sols du monde, prêtes à se réveiller pour dévaster Aliaénon et le faire choir vers l'horreur et le chaos. La magie est si puissante, elle aurait le pouvoir de les éveiller. Ce ne sont que des légendes, bien sûr. Mais n'ont-elles pas toutes un fond de vérité ? Je prie le Sans-Visage pour que vous ayez raison, et moi tort.

Mon cœur s’effondre un peu plus. Voilà que notre seul atout s’envole en fumée ! Je n’avais jamais entendu parler de telles créatures et je crains les dévastations qui pourraient en découler.

- J'ignore tout de ces légendes, que disent-elles de plus ?

- D'autres les narreraient bien mieux que moi, mais il y est dit que dans des temps ancestraux, ces monstres, ces titans s'affrontaient sur la surface d'Aliaénon en des guerres qui déformaient jusqu'au paysage. Le Sans-Visage, usant d'une puissante magie, les aurait endormis, et ainsi seraient nées les cités d'Aliaénon. Si la magie les a endormis, elle peut les éveiller, ne croyez-vous pas ? Ici, à Andel'Ys, l'on dit qu'un de ces êtres sommeille dans le lac, forçant les pêcheurs à le parcourir dans le plus grand silence.

Je lance un regard alentours, comme si ce… titan allait soudainement émerger des flots du lac et nous engloutir. Voilà de bien tristes et sombres nouvelles, une menace latente dont nous ne savons rien, sur laquelle nous n’avons pas de prise. La reine me répond que peu de personnes les connaissent vraiment car elles auraient disparu avant l’arrivée des peuples. Les elfes ou les ouessiens, selon elle, pourraient avoir des pistes. Si je ne connais pas d’elfes, ici, je connais un ouessien. Peut-être est-ce une piste, en tout cas je compte bien la creuser dès que l’occasion se présentera. Elle me parle alors d’un dragon mauve qui aurait causé la chute de la forteresse de Nagorin. J’espère qu’il ne s’agit pas d’un véritable dragon, ces créatures de légendes. Mais après tout, plus rien ne me surprendrait ici. Elle me dit alors que notre ennemi est trop puissant et que nous devons utiliser la magie prudemment et sans chercher à semer la dévastation. Je hoche la tête, pensive, assimilant ses mots.

Je m’incline alors, de la même manière que je l’ai saluée, et lui dit :

- Je vois. J'ai fait la connaissance d'un Ouessien, peut-être saura-t-il m'en dire plus. Je vous remercie, Votre Majesté, je ne prendrai pas plus de votre temps. Puissions-nous finir victorieux à Fan-Ming, que tous ces morts n'aient pas rejoins en vain les ombres.

Elle me répond en portant la main à son cœur.

- Puissent ces paroles avoir valeur de prophétie. Si c'est pour la paix de ce monde, c'est un sacrifice que mon peuple est prêt à donner. Puissions-nous être victorieux.

Je me relève alors et la laisse à ses activités, rejoignant les festivités avant de chercher un endroit où aller dormir et reprendre des forces pour la bataille qui s’annonce. Demain, je compte proposer à Al’Sabbar de prendre le cheval ailé et de nous envoler à Fan-Ming afin de voir où en sont les défenses de la cité.


2500 mots, sans ceux des PNJ/PJ.

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 Sujet du message: Re: Andel'Ys
MessagePosté: Ven 17 Juin 2016 15:29 
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A la question d'Alistair, le shaakt répondit, défaitiste, que rien de ce qu'il n'avait appris ne serait utile contre Vallel. L'assassin se tourna vers Gurfelion, allongé au sol. Il tenait son imposante épée contre lui ; sans doute le jeune elfe avait-il jugé bon de lui accorder une mort les armes à la main. Mais le semi-hafiz n'en avait pas terminé avec lui.

« Je n'ai pas saisi votre nom, » fit-il à l'attention du shaakt, lui rappelant qu'il ne s'était pas présenté.
« D'Esh Elvohk Kiyoheiki, instructeur d'Oranan, » répondit l'autre, protocolaire.

Il n'était donc que semi-elfe, ce qui expliquait ses traits légèrement humains, mais surtout son port fier et son dialecte guindé. Il était donc Ynorien d'éducation.

Avant d'en revenir à Gurfelion, Alistair profita de la présence du guérisseur pour débander sa main gauche. Elle le faisait souffrir et risquait fort de s'infecter s'il la laissait dans ce linge sale, arraché sur le cadavre d'un garzok. D'autant que l'étoffe n'avait pas complètement arrêté l'hémorragie. Ca avait beau n'être qu'une blessure à la main, loin de toute artère, la profondeur suffirait, à terme, à provoquer quelques vertiges, surtout au vu de sa forme physique, après deux jours de chevauchée et une longue bataille.

« Avez-vous par hasard encore assez d'énergie pour soigner ceci ? » lui demanda-t-il, tendant la plaie béante devant les yeux de l'hybride.

Mais son interlocuteur était visiblement tout aussi épuisé que lui-même, il pouvait le lire dans sa posture et sur son visage. Et le dénommé Kiyoheiki lui donna raison : il n'était certainement pas capable de lancer un nouveau sort. Il sortit néanmoins une gourde de son sac, qu'il tendit à Alistair. Elle contenait des potions curatives.

« Merci, » répondit simplement Alistair en attrapant l'outre, dont il but une pleine gorgée immédiatement avant de la rendre à son propriétaire.

Malheureusement, l'effet ne fut pas aussi puissant qu'il ne l'avait escompté. Si la plaie se referma, elle restait douloureuse, et ce n'était pas une cicatrice qu'il y avait mais une épaisse croûte. Le sang avait coagulé, la blessure avait été nettoyée, mais il devrait attendre quelques jours avant qu'elle ne soit réellement guérie. Et la cicatrice serait certainement vilaine à regarder. C'était mieux que rien, ceci-dit. Détournant son attention de sa main blessée et se tournant vers le corps de Gurfelion, Alistair reprit la parole.

« Pensez-vous qu'il détient des informations sur l'armée de Vallel ? » demanda-t-il au shaakt.

Kiyoheiki fronça légèrement les sourcils, presque imperceptiblement. Gurfelion était le bras droit de Vallel, autrement dit il savait très certainement presque tout de son armée. Mais... selon lui, le traître Pâle vouait une fidélité sans limite au Lieutenant Oaxien. Il préférerait mourir que de parler. Alistair poussa un soupir ; il s'en était quelque peu douté, mais il fallait pourtant essayer.

« J'ai cru comprendre que la mort était justement ce qu'il désirait, » répondit-il au jeune Ynorien. Puis, à Gurfelion : « Une mort rapide, votre épée en main, est peut-être ce que l'on peut vous proposer contre ces informations ? »

Il doutait que cette seule proposition suffise à le faire parler, cependant. Et le guerrier déchu lui donna raison d'un regard noir.

« De votre main, rien ne me satisfera. Vous êtes l'image même de mon échec ici : la pourriture que les miens, aveuglés par vos discours dépréciateurs et condescendants, suivent sans se rendre compte qu'ils courent à leur propre perte. »

Alistair resta impassible à cette remarque ; vraisemblablement, Gurfelion le haïssait. A côté de lui, Kiyoheiki ferma les yeux, comme touché par la remarque du faux-gouverneur. Il voulait le rendre aux Pâles. Mais l'assassin fronça les sourcils, il l'avait sauvé pour en obtenir des informations, il n'abandonnerait pas maintenant. D'un ton ferme, il refusa, sans équivoque.

« Non. Il peut avoir des informations cruciales pour gagner cette guerre, on ne peut pas le laisser aux mains des Pâles maintenant, ils ne feront que l'exécuter et il emportera ce qu'il sait dans la tombe. »
« Il en a, » rétorqua l'autre. « Et il les taira. »

Alistair secoue la tête, le visage dur.

« Il est un peu tôt pour baisser les bras. Peu importe le degré de sa loyauté, à la fin c'est sa tolérance à la douleur, physique et mentale, qui décidera de ses derniers mots. »

En fait, il doutait lui-même de ses mots. Il avait déjà eu un aperçu de ce que le fanatisme et la loyauté pouvaient faire d'un homme, et cumulé avec un esprit de fer comme celui de son ennemi vaincu, il y avait fort à parier que les tortures soient longues et fastidieuses avant qu'il ne lâche la moindre bribe d'information. Bien sûr, il pourrait certainement le briser à la longue, mais ils n'avaient pas des semaines devant eux.

A la menace de torture d'Alistair, Gurfelion réagit de nouveau. Se redressant sur son coude pour se pencher vers eux, il cracha sur les bottes de son ennemi victorieux, haineux.

« Voilà tout ce dont vous êtes capable, comme honneur. L'irrespect d'un ennemi tombé. Tout en vous me révulse, assassin. J'espère que d'ici la fin, ils verront quelle personne immonde vous êtes. »

A ces mots, le voleur fronça de nouveau les sourcils. Il n'avait aucune honte à être traité de meurtrier, il savait ces mots vrais. Mais cet homme face à lui n'en savait rien. Il n'avait fait que parler pour se décharger de ses propres fautes, pour trouver un bouc émissaire, et, après une telle journée, une telle soirée, ces mots eurent le mérite d'énerver l'auto-proclamé négociateur.

« Ha ! Assassin... », commença-t-il, railleur. « Car la cinquantaine de civils morts par votre faute a pu se défendre, se débattre ? Parce qu'elle a eu droit à un quelconque honneur ? Vous n'êtes pas plus un guerrier que moi, Gurfelion. Vous êtes un assassin. »
« Et pour ça je demande la mort, » rétorqua-t-il. « Alors que vous demandez qu'ils vous suivent comme un héros. La voilà, la différence entre nous. »

Mais Alistair commençait à perdre patience. Il était là pour obtenir des informations, et plus vite il les aurait, plus vite il pourrait passer à autre chose. La nuit avait été longue, et elle n'était pas terminée. Il était temps de laisser les négociations de côté et d'engager l'interrogatoire. D'un coup de pied à l'épaule, il fit chuter Gurfelion, qui tomba de nouveau sur le dos, endolori. Malheureusement, Kiyoheiki ne voyait pas les choses de cette manière. Maudits Ynoriens avec leur éthique et leurs codes d'honneur. Il plaça son arme entre eux pour empêcher l'assassin d'aller plus loin.

« Alistair... Vous avez triomphé. Vous ne tirerez rien de lui. Ne lui donnez pas davantage raison à votre sujet. »

Mais son arme tremblait, témoignant de la fatigue cumulée du semi-elfe. La situation commençait à dégénérer, énervant plus encore l'assassin, qui reporta cette fois cette colère sur le guérisseur, haussant le ton.

« Vous vous obstinez à défendre ce lâche, ce traître qui a causé la mort de tous ces civils ? Si je vous ai demandé de le soigner lui plutôt que l'un de nos alliés c'était pour obtenir des informations. Ou alors vous préférez aller dire à Hirotoshi que votre magie n'a suffit qu'à rendre les derniers instants de notre ennemi plus supportables ? Que nous avons abandonné avant même d'essayer car nous ne voulions pas lui donner raison à mon sujet ? Il s'agit de victoire, ici, Instructeur, il s'agit de gagner une guerre, pas de soigner notre image. »

Mais l'autre resta stoïque. Il qualifiait ses intentions de nobles, mais ses méthodes d'omyriennes. Alistair reprit un ton égal, mais froid. Le shaakt était décidément trop doux pour cela. Ou trop arrogant, peut-être, de cet orgueil qui fait croire à ses possesseurs qu'ils sont « trop bons pour ça », « trop nobles ». De cet orgueil qu'on tous les donneurs de leçon qui veulent se donner contenance après avoir tué des dizaines de personnes pour leur patrie. C'était une guerre, on la gagnait ou on la perdait, il n'y avait pas de noblesse ou d'honneur.

( Ces stupides Ynoriens, qui voient de la dignité dans un acte qui en est pourtant entièrement dépourvu... )

« Alors vous consolerez les esclaves Oraniens en les rassurant sur nos méthodes lorsque votre patrie sera tombée aux mains d'Oaxaca, » lui fit-il. « Je suis sûr qu'ils en dormiront tous mieux la nuit. »

Mais l'autre resta stoïque une nouvelle fois. Il ne comptait pas répondre à ces provocations, disait-il. Il commençait à sérieusement agacer Alistair. Néanmoins, celui-ci se força à reprendre une certaine contenance : envenimer la situation n'amènerait rien.

« Il n'y a pas d'honneur dans la guerre, Sieur Kiyoheiki, » fit-il après un profond soupir. « Il y a seulement des vainqueurs et des vaincus. Ne laissez pas vos principes nous abandonner dans la seconde catégorie. Mes méthodes ne sont ni Ynoriennes ni Omyriennes, elles sont simplement efficaces. Alors peut-être qu'il résistera, peut-être que ce sera vain... Mais si nous obtenons ne serait-ce qu'une information cruciale, alors cela aura été utile. »

Ynorien jusqu'au bout des orteils, le shaakt invoqua les principes des siens. C'était, disait-il, ce qui les définissait. Pourtant, Hirotoshi lui avait donné son accord pour cette torture. Il n'avait pas eu l'air de se soucier du sort de ce traître. Comme quoi, même chez les Ynoriens les principes n'étaient pas les mêmes.

Cependant, certainement conscient qu'il fallait arriver à un compromis, Kiyoheiki offrit une chance à Gurfelion de s'en tirer sans plus de heurt. Il lui proposait une information contre une mort de sa main.

« Rien de ce que je pourrais dire ne saurait lui nuire, » répondit celui-ci, entêté. « Et pourtant, encore, vous me demandez de le trahir. Quel compagnon serais-je, que de demander la mort en échange d'une trahison ? Je préfère encore agoniser cent ans que de me salir de la sorte. »

Alistair perdait de nouveau patience. Le gouverneur déchu semblait appeler la lame de Kiyoheiki à lui. Pourtant, en refusant encore une fois, il se la refusait, de lui-même.

« La taille de la troupe de Vallel, » rebondit Alistair, agacé. Cette simple information pouvait les aider à se préparer. Et elle ne représentait trois fois rien pour lui. « Et je le laisserai vous donner cette mort que vous attendez. »

Ainsi, il abandonnait l'idée de le torturer. Il n'avait jamais trouvé ça particulièrement plaisant, de toute manière, et une bonne information valait mieux que des heures de supplice en vain.

« Qu'importe leur nombre, vous ne parviendrez pas à les défaire, » rétorqua Gurfelion. Puis, abdiquant : « Plus de quarante mille peaux-vertes. Sans compter les créatures noires... Sans compter les rats. Oranan brûlera, car telle est la volonté de Vallel. »

A cette annonce, Alistair resta bouche bée quelques instants, les yeux écarquillés, alors que la lame de Kiyoheiki cognait le sol. Puis, après un imperceptible soupir, l'assassin prit enfin la parole.

« Ah. C'est un peu plus que je n'espérais. »

Le shaakt, plus choqué encore que lui, lui demanda combien il y avait de soldats cette nuit.

« Heu... je ne sais pas..., » commença-t-il en secouant. Il cherchait ses mots, tentait de compter, mais les chiffres lui semblaient à la fois gigantesques et ridicules. « Nous étions environ cinq cent en provenance de Fan-Ming... Peut-être cinq milles Pâles ? Un peu plus, un peu moins, je ne sais pas... Mais trop peu. »
« Je... Vois... » répondit l'autre, déboussolé.

Puis, après un léger silence, il demanda si sa réponse lui suffisait. Alistair fixa quelques secondes le corps de Gurfelion, pensif, mais finit par hocher doucement la tête.

« Il a raison, rien de ce qu'il pourra nous dire ne changera réellement la donne. Vous pouvez lui donner la mort. »

Après que le shaakt lui ait demandé comment il désirait périr, alors, Gurfelion présenta sa gorge. Et, la seconde suivante, celle-ci était tranchée, proprement, nettement. Il n'aurait pas beaucoup le temps de souffrir. Il n'aurait aucune chance de s'en sortir. Et comme ça, après seulement quelques secondes de gargouillis, il était parti. Alistair avait observé la scène sans ciller. Lorsque la rapide agonie fut terminée, il hocha la tête et conclut.

« Eh bien, voilà qui est fait. Il aura même eu la mort qu'il voulait et non celle qu'il méritait. »

Le semi-elfe observa le sang qui coulait de sa lame un long moment avant de répondre. Il répéta alors le nombre de leurs ennemis, comme n'en revenant toujours pas, puis suggéra qu'ils profitent de la fin de la soirée pour se reposer.

« Nous avons vaincu un ennemi supérieur en nombre et en embuscade ce soir, » répondit Alistair. « Mais la tâche qui nous attend sera sans commune mesure. »

Sa mission achevée, il s'apprêta à partir, enfin, mais il se ravisa au dernier moment.

( Il possédait peut-être de bons équipements, ) songea-t-il. ( Et en parlant d'équipement, peut-être que ce shaakt pourra m'aider. )

« Ah, une dernière chose. Vous qui manipulez la magie, vous pensez-vous capable d'identifier les propriétés d'un objet magique ? »

Mais l'intéressé secoua la tête : il était guérisseur, pas enchanteur.

« Tant pis, j'imagine, » rétorqua l'autre avec une grimace.

Il devrait trouver quelqu'un d'autre. En attendant, il patienta jusqu'à ce que Kiyoheiki s'en aille enfin, conscient que celui-ci ne verrait pas d'un bon œil ce qu'il s'apprêtait à faire et, lorsqu'il tourna finalement les talons, le voleur se pencha sur le corps de Gurfelion. La fouille ne s'avéra pas particulièrement payante, en dehors d'une chevalière de très belle facture. Alistair l'enfila sans plus attendre, puis, enfin, quitta le chevet de son ennemi abattu.


Sa tâche terminée, Alistair partit à la rencontre de la mystérieuse jeune femme cagoulée. Il avait deviné qu'elle était Charis en la voyant arriver en compagnie d'Eva et des Ynoriens, aussi avait-il des questions à lui poser. Ou en tout cas une : comment s'étaient-ils débarrassés des géants ? Lorsqu'il avait pénétré la cité, ceux-ci semblaient s'avancer encore et toujours plus, sans s'inquiéter des Pâles qui leur barraient la route, et pourtant quelques minutes plus tard la jeune femme lui avait annoncé leur déroute. Maintenant qu'il savait que quarante-mille garzoks les attendaient à Fan-Ming, il espérait trouver quelques bonnes nouvelles pour y faire face.

« Dame Charis, je présume, » l'aborda-t-il. Puis, lui tendant la main en guise de salut : « Alistair, nous avons échangé par télépathie. »

La jeune femme, aux us apparemment bien différents, inclina le buste, la main sur le cœur, avant de se redresser et d'abaisser son masque. Mais, voyant le geste du voleur, elle consentit finalement à tendre le bras à son tour, ne sachant visiblement pas trop quoi faire pour autant.

« En effet, messire, je vous remercie d'avoir envoyé du soutien, il fut plus que bienvenu. »
« Je voulais savoir... Comment avez-vous fait fuir les géants si rapidement ? » demanda Alistair en profitant de son visage maintenant découvert pour l'observer discrètement. Elle était belle, à n'en pas douter.
« Des flammes se sont abattues des cieux et un rideau igné à déferlé sur leurs êtres, » rétorqua-t-elle, provoquant un haussement de sourcil chez le voleur. « Ils ont fuit face à ce qu'ils ne connaissaient pas. Je suis arrivée au cours de la bataille, sauriez-vous me dire ce qu'il s'était passé et les forces en présence ? »
« Et... d'où sont venues ces flammes ? » insista-t-il. Puis, répondant à sa question : « Quant à la bataille... Ce sont les troupes Omyriennes qui ont pris la cité des Pâles. Mais ceux-ci s'étaient cachés dans la forêt pour organiser une attaque surprise avec l'aide de la troupe Omega, de Fan-Ming. »

La dénommée Charis consentit enfin à dévoiler la nature de ces flammes. Elles étaient siennes, en fait. Mais elle ne semblait pas particulièrement habituée à le dévoiler : ses pouvoirs étaient très récents. Alistair hocha la tête en guise de réponse. C'était une bonne nouvelle, selon lui. La magie avait fait déguerpir des créatures colossales comme les géants, elle pourrait les aider par la suite. Mais lorsqu'elle parla de leur victoire, le vissage du semi-hafiz s'assombrit.

« Ne vous réjouissez pas trop vite... Il reste une seconde armée, menée par Vallel en personne, aux portes de Fan-Ming. Et si j'en crois les dernières informations que j'ai eues... Nous serons moins de sept-mille contre plus de quarante-mille. »

Et encore, sept-mille était une estimation très optimiste. Il avait compté sur la présence de tous les acteurs de cette bataille sur le déclin, or certains d'entre eux avaient déjà prévu de rebrousser chemin dès le lendemain. Et c'était sans compter les nombreuses pertes qui avaient sans doute dû être essuyées dans leur camp. En bref, ils ne serait sans doute pas plus de quatre ou cinq mille. Un soldat pour dix, donc. Après un léger soupir, il reprit la parole, légèrement optimiste.

« Vos pouvoirs sont une bénédiction ici. Il semblerait qu'ils soient décuplés sur Aliaénon, et c'est probablement notre seule moyen de renverser le rapport de force. »

Mais, comme il s'y attendait, l'annonce du nombre des forces ennemies choqua quelque peu la belle, qui écarquilla les yeux en répondant. Il leur fallait plus de soutien, disait-elle, et convaincre les femmes d'Arothiir. Apparemment, elle n'avait pas compris que ses estimations les comptait déjà, mais le voleur ne prit pas la peine de le lui faire comprendre. Elle avait également une bonne nouvelle, cependant, puisque plusieurs sorciers du feu, les Cadi Yangin, prenaient actuellement la direction de Fan-Ming pour les aider. Elle avait cependant peur que la magie ne soit pas à sens unique.

« Je ne suis pas sûr que nous ayons tant à craindre de la magie de leur part, » la rassura Alistair. « Les garzoks, en dehors de quelques shamans, n'ont jamais été particulièrement doué dans ce domaine. Et j'ai entendu une prophétie qui mettait en avant les magiciens. Entre les Essérothéens qui nous attendent à Fan-Ming et les sorciers du feu dont vous parlez... Ce sera difficile, mais si vos seuls sorts ont fait fuir des géants, tout n'est pas perdu. Mais je suis d'accord, il nous faut plus de soutien. Mais je ne suis hélas pas très au fait de la politique d'Aliaénon. En dehors de ces femmes, reste-t-il des peuples à convaincre ? Reste-t-il des peuples qui pourront faire pencher la balance en notre faveur ? »

Mais elle n'avait pas plus de connaissances concernant Aliaénon que lui, apparemment, aussi suggéra-t-elle de demander directement aux Ynoriens.

« Je dois discuter avec la Princesse Honoka de toute manière, » acquiesça l'assassin. « Peut-être pourriez-vous vous adresser aux Pâles pendant ce temps ? »

Elle accepta, mais lui demanda où ils étaient. Les ayant identifié un peu plus tôt, Alistair pointa Astidenix et la Reine d'un signe de tête.

« Je ne les connais que de vu, mais il me semble que le gouverneur Astidenix et la Reine sont ces personnes là bas. » Mais, alors qu'elle s'apprêtait à partir, il la retint. « Ah, avant que vous ne partiez, vous pensez vous capable d'identifier les propriétés d'un objet magique ? J'ai trouvé un pendentif que je soupçonne d'être lié à Sharal Naam, un général Omyrien. »

Si elle découvrait tout juste ses pouvoirs, peut-être était-ce quelque peu optimiste, mais qui ne tentait rien n'avait rien. Pourtant, bien qu'elle ne fut pas particulièrement confiante, elle accepta de jeter un œil au pendentif. De tenter. Alistair le sortit de sa poche, le lui tendant, et le verdict tomba bien rapidement. Après quelques secondes d'observation, elle le lui rendit, visiblement inquiète. Cet artefact était sombre... magique mais ancien et lié à la mort. Elle sentait une sorte de malédiction s'en dégager, comme s'il était possédé, comme s'il était vivant. Elle le sentait qui tentait de l'atteindre, de la posséder à son tour. Pour autant, il pourrait s'avérer puissant. Il pourrait augmenter la puissance de son utilisateur, mais d'une façon malsaine et dangereuse. Mais il était, selon elle, définitivement néfaste. Alistair observa l'objet, muet. Il était quelque peu fasciné. Si elle n'avait fait qu'amplifier ses craintes déjà présentes, elle avait également augmenté son intérêt pour le pendentif. Pourquoi ce garzok avait-il accepté de le porter s'il ne conférait pas une puissance grandiose ? Cet artefact était teinté de mystère, et il n'avait pas abandonné l'idée de les percer à jour.

« Eh bien merci, » fit-il finalement en reportant son regard sur la jeune femme. « J'ai bien fait de ne pas l'essayer je suppose. Bon, je vais voir la Princesse, bonne chance avec les Pâles. »

Puis, après un dernier salut, chacun tourna les talons, en route vers sa nouvelle cible.


S'approchant de Honoka, Alistair lui adressa un signe de tête en guise de salut. Ce n'était pas très formel, mais cela suffirait.

« Princesse. Avez-vous quelques minutes à m'accorder ? J'ai une nouvelle inquiétante à vous annoncer. »

Visiblement troublée, comme s'attendant au pire, l'intéressée s'approcha du voleur, sous le regard suspicieux et protecteur de Chihiro.

« Parlez sans crainte, Yuimenien. Vous avez mon attention. »
« Je ne sais pas si vous en avez eu vent, mais la seconde armée doit arriver aux portes de Fan-Ming dans la nuit, ils y sont peut être déjà. Et je viens de m'entretenir avec un général de Vallel... il m'a dit que ses troupes étaient de plus de quarante mille hommes. »

A l'annonce de ce nombre, la Princesse perdit toute contenance, toute couleur. Naturellement pâle, elle semblait maintenant complètement blanche. Après quelques balbutiements, cependant, elle raffermit ses paroles, tâchant d'adopter une attitude optimiste.

« Fan-Ming doit tenir. C'est une forteresse faite pour résister à un siège, même nombreux. Et elle a en son sein des soldats entraînés qui ne failliront pas. J'ai été mise au courant de la présence de la seconde armée. Puissions-nous arriver à temps, en partant au plus tôt. Mais le repos est nécessaire, ce soir. La bataille fut rude pour nombre des guerriers présents ici, Ynoriens, Päles ou Yuimeniens. »

« Je veux bien croire à la vaillance des Ynoriens, mais elle ne suffira pas, » la démentit Alistair. « Vous qui connaissez la politique de ce monde... Y a-t-il encore le moindre peuple que l'on pourrait appeler à grossir nos rangs ? »

Mais, comme il le craignait, la réponse fut négative. Quand bien même y aurait-il encore eu des peuples prêts à prendre les armes, ils n'arriveraient jamais à temps. Alistair hocha la tête, résigné.

« C'est ce que je craignais. Mais il nous reste la magie. Elle a fait des miracles cette nuit, j'ose espérer qu'elle en refera à Fan-Ming. Mais il faudra convaincre Tsukiko de lever la barrière, si ce n'est pas déjà fait. Je vais me reposer ici pour le moment, mais dès demain je repartirai à Fan-Ming par voie magique pour tenter d'y organiser les défenses. En espérant arriver à temps. »

Honoka lui donna raison concernant la magie, mais elle émit des doutes concernant le conseiller. Il l'avait toujours crainte, disait-elle, et il ne serait pas aisé de le convaincre de couper le bouclier. Alors, après un dernier salut, Alistair s'en alla. Il lui restait une personne à aller voir.


Il trouva Loona en discussion avec une jeune femme dont il ignorait le nom, dans un coin de la place centrale. Mais lorsqu'il s'approcha, cette dernière s'éloigna quelque peu, leur donnant un peu d'intimité.

« Dame Loona. Je suis venu vous dire que je prendrai un cheval ailé pour Fan-Ming dès demain matin. Avec vous, si vous êtes toujours d'accord. Mais d'abord, je crois qu'il me faut un peu de repos. »

Avare en paroles, l'intéressée se contenta d'un hochement de tête. Mais Alistair ne s'en alla pas pour autant. La jeune femme qui s'était éloignée, une jeune femme aux cheveux ardents, avait attiré son attention. Evidemment, il ne pouvait se permettre de la courtiser devant Loona, mais il s'approcha néanmoins d'elle, se présentant. Et puis, si elle discutait avec la ténébreuse jeune femme, peut-être était-elle de la même origine ?

« Je suis Alistair. Êtes vous également une Essérothéenne ? » demanda-t-il en tendant sa main droite.
« Glanaë, » se présenta l'autre en acceptant la main du voleur, « enchantée. Effectivement, je suis une survivante d'Esseroth. J'étais là quand notre ville est tombée. »

Près de lui, l'assassin sentait le regard perçant de Loona. Etait-elle jalouse ? Il aurait bien aimé, en tout cas.

« Quels sont vos pouvoirs si je puis me permettre ? » questionna Alistair. « Je vais avoir besoin de tous les connaître pour organiser les défenses de Fan-Ming. »
« Je suis maîtresse des illusions. Je fais voir à d'autres ce qui n'existe pas. »

Le semi-hafiz haussa les sourcils aussitôt, faisant immédiatement le rapport.

« Êtes vous à l'origine du dragon qui nous a protégé des archers, devant les portes ? »

Non sans une visible fierté dans le regard et la voix, l'intéressée lui donna raison. Alistair laissa échapper un léger sourire.

« Eh bien on dirait que je dois la vie à chacune d'entre vous alors. Merci. Votre pouvoir a fait ses preuves, et il pourrait nous être utile. Viendrez-vous avec nous demain ? »

Glanaë acquiesça, et, ayant terminé avec elle, le voleur adressa un signe de tête à chacune d'elle.

« Prenez du repos ; nous en aurons tous bien besoin. »

Puis, sans un regard en arrière, il les quitta.



« Cette nuit... est... bien trop longue, » marmonna-t-il après avoir fait quelques pas.

Car, en effet, elle n'était pas terminée. Bien sûr, chacune de ces conversations n'avait durée que quelques secondes, ou minutes, mais cumulées, après une telle chevauchée, puis une telle nuit, cela en devenait infernal. Et il lui restait encore deux choses à faire avant de finalement prendre un repos bien mérité. D'abord, il voulait tester la fiole suspicieuse qu'il avait trouvée sur le cadavre d'un garzok, mais pour cela il devait trouver un cadavre qui ne soit pas aussi... exposé. Il doutait que qui que ce soit voit d'un bon œil l'expérimentation sur le corps d'un ennemi vaincu. Aussi décida-t-il de vadrouiller dans les ruelles à la recherche d'un garzok isolé. Et la chance lui sourit bien vite. Car, face à lui, un garzok était littéralement accroché à une poutre d'habitation par une lance visiblement ynorienne. Et il n'y avait personne en vu.

Attrapant le manche de l'arme à deux mains, Alistair tira alors de toutes ses forces. Après une intense lutte contre ses propres muscles, et contre le bois, l'arme de jet céda enfin, décrochant le cadavre, qui s'écrasa par terre dans un bruit sourd. Il avait les bras à nus, cela suffirait. Sortant la fiole de sa ceinture, le voleur s'accroupit devant le cadavre et retira le bouchon de liège. Bien vite, une unique goutte perla du goulot pour venir s'écraser contre la peau nue du soldat Omyrien. Et... rien ne se passa. En dehors d'une odeur immonde.

« Ha. Ca brule pas la peau, donc. »

Sans se décourager, Alistair sortit Necis de son manteau et renversa de nouveau le flacon, faisant tomber quelques gouttes sur la lame de son ancienne arme.

« Rien sur l'acier non plus, » conclut-il. « Peut-être dans la chair ? »

Et, mettant en application son idée, il plongea l'arme obsolète dans l'avant-bras du garzok, l'entaillant profondément. Mais si du sang perla, la chair resta intacte, ou plutôt parfaitement scindée. Aucun signe de corrosion, aucune trace de nécrose n'était visible. Si c'était bien un poison, les effets n'étaient pas du genre visiblement destructeurs. Etait-ce seulement un poison, d'ailleurs ? Certes, l'objet semblait étrange, inquiétant, mais n'était-ce pas le cas de la plupart des objets de facture garzoks ? Il y avait encore une chance pour que ce soit là une potion aux propriétés curatives, ou en tout cas bénéfiques. Cela méritait donc plus d'expérimentations. Expérimentations qu'il ne pouvait malheureusement pas vraiment appliquer ici, ni maintenant.

Aussi, quelque peu déçu mais avec le sentiment d'en savoir déjà plus, Alistair reprit le chemin du centre de la ville. Il lui restait une dernière chose à faire. Revoir Eva, la semi-elfe qui connaissait les pouvoirs des Essérothéens.

Arrivé à destination, il ne mit pas longtemps à la trouver. Elle était dans un sale état, mais il devait lui parler avant d'aller dormir, car dès le lendemain, aux premières lueurs de l'aube, il prendrait la direction de Fan-Ming à dos de cheval ailé, Loona serrée contre lui.

« Dame Eva, » la héla-t-il. « Vous avez visiblement besoin de plus de repos que moi, alors je pense qu'il serait judicieux que vous me disiez ce que vous savez maintenant. Vous dormirez sûrement encore lorsque je prendrai le chemin de Fan-Ming, et j'aurai besoin de ces informations dès mon arrivée là-bas. Pouvez-vous me donner le pouvoir de chaque Essérothéen ? Je n'ai pas besoin de leur nom. »

Dès qu'il aurait cette fichue liste, alors, il partirait, enfin, se coucher. Il irait dormir comme il n'avait jamais dormi. Il se lèverait surement aux aurores, évidemment, mais quelques courtes heures seraient déjà une bénédiction.

Mais, dès le lendemain, Alistair devrait arriver à dos de cheval ailé... Et la barrière anti-magie l'en empêcherait certainement. Il serait risqué d'apparaître juste devant les troupes de Vallel. Aussi prit-il la pierre bleue dans sa poche et se concentra-t-il. Il y avait bien un homme à Fan-Ming, un Yuiménien : Xël.

( Ici Alistair, nous serons plusieurs à arriver à Fan-Ming par cheval ailé demain matin. Il est impératif de lever le bouclier au moins le temps que nous arrivions. Je répète, c'est impératif, ou nous risquons d'apparaître devant Vallel. )


(((4 940 + 3 025 = 7 965 mots)))
(((Je pourrai probablement pas répondre après la réponse d'Eva, si réponse il y a, donc considère que dès que la conversation est terminée il va se coucher.)))

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