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Dans un mugissement terrifiant, la plaine s’ouvrit tout à fait et la colère du titan se déchaîna. Pouvait-il seulement nous comprendre ? Pouvait-il seulement m’entendre ? Les dragons l’avaient encerclé, un nouveau venu parmi eux, que je n’avais pas vu arriver.
- Maintenant ! Déchaînez votre puissance, faites-lui voir qui nous sommes ! cria le dragon mauve.
Et comme si les enfers s’étaient ouverts devant moi, un véritable brasier se déversa sur le géant, fruit de la magie des dragons et de leurs impromptus cavaliers. En quelques battements d’ailes je glissai sur le vent et m’éloignai de lui pour venir me positionner au côté des sauriens. Les flammes léchaient la pierre, la terre et l’éther de cet être divin sans en altérer une once mais les dragons redoublèrent d’effort et tous les aventuriers en firent de même, déchaînant toute la puissance dont ils étaient capables. Sur leurs visages la peur le disputait à la rage et à l’excitation, la sueur traçant des sillons de sueur sur leurs traits crispés. Je reconnu des visages ; le ménestrel, la liche, le shaakt, sans que leurs noms me viennent, perdus dans les méandres de la bataille qui faisait rage, ainsi que l’humoran, Sirat, qui m’avait libérée sur l’île des Treize, et que j’avais vu plus tôt du mauvais côté des murs de Fan-Ming, à présent juché sur l’un de nos chevaux ailés non loin de moi.
Puisque la diplomatie n’avait servi à rien, je décidai de reprendre forme humaine et tenter à mon tour de contribuer à la perte du titan par des moyens plus terre à terre, et plus violents. Peu encline à retenter l’expérience de la tentative d’appel d’une monture une fois retransformée et en chute libre, je décidai de rejoindre Sirat, espérant ne pas le désarçonner. Je passai donc devant lui, poussant un bref cri, avant de redevenir moi-même et réapparaitre en selle juste derrière-lui. Nous échangeâmes un regard mais je ne décrochai pas un mot et me saisis plutôt de mon arc et encochai aussitôt une première flèche. Je me penchai sur le côté de la monture, serrant les talons sous son ventre pour ne pas perdre l’équilibre et visai l’œil unique et bleuté de la créature. Je lâchai mon trait. Un jet de lumière traversa la scène, prenant sa source sur ma droite, et explosant à la surface du géant et jaillissant en d’effrayantes gerbes qui m’aveuglèrent avant que je ne sente l’onde de choc nous heurter.
Alors même que dans les airs rugissaient les sorts, les éclairs de lumière, les hurlements de rage, dans un vacarme assourdissant, un nouveau grondement, comme si le monde lui-même était en train d’imploser, s’éleva et couvrit tout autre son, de même qu’une lumière plus aveuglante que toute autre monta depuis le titan et éclata sous nos yeux larmoyants, brûlés par tant de clarté. Je poussai un hurlement terrifié et plein de fureur, qui résonna longtemps et m’assécha la gorge, longtemps après que la clarté eut explosé, et que les ténèbres tourbillonnantes m’emportèrent. L’angoisse de la cécité m’avait étreinte plus que toute autre, me renvoyant à d’autres heures, qui m’avaient vue échouer également, le regard aveugle et la détermination insuffisante pour mettre Oaxaca à terre. N’étions-nous que folie ? Qu’est-ce que les guerres nous avaient apportés ?
Chaque pensa se morcela, se délita, en pièces clairsemées et vides de sens, tandis que ma conscience s’étiolait, inéluctablement. Etait-ce la fin ? Avec douceur je me remémorai d’agréables moments, comme pour me bercer une dernière fois de ce qui avait pu faire la beauté de ma vie, loin des horreurs dont ma conscience me rebattait sans cesse. Dans une maison en centre-ville de Cuilnen, au coin d’un feu, un vieil Hiniön confortablement installée dans un fauteuil de velours verts consultait avec concentration ses livres de comptes, reportant de son écriture fine et élégamment courbée les prix des étoffes qu’il avait revendues, et prévoyant les prochaines commandes à effectuer. Il soupira, las de cette fastidieuse tâche mais satisfait de son travail. Un thé fumant l’attendait sur le guéridon à côté de lui. Il referma son livre et fit craquer ses articulations. Ses os devaient commencer à le faire souffrir. Le parquet grinça quand il se pencha pour poser le livre et prendre son thé. Sa lassitude laissa la place à un air triste. La vision se brouilla. Dans la forêt, à une heure de là, le vent soufflait tendrement dans les branches d’un vaste mimosa. Le soleil jouait avec son feuillage et projetait de vibrantes tâches dorées dans l’herbe haute et sur les fougères de cette partie clairsemée des bois. Un oiseau chanta, probablement un merle. Un autre lui répondit. Je survolai Kendra-Kâr, les océans, Nosvéris et tout le reste du monde. Le visage bienveillant de la déesse s’imposa à moi. Elle m’appela, sans mot, et son rire cristallin envahit tout mon être. Une lueur nouvelle voila ma vision et tout disparu, ne laissant en moi qu’un vaste sentiment de paix. Je me laissai glisser.
Je poussai un ample soupir. Je ne pensais pas encore. Mais déjà corps se rappelait à moi. La peau. La chair. Et le frisson qui me fit recroqueviller les épaules. Je poussai un nouveau soupir. Il me semblait peser si lourdement que je n’aurais pu me mouvoir. Je tentai toutefois, donnant une faible impulsion à ma main droite pour se lever. Sentiment familier et plutôt rassurant, mon corps était courbaturé. Chaque muscle était plaintif et je songeai avec surprise, constatant que je n’étais pas morte, que j’aurais pu l’être. Pourquoi cette pensée ne m’avait-elle pas davantage effleurée ? Puisque mes méninges se remettaient à turbiner, il était temps de se tirer tout à fait du confort du demi-sommeil pour revenir à la réalité. A contre-cœur, j’ouvris les yeux.
Je ne vis tout d’abord rien. Je clignai des yeux, le cœur s’emballant comme si je m’étais éveillée face à Oaxaca elle-même. Ma gorge était sèche. Mes muscles, si faibles que je peinai à me redresser sur un coude.
- Ça a fonctionné ! Ils s’éveillent !
C’était la voix d’Honoka. Encore dans le brouillard, je vis des étoiles danser devant mes yeux encore quelques instants avant de pouvoir regarder vraiment autour de moi. J’étais dans un cercueil de marbre blanc ouvert, à l’intérieur aussi fastueux que les draps des plus grands princes, et au rebord suffisamment peu haut pour que je puisse regarder à l’extérieur. D’autres cercueils de marbre blanc m’entouraient, disposés en étoile dans une pièce aux murs arrondis et au sol de pierre. Au centre de la pièce, au centre de l’étoile des sarcophages, un elfe à la chevelure violette se tenait debout, au côté d’une sphère lumineuse en lévitation. Son regard… Ce regard… Et cette crinière mauve… Aussi évident que le jour se levait, je reconnu en cet elfe le dragon qui nous avait attaqués puis menés au front. Un malaise me prit. L’ensemble des aventuriers venus de Yuimen se trouvaient visiblement là, s’éveillant et émergeant tour à tour de leur tombe blanche, penauds, perplexes, muets pour l’instant. Nous étions tous vêtus de toges immaculées et aussi simples que les habits des chastes religieux. Le tissu était léger et agréable, je n’avais ni chaud, ni froid, quoique la sensation de n’avoir aucune autre forme de vêtement outre cette robe était inhabituelle.
D’autres personnes se tenaient en retrait, hors du cercle de lumière qui tombait sur l’elfe. Je reconnu Honoka la sœur du gouverneur, Faseilh, et ne tentai même pas de me souvenir des autres, laissant à ma mémoire le soin de réassembler les éléments à son rythme. Leurs visages me semblaient étranges. Quelque chose me gênait sans que je parvienne à mettre le doigt dessus. Ils avaient changé. Subrepticement mais assez pour que la chose m’intrigue. Une ride plus creusée, une mèche plus grise, un maintien légèrement différent… Le dragon qui n’en était plus un fit un pas en avant et prit la parole, un sourire intriguant flottant sur les lèvres.
- Vous vous éveillez enfin, héros d’Aliaénon, après près d’un an de sommeil. Et vous méritez quelques explications.
J’ouvrai la bouche mais aucun son n’en sorti. Personne ne réagit. Etait-il sérieux ? Je restai fixée su lui, attendant qu’il s’explique, et il poursuivit. L’explosion de mage fut telle que nous aurions dû mourir mais les dragons nous avaient sauvés, par je ne sais quel miracle. L’Âge des Titans était venu sur Aliéanon. Endormis depuis longtemps par un être nommé Sans-Visage, ils avaient été éveillés par le titan que nous avions affronté, qui s’avérait être le Titan de magie dont m’avait parlé Faseilh. Et ils vivaient à présent en harmonie avec les peuples que nous avions si ardemment défendus. Honoka prit à son tour la parole, poursuivant le récit sans nous donner davantage de détails sur les énormités que venait de nous livrer l’ancien dragon et que j’avais pour ma part du mal à intégrer. Elle expliqua qu’ils formaient à présent un conseil représentant tous les peuples d’Aliéanon et que le portail avait été déplacé dans la tour dans laquelle nous nous trouvions, une zone neutre, pour plus de sécurité. Vallel était introuvable, mais Oaxaca toujours présente sur une partie du territoire, et appuyée par un dénommé Elurien d’Assamoth, dirigeant de la cité d’Elscar’Olth. Le Sans-Visage était également introuvable, et l’elfe déclara qu’il poursuivrait ses recherches en ce monde tant qu’il ne mettrait pas la main dessus, pour la grâce de sa déesse, qu’il ne prit pas la peine de nommer. A qui son allégeance allait-elle enfin ? On nous annonça une fête en notre honneur, et que nos possessions avaient été soigneusement conservées.
C’était à la fois trop et trop d’informations à la fois. Un an s’était écoulé ? Comment était-ce possible ? Que nous était-il arrivé ? Où étions-nous exactement ? Qu’attendait-on de nous à présent ? Qui était cet elfe-dragon à la fin ? Avions-nous subit des pertes, au sein de cette cellule de Yuiméniens ? Le même temps s’était-il écoulé chez nous ? Que s’était-il passé en notre absence ? Un lourd silence s’installa, chacun secoué par mille questions, sous l’œil patient de la nouvelle alliance d’Aliéanon.
Une voix d’outre-tombe brisa le silence. Il s’agissait de la liche.
- Pourquoi ce sans-visage a-t-il agit ainsi ? Nous avons reçu d'étranges sifflets d'un être en effet dépourvu de visage. Que cherchait-il ? Pourquoi s'opposer aux titans ?
Mon sifflet m’ayant été remis par un coéquipier, je ne savais pas de quoi il parlait. Par ailleurs, il me sembla absurde de se demander pourquoi l’on s’opposerait aux titans, avant de me rappeler qu’ils vivaient à présent en bonne entente avec le reste des êtres de ce monde.
Puis le shaakt Endar intervint à son tour, aussi prolifique en remarques en questions que jusque lors, et dévoila un visage que je ne lui avais pas imaginé, ou plutôt que j’avais décidé d’ignorer. Il avait averti Vallel des plans du dragon, qu’il appelait Naral Shaam, et mentionna différents faits dont j’ignorais tout, peignant une vasque frasque de trahisons, questionna Naral sur la déesse qu’il vénérait, et me cita maladroitement pour exprimer l’avènement de l’ère des élus et de ce qui attendait ceux se dresseraient contre eux.
Puis ce fut au tour du demi-shaakt de poser des questions. Sur le comportement de Naral. Lui qui avait œuvré dans l’ombre, sacrifié des innocents en se dressant contre nous alors que nous l’aurions appuyé si nous avions connu sa volonté. La réponse se dessinait en moi avec une certaine évidence, mais peut-être m’étais-je tromper. Il fallait bien tromper Vallel justement, connaître ses plans à lui, et le trahir au dernier instant… Mais tant de morts il est vrai ; je n’avais pas connu les grandes cités aujourd’hui tombées et vus leurs habitants périr, mais j’imaginai sans mal cette partie de l’histoire et la même indignation m’anima. Tant de morts étaient-elles inévitables ? Il souhaitait à présent rentrer chez lui, en Yuimen, là d’où nous venions, et je compris sans mal la douleur de la séparation, et la crainte du temps qui passe pour autrui, moi qui ne connaissais pourtant pas une telle chose.
Les réponses vinrent, au fur et à mesure, tandis que tous sortaient progressivement de leur torpeur et tentaient d’y voir plus clair. Ainsi Naral était le messager de Brytha. Je ne cillai pas. Je ne connaissais que peu cette déesse et n’éprouvais aucune animosité à son égard. D’autres questions, d’autres réponses, que j’écoutai avec intérêt tout en évitant d’intervenir au beau milieu de différents qui m’étaient étrangers. Le shaakt, comme de coutume, était aussi acide que le sang noir qui devait couler dans ses veines.
Comme un écho distant, certains se questionnèrent sur le rôle de messager qu’ils avaient à jouer, et avaient déjà commencé à jouer, en réponse aux paroles qu’Endar avait rapporté de ma propre bouche. Je restai perplexe. C’étaient les mots de Yuïa. Ils m’avaient donné du courage, et l’espoir de trouver des alliés, d’autres héros se dressant contre Oaxaca, pour mettre fin à son règne de terreur, sa soif de contrôle, sa soif de s’approcher plus près des dieux qui le reniaient, et rétablir l’équilibre précaire selon lequel le monde avait jusqu’à présent avancé, de ses premiers pas balbutiants sous l’œil attendri des dieux, jusqu’aux guerres qui l’agitaient aujourd’hui. J’avais évoqué ces paroles devant Endar, sans songer qu’un jour il puisse les répéter. Je me sentais mal à l’aise. Se pouvait-il que ce soit ce qu’évoquait Yuïa ? J’avais, comme une enfant, imaginé des êtres quasi-divins dotés d’une sagesse remarquable et de pouvoirs extraordinaires, se faire connaître par leurs exploits de par le monde, et se retrouver un jour réunis par la volonté de Yuïa… Etait-ce donc cela ? Je regardai autour de moi. Mais ce n’étaient… pas… Nous n’étions pas… Et aussi pleine d’orgueil que j’étais d’avoir été choisie par ma déesse pour ma noble mission de messagère, je me vis soudain comme celle que j’étais vraiment ; un être mortel, avec un passé, des rêves, des émotions, des échecs, des faiblesses, des maladresses, et la volonté de faire le meilleur comme objectif. Ils étaient si imparfaits. Nous étions si imparfaits. Que celui qui avait demandé qu’on ne le traite pas héros soit couronné, nous n’étions pas ces héros braves et auréolés de la gloire céleste de ceux qui réussissent tout et savent toujours prendre les bonnes décisions et sont toujours capables de faire ce qu’ils devraient faire. Nous n’étions que des mortels, encore jeunes et bien loin de la sagesse des dieux. Et nous ferions notre possible pour écarter la menace d’Oaxaca de nos peuples et de nos aspirations respectives.
Les échanges s’étaient poursuivi, un bourdonnement lointain à mes oreilles, seulement identifié lorsqu’il cessa pour laisser la place à nouveau silence. Sans un bruit, je me glissai hors du sarcophage et me dressai devant Naral et devant les autres. J’oscillai légèrement mais parvins à rester droite, malgré les protestations de mes muscles, trop longtemps endormis. Mes longs cheveux blancs avaient poussé et tombaient à présent jusque dans le bas de mon dos. Ils flottaient librement, comme au premier jour, encadrant mon visage opalin de reflets éthérés. Tenue loin de la lumière du jour si longtemps, ma peau était plus blanche que jamais, et les cicatrices qui la zébraient ressortaient d’autant. La toge tombait de la plus simple des manières sur le corps filiforme qui était le mien, mais semblait aussi somptueuse que la plus fabuleuse des parures, sous les scintillements enchantés qui tombaient du plafond sur l’orbe et le dragon. Je n’avais ni armure, ni heaume, ni arme, que la parole de la déesse en moi, et cet instant d’illumination qui devait sceller pour de bon nos destins. Je fermai les yeux, puis inspirai puis expirai lentement, calmant l’inquiétude de mon âme et les tremblements de ma chair fatiguée. Puis je pris la parole, d’une voix claire et affirmée, regardant tour à tour tous les héros réunis en ce jour.
- Voilà déjà plusieurs années que nous nous élevons, l’un après l’autre, face à Oaxaca et à ses noirs desseins. Parfaits inconnus ou compagnons, nous avons mené en Aliéanon la bataille que nous devions mener, et joué notre rôle, fût-ce en notre âme et conscience ou en étant manipulés.
Je fis une brève pose en soutenant le regard de Naral.
- Nous voici réunis aujourd’hui, vaincus mais victorieux, inquiets mais sûrs de nous, pressés de retrouver nos proches pour certains, mais tous prêts à poursuivre le combat. Quelle que soit notre allégeance, nos capacités, nos motivations les plus intimes, nous avons lutté ensemble contre un ennemi commun et avons la ferme volonté de renvoyer Oaxaca dans les enfers où elle a sa place, loin des terres que les dieux ont laissées aux mortels et qu’elle entend saccager.
Je m’éclaircis la gorge, car celle-ci me brûlait, et pris le ton sacré employé par Yuïa lorsqu’elle avait fait de moi la messagère qui devait aujourd’hui sa parole.
- Ne craignez que le chaos. Ne craignez que les ténèbres. Et lorsque les ténèbres s'emparent du monde, fondez-vous en elles, je regardai tour à tour Sirat et Naral à ces mots, consciente que leur traîtrise à une faction n’en était pas une dans la guerre finale que nous menions, et guettez ceux qui apportent la lumière. Dans l'ombre nous nous déploierons. De l'ombre nous nous révélerons. Nous serons alors légions et alors nous chasserons ces ténèbres.
Je fis une pause.
- Car voici la prophétie de Yuïa, que je vous apporte aujourd’hui. Je me tournai vers Karz. S’élever contre Oaxaca, fut-ce au nom d’un dieu ou pour l’amour de nos mondes et des êtres qui le peuplent, suffit à faire de nous les héros que l’Histoire attend. Et tout être, jusqu’au dernier des soldats et au plus jeune enfant, est un héros lorsqu’il choisit de se battre, et de risquer ce qu’il a et ce qu’il est dans une lutte qui le dépasse et peut lui faire tout perdre, dans l’effusion érubescente du sang de ses pairs. Vous êtes tous des héros. Nous sommes tous des héros. Et le combat ne fait que commencer.
((( 3000 mots pour fêter ça. )))
_________________ Sinaëthin Al'Enëthan, alias Silma, Héraut de Yuia, hiniön lvl 21
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