L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Ven 9 Aoû 2013 11:23 
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Bientôt, Ylias et moi parvenons à la clairière. Le cœur de la forêt est derrière nous et, manifestement, le danger aussi.

Nous ralentissons le pas, essoufflés de nos efforts physiques. Le crépuscule n’est plus. Heureusement, le ciel est dépourvu de nuage et la lune inonde de sa beauté blanche ce morceau de forêt sans arbre. La fraîcheur du soir nous procure un bien fou après cette journée caniculaire. J’inspire profondément cet air frai, emplissant mes poumons de légèreté.
Lentement, Ylias déplie le parchemin. Penchée au-dessus de son épaule, je plisse les yeux pour parvenir à distinguer ce qu’il contient. Un petit texte, de quelques lignes à peine, remplit la page. L’écriture a une allure enfantine, peu régulière, et nous devons presque déchiffrer les mots tant ils ressemblent à des pattes de mouche.

« A jamais mien,
Sera l'arc aérien.
Il demeure où, lorsqu’il fait beau,
Se rencontrent ceux qui sont d’air ou d’eau.
Malgré les beautés ensoleillées,
C’est dans l’obscurité que vous le trouverez.
Prenez garde cependant,
Les risques pour l’atteindre sont grands »


Le document est signé d’un certain Tridor.

Ylias relève la tête, perdu dans ses pensées. Soudain, son regard s’illumine.

- «Tridor ! Je sais qui c’est ! C’est le Garzock qui menait la bataille contre les Taurions lorsque l’arc aérien a été dérobé ! »

Mon esprit s’affole. La perspective qui me vient en tête ne me plait pas. En grimaçant, je questionne :

- « Tu penses qu’on doit entreprendre un voyage vers le nord ? A la rencontre des Garzocks ?

Ylias secoue la tête.

- « Non. L’arc aérien n’a plus été vu depuis des lustres. Je pense que Tridor l’a caché non loin d’ici, pour brouiller les pistes. S’il l’avait transporté d’un bout à l’autre de Yuimen, on aurait retrouvé sa trace plus récemment. Je pense d’ailleurs que l’arc n’est plus en possession des Garzocks… Dans le pire des cas, un peuple moins idiot doit l’avoir dérobé et caché depuis bien longtemps. »

Les yeux perdus dans le vague, j’écoute néanmoins attentivement les paroles de mon compagnon, tout hochant lentement la tête de haut en bas, prenant petit à petit en considération son discours.

- « Tu dois avoir raison oui. Tridor a dû le cacher sur Imiftil pour ne pas que les Taurions viennent le chercher par ici. Mais les Garzocks n’ont pas pu venir en masse sur ce continent pour assurer l’héritage de l’arc… Avec le temps, peut-être même auraient-ils oublié son existence… Donc deux solutions s’offrent à nous : soit l’arc est toujours à l’endroit décrit dans l’énigme, ce qui supposerait que personne n’est venu le récupérer ou ne l’aurait trouvé. Soit, quelqu’un s’est emparé de l’arc et nous repartons à zéro… »

Cela me fait du bien de formuler à haute voix l’ensemble de mon raisonnement. Ça nous permet de clarifier la situation, de mettre les choses à plat. Mais pour l’heure, nous devons dormir. Comme on dit, la nuit porte conseil. Alors, qui sait ? Peut-être qu’au réveil, nous saurons quoi faire.

Lovée sur une large branche de chêne, j’ai toujours préféré dormir en hauteur, je tente de trouver le sommeil sous les hululements d’une chouette, les phrases de l’énigme tourbillonnant dans ma tête.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Ven 9 Aoû 2013 15:11 
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La nuit n’a pas été des meilleures. Je me réveille avec un mal de crâne atroce. Lentement, je me redresse, une jambe de part et d’autre de la branche sur laquelle je m’étais endormie. Ylias est dans l’arbre en face de moi.

- « Eh ben ! Quelle tête ! Mal dormi ? Au fait, tu as vu ? Le sphinx : on ne l’a plus aperçu depuis hier ! Je suis sûr qu’il est lié à la grosse voix qui a éloigné le centaure. Mais je me demande bien comment c’est possible»

Aucun son distinct ne traverse mes lèvres. La voix d’Ylias résonne dans mes oreilles. Il parle trop vite. Je n’ai pas le temps d’intégrer tout ce qu’il me dit. Peu m’importe, finalement.

(Huuumpf… Il semble avoir bien dormi lui. J’ai pas fermé l’œil moi !)

Je ferme les yeux un instant pour recouvrer mes esprits et mettre mes idées en place.

- « On s’en fou du sphinx. L’important c’est qu’on soit vivants. »

Dans un bâillement sonore, je m’étire longuement, réveillant peu à peu mon corps engourdi par la nuit.

- « Et toi ? Bien dormi ? Pas trop été hanté par l’énigme de Tridor ? »

- « Ça a été oui. J’y ai réfléchi une bonne partie de la nuit, en effet. Je me suis endormi au moment où j’ai pensé trouver une solution. »

Mes yeux s’écarquillent, en attente de la suite.

(Une solution ? Déjà ?! Mais à quoi je sers, moi, dans cette recherche ? De guide, c’est tout ?! Pfff… Le cerveau d’Ylias se met en route bien avant moi. ‘Faut dire aussi qu’il a l’avantage des nombreuses lectures qu’il a effectué avant de démarrer son périple à la recherche de l’arc aérien.)

- « L’énigme parle d’obscurité. Elle parle aussi d’un endroit où se rencontrent ceux qui sont faits d’air ou d’eau. Ça ne dit rien ? »

(D’air ou d’eau… D’air ou d’eau… obscurité ? Pff, il est trop tôt pour réfléchir à tout ça !)

J’ai beau me creuser la cervelle, je ne vois pas. D’un air peu convaincu, je lui réponds :

- « Non, vraiment pas. Désolée, mais la nuit a été trop mauvaise que pour déjà réfléchir ! La seule chose qui me vient en tête, quand on parle d’obscurité, ce sont les Shaakts. »

- « Justement ! Tu as, comme moi, trouvé une partie de la solution ! Je pense qu’en effet, Tridor parle des Shaakts, quand il aborde l’obscurité. Par contre, les beautés ensoleillées, je ne vois pas trop… Mais ce n’est pas tout. Il nous indique également des courants ! Des courants d’air, ou d’eau. Or, j’ai lu il y a longtemps déjà qu’il existe une maison assez singulière chez les Shaakts, aujourd’hui à l’abandon. Elle appartenait à une riche elfe noire qui a aménagé une cave d’une façon un peu particulière. La femme voulait, pour punir les esclaves incapables et soumettre les hommes de son entourage, avoir une sorte de salle de tortures différente de ce qu’on peut voir habituellement. Son but n’était pas de tuer, simplement de punir. Elle a alors détourné une rivière qui passe par Khonfas, pour la faire passer dans la cave et créer un petit bassin suffisamment profond pour y plonger un géant. Par des jeux de courants d’air, elle a établi un système de refroidissement intense de l’eau, qui devient tellement glacée qu’on ne peut y survivre plus de quelques minutes. Elle s’amusait à y plonger les corps meurtris de ses esclaves, qu’on entendait hurler à des lieues à la ronde. L’eau y est si froide, qu’elle donne l’impression qu’un millier de petites lames traversent notre corps. Bien plus efficace qu’infliger de vrais coups de lame, non ? Tout aussi douloureux, mais sans provoquer la mort, afin de les garder à disposition plus longtemps…
Bref, je pense qu’on doit se rendre là-bas. Des écrits ont mentionné le fait que Tridor a séjourné chez cette femme. C’est sans doute là qu’il a caché son bien. On se met en route aujourd’hui vers Khonfas ! »


La simple idée de devoir me rendre dans une ville Shaakt me fait blêmir. Il a oublié ou quoi ? Ylias est tellement obstiné à trouver son arc qu’il me mettrait face à mes plus grandes craintes sans aucun scrupule ! Que je sache, ce n’est pas lui qui est orphelin à cause des Shaakts ! Il n’a pas vu ses propres parents se faire assassiner ! Il n’a pas non plus senti les mains froides et lugubres d’un Shaakt sur sa peau. Il n’a pas dû leur fuir. C’est hors de question ! Je n’irai pas là-bas !

Je secoue la tête, en signe de négation.

- « Ylias… Je sais que cet arc te tient à cœur. Mais je ne peux pas t’accompagner à Khonfas. Je ne peux pas voir les Shaakts, tu le sais. »

D’humeur maussade par le manque d’empathie d’Ylias, je saute en bas de l’arbre et me met en quête de quelques fruits pour le petit déjeuner. Ylias me rejoint rapidement.

- « Keya attend ! Je sais qu’aller à Khonfas sera une dure épreuve pour toi. Mais dis-toi que c’est sans doute l’occasion de venger tes parents ! Et puis, on n’est pas idiots. Forcément qu’on ne va pas arriver là-bas et frapper à la porte de la première maison venue. On va la jouer plus finement que ça. Alors, c’est sur, je ne te promets pas que le périple sera sans risque. Peut-être même qu’on y laissera notre peau tellement ces êtres sont cruels. Mais comment comptes-tu te venger si tu n’oses pas les approcher ? Il faudra de toute façon vaincre cette peur à un moment ou un autre... »

Je considère Ylias et ses propos. Il n’a pas tort dans ce qu’il dit… Et je culpabiliserais de le laisser tomber à ce moment de notre recherche, alors que le but approche peu à peu…

- « C’est le bon moment pour affronter ceux qui te hantent, Keya. Je sais que tu es prête. »

Et comme pour me convaincre davantage, il ajoute.

- « Et puis, on est deux. Je serai là. Tu peux me faire confiance. »

Pour la première fois, j’ai ce sentiment étrange de constater qu’en effet, je peux réellement compter sur quelqu’un. Ça me trouble, car je n’ai jamais ressenti ça auparavant, mis à part avec mes parents ou mon frère, mais ça me semblait normal. Même lorsqu’ils étaient vivants, je n’avais pas réellement d’amis. Et je ne parle pas de la période qui me sépare de leur mort, où je n’ai jamais réellement accordé ma confiance à quelqu’un.

- « Bon. D’accord. Alors, comment on fait pour s’infiltrer dans la ville sans se faire voir ? »

Ylias n’a pas encore réfléchi à la question. Je le voix lever les yeux au ciel, comme si la réponse était inscrite dans les nuages ou les branches d’arbre qui nous entourent. Soudain, j’ai une illumination.

- « Je sais ! Mon père m’a parlé d’une taverne, à laquelle il retrouvait ma mère lorsqu’ils étaient jeunes. C’est la taverne du Diablâtre. Elle est peuplée d’un tas de races, mais de très peu de Shaakts. Il nous suffit d’aller là-bas ! Là, on s’occupe de deux poivrots pour leur piquer leurs vêtements. Parce que dans cette tenue, je vais trop attirer les regards dans la ville souterraine… »

Cette idée me redonne vigueur et espoir. À l’impossible, nul n’est tenu, comme disait toujours mon père. Il avait raison ! Et toutes les histoires que lui et ma mère nous racontaient toujours sur Khonfas, sur la vie qu’ils menaient chacun avant de se connaître, me seront finalement très utiles. J’ai l’impression de déjà connaître un peu la ville avant même d’y avoir mis les pieds.

- « Bonne idée oui ! Et pour approcher sans trop nous faire remarquer, nous pouvons nous enduire le corps de charbon. Ça ne tiendra pas longtemps, certes, mais le temps de notre visite à la taverne, ça fera parfaitement illusion. Nous en profiterons pour essayer d’avoir des indications sur la localisation exacte de la maison abandonnée. Au plus vite on la trouvera, au plus vite on sera partis. C’est mieux pour nous. »

Je hoche la tête tout en avalant quelques baies cueillies sur un arbuste. Nous avons encore un peu de route avant de rejoindre Khonfas, et il nous faut aussi trouver du charbon.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Mer 14 Jan 2015 21:37 
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Partie 2 : Le marionnettiste des flots.

Ayant suffisamment médité pour la journée, il reprit son entraînement, profitant ainsi du calme du lieu perdu entre la mer et un bois pour réguler la concentration de son fluide d’eau se servant d’un catalyseur plus puissant que ses incantations, son corps et plus particulièrement les battements de son cœur. Se concentrant sur les battements de son cœur, Endar parvint à maîtriser l’art d’utiliser la magie sans charabias à prononcer, une pratique plus propice au combat que celle qu’il utilisait auparavant. Lentement, il essaya de créer du courant afin de produire ne serait-ce qu’une vague mais celle-ci était bien trop minuscule à son goût. Il ferma les yeux et canalisa le fluide correspondant à l’intérieur de son enveloppe charnelle, puis il rouvrit les paupières pour découvrir une plus grande vague se former et s’échouer sur la berge.

Répétant inlassablement le geste jusqu’à l’épuisement, il finit par creuser un sillon dans la terre à ses pieds et tomba par terre totalement épuisé après ces tentatives. Ses yeux balayèrent les flots calmes et soudain, un rideau de pluie vint s’abattre sur lui, troublant la surface de l’eau, une pluie qui s’accentua de plus en plus, le forçant à s’abriter sous le couvert des chênes centenaires, ouvrant légèrement ses lèvres gercées par le froid pour boire l’eau s’écoulant le long des feuilles comme il le faisait lorsqu’il était resté des jours attaché à un arbre et surveillé par des shaakts. Son corps parsemé de morsures et de coups de fouet étaient la preuve des châtiments que les siens lui avaient fait subir pendant des années sans que son père n’intercède une seule fois en sa faveur du fait de sa faiblesse.

Au calme, il songea que seule la vengeance l’avait animé à la mort tragique de son paternel, mais aujourd’hui il ressentait un grand vide à la place du cœur, si bien que tuer sa mère, ses cadettes et les matriarches de Khonfas était devenu une tâche secondaire, seul comptait à présent ses recherches sur les arcanes et les textes anciens afin de gravir les échelons et de revenir à Khonfas avec assez de forces et de soutiens politiques pour terrasser une bonne fois pour toute les matriarches affaiblissant leur race. Esquissant un sourire, il se releva et imagina que le hêtre en face de lui était l’un de ses ennemis concentrant ses fluides et rapprochant ses mains pour commencer à créer de l’eau à partir du néant ou du moins des fluides qui parcouraient les terres de Yuimen.

Une fois qu’il imagina la quantité d’eau suffisant pour utiliser le sort qu’il apprenait consciencieusement, il dirigea le fluide contre l’arbre le lacérant de toute part, répétant ce geste, il finit par arracher une partie de son écorce couverte d’une mousse couleur améthyste. S’approchant de l’arbre ayant servi de cible d’entraînement, il passa sa main au niveau du bois pour sentir les éraflures qu’il avait commis et un court instant il se disait qu’un tel manque de respect envers la nature attirerait l’ire de Yuimen, cependant la protection de la nature ne faisait pas partie du credo des elfes noirs contrairement à leurs frères des forêts. Il s’enfonça ainsi plus profondément dans les bois en espérant trouver un sentier le conduisant à Eniod, mais c’était sans compter sur une bande de brigands qui l’avaient forcé à se cacher derrière un épais tronc d’un chêne et qui commençaient à dresser un bivouac.


(Au moins j’ai découvert où les vivres disparaissaient et avec la pluie qui vient de tomber, je peux aisément suivre le chemin qu’ils ont emprunté)
songea-t-il en se penchant de côté pour contempler la charrette pleines de victuailles et de boissons que les trois compères couvaient jalousement du regard, des dagues accrochées à leur ceinture devant sans doute dissuader les citoyens d’Eniod qui n’étaient que simples pêcheurs, paysans ou marchands.

Son oeil mordoré brillant de malice, il continua à lorgner sur la charrette tout en réfléchissant à un moyen de se débarrasser des trois voleurs qui buvaient comme des soudards alors qu’un petit feu venait embraser les brindilles qu’ils venaient jeter dessus par intermittence jusqu’à ce que le feu puisse les réchauffer correctement et les éclairer alors que des nuages noirs couvraient le ciel. Il imita le hurlement d’un loup, et c’est comme si Phaïtos en personne leur avait rendu visite, tellement ils tremblaient d’effroi.

- Bon sang, je déteste les loups ! maugréait un des voleurs au visage à moitié brûlé.

Ses camarades ne faisaient qu’hocher la tête, leurs dents s’entrechoquant avec fracas dans le silence du sombre bois mais vu le froid environnant, cela n’avait rien d’étonnant. Respirant lentement pour faire baisser son rythme cardiaque et limiter la visibilité des vapeurs du fait de ses expirations, il ne cessa de surveiller les trois malandrins qui s’étaient rapprochés inexorablement du feu de camp, peu attentifs à l’environnement les entourant et se fatiguant bien plus vite qu’un elfe n’ayant besoin de méditer que deux heures par jour. Attendant patiemment que la nuit tombe pour se glisser dans le campement, il tenta de matérialiser de l’eau entre ses paumes de main sans succès jusqu’à la troisième tentative, utilisant son sort non pour blesser ses adversaires, du moins pour l’instant, mais pour éteindre le feu et plonger le campement dans la brume.

Les voleurs se réveillèrent grelotant avant de se rendre compte qu’ils étaient enveloppés dans un brouillard des plus épais et commençant à s’étendre dans les bois ce que n’avait pas du tout prévu le mage qui se retrouva lui-aussi pris au piège avec une visibilité nulle malgré ses yeux perçants. Heureusement pour lui, ses proies avaient sorti des flambeaux qu’ils allumaient prestement, les agitant comme pour chasser la brume. En même temps, un hurlement retentit suivi de plusieurs autres résonnant des quatre points cardinaux, les hommes hurlant d’une rage mal contenue mêlée à la peur.

(Ils ont bien raison d’avoir peur, pour une fois je n’y suis pour rien... Un seul loup peut faire croire à une meute en modulant la tonalité de ses hurlements et en changeant de position, cependant je ne peux prendre le risque de tomber sur une meute si elle existe bel et bien !)

Se faufilant à travers la brume, il se rapprocha d’un des brigands qui s’était écarté du groupe à ses risques et périls, bientôt il perçut enfin sa silhouette et sut qu’il était de dos. Sous ses chausses, il sentait la boue qui ralentissait ses mouvements, pendant un instant, il regarda ses pieds et bien mal lui en prit puisque lorsqu’il releva son regard, il se retrouva nez à nez avec son adversaire tout aussi estourbi que lui. Une gerbe d’eau jaillit de ses mains et l’atteignit au visage, lacérant ses yeux, ce qui lui fit pousser une beuglante à réveiller les morts et la torche tomba lorsqu’il prit son visage entre ses mains poisseuses de sang.

N’hésitant pas une seule seconde, son cœur battant la chamade, il ramassa le flambeau encore enflammé et se releva juste au moment où il vit la mâchoire d’un énorme loup noir se saisir du blessé. Les cris s’ensuivirent ainsi que le bruit d’os brisés et les déglutitions de l’animal. Ces derniers jours, il trouvait que la mort le suivait comme son ombre quotidiennement, bientôt il ne pourrait plus faire un pas dehors en toute sécurité. Il se concentra instantanément lorsqu’il entendit un sifflement dans les airs suivi d’un bruit mat, sentant le sang couler le long de sa joue gauche.

(Une dague de jet ?) Un second sifflement se fit entendre mais cette fois-ci la dague ne l’atteignit pas et alla s’enfoncer dans le tronc d’un arbre à sa droite. (Ils n’attendent même pas d’être sûrs que leur camarade soit mort et qu’il ne soit pas le porteur de torche !)

Il lâcha la torche qui grésilla dans la flaque boueuse à ses pieds et il s’accroupit, quittant rapidement la zone de lumière pour se réfugier dans la brume, ne quittant pas des yeux la lueur des deux torches encore luminescentes. S’approchant aussi d’une pente au sein de la forêt, il alerta ses ennemis de sa présence, ces derniers coururent vers lui, ne flairant aucunement le piège qu’il leur tendait. Faisant apparaître des pics autour de lui, il attendit et un des deux brigands trébucha sur l’un des pics tombant plus en contrebas et finissant sans doute sa chute contre un arbre, mais il n’en était pas sûr avec ce brouillard. L’autre bandit ne se fit pas avoir comme prévu et la dague qu’il tenait de sa main droite avait blessé artificiellement son épaule. Acculé contre le tronc d’un arbre, il envoya un dernier jet d’eau vers le visage de son adversaire mais celui-ci réussit à esquiver à temps, chargeant, la dague pointée vers son cœur. Il pensa que c’était son dernier moment sur cette maudite terre jusqu’à ce que le loup noir qui rôdait saute sur le coupe-jarret lui tordant la nuque d’un coup sec sans lui laisser une chance.

- Ter’rol ?!

L’étonnement transparait dans sa voix alors que le grand loup noir lâchait sa proie pour regarder son maître de ses grands yeux ambrés, des filets de sang maculant son pelage. Ramassant la torche du cadavre qui brûlait encore, il se dirigea vers la charrette à travers la brume accompagné de son loup et attacha les cordages autour de sa bête la faisant marcher à ses côtés jusqu’aux portes de la cité d’Eniod. Au zénith, il traversa les portes de la cité marchande, non sans susciter un intérêt des habitants qui le voyaient charger d’encombrantes victuailles.

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 Sujet du message: La compagnie des chiens hurlants
MessagePosté: Sam 27 Juin 2015 16:17 
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Localisation: Royaume d'Enjod au temple de Yuimen
Le seigneur marchand Télémis

Liam lança un regard effrayé à valashu. La forêt dense du côté de Konfas peut se révéler bien plus dangereuse que celui du côté d'Enjod à cause des zones où de nombreux maléfices avaient corrompu la forêt. Pour atteindre le point de rendez-vous du seigneur marchand ils devaient justement traverser une de ses zones. D'un autre côté il n'aura pas d'autre chance que celle-ci pour s'attacher aux services d'un seigneur marchand de Tulorim.

"Nous pouvons vous guider jusqu'à cet endroit mais nous ne pourrons pas vous protéger."

"J'ai déjà ce qu'il faut pour me protéger. Vous vous contenterez de nous emmener jusqu'au point de rendez-vous et de nous ramener jusqu'à la cité d'Enjod."

Liam et Velosh échangèrent un regard d'assentiment puis ils acceptèrent.

"Très bien,
fit-il avec satisfaction.
Vous aurez tout le temps pour faire la connaissance de vos compagnons durant le voyage. Nous partons de ce pas."

Valashu et Liam prirent le temps de récupérer leur affaires et de faire leur adieu à la grande prétresse avec tout leur remerciement. Puis ils menèrent le groupe de voyageur qu’ils venaient d’intégrer dans la forêt. Lorsqu’ils entrèrent dans les bois et malgré les paroles de Télémis, il prit le temps de présenter chacun de leur nouveau compagnon à commencer par lui.

Comme Valashu l'avait déjà deviné il venait de Tulorim et provenait d'une des familles les plus influentes de la cité. Le seigneur marchand Télémis avait été engagé par le conseil pour la mission de récupérer un objet qu'un contact dans la forêt dense devait lui apporter. Il avait de grands yeux bruns et son visage très expressif montrait à quel point il était fière que se soit à lui que la mission avait été confié. Il arborait des bagues ornées de pierreries à tous les doigts de sa main semblable à un jambon et portait la tunique et le pantalon d'un rouge éclatant.

Il présenta ensuite les autres membres comme des mercenaires de la compagnie des chiens hurlant.

"Je vous présente le capitaine des chiants hurlants, Jack, un Maître d'arme venu de Kendra Kar"

Son regard noir ardent se fixa avec méfiance sur Valashu et Liam. Il était vêtu de lainages gris-vert lâches qui couvraient presque entièrement sa cotte de mailles. Bien qu'il ne soit pas aussi grand que la plupart des Kendranniens, il avait les yeux noirs et brillants de son peuple. Ses cheveux d'un blanc neigeux étaient coupés court. On arrivait que difficilement à lui donner un âge. Sa coiffure faisait penser à un homme de soixante ans alors que son teint bronzé lui en donnait quarante et qu'il se déplaçait comme un guerrier beaucoup plus jeune encore. Après que le capitaine ait hoché de la tête, le seigneur marchand continua.

"La Wiehldienne Johana l'Aventurière."

Valashu fixa les longs cheveux blonds qui descendaient en cascade de sa tête et les traits raffinés de son visage doré. Elle portait un long arc double dans son dos et sur le corps une armure en cuir garnie de clous. Elle leurs firent un timide sourire pour les accueillir.

"L'archer de la bande Bat d'Exech."

Un Varrockien svelte dont les cheveux noirs et bouclés brillaient dans la lumière du soleil. Il avait de grands yeux bruns et la peau hâlée. Âgé d'une trentaine d'année peut être un peu plus, les seules rides que l'on pouvaitt apercevoir sur son visage étaient des pattes d'oie au coin des yeux probablement dues à un sourire omniprésent. Ils les accueillirent avec spontanéité avec des yeux francs et enthousiastes.

"Notre maître des éclairs, Varis de Yarthiss"

Il était un homme très grand vêtu d'un pantalon gris et d'une cape à capuche. Son visage était long et plat. Quelque chose qui ressemblait à une pierre rouge semblait enfoncée au milieu de son front à l'endroit où se trouve, dit-on, le troisième œil. Il se contenta de les fixer de ses yeux insondables, le sourcil froncé et les muscles de ses mâchoires contractées saillaient comme des morceaux de bois.

Après les présentation leur groupe continua d'avancer et Valashu les mena sur un sentier en prenant vers l'ouest. Vers midi, comme la journée devenait chaude, le sentier s'enfonça plus loin vers le cœur de la forêt. Les arbres étaient moins denses, même s'ils semblaient plus élevés, et les chênes l'emportaient sur les templiers et les châtaigniers. Ils avancèrent dans un silence presque total sous la grande voûte feuillue des arbres. Le guérisseur était en tête, suivis du capitaine, du seigneur marchand, de Varis et de Bat. Liam et Johana fermaient la marche. A l'exception de Varis, ils avaient tous leurs armes à portée de main.

Ils aperçurent quelque cerfs et de nombreux écureuils mais pas de traces des créatures féroces qui habitaient généralement ce coin de la forêt.

Ce soir-là, ils montèrent leurs camps à l'abri de grands chênes. Valashu prit le temps comme chaque soir de faire ses médiations et envoya un "Mumure" à son maître "J'ai réussit à me faire engager par le seigneur marchand" . Puis une réponse ne se fit pas attendre longtemp "Bien. Poursuit la mission comme convenu".

Le lendemain ils s'enfoncèrent davantage dans la forêt en direction de l'ouest.


Les moustiques

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Dernière édition par Valashu le Mer 23 Déc 2015 17:49, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Fin de la mission
MessagePosté: Dim 5 Juil 2015 22:57 
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Post précédent : Les sangsues

Pour Valshu, cette nuit-là fut la pire de tout le voyage. Ils avaient monté leur camp dans une clairière car le capitaine espérait qu'ils y trouveraient un peu d'air pour éloigner les moustiques. Mais au crépuscule, leurs amis vrombissant revinrent en force.

Le matin suivant le trajet fut soudain plus facile et la forêt corrompue prit fin. Puisque qu'il y avait beaucoup d'arbre autour d'eux, ils le sentirent principalement à un rafraichissement de la terre, au changement dans l'air, les moustiques et autres vermines disparurent comme si elles n'étaient pas capables de survivre en dehors de leurs territoires empreints de maléfice. Au grand soulagement de tout le monde, ils atteignirent la partie de la forêt contrôlée par le royaume d'Enjod en fin de mâtiné. Liam, Valashu et le capitaine marchait ensemble aujourd'hui.

"Nous allons bientôt atteindre Enjod,
dit le capitaine à Valashu. Alors, vous et Liam vous aurez achevés votre mission et nos routes vont se séparer."

"Ne pourrions-nous pas vous accompagnez au moins jusqu'à Tulorim ? Demanda-t-il en se tournant vers lui."

Il le regarda longuement tandis que son visage s'adoucissait et il finit par lui sourire puis il dit :

"Peut-être. Le seigneur marchand n'a aucune raison de prolonger votre mission mais vous ne vous êtes pas si mal débrouillé. Je pourrais vous prendre dans la compagnie des chiants hurlants pour un temps d'essais. Au moins jusqu'à la fin de notre mission. Après cela vous pourrez rester dans notre compagnie ou alors partir de votre coté. Membre des chiants hurlants, qu'est-ce que vous en dites ?"

Le regard perdu, Valashu laissa à son cœur le temps de battre 10 fois avant de répondre : " oui ".

Bientôt, les arbres se firent plus petits et ils arrivèrent sur un terrain plus dégagé. Les bois étaient entrecoupés de champs et de plaines d'aubépines, de sureaux et de buisson de myrtilles. Trois ou quatre kilomètres plus loin, ils franchirent les derniers arbres.

Le seigneur marchand s'approcha et ragarda droit dans les yeux de Liam et de Valashu.

"Vous avez mérités votre salaire, leur dit-il en leur tendant chacun une petite bourse bien remplis. Votre mission était de nous emmener à notre point de rendez-vous et de nous ramener. Nous voilà sortie de la forêt, je n'ai plus besoins de vous."

"Ils ont intégré ma compagnie, seigneur marchand, informa le capitaine."

Le seigneur marchand haussa un sourcil d'étonnement à l'intention de Valashu qui l'ignora ostensiblement en regardant ailleurs.

"Cela ne changera pas le montant de la récompense de votre compagnie, capitaine."

Jack acquiesça et ajouta

"Serez-vous capable de payer pour deux passagers de plus ?"


(Payer? Nota Valashu pour lui même.
Leur intention étaient t il de prendre une des curieuses embarcations des elfes gris jusqu’à Tulorim? Si c'est le cas notre voyage se fera plus rapidement que je pouvait l'espérer. En plus il semble bien avoir l'intention de payer pour tout les membres de la compagnie des chiants hurlants.)

Le seigneur marchand chassa la question du capitaine d'une main comme il aurait fait pour chasser les moustiques de la forêt il n'y pas si longtemps encore. Sans un mot, il repartit en direction de la cité d'Enjod suivis de la compagnie des chiants hurlants et de ses deux nouveaux membres.


Post suivant : La plaine aux herbes hautes

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Dernière édition par Valashu le Mer 23 Déc 2015 19:13, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Mar 18 Aoû 2015 03:57 
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La rage et le plaisir

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Les évadés coururent longtemps dans cet immense dédale de végétation. Les hurlements des chiens résonnèrent plusieurs fois derrière eux, provoquant à chaque fois un mouvement de panique. Les forts portaient les blessés, tandis que Junas ouvrait la marche.

Le jour c'est levé au dessus de la canopée, bien que le soleil soit aux zénith, les environs sont de plus en plus ombragés.

Le petit groupe d'aventurier ignore complètement sa position, leur fuite fût chaotique et instinctive, ayant pour unique but de s'éloigner des infâmes mines. Un tapis de feuilles mortes bruisse sous leurs pas, tandis que des plantes aux immenses feuilles entravent leur avancé. L'humidité est palpable. Le sol grouille d'insectes énormes et originaux : des criquets aux couleurs de la terre, des papillons feuilles d'un vert éclatant, jusqu'aux araignées pâles mimant de redoutables fleurs.

Un des évadé semble être familier de cette faune et met en garde les imprudents contre ces rencontres venimeuses. Il accompagne Junas qui taillade les plantes avec l'épée courte du défunt soldat. Tandis qu'il escalade le tronc d'un arbre mort tombé au sol, un grondement se fait entendre.

« Je crois qu'il y a de l'eau là bas ! »

Il se retourne et découvre que le cortège traîne de la patte. La majorité des fuyards sont exténués et marchent à présent en plusieurs groupes distancés. Il s'adresse ainsi à son compagnon.

« Je ne rêve pas, non ? »

« Non, non. C'est le bruit d'une cascade. »

Ainsi ils continuent, curieux de découvrir le point d'eau. Le sol habituellement boueux est à présent rocailleux et les arbres s'espace en plus en plus. Après quelques foulés, il arrivent face à un relief. Il gravissent une pente de roche et de mousse avec difficultés.

« J'y pense, j'ignore ton nom ! »

L'homme à la peau mate pouffe doucement, ils marchent depuis des heures ensemble et n'ont pourtant pas chercher à faire connaissance.

« Je suis Joao, j'ai grandi dans cette jungle et mes ancêtres vivaient ici depuis toujours. »

« Vraiment ? »

« Oui, notre peuple subsiste de la pêche sur mère Tanjî. Mais les blancs venu du sud ont pillés mon village... Nous ont tout attrapés et envoyés dans ses trous pour creuser... »

Junas stoppe son ascension l'air interloqué, agrippant une branche, il se tourne et demande :

« Vous pêchez sur... votre mère !? »

Joao pouffe et le dévisage de ses yeux bridés.

« Notre mère Tanjî, le fleuve... J'ignore quel nom vous lui donnez. Elle est notre déesse protectrice. »

Après avoir constaté que le reste du groupe est enfin arrivé en bas, Junas reprend son ascension entre les rochers.

« Hahaha, ce truc plein de caïmans. »

(Ils sont marrants ces sauvages.)


Après quelques enjambées, une somptueuse vision s'offre à lui. Une cascade d'eau cristalline chute d'une falaise, pour former en contrebas un petit lac d'un bleu sombre. Au dessus, l’absence d'arbres créer une béance laissant pénétrer des faisceaux lumineux, qui illuminent la surface pour se refléter sur les roches. Aucun ruisseau ne débouche du point d'eau, laissant deviner qu'il poursuit sa route dans les profondeurs.

Il se précipite sur les galets et s'abreuve. Dans la jungle, l'eau croupissante et boueuse n'est pas vraiment recommandable. Cette source est une vrai bénédiction. Tandis que les évadés arrivent au compte goutte, un détail l'attire. Sur un rocher au bord de l'eau, un étrange petit animal gonfle sa gorge. Une magnifique petite grenouille azur qui se pare d'auréoles noires, à l'arrivé du jeune wiehl, elle bouge sensiblement et continu à croasser en le dévisageant de ses grands yeux batracien.

« Crapaud ! J'ai trouvé ta cousine. »

Trop occuper à patauger, le petit gros n’esquisse aucun signe. Junas entreprend donc d'attraper la bestiole. Il avance doucement, tend ses mains. Elle cligne des yeux mais semble l'ignorer complètement. Il se fige, elle croasse, d'un geste brusque il essaye de l'attraper mais se voit projeté au sol !

« Aïe ! »

La moiter du corps dans l'eau glacée, il découvre Joao affichant un air sévère.

« Non mais, t'es pas bien ! Taré ! »

Junas sonné, enrage et fusille le petit homme bronzé du regard. Il se relève et serre le point pour le frapper. Le petit homme l'interpelle le bras tendu.

« Hey ! Je viens de te sauver la vie. Cette petite grenouille, dit il en montrant l'animal du doigt, qui lui répond d'un croassement, est une grenouille azur. Si tu la touche ne serais ce que du bout du doigt, tu mourra avant la fin de la journée. »

Junas est atterré. Il savait que les animaux, aussi petits soient-ils, sont ici redoutables. Mais si les grenouilles s'y mettent...

« Mais alors, tu m'as sauvé la vie ! »

Il se jette sur son interlocuteur et l'enlace amicalement pour mieux le remercier. La grenouille semble s'activer, elle croasse furieusement et saute à leurs pieds. Les deux hommes hurlent et sautillent comme des fillettes, avant de s'enfuir pour rejoindre le reste du groupe.


Sinistre ronronnement

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Mer 26 Aoû 2015 00:36 
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Le petit groupe n'a pas bougé depuis des heures. Un homme rasé et plutôt mince, a été amoché pendant l'évasion par un coup d'épée dans le ventre. Un second à été piqué sur la route par une prodigieuse araignée, son épaule enfle et les tissus de sa nuque se décomposent en un trou béant. Il furent portés à travers la forêt, mais Phaïtos ne tardera pas à les accueillir. Ne pouvant continuer la marche sereinement, les discussions s’enchaînent au bord de l'eau. Ils ignorent leur position, la direction qu'ils prendront...

La nuit commence à tomber, l'endroit se tamise petit à petit. Chacun s'installe comme il le peut au bord de l'eau. Le vent s'estompe et les oiseaux se taisent pour laisser place au bal des crapauds.

Un étrange sentiment contrit Junas, impossible de fermer l’œil. A chaque fois qu'il s'apaise, un bruit le réveille. A coté de lui Heldar pionce assit, le dos accolé à la roche et l'épée à la main. De l'autre coté, Crapaud ronfle sur le dos, les bras et les jambes en croix.

Au dessus, la béance dans la canopée permet de distinguer les étoiles qui diffusent leurs lueurs sur l'onde. Un bruissement sort Junas de sa somnolence, il lève la tête et observe les alentours en silence. De l'autre coté du lac, des plantes bougent doucement.

Il appuie sur la jambe d'Heldar afin de le réveiller discrètement.

« J’entends des bruits, un animal est caché de l'autre coté. »

Heldar ne répond pas, Junas cherche son arbalète et tend l'oreille. Les bruits ont cessés, il plisse les yeux pour mieux distinguer les buissons en question et se paralyse. Entre les plantes baignées par l'obscurité, deux yeux jaunes luisent et le regardent... Il n'ose bouger, ni même détourner le regard.

La bête émet un bruit grave et oscillatoire, Junas vibre de peur en entendant ce sinistre ronronnement. Après une brève et bruyante expiration, les yeux se retirent d'entre les arbres. L'arbalète à la main, il tient en joue sans bouger.

Soudain l'ombre surgit hors des buissons et avance gracieusement vers l'eau. Junas n'en croit pas ses yeux, c'est le plus gros chat qu'il eut l'occasion de voir. Sa corpulence doit doubler celle d'un homme, son pelage est orange, strié de rayures noires. Sa tête est plus claire, arborant des rouflaquettes blanches.

Le félin progresse de ses grosses pattes vers le point d'eau. Il commence à s'abreuver, en surveillant du coin de l’œil le jeune wielh qui le pointe de son arme. Aucun membre du groupe ne semble l'avoir remarqué. Le félin lape tranquillement, les reflets de l'onde quadrillent sa tête velue. Une fois repus, il se détourne et feinte d'ignorer Junas pour disparaître furtivement.

Heureux d'avoir pu éviter le conflit, il repose son arme et guette en silence. L'animal ne semblait pas chasser.

(Et si le chat revenait?)

Il veille longtemps, luttant contre la fatigue. Les clapotis de la cascade ainsi que les chants des criquets le bercent.

(Ne pas... dormir...)

Il ferme l’œil en se convainquant d'être bref et sans s'en rendre compte, il sombre dans un profond sommeil.


En proie à l'agitation

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Mer 26 Aoû 2015 02:09 
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Sinistre ronronnement

((( [:attention:] Description pouvant heurter les plus sensibles. [:attention:] )))


Un hurlement de panique le réveille. L'aurore brûle ses yeux, tandis qu'il se lève avec difficultés. Le groupe semble en proie à l'agitation. Les évadés s'attroupent au bord de la cascade, Junas les rejoint et découvre un tas de chair sanguinolentes.

« Qui est ce ? » demande-t-il avec détachement.

« Joao, le ptit autochtone qui marchait hier à tes cotés. » répond Stafford en massant sa barbe. « C'est vraiment étrange... Une bête l'a dévoré, mais il n'était qu'a quelques mètres de nous, et personne n'a été réveillé. »

Le pauvre homme gît à moitié dévoré, son visage est indiscernable, sa gorge fendue, tandis que ses organes se déversent d'un trou béant de son torse. Junas n'ose parler de l'énorme chat venu s'abreuver durant la nuit. On pourrait l'accuser d'une négligence qui aurait coûté la vie de l'un d'entre eux. Néanmoins le chat ne semblait pas agressif et particulièrement intelligent. Comment aurait-il pu commettre son forfait en toute discrétion, pourquoi ne pas avoir traîner le corps hors d'ici ?

(Quelque chose cloche, autre chose c'est chargé d'écourter la vie de Joao.)

« Que faisons nous à présent ? »

Heldar, qui avait pris la tête du groupe depuis l'évasion, ne tarde pas à déclarer d'une voix puissante :

« Enterrez son corps, ainsi que ceux des deux blessés n'ayant pas passé la nuit. Une fois la besogne achevé, partons de cet endroit maudit ! »

Des volontaires s’attellent à la tâche et l’achèvent en priant leurs dieux respectifs. Au son des prières, Junas sourit et affecte un certain mépris.

« Qu'est ce qui te fait sourire ? » demande froidement Stafford.

« Rien, rien... Toutes ses prières, je trouve cela pitoyable. »

Son interlocuteur est atterré et cela semble l'amuser. Les wielh ne sont pas vraiment religieux, il prient leurs morts et son persuadés que les défunts veillent sur leur peuple. Mais Junas est encore différent, son aversion envers la religion est des plus cru. Selon lui, si les dieux devaient exister, ils seraient bien trop égoïste pour se soucier des mortels.

Après une brève engueulade avec Stafford, ils se mettent en route. Comme chaque matin, une petite brume aux allures fantomatique flotte dans la jungle. L'humidité imprègne leurs vêtements et freine leur progression. Il avancent à l'aveugle tandis que la forêt s'assombrit d'avantage.

Alors que le soleil est à présent haut, ils arrivent dans une partie peut accueillante. L’écorce des arbres noircit, la brume ne s'est pas estompée, l'air est pesant et chaque respiration devient aigre... Sans en avoir conscience, la compagnie s'introduit dans une jungle maudite.


Le territoire des elfes noirs

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Mar 16 Fév 2016 01:04 
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Chapitre I: Le Moar

Aldaron s'agrippa à une haute branche noueuse d'un hêtre millénaire. Les conifères recouvraient entièrement l'humus. Ses mains aux longs doigts fins écartèrent les branchages et les longues feuilles de la canopée, se découvrant pour mieux apprécier les environs. La dernière incursion shaakt avait dévasté aussi ce côté de la forêt qui soi-disant appartenait aux humains de la cité marchande et côtière d'Eniod. (Les humains et leur propension à vouloir agrandir leur territoire année après année.)

L'autre côté de la forêt appartenait aux Shaakts lors de la grande guerre d'il y a une trentaine d'années. Une guerre aussi féroce entre leurs congénères sombres et les humains avaient fini par détruire et pire, corrompre les arbres qui noircissaient et les créatures qui y vivaient. La magie noire avait transformé les Oudios en des monstres buvant le sang, les herbivores étaient devenus carnivores, même certains Taurions étaient devenus fous par la suite. Le village caché dans la forêt n'était plus sûr depuis ces temps-là, un autre mal rôdait dans les environs également. Des éclaireurs avaient rapporté des nouvelles inquiétantes quant à la présence d'êtres mi-shaakt mi-araignée et à des Sektegs bien loin de leurs cités et de leurs territoires habituels. Il sentit le vent soudainement le caresser et il vit des ombres se refléter du fait de la lumière solaire.

- Frérot, as-tu réussi à retrouver leurs traces ?

Il se retourna, ses yeux ambrés se fixant dans ceux légèrement mordorés de vert de son second frère, Astaldo, sans doute le plus sage des trois frères et celui qui maniait aussi bien l'arc que lui. Plus grand que lui, il était plus filiforme qu'Aldaron et portait des cheveux courts bruns. Il rayonnait dans sa nouvelle armure toute d'acier, sans doute une de celle achetée à Eniod, préférant utiliser leur monnaie unique plutôt que le système de troc mis en place par les Taurions. Astaldo avait essayé de lui dire le génie des humains, leur bonté naturelle, il ne voyait rien d'autre que la noirceur de leur âme, leur ville sans âme et la perfidie dans leur double-langage. Au moins, son deuxième frère lui pardonnait ses errements dans la forêt, sa vie en dehors de la communauté Taurienne et ses propos virulents avec leur frère aîné, Aranrùth qui était devenu le chef du clan à la mort de leur père. Derrière Astaldo se trouvaient cinq autre Taurions, deux femmes et trois hommes, tous des chasseurs qu'il ne connaissait que peu voire pas du tout, préférant de loin chasser seul plutôt qu'en meute comme les loups.

- Il est difficile de relever les traces de pas dans une canopée aussi luxuriante que la forêt profonde, cependant certaines sont assez profondes et de nombreux pas ont foulé nos terres apparemment...

- "Nos terres". J'ai l'impression que tu parles comme...

- Non, coupa Aldaron sèchement, je ne suis pas comme cet opportuniste !

Astaldo hocha gravement la tête, comprenant largement les raisons d'une telle colère et s'excusa d'un léger hochement de la tête. Il ordonna ensuite aux cinq chasseurs d'organiser une battue et ils se dispersèrent telles des feuilles au vent. Descendant le long de l'hêtre millénaire, les deux frères tentèrent de traquer la piste des gobelins à même le sol. Aldaron vit que c'était une petite troupe de sektegs, cinq ou six membres de cette espèce, pas plus dont l'un traînait la patte. Les traces étaient encore fraîches, cela signifiait qu'ils n'étaient pas passés plus de deux heures auparavant, peut-être trois tout au plus.

A côté d'eux, Aldaron vit des gouttes de sang sur l'une des tiges d'une fougère près du parterre piétiné. Le sang était en train de coaguler, l'humidité permettait d'éviter une coagulation trop rapide en règle générale.

- L'un d'eux est blessé à la jambe, sans doute d'une morsure d'un animal sauvage.

- Un Moar tueur, regarde les traces de pattes à côté de celles des sektegs. Les griffes plutôt resserrés, les grandes foulées, tout cela est caractéristique de ce type d'oiseau.

- Il ne chasse pas en duo en règle générale ? Un mâle et une femelle attaquant ensemble ?

- Pas forcément, mais les sektegs verront bientôt les deux à mon avis, affirma Astaldo, le sourcil levé et arborant son air de spécialiste des animaux.

Soudainement, un cri retentit dans la forêt, un cri féminin. Les deux frères tendirent l'oreille et coururent en direction du bruit strident. Courant à travers les hautes plantes, ils se mouvaient avec grâce, habitués à parcourir la forêt dense depuis des décennies. Ils déboulèrent sur une petite clairière où lichens et mousses envahissaient les arbres dont les hauts branchages couvraient partiellement la lumière solaire. Un Moar tueur se tenait au centre de la clairière, menaçant une humaine qui rampait sur le sol, tenant son avant-bras ensanglanté. Elle était belle pour une humaine avec sa longue chevelure d'ébène et son visage gracieux, cependant elle restait humaine.

- Miranda, ne bouge pas, nous nous en occupons !

Aldaron jeta un regard noir à son frère. Il allait devoir lui soutirer des informations à propos de cette jeune femme, même s'il craignait de connaître déjà la réponse.

Le Moar tueur se retourna prestement dans leur direction et piailla contre les deux Taurions. Ses ailes firent vrombir l'air et il se jeta sur ses nouvelles victimes. Aldaron et son frère dégainèrent leur arc avec une synchronisation quasiment parfaite. Deux flèchstes partirent instantanément et s'enfoncèrent dans la chair de la créature qui siffla de douleur.

- Astaldo, non !

Il rangea son arc et dégaina une longue dague effilée, sans doute de conception humaine, puis s'élança en direction de l'humaine, esquivant un coup de bec en passant sous le Moar tueur, la lame tranchant la chair de son ventre. Son frère porta secours à l'humaine, oubliant la menace du volatile. Aldaron se précipita pour sauver son frère, bloquant le bec rempli de dents de l'animal avec son bracelet en écorce, mais celui-ci l'écarta d'un vif coup de patte. Contre le tronc d'un arbre, il esquiva difficilement les griffes qui s'enfoncèrent dans l'écorce avec fracas.

- Aldaron, attrape !

Vif et agile, il attrapa au vol le pommeau de l'épée et taillada l'oiseau de malheur avant que celui-ci ne l'atteigne à l'épaule d'un vilain coup de griffes. S'écartant du Moar, il banda son arc et réunit son énergie intérieur nimbant la corde de son arc d'une faible lueur. Sa vision s'accrut alors que le Moar réussit à se défaire du tronc alors que sa flèche perça violemment sa chair sur son flanc. Loin de le tuer, il était moins virulent, moins rapide et moins fort qu'auparavant. Le sang maculait son plumage multi-couleur. Loin de l'arrêter pourtant, cela accrut sa détermination de le tuer, fonçant droit vers sa proie. Il vit son frère sortir son arme préférée, ses bolas, qu'il lança pour emprisonner les pattes du volatile. Arrivant à son but, le Moar trébucha, les pattes emprisonnées par les bolas, juste à quelques mètres de lui. Profitant que sa proie soit au sol, Aldaron chevaucha le Moar qui se débattit avec rage arrivant à se défaire de ses liens avec peine. Cherchant à le désarçonner et à le mordre, la créature fonça en direction des arbres pour lui faire percuter les troncs et les branches basses.

Agrippant une liane auprès d'un arbre qu'il évita de peu en s'appuyant sur une de ses branches avant d'atterrir de nouveau sur le dos du moar, il lui passa la liane autour du cou comme une laisse pour un chien qu'il tenait d'une main alors que l'autre continuait à enfoncer la lame de l'épée dans sa chair encore et encore. Son frère tira deux autres flèches dont l'une faillit l'atteindre d'ailleurs et finalement, à bout de souffle, le Moar Tueur s'écroula et Aldaron lui trancha net la jugulaire de part en part.

Nettoyant le sang frais sur l'épée sur ses habits, il arracha une plume du moar en guise de trophée et s'approcha de son frère et de l'humaine collés l'un à l'autre. Il la vit embrasser le Taurion qui répondit à son baiser passionné.

- Astaldo, tu...

Il le coupa d'un mouvement de la main et prit l'humaine dans ses bras, elle était gravement blessée et elle ne tiendrait sans doute pas longtemps sans des soins adéquats. Tel n'était pas le souci d'Aldaron.

- Nous devons la ramener au village, nos guérisseurs pourront la soigner.

- Il en est hors de question ! Ce n'est pas parce que notre peuple commerce avec eux, en dépit de mon propre avis sur la question, qu'il faut ramener une humaine à notre village !

Son frère le poussa en passant, l'humaine toujours dans ses bras, en direction du village sans nul doute.

- Et tes chasseurs ?!

Aldaron n'eut d'autres choix que de veiller sur les chasseurs de son frère qu'il avait heureusement rattrapé assez rapidement dans la forêt dense. La piste s'étendait en dehors de la partie encore intacte de la forêt et certains des chasseurs étaient tombés sur des nids de serpents de la forêt. Si le venin n'était pas mortel, il préférait ne pas mettre en danger les taurions dont il était responsable dans la forêt appartenant aux shaakts. Il leur ordonna de rentrer au village et fit de même, cela le préoccupait de savoir son second frère accompagner une humaine, dont il était amoureux, jusqu'au village. Son premier frère détestait tout le monde même s'il commerçait avec les humains, plus par opportunité que par envie de rapprocher leurs peuples.

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Dernière édition par Aldaron le Dim 31 Juil 2016 14:03, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Mer 17 Fév 2016 00:47 
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Chapitre 2: L'Assemblée

Aldaron accompagné des cinq chasseurs étaient revenus dans le village niché dans les arbres, les habitations étant reliées au cœur du hameau, le palais, par des passerelles en bois où circulaient des guerriers taurions et les archers. Arrivé à l'Assemblée, les gardes lui ouvrirent la porte alors que les chasseurs se rendaient chez eux pour profiter de leur famille respective.

S'infiltrant dans le palais au toit en bois en forme de voûte et au plancher de chêne, les druidesses l'observaient se diriger vers le trône sculpté dans le bois blanc avec intérêt, toutes assises sur les côtés de la pièce dans un fauteuil en osier. Devant lui se tenait le premier de ses frères, Aranrùth, un taurion aux cheveux courts couleur ébène, aux sourcils fins et à la corpulence imposante, tout en muscle. Les commissures de ses lèvres se redressèrent et son visage austère se crispa à sa vue, il refusait toujours de le considérer comme son frère après toutes ses années, en partie, du fait de ses cheveux immaculés.

- Aranrùth, annonça l'elfe aux cheveux blancs en s'inclinant devant le chef de leur clan.

Un silence pesant envahit l'assemblée jusque la grande porte s'ouvrit de nouveau pour faire entrer son second frère qui n'en menait pas large. Ni Astaldo ni Alderon ne recherchaient la confrontation avec leur frère aîné et pour cause, il avait été l'un des meilleurs gardes royaux avant son ascension au pouvoir.

- Astaldo, explique-moi pourquoi as-tu ramené une humaine en ces lieux séant, je suis curieux de connaître la raison d'une telle marque de pitié envers la race inférieure, en dépit de la mission que je t'avais confiée.

Son ton vindicatif et son regard mauvais fit reculer d'un pas Astaldo avant que celui-ci n'explique la raison de la présence de l'humaine. Le long du récit, le chef du clan ne se trouva que plus agacé par la relation plus qu'évidente qu'entretenait son frère avec la blessée. La fameuse Miranda était devenue l'amante de son frère après sa venue à Eniod lors d'une mission de commerce. Apparemment ils se voyaient depuis quelques temps déjà à l'orée de la forêt.

- Même si je ne suis guère favorable à la présence d'humains en ces lieux, j'espère au moins qu'Eniod appréciera les soins et la résidence offerts à l'une de leur habitante. Maintenant dispose Astaldo, j'aurais une mission à te confier après avoir parlé à Aldaron, en espérant que tu ne rates pas celle-ci également !


Astaldo s'inclina bien bas devant leur frère et sortit prestement de la salle, sans doute pour rejoindre sa concubine dans les plus brefs délais. Alderon se releva et tenta de faire de même, mais son frère ne lui en laissa pas l'opportunité.

- Cheveux blancs, où crois-tu aller ? N'as-tu pas un rapport détaillé à me faire part ou n'es-tu finalement que la déception de notre mère ?

Sans se retourner en direction de son frère, il décrivit les pistes qu'il avait, en dépit de la furieuse envie de le frapper en plein visage.

- Une petite troupe de sektegs au vu des traces de pas. Peut-être trois à cinq individus en armure vu la profondeur des traces. Un moar les a attaqué, une femelle ou un mâle, l'un des sektegs a été blessé assez sévèrement à la jambe, il boîte. Nous avons réussi à en tuer un, peut-être sa moitié. Ils sont rentrés dans la forêt corrompue par les shaakts.

- Pourquoi es-tu encore là alors ?!

- Cinq chasseurs d'Astaldo ont été placés sous mon autorité et j'ai préféré revenir afin que ceux mordus par des serpents de la forêt plutôt que de risquer leur mort au-delà de la forêt dense d'Eniod.

- Tu n'as pas à décider par toi-même, tu obéis à mes ordres ! lui rétorqua-t-il avec véhémence. Néanmoins te connaissant, tu vas vouloir repartir sur leur piste tout seul. Fais-le et trouve les intrus, ensuite reviens me faire un rapport, nous ferons un banquet et tu y es invité.

Aldaron fronça les sourcils, puis après un temps de réflexion, hocha la tête avant de s'en aller sous le regard mauvais du chef de clan. En plus de cinquante ans, Aranrùth n'avait pas changé d'un iota, il était toujours aussi dominateur et manipulateur. Il ne savait pas ce qu'était ce banquet, mais cela n'augurait rien de bon. Lorsqu'il sortit du palais, il sentit un mouvement en arrière et banda son arc prestement en se retournant en direction de l'ombre.

- Aldaron, ce n'est que moi !

Une Taurion svelte et au corps délicat couvert d'une robe longue verte mêlant tissus et mousse le regardait de ses yeux couleur noisette.

- Nennvial ? Votre présence me ravie, druidesse.

Elle se rapprocha de lui, posant ses doigts le long de son bras et venant apposer ses lèvres contre les siennes, avant de se retirer.

- La vôtre aussi Aldaron, frère de notre chef de clan, mais je ne suis malheureusement pas venu pour le plaisir de votre compagnie. Les autres druidesses s'inquiètent également de la mission qui vous a été confiée. Je sais que vous êtes déjà allés dans la forêt corrompue par les shaakts, mais mes sœurs ont décidé qu'une aide vous serait utile.

Elle sourit malicieusement et se transforma sous ses yeux en un aigle majestueux qui vint se poser sur l'écorce de ses protections de bras. L'aigle à son poignet, il lui sourit en retour et s'échappa du village, tel un coup de vent.

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Dernière édition par Aldaron le Dim 31 Juil 2016 14:05, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Lun 4 Juil 2016 21:47 
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Chapitre 5: Le banquet (Ière partie)

Il ne restait plus que trois prisonniers sektegs lorsqu'ils atteignirent finalement le village. S'arrêtant à quelques pas d'une épaisse frondaison naturelle et de fougères épaisses qui cachaient le village aux yeux des néophytes, il siffla trois notes de musique distinctement et deux chasseurs taurions descendirent de leur arbre pour venir ligoter les prisonniers et leur cacher les yeux. Reconnaissant les taurions comme faisant parti du groupe de chasseurs de son frère Astaldo, il les salua faiblement et ces derniers vinrent s'enquérir de son état tout en poussant les prisonniers dans des cages en osier prévues à leur attention.

Son épaule encore en mauvais état malgré les plantes médecines, deux autres taurions le hissèrent le long de la corde pour lui permettre d'atteindre l'étage supérieur. La druidesse à la robe verte le suivait de près, attentive à son état, peut-être un peu de trop, si bien qu'Aldaron prit la peine de se retourner et lui caressa tendrement la joue.

- Il n'y a nulle crainte à avoir, cela finira par guérir, il faut laisser du temps au temps, tout comme nous avons laissé du temps à ce que notre relation évolue tel un bourgeon en train d'éclore après la rosée du matin, lui souffla-t-il avec un léger sourire.

- Nous nous reverrons ce soir de toute manière, Aranrùth a semble-t-il convoqué l'élite ce soir au banquet. Nous devrions nous y préparer, je doute que ce soit une agréable surprise.

Hochant la tête pour lui dire qu'elle comprenait, elle finit par rompre leur échange de regards silencieux par un baiser et s'en alla se préparer pour le banquet de ce soir. Le taurion finit par se diriger vers une maison en bois d'hêtre dont les branches s'entrecroisaient et s'enroulaient autour de l'immense arbre central millénaire autour duquel le village avait été construit. Franchissant le seuil de sa masure, Aldaron entreprit de se dénuder après avoir fermé la porte derrière lui et se dirigea vers une salle aux murs faits en écorce d'hêtre et où semblait sortir une arrivée d'eau du mur creusée dans une tige de bois évidée et où se trouvait à son extrémité une grande feuille.

A côté de ce système se trouvait un levier incorporé dans le mur qui ouvrait ou fermait le mécanisme pour ouvrir l'arrivée d'eau provenant du conteneur d'eau de pluie.

Activant le levier, la pression de l'eau fit se pencher la feuille et l'eau froide coula le long de son corps, évacuant ainsi la boue et le sang qui commençait à coaguler. Aussi propre que peu l'être un chasseur venant d'affronter la mort en plein territoire shaakt, il se dirigea par la suite en direction d'une table en bois où trônaient plusieurs baies et feuilles de différentes sortes, un tue-mouches servant de filtre contre les insectes et un bol de terre cuite contenant de l'eau chaude pour une infusion. Prenant quelques feuilles de Cheveux de Gaïa garantissant une meilleure guérison, il les fit infuser dans son bol qu'il but quasiment d'une traite. Il goûta quelques fruits couleur bleu saphir provenant du Lanurme ou également renommé en l'arbre aux feuilles d'or du fait de sa coloration en automne.

Admirant un instant la tunique d'or et d'argent qui surplombait son hamac formé à partir de lianes entrelacées, le taurion songea que ce banquet allait durer plusieurs heures et qu'il allait lui falloir discuter avec de nombreuses personnes au cours de cette unique soirée. Aldaron savait donner des ordres aux chasseurs, pouvait discuter aisément avec Astaldo et Nennvial, même parfois avec Aranrùth, néanmoins tenir la conversation poliment à des officiels d'autres peuples ou rester plus longtemps que nécessaire avec les siens lui semblait être un fardeau. Il se décida à revêtir son habit officiel ainsi que l'armure en acier feuillu arborant le blason de leur clan, cadeau des Sinaris.

Lorsque la nuit tomba enfin sur leur petit village dissimulé et qu'il entendit une douce mélodie surgir de la canopée, il se décida à pénétrer dans l'Assemblée la tête haute. Les gardes le laissant pénétrer dans la salle du trône devenue pour un soir la salle des fêtes avec ses nombreuses tables tout en longueur décorées avec goût par des feuilles de Lanurme revêtant leur manteau d'or formant le chemin de table et par quatre pousses de sorbiers mis en pot aux feuilles rougeoyantes. De nombreux couverts taillés dans le bois de la forêt d'Eniod terminaient d'achever la proposition de ce grand banquet.

Le trône siégeait à l'arrière de la salle et en ce moment son frère aîné y siégeait parlementant avec Astaldo. Tous deux parlaient sans doute des préparatifs de la soirée.

- Cheveux blanc ! l'apostropha le chef du clan en l'apercevant. Comme je l'expliquais à notre frère, cette rencontre doit se dérouler dans les meilleurs auspices pour la gloire de notre clan. Des diplomates et forgerons hinïons de Cuilnen et d'Hidirain ont été conviés au banquet, je les accueillerais personnellement. Il y a également des mages Earions de Dehant qui y sont invités. Astaldo s'occupera d'eux tandis que toi, Cheveux Blanc, tu t'occuperas des forgerons Sinari pour obtenir un nouveau chargement d'acier feuillu. Avez-vous compris vos rôles respectifs ?

Astaldo et lui-même hochèrent la tête et s'en allèrent convoyer les différentes délégations. A la place des cordes utilisées pour rejoindre l'arbre du clan, une passerelle en bois avait été aménagée. Il aurait été sans nul doute dommage de salir leurs beaux vêtements de cérémonie. Trois passerelles avaient été positionnées pour rejoindre l'Assemblée et sur chacune d'elles se tenaient les trois nobles du clan: Aranrùth, Astaldo et enfin lui-même. Aldaron ne put voir les autres délégations et n'eut d'ailleurs pas le temps d'aller les voir que la délégation des sinaris pénétra dans la forêt illuminée par des myriades de vers luisants collectés par les habitants pour l'occasion.

L'ambiance mystérieuse et tamisée parvint à faire son effet sur les sinaris pour qui, pénétrer dans leur sanctuaire, était une grande première alors qu'ils étaient habitués au confort de Dehant. Ce petit peuple n'avait de cesse de l'amuser, ils vivaient comme ils l'entendaient, sans aucune restriction de la sorte. Une dizaine de sinaris s'approchait de lui, compagnie menée par un sinari marchand pieds nus sur la mousse de leur cité et arborant un fier sourire lorsqu'il l'aperçut. Il avait toujours un long tube dans le bec d'où s'échappait de la fumée. Le sinari essaya de respecter les coutumes tauriennes en s'inclinant devant lui mais manqua de perdre l'équilibre. Aldaron s'agenouilla près de son ancien ami.

- Torn Lebide, mon ami, nul besoin de faire tant de cérémonial en ma présence, le réprimanda-t-il gentiment. J'imagine que tu as rapporté ton fameux alcool.

Torn lâcha un petit rire et fièrement en dépit de sa petite taille lui désigna de son gros doigt les petits tonneaux qu'ils transportaient.

- Cette fois-ci, vas-tu enfin goûter au véritable alcool ou vas-tu rester à votre alcool de pacotille ?! Enfin... Je veux dire...

Les sourcils du taurion se froncèrent puis il éclata de rire aux propos du pauvre sinari qui ne savait plus où se mettre.

- Allez, venez m'accompagner à l'intérieur du palais au lieu de rester planter là !

La délégation de sinaris le suivit tout heureux qu'ils étaient de voir un représentant d'un peuple étranger s'entendre si bien avec celui qu'ils considéraient comme leur meneur. Des chasseurs taurions habillés également pour l'occasion aidèrent les sinaris à charger leurs barriques d'alcool et à les entreposer à l'intérieur de l'Assemblée pour pouvoir les servir au cours de la réception.

Si les sinaris n'étaient pas dépaysés par la venue des earions qu'ils côtoyaient presque quotidiennement, leur réaction s'avéra être différente en présence des hinïons.

Il retrouva Astaldo près de la porte du palais en grande discussion avec un earion aux écailles bleues sur tout le corps hormis sur une partie du torse où des écailles rouges comme le corail venaient compléter sa peau. Aldaron n'entendit que des parties de la conversation mais sut néanmoins qu'ils parlaient de fluides magiques. Les earions étaient de grands pourvoyeurs, outre de poissons, de fluides magiques. L'offre de fluides de terre rencontrait enfin la demande qui n'était autre que les druidesses de leur village.

Ensuite apparut évidemment le chef de leur clan en compagnie de diplomates de Cuilnen et de forgerons venus avec à s'y méprendre du mythril rouge, une spécialité des thorkins sous la cité d'Hidirain.

Que trafiquait encore son frère avec un tel chargement ? Rien de bon selon Aldaron.

Poliment, bien que non habitué, Aldaron serra la main des mages earions, une main pour la plupart pourvue de palmes et humide, même s'il existait des semi-elfes parmi leur délégation. Un des diplomates hinïons s'approcha d'eux et salua à la fois Astaldo et lui-même. Le diplomate du nom d'Aryo avait des cheveux d'un argent pur et portait comme des bois au-dessus de sa tête tel un cerf. Croisant les bras sur leur poitrail et s'inclinant l'un à l'autre, Aldaron constata que le diplomate faisait fi des conventions en saluant au même niveau que le taurion alors que les diplomates étaient hiérarchiquement inférieurs aux nobles. Cela annonçait des marchandages incessants et tumultueux. Aldaron se soumettait néanmoins au protocole et salua proprement le diplomate.

- Andaran atish'an Aryo Cheveux d'Argent.

- Andaran atish'an Aldaron, Seigneur des Forêts, lui répondit-il.

Après les salutations d'usage, Aranrùth invita les trois délégations de pénétrer dans l'Assemblée.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Lun 11 Juil 2016 22:59 
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Chapitre 6: Le banquet (2ème partie)

Les délégations entrèrent successivement avec leur homologue taurion respectif dans la grande salle du trône renommée en cette occasion en salle des fêtes. Comme un seul homme les représentants des différents peuples prirent place autour des tables et les musiciennes du village se mirent à balader gracieusement leurs doigts délicats le long des cordes des harpes installés de part en part de la salle. Le chef du clan, Aranrùth, prit la parole d'une voix se voulant emplie de sagesse et de magnificence.

- Hinïons, Earions et Sinaris sont ce soir nos invités prestigieux, le peuple taurion et en particulier le clan Raven est heureux de les recevoir. En dépit de nos différences, nos destins resterons à jamais liés et notre alliance continuera à se pérenniser encore au fil des siècles et des millénaires, mais je ne vous abreuverais pas plus de paroles ce soir, alors festoyons en l'honneur du dieu Yuimen et des déesses Gaïa et Moura...

- Et au dieu Kubi, rajouta Aldaron, évitant de ce fait que son peuple se mette à dos les sinaris.

Le chef du clan Raven fit mine de ne pas entendre la rectification de son jeune frère et leva son verre à pied façonnée dans du bois en l'honneur des convives. Les négociations pouvaient dès lors débutées sous les meilleures auspices. Torn Lebide, malicieux sinari presque centenaire, décida qu'il était temps que les elfes boivent l'alcool macéré provenant de Shory, petit hameau paisible sur Nirtim. Manifestement son intention bien que louable n'était pas au goût de tous les convives, et si les earions buvaient volontiers leur coupe, d'autres eurent une moue dédaigneuse et se débarrassèrent du contenu de manière plus ou moins discrète. Voyant l'air renfrogné de son frère aîné, Aldaron se pencha vers son ami sinari.

- Vous aimez me mettre dans l'embarras mon ami, une simple goutte d'alcool et certains seraient prêts à en appeler à l'incident diplomatique.

- Je n'y peux rien si les hinïons sont des petits joueurs, lui répliqua Torn d'un air malicieux. D'ailleurs, j'attends toujours de voir si vous êtes capables de boire votre coupe ! Je vous mets au défi d'y résister, si vous gagnez je vous dois deux caisses entières d'acier feuilli, si vous perdez, vous devez embrasser l'ambassadeur de la cour de Cuilnen.

Un air de défi, le taurion prit soigneusement la coupe entre ses mains et la but par à-coup, l'orge macéré venant lui brûler son palais et sa gorge. Ne voulant lui faire le plaisir de le voir suffoquer, Aldaron le regarda bien en face et lui sourit.

- C'est de cela que j'aurais dû avoir peur ?

Le sinari, éberlué, n'en revint pas en le voyant tout boire mais ne s'avouant pas vaincu lui servit une autre rasade que le jeune taurion finit de la même manière.

- Je crois que j'ai gagné votre pari et vous me devez deux caisses d'acier feuillu, discutons acier feuilli d'ailleurs...


Son invité ne semblait guère ravi de perdre ainsi son pari mais en bon joueur, il feignit de ne rien lui montrer ou tout du moins c'était ce qu'il devait imaginer. Aldaron voyait cependant le sinari revenir à la charge en voulant marchander.

- Peut-être devrions-nous rajouter quelques caisses supplémentaires en jeu et rejouez le tout ?

- Nul besoin, nous pouvons discuter du prix de l'acier feuillu outre les deux caisses gratuites, asséna le taurion avec un léger sourire. Je souhaite deux charrettes de feuillu plutôt qu'une par mois, votre prix sera le mien...

Le sinari fuma sa pipe nerveusement tout en lui jetant des œillades.

- Je crains que cela ne soit pas possible... La guerre est inévitable entre les shaakts et les autres peuples sur Imiftil, néanmoins notre art du feuillu ne sert pas à la guerre, nous ne voulons pas permettre aux peuples de verser plus de sang qu'il n'a été déjà versé depuis les incursions shaakts dans vos forêts. Je suis désolé, mon ami, je dois vous dire non, le chargement restera d'une charrette par mois.

Aldaron feignit d'être déçu mais revit vite à la charge avec un argument de poids pour renverser la vapeur et gagner ce juteux contrat.

- C'est bien dommage, mon ami... Tant de bois dans nos forêts, prêts à fabriquer toutes sortes de choses: des chaises, des tables, des murs défensifs...des habitations sinaris, lâcha-t-il faussement innocent. Je crois que les humains ne veulent pas vous vendre le bois qu'ils achètent à Eniod, c'est bien cela ?

- C'est bien cela, concéda le sinari à contrecœur.

- L'affaire est donc réglée, vous avez votre bois et nous avons votre acier feuillu, cargaisons que j'escorterais personnellement si cela vous inquiète de tomber nez à nez avec un shaakt ou un prédateur un peu trop vorace.

- Mais...

- N'oubliez pas notre accord surtout, à présent je dois rejoindre mon frère Astaldo ! répliqua-t-il pour anéantir les dernières résistances du sinari.

Le saluant de manière très protocolaire, il se dirigea en direction d'Astaldo en grande conversation avec une earionne semblant plus intéressée par son corps plutôt que par les mots qui sortaient de sa bouche. Voyant qu'il gérait admirablement bien la situation et que quelques fioles de fluide magique étaient déjà disposés sur la table, Aldaron décida d'aller voir leur frère aîné en grande conversation avec le diplomate hinïon qui avait sciemment oublié les marques de respect envers un noble, même si ce dit noble vivait en ermite dans la forêt qu'il s'était voué à défendre contre tout envahisseur. Mais avant de pouvoir atteindre leur table, une hinïonne, au demeurant jolie, s'inclina devant lui et lui proposa de danser. Il n'avait pas le temps pour cela, au diable la diplomatie, pensa-t-il un instant avant que cette même personne lui dise être la femme dudit diplomate.

Ne pouvant reculer, il accepta l'invitation et s'inclina avant de poser sa paume de main contre celle de sa partenaire, dansant en rond.

- Pardonnez mon ton un peu cavalier mais êtes-vous là pour négocier avec moi plutôt qu'avec mon frère ?

L'hinïonne le jaugea un instant puis s'approcha aussi près que possible de lui sans pour autant violer le protocole.

- Je m'ennuie des conversations entre mon mari et votre frère en réalité. Il est vrai que vous vivez tout seul dans cette forêt et que vous connaissez chaque recoin ? J'ai entendu des récits intéressants sur vous, sur le fait que vous vous êtes proclamé protecteur de la forêt d'Eniod et que vous revenez rarement chez vous.

- Les rumeurs sont vraies mais étrangement, j'ai le sentiment que vos questions ne sont guère là pour satisfaire votre curiosité. Que voulez-vous de la forêt ?

Après un bref instant de silence, elle finit par le lui dire.

- Ne répétez cela à personne mais votre frère a appris que nos espions l'espionnaient au sein de votre village, ces mêmes espions après avoir été découverts sont aujourd'hui en plein milieu de nul part dans votre forêt. Votre frère demande des remboursements en contrepartie des dommages occasionnés et une certaine quantité de nos armes si nous voulons qu'une troupe de taurions retrouve nos espions.

Aldaron fronça les sourcils aux nouvelles de l'hinïonne et son corps se raidit imperceptiblement à l'annonce que leurs propres alliés les espionnaient à leur insu. Il s'efforça cependant de paraître tout sourire alors qu'ils dansaient encore.

- Soyez proche de vos ennemis et encore plus proche de vos amis, c'est bien cela ? Je comprends mieux les demandes répétées de fouiller la forêt depuis quelques semaines et sa paranoïa aiguë. Vous avez de la chance que ce soit mon frère que vous ayez surveillé et non ma personne. Si cela avait été moi, j'aurais tué vos espions et la forêt les aurait digéré puis recraché quelques jours plus tard aux abords d'Hidirain.

Cette fois, l'hinïonne se raidit à ses propos et trembla légèrement avant de reprendre contenance avec difficulté.

- Vous êtes celui qui connaissez mieux la forêt d'Eniod ainsi que sa partie sous le contrôle des maudits shaakts. Nos agents n'ont pas seulement surveillé votre frère, ils sont en possession aussi d'informations sensibles sur nos cousins à la peau d'ébène. Combien demandez-vous pour les retrouver ?

- Votre mari et mon frère me laissent fixer mon prix, voulut-il savoir.

Elle hocha la tête en guise de réponse.

- Négociez une part substantielle du myrhril des nains et ne revenez plus jamais nous espionner sur nos terres sinon je m'occuperai personnellement de votre cas...

La danse se termina et les deux partenaires s'inclinèrent. L'hinïonne revint auprès de son époux et apparemment son frère était heureux de l'offre, il ne fallait plus qu'à Aldaron de traquer les espions. (Enfin de les retrouver.)

Le banquet était à présent terminé et la salle du trône se vida au goutte à goutte. Astaldo chercha tout comme lui à fuir le banquet mais leur frère aîné leur demanda de rester encore, il avait des choses à leur dire apparemment.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Ven 29 Juil 2016 23:34 
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Chapitre 7: Le banquet (3ème partie)


Alors que le dernier invité sortait de la grande salle du trône ne laissant que les trois frères, Aranrùth leur proposa de s'asseoir, il était semble-t-il plus détendu et moins hargneux que d'habitude. Alors que quelques notes de musique résonnaient à l'extérieur de l'Assemblée et qu'Aranrùth buvait lentement l'alcool doux et fruité apporté par les hinïons, tout comme Aldaron, Astaldo semblait des plus pressés en tapotant du bout des doigts la table en chêne. Avisant son impatience, leur frère aîné prit la parole et elle résonna dans la salle du trône et du Conseil.

- Je dois dire que je n'aurais jamais imaginé que cette soirée se déroule sous de si excellents auspices. Des chargements en acier feuillu en masse et de fioles de fluide de terre vont arriver dans notre village, renforçant de ce fait notre prestige et notre puissance. Un petit lot d'armures en mythril rouge a été vivement marchandé et devra suivre dans les semaines qui suivent.

- Il ne reste plus que le point concernant les espions, intervient Aldaron légèrement en colère après la connaissance d'une telle information.

L'humeur d'Aranrûth s'assombrit tandis qu'Astaldo les pressa de questions auxquelles ni l'un ni l'autre des frères ne répondit.

- J'ai vaguement signifié aux diplomates hinïons que nous allons nous occuper de leurs espions, mais il y a là un problème de taille. Je ne vous ai pas informé des précisions quant aux espions et je n'ai nullement évoqué que je savais où ils étaient.

Aldaron réfléchit et un instant, une lueur vivace éclaira ses yeux alors qu'il fit un songe un peu dément que les espions hinïons avaient été capturés par leurs cousins à la peau couleur Olath, puis en voyant la mine grave de son frère, il songea que cette idée n'était peut-être pas des plus folles et prenait en réalité tout son sens avec les évènements récents.

- Attends ! Tu savais que des sektegs avaient traversé la frontière depuis le début, n'est-ce pas ? Voilà pourquoi tu avais besoin des prisonniers gobelins, pour t'en servir comme monnaie d'échange, pour pouvoir les vendre aux shaakts et pénétrer Khonfas plus facilement. Les espions ont donc bien été capturés par les elfes noirs...

- Oui, effectivement c'est le plan mais pour qu'il fonctionne, il va falloir faire appel à...

- A moi, répondit une voix douceâtre bien que masculine dans l'obscurité.

Instinctivement lorsqu'ils virent le shaakt se découvrir et se révéler aux lueurs lunaires, Astaldo et lui-même cherchèrent à dégainer leurs armes, cependant comme tout arme avait été proscrit durant la réception, ils étaient totalement à la merci de leur ennemi ancestral. Le shaakt était comme tout ceux de sa race, il possédait une chevelure aussi blanche que la sienne, ses yeux étaient couleur améthyste et sa peau aussi noire que l'ébène. Dans son ample robe rouge sanguine, sa prestance était accentuée par un visage anguleux relevé par des sourcils fins. Il tenait à la main un bâton en Olath sur lequel il s'appuyait semblant légèrement boité de la jambe gauche.

- Si je dois infiltrer Khonfas, j'irais seul et non nullement accompagné par un de votre espèce, prévint Aldaron sur la défensive.

- Ce n'est pas vous qui êtes en charge de la mission, ce sont vos frères que j'accompagne
, précisa-t-il d'un ton mielleux.

A leurs regards, Aranrùth leva sa main pour faire taire les répliques qui n'allaient pas tarder de pleuvoir sur sa tête et prit la parole.

- Cette mission ne te convient guère Cheveux Blancs, le débat est clos de toute manière ! C'est un travail de trois personnes et nous sommes deux seulement à ne pas éprouver la même haine envers les shaakts, Aldaron. Tu leur en as toujours voulu pour avoir saccager la forêt d'Eniod et l'avoir corrompu, Astaldo et moi-même ne sommes pas autant attachés à la forêt que toi. Notre peuple a besoin de toi, Aldaron, tu représentes pour eux le chef idéal.

- Mère ne serait pas d'accord avec tes choix, elle m'aurait envoyé à la mort plutôt que d'envoyer ses préférés avec un maudit shaakt en mission suicidaire. Je suis le dernier de notre fratrie et le protecteur de notre peuple, non son dirigeant. Je ne suis pas prêt pour supporter cette charge !

- Et pourtant, tu l'es Cheveux Blancs. Pourquoi crois-tu que j'ai été si méprisant à ton encontre, outre la jalousie concernant ton lien avec la forêt, je t'ai préparé à me succéder depuis le début. Je t'ai poussé à approfondir ton lien avec la nature comme jamais aucun taurion ne l'a déjà fait et tu as réussi cette épreuve avec brio. Je t'ai poussé à revenir dans le village avec les chasseurs blessés plutôt que de continuer la traque et tu as choisi de me tenir tête plutôt que de faire souffrir notre peuple, tu n'es donc pas aveuglé par la haine ni l'ambition. Enfin, ce soir, en sachant que tu n'aimais pas les banquets diplomatiques, je t'y ai poussé et tu as réussi également cette épreuve avec brio. Le Conseil des prêtresses a soutenu ta candidature, dès demain tu seras le régent par intérim de notre village en attendant mon retour.

Aldaron en était bouche bée d'entendre de tels mots sortir de la bouche de son frère aîné. Il avait été entraîné depuis sa naissance à succéder à son frère au détriment d'Astaldo. Mère aurait été verte de rage à l'idée qu'il puisse ainsi succéder à son préféré.

- Et Astaldo, c'est le second de la fratrie, tu devrais...

Cette fois-ci Astaldo l'arrêta et lui souriant, déclara:

- Je n'ai nulle envie de gouverner notre peuple et de toute manière j'ai prévu après cette mission de quitter notre village pour s'installer avec Miranda à Eniod. Tu es devenu rapidement l'unique gardien des secrets des taurions et de nos traditions. Notre clan n'aurait pu avoir meilleur chef, assura-t-il en posant sa main sur son épaule en un geste fraternel.

- Quand devez-vous partir pour Khonfas ? demanda Aldaron

- Demain matin à l'aube, répondit le shaakt à la place d'Aranrùth. Les portes de Khonfas sont toujours très bien gardées, nous allons devoir passer par le fleuve que nos navires empruntent pour rejoindre la mer. Un navire nous attendra un peu avant Khonfas et nous fera traverser, il y a quelques contrôles mais nous avons quelques cachettes sur ce navire que les autorités ne fouilleront pas. Ensuite nous noircirons vos peaux avec de la cendre, histoire que nul shaakt ne vous remarque.

Le plan était astucieux bien que périlleux, Aldaron devait bien l'admettre. Aranrùth était un maître d'arme aguerri endurci par l'entraînement sans relâche organisé par leur mère, il saurait faire de preuve de discrétion et surtout il saurait battre n'importe quel ennemi qui se dresserait sur sa route, en revanche, Astaldo maniait moyennement l'arc et tout aussi moyennement l'épée et c'était un doux rêveur de base.

- Et comment vous comptez les faire ressortir, shaakt ?

- Par le même biais mais cette fois-ci à l'intérieur de tonneaux à double fond remplis d'opale, un minerai que nous commençons à extraire dans la région, le renseigna le shaakt apparemment peu avare en information et d'aucune loyauté envers sa propre race, comme la grande majorité des elfes noirs d'ailleurs.

- Acrifiwi, laisse-nous ce soir, nous partirons à l'aube comme prévu, annonça le chef du clan au shaakt.

Le shaakt se plia à la volonté du souverain du clan Raven et retourna de nouveau se réfugier dans les ombres de Thimoros et Phaïtos. Aranrùth claqua des doigts et les portes s'ouvrirent de nouveau pour laisser place à l'humaine et à sa très chère compagne elfe.

- Vous devriez profiter de votre dernière soirée avec les êtres qui vous seront chers. Demain matin, nos vies à tous seront chamboulés... annonça-t-il d'un ton légèrement prophétique.

Aldaron hocha la tête et salua dignement ses deux frères avant de sortir en compagnie de Nennvial qui avait, pour l'occasion, revêtu une couleur plus sombre que d'ordinaire. Pendant un moment les deux amoureux ne dirent rien et s'en allèrent grimper le long des branches constituant sa maison jusqu'à s'installer tout du long sur le toit, à contempler les cieux et les étoiles éclairant cette toile d'un bleu marine très sombre. Depuis qu'ils étaient tout petit, c'était leur endroit préféré, ils adoraient contempler ensemble la voûte céleste de Yuimen, songeant aux péripéties qu'ils allaient vivre le lendemain.

Si leur destin était tracé, Aldaron n'aurait jamais imaginé qu'il deviendrait le chef du clan Raven dès demain matin à l'aube. Tous les taurions allaient-ils véritablement acceptés cette promotion ? Le Conseil composé des druidesses et des shamans de leur clan étaient-elles unanimes pour soutenir sa candidature ou son frère avait-il exagéré volontairement le trait ? Devait-il faire un discours et si oui, que devait-il leur dire ? Finalement c'est la main de Nennvial caressant son bras qui le tira hors de ses songes.

- Tu es bien pensif ce soir mon amour.

- Aranrùth m'a nommé chef du clan par intérim en son absence, lâcha-t-il.

Nennvial se tourna vivement vers lui, ses yeux brillant d'un intérêt certain à ses propos et à la fois luisant d'une certaine inquiétude.

- Attends, tu veux dire que tu es à présent notre chef du clan par décision de notre chef Aranrùth ? Je ne pensais pas qu'il aurait jamais compté désobéir aux ordres de votre mère. Le Conseil ne m'a pourtant pas informé d'une telle décision. Pourquoi une telle décision ?

Aldaron pensa qu'il valait mieux ne rien lui dire à propos de la mission, ce n'était pas une question de confiance, mais il valait mieux que personne d'autre ne sache exactement le véritable but de leur mission.

- Un simple voyage diplomatique légèrement plus périlleux que d'habitude, c'est pourquoi Astaldo et Aranrùth y vont pendant que je gouverne ici. Penses-tu que je ferais un bon chef de clan ? Nennvial ?

La druidesse se transforma en aigle avant de redevenir elfe en posant les pieds sur la passerelle reliant sa maison à l'arbre millénaire.

- Navré mon amour mais je dois encore fait quelque chose ce soir, on se retrouve demain matin, je suis certain que tu feras un excellent chef de clan, lui répondit-elle précipitamment avant de se fondre dans les ténèbres.

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 Sujet du message: Re: La Forêt Dense
MessagePosté: Dim 31 Juil 2016 13:56 
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Chapitre 8: Jeux de pouvoir et fratrie

Le lendemain de la décision du chef du clan Aranrùth, Aldaron se prépara à nouveau au cérémonial taurion, lui, un être si proche de la forêt qu'il en était venu à rejeter toutes formes de civilisation et de contacts avec d'autres êtres que les Oudios ou la faune locale de la forêt luxuriante d'Eniod. Avant d'être revenu dormir dans sa demeure, Aldaron eut le temps d'apercevoir Aranrùth et Astaldo s'engouffrer au petit matin dans la forêt sombre des shaakts guidés par l'elfe à la peau d'ébène en direction de Khonfas, maudite cité souterraine où il ne ressortait que de la haine et de la cupidité. Un peu plus tard dans la mâtinée, le nouveau chef du clan Raven dut faire face à ses obligations et la salle du trône reçut une bonne partie de son peuple, l'autre partie attendant dehors, se poussant presque pour apercevoir leur nouveau dirigeant, le mystérieux et l'auto-proclamé protecteur des forêts. Aldaron se retrouvait donc sur le trône en bois et en argent, les deux mains posés nonchalamment sur les accoudoirs. Le Conseil des prêtresses et des shamans du clan l'entouraient, impérieuses dominatrices et pourtant soumises à son autorité. Le paradoxe le frappa mais ce qui l'étonna le plus c'était l'absence de Nennvial dans l'Assemblée.

Elle avait agi étrangement hier soir comme si elle n'était pas heureuse de sa nomination et plus les minutes passaient, plus Aldaron songeait qu'elle lui cachait quelque chose. (Le pouvoir me monte-t-il à la tête ? Suis-je en train de devenir paranoïaque comme Aranrùth ou suis-je devenu comme lui à commencer à douter de tout afin de trouver la vérité camouflée par les subterfuges et les préjugés ?) Selon lui, un chef de clan se devait de ne point tergiverser et devait trancher dans le vif, être assuré de ses choix. Son frère lui manquait pour la première fois de son existence, il l'avait toujours vu comme un être mesquin et mauvais, mais à présent il voyait que sous ce masque s'était caché un meneur né, un souverain capable de faire ce que d'autres ne pouvaient faire. S'attendait-il à ce qu'il lui ressemble ou, au contraire, devait-il être un chef d'un genre nouveau ?

Toutes ses questions le firent douter de sa légitimité et il peina à écouter avec attention, les remerciements et les cadeaux de son peuple. Un instant pourtant, il retrouva son attention lorsqu'il reconnut les chasseurs de son frère qu'il salua avec déférence dans son armure d'apparat en acier feuillu. Soudain, une troupe de taurions apparut, hallebardes à la main et dont il ne connaissait pas le blason: deux sabres croisés argentés pointant vers le haut au niveau du poitrail de leur armure en mythril. Le plus effarant était la présence de Nennvial à leur côté et la magie qu'elle usa pour le maintenir contre le trône. Une main sombre le maintenait fermement, l'empêchant d'empoigner son arc posé contre le dossier du trône. La garde royale sortit leur hallebarde et pointèrent les intrus.

- Que signifie tout cela, Nennvial ?

Aldaron était resté calme, malgré l'envie de la tuer sur le champ, à nouveau son instinct animal avait pris le dessus.

- Je reprends ce qui m'appartient de droit, le trône qu'aurait dû hériter ma mère, votre clan qui aurait dû être le sien et le mien comme ton père le lui avait promis. Le clan Raven n'appartient en réalité qu'à mon clan originel, le clan Arven, déclara-t-elle d'un ton péremptoire. Oui Aldaron, je suis ta demi-sœur !

Des murmures intenses parcourent l'assemblée et même Aldaron n'en crut pas ses oreilles, alors son père n'avait même pas attendu la fin de leur éducation par leur mère qu'il s'était trouvé une autre compagne, telle était la tradition des taurions, la fidélité avait ses limites chez eux et c'était bien l'unique tradition que ne respectait pas Aldaron.

- Mon père a légué la place du trône à mon frère aîné, Aranrùth et je ne laisserai personne l'obtenir sans l'accord du Conseil et de notre peuple. Il importe peu que mon père t'ait promis de telles choses, il importe peu que tu sois notre demi-sœur si tant est que cette information soit vraie, tu violes nos lois, tu utilises la magie noire en ces lieux bafouant nos plus anciennes traditions. Au mieux, tu mérites l'exil, au pire la mort, à toi de choisir laquelle des sanctions tu désires... Ton clan doit quitter notre village et ne plus jamais y revenir !

Aldaron doutait fortement que Nennvial lui obéisse, il la connaissait depuis enfant et elle n'était guère du genre à obéir aux ordres édictées par une quelconque autorité, c'était ce trait de caractère qui lui avait plu. Aujourd'hui, cependant, il ne savait plus qui elle était, elle était devenue une étrangère, une menace pour leur clan et apparemment son père avait menti à sa mère pour coucher avec elle et l'enfanter. Les lois de succession des Taurions étaient limpides comme l'eau claire provenant de l'amont des montagnes d'Hidirain, seul le Conseil pouvait soutenir la candidature du prochain chef de clan et le meurtre entre taurions était interdit, en règle générale.

- Je ne crois pas te donner le choix, Aldaron ! J'aurais préféré qu'Aranrùth reste sur le trône plutôt que toi, tu commençais déjà à avoir des doutes sur moi tout comme le Conseil d'ailleurs, c'est pourquoi j'ai été tenu à l'écart de la mission de sauvetage de tes frères aux espions hinïons enfermés à Khonfas !

Des hoquets de surprise et des cris horrifiés balayèrent la salle du trône. Les chasseurs taurions ainsi que la garde royale étaient à bout de nerfs et n'attendaient plus que son signal pour régler le compte aux quelques troupes de Nennvial.

- Où sont-ils Nennvial ?

- Enfermés à Khonfas et torturés tout comme je l'ai été ainsi que ma mère, vendues toutes deux par la félonie de ton père pour protéger ses trois fils chéris, lâcha-t-elle avec dégoût. Aranrùth connait l'histoire tout du moins une partie et il n'a jamais cru bon de t'en informer, qui est le plus traître des deux à présent ? Ton père a trahi les taurions en promettant la vente des siens et alors que les shaakts ont demandé ses fils pour honorer sa promesse, il nous a vendu ma mère et moi !

Après un léger silence, elle relâcha l'emprise de sa magie noire sur lui et lui lança d'un air de défi:

- Qui vas-tu sauver, ton peuple ou tes frères ? Ton peuple va-t-il baigner dans son propre sang à cause de votre maudite famille ?

- Les deux !

Aldaron se leva, colérique et impérieux, son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il pensa aux tortures infligés à ses frères à cause de la cupidité et la haine de Nennvial, et la stupidité de leur père. Il dépassa les troupes de Nennvial et ordonna à son clan de retourner chez eux.

- Prenez le pouvoir en mon absence, blessez ne serait-ce qu'un des membres du clan Raven, Nennvial, et je te traquerai jusqu'aux confins de Yuimen !

Il déposa son armure d'apparat dans les mains d'un de ses soldats et remit son arc en bandoulière. Une dizaine de minutes plus tard, il parcourait librement la forêt d'Eniod, sautant d'arbres en arbres. Une trentaine de minutes plus tard, il traversa le territoire shaakt et reconnu les traces fraîches de ses deux frères et du guide shaakt, ainsi que plusieurs traces de pas plus profondes et plus nombreuses qui les avaient encerclées. Aranrùth avait raison, leur vie avait profondément changé et il savait à présent qu'il devait cesser d'être aveugle et voir la vérité en face, Nennvial les avait tous trahi et sans aucun doute profiterait de son absence pour prendre sa place, cependant il ne pouvait laisser ses frères mourir à Khonfas.

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