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-La veille-
Cette fois-ci, j'en avais assez... Je m'étais encore perdu ! Je cherchais une auberge, mais je ne trouvais que des stands, encore des stands, à perte de vue, à croire que j'étais dans un marché ! Il y en avait bien un ou deux où je me serais arrêter volontiers, mais ce n'était pas le moment. Grigwig m'avait envoyé un assassin, et il y avait eu beaucoup de chances dans ma victoire, si on peut appeler un meurtre ainsi... En effet, tuer me répugnait, mais il n'y avait pas le choix, surtout quand votre adversaire essaye de vous planter une épée dans la gorge ! Et je redoutais que, face à cet échec, il décide de m'en envoyer d'autres. Peut-être qu'en pleine possession de mes moyens, j'aurais une petite chance, mais avec ma blessure, plutôt profonde, que m'avait causé l'orque au flanc et qui n'allait pas en s'arrangeant, c'était la mort assurée... Même si je ne m'adressais à aucun dieu en particulier, je priai dans ma tête pour que le restant de cette journée se passe de façon normale.
Je m'arrêtai un moment pour voir ce qui pouvais causer un tel rassemblement, et je fus pris de pitié pour cet ours, devenu un animal de foire, alors que son seul désir serait de se balader avec ses congénères. Mais les chaînes qui le maintenaient ne lui laissaient pas la moindre chance de s'enfuir. Je me détournai de ce spectacle désolant, avant de reporter mon attention sur les stands. J'essayai de me faire indiquer le chemin de l'auberge la plus proche, mais apparemment, c'était celle de Grigwig le beau... décidément, il n'arrêtera jamais de me gâcher ma journée, celui-là ! Je demandais donc si il n'y en avait pas une autre, pas loin, mais la seule réponse que je pouvais obtenir était: «achète moi quelque chose, et je te répondrais, mon gars !» Mais vu mon budget serré et les prix exorbitants des marchands, je décidais de ne pas accepter les offres, quitte à dormir à même le sol. Mais là, je trouvais la solution : Des gardes ! Ils m'indiqueraient bien ma route eux, quand même !
Je m'arrêtais à leur niveau, avant de leur faire un bref salut et de les questionner : «Bonjour, pourriez-vous m'indiquer la route d'une auberge, autre que celle de Grigwig le beau ? » Au début, personne ne me répondit, puis le garde le plus proche de moi prit enfin la parole : « Y'a bien l'auberge du pied levé qui est pas si loin. Il vous suffit de prendre cette route sur une centaine de mètre, puis... » Mais déjà, je ne l'écoutais plus. Je me demandais ce que pouvait bien faire cette personne. Je remerciai le garde d'un signe de tête, avant de reprendre mon investigation. Tout ce que je pouvais dire pour l'instant, c'est que c'était une femme, et certainement pas la plus moche. Était-ce un elfe ? Je ne pouvais pas l'affirmer, toujours est-il que son comportement n'était pas celui d'une personne visitant juste les stands. Et j'eus ma confirmation quand je la vis approcher de l'ours et de son dresseur, dresseur qui se prit deux coups avant de s'écrouler, inconscient... ou mort. Encore une fois, ma journée ne serait décidément pas une journée de tout repos...
Je marchai rapidement dans sa direction, bousculant la foule sur mon passage. Ma progression n'était pas rapide, et à cette vitesse, elle serait déjà partie avant que je n'arrive. Mais soudain, la foule se dispersa, se bousculant les uns, les autres. Je priai à nouveau pour qu'elle n'ait pas fait ce à quoi je pensais, même si j'en avais la certitude. Et elle l'avait fait. Je partis donc à mon tour dans le sens inverse, m'éloignant d'elle, mais je préférais quand même sauver ma vie, l'ours n'ayant pas l'air de bonne humeur. Pourtant, il ne tuait personne, comme s'il ne cherchait pas à faire de mal, juste à partir. Mais apparemment, il fut le seul à le comprendre, les gardes s'amoncelant autour de lui. Un fut tué par l'ours, furieux de voir les torches et les armes qu'on brandissait contre lui. Ajoutant encore du chaos à la scène, la torche que tenait l'homme tué rentra en contact avec l'alcool que l'ours avait apparemment renversé dans son passage, produisant alors des flammes qui se propagèrent à une vitesse folle. Mais la priorité du moment, pour les gardes tout du moins, se fut l'ours. Et il ne fallut pas longtemps pour qu'il se fasse empaler par une multitudes de lances. Je fermai les yeux devant cette scène. Je ne supportais pas de voir un animal se faire tuer. Puis mes pensées se recentrèrent sur la femme. Sur celle qui était la cause de ce désastre...
Je remontai la rue en courant, près de l'endroit où l'ours avait été libéré, espérant la trouver. Je ne savais pas encore ce que je pourrais bien lui dire, mais j'improviserai le moment venu ! Une fois arrivé, je regardai à droite, puis à gauche, mais je ne vis pas la moindre trace. Il n'y avait que deux ou trois vendeurs, et quelques personnes venant tout juste d'arriver. Je cherchais alors un comportement suspect, comme une fuite, ou tout simplement quelqu'un essayant de partir discrètement. Et je trouvais justement une personne présentant toutes les caractéristiques d'un comportement suspect: encapuchonnée, et beaucoup moins affolés que les autres à en juger par sa démarche. Néanmoins, le temps que j'arrive, il était déjà trop tard, la personne avait disparu et était partie dans je ne sais quelle direction. J'en choisis une au hasard. De toute façon, rester ici serait suspect aux yeux des gardes, qui chercheraient sans doute un coupable d'ici demain...
-Le jour suivant-
La nuit que je venais de passer était peut-être bien la plus horrible de ma vie. (Enfin, autant que je sache) En effet, ne trouvant pas d'auberge, j'ai cherché pendant la moitié de la nuit un endroit à peu près convenable pour me reposer, et ne pus trouver rien de mieux que le mur d'une maison, au final. Si j'avais su, je n'aurais pas marché autant pour finalement retourner sur mes pas ! En effet, j'étais revenu à l'endroit où la présumée elfe avait disparue. Je me levai, me débarrassant de la poussière accumulée sur mes vêtements, et m'étira, mon dos me faisant souffrir, cette position adossée n'étant pas particulièrement agréable pour dormir. De là où j'étais, je pouvais avoir une vue à peu près générale de l'endroit où avait eu lieu le triple meurtre, et je fus impressionné: c'était comme s'il ne s'était rien passé. Tout le monde riait, tout était reconstruit, plus personne n'était terrifiée. Les corps aussi avaient disparus, de l'ours comme des deux autres. Je parcourais une dernière fois le marché avant de me figer: je l'avais retrouvée.
Je ne courrais pas. On aurait même pu dire que je ne marchais pas non plus, tant je me déplaçais lentement, pour ne pas me faire repérer. Mais elle était trop occupé à contempler les bijoux de ce stand pour me voir approcher. J'étais désormais tout proche d'elle, à environ trois pas. Puis je l'a reconnue, et mes soupçons se confirmèrent: c'était l'elfe blonde qui avait tuée le dresseur, et libérée l'ours. Essayant tant bien que mal de garder mon calme, et de ne pas appeler la garde tout de suite, voulant écouter ce qu'elle avait à dire auparavant. Je me rapprochais rapidement, avant de la saisir discrètement par le bras, et de l'emmener dans une rue à priori déserte, après quoi je la lâchai et me mis face à elle. « Pourquoi as-tu fait ça ?! Tu es folle ou quoi ?! Deux personnes sont mortes par ta faute, et tu oses encore revenir ici et faire comme si de rien n'était ? Tuer des personnes ne te fait donc rien ? Ton seul comportement suffirait à déshonorer toute ta race ! »On ne peut pas dire que j'attendais forcément quelque chose comme un sentiment de culpabilité, mais j'avais besoin d'une explication...
_________________ Adelchis, Humain, Guerrier
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