L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 29 Fév 2012 16:27 
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GALDAN SAUVE DES EAUX


« Papa ? On dirait une barque qui flotte seule, là-bas ! »
Le pêcheur Doras tourna la tête vers le point sur l'horizon que son jeune fils lui désignait du doigt. Portant une main au front pour ne pas être ébloui par le soleil, radieux en cette journée, il plissa les paupières. Sur les flots, au lointain, il distingua la forme d'une petite embarcation sans voile.
« Par Moura... Tu as raison, Yanos. Elle est trop loin pour en être sûr, mais j'ai l'impression qu'il n'y a personne dedans. Tes yeux d'enfant sont meilleurs que les miens, qu'en dis-tu ?
- La même chose, elle a l'air vide.
- Remontons le filet, nous allons diriger le bateau de ce côté. »
Ils enjoignirent le geste aux paroles et Doras fit manœuvrer son petit voilier de pêche vers la haute mer, s'éloignant du rivage du port de Kendra-Kâr.

Lorsqu'ils ne furent plus qu'à quelques brasses de la barque qui flottait à la dérive, Yanos, debout à l'avant, s'écria :
« Papa ! Il y a un homme couché à l'intérieur ! »
Le pêcheur réduisit la voile pour amener doucement son bateau à côté de la petite embarcation, qu'ils amarrèrent aussitôt à la leur avec un cordage. L'homme qui était étendu sur le dos au fond de la barque entre deux rames ne donnait aucun signe de vie, les yeux clos, immobile.
« Il est mort ?
- Comment veux-tu que le sache, fils, tant qu'on n'a pas essayé de le remuer ! Tiens, prend ! Pique le un peu pour voir ! »
Le petit Yanos s'empara de la gaffe que lui tendait son père, et en approcha précautionneusement le bout pointu du présumé cadavre. Sitôt qu'il eut touché le ventre du corps, celui-ci remua et gémit.
« Non... Non... Laissez-moi me reposer rien qu'un instant, insatiables succubes... Je n'en peux plus...
- Il est vivant ! Mettons-le à bord ! »

Ils passèrent dans la barque et le père saisit l'homme sous les bras pour le soulever. Son fils lui prêta main-forte avec les jambes de son mieux, et ils le hissèrent à l'intérieur de leur voilier, où ils l'installèrent avec douceur. L'étranger n'avait toujours pas ouvert les yeux, et se débattait mollement dans un état de semi-conscience, protestant contre un interlocuteur imaginaire.
« Vous allez finir par me tuer... Bon, à ta guise, ribaude... Tu ne me laisses pas le choix de toute façon...
- Il délire ! C'est certainement le rescapé d'un naufrage. S'il est resté plusieurs jours ainsi à la dérive sous le soleil, ça lui a peut-être grillé la cervelle.
- Hé, papa, il a un lutin des culottes ! »
Le lutin des culottes était un conte qu'avait inventé une fois ce père soucieux de préserver l'innocence de son jeune fils, lorsque ce dernier l'avait surpris en train de guigner du côté des prostituées du port et s'était étonné de la bosse qui déformait les braies de son paternel. L'invention n'était pas fameuse, et il avait eu bien du mal à convaincre le garçon dévoré de curiosité qu'il ne pouvait pas lui laisser voir l'être surnaturel sous peine d'être victime d'un mauvais sort, mais l'enfant était particulièrement naïf pour ses neuf ans et avait fini par admettre l'histoire de son père.

Doras porta donc son regard sur l'entrejambe du naufragé qui présentait un formidable renflement.
"Thimoros m'emporte, il est raide comme un mât de misaine !" constata-t-il pour lui-même. "Ce maraud doit être en train de faire un rêve bien étrange et bien plaisant. Et si je ne m'abuse, en voilà un qui a été plutôt gâté par les dieux."
- Son lutin à lui est beaucoup plus grand que le tien », décréta Yanos.
- Hé ! Pas beaucoup plus grand ! » protesta vivement son père, outré. « Un peu plus, d'accord, mais... Bon ! Peu importe ! » bougonna-t-il. « Nous allons faire partir ce lutin qui n'a rien à faire ici et réveiller notre homme en même temps. »
Il se saisit d'un seau vide parmi ceux qui étaient destinés au poisson et le remplit dans la mer, pour en projeter le contenu glacé en plein visage de l'étranger, qui se redressa aussitôt en toussant et crachant.

« Où suis-je ? » finit-il par demander lorsqu'il eut reprit ses esprits.
- Tout va bien, l'ami ! Vous êtes sur le bateau de Doras le pêcheur avec son fils Yanos ! Nous venons de vous recueillir au large de Kendra-Kâr.
- A... A boire, par pitié ! » implora l'homme en retombant mollement en arrière, visiblement à bout de forces. Doras ouvrit le tonnelet d'eau douce qu'ils avaient emporté pour leur journée et y plongea un gobelet de bois qu'il apporta ensuite aux lèvres du malheureux assoiffé. Celui-ci recracha aussitôt comme si on avait tenté de l'empoisonner et conjura, le regard suppliant :
« Non... Du vin, pour l'amour du ciel ! »
Doras haussa des sourcils étonnés, mais par chance il se munissait toujours d'une gourde de clairette de Wiehl pour agrémenter les heures de patience en attendant que les filets s'emplissent. Reposant le gobelet, il déboucha la gourde puis en versa une lampée dans la bouche du capricieux rescapé, lequel, lui arrachant subitement des mains, en vida le contenu en quelques longues gorgées.
« Aaaaah ! Enfin ! Trois jours que je n'avais pas bu une goutte d'alcool ! Merci, mon bienfaiteur. »
L'inconnu, qui semblait littéralement revivre, adressa un sourire reconnaissant au pêcheur avant de se lever pour prendre place sur le banc en face de lui. Doras, surpris par ce qui avait toutes les apparences d'une résurrection miracle, se demanda quel élixir on lui avait vendu en place d'un simple vin de Wiehl. Mais il avait d'autres questions plus pressantes en tête.
« Nous direz-vous qui vous êtes et comment vous vous êtes retrouvé à bord de cette barque perdue au milieu des flots ? »
L'étranger essora un peu le pourpoint écarlate dont il était vêtu avant de lui répondre avec solennité.

« Brave pêcheur, celui que tu viens de secourir n'est nul autre que Galdan de Vaugoupil, seigneur de Vaugoupil, de la lointaine et mystérieuse île d'Imiftil, d'où il s'embarqua voilà deux semaines à bord de l'Hippocampe. »
L'humble Kendran fut saisi de respect au titre du personnage et inclina la tête avec déférence.
« Mon Seigneur...
Le dénommé Galdan l'interrompit d'un geste.
« Tu m'as sauvé la vie, aussi point de manières. Appelle-moi simplement Messire de Vaugoupil.
- Bien, Messire de Vaugoupil.
- A la bonne heure. Mais laisse-moi avant toutes choses, heureux homme, te récompenser comme il se doit au moyen de quelques pièces bien méritées... »
Portant la main à sa ceinture, Galdan réalisa que sa bourse ne s'y trouvait pas. « Mes affaires ! Mon épée ! » s'écria-t-il en se levant d'un bond affolé. Avisant la barque arrimée au voilier, il sauta dedans et fouilla avec frénésie sous un banc de nage. Il en ressortit triomphant son épée, une besace de cuir et un bouclier qu'il brandit bien haut. « Ha ! Mon fier renard ! Un instant j'ai cru t'avoir perdu. »

Il embrassa avec ferveur l'animal peint sur son écu avant de revenir prendre place dans le voilier du pêcheur muni de ses précieuses possessions. Puis, ouvrant une poche de son sac avec un clin d'œil plein de promesse à l'intention de Doras, il en tira une bourse qu'il délia, pour aussitôt faire la grimace devant son contenu.
« Diantre ! Il ne me reste en tout et pour tout qu'une cinquantaine de Yus... A peine de quoi vivre selon mon rang durant deux jours... » Il se fendit d'un sourire confus pour le pêcheur. « Hem... Je crois hélas que... »
Mais une idée l'illumina soudain. D'un ample et auguste mouvement du bras il désigna la barque qui flottait à leurs côtés.
« Bon pêcheur, je te fais présent de cette noble embarcation dont tu tireras sans doute un prix d'or de retour au port ! Surtout lorsque tu narreras l'aventure épique qui la mit entre tes mains... »
Un peu déçu mais y trouvant finalement son compte, Doras enjoignit d'abord d'un geste à son fils de l'aider à remettre le filet à l'eau. Chose faite, ils se calèrent tous deux confortablement en face de l'excentrique étranger pour écouter avec attention son récit.

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Dernière édition par Galdan le Mer 29 Fév 2012 17:31, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 29 Fév 2012 17:20 
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L'ODYSSEE DE VAUGOUPIL


I – LA FIN DE L'HIPPOCAMPE


"Comme je le disais, je quittai Tulorim il y a bientôt deux semaines à bord de l'Hippocampe, cogue marchand rempli jusqu'à la gueule d'une cargaison de vins Wiehl à destination des caves kendranes. Les deux premières journées de traversée s'accomplirent sans encombre : le soleil resplendissait, le vent nous était favorable. Mais voilà qu'à l'aube du troisième jour...
Nous vîmes poindre une voile à l'horizon, qui marchait dans notre direction. La vigie identifia pavillon bouhannais, et on présuma qu'il faisait route vers Imiftil que nous avions quittée. Mais plus il approchait, plus il nous semblait qu'il voguait délibérément vers notre propre navire... C'est alors que du nid-de-pie retentit le cri terrible qui nous transperça jusqu'à la moelle :
« PIRATES ! PIRATES ! »

Yonas sursauta : le Wiehl avait hurlé à pleins poumons. Le jeune garçon se blottit contre son père et continua à écouter avec de grands yeux fascinés.

"Trahison ! L'autre vaisseau avait en effet baissé la bannière azur et gueules de Bouhen pour hisser à sa place le funeste pavillon noir de la flibuste. Aussitôt, le capitaine de l'Hippocampe donna ses ordres pour virer de bord et tenter d'échapper à leur poursuite. Car notre équipage n'était constitué que d'une quinzaine de marins, qui n'avaient rien de guerriers, et ne possédaient pas même d'armes dignes de ce nom. J'étais le seul à bord à savoir me battre, et pour en valoir cinq à moi seul, cela ne nous laissait néanmoins aucune chance à l'abordage. La retraite s'imposait comme notre seul salut. Mais l'Hippocampe était lourd du vin dont il était chargé. Tel un ivrogne complètement cuit qui rampe dans le ruisseau, il se traîna pour faire son demi-tour et ne reprit sa course que péniblement. Le navire pirate, en revanche, était un trois-mâts taillé pour la poursuite : il gagnait sur nous de minute en minute.
Bientôt il nous fallut nous rendre à l'effroyable évidence : nous ne leur échapperions pas. L'on pouvait déjà presque distinguer les silhouettes de nos ennemis sur leur gaillard d'avant. Recommandant mon âme à mes ancêtres, je dégainai et me préparai avec une froide résolution à vendre chèrement ma fourrure.

« Courages, camarades ! » criai-je pour redonner du cœur aux infortunés matelots en notre dernière heure. « Nous leur ferons payer cher notre mort atroce ! Beaucoup seront massacrés sur place, les autres seront pris vivants et torturés durant des heures, mais nous verserons chaque litre de notre sang en riant avec panache ! »
Ma harangue ne déclenchant pas les hourras escomptés, je me retournai et réalisai avec indignation que ces poltrons s'étaient tous rassemblés autour de la chaloupe de secours, qu'ils se hâtaient de mettre à l'eau, fébriles d'épouvante.
« Que faites-vous ? » leur demandai-je médusé.
« Ils n'en veulent qu'à la cargaison ! Fuyez avec nous, un autre bateau nous récupérera ! » me répondit le capitaine. Scandalisé, je rétorquai avec morgue :
« Jamais un Vaugoupil ne s'est escampé de si piteuse façon ! »
Mais mon exemple stoïque ne tira aucun sursaut de bravoure de cet infâme pleutre.
« Nous nous souviendrons de votre valeureux sacrifice, vaillant héros ! » me cria-t-il avant de descendre dans la chaloupe. Impuissant, je ne pus que les regarder se débiner à toutes rames loin de l'Hippocampe et de l'abordage imminent.

Laissant ces misérables à leur couardise, je leur tournai le dos avec dédain, fermement déterminé à toiser la mort en face, m'apprêtant à livrer mon dernier combat. Je portai mon regard sur le navire des forbans qui ne se trouvait plus qu'à quelques dizaines de brasses... Et quelle ne fut pas ma surprise quand je m'aperçus que les flibustiers étaient en réalité..."

Galdan marqua une pause, savourant le suspense qu'il infligeait à son auditoire captivé.
« Quoi ? Quoi ? » trépida le petit Yanos. « Des squelettes ?
- Plus improbable encore », l'assura de Vaugoupil en lui posant une main sur l'épaule. « Des femmes !
- Oooh... » le garçon paraissait très déçu. Mais son père, qui comprenait l'insolite de la situation, s'exclama avec étonnement : « Des femmes !?
- Je fus aussi surpris que vous. Un navire peuplé de femmes, et tout l'équipage encore, du capitaine à la moussaillonne ? J'ignore encore aujourd'hui d'où elles venaient, et quel destin les rassembla pour constituer cette horde exclusivement femelle de pirates. Des aspirantes à la Sororité de Selhinae renâclant une fois aux portes devant la morne perspective de la vie de cloître, et qui là, devant le monastère, échafaudèrent ensemble ce projet fou ? Des proscrites de toutes contrées, regroupées au fil de leurs errances et réunies dans leur rébellion contre les lois des hommes et l'ordre naturel ? Je ne le sus et ne le saurai sans doute jamais. Mais, » poursuivit de Vaugoupil en baissant la voix sur un ton de confidence, « et voilà bien le tour le plus étrange et merveilleux de l'affaire : il n'y avait là sans exception que des créatures jeunes et d'une grande beauté, comme j'allais bien vite m'en rendre compte. »

Ignorant le haussement de sourcils intrigué du pêcheur, le Wiehl reprit son récit.
"Je n'eus pas le loisir de gamberger sur la question, car déjà le vaisseau de ces flibustières était venu se placer bord à bord avec l'Hippocampe. Du navire pirate, les grappins jaillirent, l'abordage venait de commencer ! Hurlant comme des furies, les premières démones sautèrent sur le pont du cogue tulorien dont j'étais bien l'unique défenseur. Ce qui ne manqua pas de les dérouter à leur tour. Soudain méfiantes de me voir me tenir seul, lame au poing plein de mâle assurance, elles me cernèrent sans oser se ruer sur moi, flairant un piège. Si bien que je me vis encerclé par une quarantaine de jeunes femmes ravissantes, qu'en d'autres occasions j'eus assailli de mes galanteries... Mais qui, le regard farouche, s'apprêtaient à m'assaillir, moi, et pour me tailler en pièces ! Cependant elles restaient interdites, essayant de démêler si celui qui osait les défier seul contre toutes avec une audace infernale était un inconscient ou un surhomme qui recelait quelque atout insoupçonné. Le doute les tenant encore en respect, je profitai de ce moment de répit avant la curée que je pressentais imminente pour me repaître de la vision de ces corps sublimes. Ces jambes de rêve étroitement gainées dans des bottes cuissardes qui montaient sur des pantalons moulants... Ces petits chemisiers de lin blanc vaporeux entrouverts sur des décolletés plus appétissants qu'un gâteau à la crème... Aah, si l'heure était venue de mon trépas, autant en finir sur cette image.

Une rouquine aux cheveux courts flamboyants et aux yeux de braise brisa enfin le silence avec un petit sourire mutin qui me fit chavirer intérieurement – bien que je n'en montrasse rien à cette scélérate qui avait fait sienne la vie de criminelle et dont je n'attendais aucune pitié.
« Te voilà bien seul, l'homme ! Il semblerait que ton équipage ait eu plus de bon sens que toi... Qui es-tu, toi qui prétends défendre à toi seul ce navire contre mes quarante-trois démones ? Es-tu insensé ? Crois-tu que parce que nous sommes femmes, tu aurais la moindre chance contre nous ? Allons ! Ton nom, avant de mourir !
- Apprends que je suis Galdan de Vaugoupil, seigneur de Vaugoupil, et j'ignore quelle est ma chance, mais je la courrai ! De ma vie je n'ai fui devant aucun homme, alors encore moins devant une bonne femme. Et quoi que j'aie une profonde répugnance à tirer l'épée contre le sexe faible, je la surmonterai, car j'entends emporter le plus grand nombre possible d'entre vous avec moi dans l'autre monde. Moque le péril, croque le conil ! »
Je terminai ma tirade de défi en proclamant bien fièrement la devise de ma famille. La magnifique diablesse rousse éclata alors d'un rire que je goûtai fort peu. J'avais osé espérer un peu de respect devant la belle témérité suicidaire dont je faisais montre.
« Un nobliau ! » s'esclaffa-t-elle. « Voilà qui explique tout ! Voyez, mes sœurs, ce que sont ces hommes-là, si bouffis d'orgueil et de leur supériorité de naissance, qu'ils n'admettront jamais être vaincus même enterrés six pieds sous terre avec leurs privilèges ! Voici bien l'arrogance de l'élite féodale masculine engendrée par l'oppression patriarcale !
- Je n'entends rien à ton charabia, belle mégère, mais il me semble m'être présenté ! »

Elle se fendit d'une révérence aussi narquoise que gracieuse.
« Soit, Messire ! Sache que je suis quant à moi Valtryss la Rouge, capitaine de la Vengeance de Sisstar ! Et voici mes hardies compagnes et fidèles sœurs jusqu'à la mort ! »
Sa bande de pirates à poitrine l'acclama vigoureusement. Lorsque le vacarme de leur ovation se tut enfin, elle reprit avec plus de sérieux :
« Trêve de plaisanteries. Je reconnais que contrairement à nombre de tes pairs qui sont surtout forts en gueule, tu as vraiment du courage, Sire de Vaugoupil. Mais cela ne change rien au sort que je te réserve. Qui ne sera pas la mort, finalement. Puisque tu dis être de noblesse, non seulement je monnaierai un bon prix de ton aristocratique personne au premier marchand d'esclave que nous croiserons, mais je tirerai ainsi un grand plaisir de te savoir pareillement déchu de la condition dont tu n'as joui que par droit de naissance ! Allons, filles d'Oaxaca, emparez-vous de lui ! »

Cette sentence sonnait à mes libres oreilles pire que la promesse de la mort. Plutôt périr qu'être réduit à la servitude ! Perdu pour perdu, autant leur crier ma façon de penser avant d'y passer.
« Je vais vous expédier à votre place, mes belles garces ! Aux fourneaux dans les cuisines des enfers ! »
Sur cet ultime cri de défi, je me mis en garde et je m'apprêtai à me battre comme un lion jusqu'à mon dernier souffle... Mais la bataille prit fin avant même d'avoir commencé : je reçus un violent coup en traître par derrière, sur la tête. L'une de ces garces avait du se faufiler dans mon dos cependant que je prêtais attention aux paroles de leur capitaine, pour m'assommer avec un solide bout de bois au moment convenu. Sonné, je vis le monde basculer dans l'obscurité autour de moi et m'effondrai inconscient.

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Dernière édition par Galdan le Ven 2 Mar 2012 02:58, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 1 Mar 2012 18:01 
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II – A LA MERCI DES SŒURS DE LA COTE


Galdan interrompit son récit le temps de porter la main au sommet de son crâne, et de tâter à la recherche d'une bosse désormais fantôme mais qui l'avait longtemps accompagné.

"Fort heureusement j'ai la tête dure, sans quoi avec un coup pareil, elle me l'aurait fracassée. Mais reprenons. Lorsque je revins à moi, j'étais solidement ligoté au mât d'artimon de la Vengeance de Sisstar, tourné vers le gaillard d'arrière sur lequel les boucanières, indifférentes à mon sort, tenaient une sorte de réunion solennelle. Un coup d'œil sur la mer m'apprit que nous voguions déjà vers une destination que j'ignorais. Je cherchai l'Hippocampe du regard, me tordant le cou pour essayer de l'apercevoir sur l'océan dans toutes les directions à ma portée. Je n'en vis nulle trace et compris que ces forbans femelles avaient préféré, une fois la cargaison transportée à leur bord, saborder le cogue trop lent sur l'eau plutôt que de s'en emparer, ce qui les eût forcées à diviser leur équipage et adopter une marche de convoi, toujours dangereuse pour des pirates. Je portai à nouveau mon attention sur les flibustières qui, à quelques pas de moi, me tournaient le dos, assemblées en contrebas de la dunette d'où leur capitaine les haranguait. Je m'étais réveillé au beau milieu d'un étrange procès. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, il ne s'agissait pas du mien.

« Notre tribunal a donc parlé ! » proclama Valtryss la Rouge. « Pour avoir tenté de celer à son profit personnel un miroir pris du butin sans le soumettre au partage comme l'exigent nos lois, et selon la sanction prévue par le règlement du bord, la matelote Ivana est condamnée à vingt coups de fouet ! »
Cet arrêt fut accueilli par un silence de mort. La foule s'écarta sur une jeune blonde qui se tenait la tête basse, honteuse. Mon cœur se serra devant ce beau visage parsemé de tâches de son. Coupable ou pas, je lui aurai pour ma part accordé grâce mille fois... Ou plutôt... l'aurait tenue quitte pour... une bonne fessée."

Une étrange lueur s'alluma dans le regard de Galdan tandis qu'il s'arrêta pour méditer un instant sur cette perspective. Le jeune Yanos, lui, acquiesçait gravement, une fessée pour un vol lui semblait suffisamment sévère.

"Mais j'avais assez pratiqué les grands navires pour savoir que la discipline qui y régnait était d'une terrible dureté. Je vis la délicate jeune fille amenée par deux de ses camarades devant une caisse sur laquelle on la courba. Valtryss la Rouge descendit de la dunette et je m'étonnai de ce qu'une de ses acolytes lui tendit un fouet. Il n'est pas dans les attributions du capitaine d'infliger lui-même les châtiments corporels, besogne dévolue habituellement au quartier-maître. Mais je compris bien des choses en discernant un sourire sur les lèvres de la rouquine. Elle retirait d'avance un plaisir sadique à fouetter la fautive. Cette dernière fut dévêtue de son chemisier, dévoilant de magnifiques petits-"

- De magnifiques petites épaules », coupa Doras en lorgnant brièvement et de façon très ostensible vers son fils. Galdan répondit par un hochement de tête entendu.
« Exactement, de magnifiques petites épaules... Roses, bien fermes... Rondes comme des pommes, et qui pointaient orgueilleusement comme une invitation à venir les croquer. »
Les yeux du pêcheur brillèrent.

"La propriétaire de ces petites merveilles assuma la position en prenant appui sur la caisse. Surmontant mon horreur pour la cruauté de la flagellation qui allait s'abattre sur la peau si fine et douce du dos de la jolie blonde, je dois bien avouer que je commençais moi-même à prendre grand intérêt au spectacle, pour lequel j'étais installé aux premières loges. Et voilà que Valtryss la Rouge prit la parole.
« Tu as été une très, très vilaine fille, Ivana... Et tu mérites une bonne punition. »
A ces mots qui ne manquèrent pas de me troubler, elle leva le fouet... Et l'abattit en un coup dont la violence me parut plus que mesurée, pour avoir auparavant assisté à semblables supplices. La dénommée Ivana poussa un cri qui ne me sembla pas franchement tiré par la douleur.
« Compte ! » lui ordonna Valtryss.
Ivana obéit d'un vibrant « Un ! » auquel succéda un second coup assené sur le même mode que le premier. Le reste de la punition se déroula à l'avenant. A chaque claquement de la lanière de cuir qui s'abattait de plus en plus bas sur son dos, Ivana se cambrait lascivement, tandis que ses... épaules tressautaient en rythme. Fasciné, je contemplai ce corps à demi-nu se tendre et se cabrer sous la correction en s'accompagnant de gémissements qui me... bouleversaient au plus profond de l'âme.
« Ouh ! Dix-huit ! Ah ! Dix-neuf ! Ooh ! Vingt !»
A la fin, Valtryss remisant son fouet la gratifia d'une dernière claque sur les fesses « pour la route », comme elle le précisa en souriant de toutes ses dents.
Une pirate qui se tenait près de moi souffla à sa voisine : « Ivana l'a fait exprès, elle s'est dénoncée elle-même. Toujours un prétexte pour être punie ! »
Cette révélation s'avéra ne pas me stupéfier outre mesure... Valtryss la Rouge donna un ordre qui me laissa songeur.
« La sanction a été infligée, le temps de l'indulgence est venu. Qu'on emmène cette coquine de larronne dans ma cabine, je lui enduirai le corps d'un baume apaisant. »

Sur ce, la tortionnaire rousse posa les yeux sur moi pour la première fois depuis que j'avais repris conscience.
« De retour parmi nous, le nobliau ? Oh, mais je vois qu'on n'a pas perdu une miette du spectacle ! » éclata-t-elle de rire. « Moura m'emporte, voilà que notre navire est promu au rang de quatre-mâts ! »
La scène à laquelle je venais d'assister m'avait en effet laissé sur une intense émotion, et la capitaine pirate n'avait pas pu ne pas remarquer l'énorme protubérance produite par mon..."

« Lutin des culottes », interrompit Doras en hâte.
- Plaît-il ? »
Galdan fixa interdit le pêcheur. Ce dernier désigna une nouvelle fois discrètement son garçon, et se mit à expliquer.
« Comme nous le savons tous ici, Messire, et ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre, une femme n'a pas de plus grand plaisir au monde que d'être chatouillée par un homme. Les hommes en retirent également une grande joie et le font volontiers. Or parfois il arrive, lorsque l'envie qu'a un homme de chatouiller une femme devient trop forte, qu'apparaisse alors dans son pantalon un lutin des culottes, spécialiste en la matière, pour lui prêter assistance, car les femmes n'aiment rien tant que les chatouilles du lutin. »
Le regard de Galdan passa du père au fils, lequel hochait la tête en signe d'acquiescement.
« Mais bien entendu », répondit le Wiehl. « Et c'est précisément là où j'allais en venir, mon bon Doras.»

"A force de contempler cette jeune femme torse nu se tordre voluptueusement sous le fouet, était montée en moi une envie de chatouiller violente, irrésistible. Je n'en pouvais tout simplement plus. Si bien que mon lutin était apparu plus vigoureux que jamais, poussant de toutes ses forces contre les parois de mon pantalon comme s'il voulait le déchirer pour en jaillir, et c'était bien là la chose qui amusait tant la pirate. Elle s'attendait à ce que son rire soit repris par tout son équipage. Mais au lieu de cela, il s'était installé un profond silence. Fascinées, les flibustières semblaient ne plus pouvoir détacher les yeux de mon entrejambe monstrueusement bombée. Car il faut savoir, et je dis cela sans forfanterie, que mon lutin à moi est d'une taille peu commune, bien supérieure à celle de nombre de mes semblables."

- Ca va, on sait », grommela Doras avec une pointe d'agacement.
- Comment diantre pouvez-vous... Qu'importe.

"Toujours est-il que quarante-trois regards écarquillés me considéraient avec admiration, sinon convoitise. Ce que voyant, déplut fortement à la quarante-quatrième paire d'yeux, celle de Valtryss la Rouge. Cette dernière arracha ses consœurs à leur contemplation ébahie par un rugissement qui les fit sursauter.
« Et bien quoi, vous n'avez jamais vu un homme ? On dirait un troupeau d'oies blanches !
- Mais Valtryss... Je veux dire : Capitaine, vous avez vu la taille de s-
- SILENCE ! Je vais couper court à cette exhibition grotesque ! »
Soudain folle de rage, elle tira une dague de sa ceinture et se mit à avancer vers moi à grandes enjambées.
Je fis appel à tout mon sang-froid pour conserver un visage impassible, mais priais intérieurement mes bons ancêtres que ce poignard manifestement destiné à me faire un mauvais sort trouve le chemin de mon cœur ou de ma gorge sans réaliser de détours préalables. Lorsqu'elle fut en face de moi, une bravade m'échappa :
« Si tu souhaites admirer la vue depuis mon donjon, Valtryss la Rouge, attends-toi à une épuisante ascension ! »
Je regrettai aussitôt ma maudite verve qui ne pouvait que canaliser son ire sur l'objet de ma dernière saillie, passez-moi l'expression. Je venais, si j'ose dire, de lui tendre une fameuse perche. Mais sans mot dire, elle se contenta de couper mes liens, à mon indicible soulagement.
« Qu'on me jette ce phénomène de foire aux fers ! »

C'est ainsi que je me retrouvai enchaîné à fond de cale. On m'abandonna ainsi, en bien inconfortable position assise forcée contre une paroi de la coque, sans que je pusse même m'allonger ni me tourner sur le côté. Mes bras étaient retenus par de courtes chaînes à deux anneaux fixés haut au-dessus de ma tête, de sorte que mes mains indisponibles, je ne pouvais pour apaiser mon nez qui commençait à me démanger furieusement que me le gratter sur l'épaule. Mes pieds entravés à une barre d'acier fichée dans la coque à cet usage, m'empêchaient de replier les jambes.
Et je ne devais pas tarder à regretter le soleil et l'air du large dont j'avais bénéficié sur le pont. De longues heures s'écoulèrent ainsi dans l'obscurité, durant lesquelles je ruminais sur mon infortune. Hélas ! Si je n'avais pas si bien été pourvu, on m'eût peut-être laissé à l'air libre ! Je maudissais mon lutin hors normes sans savoir encore que c'est à lui que je devrais ultimement mon salut.
Car en effet..."

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 3 Mar 2012 19:56 
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III – FORCAT DU PLAISIR


"Après une attente qui me sembla interminable, quelqu'un descendit enfin. Je fus un instant ébloui par la lumière de la lanterne. C'était une ravissante brune aux yeux clairs dotée d'une paire de, d'épaules, somptueuses, et qui venait m'apporter à manger.
« Enchanté, ma jolie. Galdan de Vaugoupil, pour te servir... Tu me pardonneras de ne pas me lever pour t'accueillir.
- Silence, prisonnier » dit-elle simplement, mais ma désinvolture dans ma situation peu reluisante lui tira un sourire amusé. « Ordre de ne te détacher sous aucun prétexte. Je vais te donner la becquée, mon beau. »

Elle s'agenouilla à côté de moi et porta d'abord un cruchon d'eau à mes lèvres. Je reculai la tête.
« De l'eau ? Si je ne me trompe vous avez maintenant à bord plus de vin que dans les caves du Conseil de Tulorim ! Quelle pingrerie et quelle hospitalité !
- Bois », répondit-elle simplement en me renversant le contenu de la cruche dans la bouche. Je fus bien forcé d'avaler cette boisson amère, dont une bonne partie se répandit sur mon torse.
« Ton repas maintenant. » L'aspect de la gamelle de gruau qu'elle montrait me dépita.
« La peste m'étouffe ! Jamais vu une tambouille aussi peu appétissante. Vous devez avoir une bien piètre et méchante cuisinière ! Ha, ça, Je gage qu'elle est aussi laide que la nourriture qu'elle prépare. »
- Oh ! » La brunette me donna un coup de cuillère sur le nez, scandalisée. « C'est moi, la cuisinière du bord ! Et je mijote d'excellents plats ! » protesta-t-elle avec une moue vexée. « Ce n'est que sur ordre du capitaine que je t'ai préparé cette bouillie. C'est vrai que ça n'a pas l'air bon... » convint-elle penaude. « Mais tu n'auras que ça ! Allons, ouvre-moi ce museau ! »

Je fus bien obligé de m'exécuter et de la laisser m'enfourner la fade mixture dans la bouche. Elle me nourrit ainsi avec la bienveillance d'une mère qui donne à manger à son petit, rattrapant de la cuillère les coulures qui me dévalaient de temps à autre sur le menton. Cette fille si douce et maternelle n'avait rien d'une sanguinaire écumeuse des mers. Comment avait-elle pu se retrouver ici ? Quelle était son histoire ? Je brûlais d'entamer la discussion, mais elle ne m'en laissait pas franchement l'occasion, m'engouffrant avec douceur mais fermeté la bouillie dans la bouche chaque fois que je desserrais les dents. Je me résignai à m'en tenir à cette seule relation, après tout j'étais déjà traité bien au-delà de mes attentes.
A peu près à la moitié de ce morne festin, la jeune femme se releva en grimaçant.

« J'ai mal aux genoux ! » m'expliqua-t-elle. Elle avisa la situation et sembla hésiter, puis se décida finalement à s'installer à califourchon sur moi pour continuer à me donner la becquée plus confortablement. Mes yeux se trouvaient à la hauteur de ses, hem, épaules rebondies, dont le chemisier entrouvert me révélait la naissance. Chaque mouvement de son bras pressait l'un contre l'autre ces globes charnus, dont je ne pouvais détacher le regard, hypnotisé. Dans cette position, je ne pus que sentir l'arrivée inexorable de mon lutin. Bien placée pour s'en rendre compte, la jolie cuisinière interrompit le va-et-vient de la cuillère. Une lueur venait de s'allumer dans ses yeux bleus. Elle se souleva légèrement pour s'asseoir plus à hauteur de mes mi-cuisses. Captivée, elle contempla la forme oblongue de la créature qui pressait les murs de sa prison de tissu.
« C'est encore plus impressionnant de près... » chuchota-t-elle mi-émerveillée mi-incrédule. Elle coula un regard inquiet vers la trappe qui nous séparait de l'entrepont. « Non, je ne dois pas... Nous avons prêté serment... Et puis, si Valtryss l'apprenait...
- Quel serment ? » m'enquis-je interloqué. « Et que comptes-tu faire sans même me dem-
- Toute sœur qui a le privilège d'être enrôlée par Valtryss la Rouge sur la Vengeance de Sisstar, doit faire le serment de renoncer aux hommes et de les haïr pour l'éternité », me répondit-elle en ignorant la seconde partie de ma question. « Nous ne devons combler nos appétits de femmes qu'entre nous, et Valtryss s'y montre particulièrement enthousiaste et douée. Elle nous a à toutes enseigné des arts secrets qui nous consolent bien de l'absence masculine. »
Les images se bousculèrent dans mon esprit fiévreux. Je crus que mon lutin allait exploser.
« Enfin presque », poursuivit-elle d'une voix rauque. « Bien souvent je me languis de la longue et puissante chatouille en moi » -me dit-elle- « du lutin chaud et dur d'un vrai mâle. »
Sur cette vibrante confidence, elle se mit à défaire l'ouverture de mon pantalon pour révéler mon lutin dans toute sa gloire, qui enfin libre, se dressa pour la saluer. Ainsi au garde-à-vous, coiffé de son chapeau pourpre, il se tenait devant elle comme un soldat en grande tenue pour la revue d'armes. Frénétiquement, la mignonne entreprit de se dévêtir.
« Dis-donc ma jolie ! L'idée ne me déplaît pas du tout, mais dans ces conditions, j'ai l'impression d'être un objet ! Détache-moi les mains au moins... Je t'assure que je suis très doué... Hé !? Tu m'écoutes ? »

La suite mon bon Doras, vous la devinez. N'ayant nul besoin de mon consentement, elle se procura elle-même les chatouilles qu'elle désirait tant. Enfin comblée d'un besoin si longtemps inassouvi, elle atteignit rapidement-
- L'éclat de rire » compléta le pêcheur entre ses mâchoires serrées, cramponné qu'il était au bastingage de son voilier à s'en faire blanchir les jointures.
- Un éclat de rire si puissant qu'il sembla faire vibrer les parois du navire. Haletante, ruisselante de sueur, elle parut soudain affolée, morte de crainte à l'idée qu'on ait pu l'entendre s'esclaffer ainsi. Fébrile, elle se rhabilla précipitamment, et s'encourut vers la trappe en me plantant là, moi qui naturellement malgré ma répugnance initiale à être utilisé ainsi qu'un vulgaire ustensile, avait vite trouvé mon compte dans ce statut... Me plantant là donc, frustré, n'ayant même pas eu l'occasion-
- D'éternuer...
- D'éternuer, c'est cela.

"Avant qu'elle ne referme derrière elle, je la hélai une dernière fois.
« Ne me laisse pas comme ça, euh... Toi, là ! Tiens, tu vois ? Tu ne m'as même pas dit comment tu t'appelais !
- Sabyne ! » me répondit-elle en claquant la trappe, me laissant seul dans l'obscurité comme un idiot, en situation très pénible sans pouvoir y remédier d'aucune façon avec mes mains aux fers. Tirant sur les courtes chaînes de toutes mes forces en pure perte, implorant que la cuisinière revienne mettre un terme à mon tourment, de rage et de frustration je me claquais la tête contre la coque. Je cessai bien vite, la douleur du coup que j'avais pris sur le crâne plus tôt s'étant aussitôt réveillée avec une acuité renouvelée. Réalisant après un certain temps qu'elle ne reviendrait plus, je finis par me calmer, non sans peine et au prix d'une abnégation surhumaine. Et je me préparai, le cœur lourd, à passer ce que je supposai être la nuit dans ma sombre geôle de bois."

Doras compatissait, la mine sombre. Il vivait la narration comme s'il y était lui-même. Yanos, que les histoires de chatouilles et de filles ne passionnaient pas, s'était plus ou moins désintéressé du récit et s'était mis à tailler un morceau de bois en tendant l'oreille de temps à autres au cas où l'aventure reprendrait un tour plus divertissant.

"Mais je ne devais pas rester seul bien longtemps. Après une petite heure, la trappe s'ouvrit à nouveau. Lorsque mes yeux se furent accoutumés au retour de la lumière, je discernai non sans étonnement -moi qui m'attendais à voir revenir une Sabyne pleine de remords ou, dans le pire des cas, une Valtryss furibonde qui aurait eu vent de la chose- une autre flibustière, une femme du peuple des Dunes à la peau de bronze. La cuisinière l'avait manifestement mise dans la confidence, et mue par les mêmes motivations, la superbe fille du soleil descendait à son tour et tout aussi clandestinement disposer de ma virile personne. Et tout aussi peu désireuse de se répandre en palabres : elle me dit simplement qu'elle se nommait Jasmine, ce que je trouvais fort charmant, avant de se jeter sur moi avec voracité. Mais elle devait avoir tout de même mieux assuré ses arrières pour ne pas avoir à déguerpir en hâte, aussi je fus plus heureux avec celle-ci qui s'octroya plus de temps et me laissa aussi comblé qu'elle. Béat, je remerciai les puissances, quelles qu'elles fussent, qui avaient organisé pour moi de si plaisantes tortures.

Toutefois je n'étais pas au bout de mes surprises. Quelques temps plus tard, c'est une autre qui vint me rendre visite. Puis une autre encore. Et encore une autre. Et elles se succédèrent ainsi à tour de rôle, plus magnifiques et ardentes que les autres, à intervalles réguliers. Au bout de la septième, je réclamai un peu de répit. En vain. Un ballet à la fois divin et infernal venait de débuter qui durerait neuf jours et neuf nuits. Je les verrai toutes défiler, brunes, blondes, rousses, de toutes contrées : Kendrannes et Wiehls pour la plupart, mais aussi deux Ynoriennes, quelques Elfes, une Varrockienne... Astrid, Yulia, Fanelle, Tintallë, Vyra la borgne, Ilnoda, Vanilde, et caetera, et caetera... Douces ou sauvages, qu'elles me griffent ou qu'elles m'embrassent, endurantes ou promptes à la besogne, elles étaient toutes insatiables. On ne me laissait généralement qu'une heure de répit entre deux visites, mais il arrivait qu'elles descendent à plusieurs. Encore aujourd'hui..."

De Vaugoupil s'interrompit un instant, avec le regard las et lointain d'un survivant.

"Encore aujourd'hui, j'ignore quelles ressources vitales prodigieuses m'ont permis de tenir le coup. Le deuxième jour j'étais déjà épuisé, et je suppliais qu'on me laissât plus de repos, mais autant prier une tigresse affamée de ne point se jeter sur un morceau de viande juteux. Je ne devais plus dormir que par intermittence, sans cesse réveillé par l'ouverture tant redoutée de cette trappe... Tant redoutée et tout au fond de moi, dans les tréfonds de ma nature animale, tant espérée. Car j'étais heureux, certes. Mais j'étais exténué. J'en venais à souhaiter la défaillance physique, mais toujours et toujours, machinalement, ma virilité reprenait le dessus, incontrôlable. Même quand je feignais le sommeil ou que je dormais réellement, mes délicieux bourreaux parvenaient avec une habileté démoniaque et par des caresses exotiques à enhardir ma vigueur malgré moi. J'étais devenu un forçat du plaisir, un galérien de la luxure.

Cependant, mes exquises tortionnaires n'étaient point des ingrates. Conscientes de l'inconfort de ma prison, elles avaient rapidement -et considérablement- amélioré mon ordinaire. D'abord Sabyne la cuisinière, qui se réservait les heures de repas pour me visiter, se mit à m'apporter des plats savoureux mijotés dans le plus grand secret -car tout se tramait bien entendu à l'insu total de Valtryss la Rouge-, et je n'eus plus que du meilleur vin à boire. Les autres ramenaient clandestinement divers objets pour agrémenter mon quotidien. Des oreillers, des couvertures, des bougies afin que je ne reste plus dans l'obscurité... On prit soin chaque jour de me laver, me parfumer, me tailler la barbe... On finit même par me délier une main, puis l'autre, ce qui me permit de donner la mesure de mes talents, et ce fut si apprécié qu'on me les laissa libre. Parfois, lorsqu'elles venaient à plusieurs, elles me déchaînaient totalement jusqu'à leur départ, une seule restant en retrait avec une arme, car en dépit de tout je demeurais leur captif.

Mais cette précaution était presque inutile. Mon esprit vide et confus n'échafaudait même plus de plans d'évasion. Je crois que j'ai failli perdre la raison et la notion du temps. Les yeux ouverts ou fermés, je ne voyais plus que des corps de femmes, des bouches de femmes, des... Bref. Je les avais toutes vues passer et repasser. Toutes, sauf deux : Valtryss la Rouge et Ivana l'amatrice de punitions, qui était en réalité sa favorite, ainsi que me l'apprit une Yarthissoise qui m'infligea plusieurs morsures et dont j'ai oublié le prénom. C'est alors, au soir du neuvième jour, que cette fameuse Ivana qui n'avait jusqu'à présent jamais passé la trappe, descendit à son tour."

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 6 Mar 2012 18:36 
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IV – GALDAN JOUE SON VA-TOUT

Elle me révéla avoir enfin surpris le manège de ses équipières que celles-ci avaient pourtant, m'assura-t-elle, très ingénieusement réussi à garder secret jusque-là. Elle-même avait failli révéler aussitôt la manigance à Valtryss, mais pressée de n'en rien faire par ses paires épouvantées de la prévisible fureur de leur capitaine et convaincue par elles de mes mérites, elle avait préféré venir juger sur place. Mise en confiance au sujet de ma docilité, elle me délia les mains afin que je lui administre une sévère fessée avant de goûter à ce que l'homme que j'étais pouvait lui offrir d'inédit par rapport à ses jeux avec sa rouquine de capitaine. Une heure plus tard, elle me quitta manifestement enchantée au-delà de ses espérances. Je retombai sur mes oreillers avec délice pour profiter d'un peu de sommeil jusqu'au retour d'une autre de ces flibustières insatiables. Je ne sais combien de temps je dormis... Mais ce qui me réveilla en sursaut, ce ne fut cette fois pas la trappe. Ce fut un hurlement de colère hystérique vociféré par la voix que je reconnus pour être celle de Valtryss la Rouge.
« OU EST CE PORC IMMONDE !? »

Damnation ! Gonflée de remords, ou escomptant peut-être une sévère punition, Ivana avait tout confessé. L'adrénaline me fit recouvrer instantanément toute la lucidité dont j'avais été privé ces derniers jours. Je ne pouvais que me préparer au pire, et sollicitai les dieux de me laisser quitter ce monde sans trop de souffrances et si possible sans partie manquante. La trappe s'ouvrit avec fracas sur une Valtryss en rage. Elle dévala littéralement l'échelle et se figea, bouche bée, en me voyant installé comme un pacha, calé dans de confortables oreillers, une corbeille de fruits secs et de confiseries à portée de mes mains indubitablement libres de tous fers. Elle en suffoquait et je crus bien qu'elle allait s'étrangler sur place.
« Il ne faut pas leur en vouloir », dis-je avec galanterie, « tout est de ma faute. »
On est un gentilhomme ou on ne l'est pas.

Je passe sur le torrent, ou plutôt, le raz-de-marée d'injures et d'obscénités qui retentirent dans tout le navire. Quelques instants plus tard je me retrouvais sur le tillac, adossé au bastingage, la pointe du sabre de Valtryss la Rouge contre la carotide.
« Saute ! » me hurla-t-elle en appuyant encore un peu plus sa lame, qui menaçait dangereusement de transpercer ma gorge.
- Un instant, ma jolie ! »
Je fouillai fiévreusement mon esprit à la recherche d'une solution, mais je savais d'avance qu'il serait inutile de tenter de convaincre cette furie. Elle, non... Mes yeux se posèrent sur ses membres d'équipage qui se tenaient derrière elle, la mine basse, à la fois honteuses d'avoir été démasquées dans leur trahison envers leur capitaine et consternées de perdre leur divertissement favori. Voire... N'avais-je représenté pour elles qu'une distraction, un jouet qu'elles regrettaient de voir sous peu jeté, mais qui ne valait pas la peine d'être réclamé ? Ou était-ce bien de la tendresse que j'avais cru lire dans les yeux de ces femmes lors de nos moments de complicité ? Je résolus de tenter le tout pour le tout, en espérant que l'emprise de Valtryss la Rouge sur ses 'sœurs' ne soit pas si absolue en fin de compte.
« Et qu'avons-nous donc fait de mal ? » m'écriai-je pour être entendu de tout l'équipage. Ma seule chance restait désormais d'impliquer les autres dans la culpabilité de ce qui était un crime aux yeux de Valtryss. Gentilhomme certes, mais pas au prix de ma vie.
« Nous donner un peu de plaisir ? » repris-je révolté. « Demande à tes sœurs si elles trouvent que ce que nous avons fait ensemble était criminel ! Et si qui que ce soit mérite la mort pour cela ! »

Une rumeur de dénégations monta de l'assistance. J'avais trouvé l'approche juste, il s'agissait de les travailler encore un peu.
« Et de quel droit interdis-tu à ces femmes libres d'agir comme elles l'entendent avec leur corps ? Sont-elles tes sœurs, ou bien tes enfants ?
- Elles sont mon équipage, et je suis leur capitaine ! » rugit la Rouge.
- Ton équipage ? J'ai plutôt le sentiment que tu règnes sur un harem dont elles sont les esclaves ! »
Les protestations se firent plus franches, et des voix osèrent se lever tout haut.
- Il a raison, Valtryss ! Tu commandes à nos bras, pas à nos fesses !
- Tes ordres ne valent qu'à la manœuvre et au combat, pas au lit ! »

Valtryss ôta enfin son sabre de mon cou pour faire volte-face et rétorquer âprement à ses équipières.
« Pauvres idiotes ! Ce beau parleur vous a retourné la cervelle ! Vous vous êtes laissées séduire comme des jouvencelles !
- C'est vrai, Capitaine ! » intervint Ivana. « Pardon ! Nous méritons d'être châtiées comme il se doit.
- Oh, toi, boucle la un peu, la moucharde ! » intima une des Ynoriennes à la jeune blonde qui se tut, penaude.
Cette fois ce fut Sabyne, la cuisinière qui prit la parole pour ma défense.
« Tu sais, Valtryss, il n'a pas vraiment eu son mot à dire ! Si tu veux tout savoir, il s'est même rebiffé la première fois que je me suis jetée sur lui !
- Parjure ! Traîtresse ! Tu as violé ton serment ! Tu n'es plus membre d'équipage, tu n'as pas droit à la parole !
- C'est plutôt cet homme que j'ai violé... »
Cette remarque souleva de nombreux rires, y compris les miens. Valtryss se retourna sur moi avec une lueur de meurtre dans les yeux.
« Et à ce compte-là, » reprit Sabyne, « tu n'as ici plus aucun membre d'équipage, pas même ta précieuse petite Ivana, il ne reste que toi !
- C'est donc une mutinerie ? » gronda Valtryss en se tournant à nouveau vers ses flibustières. « Que comptez-vous faire, me destituer ?
- Ne dis pas de bêtises ! » la coupa Jasmine, la femme des dunes. « Tu es la meilleure d'entre nous, la plus capable de commander le navire et de nous mener aux victoires. Et je parle au nom de toutes : nous t'aimons comme notre sœur et plus encore ! ...Mais tu n'es pas notre seigneur et maître en toutes choses. Nous voulons juste revoir un peu les termes du contrat ! A commencer, finie cette interdiction absurde de nous donner à des hommes si nous le souhaitons. »
La proposition fut bruyamment approuvée.
« Toi, cela te répugne, mais ce n'est pas notre cas à toutes ! Nous adorons nos jeux de femmes, mais parfois, nous avons besoin de nous sentir chatouillées par un vrai lutin d'homme (Le petit Yanos avait repris une écoute attentive depuis l'irruption de Valtryss dans la cale). Aussi, lorsque nous prendrons des prisonniers, nous en userons comme bon nous semblera, ouvertement. De même quand nous descendrons à terre, s'il amuse l'une d'entre nous de rechercher des bras masculins pour assouvir ses pulsions charnelles le temps d'une escale, cela ne concernera qu'elle. Mais... Ne te mets pas dans tous ces états. Cela ne change rien à l'amour que nous avons pour notre cher capitaine ! »

Je lis sur le visage de Valtryss la Rouge qu'elle était passée d'une profonde déception à une toute aussi intense gratitude. J'essayai d'imaginer ce qui pouvait lui traverser l'esprit : ses chères sœurs s'étaient rebellées contre sa règle, dont elle commençait sans doute à concevoir elle-même la dureté et l'absurdité, mais elles la désiraient toujours comme capitaine et lui réaffirmaient leur affection. Rassérénée, la terrible rouquine montrait un visage bien différent de ceux que j'avais pu apercevoir jusqu'ici : écoutant maintenant sa compagne avec un petit sourire timide, elle avait l'air douce, adorable. Je me sentis soudain ému par ces deux femmes en train de bâtir leur nouvelle relation de dévouement réciproque sur des bases plus saines et plus franches. Valtryss émit une dernière objection pratique :
« Et celles qui se feront engrosser ?
- Allons, nous connaissons toutes les herbes adéquates pour remédier à cet inconvénient. »
Elles éclatèrent toutes les deux d'un rire cynique qui me glaça l'échine, et tout à coup elles m'émurent beaucoup moins. Se tombant dans les bras sous les applaudissements et les vivats de tout le reste de leurs comparses, elles échangèrent un baiser fougueux qui dura une éternité. Qui durait. Et durait. Je finis par m'éclaircir bruyamment la gorge pour les rappeler à ma présence et m'enquérir de mon sort :

« Et moi ?
- Ah oui, c'est vrai ! Que voulez-vous faire de celui-là, alors ? » interrogea Valtryss, en me jetant un regard beaucoup moins haineux que tantôt. Elle n'avait plus pour moi qu'un froid mépris. C'était tout de même un beau progrès. « On peut le garder, si vous voulez » proposa-t-elle, mais il était évident à sa mine qu'elle offrait cela à contrecœur, en guise de présent pour sceller la réconciliation.
- Galdan ? Je ne sais pas si c'est vraiment une bonne idée en fin de compte... C'est à cause de lui si nous nous sommes disputées. On peut bien le vendre comme esclave, on s'en trouvera un autre qui ne nous rappellera pas ce mauvais souvenir. »

Je n'en croyais pas mes oreilles. Voilà que j'étais le fautif à présent ! C'était bien les femelles ! Sautant d'une humeur à une autre comme du coq à l'âne et au final, se réconciliant sur le dos des hommes ! Sentant le vent tourner et les regards se poser sur moi d'une façon qui ne me plaisait pas du tout, je tentai de rétablir la situation.
« Pas si vite, mes gentillettes ! Si je n'avais pas été là, jamais vous n'auriez eu cette belle discussion à cœur ouvert ! Valtryss aurait encore de belles années de despote autoritaire devant elle, et vous rumineriez encore contre ses excès tout en n'osant pas lui en parler franchement. C'est grâce à moi si vous avez pu crever ces abcès et que vous êtes sur le point de prendre un nouveau départ ! »
Je les vis considérer la chose sous cet angle nouveau.
- Il dit vrai », vint Sabyne à ma rescousse. Je l'aurais embrassée.
- Je dois bien admettre que sans toi », convint Valtryss elle-même à ma stupéfaction, « Je n'aurais peut-être jamais compris que mes sœurs pouvaient m'aimer autrement que parce que je les y obligeais. Je l'avoue », poursuivit-elle en se tournant une nouvelle fois vers Jasmine, les yeux baissés, « Si j'ai imposé ce serment, c'est parce que j'avais peur que la fréquentation des hommes puisse vous éloigner de moi.
- Grande nigaude ! » la gronda la femme des dunes pour de rire. Elles échangèrent un autre baiser, puis Valtryss la Rouge se retourna sur moi, et cette fois elle me considérait presque avec amabilité.
« C'est décidé ! Tu n'es qu'un homme, mais nous sommes en grande dette envers toi. Et sache que pour Valtryss la Rouge la reconnaissance n'est pas un vain mot. Si mes sœurs en sont d'accord, nous te rendons ta liberté. »

Personne ne vint contredire cette initiative, à mon profond soulagement.
« Ta destination d'origine était celle de l'Hippocampe, Kendra-Kâr, s'il m'en souvient. Tu es véritablement chanceux : depuis ta capture nous avons bourlingué dans tous les sens à la recherche d'autres proies faciles, mais faute d'en avoir trouvé, nous sommes plus ou moins revenues sur nos pas. Nous nous trouvons actuellement à environ une journée de navigation au sud de Nirtim. Pour un trois-mâts comme celui-ci, naturellement. En ramant, il te faudra bien cinq jours.
- En ramant ?
- Pardi ! Il nous serait trop dangereux de croiser trop près des côtes nirtimoises, et ce n'est pas notre route, de toute façon. Je te fais déjà don de notre canot de sauvetage, et sois assuré que c'est un présent très généreux. Préférerais-tu t'y rendre à la nage ? »

La garce ! Elle se donnait bonne conscience avec cette grâce qui lui coûtait si peu malgré ses dires, mais me condamnait à un péril immense. Cinq jours à la rame de Nirtim : cinq jours exposé à la moindre tempête sur une coquille de noix qui coulerait au premier grain ! Et en admettant que les cieux demeurent cléments, encore fallait-il que l'océan ne se charge pas de m'emporter Yuimen sait où par des courants contraires. Par-dessus le marché, même si tout se passait bien, je devrais ramer toute la journée en espérant que mes efforts ne soient pas défaits la nuit lorsque je prendrai du repos ! Je n'avais plus à m'en remettre qu'à Moura et compter sur une faveur exceptionnelle de la part de la déesse. Mais avant que ces créatures irrationnelles de bonnes femmes ne changent encore d'avis, je décidai de saisir cette chance, fût-elle bien infime.
On me restitua toutes mes possessions et on laissa dans la barque des provisions et de l'eau douce pour six jours. De l'eau ! J'insistai pour obtenir du vin, mais on osa me répondre que j'en avais bu tant à bord que j'avais déjà dilapidé une trop grande partie de leur butin ! Maudissant ces catins dans ma barbe, je m'apprêtais à prendre place dans le canot avant qu'on le descende sur les flots, mais peut-être admirative devant ma résolution, ou souhaitant emporter un souvenir, ou peut-être encore ayant développé pour moi une certaine affection, la cuisinière Sabyne s'approcha de moi et me saisit par le cou pour me gratifier d'un long et langoureux baiser, ce qui ne manqua pas de me mettre dans une meilleure disposition. Lorsque ses lèvres se séparèrent des miennes et que nous rouvrîmes les yeux, je m'aperçus qu'une file s'était constituée derrière elle : chacune des quarante-deux équipières restantes de la Vengeance de Sisstar m'offrit un passionné baiser d'adieu. J'eus droit en outre à des vœux de bonne chance, des remerciements, d'ultimes caresses sur la partie de mon anatomie qui avait causé tant d'émotion sur ce navire, et qui se levait une dernière fois pour les saluer... Et même un 'à bientôt' qui me laissa de marbre.
La dernière surprise fut une paire de bises gênées de Valtryss la Rouge, qui avait dû ne pas vouloir être la seule à ne pas me manifester quelque signe de compassion avant ce nouveau périple qui m'attendait. Je montai enfin dans la barque, soulagé de quitter ce navire de folles, et pourtant, Yuimen sait pourquoi, tandis qu'on abaissait les câbles pour me mettre à flot, mon cœur se serra d'un léger pincement.

Le reste, Doras, ne vaut pas tant la peine d'être conté. Soit Moura me prit réellement en pitié – je reconnais que je l'ai invoquée à maintes reprises et que je lui ai promis beaucoup ! Il faudra que je m'acquitte d'un petit pèlerinage en son temple, à l'occasion... Soit j'ai effectivement une chance de cornard... Mais au prix d'efforts harassants et d'une regrettable cure d'eau bien contrainte et forcée, je parvins en quatre jours en vue des côtes de Nirtim sans essuyer de tempête. Touchant au but, mais à bout de forces, incapable de ramer plus avant, je m'effondrai et me laissai dériver... Encore une journée je suppose. C'est là que vous m'avez trouvé. Encore ma chance, ou le destin, mais j'étais bien arrivé au large de Kendra-Kâr. Fin de l'histoire ! Oh, votre garçon s'est endormi.



KENDRA-KAR, ME VOICI

Ses filets emplis de poisson, le pêcheur les ramena tous au port. Cette nuit-là, pour célébrer la vente du canot de sauvetage de la Vengeance de Sisstar qui lui amena une somme modeste mais encore inespérée le matin même, la tête pleine d'images de flibustières lubriques, Doras chatouilla longuement sa femme assisté de son lutin et la fit éclater de rire à nombreuses reprises, sans se douter qu'il engendrait là la future petite sœur de Yonas. Une fille que neuf mois plus tard, il nommerait Sabyne sans même plus trop savoir pourquoi.
Quant à Galdan de Vaugoupil, ses nouvelles aventures à Kendra-Kâr ne faisaient que commencer...

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MessagePosté: Dim 6 Mai 2012 07:55 
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Rapidement, on s’engouffre dans les petites rues du port. Mon bienfaiteur semble connaitre les rues parfaitement et, rapidement, je n’ai plus aucune idée d’où on se trouve. Mais l’important c’est qu’on a perdu les gardes ! Après dix bonnes minutes de courses effrénées, on finit par s’arrêter dans une ruelle sombre et déserte. Je suis à bout de souffle.

« …Mer… Merci…! »

J’ai à peine le temps de m’exprimer que mon libérateur me donne un coup derrière la tête. Je m’écroule inconscient dans les ordures qui jonchent le sol.

Je reprends conscience, après un temps indéterminé, avec un mal de tête insupportable. Au point que je suis persuadé de sentir mes poils pousser à l’intérieur de mon crâne ! Je suis allongé dans un lit. Un vieillard est assis sur une chaise à mes côtés. Il porte lui aussi une bure noire. C’est un humain à la toison grisonnante. Il semble frêle et pas bien agile. A mon réveil il esquisse un sourire.

« Ha gamin ! Ça y est, enfin réveillé ! Tiens bois, ça te fera du bien. »

Il me tend un bol rempli d’un liquide opaque. Je regarde le liquide et, d’un air méfiant, jette un regard interrogateur à l’ancien.

« Pour ta tête. »

En prononçant ces mots, il se lève et pause le bol sur la table de chevet. D’une démarche lente et boitillante, il sort de la pièce. Je suis dans une pièce sans fenêtre. Pour les fournitures et la décoration seul le minimum a été fait : un lit, une chaise, une table de chevet, et un lustre ! Un hôtel de luxe comparé à ma dernière demeure. Il semblerait bien qu’on se soit occupé de moi correctement. Mon bras droit est bandé et je le porte en écharpe! Bizarrement, il ne me fait plus souffrir. Je n’ai qu’à peine le temps de me redresser dans le lit que la porte s’ouvre à nouveau.

L’homme qui m’a secouru entre alors. Je le reconnais par son gabarit ! Son visage n’est pas recouvert, cette fois. Sa tête est celle d’un taureau, tel un minotaure ! À ceci-près que ces cornes sont limées et qu’il a trouvé rigolo de se mettre un anneau dans le nez! Le vieillard apparait derrière lui et constate ma surprise.

« Il s’appelle Jocko. Une malédiction… Ou une bénédiction pour certain ! As-tu bu ton remède ? »

Il jette un regard au bol sur la table et me fais comprendre sans un mot qu’il allait perdre patience. Je bois donc le remède lentement, non pas sans hésitation. Pendant ce temps il s’assoit. Aussitôt le remède avalé, je sens mon mal de crane qui commence à disparaître.

« Bien... Tu te doutes qu’on ne t’as pas sortie de la sans raison ! Et que le Stalas ne s’est pas évadé tout seul… »

« Dans un premier temps, tu vas effectuer un petit travail pour nous, afin de t’acquitter de ta dette. Ensuite tu seras libre de rester ou de partir ! »

Je sens que je me suis fait avoir. Mais je ne suis pas en position de négocier. Et puis, après tout, ils m’ont sauvé d’une mort certaine. Je leur doit bien ça !

« J’accepte ! Que me faut-il faire ? »

« Haha… Je ne t’avais pas laissé le choix ! Tu vas livrer un petit coffret à un ami qui habite en bordure du lac de Hynim, sur la route de Mertar. Viens, tu pars maintenant ! »

Il se lève et sort de la pièce. Jocko m’attend et je comprends vite qu’il ne désire pas passer la nuit ici. Je sors du lit et me dirige vers la porte sans broncher. L’autre pièce possède des fenêtres et je peux constater que le temps est à la pluie. La décoration va de pair avec ma chambre ! Sur une table se trouve une bure et un petit coffret richement décoré. Le bois est finement travaillé et les montures métalliques qui l’habillent sont en or. La clé, posée à côté, est également dorée.

« La bure est pour toi ! Et voilà un peu de monnaies ! »

Il met le coffre dans un sac de toile miteux et repose le tout sur la table.

« Prépare-toi ! »

J’enfile la bure et accroche la bourse à l’abri de main baladeuse. Je constate que la bure possède différentes poches dissimulées à l’intérieur. Et après quelque mouvement je m’aperçois qu’elle me laisse également une liberté de mouvement extraordinaire. Il est évident qu’elle n’a rien d’une bure de moine ! Je cache la clé dans une poche et met le sac de toile dans une autre.

« Prêt ! »

Il se dirige vers la sortie et s’apprête à m’ouvrir la porte.

« La femme à qui tu dois le livrer s’appelle Alvaïa, elle te reconnaitra. Il est évident que si le coffret a été ouvert ou qu’il vient à disparaitre, je te souhaite d’être mort ! »

Je garde le silence. Pour laisser partir un inconnu avec un coffret tel que celui-ci il doit posséder des moyens puissants ! Je ne préfère pas savoir ! Il m’ouvre la porte et je disparais sous la pluie en direction de Mertar. Bien que mon voyage ne me mènera pas jusque-là.

Suite

(((Est-il possible que ma cape de dissimulation soit la bure qui m'a était donnée, tel que décrite (poche, pas d'entrave)? Par contre, je ne peux porter d'armure a proprement parlé en dessous.)))

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 31 Juil 2012 19:23 
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Plus Harmonie se rapprochait de son rêve de bonheur absolu, plus l'impression de vide se faisait sentir...Comme si elle était séparée de sa moitié... Ce n'était pas seulement impression. Depuis peu, Harmonie avait négligé l'être avec qui elle formait un tout. Une belle amitié brisée. Et qu'elle en était la cause ? Une relation sans lendemain avec l'homme qui jadis fut détenteur du coeur de notre si fragile Harmonie ? Tout ce qu'elle avait créé entre eux avait été balayé d'une traite. Le sentiment de regret devient plus intense de minute en minute. L'envie de pleurer devient insoutenable. La même question se répète de plus en plus souvent. Alors, ça fait quoi de se réveiller en étant un monstre ? Une personne sans coeur ? Un coeur de pierre ? Harmonie était tout de même partie sur un coup de tête sans prévenir personne. Sans se soucier du mal qu'elle pouvait faire autour d'elle. Ne pensant qu'à elle, elle était devenue si égoïste et cruelle, qu'elle ne ressentit aucune douleur à la pensée qu'elle avait abandonnée. L'être qu'elle avait de plus cher au monde... Il s'agissait de sa jument, Tempête... Un sentiment de haine envers elle-même dévorait Harmonie de l'intérieur.

(Pourquoi as-tu fais sa ? POURQUOI ! ? Tu n'avais pas le droit Harmonie. Tu n'avais AUCUN droit ! )

Une chose était sûre, maintenant, il fallait retrouver Tempête. Coûte que coûte. A n'importe quel prix. L'envie de retrouver sa moitié avait pris le dessus sur la colère. Harmonie se trouvait justement au port, une bonne occasion pour elle de retrouver sa chère jument. Prochain arrêt, le port de Tulorim. Soudain, elle aperçut un docker en plein travail.


" Excusez-moi, savez-vous quand le premier bateau partira ?

- Désolé Mademoiselle, mais je ne suis pas capitaine. Mais il me semble avoir entendu dire qu'il partait ce soir à 21 h 15.

- 21 h 15 ? Très bien. Et, savez-vous par hasard, quelle heure est-il ? "

Le docker regarda sa montre en quartz.

" 21 h 12, exactement, il vous reste donc trois minutes.

- D'accord, merci beaucoup. "

Elle fit un geste de salut au docker, puis parti vers " La Perle Rouge " avec entrain. Au moment d'embarquer, une nouvelle crise de folie pointa le bout de son nez. Harmonie se mit à hurler.

" JE SUIS UNE CATIN ! UNE CAAAAAAATIN ! UNE GROSSE CATIN ! "

L'instant d'après, la folie disparue. Il était temps de partir.

Trajet sur La Perle Rouge

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 22 Sep 2012 23:39 
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Je me réveillai en sursaut lorsque je sentis une secousse qui avait ébranlé la coque du navire. Je me levai et m'étirai pour désengourdir mes muscles endoloris. En regardant par un petit trou qui s'était formé entre deux planches de bois au fil du temps, je découvris que nous venions d'accoster le quai de Kendra Kâr.

Enfin! Cela faisait déjà plusieurs jours que nous voyagions et je commençais à en avoir assez. Pour ne rien arranger, j'ai dû rester dans la cale pendant tout le trajet, étant un passager clandestin. Je n'avais pas la moindre pièce de monnaie et je devais quitter Tulorim au plus vite. Je me suis donc embarqué sur le premier bateau en partance pour la grande cité nirtimoise qui n'était pas surveillé.

J'observai les voyageurs descendre du bateau par la passerelle qui venait d'être abaissée. Je dus attendre que la majorité de l'équipage se soit dirigée vers les nombreuses tavernes du port pour sortir de ma cachette.

J'ouvris la porte qui menait au pont et je pus enfin admirer la vue que j'avais de la majestueuse cité. Elle était encore plus grande que Tulorim, qui était pourtant la plus grande ville que j'avais vu de mon existence. La quantité de gens était phénoménale. La place était pleine de commerçants proposant leurs produits, de voyageurs en quête d'aventures et, comme dans toutes les foules, de voleurs à la tire.

Je me cachai derrière les tonneaux posés ici et là et me dirigeai lentement vers la poupe. Arrivé près du bastingage, j'observai un moment les flots calmes. Je vérifiai que personne ne me voyait, pris une grande inspiration et me précipitai dans la mer. Mon flanc droit percuta l'eau de plein fouet et j'en eus le souffle coupé. Je nageai tant bien que mal vers le rivage et me hissai avec difficulté sur le quai.

Une fois la terre ferme retrouvée, je me dirigeai d'un pas mal assuré vers un banc de bois où je m'effondrai. J'observai un instant les passants et je finis par m'assoupir.

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Dernière édition par Ectalion le Ven 12 Oct 2012 15:36, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 23 Sep 2012 02:03 
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Lorsque tu te réveilles, tu trouves à tes côtés, un sac de provision plein et un beau bouclier doré.

Tu n'as pas le temps de regarder plus en profondeur tes trouvailles, tu entends une naine crier en te pointant du doigt tout en s'adressant à un soldat.

"Voilà, c'est sûrement lui le voleur, il a mon sac et mon bouclier, enfermez-le "

L'officier l'air sérieux, s'approcha de toi.

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À votre service, pour le plaisir de rp !


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 25 Sep 2012 18:29 
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Je regardai le soldat approcher avec appréhension. Je savais bien pourquoi il avait l'air si sérieux. J'étirai discrètement ma main vers l'arrière et j'attrapai une poignée de terre.

-C'est à vous, ce sac?

Le soldat venait de me rejoindre. Je me levai pour lui faire face.

-Non, il était à côté de moi lorsque je me suis réveillé.
- Cette femme m'a dit que ce sac et ce bouclier lui appartiennent et que vous les lui avez volé.
- Ne trouvez-vous pas étrange qu'une femme aussi frêle ait besoin d'un aussi gros bouclier? Une femme désarmée, qui plus est.

Je pus lire l'incertitude sur le visage du soldat. Je crois qu'il venait de se rendre compte que j'avais peut-être raison.

-Je ne sais pas. Elle veut peut-être l'offrir à quelqu'un.

De ma main libre, j'attrapai quelques-unes des pièces que j'avais dans ma poche.

(Chaque personne a son prix, il suffit de trouver le bon)

Je lui montrai les cinq pièces que j'avais sorties.

-Et si je vous donne un argument suffisant?

Le soldat regarda ma main d'un air très intéressé. Je sortis cinq autres pièces et lui tendis le tout. Je pouvais voir dans son visage qu'il luttait pour prendre la bonne décision. Finalement, il prit les pièces et se détourna. Je ramassai mon sac à dos, le sac de provisions et le bouclier.

Alors que j'allais quitter les lieux, j'entendis le soldat pousser un petit cri. Je regardai et je vis deux autres soldats qui lui faisaient face. À cause du chaos sonore qui régnait sur le quai, j'eus de la difficulté à percevoir ce qu'ils disaient, mais je réussis à comprendre quelques bribes de la conversation. Apparemment, les autres soldats l'avaient vu accepter mon petit présent et menaçaient de le dénoncer. Je savais que si les soldats dénonçaient leur compagnon, je serais emprisonné.

Je me dirigeai d'un pas confiant vers eux. Lorsque j'arrivai à leur hauteur, je dégainai ma lame.

-Vous devrez me passer sur le corps avant de toucher à un seul de ses cheveux!

Ils me regardèrent avec étonnement une fraction de seconde, puis tirèrent leur arme de leur fourreau à leur tour. Déjà, un groupe de curieux se formait autour de nous.

Je reculai un peu pour pouvoir guetter le moindre de leurs mouvements. Mouvement qui, d'ailleurs, ne tarda pas. Un des deux militaires s'avança, son arme levée. Il abaissa sa lame et je la parai de justesse avec la mienne. Malheureusement, durant ma traversée de l'océan, je n'avais pas pu m'entraîner. La force de l'impact me fit presque échapper mon épée et mon adversaire profita de mon déséquilibre pour m'assener un second coup, horizontalement cette fois. Je sautai vers l'arrière pour éviter d'avoir les jambes séparées du corps. Je contre-attaquai rapidement à l'aide d'une technique que j'avais apprise il y a longtemps: l'estoc droit. Je mis tout le poids de mon corps sur ma jambe gauche, légèrement en retrait derrière moi, et j'élançai la droite devant moi en même temps que mon bras. La lame aurait ainsi dû pénétrer la chair du soldat, mais c'était sans compter le manque d'entraînement. Je ne lui causai qu'une blessure superficielle au bras. Ce fut néanmoins suffisant pour qu'il perde un peu de sa concentration et j'en profitai pour réattaquer. Je m'approchai du soldat et lui heurtai la tête avec le pommeau de mon épée. Je vis son regard se voiler et il s'effondra.

Soulagé d'être venu à bout de mon adversaire, je posai la pointe de mon arme par terre et profitai de ce répit bienvenu pour souffler un peu. La foule, maintenant énorme, criait et applaudissait pour m'encourager. Je voyais même une dizaine de dockers qui s'efforçaient de calmer les spectateurs. Cependant, je me rendis vite compte que j'avais oublié la présence de l'autre soldat.

Je regardai d'un côté et, ne le voyant pas, je me retournai à temps pour le voir courir vers moi, l'épée levée vers le ciel. Je parai au dernier moment et ma lame m'échappa tant le choc fut puissant, et je tombai. Je me retrouvai ainsi désarmé, à la merci de mon adversaire. Mais soudain, alors que je croyais ma dernière heure venue et que je voyais ma courte vie défiler devant mes yeux, un miracle est survenu. Le soldat qui était venu me voir plus tôt pour une histoire de provisions volées se tenait debout, derrière mon bourreau, une dague dans la main. Je le vis lever ladite dague au-dessus de la tête de son collègue et, lorsqu'il l'abaissa, la foule se tut en un instant. Je vis, comme dans un rêve, le corps inerte de mon bourreau s'effondrer et le soldat me tendre une main pour m'aider à me relever. Je la saisis et, une fois debout, je remarquai à quel point la foule était abasourdie. Tout le monde, même les dockers, fixaient le soldat, qui supportait ces regards sans ciller.

-Je crois qu'il est temps de partir, lui glissai-je à l'oreille.

Il me fit signe de le suivre. Je ramassai mes affaires et regardai mes trouvailles. Puis je lui emboîtai le pas dans les ruelles sombres des docks alors que nous nous dirigions vers sa maison.


(((Obtention d'un bouclier en or + Obtention du contenu du sac de provisions)))

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Ectalion, Voleur issu des Phalanges de Fenris


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 25 Sep 2012 23:52 
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Chapitre 3: Adieu

Il fallut une semaine pour que la Veuve de Mers ramène Ziresh sur Kendra Kâr. Durant ce voyage, il avait ressenti une pointe d'amertume quant au fait d'avoir dû quitter ses alliés. Il était vrai que rien ne l'avait vraiment empêché de rester sur Lebher : il était certain qu'Aztai, par exemple, l'aurait accueilli bras ouverts. Mais sa famille lui manquait terriblement. Et cette mission qu'on lui avait confié l'avait épuisé à un tel point qu'il ne se voyait plus prendre part à une nouvelle aventure. Ils avaient combattu un dieu et étaient responsables de la disparition d'un peuple maléfique. D'une certaine manière, il y avait un prestige à avoir, mais le liykor n'arrivait pas à voir les choses ainsi.

On l'avait maudit. C'était ce que le dernier troglodyte lui avait dit. Et effectivement, il n'avait cessé de se sentir faible alors même que ce voyage aurait dû le revigorer. Le loup d'argent ne pouvait s'empêcher de se dire que cette malédiction devait bien être réelle. Quelque chose l'avait épuisé, rendu malade en permanence. Ce n'était pas une simple fatigue, il en était certain, même s'il ne pouvait identifier ce mal qui le dévorait de l'intérieur.
Il crut naïvement qu'en arrivant au port, tout irait mieux. Mais ce n'était toujours pas le cas. Lorsque Ziresh foula le sol de la capitale, il ne sentit pas même une petite satisfaction. Ses trésors lui semblaient bien dérisoire maintenant... Oh! Bien sûr, il saurait faire plaisir à son clan entier. Cette "flamme permanente", la sphère de feu, notamment, était un trésor inestimable à ses yeux. Bien plus encore qu'une belle arme ou ses pépites. C'était un objet qui renfermait tout simplement une magie qui ne pouvait s'estomper. Même le pendentif de Kâhra, aussi puissant était-il, ne possédait pas une telle "durée" dans son pouvoir.

Les oreilles et la queue basse, le loup avançait sans vraiment se presser pour aller voir son clan. Il ne savait pas s'il devait raconter toute cette aventure en prenant en compte les conseils de Depheline (à savoir qu'il n'avait pas à se sentir responsable pour ce génocide), et donc dire la vérité en la tournant à son avantage... Ou bien s'il devait parler de tout cela avec sincérité en relevant ces meurtres, quitte à décevoir Liykkendra.
Aussi, son cœur se figea quand il entendit son nom résonner à travers les badauds qui travaillaient ou flânaient sur le port.
C'était Xavir, son père adoptif. Mais il y avait quelque chose différent par rapport au jour où il l'avait vu, lors de son départ. Même si sa mission avait duré trois jours, avec deux semaines en plus de trajet, il avait l'impression de le retrouver vieilli. Et surtout fatigué. Quant à son air rassurant et bienveillant, il lui semblait que tout cela avait été atténué, d'un coup...

"Quel bonheur de te revoir Ziresh! fit Xavir, en tentant manifestement de garder un certain sourire avec peine. Bon sang, j'ai l'impression de te revoir après des mois! Et comme tu as changé! Regarde-moi cet équipement! J'ai même l'impression que tu as grandi!"

Effectivement, Ziresh avait beaucoup changé en apparence, sans s'en rendre compte. Bien sûr, il n'avait pas grandi. Mais tout son nouvel équipement l'avait littéralement transformé : son casque, sa lance qui arborait désormais une lame bien plus proéminente et tranchante et surtout, son paquetage scandaleusement plein.

"Je n'ai fait qu'avoir la chance de faire de grandes trouvailles... Mais tu sais, au final, ce qui m'est le plus précieux est de loin le pendentif de Kâhra. Il m'a sauvé la vie, vraiment. Quant à la rune que vous m'avez offerte, je n'ai pas eu l'occasion de l'identifier, même si j'aurais vraiment aimé en avoir l'occasion!"

Ziresh signa ses paroles en désignant la Fleur de Lys pour ensuite pointer une griffe vers son cœur. Un sourire satisfait remplaça la façade que gardait Xavir. Un sourire sincère cette fois-ci, qui dévoila facilement au liykor gris qu'il connaissait déjà le pouvoir de ce bijou enchanté. Le père se contenta au final de conclure ces paroles en posant une patte rassurante sur l'épaule de son fils adoptif. Un silence passa entre eux deux, outre les cris des travailleurs du port. Il y avait quelque chose de mélancolique dans les yeux de Xavir...

"Quelque chose ne va pas?" demanda Ziresh, crédule.

Le grand liykor ne répondit pas. Il se contenta d'enrouler son bras autour de la nuque du jeune loup et de l'entraîner plus loin, dans la ville.

"Tu as des moyens maintenant. Il faut que l'on s'occupe de son équipement."

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 9 Oct 2012 23:21 
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Intervention gémique pour Ectalion



Le soldat t'emmène dans une petite maison, non loin de là. Faisant plus office d'abri que d'appartement, une couchette était posée dans un coin. Posant son équipement sur une table branlante, il se retourne et te regarde:

-Depuis trop longtemps je sers la milice Kendrane, on dirait que notre petit affrontement d'aujourd'hui vient de mettre un terme à ma carrière... Tu as des compétences pour l'escrime, j'ai une petite affaire à régler à Kendra Kâr.

Le soldat sort de sa poche une pierre précieuse, un rubis apparemment.

-Je dois donner ça à un homme nommé Lucius "Poigne-de-fer". En vérité, c'est un trafiquant d'arme recherché par la milice, je compte le capturer. Je me suis arrangé pour pouvoir entrer en contact avec lui grâce à ce rubis. J'aimerai un homme de ta trempe pour m'accompagner, qu'en dis-tu?

Il fit plusieurs fois rouler le caillou vermeil dans sa main:

-Au fait, je m'appelle Viktor.

--------

Voici ton intervention. A toi d'écrire entièrement cette "mission". Tu pourras bien sûr demander une autre intervention gémique si tu le souhaites. Si tu as des questions je suis là

_________________
-Les gens ont tendance à tenir pour vrai ce qu'ils
souhaitent être la vérité ou ce qu'ils redoutent être la vérité.


SOS GM? C'est là
Une question? C'est ici
Une intervention? Par là


Gm nocturne


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 31 Oct 2012 21:09 
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La journée est belle, le soleil à son zénith, un vent léger parcourant les terres et venant me caresser doucement le visage. Quelques nuages jonchent le ciel bleu cachant de temps à autre les doux rayons de l'astre. Mes poignées me grattent un peu, ma tête me fait mal, une douleur de dos me prend et ma position m’insupporte. Peut-être parce que je suis adossé contre une grosse poutre de bois, jambes et poings liés et que je me réveille seulement après avoir été assommé. Ou peut-être est-ce pour d'autres raisons. Qui sait?
Avant de poursuivre, revenons sur ce qui m'a amené ici.

Deux jours après le vol de l'anneau, j'avais retrouvé l'enfant chapardeur. Celui-ci s'était montré plutôt conciliant lorsque, sans ménagement, je lui avais imposé plusieurs claques sur le visage en lui demandant où était mon objet. Il m'indiqua un petit quartier où résidait son chef. Chaque vol lui revenait, une partie du moins. J'avais réussi à avoir un entretien avec ce dernier, prétextant que j'étais enclin à lui racheter mon bijoux pour deux fois sa valeur. Bien que ma proposition semblait le tenter, il m'avoua l'avoir déjà revendu. L'acheteur était un pirate récemment arrivé à Kendra Kâr. Avec sa descriptions plutôt détaillée -un homme grand, un chapeau rouge sur la tête, une barbe brune et touffue, une cicatrice très distinctive sur l’œil gauche et une tunique assortie de couleur noire – je pus relativement facilement le retrouver. Ce qui nous ramène précisément à ce point. Après avoir tenté de récupérer ma bague comme un novice, j'étais là, dans une cabine sur le bateau, à même le sol en lattes de bois. Qu'elle connerie!

Lentement mais sûrement, un pirate de leur équipage s'approche de moi, s'agenouille jusqu'à ce que son visage arrive à ma hauteur. Je préférerais qu'il soit un peu plus loin cependant, compte tenu de la laideur dont il fait preuve. Son nez ne pouvait pas être plus voyant, trônant sur son visage comme le centre d'un tout. La peur me prend un instant. Pas celle de mourir, non. Celle que ses nombreuses pustules se mettent à exploser et me giclent dessus. Je lui fais d'ailleurs part de cette remarque, avant même qu'il n'ouvre la bouche. Pour seule réponse, il me sourit.

"Fais le malin rouquin ! Mais d'ici quelques heures, quand on partira du port, ton corps flottera à la surface de l'eau, inerte. Tu vois ces marques là ?!" Il pointe du doigt son bras velu, jonché de quelques entailles cicatrisées. "C'est le nombre de mes victimes ! Et celles-ci, c'est le nombre de femmes dans mon lit !" Il ricane une seconde, avant que je rétorque :

"Ce serait pas plutôt le nombre de coups que te donnaient tes parents à chaque fois que tu disais une connerie ?!"

Sa bouche se fige dans un grimace étrange, puis, d'un geste rapide, me gratifie d'une gifle bien placée.

"Ô désolé, t'aurais-je blessé mon grand ?!"

Il recommence, une fois, deux fois, se redresse et s'en va rapidement. Je scrute alors les alentours, remarquant immédiatement que je ne me trouve pas dans la cale ni dans une cellule quelconque, mais dans leurs quartiers. Quatre lits sont respectivement placés dans chacun des coins de la pièce, bien qu'il m'est difficile de voir derrière moi le fond de cette dernière. Le poteau auquel je suis lié se trouve au beau milieu de la cabine.
Plusieurs dizaine de minutes passent. J’entends au dehors quelques bruits, des gens parlent, l'équipage sans doute. Un peu plus tard, quatre hommes en très bonne compagnie entrent, chacun tenant une belle et sulfureuse femme à son bord. Les pirates semblent très jovial, sûrement enivrés et incontestablement excités. Il ne fait aucun doute que ces jeunes donzelles ne sont pas là par plaisir, mais elles ont sans doute touchées une belle somme pour être là. Chacun des couples s'installe sur une couche et commence à se déshabiller, à effectuer quelques préliminaires, certain étant plus rapide que d'autre. Je ne peux pas me boucher les oreilles, mais au moins fermer les yeux. Quoi que, pourquoi rater un tel spectacle après tout. Si je dois bientôt mourir, autant en profiter. Un instant, l'un des gredins me regarde, souriant allègrement et me lance une boutade.
"Hé hé ! C'est chiant ça hein ?! Tu peux même pas te toucher mon salaud !"

Je préfère ne pas répondre. Cela lui ferait trop plaisir. Néanmoins, ce qui à moi, me fait moins plaisir, c'est de voir l'anneau d'Essinda à son doigt. De plus, bien qu'il ai une certaine valeur sentimentale pour moi, ce qui justifiait que je le mette, il est plutôt efféminé. A l'index d'un pirate, ça parait un peu étrange. Leurs ébats sexuels ne dura guère plus d'une trentaine de minutes, pour les plus endurants. Mais alors que je m'attends à les voir s'activer et repartir aussitôt pour profiter de leur permission à terre, tous dorment déjà profondément. Les filles de joie, elles, se revêtent rapidement et fouillent les poches des pantalons des pirates. Elles ne sont pas si bêtes que ça en fin de compte. Dès leurs trouvailles acquises, une à une, elles se dirigent vers la porte de sortie. L'une d'elle, la cliente de mon voleur, porte déjà la bague à son doigt. Avant qu'elle ne parte, j'interviens.

"Hé ho ! La bague ! C'est la mienne ! La bague !"

Elle se retourne et me toise.

"Bha viens la chercher ! Hi hi ! J'ai pas trop le temps là, mais on en discute plus tard, ok ?!"

"Détache moi putain ! Tu vois pas que je vais crever là ?! S'il te plaît, pars pas, détache moi avant ! Ça te coûte rien !"

Elle se dirige vers moi d'un pas hautain et assuré, juste avant de s'accroupir devant moi, comme le pirate quelques heures avant.

"D'abord, je suis pas une putain. Je m'appelle Katarina. Bon t'es plutôt mignon en fait ! Tu t'appelles comment toi mon beau ?! Non, réponds pas, on a pas le temps."

Je lui réponds tandis que, soulagé, je la vois passer derrière moi et rompre les liens de mes poignées avec une petite dague.

"Tu cache bien ton jeu en fait !"

Seul bémol, je n'ai pas mes armes sur moi. Logique, ils n'allaient pas me les laisser. Néanmoins, un pirate ne se balade jamais sans son arme. Je me dirige immédiatement vers l'un des lits, me saisit du premier sabre à lame courbe typique des gens de la mer - aussi nommé cimeterre - et emboîte le pas à Katarina.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 31 Oct 2012 21:10 
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Je suis assis dans l'herbe fraîche, mon katana reposant à ma droite, Essinda à ma gauche assise en tailleur. Alckangue vient de nous quitter. Il a prit la route tôt le matin pour rejoindre ses frères. Cela fait plus de trois semaines depuis notre fuite. Mon oreille a cicatrisée. Il me manque cependant un petit morceaux, juste à la pointe de celle-ci. Ça me fait encore bizarre quand je passe la main dessus, mais je m'y fais. Je ne me plains pas, je préfère m'estimer heureux que ce soit de l'oreille que ce morceaux est tombé. Essinda et moi sommes très proches depuis quelques temps. J'aime ça. Je l'apprécie beaucoup.
Elle pose délicatement sa douce main sur la mienne, me regarde un instant puis redirige ses yeux sur les plaines qui nous entourent. C'est une belle journée. Les oiseaux chantent, le soleil brillent de mille feux, le ciel est d'un bleu azur sans qu'aucun nuage ne vient tâcher le décor. Même le vent est aux abonnés absents. Si la vie devait être idéale, j'aimerais qu'elle ne soit remplie que par des moments comme celui-là.

Nous sommes maintenant dans une taverne plutôt agréable. Elle est calme, les gens sont polis et la serveuse est superbe. Presque aussi belle qu'Essinda. Celle-ci ne manque pas de lui envoyer un regard noir à chaque fois qu'elle vient s'adresser à moi. Je connais l'elfe depuis plus de trois mois maintenant. La veille, cette dernière m'a dit une chose que personne ne m'avait dite auparavant. D'une voix fébrile, le regard empli de bonté et de tendresse, ses lèvres ont lentement bougées pour me plonger dans un pur moment de bonheur. "Je t'aime" furent ses mots. Nous avions passés ensuite la nuit à faire l'amour.
A présent, nous déjeunons ensemble. Bien que le moment soit parfait, mon esprit se perd dans des questions d'un ordre complètement différent. Je n'ai toujours aucune piste de ce que je recherche. Et la hantise de son retour perdure. Je ne veux pas que "l'autre" vienne tout gâcher. Je veux qu'il s'en aille à jamais. Et la seule solution pour ça est de trouver le prêtre qui en est capable. Rien que la nouvelle de son existence m'a fait quitter ma troupe de mercenaire. Je me replonge finalement dans le moment présent, profitant d'être toujours là et qu'il ne soit pas revenu.

Nous sommes à présent dans la chambre d'une auberge. Je toise Essinda de tout mon long. Je dois rencontrer dans l'après-midi quelqu'un qui serait peut-être capable d'avoir des informations faisant avancer mes recherches. Mais mon amante vient de me faire une confidence. Je ne peux contrôler ma main qui, rapidement, rencontre sa joue avec violence. Sa peau rose témoigne de mon coup. Je n'aurais pas dû. Et je regrette déjà mon geste. Mais je ne m'excuse pas pour autant. Ses révélations sont trop dures à supporter. Je comprends maintenant un peu mieux pourquoi elle se trouvait avec moi à mon réveil dans la carriole. Elle le suivait lui. Je comprends aussi la raison de tous ces rêves où je la voyais me parler.
Essinda savait bien plus de choses qu'elle ne le prétendais. Mais maintenant, je suis au courant. "L'autre" veut m'empêcher d'accomplir ma mission. Il ne veut pas que je me sépare de lui. Et il a prit Essinda à son côté pour l'aider. Elle m'explique qu'elle était censé tuer le prêtre avant qu'il ne commence quoi que ce soit. Mais à présent, elle aime deux hommes fondamentalement différents, mais qui partagent le même corps. Et elle hésite. Je ne sais plus si je peux réellement lui faire confiance. Elle me fait douter de tout, même de ces sentiments envers moi. Jamais je n'aurais pensé la frapper un jour cependant, même pour ça.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 31 Oct 2012 21:12 
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Bon d'accord, la situation aurait put être pire. Mais tout de même, pourquoi c'est sur moi que ça tombe encore ?! Une pluie fine coule sur le bateau, le couvrant d'un léger voile. Le navire n'est pas vraiment très grand, mais sa taille lui a tout de même permit de devenir le théâtre d'un petit champ de bataille. Deux équipages semblent s'affronter l'un l'autre, tandis que de nombreux miliciens interviennent. Une partie du combat se déroule sur le galion adjacent. Son équipage semble être composé en grande partie par des humains du peuple des dunes, de passage à Kendra Kâr. Sur le ponton du navire où j'étais emprisonné quelques instants auparavant, deux des trois autres prostituées présentes dans la cabine jonchent le sol. La troisième a sans doute put s'échapper, tandis que les premières ont dues essuyer un coup perdu ci et là. Katarina me cri rapidement ce que je prends pour notre prochain lieu de rendez-vous, se fraie un chemin dans la bataille avec aisance, esquivant les assauts des pirates et saute rapidement sur le quai du port. Quant à moi, je juge la situation. Bien plus grand qu'elle, je ne sais pas si j'arriverais à passer à travers les mailles du filet. Mais avant que j'ai le temps de me décider, l'un de mes ravisseurs me voit et se dirige dans ma direction rapidement. Son attaque, vive, me prend de court. Je brandis mon tout nouveau sabre devant moi, à l'horizontale et hurle :

"Mais t'es con ou quoi bordel ?! Laisse moi partir t'as autre chose à foutre !"

Toujours dans notre position, lame contre lame, il me répond promptement.

"Que dalle ! Question d'honneur ! T'es v'nu, tu tranches la main d'un d'nos potes et tu crois t'en sortir ?! Tu nourriras les requins !"

Ha oui. J'avais oublié ce petit "détail". Lorsque j'essuyais le refus d'un des pirates de me laisser monter à bord pour "discuter" avec l'un d'eux, j'avais réagis un peu précipitamment. Cependant, le temps n'est pas aux regrets. Je tire mon épée, la sortant de l'étreinte de mon assaillant et me recule d'un pas. Celui-ci fait de même et, immédiatement, recommence son attaque. Cette fois-ci le coup est porté sur mon flan gauche. D'un geste rapide, je place ma lame dans son champ d'action. Une nouvelle fois, le son strident du métal résonne. Il recule son sabre et amorce un nouveau coup. Le mien le surpasse en vitesse et pénètre sa garde. Mon cimeterre, orientée vers son épaule gauche ne rencontre pas sa cible cependant et s'arrête net dans sa main encore libre, ruisselante de sang. Bien qu'il doit souffrir le martyre, mon adversaire ressert ses doigts sur ma lame, m'empêchant de l'utiliser. Son attaque suit sont court quant à elle, arrivant dangereusement vers ma poitrine. Pour l'esquiver, une seule solution s'offre à moi. Je lâche mon arme et recule subitement, regardant son épée s'abattre dans le vent. Je suis finalement vivant, mais désarmé, tandis que lui tient deux sabres, mais sa main est meurtrie. Son gilet bleu nuit à demi ouvert battant au vent, ses cheveux blonds ruisselant d'eau, ses bottes nageant dans les flacs qui parcourent le sol du bateau, le pirate me fixe de son regard mauvais. Ses petits yeux sombres témoignent de toute la haine qu'il a à mon égard. D'un geste leste, il balance mon arme derrière lui, m'empêchant de la récupérer. Je ne sais pas quoi faire. Comment vaincre un ennemi armé, si je ne le suis pas moi-même ?
Je me rappelle alors un entraînement avec mon paternel une fois. Ses phrases sonnaient juste à chaque fois. C'était un très bon bretteur.

"Si jamais un jour tu es désarmé et que ton adversaire te fait face. Ferme les yeux et remémores toi tout ce que tu as vécu de bien dans ta vie. Les dernières pensées d'un homme doivent êtres les meilleures."


Ha non, ça c'était une réplique de Gaïlord. Pour lui, qui se battait avec un lourd marteau à deux mains, être désarmé signifiait mourir. Parfois cependant, lors de certaines batailles, lorsque son arme lui était retirée, il attrapait un bras ou une jambe qui traînait et combattait jusqu'à ce qu'il retrouve son arme. Sacré ptit bonhomme. Pour en revenir aux phrases de mon paternel, je crois bien que c'était :

"Si ton adversaire t'a retiré ton arme, tu dois la récupérer. Tu ne le tueras pas sans. Pour la reprendre, inspire un bon coup, fermes les yeux et mise tout sur ton instinct. Tu dois juger l'instant, t'approprier l'univers et le faire tiens. Tu dois voir là où tes yeux sont aveugles. Quand tu y seras parvenue, attends son attaque, esquive là et jette toi sur la tienne. Ou si tu préfère la sienne, prends là."

Mon adversaire reprit une posture de combat adéquat. Pour ma part, je tente d'écouter les conseils prodigués par mon père adoptif. Mettant les mains légèrement écartées le long de mon corps, je lève la tête vers le ciel et ferme les yeux, comme pour effectuer une prière. Je me doute du regard que doit me porter mon rival. L’œil fourbe du guerrier doit m'épier sans comprend, ou s'attendre à un coup de bluff de ma part. Néanmoins, que ce soit mon but ou non, ça marche. Car d'instinct, il évite de m'attaquer un instant. J'essaie de voir comme mon instructeur me l'avait suggéré. Sentant les gouttes couler le long de mon visage, le vent le balayer, écoutant chaque son qui parvient à mes oreilles, les bruits de métal, les cris des combattants autours de nous et les corps tombant au sol.
Je rouvre les yeux au bout d'un moment, très court. J'ai l'impression d'être différent, de voir comme lorsque mes yeux étaient fermés, mais avec en plus une vision normale. Mon adversaire se reprend alors et me fonce dessus avec une nouvelle attaque. Le coup est porté en diagonale. Comme mon parent me l'avait dit, je ressens la trajectoire de la lame du pirate, le vent qu'elle déplace et le son qu'elle produit en le traversant. D'instinct, je baisse la tête en avant, manquant de peu de me la faire couper. Effectuant immédiatement un écart à demi accroupi vers la gauche, je passe au travers de son coup, celui-ci s'arrêtant dans le bois du navire. Maintenant à la droite de mon adversaire, celui-ci impuissant, je profite de la situation d'un coup de pied vif dans sa main fermement accrochée au pommeau de son arme. Cette dernière lâche immédiatement prise, tandis que l'homme profère un juron de douleur. Je ne perds pas de temps cependant à analyser la scène. Je saute sur mon arme encore couchée sur le sol du bateau derrière mon ennemi. Mais celui-ci se retourne trop tard pour faire quoi que ce soit. Ma lame fend l'air un court instant et finie sa course dans le cou du pirate, faisant jaillir un flot de sang de sa jugulaire. De peur qu'il ne riposte – bien que cela semble peu probable – je réitère mon coup, sans toutefois remonter ma lame jusqu'au dessus de mon épaule pour avoir toute ma puissance. Je me contente de m'acharner sur sa nuque en relevant de quelques dizaines de centimètre mon cimeterre en l'air pour asséner une nouvelle attaque. Une fois, deux fois, trois fois, au bout de la quatrième, le corps qui étonnamment est resté debout tout ce temps semble déjà sans vie, inerte. Sa tête ne tient plus que par quelques lambeaux de peau. Son visage lui, garde le rictus qu'il arborait quelques secondes auparavant. Un instant plus tard, le pirate chute en arrière dans un lourd fracas.
Bien décidé à m'en sortir, je ne prends pas le risque de passer au travers de la bataille. Je me dirige rapidement vers le bord du navire, longeant la cabine avec soin et plonge. L'eau est glacée, mais bientôt, je serais au chaud, dans un bon lit douillé, en ayant au préalable bu une demi douzaine de bières. Dans un élan d’énervement, je hurle à mon alter ego quelques mots.

"Bordel, tu vas te décider à revenir toi ?! J'en ai ma claque, c'est bon ! Jte l'laisse ton corps !"

((apprentissage de la CC Instinct sauvage ))

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