L'agitation régnait dans le port de Kendra Kâr, bondé de monde.
Xytas, maintenant encapuchonné devait passer contact avec son "client", afin de lui livrer le paquet qu'il venait de dérober quelques minutes plus tôt à Larnskal, l'homme qui était censé assurer le marchandage. C'était sans compter sur la fourberie du voleur, qui s'était mis en tête de rafler toute l'argent échangée contre le fruit de son larcin. Son plan, avait connu un petit incident qui fut vite corrigé, et à présent, l'erreur n'était pas permise, Xytas ne pouvant plus compter sur la sécurité des ruelles dépourvues de gardes ou de témoins. Il ne savait pas non plus si son acheteur était armé ou non, et encore moins si il était seul. Une légère bruine tombait sur la ville, quelques flaques se formant par ci par là. Les étales étaient moins nombreuses qu'à l'ordinaire, mais la garde pas moins organisée pour autant. D'un pas peu assuré, Xytas cherchait du regard l'emplacement décrit sur le parchemin qu'il avait trouvé sur sa victime. D'après les écrits, la transaction se ferait entre deux colonnes, a l’opposée de second quai en partant de la gauche.
Une fois l'endroit trouvé, le jeune voleur s'y dirigea, d'une démarche déjà plus sûre. Il voulait prendre confiance en lui. Après tout, il n'avait qu'à donner une simple boite en échange d'une bourse, qu'il espérait rebondie. Cependant, la phobie d'une éventuelle demande de mot de passe ou de question pertinente planait toujours au dessus de sa tête. Dans le meilleur des cas, il se verrait refuser l'argent, et partirait déçu de ne pas avoir fait une affaire fructueuse. Dans le pire des cas, son sang viendrait se mêler aux flaques jonchant les pavés du port. Plus ses pensées sur le meilleur moyen de parvenir à ses fins tournaient en boucle dans sa tête, et plus il se rapprochait de l'acheteur, qu'il pouvait discerner à présent. A quelques mètres de lui, avachi contre l'une des colonnes se tenait un homme masqué, sa cape recouvrant une bonne partie de son corps. Ses cheveux noirs, coupés à ras lui donnaient une allure militaire, et il semblait qu'un fourreau était sanglé à la ceinture de l'armure de cuir que le client arborait.
(Bon... Le voici en possession d'une lame. Génial...)Une grande bouffée d'air vint oxygéner les poumons de l'imposteur, puis d'un pas lent, il fit face à son destin. Xytas faisait facilement une tête de moins que son acheteur, et sa carrure faisait pale figure à côté de celle du colosse. Ils se dévisagèrent un instant, pendant des secondes qui parurent des heures au voleur, qui, enfin, se résigna à lui tendre le paquet, évitant de croiser son regard. S'en emparant d'une poigne ferme, le géant prit la parole, d'une voix caverneuse, et rauque, probablement à cause de bon nombre de bouffées de tabac venues abîmer ses cordes vocales.
J'ai bien failli attendre. C'est vous Larnskal, c'est bien ça ? Avalant sa salive, il lui répondit.
C'est bien ça...Le colosse plongea sa main sous sa cape, ressortant une bourse visiblement rebondie d'un de ses sacs.
Et bien... Votre patron ne doit pas bien payer cher ses employés... Il aurait pu vous offrir une cape de meilleure qualité. Xytas ne voulait pas que la conversation dure plus longtemps, aussi répondit-il de la manière la plus tranchante possible, évitant le ton de la provocation, après s'être emparé de la bourse suivi d'un bref hochement du chef.
Ouais, c'est ça... Bon allez, bonjour à tout le monde. Il fit aussitôt volte-face, repartant d'une démarche pressée, à la limite de la course. Bousculant les personnes sur son passage, Xytas se retournant nerveusement régulièrement, afin de s'assurer qu'il ne soit pas suivi. De plus en plus rapidement, il se dirigea vers la sortie du port, puis, une fois sûr d'être assez loin de l'homme qu'il venait de rouler dans la farine, se mit cette fois ci à courir, évitant le regard des gardes ou des passants se retournant au moment de les croiser. Arrivé à
l’extrémité du port, qui venait de s'allonger d'une centaine de kilomètres, Xytas entreprit d'escalader une façade, disparaissant dans les profondeurs des ombres.