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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 18 Nov 2010 19:41 
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En voyant les gardes s'approcher et lever les lances vers nous, le mage eu un mouvement de recul et bredouilla par des hoquets successifs des mots que je ne compris qu'à moitié … mais une chose était sûre, ils lui faisaient plus peur que moi.
La bagarre entre les filles du mage et les jumeaux se calma d'un coup, comme si la frayeur des premières et la surprise des seconds avaient chassé tous desseins belliqueux.

Un regard vers les hommes de Pragatt' me suffit quant à moi à garder mon sang froid. Ils étaient sortis de leur cachette avec une discrétion parfaite, invisibles jusqu'aux yeux de mes compagnons. Les deux hommes n'avaient ni cape, ni artifice, ni objet magique mais réussirent à manipuler et lancer le filet de pêche sans qu'un son ne trahisse leur existence. Et avant même que les gardes ne comprennent ce qu'il leur arrivait, les deux pirates étaient à mi-chemin pour rejoindre la Voile noire.

Je ne perdis pas moins de temps de mon coté, car comme je l'avais dit aux deux jeunots, nous n'avions guère plus de quelques minutes devant nous avant que les gardes ne se sortent de leur toile poisseuse, gluante et odorante.
Ma lame noire était déjà à l'abri dans ma ceinture et j'enfilais ma cape lorsque les deux catins arrivèrent à ma hauteur.
- Toi ! grogna la brune téméraire.
- Il suffit Shae, ne sois pas si impulsive. Intervint le mage qui se relevait en prenant appui sur le bras que je lui tendais.

Même dans le noir, je pouvais voir les traces du combat sur les corps de chacun d'eux. Les bleus sur les visages des deux filles ainsi que le filet de sang qui s'écoulait du nez de la brune, les meurtrissures sur leurs bras et leurs épaules là où les deux garçons les avaient attrapées. Et du mage je n'en observais pas moins, la plaie dans son dos était d'ailleurs moins profonde que je l'escomptais, ou le craignais ... maintenant qu'il n'était plus un ennemi. Je me souvins alors des mots de Keyoke au moment de me donner cette cape, il m'avait dit que je découvrirais vraiment la nuit pour la première fois et qu'elle n'en sera que plus reconnaissante à mon égard.
Emmitouflée dans cette cape pour ne prendre aucun risque envers les gardes, je voyais comme en soirée ou en plein jour si je me concentrais sur un point fixe et je me sentais comme dans un cocon, protégée de la vue de tous. Mais aussi grisante était cette découverte sur la qualité des présents de mon protecteur d'antan … l'heure était à la fuite. D'autant que même si elle améliorait ma vue, la cape ne soignait pas mes blessures et malgré l'attitude étonnamment raisonnable du mage, j'utilisais mes dernières forces à rester concentrée sur la situation, prompt à dégainer à tout moment.

- J'vous avais prévenu non ?
- Oui …
- Je sais, on se reverra, t'auras de mes nouvelles, je me souviendrais de toi … je connais le refrain mais on a pas le temps là.
Les filles du mage prirent le relais et l'aidèrent à marcher, s'éloignant aussi vite et discrètement des gardes qu'on entendait vociférer entre eux plus que contre nous, mais je doutais qu'ils nous aient oubliés pour autant.
- Pas du tout, je me disais que t'étais plutôt bien roulée pour une fillette, et très douée … tu me serais utile.
- Haha, merci du compliment papy … mais là d'où je viens je suis une poule de luxe, et même loin de chez moi je me donne pas pour rien.
Je n'en revenais pas du discours que nous avions à cet instant. Il parlait difficilement mais le timbre de fou fuyant qui le caractérisait jusque là s'était évanoui pour un registre plus grave et ensorceleur, au point que l'humour fut mon seul recours pour lui répondre. Ce qui sembla lui plaire vu qu'il rit à en cracher du sang pendant qu'une des filles marmonnait pour elle-même qu'elle avait deviné ce que j'étais.
- Oh, j'ai bien assez de filles sous ma protection. Non, je pensais plutôt à un garde du corps d'un genre différent, les filles te ferais plus confiance qu'à un homme
- … avec le service trois pièces constamment au garde à vous par exemple, illustra de toute beauté la petite blondinette.
- On ferait un drôle de duo, c'est certain. Un vieux fou et une ancienne courtisane. Mais j'ai d'autres engagements et j'ai encore des rêves à tenter d'exaucer.
- Très bien, mais si par hasard j'ai besoin de quelqu'un épisodiquement pour apprendre les bonnes manières à un sale type ?
- Fais passer le message aux crieurs que Le Fol cherche La fille au pirate … faut que je file de mon coté.
- Va ! et merci pour la ballade, fit-il dans un sourire qui n'était plus de son âge.

Ils partirent par une venelle minuscule et disparurent très vite par une porte à demi ouverte qui se referma rapidement sur eux.
Je contournais l'entrepôt pour rejoindre les quais en m'assurant de pouvoir observer la scène sans être vue à mon tour. L'équipage de Pragatt' avait déjà largué les amarres et je voyais parmi les ombres mon capitaine prendre sa place en poupe.
Je ne pouvais le laisser partir sans un au revoir mais les gardes s'étaient maintenant sortis du filet et avaient laissé tomber la recherche des fauteurs de troubles que nous étions pour le groupe de pirates exaltés qui fêtaient leur victoire à grands coups de hurlements provocants.

Mais je n'eus pas longtemps à attendre pour que Pragatt' me trouve parmi les ombres de la nuit noire et me salue en tirant son tricorne. Et sur le coup, j'oubliais tout des précautions, des règles de discrétion et de mes blessures. Je me redressais dans l'ombre de l'entrepôt et agitait le mousquet de Fino, notre ancien compagnon disparu en mer bien trop tôt.
((Je ne vous dis pas adieu Capitaine … puissent les vents de Rana vous porter jusqu'à moi dans le futur))

Je repartais en direction de la ville aussi rapidement que le permettaient mon état physique et mon humeur chagrine. Une vraie Ynorienne ne pleure pas, mais je lutais férocement pour que les larmes qui transperçaient mon cœur ne sortent pas souiller ce moment.
J'avais dû quitter deux hommes pour de mauvaises excellentes raisons … car bien que nécessaire à chaque fois la séparation n'en était pas moins injuste. J'avais quitté Keyoke, mon protecteur depuis toujours, pour sauver ma vie, et je laissais Pragatt' partir parce que mes convictions, mes vœux et mes promesses m'interdisaient une vie de piraterie pour laquelle je me savais faite.


Les jumeaux me rattrapèrent quelques minutes après, leurs mines étrangement marquées par un mélange de satisfaction et de rancune. Ils étaient ravis de leur butin mais étaient conjointement d'avis que l'étape pirate était une surprise dont ils se seraient passés, bien que leur soit disant traumatisme à avoir vu le garde se faire égorger par un fantôme au crochet était une histoire qui deviendrait vite une anecdote qu'ils ne manqueraient de partager avec leurs conquêtes. Leur visite sous la tente fut cependant plus à leur goût et ils en étaient à calculer le montant des bénéfices des trésors qu'ils avaient amassés lorsque je perdis l'équilibre et leur tomba dessus.


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Madoka


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 22 Nov 2010 15:23 
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<-- Les rues de Kendra Kâr

Kinsuke se trouvait maintenant vers le port, et John était toujours à ses fesses. C'était midi environ et ils courraient depuis une dizaine de minutes déjà. Il y avait du monde dans le port, mais toujours pas assez pour s'y dissimuler. On pouvait apercevoir plusieurs bateaux au bord de la ville. Kinsuke se dirigeait vers la mer à toute vitesse, où il y serait coincé s'il ne trouvait pas une solution avant. Que faire? Que faire?

Inconsciemment, Kinsuke commençait à ralentir. Il n'y avait plus rien à faire, John allait l'attraper et le faire subir le même sort qu'aux pauvres chiens qu'il avait assassinés, voire pire encore. Si Kinsuke se mettait à crier que c'était John qui lui courrait après, personne n'y croirait. Les gardes se trouvaient à 50 mètres d'eux, environ. Ils n'auraient jamais le temps de rattraper John avant que Kinsuke n'arrive au bord du quai. Il n'y avait définitivement aucune solution.

« (Au moins, j'aurai essayé...) », se dit Kinsuke en se lamentant.

Pour une raison dont Kinsuke lui-même n'aurait su expliquer, il continua à courir. Il accélérait, en courant de plus en plus vite. Kinsuke avait repris motivation, comme s'il avait encore une chance de s'en sortir. Un des bateaux s'éloignait lentement du quai. Kinsuke semblait plus déterminé que jamais, il ne cessait de gagner en vitesse, les gens autour commençaient à le regarder, étonnés. Le garçon continuait d'avancer, il prenait de la distance sur John, puis approchant le quai, il posa son pied droit sur la palissade qui séparait le quai de la mer et bondit en direction du bateau qui quittait le quai.

Kinsuke se trouvait à présent en l'air, en plein vol. Il tendait la main pour attraper le bord du bateau. Il sentait le vent souffler sur tout son corps. Il sentait l'adrénaline couler dans ses veines. Il sentait la fraîcheur de la mer s'abattre sur son visage. Il n'avait jamais eu aucune sensation pareille dans toute sa vie. Kinsuke volait, en dessous de lui se trouvait la mer, et en dessus, le ciel. Rien pour le soutenir, c'était beau... mais il échoua en essayant d'attraper le bateau de ses mains. C'était fini.

« (Au moins, j'aurai essayé...) », se répéta-t-il, avec le sourire cette fois...

...quand il fut soudainement attrapé par le bras par un homme grand et fort avec une longue barbe qui se trouvait sur le bateau.

« Hé, petit! T'es fou ou quoi? T'as failli crever! Qu'est-ce qui t'a pris? »

Quelque cinq secondes après, Kinsuke entendit des petits claquements derrière lui, puis ceux-ci se multiplièrent. Une fois monté sur le bateau en se faisant aider par l'homme, il se retourna: c'étaient les passants du port applaudissant Kinsuke qui avait héroïquement sauter du quai, y piégeant John, qui se retrouva coincé par les gardes. Est-ce qu'ils découvriraient que cet homme était Grosse-Paluche John et le feraient cesser de commettre des crimes aussi médiocres? Kinsuke n'en savait rien, mais il était satisfait. Il avait contribué, à sa façon. L'homme du bateau persista à interroger le garçon:

« Hé, petit, réponds-moi! C'était qui ce mec qui te courrait après? »
« Euh... C'était Grosse-Paluche John, monsieur. L'étrangleur de chien. »
« Grosse Peluche quoi...? Bon, puis on s'en fout. Tu sais où tu vas au moins? »

L'expression perplexe de Kinsuke suffit pour faire comprendre à l'homme que le garçon n'avait jamais voyagé.
« D'accord, ce bateau se dirige à Tulorim. Est-ce que tu as prévenu tes parents au moins? »
« Euh... je leur enverrai une lettre... »
« Quoi?! Ils savent même pas que tu pars? Roh là là, l'enfance d'aujourd'hui... Bon, dépêche-toi de t'installer. »


Ce qui était sûr, c'est que Kinsuke ne reverrait plus John d'ici un bon moment...

Trajet maritime sur la Perle Rouge entre Kendra Kâr/Tulorim -->

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Légende:
-CornflowerBlue (#6495ED): Kinsuke
-SlateGray (#708090): La Femme Mystérieuse


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 26 Jan 2011 21:47 
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Toc toc toc...

- C'est ouvert.

La porte s'ouvrit lentement et dévoila la sombre pièce à la lueur de la lune. L'ombre la recouvrit de nouveau lorsqu'une silhouette imposante traversa l'entrée de la cabine du capitaine. Il avança vers une sombre silhouette, meurtrie par un mal sans nom, avachie sur un bureau de bois, cernée par une bonne dizaine de bouteilles qui étaient depuis peu remplies d'eau glacée, il buvait plus qu'il ne pouvait supporter d'eau. Un large rideau cachait le mur de verre derrière lui, il avait dès lors vaillamment repoussé les assauts diurnes du soleil. Dégagé de sa torpeur par le grincement de la porte, l'homme releva sa tête et fixa son interlocuteur. Il lui parla d'une voix asséchée :

- Quoi de neuf ?

Le vieil homme à peine entré fit quelques pas de plus, il se pencha au niveau de son compagnon pour mieux voir son visage et fit un pas brusque en arrière : son ami avait salement morflé. Les creux de ses joues étaient aussi profonds qu'un lac sans eau, et sa peau inspirait la désolation d'un champ de bataille, ou d'un village rongé par la famine. Il déglutit avant d'annoncer :

- Sirius, on est arrivé.

- A Kendrâ Kâr ?

- Ouais...


Sirius prit appui sur un coin du bureau et se leva avec quelque peine de son séant mouillé de sueur, libérant une odeur nauséabonde, presque morbide, cadavérique. Il avança vers son suivant et passa près de lui sans lui adresser le moindre regard, ses yeux étaient cachés sous sa chevelure foncée. La tête basse, il sortit de sa cabine et s'offrit aux lumières de la ville, profitant de la brise fraîche qui caressait parfois le pont du navire. Ses pas lourds partaient parfois de travers, mais s'efforçaient de montrer leurs élans de vigueur fatiguée en piétinant les planches avec fermeté. Recouvert entièrement d'un manteau bleu marin, le capitaine parcourait le pont de long en long pour se poster près du ponton d'embarquement. Il s'arrêta au beau milieu de son parcours et s'adossa au mât principal. Fixant l'horizon, il distingua les hautes tours de Kendrâ Kâr, la cité blanche, capitale humaine du Nirtim. Assombries par l'obscurité ambiante, Sirius avait l'intime conviction que ces dernières étaient d'un blanc propre et immaculé. Il n'avait jamais pénétré derrière les murailles de cette ville, aucune affaire ne l'y avait mené, jusqu'à cette nuit. Il avança vers le pavois pour mieux observer les quais qui se rapprochaient du navire, ils étaient presque arrivés alors....
Ledit navire laissait ses voiles blanches se faire emporter par le vent, aussi loin que les mâts solides nus de pavillon le leur permettait. Des motifs grossiers, du pavois jusqu'au bout de la coque, ornaient le bois d'une peinture bleue exquise, en tout cas pour un connaisseur. Du coin de l'œil, l'homme s'assura que les amarres étaient bien sorties. Celle qui était le plus près de lui pendouillait dans un rythme incassable, elle caressait le bois et la peinture en-dessous et parvenaient parfois à atteindre le nom qui était gravé sur le bois par le tranchant d'une épée, Masamune.
Grâce aux habiles manœuvres du second, le galion s'infiltra parfaitement dans un coin non-encombré et mouilla dans les eaux du port, captivant l'attention de certains habitués remarquant un nouvel arrivant étranger aux bites de leur cité. Le ponton s'abaissa et la silhouette du capitaine s'aventura en première sur le sol marbré du quai, d'un pas tranquille. Aussitôt rejoignit-il la terre ferme qu'un gaillard d'une toise de hauteur accourut vers lui pour lui adresser la parole : commerçant.

- Oyez marin ! Je suis le capitaine Kro, gérant du commerce naval de Kendrâ Kâr. Votre navire est un nouveau, êtes-vous venus ici pour affaires d'envergure ? Votre nom, cher client ?

L'homme qui faisait ses courbettes de marchand en face du capitaine de ce navire au pont presque vidé de badauds avait une mie de quarantenaire. Brun, il était chevelu et bien barbu, les deux bien peignés et présentés avec allure de richesse. A côté de ses yeux verts pendaient deux boucles d'oreille en or. Il était vêtu d'habits extravagants, orné de couleur vives, le jaune, le rouge, contrastant avec des touches de sombre violet, sans compter le noir de ses bottines cirées avec acharnement. Il n'avait pas de manteau par le froid qui courait mais sa chemisette était fièrement garnie de motifs kendrans. La contemplation s'arrêta , cet homme ne ressemblait en rien au genre d'hommes qui jouait l'escroc en se présentant de travers, mais en apparence seulement. Sirius rehaussa son col et dissimula son visage en partie, cisaillé ça entre ses cheveux pendants, c'était un cache-misère. Il se méfiait de ce Kro, il avait perdu confiance envers les commerçants portuaires, pour certaines raisons douloureuses...

- Je suis Heartless, et non, je viens juste ici pour boire un coup. Mais c'est gentil de demander.

- Dans ce cas puis-je vous être utile en quoi que ce soit ?


Heartless vit l'arnaque sans difficultés. Son embarcation était une nouvelle acquisition, et elle était chère à ses yeux, très chère. Il la protégeait avec jalousie des convoitises et mettait un point d'honneur à jouer cartes-sur-tables.

- Pas question, vieux.

- Pardon ?

- Tu touches pas à ce navire, que ce soit pour le visiter, le nettoyer, polir son bois, faire tes besoins, amener une pute ou le piquer sous mes yeux, compris ? Restes où tu es, on va l'amarrer nous-mêmes, pigé ?

- Mais...

- Pigé ?!

- O-Oui...


Ça, c'était bouclé. Heartless appela son ami qui se tenait encore sur le pont et il se mit à poursuivre les cordages pour amarrer le Masamune. Ensuite, devant une foule hasardée par un visiteur aussi décharné et strict quand on parlait de son bâtiment, il demanda à son interlocuteur :

- Capitaine Kro, il y a un médecin dans les parages ?

Le commerçant, offensé par la brusque demande de Sirius, se décida tout de même à lui répondre, et lui indiqua la direction menant à une petite boutique vendant quelques élixirs utiles selon lui, tenue par un elfe un peu louche, actif de nuit. Il n'en fallut pas plus à Heartless. Avant de se mettre en route, il appela ses compagnons, encore sur le navire :

- Gorilla, Leoj, on y va ! Thunar, reste avec le blondinet, d'accord ?!

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 30 Jan 2011 16:24 
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Le Masamune

"Gorilla, Leoj, on y va ! Thunar, reste avec le blondinet, d'accord ?!"

(Il me prend pour son larbin ou quoi ?)

Ne voyant pas Leoj répondre à l’appel du capitaine, Gallion se mit alors à le chercher dans le navire. Inquiet de laisser le borgne dans cet état plus longtemps, il passa chaque recoin du navire en revue, et cela en un temps record. Dortoir, infirmerie, calle, cabine du capitaine,… il inspecta absolument tout le navire de la proue à la poupe à la recherche du mage, mais il le trouva aucune trace de lui. Lorsqu’il remonta sur le pont, s’interrogeant sur la raison de cette soudaine désertion, il entendit une voix étouffée s’adresser à lui.

"Désolé, mais je ne peux me rendre à terre avec vous."

La voix venait du mât central, ou plus exactement de derrière le mât central. Une ombre sortit lentement de cette cachette improvisée lorsque le vieux marin s’en approcha.

"Mais qu’est-ce que tu fout ? J’te cherche depuis tout à l’heure pour aller trouver le guérisseur."

"Chhht, pas si fort. Le borgne pourrait t’entendre."

Le vétéran de la piraterie semblait perplexe face à cette étrange situation. Mais il joua le jeu et diminua le volume sonore de ses paroles.

"Pourquoi cette mascarade ? Heartless nous attends !"

"Tu te rappelle le comportement qui m’a valut une baffe le jour de notre départ ?"

Surpris par la question, Gallion se remémora alors la scène de la semaine passée. Il éprouvait quelques difficultés à cela. Après tout, les journées furent bien longues depuis qu’ils avaient largués les amarres à Tulorim. Il afficha alors une mine plus sérieuse qu’à son habitude.

"Ouais, t’étais pas dans ton état normal. En plus t’avais les yeux complètement noirs."

Leoj ignorait ce détail et en fut un peu déstabilisé pendant l’espace d’une ou deux secondes. Cela confirma ses soupçons et renforça la conviction qu’il s’était forgée durant la traversée.

"Tu te souviens de comment j’ai repris mon attitude normale ?"

"Ah ça c’est pas très compliqué, une bonne claque dans le museau ça remet les idées en place à chaque fois." En prononçant cette phrase il arborait une certaine fierté. Tandis qu’en face de lui, Leoj semblait un peu perdu face à cette réponse. "Maintenant que j’y pense, juste après la baffe y’ ta boucle d’oreille qu’à brillée pendant un instant."

Cette information sonna aux oreilles du jeune mage comme une réponse à la plupart de ses questions. Son esprit tournait incroyablement vite, comme si cette seule pièce de puzzle était la clé pour comprendre ce qui lui arrivait.

"Pourquoi ces questions ?"

C’est quelques mots sortirent Leoj du flot de ses pensées. Il fixa le géant un court instant avant de répondre, hésitant sur les informations pouvant lui être dévoilées. S’il en disait trop cela pourrait lui apporter quelques ennuis, dans le cas contraire Gallion ne l’aiderait probablement pas.

"Je crains que mon esprit ne sombre à nouveau si nous avions à combattre. Et tu sais bien qu’avec Heartless on ne peut jamais savoir quels ennuis il va encore attirer à lui."

"Ouais, mais il est quand même le capitaine. Quand il donne un ordre, l’équipage doit lui obéir c’est tout."

"Je n’aie pas à proprement parlé "rejoint votre équipage". Je préfèrerais avant cela consulter un prêtre afin d’en savoir plus sur mon état. Sans cela je risque de me mettre à tuer sans état d’âmes n’importe qui passant à portée. J’imagine qu’un matelot pareil ferait tâche même dans un équipage pirate, non ?"

Le colosse semblait dubitatif, aussi laissa-t-il courir ses doigts dans sa barbe durant une bonne minute avant de se décider sur sa réponse.

"Mouais, un marin taré n’obéissant pas aux ordres n’a pas sa place dans cet équipage. Va voir ton prêtre, moi je m’occupe d’Heartless."

Soulagé, Leoj laissa échapper un léger soupir avant de remercier le vieux loup de mer.

"Bien, dans ce cas je partirais à l’aube du navire pour trouver le prêtre. Suivant son jugement, je ferais parvenir à Thunar ma réponse pour ce qui est de rejoindre ou non l’équipage."

Sur ces mots, les deux hommes se séparèrent après avoir échangé un signe d’approbation. L’un descendit du bateau par la passerelle afin de rejoindre le borgne, tandis que l’autre entrait discrètement dans la sombre gueule du Masamune.


Port de Kendra Kâr

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"Si on ne prend pas son destin en main, nul ne le fera à notre place."


Dernière édition par Leoj le Jeu 3 Fév 2011 16:10, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 1 Fév 2011 21:24 
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Heartless, affaibli et un peu étourdi par sa condition, s'impatienta et appela en hurlant d'une voix cassée :

- Vous vous bougez oui ?! J'ai pas toute la nuit moi !

- J'arrive ! J'arrive, abruti !


Gorilla s'empressa de rejoindre son capitaine, il parcourut le pont entier en un sprint bien senti et déambula jusqu'au quai, puis, essoufflé, il rejoignit Sirius à la marche, suant à foison et appuyant tout son poids contre ses genoux, il soufflait comme un phoque. Cet état, bien que bref, était peu enviable à ce qui rongeait le borgne grimaçant.

- T'as vraiment une mine qui fait peur toi !

- Chuis... Trop vieux... Pour ces conneries...

- Où est Leoj ?

- Je... Je...


Gallion réagit étrangement à la demande de son ami. Il ne savait que dire, tiraillé entre sa sincérité et la promesse qu'il avait faite cinq minutes plus tôt à l'homme au capuchon. Il resta un petit moment à hésiter, ponctuant le silence de sa respiration bruyante...

- Alors ? T'as perdu ta langue ?

- Il est... Je l'ai pas trouvé.

- Ah, la feignasse ! J'suis sûr qu'il est en train de boire la dinette avec le nain, tous les mêmes...


Malgré ses dires il n'y avait pas lieu pour lui d'être déçu par un comportement aussi égoïste, après tout il était lui-même comme cela. Arborant comme d'habitude un léger sourire en coin qui bravait les terres asséchées sur son visage, Heartless tapa sur l'épaule du vieillard et se mit en marche vers la direction indiquée par le capitaine Kro, suivi de près par le fidèle Gallion.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 3 Fév 2011 16:09 
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Port de Kendra Kâr

Un pâle soleil se leva sur les flots, ses rayons peinant à percer la brume matinale recouvrant encore le port. Une fine couche de givre recouvrait les toits des bâtisses par cette froide matinée. Parée de ces atours, la cité blanche semblait plongée dans la torpeur. Sa beauté était enveloppé d’un fin linceul de mystère, cette vision lointaine et éphémère aurait put inspirer un poète de passage, mais seule une poignée de pêcheurs s’affairaient à cette heure. Bien trop occupés à décharger les fruits de la première pêche de la journée ou à réparer leurs filets, ils ne semblaient plus pouvoir apprécier la vue qu'offrait spectacle d’hiver.

Leoj mit pied à terre dès les premières lueurs de l’aube, vraisemblablement pressé d’en finir avec cette attente qui le rongeait depuis plus d’une semaine déjà. Les quartiers avoisinants le port, boueux et malodorants au même titre que les ruelles de Yarthiss, faisaient tâche dans ce paysage. Mais le jeune homme les ignora complètement, cela pour poser son regard sur la capitale qui receler bien des promesses à son égard.

(La cité blanche enfin,… Espérons que Niran avait vu juste.)

Son visage ne laissait paraître l’état de nerf dans lequel il se trouvait. Son esprit souhaitait déjà être au temple pour étancher cette curiosité qui l’avait poussait à traverser l’océan, mais son corps se devait de contenir cet élan pour ne pas attirer l’attention des gardes. D’un pas résolu, il se dirigea vers les portes massives de la ville. Laissant ainsi derrière lui le Masamune et son équipage réduit avec, semblait-il, un léger pincement au coeur.


Les grandes portes de la ville

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"Si on ne prend pas son destin en main, nul ne le fera à notre place."


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 15 Fév 2011 23:15 
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Ce bateau, ce foutu, foutu bateau, où était-il ? Le vert avait beau interroger les baudauds, personne ne semblait avoir croisé le type qui venait de lui faire don d'un bateau.
Presque une heure que le warg l'avait traîné jusqu'au truc le plus près de l'eau sous les ordres de son maître, ne s'aidant que du sens du vent pour trouver le port, n'ayant pour connaissance des ports que le fait qu'ils soient près de l'eau, mais ça lui suffisait amplement, de toute façon réfléchir plus lui aurait foutu la migraine.

Les noms, les tailles et les types de bateaux s'enchaînaient dans un ordre complétement anarchique, mais ceux contenant des objets précieux étaient généralement un peu plus gardé.

Cependant, quelque chose le guettait, hors de son champs de vision, quelque chose que la plupart des personnes arrivant ici craignaient comme la peste ou plongeaient dans ses pièges fourbes et sournois, une créature qui venait à bout de nombres de voyageurs innocents.

Alors qu'il continuait de contempler les bateaux, la bête surgit devant le gobelin ivre :


Capitaine Kro, puis-je vous aider ?

Les grognements du loup eurent raison de l'arrogance du commerçant, lui arrachant une grimace.
Le gobelin, l'esprit assez claire pour se rappeler du capitaine de navire, lui demanda d'une voix aïgue et agressive :


Toi dire où être bateau moi ! Bateau moi avoir été donné par homme de mer ! Homme de mer grand, Nakaineuille et manteau ! Parler pas aussi bien que toi et avec Grozork tout méchant !

Entre la traduction et la déduction, le commerçant eut un peu de mal, mais vu comment il venait de se faire envoyer chier, personne n'aurait parié qu'il tiendrait sa langue, et, en moins de deux, les deux personnes se retrouvèrent en face du gallion.

Dites moi, je vous ai aidé, vous auriez bien une petite récompense pour moi ? Disons, une petite centaine de yus ?

Un gobelin ne sachant naturellement pas compter, un gobelin ivre lui assurait un pourboire généreux, mais là, la logique était mauvaise, car un gobelin ivre perd rapidement le peu de gentillesse qu'il lui reste.
Tirant brusquement sur les rennes de son warg, Granak lui fit pousser un grognement sourd, gueule proche de l'arnaqueur, qui, ne pouvant tenir face à une telle vision d'horreur, bafouilla :


Je...je...je..vois...v..vous...paierez p...plus tard...

Son loup, son bébé, qu'est-ce qu'il pouvait être utile !
Seul problème, un loup ne sait pas nager, et le gobelin devait maintenant l'aider à grimper, ne prenant pas longtemps à être sur le pont.
C'est là que l'ingéniosité gobelin était à ses limites, et que la fourberie devait prendre le dessus.
Laissant le warg à sa place pour ne pas oublier l'endroit où son bien le plus précieux se trouvait, restant tout de même discret au cas où un équipage resterait, le gobelin se rendit au bateau qui déchargeait les objets, patientant le temps que la cargaison fut vidée et entreposée sur le sol.
Finalement, Granak s'approcha du type qui semblait s'occuper des détails de la transaction, couinant en lui montrant l'espèce d'escalier qui servait à atteindre le pont.
Trop occupé à des calculs savant, l'intellectuel hocha rapidement la tête avant de réciter une addition à voix haute, cherchant le calcul qu'il venait d'entreprendre.
En attendant, le p'tit vert traînait lentement la structure de bois jusque son bateau, n'étant pas aidé, structure qui, une fois arrivée, mit un temps à être correctement posée, de manière soit un peu hasardeuse, mais tout de même fixée.
Le warg monté dans la plus grande discrétion possible (même si une structure n'est elle-même pas discrète), Granak jeta à l'eau l'escalier, avant de se planquer dans un tonneau au préalable vidé de son contenu, tandis que le warg se planquait dans un recoin, caché parmis les tonnelets.


Warg se taire ! Nous attendre, bateau être à nous mais moi pas sûr !

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Granak, archer gobelin !


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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 9 Avr 2011 13:06 
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*Piiiiiiiz* *BOoOm* "Oh la belle bleue !"




< Le Continenta

"Ça y est, on arrive !" m'écriai-je alors que je regardais à travers un interstice dans la coque du navire.

Je pouvais voir à une centaine de mètres, les lumières du port de Kendra-Kâr éclairer la mer pendant que le soleil était en train de se coucher. Le port avait l'air immense, bien plus que celui de Bouhen, et la ville qui s'étendait derrière lui, encore plus. J'étais surexcité.

"Bon, tu veux toujours allumer les feux, oui ou non ? Parceque c'est maintenant ou jamais." me demanda Bab d'un ton sévère, comme si mon état l'exaspérait. Je repris un tant soit peu mon sérieux.

"Oui, allons-y."

Grâce à la force de nos quatre petits bras, nous allâmes donc positionner les "feux de couleur" derrière la porte de la réserve. Nous avions bien travaillé aujourd'hui, Bab avait relié chaque feu avec une seule mèche, ainsi nous n'aurions qu'à allumer une seule fois le bout de la plus grande pour que tous les feux fonctionnent. Quant à moi, j'avais confectionné une sorte de petit chariot permettant de trimbaler plus facilement les feux. Une fois tout en place, planqué derrière la porte entrebâillée de la réserve, je guettais notre arrivée au port.

Le navire effleura le quai et on entendit le bruit de l'ancre tomber à l'eau. Puis une planche de bois claqua sur le bastingage du navire pour permettre aux hommes de descendre. Tous semblaient pressés de partir, ça se bousculait presque. J'attendis que le pont soit presque vide pour donner le signal à Bab. Et quand il ne resta plus que deux ou trois matelots, plus leur capitaine à bord, j'ouvris la porte à la volée et m'écriai :

"Vas-y !"

J'entendis Bab actionner frénétiquement le briquet plusieurs fois avant d'obtenir une flamme. Puis on entendit un "Psshht" et Bab me bouscula dehors en me priant de courir, après avoir poussé le chariot pour qu'il roule sur le pont. Alors que je détalais sur le navire, j'entendis un "Hé ! Là ! Vous !" distinctif, mais je n'avais pas le temps de me retourner, nous avions atteint le bord du pont.

"Saute !" hurla Bab.

Ce que je fis. Je plongeai dans la mer froide, le choc me soutira un cri qui fut étouffé par l'eau. D'un rapide mouvement de pieds, je remontai à la surface. Un marin était penché par-dessus le bastingage et scrutait la surface aqueuse.

"Hé mais c'est vous qui ..."

Quand soudain, un "Piiiiiz" sonore se répercuta dans tout le port kendran, et je pus voir une étoile filante monter dans le ciel, laissant une traînée blanche derrière elle. Le suspense était à son comble et j'étais persuadé que tous les habitants du port avaient les yeux rivés sur l'étoile. Puis, "BOoOm" elle éclata dans une magnifique gerbe de lumière bleues étincelantes, se reflétant sur la surface de l'eau. Ce fut ensuite au tour de toutes les autres de partir illuminer le ciel et le port kendran. Les "feux de couleur" éclataient de partout émettant des lumières vertes, bleues ou ocre dans un bruit assourdissant.

Flottant à la surface de l'eau, je contemplais le spectacle, les yeux ronds et la bouche bée, tellement c'était impressionnant et beau. Quand tout fut fini, de nombreux applaudissements émanèrent du port, certains sifflant même. Puis une troupe de gardes affolés accourut sur le ponton menant au Continenta. Ils devaient sûrement penser à une attaque au canon.

"C'est le moment de disparaître." me souffla Bab.

Puis nous regagnâmes la terre ferme à la nage, s'efforçant de passer là où il y avait le moins de monde. Une fois enfin arrivés à bon port, et après s'être séché un minimum, Bab me lança.

"Je ne serais pas contre un vrai bon lit et un repas chaud. Pas toi ?"

Je hocha la tête en signe d'affirmation, un large sourire toujours affiché sur mon visage. Il était certain que je n'oublierais jamais ce premier voyage en mer !

"Suis moi, je ne connais pas cette ville comme ma poche, mais j'y suis déjà resté quelques jours. Il y a une bonne auberge dans ce quartier, on y mange bien et on y dort bien."

Je lui emboîtai le pas alors qu'il s'enfonçait dans les rues de la citée blanche.

> Auberge de la Tortue Guerrière

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Dernière édition par Psylo le Lun 2 Mai 2011 12:05, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 11 Avr 2011 10:24 
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Texte faisant suite à des écrits lointains : i.¬ii. ¬iii.¬Réponse du capitaine Kro (GM14)


Les demandes du capitaine Kro me laissèrent impassible. Être moi nécessitait une certaine dose de savoir faire, entre trop dire et ne pas dire. J'étais voué à évoluer avec un visage détestable. Le connaître apportait toujours plus de distance que de familiarité. je sentis une dernière pique me bruler l'estomac, réminiscence de mes jours de douleurs, et j'eus l'impression que ma Sombre Déesse Haine se muait en agacement et impatience. Pourquoi tout ceci devait être si compliqué ! Pourquoi toutes ces questions ! Autrefois, j'aurais souris, la langue chatouillée de sarcasme. Mais j'avais perdu le goût de la confrontation quotidienne et sans intérêt pour celle, de longe haleine, qui me porterait à ma gloire. Je n'avais que faire de l'argent, de l'amour ! Je ne vivais que pour la renommée et la vengeance. La gloire des Ellhars...

Mon parler vient de peuples lointains qui ont quittés le présent, soupirai-je. Mon visage me vient de mes parents, et de leurs parents. Mais cela n'a pas d'importance. Ce qui a de l'importance, c'est ce que vous désirez, et ce que je désire : vous désirez ne pas perdre du temps et faire fonctionner le port, je désire un navire. Nous avons donc tout pour nous entendre avec efficacité.

Ne m'apprenez pas mon métier ! S'écria le capitaine, sur une défense agressive. Bien qu'il y ait du vrai dans vos paroles, sachez que le chantier naval kendran n'est pas un marché ouvert aux quatre vents. Nous avons des ennemis et des amis en ce monde, et trop de fois nous nous sommes battus face à nos propres navires ! Je ne sais rien de vous.

Sur ces paroles Kro s'en retourna à ses occupations. Je rabattis ma capuche, soustrayant mon visage à la lueur de la capitainerie et aux regards des commis et comptables, cachant du même mouvement une lueur de rage et un sourire difficile. Derrière moi, mal à l'aise, le marin qui m'avait amené ici attendait silencieusement que je fasse un mouvement. L'entretien avec le capitaine était terminé : j'avais eu ma chance, et je ne l'avais pas satisfait. Comment l'aurais-je pu ? Une histoire comme la mienne ne se raconte pas !
Un souvenir s'imposa à ma conscience : Émeline, dans la noirceur du temple de Thimoros, perdue dans le dédale souterrain. Morte pour toujours. Tuée pour me permettre de goûter au meurtre. C'était ainsi que l'on apprenait à me connaître, ainsi que je me racontais. À qui savait lire les sentiments et la présence de ma Sombre Déesse Haine sur mon visage, était ouverte l'entièreté de mon histoire. Émeline était-elle tombée sous le charme de mes ténèbres, attirée par la soif insatiable qui m'habitait ?
Mes souvenirs s'organisaient. Je retrouvais mon passé, ma connaissance, ma lame tranchante, brûlante comme la griffe à mon côté.

Le marin, dans mon dos, se racla la gorge pour me signaler sa présence. Je lui fis face et plongeai ma main dans les plis de ma tunique. Là où les paroles échouaient, l'argent triomphait.

J'ai un travail pour toi. Comment t'appelles-tu ? lui demandai-je.

Martin Olaren. Mais on m'appelle Olar.

Tu semble bien connaître le capitaine Kro. Je veux que tu intercèdes auprès de lui en ma faveur. Je sais que tu es engagé à bord de ce vieux navire de commerce, là-bas.

Je montrai les quais d'un mouvement vague. On voyait quelques mats par les portes entrebâillées de la capitainerie, derrière le flot des marins qui grouillaient dans le port, leur sueur happée par le soleil montant.

Je te payerai à leur place. Si tu rentres à mon service, tu auras une position de choix à bord du navire que je compte acquérir, je te le garantis. Tu n'es pas obligé de faire ton choix tout de suite. Quant à mon but, tu l'apprendras en temps voulu. Soit tranquille : ta patrie ne sera jamais notre cible !

Le regard du marin s'assombrit. Ma proposition devait le plonger dans un profond désarroi et une grande méfiance : qui était cet étranger venu de nulle part, qu'il avait guidé, désirant acheter un navire, et qui lui proposait maintenant une place de travail au nom d'un projet dont il ne connaissait rien ? Je sentis un rire de plaisir s'épanouir dans ma poitrine, un rire comme ceux de jadis, au temps de mes errances solitaires dans les couloirs d'Ellhar, perdu dans le désert de Naora et l'omniprésence de ma Sombre Déesse Haine. Si je voulais un navire, c'était pour rejoindre une autre forme de désert, d'autres dunes, plus rapides, non moins dangereuses. Le navire que je désirais ne pouvait porter qu'un seul nom qui en soit digne : La Lance de Charlùm.

Je plongeai ma main dans ma tunique, pour en ressortir une bourse remplie de cinquante yus. Je la tendis au marin qui s'en saisit avec précaution et suspicion, avant que la surprise ne prenne possession de ses traits et que son attitude à mon égard se fasse plus encline à l'écoute.

Prends ceci comme gage de bonne volonté, repris-je. Attention, cependant : n'oublies pas que je sais où tu travailles ! Si tu ne respectes pas mes demandes, alors je te retrouverai, et sache que ton visage deviendra alors aussi méconnaissable que le mien !

Je laissais mes dernières paroles faire leur effet. Bien que costaud, Olar n'avait pas plus de matière grise que n'importe quel marin. Il travaillait avec ses mains et ses muscles, non avec sa tête; et rares étaient les moments où il devait se servir des deux.

Ma demande: acquérir un navire, achevai-je d'une voix plus sèche, revenant à la raison de ma présence. Je n'ai que faire de la manière dont tu t'y prendras, mais fais-le : je veux, d'ici midi, observer les coques neuves sortant du chantier naval pour choisir quel âme animera les voiles qui me guideront.

Le marin resta un moment le bras suspendu en l'air, la main serrée sur la bourse. Il hésitait et son regard le trahissait : l'argent avait pour lui un attrait important. Cinquante yus à portée de sa main : pour le seul devoir de me guider vers les navires justes achevés ! C'était une occasion pour se faire de l'argent facile. Une occasion à laquelle il ne s'attendait pas.
Il fourra la bourse dans sa poche, la soupesant une fois de plus, puis fit deux pas en direction du capitaine Kro.

Je vais m'en occuper, lança-t-il. Mais ça ne signifie pas que j'accepte votre première proposition.

Évidemment. Je t'attends près du navire sur lequel tu travaillais.

Je fis volte-face, laissant derrière moi les odeurs vives de la capitainerie. Au dehors, l'air lava de mon front une trace de sueur soudaine. Le soleil vint percer les noirceurs de ma capuche, baignant mon visage dans un bien être fortuit. Le port s'agitait autour de moi, mélange de commerçants, de marins et de marchandises hétéroclites, souillées de la crasse de l'homme. La mer scintillait entre les navires, cette même mer qui avait goûté au sang avant que les bâtiments de la chasse au trésor n'appareillent, et dont le massacre semblait s'être effacé de toutes les mémoires. Ne restait, sans doute, que quelques traces rouges entre les pierres. Quelques souvenirs dont personne ne voulait.
Mais peut-être, y avait-il tout de même quelques marins pour se souvenir du sang-mêlé, devenu second de l'Échangeur, et qui avait tonné ses ordres par delà la foule. De tels marins avaient davantage leur place à bord de mon futur navire; ils alimenteraient ainsi ma légende encore à construire...

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 7 Mai 2011 20:59 
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Le reste du voyage passa, les jours s’écoulèrent et furent d’un ennui mortel. Rosa voyait les heures s’écoulaient au rythme des roues lentes des chariots. Un mouvement abrutissant divertissait tous les membres de la caravane. Dès qu’ils faisaient halte, Rosa s’écartait le plus loin possible pour calmer ses nerfs. Plus elle devait rester avec ces marchands, plus ils l’exaspéraient. Thalo pour s’occuper, leur racontait ses exploits, ces récits tant méprisés de la Shaakt. Le guerrier ne pouvait se retenir d’ajouter de l’épique à ses histoires, ce dont la sorcière grinçait des dents à la moindre écoute. Les vers des guerriers blessaient autant leurs auditoires que les morts de leurs vains combats. Courage, honneur et respect voilà des valeurs dont l’envie de cracher dessus lui tenter tellement. Le Wiehl aurait normalement pu arrêter de chanter ses louanges avec un casque qui le couvrait de ridicule mais rien n’arrêtait sa fascination pour son passé ni son envie de le raconter. La caravane trop reconnaissante ne pouvait refuser de l’écouter, il n’y avait tout simplement qu’une sorcière qui ne souriait pas. Les montagnes s’éloignèrent, sa peur retourna peu à peu dans son sommeil léger. Désormais les routes étaient plus sures, autant pour la marche que par le nombre de voyageurs. Plus de précipices ni de Sektegs sanguinaires, la mage laissa sa tête tomber doucement contre le bord d’un chariot. Au moins son bouclier avait persuadé ses nouveaux amis de laisser une place pour l’elfe noire, reposer ses jambes que trop sollicitées. Elle observa le guerrier qui marchait derrière, sa vigilance la berçait, ses yeux laissèrent une douce pénombre s’installer. Alors qu’elle dormait, les dialogues entre marchands animèrent un curieux songe, si bien que son sommeil ne paraissait qu’une impression. La Shaakt sursauta, Thalo n’était plus en face d’elle et les chars n’avançaient plus. Elle glissa hors du sien puis marcha vers la tête, tous étaient là à profiter de la vue, Kendra Kar.

« Vous voilà en sureté désormais ! Votre ami va pouvoir regagner sa jambe d’ici peu. Cela a été un plaisir de marcher avec vous, puisse Gaïa vous guider ! »

Le wiehl fit face à sa partenaire.

« Je dois trouver un armurier… Vous avez une idée en tête ? »

« Je t’attendrai au port. Peut-être y trouverai-je notre curieux capitaine. »

« D’accord j’en aurai très certainement pour la journée, soyez prudente ! »


Un peu de solitude pour braver le chaos de la ville une nouvelle fois, Rosa ne savait pas si la chose se montrait bonne ou mauvaise. Arrivés aux portes, ils continuèrent jusqu’à l’arène puis se séparèrent. La mi-journée éclairait une foule impressionnante dont la vue fit Rosa grincer les dents. Cette fois, elle disposait un subterfuge, la cape elfique que le chef de la caravane lui avait donné. La shaakt la passa sur son et plaça la capuche, ses oreilles désormais préservées des regards. A partir de cet instant, elle n’avait l’air que d’une simple jeune femme au teint pâle. La cité tellement fréquentée ne lui causa plus de soucis, à l’abri des regards sa peur des foules se tut. Le chant océanique prit à chaque de ses pas plus d’ampleur puis la porte franchie, Rosa vit de nouveau ce mur de bois qui flottait sur l’eau. Sans trop oser se hasarder à une futile recherche, l’elfe sombre s’installa sur une caisse des quais, pas de signe de ce capitaine rempli de bizarrerie. Toutefois, elle disposait d’un temps libre conséquent et d’un paysage envoutant. Sans se soucier du tumulte des marins, la mage admira les vaisseaux qui patientaient fermement maintenus par leurs amarrages.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 8 Mai 2011 16:18 
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Le groupe de fugitifs arriva en vue du port. Le borgne pesta quand il aperçut une patrouille de miliciens déjà en alerte, inspectant chaque navire avec minutie, et fouillant les lieux de fond en comble. Mais son désarroi fut encore plus grand lorsqu'il constata l'absence de son navire, les traîtres avaient déjà mis les voiles...

- Merde ! Merde !!

Ruminant, il étouffait ses jurons pour ne pas susciter trop d'attention. Énervé, il frappa un mur de pierres à mains nues jusqu'à ce que ses doigts deviennent bleus de.... bleus. De plus, l'avertissement semblait avoir déjà filtré jusqu'ici, un blocus interdisait les navires de sortir du port, et une corvette armée de la milice surveillait la mer. Voler un bateau et partir n'était pas juste risqué, c'était suicidaire, assez pour dissuader Heartless de laisser libre cours à son agitation. C'était trop tard de toutes façons... Soudain, Mazhui s'écria :

- Patrouille !

Perspicace, car au loin, c'était véritablement une petite troupe d'une dizaine d'hommes armés qui se dirigeait dans leur direction. N'ayant pas encore été repérés, les trois criminels cherchèrent un moyen d'éviter toute confrontation. Sirius remarqua un débarras de caisses et de tonneaux vides non-loin de leur position, avec une personne en manteau assise juste à côté. Appelant à lui ses compagnons d'infortune, il balaya les couvercles de trois conteneurs et entra dans l'un deux en refermant aux trois-quart le haut de son refuge. Il y passa sa dague qui vint titiller le dos de l'étranger. Telle une bête effrayée, il le menaça :

- Toi, dis pas un mot où j'te bute !

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 8 Mai 2011 19:20 
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Nark était un peu secoué par ce que lui avait dit Heartless. Il n’était plus capitaine ? Un capitaine n’a pas besoin d’avoir un bateau pour l’être. C’était un état d’esprit ! Avoir une âme de chef, savoir diriger et rallier des gens à sa cause ! Et le borgne était tout cela. Même sans le Masamune, même s’il ne se battait pas très bien, même s’il avait été humilié par son ancien second, l’ex détenu était le meilleur de tout les capitaines. Si Heartless ne croyait pas en ça, s’en serrait fini de l’équipage. Un chef qui n’impose pas le respect et qui ne croit pas en lui est un homme mort. Nark le savait. Plus que le vol du galion ou celui de Mélodie, le guerrier détestait que Gorilla ait fait croire à son supérieur qu’il n’était pas un vrai commandant.

Le trio arriva rapidement au port, sans avoir croisé de milicien dans les rues. Aucun homme de loi n’était présent dans les rues de la cité blanche car ils étaient répartis dans les différentes issues de la ville, notamment le port, où les trois comparses se rendirent. Mais une fois sur place, ils se rendirent compte qu’il serait très difficile de fuir par la mer, les miliciens fouillant toutes les embarcations. Ils passaient tout au peigne fin, ne laissant rien sans l’avoir méticuleusement examiner. Heartless vit aussi que son bateau volé avait disparu. Il y avait peu de chances qu’ils rattrapent le voleur.

(Même si nous rattrapions Thunderhead, il nous faut d’autres hommes. Nous n’aurions aucune chance à trois contre tous les pirates avec qui Galion s’est acoquiné.)

Nark avait raison. Même s’ils étaient tous trois de bons combattants (même si l’on n’avait toujours pas vu leur nouveau compagnon se battre), leur défaite serait certaine. Ils devaient retrouver Rosa, la sorcière shaakt et Thalo, son protecteur. Ils seraient tous deux importants en cas d’affrontement. Le jeune homme réfléchit quelques instants. Sirius devait avoir des matelots sous ses ordres avant d’arriver à Kendra Kâr. Où étaient-ils ? Peut-être avaient-ils eux aussi trahi Hartlingrad. Peut-être étaient ils perdus dans la cité blanche, à la recherche de leur capitaine. Ou peut-être avaient-ils tenté de résister au nouveau capitaine et ils étaient maintenant morts.

Le compagnon de cellule d’Heartless les prévint qu’une patrouille approchait. Ils se cachèrent dans des tonneaux vides pour ne pas être vu. Un personnage, entouré d'une cape, les regardait attentivement. Le borgne planta légèrement sa dague dans son cou, puis le menaça s’il alertait les chercheurs. Ils attendirent quelques instants, puis ils entendirent des bruits de pas. Ils retinrent leur souffle, attentifs à ne pas faire le moindre bruit. Les défenseurs de la loi passèrent sans les voir. Ils sortirent des tonneaux, puis Nark s’approcha de Heartless.

« N’avais-tu pas des hommes avant d’arriver à Kendra Kâr ? D’ailleurs, d’où viens-tu Sirius ? »

Un soupçon d’espoir pointait dans la voix du fils de marchand. Si le borgne n’avait aucun autre homme, ils pouvaient dire adieu au Masamune.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


Dernière édition par Nark le Lun 20 Juin 2011 21:11, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 8 Mai 2011 23:27 
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Thalo n’arrivait toujours pas, bien trop occuper à sauver son masque d’acier. La shaakt s’assit en tailleur puis posa son menton sur le creux de sa main. Ses gigantesques trois mats lui dissimulaient la mer calme, leur équipage s’agitait à charger et décharger leurs marchandises. Elle pouvait même voir un navire de guerre, une forteresse de bois qui dormait profondément. L’homme bravait l’océan sans être capable de le dompter, une folie qui le faisait avancer et parfois sombrer. Tout cette fourmilière sur l’eau s’agitait dans un vacarme presque poétique tellement il semblait mécanique. Un chat noir vint se poser non loin d’elle pour faire sa toilette. Visiblement habitué au contact humain, il la fixa d’un air flegmatique peut être dans l’espoir d’avoir un témoignage de tendresse. La sorcière posa sa main de façon maladroite, le félin la regarda d’un air outré. Pour s’excuser elle lui gratta le haut de la tête ce qui le fit ronronner. Une curieuse bestiole parvenait à intriguer une cruelle elfe sombre. Pourtant elle aurait chassé n’importe quel autre animal, les chats eux… Le clan en comptait quelques us. De petits êtres qui venaient la faire sourire lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant. Ils pouvaient savoir lorsque la petite shaakt avait peur ou se sentait malheureuse. Dans ses songes, la main descendit vers le flanc de l’animal qui une nouvelle fois offusqué la mordit. Rosa pesta contre cet ingrat et lui tourna le dos. Apparemment même les sacs à puce dédaignaient lui accorder une tranquille réflexion. Finalement son attention se porta sur ses patrouilles de miliciens qui remplissaient le port d’une cadence soutenue. Un milicien vint l’interpeler :

« Ôtez votre capuche ! »

Sans trop réfléchir, l’elfe assouvit sa curiosité, elle ne voulait pas d’ennui.

« Veuillez m’excuser. Nous recherchons une bande de dangereux individus, deux évadés des cachots avec un complice. »

Lorsque l’homme à la mine grave tenta une description maladroite, la mage put en reconnaître deux. Rosa remit sa capuche.

« … les avez vous vus ? »

« Hm, non pas que je sache. Un pirate et un traitre ? Je n’ai jamais vu pareil ménage. »

« D'accord… Merci à vous mais n’hésitez pas à nous prévenir si vous les croisez… Ce sont des fous furieux, ils ont abattus plusieurs miliciens. »


Il la salua brièvement puis se remit en chasse. Il semblerait que la shaakt avait trouvé ce qu’elle cherchait, presque sur un plateau. Malheureusement, le capitaine semblait être un homme qui naviguait pour une surprenante cause. Un pirate ? Voilà qui ne plairait surement pas à Thalo. La perspective ne charmait pas non plus entièrement la sorcière, la potence ne flottait jamais loin sur cette voie. De plus, la situation actuelle ne faisait que ternir son point de vue. Elle allait se lever lorsqu’une lame d’acier vint piquer son dos. La shaakt retint son souffle comme pour éviter de tourner de l’œil. Lorsque soudain une voix familière éteignit toute peur. Heartless la menaçait. Dans un murmure perçant, elle répondit à ses menaces :

« Xsa ol ! vous n’avez pas trouvé mieux à prendre comme otage ? »


Rosa tourna la tête pour voir la troupe des terribles assassins, Ô surprise agréable le guerrier sophiste, un barbu et le terrible pirate. La sorcière laissa échapper un soupire et enviait ce chat qui s’enfuyait sans gêne. La journée s’annonçait plus mal que prévue, la sottise de ces fuyards allaient surement lui couter cher or elle sentait qu’ils avaient l’intention de l’embarquer dans leur fuite. Sans Thalo, la mage ne savait pas s’il fallait hurler, fuir ou bruler tout ce qu’elle pouvait. Finalement son choix s’orienta sur la patience et la décision du borgne terrifié.

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 11 Mai 2011 16:38 
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Lorsque l'inconnu encapuchonné se retourna pour les insulter, Heartless n'en crut pas ses yeux... enfin, son œil. Le couvercle s'en alla valser plus au loin lorsqu'il se redressa de toute sa taille, les pieds pris dans le tonneau.

- Hé ! Mais j'te connais toi !

Redevenu un fanfaron dès qu'il eut croisé le regard d'une femme, il se mit à esquisser de larges gestes, comme si, pour une fois, c'était le diablotin qui était surpris en surgissant de sa boîte. Mais une gêne dans sa mémoire interrompit sa tirade ratée et il commença à se creuser la tête...

- Euh... comment tu t'appelles déjà ? Ah ! Je sais ! T'es...

Au même moment son poids mal dosé fit chavirer son abris qui l'entraîna dans sa chute douloureuse. Après s'être magistralement rétamé sur le sol râpeux, il se releva ( certes moins rapidement que la dernière fois ) puis prononça enfin le nom de son interlocutrice shaakt :

- Rosa !

Puis il arborait un mauvais sourire qui se voulait charmeur. Heartless semblait avoir changé du tout au tout, était-il ce détenu en fuite, le même qui avait tué sans pitié deux des gardes du cachot ? Mais malgré ses gignoleries, la femme au visage blanc comme neige ne montrait pas la même réaction qu'une pucelle de la cité, à la déception de Sirius... Ce fut à cet instant que Nark, fraîchement sorti de son tonneau, lui demanda avec une voix inquiète, mais soupçonnée d'un brin d'espoir :

- N’avais-tu pas des hommes avant d’arriver à Kendra Kâr ? D’ailleurs, d’où viens-tu Sirius ?

Leoj, Renart et Thunar... Le borgne s'en souvint subitement et un tic piqua son visage, un choc, une inquiétude dissimulée. Feignant l'idiotie, il se retourna et montra un sourire gêné à Nark suivit d'un haussement d'épaules, comme si il ne savait pas, comme si il avait oublié. En vérité, cette question le torturait : que leur était-il arrivé après la trahison de Gorilla ? L'avaient-ils rejoint, ou bien s'étaient-ils opposés à lui ? Lui avaient-ils survécu ou avaient-ils péri ? Étaient-ils sur terre ou sur mer ? Il ne le savait pas, en vérité, il préférait ne pas se poser la question, il ne pouvait pas savoir et, si ses anciens compagnons n'étaient pas au port, alors Heartless ne voyait aucun lieu où ils auraient pu faire halte. C'était un doute à chasser de son esprit. Il continua à se dandiner auprès de Rosa :

- Tiens, je vois pas ton pote en armure... On se serait séparé de sa boîte de conserve, hein ? On se sent seule ?

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 Sujet du message: Re: Port de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 12 Mai 2011 17:15 
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Localisation: Au bureau de recrutement de la Confrérie d'Outremer à Tulorim
Nark regarda avec surprise la personne que Heartless avait menacée. C’était Rosa, la mage. Cela l’égaya. Surtout que la mageresse et son compagnon, le guerrier Thalo, était sûrement de bons combattants. Il n’avait certes pas de bonnes relations avec la shaakt, mais il s’entendait assez bien avec son ami, qui partageait les mêmes notions que lui. Puis le jeune homme se rendit compte que le protecteur n’était pas là. Où avait-il bien pu passer ? D’habitude, le guerrier couvert de plates restait toujours aux côtés de la sorcière à la peau sombre, au cas où quelque chose lui arrivait. Il arriverait sûrement bientôt.

Puis le combattant attendit la réponse de son capitaine. Mais celle-ci tardait à venir. Après quelques secondes d’attente interminables, le borgne ouvrit la bouche : mais ce fut pour demander à Rosa où était Thalo. Que cela voulait-il dire ? Pourquoi Heartless ne répondait pas ? D’après ce qu’il avait compris, le Masamune était un galion. Hors, il était impossible de manœuvrer un navire de cette taille à deux. Gorilla et son supérieur avait forcément eu d’autres compagnons. Nark demanda alors calmement, de la voix la plus froide possible:

« Ecoute Sirius : si tu avais été mon capitaine, je t’aurais obéi au doigt et à l’œil sans poser de questions. Mais tu dis que tu ne l’es pas. Tu as dit qu’on devait racheter un bateau, mais on ne peut pas avec tous ces miliciens. Je te demande si tu as d’autres hommes sous tes ordres, mais tu ne réponds pas. Tu as bien vu que Gorilla avait de nombreux hommes sous ses ordres. Alors, la seule chose que je te demande, c’est si tu connais des gens prêt à nous aider, ou si tu nous envoies droit à la boucherie »

Un long silence suivit sa déclaration. Le guerrier attendait la réponse de l’ex-détenu. Il jeta un regard glacé à Rosa et à l’autre ancien prisonnier. Il leur fit comprendre qu’il ne voulait pas qu’ils interviennent. A sa grande surprise, l’homme barbu hocha la tête. Cette fois-ci, lui aussi était d’accord. Lui non plus n’avait pas envie de mourir pour quelqu’un qu’il connaissait à peine.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


Dernière édition par Nark le Lun 20 Juin 2011 21:10, édité 1 fois.

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