Inscription: Sam 2 Jan 2010 01:28 Messages: 984
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UNE ENTREE MOUVEMENTEE LES ALENTOURS DE KENDRA KARAlors que la jeune Humoran tirée par son amie s’approchait des portes, pressée, bousculée de toute part par les badauds voulant comme elles pénétrer, son regard monta loin au-dessus de sa tête sur l’écrasante et imposante tour de garde. N’Kpa en avait la bouche bée, le souffle coupé, le cœur chaviré. Elle n’avait jamais vu de construction si grande si haute… si imposante. Tout son univers n’avait été que nature et même si les arbres de la forêt profonde pouvaient avoir des tailles imposantes, jamais elle n’avait eu le sentiment de claustrophobie. Ce sentiment s’accentua lorsqu’elles s’engagèrent sous l’arche de la poterne, que l’ombre devint plus imposante toute deux prises dans la foule, harcelées par les mélanges d’odeurs diverses, les cris, la chaleur et es bousculades. l’Humoran ne se sentait pas très bien. Seul réconfort, la main dans la sienne de son amie et sa voix rieuse qui résonnait à ses oreilles comme une clochette lointaine. Le jour réapparut rapidement aveuglant mais réconfortant lorsqu’elles franchirent la sortie du passage dans la muraille. N’Kpa s’arrêta et força Ilda à stopper sa course, fit la moue à son amie et aspira une grande goulée d’air pour reprendre son souffle. . Même si l’air était nauséabond pour elle, sentir enfin le soleil et un peu de brise sur son pelage léger la réconfortait. Autour d’elles les gens se diluaient sur la place, marchant, courant en tout sens, le tout dans un vacarme assourdissant de cris et de bruits divers. Quantités de marchandises s’entassaient de-ci de-là et de nombreux commerçants semblaient pris dans des tractations importantes. Les chariots et les animaux devenus inutiles étaient parqués plus loin dans des enclos à cet effet. Au milieu de ce caravansérail couraient des commis en tout sens, parfois charger comme des mules, des cris en langues étrangères fusaient de toutes par. En périphérie de tout cela, étaient visibles les hommes d’armes de la ville facilement reconnaissable à leur chasuble bariolée des couleurs de la cité. A côté d’elle Ilda jubilait, rigolait. Ses yeux pétillaient de joie… elle dansait sur place comme pouvait le faire un cabri. Hey ! N’Kpa regarde, c’est ma ville et je vais te présenter à mes parents… Tu ne peux pas savoir comme je suis heureuse et tout ça grâce à toi ! N’Kpa lui retourna un sourire crispé, deux doigts pinçant son nez. Elle se résigna et expira avec force. Sa décision était prise, elle ne voulait pas rester trop longtemps ici, ce n’était pas son monde. Elle ne comprenait pas comment les gens pouvaient se concentrer dans un capharnaüm aussi répugnant, puant et bruyant. D’un autre coté, était-il possible que son père biologique soit venu ici ?… Elle n’en savait rien et en doutait… Elle ne savait pas encore comment annoncer sa décision à son amie. Pour l’heure elle se sentait fatiguée et affamée.
Autour d’elles l’attention devenait plus insistante, l’Humoran attirait l’œil, la curiosité, les questions étaient dans de nombreux regards et certaines bouches… mais il y avait aussi un sentiment moins noble, plus ancien et plus odieux, souvenir lointain d’une période plus austère, dramatique même pour les étrangers et les races non humaines. Les gens qui regardaient la jeune femme et sa compagne étaient partagés entre animosité dédain ou admiration, certaines messes basses circulaient de bouches à oreilles, enflant jusqu’à devenir audibles. Plusieurs personnes allèrent même voir la milice, qui à son tour reporta son attention sur le couple. Un groupe de garde prenait leur direction sans les quitter des yeux. Ilda s’en aperçut et craignit pour son amie, même si elles n’avaient rien fait de mal. La jeune fille sentait l’urgence de la situation. Elle fronça les sourcils, jeta un ou deux regards à droite à gauche, prit la main de son amie et lui coupa la parole ... Ilda… je… Ce n’est pas le moment N’Kpa, nous allons bouger, rester ici peut-être dangereux… je t’expliquerai, suis-moi filons… Dans la cohue il était facile de se fondre. Passer ente les étalages, les stocks à même le sol, se fondre au milieu du monde était facile et Ilda savait y faire. N’kpa perdue troublée désorientée dans ce milieu, bousculait de temps en temps les badauds, soulevait parfois les indignations de surprise. Elles abordaient enfin une ruelle quittant la grande place, lorsque devant elle un doigt pointé sur elle deux gardes leur barraient le chemin. Ilda se tourna et compris trop tard qu’elles étaient tombées dans un piège très simple. Etrangement comme si la foule avait été de connivence avec la milice, elle s’écarta pour laisser passer les hommes d’armes, avant de se refermer autour d’eux avide de curiosité malsaine. Une ronde de cinq hommes armés et menaçant de leur lance courte encadra les deux jeunes filles soudain aculées. Un homme de forte carrure grisonnant, balafré arborant l’emblème du royaume sur sa cote s’avance les bras ouverts en signe d’apaisement. Son regard ne quitte pas N’Kpa. A sa ceinture en cuir usagé sur son côté gauche pend une lourde épée large et de l’autre une longue dague fine. Il arbore un visage souriant affable que ses yeux porcins malveillants trahissent et s’adresse à l’Humoran d’une voix moqueuse : Tien ? tien ! tien ! mais qu’avons nous là mes amis ? Je ne sais pas pour vous, mais je ne pensais pas revoir de toute ma vie un bâtard de l’humanité, une erreur de la nature... pardon « UNE » Humoran vous ne devez même pas connaître ça vous autre trop jeune n’est-ce pas? Je pensais que nous les avions tous exterminés dans le temps, mais apparemment non… Il en reste et qui plus est pas des plus laids spécimens, n’est-ce pas ? Ha ! Ha ! Ha ! Un large ricanement stupide retentit dans l’assemblée pour accompagner celui du sergent. Mais il coupa court à la mascarade improvisée d’un geste impatient, reprenant un visage sans expression et se retourna vers ses victimes. Bien ses belles damoiselles vont nous dire ce qu’elles font ici et pourquoi elles ont tenté de nous échapper? … Auraient-elles des choses à se reprocher ? Enfin surtout celle-ci ? Il désigne N’Kpa d’un doigt inquisiteur. Derrière les hommes d’armes la foule c’était rassemblée, commentait, discutait et même quelques paris audacieux fleurissaient à peine cachés. Du temps qu’il parlait l’homme s’était rapproché et tournait autour de la jeune humanoïde frôlant de ses doigts sa toison douce délaissant sa compagne humaine, comme si elle n’avait pas existée. N’Kpa c’était crispée et recentrée sur elle même. Ilda l’avait attrapé par le bras et c’était collée à elle la suppliant du regard d’accepter cette humiliation et surtout de garder son contrôle. La jeune fille tremblait sachant parfois que la milice était odieuse, accusée parfois de débordements ou d’abus de pouvoir. La jeune Humoran grondait, feulait doucement comme un chat. Ces pupilles dilatées reflétaient la peur, la colère, l’indignation et l’incompréhension. Ses oreilles rabattues témoignaient de son état. Le sergent en vieux briscard expérimenté savait, connaissait les réactions violentes que pouvaient avoir les Humorans, ou les Worans, pour les avoir chassé et combattu par le passé. Il restait sur ses gardes une main sur sa dague. En cet instant, il jouissait du pouvoir de sa position et en profitait. Karferix tel était son nom avait gravi les échelons, pas par bravoure, mais bien plus par opportunité. Il aimait qu’on le craigne et le respecte. Évidemment cette étrangère n’avait rien fait et cependant faisait remonter à la surface de sa mémoire de profondes blessures, frustrations et d’humiliations du passé. En avoir une sous sa main était pour lui jubilatoire. Il avait un plan et si cela se passait bien il pourrait gagner une jolie rente qui lui permettrait de faire ce que jamais sa solde ne lui avait offrait. Il était facile de provoquer l’incident et du coup de passer outre des lois de libre circulation entre les peuples, de foutu respect mutuel et de tolérance… Cependant, un fantasme le taraudait et la jolie fille exotique devant ses yeux l’enflammait. Il riait sous cape, pour lui seul, s’il pouvait faire d’une pierre deux coups? … Il lui suffisait d’être un peu trop… collant, trop curieux audacieux pour que, il en était persuadé, la métisse craque et commette l’irréparable qui l’aiderai à lui mettre le grappin dessus et… Le jeu était risqué au milieu de la foule et de ses hommes et aussi pour lui. Il avait une chance de prendre une raclée et d’être blessé, mais il était joueur. Il se colla à la jeune Humoran tout contre son dos, à l’oreille il lui souffla une question qu’elle seule pouvait entendre ; sa main au même moment glissa discrètement le long de son dos jusqu’à sa croupe… Il la sentit frissonner, ses muscles saillants sous son pelage se crisper. N’Kpa surprise du geste se mordit les lèvres pour ne pas hurler, ses pupilles dilatées témoignèrent de sa stupeur, ses oreilles vibrèrent… Je ne sais pas ce que tu es venue faire, mais ici beaucoup de gens ne vous aiment pas. Cette ville recèle de millier de dangers et bien des quartiers mal famés sont des pièges pour une étrangère comme toi. Alors, si tu acceptes sagement un petit câlin, en échange tu auras une protection, le droit de passage, les conseils, les relations nécessaires pour ne pas être ennuyée ma belle et si tu te tiens à carreau tout se passera bien pour toi et ta copine… autrement… ! Il n’eut pas à attendre une réponse que, l’ouragan se déchaîna plus violent et imprévisible que prévu. Ilda sentit une seconde l’hésitation de son amie, puis elle fut soulevée de terre pour retomber sur deux jeunes gardes qui s’effondrèrent sous son poids. Les cris au milieu de la foule fusèrent de toute part. Le cercle alors resserré s’étiola plus vite que le temps à une châtaigne de tomber de sa branche. Karferix eu le souffle coupé, le pied de l’Humoran venait de s’enfoncer dans son estomac. Il tomba à la renverse les mains sur son ventre, les yeux exorbités. Les deux soldats restant se jetèrent sur la sauvage croyant la maîtriser d’un coup de lance. Mais celle-ci plus vive d’un revers de jambe désarma l’un d’eux et griffa la face du second. Profitant de la stupeur générale, de la confusion, N’Kpa bondit par dessus les corps, attrapa la main d’Ilda et l’attira à elle pour l’aider à se relever. Ilda… vite… relève toi fuyons ! Autour d’elles des spectateurs applaudirent l’exploit et même en rirent alors que d’autres criaient au scandale. N’Kpa et Ilda n’attendirent pas et couraient devant elle s’enfonçant de plus en plus dans les méandres de la ville basse. Par deux fois Ilda tenta de freiner la course éperdue de son amie. Mais celle-ci n’en n’avait cure et telle un chat en fuite fonçait droit devant elle sous les quolibets, injures, protestations des bousculés et des badauds. Alors qu’elles progressaient dans des ruelles presque désertes, de plus en plus étroites et désertes, soudain au détour de l’une plus rétrécie, en pente forte, alors que l’humidité semblait régner ici plus qu’ailleurs, que les marches étaient glissantes et trompeuses, que les façades des masures portaient les stigmates du temps attaquées par la moisissure, N’Kpa heurta de plein fouet un mur de chair…
… L’homme ne broncha pas d’un pouce et sembla presque ne pas avoir senti le moindre choc. Il regardait ces deux péronnelles de ses petits yeux marrons profondément enfouis sous deux arcades proéminentes et fournies de sourcils épais et broussailleux. Ses lèvres épaisses arboraient un sourire carnassier aux gencives rougeâtres et dents saillantes. Dans ce renfoncement sombre, il ressemblait à un géant, son expression à celle d’un ogre. Sa mâchoire carrée ne reflétait rien d’autre que le pouvoir de broyer un os sans effort. Il tenait un cadavre informe d’un animal, un chien probablement dans une main, le cou de la pauvre bête formait un angle étrange. De l’autre, du sang dégoulinait le long de son bras.
Ilda s’effondra paralyser de peur les mains sur sa bouche, aucun cri n’en sorti. Aux yeux de la jeune humaine, la face de l’homme était hideuse toute droite sortie d’un cauchemar ou d’une histoire d’enfance.
Il jouait de ses muscles noueux et proéminents, faisant rouler ses pectoraux et ses biceps comme des machines à écraser. Les vilaines cicatrices qui ornaient ses épaules et ses bras comme des tatouages et des scarifications augmentaient la répugnance qu’inspirait cet être. La dernière touche était sa coiffure étrange, alors que son crâne était rasé, il maintenait des pics sur le dessus de son crâne tenus droits avec de la graisse. Il puait la charogne, la transpiration et l’odeur canine. L’homme les regarda tour à tour et leva un doigt vers sa bouche en signe de silence. Il s’avança en direction de N’Kpa estomaqué comme son amie, sa main libre aux doigts gros comme des boudins se portaient au-devant de la gorge de l’Humoran.
N’Kpa secoua la tête, réagit très vite et plongea entre ses jambes grosses comme des poteaux. Elle tenta de le faucher d’un large balayage. Mais l’homme était une armoire solide et ne fut que déséquilibré. Il se raccrocha au mur au-dessus de la jeune femme et lui décocha en retour un formidable coup de pied qui l’envoya défoncer le mur de torchis et de bois. Ilda, sortit de sa torpeur s’écarta en longeant la façade de la maison en face et ce mis à crier au secours. L’homme se retourna entendit des pas descendre les marches. Il frappa Ilda d’un revers de main l’envoyant inconsciente valser dans les escaliers plus bas.
Un regard en arrière, il rit se retourne et jette sur ses épaules N’Kpa assommée avant de s’enfuir vers une direction connue de lui seul … LES EGOUTS
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