Inscription: Sam 2 Jan 2010 01:28 Messages: 984
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AU SECOURS ! A L’AIDE ON ENLEVE MON AMIE, AIDEZ MOI ! ? ! L’adolescente criait alors que la brute disparaissait au coin d’une rue. Elle avait suivi d’un regard apeuré son amie emportée par le géant, sans pouvoir réagir tant ses jambes flageolaient et la sueur perlait le long de son dos. Pourtant des pas retentissaient au-dessus d’elle, descendant à grand bruit les marches glissantes du cloaque où elles s’étaient toute deux perdues. Soudain, Ilda réalisa que ce n’était pas l’aide qu’elle espérait, ou si… mais dans d’autres circonstances peut-être. PAR ICI, VENEZ, J’AI RECONNU LA VOIX D'UNE DES DEUX DONZELLES ! Le sergent de la milice, rien ne pouvait plus chagriner Ilda que d'entendre ceux qu'elles fuyaient et juste à ce moment. Alors même si elle ne savait pas maintenant comment secourir son amie, elle prit la décision de suivre le monstre et prit ses jambes à son cou. Il n’avait pas beaucoup d’avance, trop sur de lui et fort de la peur qu’il inspirait. Vu sa carrure hors normes, il n'était pas des plus discret. Il rejoignit une voie plus populeuse son fardeau toujours sur l‘épaule. Ici, personne n’osait déranger, questionner ou importuner Grosse Paluche John sur ses activités. Dans sa main droite il tenait encore le cadavre du chien. Il s'arrêta le regarda un instant interloqué fit un rictus et décida de le clouer à un encorbellement bas d’une masure à sa hauteur, frappant ainsi les imaginations et maintenant sa réputation. Ilda retint de ses deux mains un haut-le-coeur et un cris, elle s’approcha d’un caniveau et vomit son dégoût… Le temps qu’elle se ressaisisse, le géant avait disparu comme par magie. La panique l'a pris et elle fonça droit devant elle appelant son amie les yeux en larmes sous les regards étonnés de la populace de ce lieu de pouilleux…Hey p’tite d’moiselle ? … Par là si c’est Grosse Paluche qu’tu cherches, il est parti par là !…La vielle femme édentée et en loque, de son bras décharné aux mains noueuses et doigts tordus par l’arthrose, lui indique un bâtiment sombre large et lugubre plus haut que les maisons du cloaque, soutenu par des contreforts aux murs parfois percés de hautes fenêtres… Eh p’tite !… reprit la vieille femme… N’y va pas ma belle, c’est l’anti-chambre du malin et les pires choses s’y passent aux cris que parfois qu’on y entend… T’es trop jeune pour donner ton âme Phaitos et passer sous l’ombre de Thimoros… Si tu coures pour sauver ton amie c’est peine perdue d’avance… Ilda trembla à nouveau le regard rivé sur le bâtiment., La vieille femme l’impressionnait mais encore moins que ce qui l’attendait. Elle ne pouvait laisser N’Kpa aux mains de ce monstre. Elle se tourna vers la vieille. Merci à toi l’ancêtre, une fille avertit en vaux deux, je saurais me défendre… Elle serra les poings, crispa la mâchoire et résignée fonça vers son destin…*** John releva la tête, à chaque fois qu’il arrivait dans l’ombre de son antre son cœur s’en réjouissait… Enfin si son cœur avait pu s’en réjouir ? Car il y avait bien longtemps que celui-ci était sec et peu enclin à admirer un soupçon de beauté dans le monde qui l’entourait. Sauf là en cette fin de journée, l’apparition soudaine de cet étrange oiseau mi-femme, mi-féline qui lui avait tapé dans l’œil. Les chiens étaient devenus son cauchemar, leurs cris et leurs hurlements étaient une torture à ses oreilles qui rapidement lui faisait perdre tout sens des réalités. Depuis longtemps, très longtemps il avait perdu patience et transformé l’accident survenu dans sa jeune vie en un triste cérémonial qui lui libérait l’esprit un tant soit peu, pendant quelques jours, ou quelques semaines. Très tôt, il avait appris à les prendre, sans trop se faire blesser et leur serrer la gorge des deux mains jusqu’à ce que leur langue s’allonge, leurs aboiements s’étioles et leur souffle fétide s’éteigne, ignorant les pattes griffus qui lui lacéraient ses membres, ou son torse. Au début ce n’était qu’une vengeance, puis cela devint un besoin, enfin une nécessité perverse où il y trouva du plaisir. Encore plus lorsqu’il apercevait les maîtres dans leur chagrin et leur colère. Mais ce soir, il était revenu dans l’une de ses cachettes, un ancien lieu où il avait travaillé, des abattoirs abandonnés.
La poussière avait repris possession des lieux et dissimulait les restes de sang séché sur les carreaux du sol. La bâtisse était en ruine et une partie de son toit n’existait plus et s’était effondrée recouvrant le sol de gravats. Mais une partie encore était debout et abritait son domaine. Là dans une salle sombre, puant la mort et la charogne des rails tordus tenaient encore accrochés au plafond d’où pendaient des crochets rouillés et souillés. Des rats grouillaient partout et utilisaient ces chemins rapides et efficaces pour atteindre les quelques carcasses de bœufs sèches et parcheminées, mais aussi les deux ou trois cadavres plus récents de molosses qu’il était venu suspendre pour les finir plus tard.
Grosse Paluche jeta au sol sa victime encore inconsciente comme un sac de sable. Il l’a débarrassa de sa besace, des armes et lui arracha ses vêtements. Il lui lia les poignets et la suspendit à un cochet comme une vulgaire carcasse de bœuf à dépecer. Il farfouilla dans les détritus environnants, imperturbable au chambard des rats cherchant de quoi allumer sa lampe à huile posée sur un tabouret. Étonnamment avec une grande douceur, il souleva la tête de N’Kpa, admira le visage fin de la jeune femme à la lueur dansante de sa lampe précaire. La lueur jouait et dessinait en ombres chinoise les douces formes de l’Humoran. De son autre main il caressa son pelage soyeux, vibrant sous le contact. Il ne savait pourquoi elle lui plaisait, l’excitait, pourquoi elle une non humaine ? Il n’en avait jamais vu ou même entendu parlé… Il sourit, se félicita à haute voix de sa capture chassa quelques rats, arracha un cuisseau d’un cadavre de chien sans peau et prépara un feu, en chantonnant. Pour une fois, il était guilleret et parla même à sa victime comme si elle pouvait lui répondre, ne sachant même pas si elle comprenait sa langue. Il resta figé assis sur un bout de maçonnerie, grignotant son morceau de viande à moitié cuite, hypnotisé face à sa « créature »… N’Kpa gémit, sortie doucement de sa torpeur un fort mal de crâne garda avec difficulté sa tête baissée. Devant ses yeux le voile de nattes troublait sa vision, mais elle perçut la lumière blafarde et dansante, l'odeur de viande grillée et celle âcre de la transpiration. Au delà de ses deux autres sens son ouïe décela la déglutition de l'homme pourtant silencieux à cet instant et le souffle de sa respiration…*** ... YAHHHHH ! ….. Le cri retentit, strident et perçant souligné par la résonance dans la salle et les échos qui se répercutèrent contre les parois alentours. Il se répandit dans le vieil abattoir et au-delà. Au fond d’une salle une grille de bouche d’égout rouillée, ancien déversoir d’une rigole de sang communiquait avec le réseau souterrain. Elle n’était cependant pas verrouillée et il arrivait parfois à Grosse Paluche de l’emprunter pour sortir sans être vu. Le cri s'insinua dans les profondeurs oblongues du corridor humide où coulait un ruisselet malodorant. La faune dans le secteur releva la tête ou simplement agita les oreilles avant de continuer ses occupations... Jusqu’où et par qui l’appel fut entendu ?…*** Ilda avait foncé tête baissée dans l’antre, sans aucun plan établi, ni précaution particulière. Ce n’est que lorsqu'elle passa le seuil d’une porte délabrée que son adrénaline retomba et que son esprit se remit à fonctionner. La prise de conscience du danger la rendit plus prudente. D’avoir côtoyé N’Kpa sur de longues semaines par monts et par vaux lui avait appris des choses sur la discrétion et l'observation. Alors elle essaya de contrôler son cœur qui battait trop fort dans sa poitrine ouvrit grand ses mirettes et progressa précautionneusement dans les différentes salles, évitant avec brio les pièges et embûches des ruines. Seuls les animaux rampants et rongeurs la sentirent et l'esquivèrent parfois en maugréant. Les bruits feutrés et marmonnements du géant l’attirèrent vers sa retraite. Lorsqu’elle découvrit le spectacle son esprit cru à une horreur. (Par Gaïa pourquoi est-elle dénudée? L'a t-il torturé le temps que j'arrive? ... Ce monstre a t-il tué mon amie ?... Ou bien projette-il de la dépecer vivante? Quoi faire et comment?) Elle se calla accroupi dans l’ombre observant la scène et cherchant un moyen de libérer son amie. Elle savait qu'elle n'était pas de taille contre cet individu, elle se concentra et réfléchit. Son plan commençait à prendre forme et sa résolution s’affermissait. L’idée était simple : attirer le kidnappeur hors d’ici pour lui laisser le temps d’aller libérer N’Kpa. Elle ne savait rien de lui ni pourquoi lorsqu'elles tombèrent sur lui il tenait un chien mort. Mais l'idée germa dans son esprit que l'homme pouvait haïr les canidés. Alors, elle se mit en route et rassembla à tâtons tout ce qui lui fallait. Le complément de son idée était de ramener un chien et le faire hurler. Poussée par l’enjeu, elle se surpassa...
Soudain, le cri de N'Kpa vrilla ses oreilles et glaça son sang, la cloua sur place et la fit tomber à genoux… Elle ne sut pas combien de temps il lui fallut pour reprendre le contrôle de son corps… Mais ça s'agitait derrière elle et elle se cacha contre des décombres tremblant de tous ses membres, les yeux exorbités… (Mon dieu ! … c’est trop tard ! il vient de l’assassiner… c’est pas possible ?) Alors elle se releva doucement les mains sur la bouche, les jambes comme de la guimauve et ne voyant rien n’entendant pas de bruit, pas à pas se rapprocha de la salle maudite. Elle se plaqua contre le mur, son cœur faisait des bonds, le sang frappait ses tempes. Elle transpirait à grosses gouttes et pourtant frissonnait de froid. Elle jeta un œil à l’intérieur en un quart de seconde. (NOOONnn ! … Il… il n’est plus là !?! … où peut-il bien se cacher ? …) L’homme avait disparu et seule restait pendue à son crochet l’Humoran qui s’agitait comme une anguille, ombre chinoise sous la lumière vacillante, pour essayer de se décrocher. Ilda un instant rassurée soupira et faillit bondir dans la pièce, mais au dernier moment se retint. Pourquoi n’était-il pas visible ? Où était-il ? Alors elle eu la présence d’esprit de ramasser un liteau à moitié pourri sous ses pieds accrocha son manteau et son chapeau et le tendit dans l’ouverture. Le coup fut rapide et violent, elle en perdit des mains le morceau de bois et l’ombre gigantesque de l’homme apparu obstruant tout son champs de vision. Pourtant en alerte et sur le qui vive elle échappa un long cri de peur, s’enfuit, John sur ses talons beuglant comme un taureau…
N’Kpa releva sa tête épuisée par son effort toujours pendue à son crochet et reconnu à la voix entendue que son ravisseur s’en prenait à sa jeune amie. Malheureusement à chaque tentative de se libérer les liens lui pénétraient un eu plus dans les chairs. Elle ne sentait plus ses doigts gonflés mise à part un effet de brûlure lancinant et se demandait si ses épaules allaient encore tenir tant elle souffrait. Ne touchant terre, elle n'avait aucun appui qui lui aurait permis de se soulever. Pour terminer le tableau, elle avait du mal à respirer, il lui fallait de longues poses pour reprendre son souffle après chaque tentative. Elle chercha autour d'elle se contorsionnant dans un dernier effort, réalisa être nue et si elle avait pu rougir aurait été écarlate, mais pour l'instant elle était surtout très choquée. Des larmes de frustration, de peur et de souffrance dégoulinèrent le long de ses joues. Toutes ses affaires étaient amassées un peu plus loin à la périphérie de la lueur de la lampe à huile, soigneusement rangées. Il fallait coute que coute qu'elle arrive à ce libérer. Elle était désespérée, impuissante dans l'urgence de la situation. Elle ne comprenait rien aux agissements de cet homme, ce qu'il avait voulu faire ou attendait d'elle, pourquoi il l'avait dévêtu et quel était ce lieu lugubre puant la charogne et la mort. La question restait entière : comment allait-elle s'en sortir avant le retour du monstre? Une idée traversa son esprit d'appeler, mais elle avait trop peur et n'espérait rien d'autre, juste un désespoir grandissant ...
Dehors la nuit était tombée. Elle essaya de se rassurer une dernière fois en criant le nom de son amie. ILDA TIENS BON J’ARRIVE ! … L'appel fit écho dans la salle… elle ne reçut que le silence pour réponse...
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Dernière édition par N'Kpa Ithilglî le Lun 6 Juin 2011 21:02, édité 1 fois.
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