L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Lun 7 Déc 2015 11:24 
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La jeune femme sortit de son sac la carte sur laquelle elle avait tant travaillée. Elle avait eu beaucoup de mal à se la procurer, surtout à l'abri des regards de ses deux gardes du corps. Mais, quand enfin elle avait mis la main dessus, par l'intermédiaire de Sérénité, elle avait immédiatement su que ça n'avait pas été en vain. Les égouts étaient un véritable dédale : des dizaines d'entrées officielles à travers la ville, des centaines officieuses s'étant créés au fil des ans par de nombreux groupes plus ou moins dangereux et des milliers de chemins différents. L'endroit avait peu été cartographié, premièrement à cause de la difficulté d'un tel travail dans un lieu si exempt de repère, mais également à cause de la dangerosité du lieu.

Mais "peu" ne voulait pas dire "pas". Et Anastasie se trouvait maintenant en possession d'un document d'une relative fiabilité pour la guider à l'intérieur de ce labyrinthe.

( C'est l'heure de vérité, ) songea-t-elle en reprenant la marche, guidée par son parchemin. ( On va bientôt savoir si je suis si maline. )

Elle avait passé les deux dernières semaines à étudier en cachette les meurtres causés par Alban. Il avait brillamment brouillé les pistes en clamant dans ses multiples notes que ses meurtres étaient complètement aléatoires, ne laissant aucune base aux enquêteurs pour le trouver, ni pour prédire le lieu où l'on trouverait le prochain cadavre. Mais le nécromancien était à l'heure actuelle l'homme le plus recherché de Kendra Kâr, et toute la milice disposait de son portrait, et, plus suspicieuse que jamais, faisait contrôler toutes les personnes cachant leur visage. Aussi, Anastasie s'était posé une question simple : comment se déplaçait-il si librement à travers la cité ? Après quelques recherches sur différentes cartes, la réponse s'était imposée d'elle-même : chaque meurtre avait été opéré à une distance raisonnable d'une entrée des égouts.

C'était très malin. Non seulement il pouvait se permettre de se déplacer à volonté sans le moindre problème, mais il pouvait en plus préparer sa fuite dans le cas où on le trouverait. Personne, pas même la milice, ne connaissait réellement la cartographie complète des lieux. Chaque année, un groupe de fugitifs, d'espions, de malfrats en tout genre se créaient leurs propres petits passages secrets vers les égouts, leur permettant de s'enfuir sans le moindre problème si la milice leur mettait la main dessus. Chaque année, le dédale s'agrandissait.

Pour autant, Anastasie savait parfaitement où elle allait. Après avoir calculé une distance moyenne pour chaque meurtre – et aussi parce qu'Alban était très malin – elle avait pu deviner où exactement il se cachait.

« Bingo ! » lâcha-t-elle en s'arrêtant devant une porte en bois.

Selon sa carte, c'était exactement là où elle devait se rendre.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Ven 4 Mar 2016 00:38 
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J’entends un pas, suivi d’un autre. Un enchaînement qui, lentement, s’approche. La porte s’ouvre, laissant pénétrer la lumière aveuglante d’une torche. Je détourne le regard, levant mes mains liées pour m’en protéger le temps que ma vision s’y habitue. Je n’entends pas le raclement métallique de la gamelle sur le sol de pierre qui suit habituellement cette intrusion dans ma cellule.
J’ignore depuis quand je suis attaché ici, dans le noir, avec pour seul visite le garde qui me ramène de quoi manger. Assez de temps pour me maudire d’avoir fait confiance à ce Lyle, ce chien ! Assez de temps pour hurler de rage à m’en brûler la gorge. Assez de temps pour chercher un moyen de m’en sortir. Pour regretter mes actes, pour m’énerver encore. J’ai prié, crié, pleuré à en perdre la raison.
Je lève les yeux vers l’intrus, plissant encore les yeux face à la luminosité si soudaine. A peine je reconnais Lyle que celui-ci me met un sac sur la tête, me replongeant dans le noir. Je prends ensuite un coup dans les gencives, m’hébétant, m’empêchant de lui crier quelle ordure il est.
Je sens ensuite des bras me saisir et me trimbaler sans dire un mot. Je me laisse faire, trop épuisé pour me débattre.
Ballotté de tous les côtés, je sens qu’on change souvent de direction, donnant l’impression de progresser dans un dédale. Le cachot de Kendra Kâr n’est pas aussi étendu, j’en suis certain.
Nous prenons ensuite un escalier que nous montons sur de très nombreuses marches. J’entends une lourde porte qu’on ouvre. Nous marchons encore pendant un instant. Je traîne le pied, épuisé, me faisant tirer comme un vulgaire chien. A nouveau, nous grimpons des escaliers et je perçois enfin un son différent des martèlements de nos pas. Le battement des vagues, le sifflement du vent.
J’étais à l’extérieur, libéré de ma cellule.


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Dernière édition par Eldros Rougine le Ven 30 Déc 2016 16:43, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Mer 16 Mar 2016 14:07 
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Je marche dans les rues des docks, résolu et la colère au ventre. Que ce fieffé imbécile fasse ce qui lui plaise après tout, moi j'ai un ordre à débusquer. Quelques ivrognes traînent encore, la plupart adossés à un mur. Je fais mine de ne pas les voir et continue d'avancer.

Suivant les indications de Groseille, je vais tout droit sur une centaine de mètres avant de bifurquer vers la droite, apercevant alors un escalier plongeant dans l'obscurité. Je m'approche et manque de glisser sur la première marche qui suinte d'humidité et se trouve recouverte d'une couche de moisissure,comme les suivantes.

C'est donc avec une prudence redoublée que je m'avance vers les égouts. L'atmosphère est suffocante, me donne envie de partir, ou alors est-ce la peur... cette fidèle compagne.

Je m'apprête à rebrousser chemin quand une voix tonne, brisant le silence ambiant. Je m'approche de la porte et distingue une fente derrière laquelle brille deux yeux luisants.

"Par cette belle nuit s'épanouit la rose" commence t-il

Je me rends compte qu'il attend quelque chose, un mot de passe peut-être ? Je réfléchis à toute allure et comprends soudainement ce qu'il désire entendre.

"Solitaire."

Un bruit sourd se répercute dans le couloir et la porte s'ouvre dans un grincement strident. Un homme massif vêtu d'une large capuche se terminant en robe noire se tient devant moi. Il me scrute et d'un ton où pointe l'exaspération me demande où est ma tenue. Question à laquelle je ne trouve autre réponse qu'un silence gêné...

"Toujours pareil avec les nouveaux... Incapable de prendre soin de leurs affaires. Tient prend celle-ci" dit-il après avoir fouillé dans un sac derrière lui, me tendant une copie de son habit "Et tâche de ne plus la perdre où il t'en coutera !" termine t-il d'un ton dur

Je me hâte d'enfiler la bure et d'un ton piteux lui assure que j'y ferais attention cette fois. Il se déplace sur le côté, me laisse passer et me signale que la réunion a déjà commencé, qu'il me faut donc me dépêcher.

Je parcours les corridors jusqu'à atteindre une salle où sont rassemblés des dizaines de personnes. Des bougies illuminent faiblement la pièce qui, plongée dans une semi-pénombre cultive une atmosphère mystérieuse et dérangeante. Une odeur de souffre embaume l'air et vient renforcer cette impression lugubre... Pourtant je ne peux pas rebrousser chemin, pas comme ça. Je regarde anxieusement autour de moi mais tous dissimulent leurs visages sous une large capuche à l'exception d'une femme. Elle se tient sur une sorte d'estrade et proclame haut et fort que la confrérie de la Rose Solitaire prendra bientôt son envol.

"Mes très chers frères et sœurs, une dernière relique nous empêche encore d'agir selon nos plans et je vous demande de vous donnez corps et âme afin de la retrouver ! Mais avant tout, si je vous ai fait venir, c'est pour célébrer l'acquisition grâce au frère Faraglia de l'amulette baptisée l’œil de vipère !"


Un homme de forte stature s'avance alors sous les acclamations et brandit une amulette. Celle que je désire... C'est donc bien eux qui l'ont. Elle est magnifique. Je jubile de joie à l'idée d'être arrivé si loin, trépigne d'impatience à l'idée de la récupérer puis résonne en moi le clocher de la méfiance. Je ne dois pas me précipiter car bien que je sois tenté de la récupérer, c'est peine perdu. Trop de disciples me séparent de l'estrade. Je dois attendre un moment plus propice, décide pour l'instant de rester dans l'ombre, à l’affût. Peut-être est-ce l'occasion de découvrir l'emplacement de cette cape également... Et je dois encore apprendre qui va finalement conserver l'amulette, l'homme qui la trouvé ou celle qui passe à mes yeux pour la dirigeante ?

Des bruits de bottes derrière moi, d'autres retardataires ? La femme plante son regard sur moi et l'angoisse d'être repéré m'immobilise, me laissant dans une léthargie funeste.

"Tient tient... Je ne connais pas ce visage" dit cette dernière d'un ton glacial

Une main comprime soudainement mon épaule. J'essaie de me dégager de son emprise mais il ne fait que renforcer la pression, me faisant gémir de douleur.

"Ne bouge pas"
me murmure t-il avant de continuer "Ou je vais devoir te faire... vraiment mal."


Les regards se braquent sur moi et la meneuse rigole alors tout en s'approchant de moi, une dague à la main. Elle joue avec, la fait tournoyer dans sa paume ouverte, l'envoie en l'air et la récupère de l'autre main.

"Comment nous as-tu trouvé ? Le recrutement par plus de prudence ne passe que par... moi."

J'essaie de bafouiller une réponse mais tout ce qui sort de ma bouche est un flot de parole incompréhensible.

"Bon je l’interrogerais plus tard ! Qu'on l'emmène dans la base..." avant de rajouter à mon intention "Tu vas maudire tes parents de t'avoir fait naître..."

Me sentant acculé je rétorque d'un ton hargneux :

"C'est déjà le cas salope."


Elle rigole à mon insulte et se contente de dire :

"Nous verrons bien mon mignon..." avant d'autoriser l'un de ses hommes à me rouer de coups au visage et au ventre...

Le supplice est trop dur et je m'évanouis alors comme une loque.

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Dernière édition par Mendax le Mer 16 Mar 2016 23:17, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Mer 16 Mar 2016 21:52 
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J’ouvre mes paupières mais suis plongé dans l’obscurité la plus totale, impénétrable, sans doute ai-je les yeux bandés. L’on me traîne par les aisselles, n’ayant comme repère que le contact glacé des dalles.

(Pourquoi me priver de chaussures ?)

Une douleur fulgurante me prend alors, partant de la plante du pied pour se hisser jusqu’au genou. De petites roches me transpercent et ce choc se réitère tout le long du chemin tandis que mes pieds deviennent poisseux, le sang perlant allègrement.

J'essaie de les soulever mais c’est pire encore car mes geôliers me donnent des coups de poing au ventre.Un bruit soudain, sans doute celui d’une porte qu’on ouvre. La douleur ne cesse pas mais la surface devient lisse.

Une voix résonne tout près :

« Soulevons-le il va souiller le sol. »

Je suis aussitôt soulevé par les chevilles et les aisselles. Puis le silence, de nouveau. Quelques minutes plus tard se fait entendre le trousseau de clef qui s’entrechoque. Puis vient celui d’une clef qui pénètre une serrure.

Ils me jettent alors, comme un déchet. Ma tête heurte le sol, me laissant sonné l’espace d’un instant. Le sang rend mes cheveux visqueux à l’endroit de l’impact.

Les derniers bruits que j’entends sont ceux d’une porte qui se claque et l'écho de pas s’éloignant progressivement.

Toujours privé de ma vue je n’ai aucune idée de l’endroit où je suis. J’essaie de retirer ce qui obstrue ma vue et me laisse envahir par la panique la plus totale. Une sorte de cadenas m’empêche de l’enlever. Je cède à l’angoisse et à la peur. Elles rongent ma confiance, étouffent mon assurance jusqu’à l’asphyxier.

J’ai peur. Une crainte viscérale, bien plus vivace que tout ce que j’ai pu connaitre. Mon ancien propriétaire lui-même ne pouvait me faire paniquer à ce point. Mais je suis là. Enfermé dans un endroit inconnu, privé de ma vision et en attente d’un châtiment qui mettra sans doute fin à ma vie.

Je me recroqueville, totalement abattu et commence à pleurer. Je pense à tout ce que je vais rater d’expériences. Ma vie défile devant mes yeux et je n’y vois qu’une succession d’échec. Il n’y a eu que quelques fragments de bonheur, des personnes bienveillantes, dans ce tourbillon d’aigreur et de malheur. Bien sûr j’ai eu le privilège d’en faire la connaissance, mais à quel prix ? La plupart de ceux que j’aime finisse par me quitter… Que ce soit causé par la mort ou la défiance. Cette vie dont j’ai osé rêver, n’est plus qu’un lointain souvenir. Ils me l’enlèveront en me tuant ici.

Je hurle de dépit, me maudissant pour ma bêtise. Pourquoi suis-je parti seul, sans Nibelung… Quand je pense à lui mon cœur se serre. Pourquoi ne rien lui avoir dit, pourquoi ne pas avoir attendu qu’il soit avec moi… Je l’ai détesté quand il m’a demandé de partir. Pourtant… si proche de la mort je ne peux que me rendre à l’évidence.

Je l’aime. Pourquoi ? Je n’en sais rien. Je l’aime, c’est tout. D’un amour véritable, aveugle et déraisonné. Toutes les fibres de mon corps le réclame. Lui et sa beauté sauvage, lui et sa dévotion.

Je crie son nom comme s’il pouvait m’entendre, venir me secourir en bravant l’adversité, faisant fi du danger. Mais rien ne répond à mes appels hormis un silence oppressant. Je me sens à bout de force, respire avec difficulté mais je veux vivre, revoir Nibelung, tout lui avouer.

(Comment m’en sortir alors que cette folle va venir me torturer et me tuer ?)

J’espère trouver ne serait-ce qu’une amorce de plan mais je dois me rendre à l’évidence. Je n’ai aucune échappatoire. Je recommence à sangloter piteusement. Attendant que le destin me fasse un signe et tombe dans un sommeil agité.

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Dernière édition par Mendax le Jeu 17 Mar 2016 22:49, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Jeu 17 Mar 2016 00:18 
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Le contact soudain de l’eau glacée sur ma peau me sort de ma torpeur. Je suis étendu par terre, le corps courbaturé et fatigué. Cette fois je peux voir mais n’ose rien dire, intérieurement ravi de ne plus être aveuglé. Un homme se tient devant moi, un baquet à la main. Il est chauve et doté d’un physique imposant, avec ses épaules de bœuf et son cou de taureau. Son regard n’exprime qu’une haine farouche qui me fait envisager le pire… que vais-je devenir ? Il se racle la gorge et se déplace sur le côté. C’est là que je la vois, elle. La meneuse du groupuscule de la rose solitaire.

Deux abysses insondables me fixent avec intensité, semblent capable de lire en moi comme si j’étais un livre ouvert. Elle s’approche finalement d’une démarche lente et menaçante. D’une taille moyenne elle ne semble pas dangereuse mais d’elle émane une sombre aura… Elle vient se planter devant moi sans rien dire et se contente de me regarder. Son visage est anguleux, surmonté d’une coiffure lisse couleur noir de jais. Une libellule desséchée est suspendue devant son front et en haut de sa tête siège un crâne fissuré.

Elle se pourlèche les lèvres avant de me demander subitement ce qui m’a amené à m’introduire dans son antre. Ne sachant quoi inventer comme excuse j’essaie de mentir, prétextant m’être perdu dans le dédale de couloirs.

« Menteur ! » s’exclame-t-elle

Comme un signal, l’homme approche et me frappe violemment le plexus solaire avec sa botte. Tout l’air contenu dans mes poumons s’expulse et je reste là, suffoquant, le corps traversé par une douleur insupportable.

« Je le frappe encore Lilith ? »

Elle lui demande d’attendre et me redemande la même chose. Je fais semblant d’avoir envie de vomir afin de me ménager un bref répit. Que puis-je lui dire sans risquer de me faire tuer aussitôt ? Que je suis à la recherche d’une des reliques en leur possession ? Elle prendrait ça comme une déclaration de guerre, un affront. Pourtant, ai-je vraiment le choix ?

Lilith, las de mon silence adresse à l’homme un bref signe de tête. Ce dernier s’approche aussitôt et me saisissant à la gorge d’une seule main, se sert de l’autre pour me flanquer de multiples coups dans le ventre. Je commence à avoir du mal à respirer mais il relâche soudain la pression et me jette contre le mur. Le choc est douloureux et je me retrouve prostré dans un coin de la cellule.

La femme m’exhorte de répondre et je décide de tout lui avouer :

« Je… Je suis à la recherche de la relique baptisée l’œil de vipère, une piste m’a conduit jusqu’ici et c’est avec vous que je suis maintenant. Voilà toute l’histoire. »

Elle me saisit le menton et le ramène vers le haut avant de me susurrer :

« Dire la vérité va te délivrer… Enfin, si l’on peut dire. Je te laisse entre les mains de Faraglia et non pas entre celle des chiens. Soit reconnaissant, ils n’auraient pas hésité à te dévorer vivant. » et, se retournant, dit à l’intention de son compagnon « Je vais apporter l’amulette au conseil afin qu’elle soit également entreposée en attendant. »

Il hoche sobrement de la tête avant de reporter son attention sur moi, exhibant un sourire carnassier. Pendant au-moins une heure il s’amuse à mes dépends. Me tordant les bras, les jambes, me tapant les tempes et les chevilles.

Je ne suis plus qu’une loque quand il juge en avoir terminé, ne tenant même pas debout. Il s’éloigne en sifflotant gaiement et referme derrière lui, me priant de l’attendre ici jusqu’à demain.

Une haine sans borne m’habite mais l’instinct de survie me souffle de ne rien dire et c’est en silence que Faraglia sort. Cette enflure, cette maudite organisation, ils ne m’auront pas. Je vais survivre, leur faire payer, tous jusqu’au dernier. Mais je sens bien que mon corps n’est pas encore en état de faire quoi que ce soit et j’essaie de dormir malgré la douleur lancinante.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Jeu 17 Mar 2016 14:02 
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Un silence étouffant m'accueille quand je m'éveille. Faute de repères, il m'est impossible de savoir s'il fait jour ou nuit. Mon seul horizon se borne à peu de choses. Des barreaux en fer, une large salle chichement meublée plongée dans l'obscurité et cette porte figurant dans le fond.

Je pense immédiatement à Nibelung, à ce qu'il ferait dans pareille situation, un petit sourire vient éclairer fugitivement mon visage à cette évocation. Le seul moyen de sortir est de franchir les barres, mais c'est impossible, elles sont par trop résistantes pour être brisées à mains nues. Pourtant c'est ma seule chance de recouvrir ma liberté...

Je me redresse, les saisissant et essayant de les écarter, doit vite me rendre à l'évidence. J'en suis incapable. La force brute n'est pas ma solution. Je retombe sur les fesse, pleurant de rage, d'impuissance.

Faraglia peut arriver d'un instant à l'autre. Je dois trouver quelque chose ou sinon il me rouera encore de coups. Il finira par me briser, moi et mon envie de vivre. En désespoir de cause je m'agenouille et humblement, conjure le divin Phaïtos de me sauver. Pendant de longues minutes, j'invoque son nom, le supplie d'agir, lui promettant de devenir le plus pur de ses fidèles.

Le silence est ma seule réponse. Je pleure à nouveau, l'insulte pour son mépris souverain, me ravisse aussitôt par peur de sa réaction. Une nouvelle fois je le supplie, le prie de m'aider, lui fais le serment de faire mille choses en échange d'un signe de sa part. C'est à ce moment précis que le souvenir de Nescia et de ses enseignements me reviennent, fulgurant, spontané.

Elle arguait le fait que je sois un être unique, béni par ma nature d'émotif. Ce don que je possède mais qu'il me faut encore maîtriser, elle le comparait à une épée rouillée qu'il fallait affuter pour la rendre mortelle. Les fluides n'agissent ainsi que sur certaines personnes, j'en fais partie et je me dois donc d'en devenir maître et non esclave.

(L'ombre ce n'est pas la peine, devenir un psychopathe ne vas guère m'aider mais peut-être que...)


Je fais appel au fluide de glace qui tel un raz-de-marée m'envahit avec fureur. Il me subjugue, prend possession de moi. Mes sentiments ne sont bientôt plus qu'un lointain souvenir. La peur, l'amour et tous ces sentiments futiles me deviennent étranger. Plus rien ne subsiste qu'une logique froide et implacable. Je prends aussitôt la décision de ne plus penser à Nibelung, le nain ne peut m'être d'aucune aide. Je ne peux compter que sur moi.

La solution me vient alors, comme une évidence. Le pouvoir que j'ai essayé de réveiller lors du périple dans la forêt m'emmenant à Kendra-Kâr... Je dois l'invoquer, le dompter et m'en servir pour fragiliser les barres. Il ne me restera alors qu'à les briser avec ma main des ombres et je pourrais m'enfuir.

Cependant le temps presse et il ne fait aucun doute que Faraglia ne me pardonnera pas cette tentative. Il est donc nécessaire que j'y parvienne rapidement et je me focalise sur ce sort. Me positionnant à genoux devant les barreaux, fermant les yeux et m'ouvrant au pouvoir de glace.

Je me concentre sur cette aura glacée qui émanait de moi la dernière fois. La température de mon corps chute bientôt et l'air que j'expire devient une brume glacée. Des engelures se forment au bout de mes doigts, mes cheveux deviennent raides. Une aura intangible se crée autour de moi, formant une sorte de bulle dont la surface ondule. Je ne me laisse pas aller et continue de toutes mes forces. L'aura sans s'agrandir semble se raffermir, devenir plus constante. Je commence à respirer avec difficulté, ce pouvoir m'épuise, me vide de mes forces. Pourtant je ne peux me résigner et continue de lutter.

Pendant plusieurs minutes je fais en sorte de redoubler d'efforts, braquant ma volonté sur ces barreaux, ne pensant plus qu'à ma survie. Je les effleure avec ma main d'ombre, essaie d'en briser un mais c'est sans espoir. Seule la surface est gelée, l'intérieur quant à lui est toujours aussi résistant.

Je me force donc de continuer à faire appel à ce pouvoir, l'épuisement me guette mais la logique induit par le fluide de glace me fait remarquer que se résigner et abandonner ne m'offrirait aucune chance, contrairement à ma tentative qui pourrait se révéler fructueuse.

C'est une dizaine de minutes plus tard que la première barre cède enfin sous la pression de ma main d'ombre. Je réitère la manœuvre sur les autres et une fois que le trou est suffisamment grand, tâche de reprendre mon souffle.

Je suis grisé par cette réussite et enjambe plein d’espoir le trou que j’ai aménagé. Je vais pouvoir sortir… Retrouver Nibelung et me venger de ces enflures… Mais l’adrénaline me quitte soudain et c’est privé de force que je m’écroule misérablement par terre. Mes jambes refusent de me porter, mes bras de bouger. Un halo ténébreux se forme à la périphérie de ma vision et s’étend peu à peu. Je sombre finalement dans les limbes de l’inconscience, à bout de force.

(((HRP : Tentative d'apprentissage du sort : Froid Intense)))

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Dernière édition par Mendax le Jeu 17 Mar 2016 23:15, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Ven 18 Mar 2016 00:14 
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Je m'éveille, la bouche pâteuse et les membres engourdis mais me sens mieux. Je me lève, inspecte les alentours mais ne vois ni n'entends rien. Faraglia n'est donc pas encore passé, c'est sans doute ma chance de sortir ! C'est donc courbé que j'avance, empruntant la porte de bois et me retrouvant dans un tunnel exiguë. Les bruits lointains se répercutent dans le dédale qui forme les égouts et la peur d'être découvert me cisaille le ventre. Pourtant je sais qu'il me faut m'armer de courage, je n'ai pas dis mon dernier mot concernant la relique, ou Faraglia...

Je progresse avec prudence, me cachant dans l'ombre au moindre bruit suspect et finit par arriver devant un choix. Le tunnel bifurque en deux directions opposées. L'une semble mener vers la sortie, la pente s'inclinant légèrement mais... Je préfère opter pour l'autre passage, même si je parviens à partir, si c'est sans indice ni rien toutes les souffrances que j'ai enduré aurait été inutile, inconcevable...

Des rumeurs de voix me parviennent alors et je m'approche le plus possible, une porte entrebâillée se tient devant moi. Je tends l'oreille et entends quelques bribes de la conversation. Il y est question de relique, de sûreté, d'attendre le moment propice, de les rassembler... Puis, un détail alimente ma peur. Des bruits de pas ! Je me dépêche de me cacher dans un recoin, et attends patiemment.

Une voix féminine s'exclame que le moment est proche et une voix masculine lui rétorque qu'il en est impatient. Les pas s'éloignent et la porte se ferme dans un claquement. Je m'aventure alors hors de ma cachette et me plante devant la porte, regardant par le trou de la serrure.

Faraglia est en train de siffloter et s'agenouille, commençant à psalmodier une prière. J'active le plus délicatement possible le loquet de la porte et me faufile à l'intérieur. Il se retourne aussitôt avec un air dément.

Mon choix est vite fait, même si la perspective de laisser se déchaîner cette sombre facette de moi ne m’enchante pas, je dois m’y résoudre. Je fais appel au fluide d’ombre et ressens aussitôt sa présence néfaste. Il me susurre de…tuer. Voilà sa seule réponse en cas de danger, tel l’animal acculé il est prêt à tout. Rien ne peut le faire dévier une fois décidé.

Cette énergie me donne des ailes et je commence à rire en observant l’homme. Je suis à l’affût du moindre geste de sa part, prêt à le tuer, le massacrer. Un sourire lugubre orne mon visage crispé par l’excitation. Faraglia s’élance alors. Il me tombe dessus mais sa masse n’est pas à son avantage. D’une roulade je l’évite et commence à invoquer la main sombre. Une brume opaque part de la base de mon bras et, régie par ma seule volonté, se contorsionne et prend la forme d’une main. Elle traverse l’espace qui la sépare de sa cible en quelques battements de cœur.

« C’est à ton tour de connaitre la souffrance pitoyable déchet ! »

La main recouvre totalement son cou. Je braque ma volonté et l’étau se resserre, arrachant à l’homme des glapissements. Il commence à s’étouffer mais ne se laisse hélas pas arrêter et recommence à me charger. Cette fois je n’ai pas le temps d’esquiver, trop occupé à maintenir mon sortilège. Il me prend par les épaules et m’entraîne au sol, m’y plaquant avec férocité. Son visage n’est plus qu’un masque de haine. Il me donne un coup de tête qui me sonne quelques secondes. Ma vision devient floue mais il me sous-estime, il sous-estime le don de Phaïtos… D’un geste rageur, je lui bourre de coup de genoux l’entrejambe, invoquant une nouvelle main, l’autre s’étant dissipé faute de concentration.

Cette fois je ne la dirige pas vers sa gorge, elle vient se poser sur son poignet et le tire avec force, l’homme encore abasourdi par la douleur sourde ne résiste pas et perds l’équilibre. J’en profite pour prendre mes distances et reprends mon souffle. Je vacille un peu mais parvient à trouver l’équilibre. Mes épaules sont encore sous le choc, pourtant Faraglia semble plus mal en point encore. Il me maudit sur des générations et m’assure qu’il va me tuer. J’ai un nouveau sourire malsain et me rapprochant, lui donne un coup de pied dans la cheville. Il hurle et se relève tant bien que mal, boitant un peu.

D’une impulsion je dirige la main sombre vers ses yeux tandis qu’il se saisit d’un poignard, baissant la tête. L’attaque est ratée et la main se contente de cogner le crâne de mon adversaire qui grogne. Il s’approche, plus lentement qu’avant tandis que je force ma main sombre à reprendre une consistance. Je tends ma volonté comme la corde d’un arc et m’emploie à trouver une ouverture. Faraglia n’est pas stupide et s’avance, la tête engoncée dans son col, ne me laissant pas de brèche pour l’étrangler. Il commence à se reprendre et se déplace avec plus d’aisance. Le problème étant que de mon côté, je suis encore harassé de fatigue.

(Je dois en finir rapidement.)

Je continue de me tenir loin mais la fatigue me gagne inlassablement. Je puise ce qui me reste d’énergie afin de créer une dernière main sombre. Elle est tremblante mais j’arrive à l’envoyer en direction des yeux, les doigts joints par deux. Faraglia qui ne s’y attend pas continue d’avancer la tête légèrement baissée et mon sortilège trouve ses cibles…

Il hurle de douleur et commence à tâtonner autour de lui, complétement désorienté, perdant finalement le contrôle et s’écroulant rudement. Je peine à me maintenir debout et je ne peux plus rien invoquer… Mais Faraglia n’est plus une menace et c’est le principal.

(Je peux m’adosser au mur et essayer de me reposer un peu…)

Je m’avance péniblement vers le mur du fond et m’y pose en douceur. Je n’ai même pas le temps de regarder Faraglia que mes yeux se ferment. Les dernières rumeurs que j’entends sont les gémissements de douleurs de ma victime, me berçant dans un profond sommeil.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Ven 18 Mar 2016 20:44 
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J’ouvre les yeux et découvre un spectacle morbide… Faraglia est étendu devant moi, ou ce qu’il en reste. Sa dépouille baigne dans une mare écarlate, les traits de son visage sont figés en une expression d’horreur, deux trous sanglants à la place des yeux. J’ai un haut le cœur, horrifié devant la barbarie que j’ai accomplie. Je détourne le regard et essaie de me hisser debout en m’aidant du mur.

Mes jambes sont flageolantes quand je pense à ce que j’ai fait, pourtant, malgré tout le dégoût que ça m’inspire, je sais que je dois le fouiller. Peut-être puis-je trouver un indice quant à ce conseil et sa localisation.

Je m’approche avec lenteur, observe la flaque de sang et essaie de tirer le cadavre. L’effort est vain, son corps s’avère bien trop lourd… Je lâche un soupir et m’approche du cadavre, écœuré d’avance. Je commence, engouffrant mes mains dans ses poches. Je n’y trouve qu’une clef, sans doute celle de ma cellule… C’est dépité que j’entreprends de vérifier s’il a des poches intérieures. Il y en a bien une, du côté droit. Ma main pénètre à l’intérieur et touche quelque chose de fin et friable enveloppant une... chaîne métallique. Je me hâte de tout sortir et découvre un mot sur lequel figure un message rédigé avec une écriture serrée.

(Impossible que je déchiffre ça par moi-même…)

Et à l'intérieur demeure... L’œil de vipère.

Des frissons me parcourent l'échine, remontent le long de mon dos. Je l'ai enfin ! J'ai enfin cette relique ! La puissance qu'elle offre me revient finalement ! Je la pose sur le lit de Faraglia et m'en éloigne. Il faut d'abord que j'en finisse avec quelque chose...Je défais l'attache de mon collier soutenant la fiole d'huile, dernier symbole de mon ancienne vie d'esclave et de prostitué. Un sentiment de fierté enfle en moi et les larmes perlent abondement le long de mes joues. Je suis enfin parvenu à obtenir cette relique, à aller si loin et à traverser tant d'épreuves... Je pose l'amulette avec la fiole d'huile sur le sol et l'écrase d'un geste libérateur. Je suis finalement délivré de ma condition d'esclave, j'ai enfin trouvé ma relique, la vie elle-même me sourit enfin. Je récupère l’œil de vipère et l'enfile. Une sensation d'ivresse et de puissance naît en moi dès que je la passe autour de mon cou. Un flot de puissance dont je n'avais même pas rêvé. Je suis grisé par ce pouvoir, par ces opportunités qui bientôt s'offriront à moi...

"Je suis liiiiibre ! Enfin !"

Mais je pense alors à Nibelung et mon cœur se presse, les remords viennent remplacer la colère que j'éprouvais pour lui. Je veux le revoir, j'espère qu'il n'est pas reparti à Mertar... Il faut que je retourne à l'auberge, m'assurer qu'il est là... Et puis, un vrai repos me ferait également le plus grand bien…Je jette un dernier regard sur le trépassé, encore partagé… Il devait mourir, pourtant la souffrance qu’il a dû endurer avec ses yeux crevés me répugne au plus haut point.

Je préfère partir, incapable de soutenir plus longtemps son regard vide. J’avance avec prudence, prêtant attention aux moindres bruits suspects. La peur d’être découvert me cisaille le ventre, je sais d’ores et déjà que je ne peux pas invoquer mes pouvoirs avant de m’être réellement remis. Des voies s’ouvrent de part et d’autre et je repère à ma droite une fine rai de lumière naturelle.

(Une sortie !)

Je me dépêche de rejoindre cette ouverture et après avoir monté une haute échelle me retrouve dans les rues de Kendr-Kâr.

(Mais… ce ne sont pas les docks ?)

Surpris par cette constatation je regarde médusé les environs. Faute de connaissance des lieux je m’adresse à un marchand itinérant. Il me regarde, circonspect, haussant l’un de ses broussailleux sourcils mais finit par m’indiquer que je suis tout proche de la grande place et de l’auberge.

« Vous avez dû en voir des vertes et des pas mures vous… Enfin j’vais vous aidez, prenez à gauche à la suivante puis à droite et vous y êtes. »

Je le remercie chaudement et pars en direction de l’auberge. La fatigue recommence à m'accabler et j’erre misérablement dans les rues.

Au bout d'une dizaine de minutes j'accède enfin à la grande place, les muscles ankylosés par la douleur et la fatigue. Je n’ai qu’une envie, revoir Nibelung et dormir et c’est guidé par cette idée attrayante que je progresse tant bien que mal.
J’arrive devant la porte, pantelant, et l’ouvre en m’effondrant à l’intérieur, ne tenant plus.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Jeu 24 Mar 2016 14:56 
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C'est après une course effrénée que nous nous retrouvons dans une grande salle, le souffle court et le visage empourpré. Heureusement Groseille s'y connait en crochetage et a pu se défaire rapidement du grossier verrou bloquant l'accès. Les égouts serpentent sous la ville, véritable dédale de couloirs et de salles, véritable piège mortel pour ceux n'en connaissant les issues.

Ile me semble reconnaitre les lieux, pour cause, c'est ici même que s'était tenu la réunion. Un silence sépulcral règne sans partage dans cette grande salle où le moindre bruit est répercuté à travers l'espace vide.

Nibelung brise le premier le silence et sermonne Groseille :

"Pourquoi t'as fait ça bordel ?!"


'Il mentait !"
rétorque la naine avec colère

"Quand bien même ! Tu viens d't'en prendre à un homme revanchard, sans compter que tu vis dans les docks ! Son, territoire..."

"Je... Me suis peut-être laissée emporter."
reconnait finalement Groseille d'un ton vaincu

L'occasion est trop belle et je viens en rajouter une couche :

"Je ne te le fais pas dire... Mettre ainsi en danger ta vie, la notre, c'est totalement stupide !"

Elle me jette un regard incendiaire mais se contente de marmonner dans sa barbe avant que je n'ajoute :

"Je dis ça je dis rien mais... Il y a toujours les hommes du demi qui peuvent nous trouver alors si on pouvait partir..."

C'est de concert que les nains opinent du chef et me regarde, me faisant comprendre que je dois prendre les rennes. Je me contente d'aller tout droit et suis rapidement confronté à un choix, une bifurcation s'offrant à moi. Je ne sais quel chemin choisir et prie Phaïtos de me mener à bon port, empruntant la voie de gauche.

C'est au bout d'une dizaine de minutes, difficile d'en être sûr, que le passage débouche sur une immense salle. Sur ses murs sont accrochés des étendards représentant un dragon. J'entends Nibelung lâcher dans un murmure "Oaxaca..." et ressens aussitôt une joie intense. Mon intuition fut la bonne dirait-on !

Tandis que les nains s'éparpillent à droite à gauche à la recherche d'indices, je continue d'aller tout droit et tombe sur une marmite installée devant une grande estrade de pierre. Par excès de curiosité je ne peux pas m'empêcher de regarder à l'intérieur et le spectacle qui s'offre à moi me laisse dans un état d'horreur et de stupeur...

Ce qui semble provenir de corps d'hommes et de femmes git au fond. Un relent putride s'en échappe et ma gorge se noue. Quels barbares peuvent aller si loin.... Des sacrifices en plein Kendra-Kâr...

Ne pouvant plus soutenir la vue de ces choses, je me dépêche de me retourner et après avoir rendu mon repas, appelle Nibelung et Groseille. C'est horrifié que je leur explique ce que je viens de trouver, leur réaction est égale à la mienne.

La peur d'être capturé par ces malades me somme de partir en vitesse et cette fois je ne trouve pas la force de l'ignorer, enjoignant mes camarades de partir. De toute évidence il n'y a aucun indice à trouver ici sur ce fameux conseil mais la possibilité d'être attaqué elle, reste entière et il est donc préférable d'en référer à la milice.

"Ils n'auront qu'à constater par eux-même ce qu'est capable de faire ce groupuscule de la Rose Solitaire..."


C'est donc avec prudence que nous revenons sur nos pas jusqu'à la porte menant aux docks, Groseille sort la première et revient quelques minutes plus tard, apparemment rassurée. Elle nous invite à la suivre en se montrant discret et nous explique il faut vite que nous allions voir la milice mais qu'il faudra se montrer prudent... Nul ne sait s'il n'y a pas déjà des infiltrés de la Rose Solitaire chez les miliciens.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Mer 17 Mai 2017 15:24 
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Chapitre 4 - Dédale de rues

III.5 Lames, sang et carcasses de rats


"Il est bartit dans les égouts !" Entendit Relonor, identifiant la voix comme étant celle de l’homme croisé il y a peu, le nez cassé.

Intérieurement le Shaakt se maudit lui-même. Non pas pour avoir agressé l’homme gratuitement, mais pour ne pas l’avoir embroché mortellement. Serrant les dents de rages, il se promit de changer ce comportement trop pacifique à son goût.

Relonor s’enfonça dans les ténèbres poisseuses des égouts, s’en prendre la peine de choisir un chemin particulier. En ces lieux il avait deux avantages sur ses poursuivants. Le premier était que lui ne perdait pas de temps à filer quelqu’un. Il lui fallait rester aussi discret que possible. La seconde, et plus importante, était qu’il voyait bien mieux que la plupart. Quelques traits de lumières filaient, juste assez pour qu’un elfe noir puisse avancer sans trop de difficultés. Bien sûr il avait pensé à en tirer avantage pour occire un à un les hommes armés qui le suivaient, mais l’infériorité numérique était trop importante.

Il restait autant que possible sur le maigre chemin hors de l’eau pour minimiser les bruits. Petit à petit il observait les lieux cherchant une sortie, mais ces lieux sont un labyrinthe mortel pour celui qui ose s’y aventurer. Peut-être que les gardes ne perdront pas trop de temps ici par peur de ne pas pouvoir remonter. Il était impossible de déterminer la nature de ce qui traînait dans le cours d’eau crasseux. Bouts de bois et carcasse en décomposition étaient les principaux éléments de décors. Les rats devaient être les maîtres en ces lieux. La seule chose qui dénaturait avec le reste, était de petits monticules d’ossements avec un crâne au sommet. Sûrement des fervents adorateurs complètement cinglés. Le genre à préférer à une soirée en famille, le sacrifice d’une jeune femme pour boire son sang !

Relonor accéléra la cadence lorsque les bruits de pas se firent de plus en plus proches. Il arriva malheureusement dans une impasse, fermée par des barreaux trop proches pour espérer passer au travers. Il entreprit de faire demi-tour, mais déjà un homme approchait, probablement plus chanceux que les autres, ou pas. Il n’y avait pas vraiment d’option pour se cacher ici. Quelques cavités un peu plus sombres ainsi qu’un vieux fagot de paille et une charrette portés par le courant. Il fallait trouver rapidement une solution. Un trou très fin lui permettait de se cacher, mais sans arme au milieu du passage fermé. Il déposa son épée à deux mains dans la cavité la plus proches des grilles, assez grande pour s’y cacher. Il laissa la pointe de l’épée dépasser, prit la paille et l’utilisa pour y cacher la rapière dérobée quelques jours avant. Il laissa sa dernière arme avec son sac dans un interstice obscur. Il se dépêcha de rentrer dans sa cachette et attendit l’arrivée de l’homme. Il ralentit sa respiration au rythme des pas qui approchaient.

Il vit en premier lieu la lueur de la torche puis la pointe de l’arme, suivi du bras. Les vêtements semblaient être ceux de la milice, mais il préféra attendre avant de poser la question. L’homme d’une quarantaine d’année, avait le ventre bien rond de ceux regarde les autres partir en mission, pendant que lui veillait sur le garde mangé d’un peu trop près. Arrêter un criminel déjà blessés était probablement sa seule chance de promotion, mais c’est les mains tremblotantes qu’il s’avança vers le piège tendu. L’homme passé, l’elfe noir sortit discrètement, avantagé par bruits des autres gardes. Posant le pied comme une ombre, il arriva au niveau du chariot lorsque le garde piqua de l’épée la cavité vide. Comprenant trop tard le piège, il se retourna face à un démon assoiffé de sang. Voulant terminer le combat aussi rapidement que possible, Relonor rassembla son énergie pour asséner deux violents coups sans que son opposant ne puisse réagir. Il laissa le corps inerte retomber au sol et se dépêcha de sortir en reprenant au passage ses effets personnels.

Alerté par les cris de souffrance, les hommes se rapprochèrent rapidement. L’elfe noir continua de s’enfoncer dans les égouts de plus en plus profondément, brisant les monticules et écrasant les carcasses dépouillées de chairs, de plus en plus nombreuses. L’étau se resserrait, diminuant ses chances de survie. Après sa récente réussite, l’idée de s’occuper des hommes un par un n’était pas si mauvaise. Un tunnel plus sombre que les autres s’offrit à lui. Il se cacha derrière un tonneau décrépit sur le seul chemin de la voie hors de l’eau, l’arme prête à servir. Il profita de cet instant pour reprendre son souffle lorsque deux hommes arrivèrent rapidement, chacun une torche à la main. Former des duos était nettement plus intelligent, rendant la contre-offensive plus contraignante pour leur proie. N’entendant aucun bruit, ils passèrent un peu trop rapidement, ne remarquant pas la jambe qui barra subitement le chemin. Le premier tomba à la renverse, tandis que le second perdit seulement l’équilibre. Le Shaakt enfonça prestement sa rapière dans le corps du malheureux avachit au sol et fonça percuter l’autre homme avant qu’il ne reprenne son équilibre. La douleur lui vrillait le corps. La blessure s’était certainement ouverte, inondant le linge d’un flot de sang frais. Il devait absolument tenir. Ironie du sort, c’est avec une blessure pareille qu’il avait handicapé deux excellents combattants. Ce dernier avait rassemblé toute sa rage pour ignorer la souffrance quoi l’inondait. Rassemblant toute la haine qu’il ressentait pour la ville, il profita de son avantage pour asséner une nouvelle fois deux puissants coups dans le dos cette fois-ci, terrassant son dernier adversaire. Un élément vint le frapper de plein fouet. D’ordinaire, d’éployer autant d’énergie le vidait intérieurement. Là, cette force intérieure ne faiblissait pas, ou du moins, elle était toujours présente en quantité. L’évidence étant que plus il l’utilise et plus il peut l’utiliser. Un peu comme un bambin qui fait ses premiers pas et va de plus en plus loi à mesures qu’il se muscle. Une idée à méditer une fois tranquille.

Il laissa les corps gémir de douleur, incapable de le suivre à présent. Il prit en chemin une torche pouvant servir de diversion, mais fâcheusement la route s’arrêta là. Pas de retour possible sans croiser d’autres miliciens armés. Tout n’était que pierre ici, mais ce qui alerte l’elfe était les monticules bien plus présents que précédemment. Petit à petit ces choses apparaissaient de plus en plus sur le chemin, comme s’ils indiquaient une direction. Si cette hypothèse s’avérait vraie, cette impasse n’en était pas une, encore fallait-il trouver le moyen de passer. La tension était à son paroxysme, le bataillon vengeur à proximité ne calmait pas le tremblotement de ses mains. De sa torche, il examina les murs et rapidement une brique moins recouverte de mousse lui sauta aux yeux. Il appuya dessus et un passage s’ouvrit, laissant s’échapper une bourrasque d’air qui éteignit sa source de lumière. Ne voulant pas que ses poursuivants ne comprennent eux aussi, il fit tomber les ossements et s’engouffra dans le passage qui se refermait.

L’obscurité était écrasante, même pour lui. Il longeait le mur sans voir où cela le menait, ne pouvant discerner le sol sous ses pas. Le plafond semblait n’avoir aucune limite et le coup qui l’assomma n’était qu’un fantôme à peine plus bruyant qu’un courant d’air.

Chapitre 6 - Un réveil au goût amer

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Mer 17 Mai 2017 15:29 
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Chapitre 5 - Lames, sang et carcasses de rats

III.6 Un réveil au goût amer


Relonor émergea sur une paillasse tout ce qu’il y a de plus confortable, si l’on apprécie les lits de pierres rude. Une faible torche illuminait les lieux ainsi qu’un vieil homme chauve. Comme une extension des égouts, les murs de la pièce était composés de vieilles pierres. Une grande armoire et quelques étagères en bois portant des flacons de formes et couleurs diverses formaient la décoration.

"Alors, notre princesse revient enfin à elle ?" Railla-t-il.

L’elfe voulu se relever, mais rapidement la tête lui fit comprendre qu’un peu de repos ne serait pas de refus. Il se sentait l’esprit comme embrumé dans une épaisse mélasse impalpable. Au moins ses membres n’étaient pas enchaînés, il ne serait peut-être pas au menu du sacrifice du jour. Ca où il ne représentait aucun danger pour ceux qui l’avaient assommé.

"Je suis où ? Vous êtes qui ? Et où sont mes armes ?" Questionna le Shaakt qui entrevoyait petit à petit les problèmes à venir. Sans ses outils il aurait du mal à trancher dans le vif, littéralement.

"Moi ? Je ne suis que le médecin de service. Tu as pris un sacré coup sur la tête, mais tiens bois, ça aidera à passer la douleur." Répondit le vieil homme, tendant une chope contenant un liquide de couleur et à l’odeur proche de l’huile de crapaud fermenté.

"Bois, c’est pour ton bien ! Si je voulais ta mort, tu le serais déjà depuis longtemps." Fit le médecin voyant la répulsion de l’elfe vis-à-vis du breuvage.

D’une traite il se força à boire le liquide, plus ignoble encore que son apparence laissait le présager. Relonor retint une régurgitation avant de tousser à plein poumon.

"T’es chanceux toi ! Si t’avais refais le sol je t’en aurais redonné une seconde gorgée."

"Vous m’avez pas répondu. J’suis où, qui vous êtes et où sont mes armes ?" Commença à s’impatienter l’elfe noir.

"As ton avis, que trouve-t-on dans les égouts ? Des déchets pardi ! Nous sommes les rebuts de la société. Ceux qui ne plaisent pas aux codes de la grande cité. Tout verra tout ça bientôt. J’ai profité de ton sommeil pour soigner cette vilaine blessure. T’es plutôt costaud pour un elfe. Se faire pourchasser par la milice et mettre quelques-uns de leurs hommes à terre avec un tel handicap, ça force le respect. Dans tous les cas, la personne qui t’a fait ça t’apprécie vraiment pas. Allez lève-toi, le patron t’attend."

Le patron. C’était la deuxième fois qu’il entendait cette appellation de cette façon et cela n’augurait rien de bon. Forcé par le maître des lieux, il se leva direction le fameux individu.

Chapitre 7 - Le "patron" (1/2)

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Mer 17 Mai 2017 15:35 
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Chapitre 6 - Un réveil au goût amer

III.7 Le "patron"


Médecin incompris ou mage noir, Relonor ne savait dans quelle catégorie placer l’homme qui l’avait soigné. Pourtant, son corps semblait nettement plus frais et disponible que durant la traque dans les égouts et son esprit était bien plus clairvoyant. Escortés par deux hommes bien armés, ils traversèrent une série de couloirs éclairés suffisamment pour qu’un humain puisse y voir. Un brouhaha lointain se faisait entendre, puis bien plus fort lorsqu’une porte s’ouvrit, dans un flot de lumière presque aveuglant pour quelqu’un habitué à l’obscurité.

Une immense foule d’hommes, femmes et enfants était présente. Pratiquement toutes les races connues étaient représentées : Garzoks, Shaakt, Worran et bien d’autres encore. Tous assis dans ce qui devait être une salle à manger, ou pour faire la fête vue la taille de la pièce. L’élément principal étant un trône où, sécurisé par plusieurs individus lourdement armé, un homme affalé sur son royal postérieur fixait sans ciller le nouveau venu.

A l’arrivée du Shaakt, le vacarme devint assourdissant. Il ne se tue subitement que lorsque le maître des lieux tendit la main, une fois l’elfe noir face à lui. Parmi la garde rapprochée, Relonor reconnu un des hommes, qui quelques jours plus tôt l’avait contraint à accomplir une tâche dangereuse.

"Quoi j’ai pas droit à un câlin ?" Fit le Shaakt fixant dans les yeux sa connaissance sans obtenir de réponse.

"Relonor. Commença celui qui devait être le patron. Tu m’as causé quelques ennuis. A cause de toi nous sommes passés à côté d’un sacré paquet de fric. Je devrais te laisser pâture à mes hommes." Dit-il d’un air nonchalant en examinant ses ongles.

(Du fric ? Non j’ai fait ma part, enfin je suppose. Ils ont eu le colis donc ce n’est pas ça. Ils m’ont forcé à y participer à cause de ce que j’ai fait dans les docks. Le faux kidnapping. Ils avaient l’intention d’en faire un vrai alors !)

"Vous vouliez attraper la jeune fille et son petit copain ? Ca n’aurait jamais marché. Le père de la gamine est un pingre de la pire espèce. Même s’il en pensant que sa fille s’était fait enlever, il m’a engagé pour la retrouver afin de ne pas payer la rançon. Moi un parfait inconnu. Uniquement parce qu’il me croyait capable d’obtenir des renseignements que les miliciens ne pouvaient acquérir. Et puis j’ai fait ma part en retour." Repondit-il alors que le médecin alla chuchoter à l’oreille du chef.

"Certes, certes. Tu t’en es bien sorti je dois l’avouer. Un peu maladroit tout de même si j’ai bien compris." Fit-il en tourna la tête vers le manipulateur. "Je pourrais avoir besoin de toi, mais en vaux-tu vraiment la peine ?"

(Je suppose que si je n’obtiens pas leur faveur, sois c’est la mort, sois c’est la milice donc la mort aussi. Des perspectives réjouissantes.)

"Nous avons des yeux et des oreilles partout si tu ne l’avais pas encore remarqué et de temps à autre nous organisions des sessions de recrutements." Continua-t-il lorsqu’un Worran tigré bien charpenté fit son apparition.

"Patron, j’ai l’homme que je voulais vous présenter. Il n’attend plus que vous."

Son interlocuteur répondit par un simple signe de la main, rendant muet le fauve.

"Mettons que j’accepte la proposition. Parce qu’il est question d’une proposition, sinon votre homme de main ne m’aurait pas laissé en vie. Quelle serait ma tâche ? Non pas que je sois fainéant, mais si c’est pour servir de laquait et changer la litière c’est sans moi." Déclara le Shaakt en désignant le Worran de la tête.

L’hilarité prit la foule amassée derrière et le fauve se dirigea vers Relonor rugissant à peine poumons à quelques centimètres de son visage. Il devait faire bonne impression et ne pas se laisser démonter, et puis l’animal était loin d’être aussi terrifiant que sa propre mère.

Mimant la répulsion il continua.

"Et en plus il pue de la gueule."

C’en était trop pour le Worran qui lui sauta à la gorge plein de fureur, rapidement arrêté par le chef.

"Il suffit ! Krigan si ton homme est aussi bon que tu le dis, il s’occupera de lui." Préparez le duel !

Mue comme une unique volonté, la foule rassembla les tables pour former un large cercle. Au centre de la pièce Relonor était la source de toutes les discussions. Le Worran sortit du cercle en faveur d’un autre de ses semblables, plus jeune. Le bruit des pièces fit son apparition de tous les côtés : les paris étaient ouverts.

Encore affaiblit Relonor se tourna vers le maître des lieux.

"Qu’est-ce que cela signifie ?"

"J’ai dit que nous recrutions des membres, pas que nous acceptions tous les crèves la faim armés d’un cure dent. Si tu veux te joindre à nous, tu vas devoir le mériter. Qu’on lui apporte ses armes." Hurla-t-il à l’un de ses hommes, rapportant immédiatement les effets personnels du Shaakt.

Ne pouvant se dérober, le Shaakt jaugea son adversaire, prenant la rapière de meilleure qualité. Bien plus menu que son comparse, ses muscles fin ne semblaient pas dénués de puissance. Le petit, puisqu’il était clair que c’était un jeune Worran à peine adulte, devait à n’en pas douter sa présence par des techniques de combats agiles, plus proche de la sauterelle, tandis que Relonor comptait lui, tel un ours, sur sa force brute. Tout comme l’elfe noir, son adversaire possédait un ensemble très léger d’équipement de protection sur lui.

Les armes frappèrent sur les boucliers, tables et chaises en bois, sortant l’elfe de sa brève analyse. L’heure n’était plus à trouver les faiblesses de l’ennemi, mais à lui séparer un à un les membres du corps dans la plus grande des souffrances. Face à lui, le fauve ne semblait pas à son aise. Bougeant de gauche à droite avec une maladresse flagrante, il était clairement anxieux à l’idée d’affronter le Shaakt. Le choc des armes devenaient de plus en plus rapide, accroissant la tension du combat à venir. Tous attendaient l’affrontement, l’échange de coups techniques et la vue du sang. Les yeux se rivaient sur les deux combattants, aucune alerte pour commencer l’épreuve physique ne semblait être prévue. Pour prendre de court le jeune fauve anxieux, gagnant un ascendant psychologique sur le début du combat, Relonor chargea.

L’attaque frontale percuta la parade dans un choc lame contre lame, faisant rugir la foule de plaisir. La prise d’initiative eut raison de l’animal humain. Fort de son ascendant, le Shaakt rassembla son énergie dans une attaque terrible dont il apprécie tant l’efficacité, afin de finir ce combat aussi rapidement que possible. La première attaque latérale fit trembler la défense du Worran dans un cri de douleur, l’onde de choc se répercutant dans ses membres. La différence de force était flagrante. Le second assaut en biais aurait eu raison du jeune bretteur, s’il n’avait pas eu la présence d’esprit d’effectuer une esquive sur le côté, se relevant rapidement après une roulade.

La foule hurla de joie. Elle semblait conquise entre un guerrier puissant et un bretteur agile. Ragaillardit par sa réussite, l’elfe noir continua de harceler son adversaire, ne lui laissant pas de temps répit. Il chargea de plaisir, manquant sa cible de peu, qui elle profita d’une faiblesse dans la garde pour le toucher à l’aine. Chaque coup réussit attisait les cris des spectateurs, alimentant au gré des échanges le moral des deux individus jouant leur vie.

Relonor joua de son arme pour intimider son opposant. Le fauve lui, continuait ses petits bonds à gauche et à droite. Cette fois-ci son angoisse s’était levée, galvanisé par sa réussite récente. L’elfe devait rapidement reprendre les rênes du combat avant que son adversaire ne prenne trop d’aisance. Pourquoi ne pas commencer par lui ôter son arme ? Certes il connaissait une technique particulière pour le faire, mais un adversaire aussi rapide ne se fera pas avoir de la sorte, il devait donc user de son avantage de force. Il chargea les deux pas le séparant du jeune bretteur et porta un assaut rapide avant de ramener sa garde contre lui. Le Worran réitérant la même esquive que précédemment, la précaution garda le Shaakt d’un nouveau coup de côté. Portant un coup rapide, faible certes, mais il perturba le bretteur dans son maintien au sol. Harcelant ce dernier, Relonor le poussait encore et encore en arrière, ne lui laissant le temps de reprendre correctement sa garde. La proximité avec les limites du terrain se resserrant dangereusement, le fauve jeta un bref regard en arrière. Ce fut l’erreur, l’absence d’une brève réaction que l’elfe attendait. Enroulant son arme avec celle de son adversaire, il l’envoya à ses pieds d’un coup de poignet fulgurant forçant l’autre à lâcher son arme. Faisant face à un adversaire désarmé, Rélonor anticipa la réaction du Worran en portant un coup puissant entre l’épée et son propriétaire. Si ce dernier partit dans la direction opposée, le sauvant d’un coup mortel, le Shaakt l’avait rendu complètement à sa merci sous les acclamations de la horde avide de sang.

Chapitre 7 - Le "patron" (suite 2/2)

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Chapitre 7 - Le "patron" (1/2)

III.7 Le "patron" (suite)


Il s’apprêtait à se saisir de l’arme lorsqu’une poigne, d’une puissance inimaginable, vint faire une présentation en bonne et due forme des têtes de l’elfe noir et du Worran ayant présenté le jeune fauve. Relonor tomba à la renverse le nez en sang, se relevant sonné pendant que son adversaire recevait une autre lame de son mentor. Les deux adversaires étant loin l’un de l’autre, le Shaakt tenta un assaut de fortune contre le tigre qui était intervenu, selon lui, illégalement dans la rencontre. Sa lame se fit arrêter par plusieurs autres tandis que la cible souriait de toutes ses dents, impassible devant la fureur de l’elfe.

"Allez gamin ! Tu vas pas te faire avoir par ce misérable ? Te laisse pas faire par ses piètres tentatives pour te déconcentrer, t’es largement meilleur que lui !" Hurla le mentor couvrant le bruit le la foule.

Ne pouvant assouvir sa vengeance, Relonor prit ses distances avec la fin de l’air de combat, trop dangereuse pour celui n‘ayant pas de soutien et fit de nouveau face au fauve, désormais plein d’assurance. L’animal prit cette fois-ci l’initiative des échanges sous les encouragements du public. Une pluie de coup frappèrent l’elfe qui, encore sonné par le choc à la tête, peinait à se défendre. Les coups portèrent les uns après les autres, avant que l’elfe ne force le jeune bretteur à reculer par un contre puissant. Assurant une distance de sécurité, le Shaakt reprit sa respiration devant un Worran tourné vers la foule, qui la saluait en remerciement de ses acclamations. Les coupures plus ou moins profondes parsemaient le corps de Relonor. Pire encore, le coup porté par sa mère le rappelait à son souvenir.

La situation était difficile, mais loin d’être désespérée. Il était déjà parvenu à l’atteindre, il lui suffisait de recommencer pour faire faillir cette arrogance que le petit merdeux arborait avec suffisance. Jusque-là, la rage avait amplifié sa force, mais elle l’avait aussi aveuglé. Trop orgueilleux devant un gamin à la queue touffue, il s’était laissé croire que le combat était gagné d’avance. Ces récents exploits face à des adversaires plus forts que lui n’étaient dus qua sa fourberie, en handicapant ses adversaires d’une lame dans le dos. Ce combat était plus équitable que le précédent, si l’on oublie le soutien aux abords de la limite. Savoir se servir de sa haine pour porter des coups tout en restant clairvoyant était sa seule chance de sortir vivant de ce duel. Lentement, il refoula ses pulsions meurtrières pour revenir au moment présent. Les battements de son cœur se calmèrent, tandis que son adversaire revenait lui aussi sur l’instant présent.

Le Worran chargea à pleine vitesse. L’œil pourtant rivé sur ce maudit matou ne lui permit pas d’éviter l’assaut. Puisant dans sa mobilité supérieure et sa rapidité d’exécution, le bretteur toucha l’elfe noir à la jambe, cherchant à atteindre les parties non protégées des membres. Complètement prit de court, le guerrier manqua parade et contre. De nouveau, le maudit fauve recommença sa technique et chargea, poussé par la foule qui scandait "A mort ! A mort !" Prêt à parer un autre coup à ses jambes, Relonor ne put qu’éviter l’attaque à la tête que d’un mouvement salvateur. Il porta un coup à son tour cependant, seul le vent se trouvait à cet endroit, le jeune tigre étant déjà loin, porté par sa vitesse. C’est là que Relonor vit la faiblesse de la technique. Afin de passer rapidement la garde de l’elfe, le Worran exécutait un saut juste avant de faire face au Shaakt. Propulsé ainsi, il avait tout le loisir d’atteindre sa cible avant qu’elle n’ait le temps de répliquer. Il lui suffisait de l’atteindre au bon moment.

Prêt à faire face, Relonor se positionna pour le recevoir. La technique devait utiliser beaucoup d’énergie et prendre le pari qu’il ne lui en restait plus en stock était trop dangereuse. Non seule une épée dans le corps aurait raison de lui. Il rassembla en lui son énergie pendant que le Worran se préparait à un nouvel assaut. Celui-ci prit son élan prêt à recommencer la joute à sens unique. La lame face à lui, le Shaakt pointa subitement l’arme devant lui et porta un coup d’estoc droit soudain. Malheureusement trop en avance sur son adversaire, ce dernier profita de l’occasion en or pour lui porter plus d’un coup au bras armé.

La foule hurla de joie devant cette joute sur le point de se finir. Les demandes de mises à mort pleuvaient comme les prières des croyants devant un miracle divin. Parmi eux, le mentor jubilait.

"Il est temps d’en finir, enfonce-lui la lame jusqu’à la garde dans sa gorge !" Lui dit-il. Ils en étaient au point où même annoncer le coup n’était pas un handicap suffisant pour son poulain.

Relonor se remit en garde lentement les yeux clos. Cet assaut serait le dernier. Il canalisa sa haine dans ses jambes, son mépris pour cette race animal dans son bras et sa soif de sang dans sa lame. Inspirant puis expirant lentement, il calma son désir de meurtre, ne laissant qu’un esprit affuté comme une lame. Cette fois-ci il ne faisait qu’un avec son arme, laissant couler toute l’énergie restante de la plante de ses pieds à la pointe de l’épée. Tout son être était prêt à tout pour survire. Lorsqu’il ouvrit les yeux, le jeune fauve exultait de plaisirs. Son envie de mort lui sortait par tous les poils du corps. Pensant voir un elfe noir prêt à mourir, il chargea. Sa garde revenue au niveau de la mâchoire et la pointe en direction de la gorge du Shaakt, il bondit, armant la mise à mort. Relonor fit de même, mais simultanément cette fois-ci dans une explosion d’énergie intérieure. Mue comme un seul corps vivant, elfe et épée se déployèrent de concert, fauchant le jeune Worran en plein bas ventre jusqu’à la garde. Stoppé net, celui-ci lâcha son arme préférant saisir la lame gorgée de sang à pleine main.

Le succès de l’assaut et la mainmise sur le duel réveilla toute la fureur du Shaakt. La foule se tua soudainement alors que l’elfe noir saisit le fauve par l’aisselle. Aidé par la puissance restante dans ses jambes, Relonor souleva le jeune bretteur dont l’avenir n’était plus aussi certain que quelques secondes auparavant. Hurlant de colère pour s’être fait malmené comme un vulgaire pouilleux, il décolla le fauve, l’empêchant de se soustraire à son sort. Relonor le projeta en l’air, et usant de la gravité à son avantage, il dévoila toute sa puissance dans une ultime poussée en haut, déchirant le corps du jeune Worran de l’abdomen jusqu’à l’épaule, la garde saisit à deux mains, décorant la mise à mort par des gerbes de sang et de tripes sous l’acclamation conquise de la foule, stupéfaite par ce retournement de situation.

Relonor ne s’en tint pas là. Fixant le regard sombre du mentor, il lécha le sang sur ses lèvres comme on savoure un plat conçu par un maître cuisinier. Une promesse de vengeance silencieuse entre les deux hommes se scellait pendant que, hommes et femmes, soulevèrent leur nouveau frère d’arme.

Chapitre 1 - Premier pas d'un bandit

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Dernière édition par Relonor le Lun 29 Mai 2017 17:54, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
MessagePosté: Lun 29 Mai 2017 17:51 
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Chapitre 7 - Le "patron" (suite 2/2)

IV.1 Premier pas d'un bandit


Meurtre, manipulation et fuites. Ainsi pouvaient se résumer ces derniers jours pour Relonor. Il est revenu à Kendra Kâr l’esprit perturbé par ces derniers jours. Des maîtres chanteurs l’ont forcé à détourner un convoi dont l’entreprise, où il a travaillé, en avait la charge. Pour ce faire, il a manipulé la femme du coursier pour menacer sa vie, mais la mort de celle-ci a compliqué les choses. Pourtant, équipé des bijoux de la dame, le plan a finalement marché et la mort du coursier a mis fin aux derniers témoins gênant. Seuls les maîtres chanteurs présent pour récupérer un colis particulier sont restés une source d’inquiétude, ainsi que l’intérêt que semblait représenter l’elfe noir pour leur chef inconnu. Enfin cela était le cas avant son retour à Kendra Kâr. Si son patron a avalé l’excuse d’une attaque contre le transporteur et Relonor tentant de le sauver, la présence d’un ami de la femme, qui a vu le Shaakt partir avec elle, lui a glacé le sang. L’elfe noir s’est donc dépêché de rentrer rapidement chez lui pour préparer sa fuite hors de la ville. Une succession de malheurs n’arrivant pas seul, le pire était à venir. La propre mère du Shaakt s’est invitée chez lui. La milice semblait venir ici et ne voulant pas que certaines opérations secrètes ne soient dévoilées, elle apoignardé son propre fils afin qu’il soit jugé pour ses crimes et ceux de sa mère. S’en est ensuivi une longue course poursuite du quartier des docks au tréfonds des égouts, pourchassé par la milice. Quelques coups de lames plus loin et un passage secret bienvenu, Relonor est arrivé aux repères des maîtres chanteurs. Un choix décisif s’est offert à lui : intégrer un groupe de criminel ou mourir la lame à la main. Il a pu mettre à profit ses talents à l’épée et occire un jeune Woran, permettant ainsi d’intégrer un groupe de criminel et la protection contre la milice qui va avec. Une entrée aussi remarquable que sanglante que le mentor du Woran n’a guère apprécié.


Voilà quelques jours que Relonor occupe ses nouveaux quartiers dans les égouts. Des visites vers le médecin de service lui a permis de se remettre d’aplomb, malgré les nombreuses blessures. Il a appris quelques informations sur le lieu où il vit à présent. Un ancien sanctuaire où les membres d’une secte de fanatiques religieux avaient élu domicile. Des décors riches et des systèmes cachés ingénieux démontraient la présence d’hommes influents au sein de cette congrégation. Selon les dires, un scandale a mis fin à leur réunion secrète et la milice a préféré enterrer le sujet et ainsi que les lieux. Tous ont oublié cet endroit, aidé par les familles riches souhaitant ne pas ternir leur réputation. Basé dans les sous-sols de la ville, ce lieu offre une quantité d’accès tant pour entrer dans certains secteurs que pour s’y échapper.

Plusieurs pièces ont été installées sur les décombres des anciens locataires. Une grande pièce servant autant de réfectoire que de scène de duel, comme l’a constaté Relonor quelques jours auparavant. Il y a également une armurerie, diverses salles d’entraînements, un lieu privé et privilégié pour l’unique médecin et plusieurs niveaux de dortoirs classé selon la hiérarchie locale. De grands espaces ouverts chargés de lits comme des dortoirs, pour les hommes de mains de piètres qualité et les nouveaux arrivants. Plus on se rapproche de la tête pensante plus le luxe était présent, instillant chez ses membres, le désir d’évoluer et donc de faire ses preuves.

Relonor arpente les couloirs. On a fait mander le nouveau pour sa première participation officielle. Richement décoré, le quartier général où se trouvent les personnes les plus influentes des égouts de Kendra Kâr est à n’en pas douter bien différent du reste. De nombreuses lanternes éclairent les lieux, baignant l’ensemble dans un flot de lumière un peu aveuglant pour un Shaakt. Plusieurs fauteuils sont disposés ici et là formant des espaces de discutions. Cependant, ce qui attire l’attention de l’elfe noir est la grande table au centre et la carte de la ville prenant tout l’espace disponible. Les quartiers sont clairement définis par des zones de couleurs, le premier simple d’esprit comprend qu’il s’agit de l’influence que ce groupe de criminel cherche à amplifier dans la ville.

"Te voilà enfin !" Commence le chef à l’autre bout de la table, entouré de deux de ses hommes. "Tu sembles remis sur pied. Tant mieux, car tout le monde doit participer."

Loin d’être impressionné, Relonor voit dans cette mission une opportunité de faire un carnage sanglant. Il a toujours aimé voir la souffrance chez autrui et ce groupe semble être un moyen on ne peut plus efficace pour assouvir ses pulsions meurtrières.

(C’est pas trop tôt, ma lame commençait à rouiller.)

"Pour fournir autant d’hommes en arme et ravitaillement, il nous faut des ressources…"

(Un pillage d’entrepôt ?)

"…et on ne passe pas tout notre temps à voler, cela attirerait trop l’attention sur nous. Donc il nous faut de l’argent."

(On va voler un dépôt d’argent, ou un riche propriétaire alors !)

"On dispose de quelques sources de revenus réguliers, pas vraiment légale tu t’en doutes et tu vas t’occuper de l’une d’elle."

(Extorquer l’argent d’honnête commerçant donc. C’est moins glorieux, mais c’est toujours ça.)

"Un de nos pickpockets ne donne plus signe de vie. Va jusqu’à lui et récolte l’argent qu’il nous doit. Revient une fois cela fait."

(Pardon ?)

L’espace d’un instant le Shaakt ne pipe mot, attendant l’hilarité des hommes présents, signe d’une blague pour les nouveaux, mais rien. Ils restent de marbre tandis que le chef lui passe déjà à autre chose. L’elfe noir reçoit un parchemin avec un nom, ainsi qu’un portrait de l’individu qu’il doit retrouver.

"C’est quoi cette blague ? J’suis pas là pour secouer les puces des petites frappes. Vous avez bien vu de quoi j’étais capable non ?" Rugit le Shaakt.

Le silence se fait soudainement et le chef toise Relonor d’un regard mauvais. Visiblement, contredire les supérieurs n’est pas une chose à laquelle ils sont habitués et encore moi toléré.

"Ce n’est pas comme ça qu’on procède. D’abord tu fais des preuves, petit à petit. La confiance se gagne et la prochaine fois que tu me contredis en face de mes hommes, je m’occuperais moi-même de trouver de l’argent. La milice doit probablement offrir une jolie prime pour ta tête." Répond froidement le maître des lieux.

Personne ne bouge, attendant la réaction de l’elfe et s’il ose recommencer le même affront. Relonor se sait dans une situation délicate et dans l’obligation d’obéir. Certes il voudrait tous les écorcher pour l’humiliation qu’il vient de subir, mais il a encore besoin de sa tête sur ses épaules. Ravalant son orgueil, il se tait et salut les hommes devant lui avant de partir d’ici. Il est clairement incapable de leur faire quoique ce soit, mais se promet d’y réfléchir. Pour cette fois-ci, il doit courber l’échine et s’incliner.

Chapitre 2 - Une bière et des infos fraîches

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 Sujet du message: Re: Les égoûts
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Chapitre 6 - Doux chaton, adorable chaton (suite 2/2)

IV.7 Le traître


Le trajet est relativement compliqué entre le p’tit George touché au ventre et Relonor qui grimace de douleur à chaque fois qu’il trébuche. Jusqu’à l’entrée des égouts, ne pas se faire repérer représentait la difficulté majeure, mais une fois à l’intérieur, ne pas tomber dans le mélange de vase poisseuse, d’excréments et de cadavres d’animaux et parfois d'humains, représente un défi presque insurmontable. A de nombreuses reprises l’elfe noir choit et bois la tasse, au grand dam de son palais.

Au bout d’un temps qui semble bien trop long pour les deux individus, ils arrivent enfin à destination en suivant les instructions de l’elfe noir. Ici il n’y a pas de garde, personne ne penserait à venir se balader jusqu’au bout des bas-fonds de la ville. Une fois l’ultime passage caché franchit, l’atmosphère lugubre change soudain pour quelque chose de plus agréable, bien que très sombre. Au loin on entend plusieurs hommes en trains de festoyer gaiement. Sûrement une mission couronnée de succès. Pas vraiment comme Relonor qui au lieu de ramener de l’argent, apporte avec lui un semi-homme et des problèmes. Soudain, la poigne de fer d’un Woran agrippe le Shaakt par le coup et le plaque contre le mur dans un gémissement sourd. L’elfe noir préfère ne pas donner la satisfaction d’avoir mal à cet ennemi de l’intérieur, malgré les blessures apparentes, tandis que le Sinari préfère chercher une cachette sombre.

"Ha Krigan ! Comment te portes-tu ? J’espère que cette fois-ci tu m’as apporté un véritable adversaire à ma taille !" Demande ironiquement le Shaakt.

Lors de son arrivée dans les égouts et dans ce groupe de malfrats, Relonor a prouvé sa valeur dans un duel à mort contre le protégé du Woran de la même engeance. Même si dans l’ensemble le jeune Woran s’est avéré un excellent adversaire, Relonor n’a pu s’empêcher de ternir son honneur et celle du mentor par la même occasion. Ne portant que des vêtements simples, le fauve humain est doté d’une musculature exceptionnelle, rendant le besoin de s’équiper, obsolète.

"Misérable chien, je vais te faire payer pour la mort de mon protégé. Il était de mon sang et avait un grand destin tout tracé avec nous !" Fait le Woran.

"De ton sang dis-tu ?" Répond Relonor toujours la nuque tenue par la puissante poigne. "Ne dis-t-on pas que les chiens ne font pas des chats ? Maintenant je comprends mieux pourquoi il était si mauvais, le p’tit minou."

"Lui avait du talent !" Rugis l’homme-tigre, les griffes prêtes à lui trancher la gorge. "Rien à voir avec un type tel que toi. Regarde-toi, tu pues la merde ! Je suis pas sûr que les rats te trouveront apetissant, mais mieux vaut en avoir le cœur net. Je suis certain que personne ne remarquera ta disparition."

Il ressert sa prise lorsqu’une voix se fait entendre à l’autre bout du couloir.

"Krigan !" Fait un homme avec une certaine autorité stoppant net la mise à mort. Des bruits de pas approchent et l’individu s’arrête sur un trait de lumière dévoilant son identité. Si ce dernier est accessoirement un des hommes de mains du chef de l’organisation, il est aussi celui qui a manipulé Relonor pour effectuer une mission dangereuse, transformant la vie de l’elfe de gardien de nuit à son travail et violeur doublé d’un assassin sur son temps libre, à un simple raquetteur de voleur à la petite semaine. Affublé de son habituel tenue de cuir souple et l’épée prête à agir, il a tout du commandant d’homme autoritaire.

"Merci Krigan de venir prêter main forte aux nouvelles recrues mal en point. Je ne te savais pas aussi bienveillant. C’est louable de ta part, mais je vais prendre la suite."

Forcé de relâcher prise le Woran, laisse retomber le Shaakt au sol et part sur une menace.

"Tu as visiblement un gardien, petit, mais ce dernier ne sera pas toujours là pour te soutenir. Rappel-toi en lorsque tu parcourras les ombres de ces couloirs. Beaucoup ont déjà eu…de tragiques accidents en glissant au sol.''

"Toi !" Ordonne l’ange gardien de Relonor au semi-homme. "Lève-toi et aide-le, je crois que vous avez un rapport de mission à faire."

Après quelques bifurcations, évitant soigneusement les groupes, les trois individus arrivent enfin dans le bureau du fameux « patron ». Sauf que cette fois-ci, il est seul à attendre accompagné d’une longue épée, posée de sorte à être prête à tout moment. Autour de lui de nombreux sièges vides, assez confortable au premier regard, sont vide.

"Mmm je te demande de l’argent et tu me ramènes ça ! Je pensais avoir été claire pourtant ! Dois-je faire rentrer les instructions à coups de marteau ?" Demande le chef affalé sur un grand trône mangeant des raisins.

"Avant de faire des conclusions hâtives, vous devriez écouter le p’tit George." Répond sèchement l’elfe noir, avant de s’en retourner vers le Sinari. "Vas-y raconte ton histoire."

"Et bien voyez-vous messires, je suis né à Jarvron, une petite bourgade aux alentours de Dehant sur le continent d’Imiftil. Petit je rêvais d’être cuisinier et le jour où…"

"La femme bougre de débile !" Crie Relonor en sortant sa lame, la portant à la gorge du p’tit George avec difficulté. "La femme avec la cicatrice à la lèvre et les dernières instructions qu’elle t’a données."

"Heu oui…pardon messire. Au début elle me demandait, ou plutôt m’ordonnait de lui rapporter de l’argent. D’habitude je fais des cambriolages et des vols à la tire, mais ses derniers temps elle ne voulait que des informations de déplacement sur des Shaakts. Mais pas lui hein, lui c’est la première fois que je le vois."

"Des Shaakts dis-tu ?" Demande le patron, sans attendre visiblement de réponse. Il se tourne vers son second et d’un accord muet, ce dernier quitte la pièce.

"Relonor ces blessures, c’est elle qui te les a faites ?" Interroge le patron après un long silence.

"Plus ou moins. J’ai réussi à l’handicaper à la jambe, mais elle a libéré une bête sur un marché sauvages d’animaux. Elle semblait pas en état de se battre, mais je crois qu’elle a réussi à me faire voir des fantômes."

"Des fantômes ?" Marmonne maintenant l’homme, perdu dans ses pensées.

Son second revient finalement accompagné d’un Shaakt.

"Lui c’est lui que je devais surveiller ! Enfin lui et d’autres." S’excite le semi-homme à la vue de l’elfe noir qui s'inquiète.

"Tout va bien ne t’inquiète pas. Tu peux repartir." Ordonne le chef au nouvel arrivant qui ressort prestement.

L’homme et son second se parlent silencieusement du regard lorsque Relonor les interrompt.

"A quoi ça rime ça ? Il y a quelque chose à laquelle je suis mêlé et que j’ignore."

Toujours dans un accord muet, le second va s’assurer que personne n’écoute aux portes et revient en acquiescent.

"Autrefois nous étions bien plus nombreux, plus fort, mais aussi plus indiscipliné." Commence le chef. "Parmi tous ces hommes, des groupes d’affinités se sont créés en plus des groupes de missions. Un homme, un fanatique religieux a commencé à foutre un sacré bordel dans la tête de mes gars. Il était assez bon dans son domaine, mais il cherchait trop souvent à rallier les hommes à sa cause. Puis il y a eu une scission. Des mots ont été échangés puis rapidement les lames sont sorties. En plus des morts dans nos rangs, le fanatique nous a quittés en emportant avec lui une cohorte de fidèle. La femme qui est citée est l’une des personnes que l’on suspectait de fournir des informations à cet homme. Maintenant on a confirmation."

"Quelle est la suite des opérations ?" Questionne Relonor.

"Elle n’était pas la seule suspectée. Maintenant qu’on sait que nous sommes infiltrés, nous allons rassembler les autres suspects, récolter les informations qu’ils détiennent, trouver où ils se cachent et tous les buter." Explique-t-il en crachant un pépin.

"Et si parmi eux il y en a certains qui sont innocents à cette affaire ?"

"Je ne pense pas qu’ils le soient, mais dans le doute cela te poserait problème si on torturait des innocents ?" Fait le chef en regardant le Shaakt.

"Aucunement si je participe à l’interrogatoire." Répond ce dernier dans un sourire sadique.

Le chef prend le temps de la réflexion avant de répondre.
"C’est entendu, mais assure-toi d’être en forme. Cela peut être physique. Sortez maintenant j’ai des affaires à régler."

Lorsque les trois hommes quittent enfin la pièce, ils ont la possibilité d’entendre un homme hurler de haine dans la pièce précédente, fracassant de nombreux objets de rages. Relonor et le p’tit George s’arrêtent tous deux, mais le second les enjoint à continuer.

"Si vous tenez à la vie, avancez, ou il vous le fera amèrement regretter."

Chapitre 1 - Un groupe particulier

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Dernière édition par Relonor le Ven 21 Juil 2017 16:26, édité 1 fois.

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