Je sens quelqu'un qui m'emporte dans ses bras. Dans ma semi-obscurité je discerne le prêtre et souris à l'idée qu'il doit aprécier le peu de poids des elfes. Il me ramène sur la chaise et me donne à boire. J'absorbe doucement ce liquide qui me brûle un peu, mais semble m'apaiser, à moins que ce soit les prières des deux êtres, à la fois si différent et si proche. Petit à petit, j'émerge et reprend mon calme.
(Non.... Moura ne m'a pas vaincu...)
(Tu es protégée par Yuimen, elle ne peut rien contre toi.)
(Pourtant elle m'a pris ce qu'il y a de plus cher, même l'amour de Yuimen...)
Comme s'il lisait mon doute dans mes pensées, le prêtre prend la parole.
"Yuimen t’aime et sera toujours à tes côtés, mais il désire que tu te battes enfin contre tes démons pour qu’enfin tu puisses chasser le côté malin de ton corps, sinon il devra protéger tes propres ennemis. Tu devras rejoindre la jeune elfe ici présente dans son île pour te guérir de cette phobie quand tu sentiras le moment venu, mais Yuimen sera auprès de toi ce jour et il t’aidera."
"Je le sais qu'il veut que je me batte... Mais comment pourrais-je, moi, simple elfe me battre contre la volonté d'une Déesse? Comment pourrais-je lutter contre le souvenir de la mort de ma soeur, de mon père et de mon aniathy? Je n'ai pas la force de tenir ce combat. J'ai lutté pour ma vie plusieurs fois déjà, j'ai bravé Phaïtos, prêtre. Mais je suis incapable de me maîtriser face à l'eau. Yuimen m'a d'ailleurs punie pour cela, ma magie est inactive dès lors. Comment pourrais-je lutter contre Moura en personne?"
Je me lève en vacillant et vais récupérer mes armes. Au passage, je vois mon collier d'émeraude au sol. Je souris et regarde alternativement la jeune prêtresse et les statues.
"Astiwë nîn cainirël? Myë pyö yalùndit arem finan. Tùlienit tyä hùminan aster Syä thelma, Ô Yuimen..."1
Je retourne auprès des deux serviteurs de Gaïa et regarde la jeune prêtresse avec un sourire.
"Je voudrais vous remercier, jeune prêtresse. Acceptez ce collier d'émeraude pour les soins que vous m'avez apporté. Longtemps il m'a protégé, mais il est temps qu'il aide quelqu'un d'autre et je sens que sa puissance vous aidera beaucoup dans votre propre quête. Comme le prêtre l'a dit, je vous rejoindrais sans doute pour vaincre cette terreur de Moura, mais il me faudra avant affronter pour cela mon passé, revenir au commencement comme Yuimen me l'a montré il y a presque un an de cela maintenant.
Quant à vous, grand prêtre Ormus, acceptez ce don de la part d'une humble druide, servante de Yuimen."
Doucement, je glisse dans les mains de la jeune elfe mon collier d'émeraude. Les pierres de béryl vert brille d'un éclat surnaturel dans le temple de Yuimen, je n'y avais jamais porté attention.
Puis rapidement, je porte ma main à ma bourse et tends une poignée de pièces au prêtre dans un geste de pur offrande, sans aucune volonté derrière.
1"Est-ce un signe? Elle le mérite de toute façon. Puisse mon geste être Ta volonté, ô Yuimen..."Eolianne a écrit:
Je sens dans la voix et les paroles de l’elfe grise l’angoisse de cette peur atroce qu’est l’eau par rapport à ce qu’elle lui à fait perdre.
« Jeune elfe, je ne sais pas, nous devons sans doute avoir à peu près le même âge, mes parents ont été tués par des magiciens noirs. J’étais alors une enfant pour mon père et je n’avais que deux ans de plus pour ma mère. Pourtant, ma mission est de réconcilier toutes les races, tous les genres et de tenter de faire revenir les magiciens noirs à la magie blanche. Pourtant, j’ai mon cœur qui se serre lorsque je suis en présence d’un magicien noir. Je ne sais comment je réagirai face à un de ces magiciens en cas de détresse de ma part, mais je sais que je vais devoir lutter contre mes démons et ma foi en Gaïa et en Yuimen sera ma force. »
Les larmes aux yeux, je regarde l’elfe grise et lui adresse un sourire.
« N’aie pas peur jeune elfe, je suis sur et certaine que Yuimen t’aidera à vaincre tes démons si tu acceptes aussi de faire de ton côté des efforts. »
L’elfe me regarde après avoir ramassé ses armes à terre et quelque chose puis me dit :
"Je voudrais vous remercier, jeune prêtresse. Acceptez ce collier d'émeraude pour les soins que vous m'avez apporté. Longtemps il m'a protégé, mais il est temps qu'il aide quelqu'un d'autre et je sens que sa puissance vous aidera beaucoup dans votre propre quête. Comme le prêtre l'a dit, je vous rejoindrais sans doute pour vaincre cette terreur de Moura, mais il me faudra avant affronter pour cela mon passé, revenir au commencement comme Yuimen me l'a montré il y a presque un an de cela maintenant.
Quant à vous, grand prêtre Ormus, acceptez ce don de la part d'une humble druide, servante de Yuimen."
« Non, je ne peux pas accepter, c’est pour l’amour et à la demande des Dieux que je l’ai fait, pas pour avoir une récompense quelconque, que j’ai déjà par l’Amour de Yuimen et de Gaïa. »
Je lui tends le joli collier de mes deux mains baissant ma tête en signe de déférence. Je la sens très proche de Yuimen et je la sens supérieure à ma petite personne.
Sans prêter attention, elle se tourne vers le prêtre et lui tend des yus pour dons.
« Au fait, je ne me suis pas présentée, je m’appelle Eolianne et ma faéra s’appelle Hélyanwé, quand à mon cheval, lui se nomme Silmë. Et toi ? comment te prénommes tu ? »
Avec le prêtre, nous nous asseyons tous les trois et parlons un peu…
La réaction de l'elfe me surprend. Sans lui demander son avis, je le fixe à son cou, près d'un autre collier, blanc celui-ci. Ce dernier iradie une puissance magique assez rare, mais que je sens bonne.
"Vous êtes protégée par Yuimen et Gaïa, prêtresse. Je le sens au collier que vous portez. Vous parlez de récompense par l'Amour de nos deux Dieux. Moi, je vous parle d'un signe d'amitié entre deux servantes de Yuimen et de sa soeur. Si vous n'en voulez pas comme cadeau, daignez au moins l'accepter comme signe d'amitié entre vous et moi, puisque nous sommes destinées à nous retrouvez à nouveau."
L'elfe baisse la tête, comme en signe de soumission ou de respect. J'hésite sur le comportement à adopter et fait mon don au prêtre.
(Son attitude est plein de respect envers moi, qu'ai-je fait pour?)
(Je sais pas t'aider là, Lothi... Je ne lis pas dans ses pensées.)
Doucement, je lui redresse la visage et lui souris, fixant mes yeux azur dans les siens.
"Tu es trop modeste, jeune prêtresse. Et si je me considère comme plus âgée, ce n'est pas en âge, mais en expérience. J'ai beaucoup vécu, même si mon histoire est moins terrible que la vôtre. Mais mon but n'en est que moins grandiose. Je ne vis pas pour les autres, mais pour moi! Je n'ai pas cherché à changer mon peuple raciste, je l'ai fui. Vous êtes jeunes et avez encore beaucoup à apprendre sur le monde et sur vous-même il me semble. Mais vous êtes supérieure à moi auprès de nos Dieux, cela j'en suis persuadée car la tâche qui vous a été confiée est bien plus importante."
Enfin, nous en venons aux présentations. Le prêtre et elle-même s'asseyent.
"Je me nomme Lothindil, elfe grise venant de Cyniar."
Me rendant soudain compte que cette présentation ne veut plus rien dire ayant fuit Naora et mon peuple depuis plus d'un an maintenant. Cependant, je continue.
"Je suis une druide errante. Je vous présente Lirelan, ma faera, désignant la pie sur mon épaule.
Eolianne a écrit:
L’elfe me passe alors le collier autour du cou à côté de celui que Yuimen m’a offert tout en me disant.
"Vous êtes protégée par Yuimen et Gaïa, prêtresse. Je le sens au collier que vous portez. Vous parlez de récompense par l'Amour de nos deux Dieux. Moi, je vous parle d'un signe d'amitié entre deux servantes de Yuimen et de sa sœur. Si vous n'en voulez pas comme cadeau, daignez au moins l'accepter comme signe d'amitié entre vous et moi, puisque nous sommes destinées à nous retrouvez à nouveau."
« Merci mon amie, je l’accepte alors de bon cœur en toute amitié. »
Je baisse la tête en signe de soumission sachant au fond de moi à qui j’avais affaire. Gaïa ne m’aurait pas demandé mon aide pour la soigner, si elle n’avait pas une importance à ses yeux et aux yeux de son frère.
Me redressant le visage avec beaucoup de tendresse, elle me dit alors :
« Tu es trop modeste, jeune prêtresse. Et si je me considère comme plus âgée, ce n'est pas en âge, mais en expérience. J'ai beaucoup vécu, même si mon histoire est moins terrible que la vôtre. Mais mon but n'en est que moins grandiose. Je ne vis pas pour les autres, mais pour moi! Je n'ai pas cherché à changer mon peuple raciste, je l'ai fui. Vous êtes jeunes et avez encore beaucoup à apprendre sur le monde et sur vous-même il me semble. Mais vous êtes supérieure à moi auprès de nos Dieux, cela j'en suis persuadée car la tâche qui vous a été confiée est bien plus importante. »
« Mon amie, je ne crois pas en la supériorité de tel ou tel acte, mais en la foi avec laquelle il est fait au nom de nos Dieux. Tes actes déjà effectués semblent avoir été marqués d’une très grande foi en Yuimen ce qui vaut une tête basse en guise de reconnaissance de vos souffrances pour le frère de ma Déesse. »
La jeune elfe grise se présente alors une fois tous assis. Lothindil et sa faéra en forme de pie Lirelan.
« Je suis très heureuse de te rencontrer, moi je viens de Kendra kâr où j’ai grandi et maintenant j’erre à la demande de Gaïa et de Yuimen pour suivre une voie qu’ils m’ont choisi et dont je ne connais rien encore ou si peut. »
Le prêtre nous regarde et prend la parole.
« Mes enfants, votre destin vous permettra de vous retrouver dans une de vos quêtes où vous aurez à prouver votre foi toutes les deux et vous tenir main dans la main pour y réussir… Mais le jour n’est pas encore arrivé, vous le saurez au bon moment… »
Je regarde le père et Lothindil puis m’adresse à sa faéra.
« Dis-moi Lirelan ? ta sœur est devant avec Silmë si tu veux aller la voir, et si un jour, Lothindil à besoin, fait appel à ta sœur Hélyanwé qui me préviendra et si je peux faire quelque chose alors j’interviendrai que ce soit par la prière ou pas ma présence. »
La pie volette gracieusement et respectueusement dans le temple respectant le lieu sacré. Je suis heureuse d’avoir rencontré cette druide et j’espère vraiment que nous pourrons nous retrouver.
« Mon amie, je ne crois pas en la supériorité de tel ou tel acte, mais en la foi avec laquelle il est fait au nom de nos Dieux. Tes actes déjà effectués semblent avoir été marqués d’une très grande foi en Yuimen ce qui vaut une tête basse en guise de reconnaissance de vos souffrances pour le frère de ma Déesse. »
Je souris à sa remarque, si elle connaissait mon passée et mes aventures elle saurait peut-être qu'ils ont plus souvent été guidé par ma survie ou mon orgueil que par ma foi en Yuimen.
"Ne crois pas cela, prêtresse, mes actes ont été plus de l'orgueil que de la Foi. Certes Yuimen me protège, certes je tente de le servir, certes j'ai déjà souffert pour lui. Mais si je l'avais suivi lui plutôt que mon orgueil, j'aurais risqué moins souvent ma vie. Par quatre fois en moins d'une année il m'a sauvé et si une fois c'était pour sauver des amis, les autres étaient juste de la fierté. Même quand j'ai risqué ma vie pour lui à cause de mon serment. Il me l'a dit et je le sais, cela je ne l'ai réellement compris que dernièrement, mais je l'ai payée cher, et je le payerais encore longtemps..."
Une larme coule de mes yeux. Je détourne mes yeux des deux prêtres, me sentant salie par cette sanction de Yuimen qui pèse sur moi.
(Comment peut-elle me considérer comme supérieure. Je suis de loin inférieure à elle, ne serait-ce qu'à cause de cette punition.)
Eolianne continue et m'en apprends plus sur elle.
"Pour ma part, j'ai grandi à Cyniar, dans l'archipel de Naora. Mais j'ai fui ce pays, voici un an. Depuis, je cours le monde à la recherche de qui je suis réellement et non de cette façade qui m'a été créée par mon éducation..."
Le prêtre m'interrompt alors:
« Mes enfants, votre destin vous permettra de vous retrouver dans une de vos quêtes où vous aurez à prouver votre foi toutes les deux et vous tenir main dans la main pour y réussir… Mais le jour n’est pas encore arrivé, vous le saurez au bon moment… »
Eolianne s'adresse à Lirelan qui la regarde avec un franc sourire sur le bec, chose fort inhabituel, il faut le reconnaître.
"Ne t'inquiète par Hélyanwé. Je lui ai parlé avant même d'entrer dans le temple. Je savais que je trouverais une jeune prêtresse en ses lieux qui serait prête à nous aider. Je savais aussi que tu nous attendais."
Pas surprise au-delà de ça par les paroles de ma faera, je finis par m'habituer qu'elle soit au courant de tout à la fin, je réponds à la prêtresse.
"N'hésite à venir me demander de l'aide. Ta faera sera où me trouver, n'aie crainte, elles sont douée pour ça semble-t-il..."
"Pas que pour ça d'ailleurs."
"Non, c'est vrai... pour être terriblement jalouse aussi."
"Ou pour arriver à te guider dans un marais puant aussi!"
"Effectivement, je dois le reconnaître."
Cette courte discussion entre ma faera et moi finit par un rire que nous modérons toutes les deux étant dans un temple.
Eolianne a écrit:
Lirelan et Lothindil commencent à parler l’une de l’autre gentiment, quand me rends compte que le temps est venu pour moi de prendre congé pour rejoindre le bateau qui doit m’amener à l’île.
Me levant, je remercie Lothindil pour sa proposition d’aide en cas de besoin, remercie Lirelan pour sa jolie compagnie et salue le prêtre d’un baissement de tête pour lui montrer mon dévouement.
« Ma fille, que Gaïa et Yuimen te protègent sur la route de l’île et souviens toi, garde la foi en eux et tu y arriveras sans aucun soucis. Prends soin de toi mon enfant et envoie moi ton amie faéra si besoin est. »
Je regarde les deux statues, les salue, puis dans signe de la main je dis au revoir à Lothindil, à sa pie et au père Ormus.
« Prends soin de toi Lothindil et que Yuimen te préserve. »
Je prends alors mes affaires et me dirige vers la porte du temple.
Je regarde Eolianne partir puis regarde Lirelan.
"Il va être temps pour nous aussi de partir."
"En effet, nous avons encore une longue route avant d'atteindre la tour élémentaire."
De la manière dont ma faera vient de le prononcer, je m'arrête un instant et me tourne une fois de plus vers le prêtre.
"Avant que je parte, j'aimerais avoir des renseignements sur la Tour élémentaire de Terre, en avez-vous, Grand prêtre?"
"Non, je suis prêtre de Gaïa avant tout. Il m'est arrivé de me rendre à la tour Blanche, mais ne pratiquant pas les arcanes terrestres ou druidiques, je n'y ai pas accès. La seule chose que je peux vous dire, c'est que je vous conseille de passer par Dehant avec votre monture, le chemin est plus long, mais là-bas vous pourrez laisser votre animal en sureté."
"il existe une autre entrée?" demandé-je surprise.
"Oui, il existe une route par Yarthiss...."
"Merci beaucoup de votre aide grand-prêtre, je vais y réfléchir."
Posant le genoux à terre, je m'incline devant lui et sort du temple silencieusement, sous les regards des pélerins et fidèles...