Inscription: Mar 7 Déc 2010 20:58 Messages: 33
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Depuis que l'auberge du Pied-Levé avait disparut dans le dédale de rues, le soleil continuait son éternelle course dans le ciel, plongeant lentement vers l'horizon tandis que les heures s'égrenaient. Les ombres étiraient leurs formes torturés dans les ruelles étroites, jouant avec l'imagination des passants, qui se hâtaient de chercher un refuge où la lumière d'une flamme chasseraient ces formes malsaines. Notre héros vagabond allait à contre-sens de ces hommes et femmes, les croisant dans les ruelles et observant le regard craintif qu'ils lui lançaient, celui des gens qui ont vite envie de partir sans embrouille. Surtout quand la personne qu'on croise est armé jusqu'aux dents. Ainsi avançait Ssar, flânant auprès des boutiques et découvrant la ville.(N'y a t'il point de meilleur endroit pour vider son esprit des bêtises qu'il engendre qu'une promenade sans but?)Cette question rhétorique silencieuse fit s'esquisser un sourire sur le visage barbu de l'homme. Tout à sa paix intérieure et à ses pensées sereine, il ne vit qu'au dernier instant le jeune homme qui le percuta. Ssar faillit tomber à la renverse, et rétablit son équilibre avant, avant de lancer un regard à la source de sa collision. Dans les 15 ans, brun, un début de barbe, le regard craintif à son encombre, le jeune homme était vêtu avec des habits au patchwork multicolore, mille fois rapiécé. "Tu vas bien?"Le jeune garçon se contenta de murmurer un "pardon" en rasant littéralement les murs pour s'éloigner d'un pas vif derrière Ssar.(Plus de peur que de mal pour lui, dirait-on...)Ssar se remit en marche, et retrouva rapidement sa sérénité. Sa marche dériva dans les rues tandis que son esprit dériva dans ses souveniris.(ça me rappelle une vieille histoire que m'avait raconté mon Maître... Un jour qu'il se promenait en ville, il avait été percuté par un homme lui aussi. Il m'avait dit quelque chose par rapport à ça, mais je me souviens pl...)Le souvenir revient soudain, fracassant la porte de la sérénité et instaurant un règne d'incrédulité et de surprise rageuse dans son esprit."Ma bourse!"Portant ses mains à sa ceinture, il ne sentit pas sous ses doigts le tissu aux formes changeantes trahissant son contenu métallique."Par tout les dieux, il s'est bien payé ma tête. Allons donc le faire danser pour me faire rembourser..."Le ton glacial que Ssar avait employé était tout aussi terrifiant que la plus folle des rages. Remontant sur le lieu de la rencontre, Ssar commença ses recherches. Les pauvres passants subirent malgré eux un interrogatoire poussée sur les personnes qu'ils avaient croisés, et c'est quand la nuit tombant et après bien des personnes traumatisés par un regard noir de colère sourde que Ssar arriva devant une maison abandonnée, véritable lèpre de la ville. Poussant le battant pourris et sortant son épée, Ssar s'enfonça dans la bâtisse, s'accroupissant dans un désir de discrétion. La pièce semblait être une ancienne salle de taverne : un comptoir au bois désagrégé supportait difficilement quelques bouteilles encore debout, tandis que de nombreuses tables et chaises étaient boiteuses, voire cassés. Ce qui attira l'attention de Ssar, ce fut le bois du sol : pourris par les ans, il craquait horriblement sous les pas. Difficile d'être discret, mais aussi de dissimuler les va-et-vient d'éventuels occupants: le sol s'enfonçait de façons permanente là où devait passer fréquemment des gens. Et une trace de ce genre relié la porte d'entrée et la trappe du cellier, qui était grande ouverte. Ssar sourit de toutes ses dents, une lueur amusé dans le regard.(voyons jusqu'où je peux aller...)S'emmitouflant dans sa cape aux reflets changeant, il avança précautionneusement, en rasant les murs. Un pas. Et l'odeur de bois moisie fut plus prenante. Deux pas. Et le bois gémit sous son poids, faiblement. Trois pas. Et Ssar souleva de la poussière. Quatre pas. Mais alors que Ssar avait pratiquement fait la moitié du chemin, des voix lui parvinrent du cellier, qui venaient vers lui. Ssar se jeta sous une table dans un coin, ajustant sa cape une nouvelle fois et guettant l'arrivée des habitants. Deux jeunes enfants sortirent du cellier. Une petit garçons et une petite fille. Une dizaine d'années chacun. Ils bavardaient à voix basses en gagnant la porte d'entrée."Tu as vu tout cet or? Gilbert a vraiment été splendide sur ce coup-là!", s'exclamait la jeune fille, visiblement enthousiaste. "Bah, il a juste eu de la chance. Pas de quoi en faire un plat."[i], répliqua le garçons, visiblement en rogne.Ssar les voyaient se rapprocher de lui, et eut une idée..."Dis moi, tu serais pas jaloux?""Jaloux moi? De Gilbert? Jamais!"Le rire cristallin de la jeune fille fissura le coeur de Ssar. A la vue de leur habits, du même genre que ceux de ce gilbert qui était visiblement son voleur, il ne faisait aucun doute sur la nature de ces enfants: des enfants de la rue. C'est toujours un triste spectacle que de voir les enfants ainsi livrés à eux-même. Mais il avait besoin de cet argent. Alors que le garçon passait de la table où Ssar se cachait, ne se doutant pas de sa présence, ce dernier bondit soudainement et fit trébucher le garçon, qui n'eut même pas le temps de crier avant de tomber au sol et d'y perdre son souffle. Ssar apposa la lame froide de son arme d'acier sur le cou de sa victime, la faisant se raidir de peur."Si l'un de vous fait le moindre bruit, vous pourrez continuer à rire... Mais dans l'au-delà."Message visiblement compris. La jeune fille se couvrait la bouche des mains, paralysé de peur."Ce gilbert, où puis-je le trouver?""Vous...Vous êtes celui qu'il a volé?""Pas de question petite. Va le chercher. Avec mon or. Je garde le petit en otage ici."La petite partit en courant, redescendant au cellier sans demander son reste. Ssar soupira. Il commença à regretter cette idée stupide d'otage. C'est une astuce de malfrat ça... La petite fille remonta et se cacha derrière le comptoir, tandis que le fameux Gilbert, mon voleur, approchait de moi, ma bourse en main, tâchant de garder l'air fier malgré sa peur évidente."Voilà votre or. Relâchez mon ami.""Tu n'es pas du genre à abandonner tes amis. C'est bien."Une idée pour racheter son comportement pendable germa dans l'esprit de Ssar."Verse le contenu de la bourse sur le sol. Je veux vérifier que ce sont bien mes pièces."A contrecoeur, Gilbert obéit, délivra une pluie de piécette sur le sol, qu'il mit en petit tas."Voilà, vous êtes content?""Très. Et maintenant, fait deux tas avec les pièces. Moitié moitié.La demande choqua vraiment Gilbert, mais devant la vue de son ami en larme, se mordant les lèvres pour ne pas pleurer, une lame tranchant le long du cou, il entreprit de séparer le tas sans trop poser de question."Bien. Met un des tas dans ma bourse et fait la glisser jusque moi."Le bruit des pièces retentit dans le sac, puis Gilbert le jeta à ses pieds. De sa main libre, Ssar se saisit de sa bourse et se releva, relevant l'épée de Damoclès qui pendait sur le cou de l'enfant. Celui-ci partit vite rejoindre ses amis, laissant éclater ses pleurs. Ssar faisait déjà mine de repartir vers la porte, quand la voix de Gilbert l'interpella: "Mais... Et ces pièces là?""Gardez-les, je vous les donne. Offrez vous un bon repas, un vrai lit et de vrais habits. Et trouvez vous une famille. La rue n'apporte rien que la souffrance aux enfants."Quittant la cabane et remontant le chemin jusqu'à la taverne, Ssar se sentait encore mieux que pendant l'après-midi, et se laissa même aller à chantonner un petit air.
_________________ Ssar, Varrockien, rôdeur flâneur et chasseur de trésor
Ssar : #404080
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