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(je reviens de l'auberge du pied-levé)
Une fois dans la rue, je m’éloigne à grands pas de l’auberge. La nuit est chaude, mais je ne peux pas l’apprécier comme il se doit. Je peine à garder ma Rage à l’intérieur, elle essaye de ressortir plus vivement qu’avant. Sans doute sent-elle qu’elle en aura bientôt l’occasion. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je n’ai jamais compris les Rages qui me troublent depuis ma toute petite enfance, mais je les perçois comme une force que je dois métriser, et parfois relâcher. J’ai l’impression que mes Rages sont des bêtes emmurés qui sentent quand le moment de la –bien que courte- libération est sur le point d’arriver. La bête s’agite en se moment même, mais je dois guetter le bon moment avant de la libérer des entraves que je veille à garder fermées. Je m’éloigne de l’auberge. Il ne faudrait pas que l’on m’associe à ce que je vais commettre… Cela ruinerait la réputation de l’auberge, et la rumeur se répandrait. Mon père viendrait alors faire la chose qu’il n’avait pas eu le courage de faire lorsqu’il m’a chassé. M’occire, me tuer. De toute façon, je vais bientôt partir de la ville. Enfin je crois… Non, je ne crois pas. Je n’ai pas à croire pour l’instant. Il me faut seulement étancher ma soif. Pour l’instant, ce seul objectif doit compter. Je mets de coté mes interrogations vaines et me convaincre sur mon but ; le sang. Le sourire n’a pas quitté mes lèvres. Je marche, encore et encore. Cela doit bien faire une demi-heure que je marche, ne sachant pas où je suis. Je n’ai pas prêté attention aux rues que j’empruntais, je ne cherchais que mon objectif. Malheureusement, les rues sont vides, et les seules personnes qui sont dehors à cette heure sont en groupe. Il vaut mieux ne pas se promener seul et isolé la nuit, voila une belle mentalité qui ne me plait malheureusement absolument pas. Enfin, je tombe sur un groupe d’hommes jouant aux dés dans la rue. Un me remarque, son regard de porc s’illumine lorsqu’il réalise que je suis une femme. Il se méprend sur mon sourire et me suit, se disant sans aucun doute que si je ne suis pas une prostituée, il connait des moyens plus… brutaux d’assouvir ses bas-instincts. Je jubile. Enfin ! La Rage s’impatiente derrière les barreaux, et je lui promets tout ce qu’elle voudra, si elle patiente quelques instants supplémentaires. Je fais semblant de ne pas l’avoir remarqué et m’enfonce de plus en plus dans la rues tortueuses et sombres de Tulorim, le gros porc sur mes talons. Puis, je m’aventure volontairement dans une impasse. Je m’arrête brusquement. L’homme s’arrête juste à temps pour ne pas me heurter, mais je ne m’en soucie guerre. Je laisse enfin ma Rage de Sang ressortir, et la félicité emplie de noirceur qui m’envahit est si délicieuse, si fantastique que je m’efforce de ne pas pousser un gémissement de plaisir. J’ai besoin de voir couler le sang ; il y en a, dans l’homme juste derrière moi. La simplicité de ce raisonnement, l’évidence même de la résolution du problème me fait trembler d’expectative. Je serre les poings en essayant d’arrêter le tremblement d’allégresse, mais je n’y arrive pas. Peu importe. Mon sourire s’étire. L’homme, se tenant dans mon dos, ne sait pas ce qui se passe dans mon esprit et prend mes tremblements pour de la peur. Avec un sourire veule, il pose une main d’un geste qu’il veut viril sur mon épaule. Mon sourire se déforme en un rictus sardonique, je me retourne d’un geste si brusque que l’homme enlève sa main de mon épaule. En voyant mon rictus, il recule de quelques pas, une interrogation mêlée de peur dans son visage. Il essaie de s’enfuir et de trouver une autre femme, mais je ne lui en laisse pas le temps. M’avance vers lui, lui donne un coup de poing juste assez puissant pour lui couper le souffle, le temps que je me glisse derrière lui, le bâillonne fermement avec un bout de tissu. Je réussi à attacher ses mains derrière son dos. Parfait, elles ne me gêneront pas. Je sors finalement ma dague, et frappe juste au bas de la colonne vertébrale, paralysant ses jambes. Il tombe par terre, et je crois qu’il essaie de crier à l’aide, mais le bâillon improvisé se trouve à être plutôt efficace… Avec un sourire resplendissant, je me dresse de toute ma hauteur devant lui, dague à la main, assurée de pouvoir m’amuser, assurée de pouvoir enfin étancher ma rage Sang. Les yeux de l’homme crièrent de douleur et de souffrance lorsque la première entaille mordit la douce chaire du condamné, annonçant le long supplice qu’il devra subir.
Une heure plus tard, la Rage de Sang est enfin étanchée. Quel soulagement ! Je m’assoie quelques instants dos au mur, à coté du cadavre mutilé, écorché et bien d’autres choses encore. Je ne ressens pas de dégout, car je considère mes Rages comme un besoin normal, comme manger et dormir. Je dois m’assurer qu’il soit assouvi. Oui, je viens de tuer un homme, oui, je viens de mettre fin à tout avenir pour ce dernier, mais je n’ai pas de remords. Je soupire et me relève, heureuse de constater que je n’ai pas trop taché mes vêtements. Le sang est si dur à laver…. Et il attire l’attention. Je décide de laisser le cadavre intact. Que pourrais-je faire d’autre ? Lui offrir une sépulture ? Je ne connaissais même pas son nom…Peu importe. Je sortis de la ruelle et offrit mon visage radieux à la nuit si sombre…Je commençai à marcher, profitant pleinement de la nuit sombre, en revenant à-peu-près sur mes pas. Tout d’un coup, j’entendis des éclats de voix. Je me glissai dans une rue adjacente, ombre parmi les ombres, et écoutai la conversation - Dem est pas revenu… -Bah, tu sais, j’crois qu’il s’occupe bien avec cette pute qui est passée tout à l’heure… Tu vois c’que j’veux dire ? -Mais faut dire que la pute était étrange… Elle faisait peur, avec sa cape noire… -Et puis alors ? On ne juge pas la putain à l’habit qu’elle porte…où pas ! Les deux hommes éclatèrent d’un rire gras, bientôt joints par le reste du groupe. Un autre homme pris la parole Immensément fier de sa plaisanterie, il éclata de rire, bientôt imité par le reste de sa troupe et arrêté par une quinte de toux grasse. -Quand même, jm’inquiète pour Dem. J’vais aller le voir. Il tourna le coin de la rue perpendiculaire à l’impasse où je m’étais cachée. J’étais silencieuse, extrêmement silencieuse, mais un énorme rongeur décida de ne pas m’imiter, ou alors il voulut ma perte. Il décida joyeusement de commencer sa collation le moment où l’homme passait devant l’impasse. Intrigué, l’homme s’arrêta, regarda attentivement et me vit par je ne sais quel miracle. -Hey ! Toi ! C’tait toi, la pute, non ? Où s’qu’il est, D… La fin de sa phrase fut noyée par un gargouillis. Je grognai moi aussi, car le sang avait un peu giclé, tachant ainsi ma cape. Décidément, cette cape était destinée à se tacher… Une voix me tira de ma réflexion profonde sur la destinée inéluctable des habits. -Vous avez pas entendu queque chose ? Des sons d’armes tirées de leurs fourreaux résonnèrent dans la rue déserte, suivies de lourd pas méfiants. -Merde! Chuchotais-je. Je ne pouvais pas fuir, et je n’étais pas de taille contre une quinzaine d’homme. De plus, ma Rage de sang dormait bien tranquillement au fond de moi. Pa moyen de la réveiller, pour me donner une petite chance. J’enrageais, mais je m’obligeai à rester calme. La clé d’un combat était son sang-froid, mais je me savais perdue. Je souhaitais tout de même faire bien des dommages dans leur groupe avant de rendre mon âme. Un homme s’aventura doucement dans l’impasse, sabre au clair et n’eut pas le temps de dire quoique ce fut avant que je lui fracasse le crâne contre le mur. Cela sonna le début de la bataille. Les hommes n’étaient peut-être pas très agiles, mais ils avaient la force brute avec eux. Je virevoltais parmi eux, évitant de justesse leurs lames, mais encaissant parfois des coups rudes. Je me savais perdue, je leurs fit surement l’effet d’une démone, mais ils redoublèrent leurs assauts, avec bien de la conviction. Je blessais, évitait, parait, frappais. J’en tuai un, deux, trois, quatre. Et surement plus, mais surement point assez. Quatre existences, misérables, mais existences quand même. Je m’obligeai à ne pas penser à leur famille, amis. J’encaissai un coup plus fort que les précédents et reculai d’un pas, me retrouvant coincé contre le mur. C’est à ce moment précis qu’une ombre sauta du toi, atterrie avec une roulade et se releva, face aux hommes, me tournant le dos. De dos, il semblait jeune, mais il était imposant de stature. À son arrivée, tous les bandits se stoppèrent. Étais-ce leur chef ? Mais il semblait vouloir me protéger. Ne prenant aucun risque, je me mis en garde. Ma lame tachée de sang scintilla faiblement d’un éclat orangé au clair d’une lanterne, posée non-loin de la.
_________________ Orydiane/ Fanatique/Humaine
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