A la recherche du serpent(((apprentissage de classe secondaire)))
Elle l'entendait chuchoter, l'encourager à continuer, la pousser à réussir. Tout était noir, ténébreux. Tout était empli de cette magie sombre qu'elle parvenait à peine à contrôler. Comment pouvait-il y avoir autre chose dans ces ténèbres ? Mais elle continuait à chercher, elle ne devait pas s'arrêter.
Evangelina scrutait les moindres recoins de son âme, les moindres interstices cachés... Mais elle ne trouvait rien. Tout son esprit était concentré sur cette recherche, mais elle n'aboutissait pas. L'araignée lui avait-elle dit n'importe quoi ? N'était-elle pas simplement constituée de magie sombre ? Cette dernière la réfuta immédiatement, lui affirmant que sa réelle magie n'était pas sombre. Mais où était-elle ? Où se cachait-elle ? Et qu'elle était-elle ?
La poupée brisée repensait à ce que lui avait dit l'araignée bleutée. Cette magie la faisait vivre, c'était elle qui recueillait son âme et sa vie, ses pensées et ses peurs... Elle réfléchissait autant qu'elle le pouvait, mais ne parvenait pas à trouver. Elle avait tout fait, chaque recoin de son âme et de son esprit. Ces deux étaient entièrement noyés de ténèbres, aucun espoir, aucun pardon, rien, seulement les ténèbres. Seulement cette magie incontrôlable qu'elle se devait d'apprendre à maitriser.
Et soudain, une idée apparut, frêle et fragile, presque éphémère, mais présente, et censée. Et si cette magie qui la faisait vivre n'était pas en on âme, mais autours. Et si cette mystérieuse magie n'était pas dans son esprit, mais dans ce corps qui le contenait, dans ce simple assemblage de bois et de tissu, cette merveille de technologie qui faisait d'elle ce qu'elle était ?
Evangelina se concentra et se mit à chercher en ce corps de bois et de fer, de tissu et de cuir. Dans ce corps les ténèbres étaient moins présentes. Quelque chose d'autre s'y écoulait, plus clair, plus dur... L'Aniathy suivit les canaux formé par cette autre entité, remontant peu à peu, se rapprochant doucement de la source. Et soudain, elle comprit. Sa pierre, enchâssée dans sa nuque, celle qui la faisait vivre. C'était là qu'elle était, là que résidait cette autre magie, sa véritable magie...
La poupée brisée s'y dirigea immédiatement, mais quelque chose la bloqua : ces ténèbres, qui voulaient garder le contrôle. Ces ombres qui voulaient rester maitresses de ce corps... Evangelina se débattit, affronta ses ténèbres tant qu'elle le pouvait, se frayant doucement un chemin. C'était de plus en plus dur, mais elle avançait toujours.
Et soudain, toute résistance céda, et elle rentra dans cette pierre mystérieuse qui la faisait vivre de plein fouet. Il y eu comme un grand vide, une espèce d'accalmie silencieuse, perturbante. Puis tout s'emballa. L'Aniaty sentit cette nouvelle magie s'engouffrer en elle, prenant le pas sur les ténèbres alors maitresses des lieux . Elle sentit sa pierre chauffer à en fondre, elle sentit tout son corps bruler sous la brutale invasion de cette nouvelle magie. Elle se sentit défaillir un instant, un très bref instant qui lui parut en même temps une éternité. Elle eut envie de hurler mais ne le pouvait pas... Elle voulait pleurer mais n'en était pas capable. Elle ne contrôlait plus rien, ne maitrisait plus rien. Tout son corps la brulait, mais elle ne pouvait s'en échapper. Elle aurait voulut disparaitre, que tout s'arrête, regrattant presque d'avoir trouver sa source...
Puis tout s'arrêta, et elle s'effondra sur le sol, à moitié dans l'eau.Elle ne mit pas longtemps à rouvrir les yeux, mais ne comprit pas vraiment où elle était. Tout était bleu-vert, opaque...De nombreuses particules étaient en lévitation et la lumière était étrangement diffuse... Et soudain, elle comprit. Elle était dans l'eau. Elle sentit cette dernière glisser sur son cou, elle était donc en surface, et tenta de se relever. Mais ses bras ne répondaient plus. En fait, plus aucun de ses membres ne répondait. Était-elle brisée ? Que c'était-il passé ? Elle commença à paniquer, ne sachant que faire.
(Calme-toi ! Tu n'es pas brisée ne t'inquiètes pas.)Evangelina essaya de se reprendre. Elle se sentait paniquer, elle sentait l'eau entrer dans sa bouche et ressortir dans son cou, elle... Soudain elle réalisa que plusieurs choses étaient étranges : l'eau ressortant par sa gorge, cette impression d'un incessant battement en elle, se liquide qui semblait couler inlassablement sous sa peau... Cette perte de sensation dans les membres...
Et soudain, une pensée lui vint, timide mais pertinente, et qui lui fit écarquiller les yeux. Elle se rappela l'océan, les profondeurs, ses nuances lumineuses magnifiques, cette sensation de liberté...
(Voilà, tu y es !)Elle ne contrôlait plus ses membres parce qu'elle n'en avait plus ! Elle était un serpent, ce serpent qu'elle avait vu lorsqu'elle s'était évanouie... Elle sentit soudain les ondulations de l'eau changer, comme si quelque chose y bougeait. Sa peau semblait d'une incroyable sensibilité. Mais il fallait qu'elle bouge, qu'elle se relève. Elle se concentra, essayant de comprendre et de maitriser ce nouveau corps. Elle essaya d'en découvrir le fonctionnement, et peu à peu y parvint.
Ça n'avait rien à voir avec un corps d'Aniathy. Pas d'articulations, pas de membres... Un simple corps en longueur et flexible, pouvant être contrôlé dans tout l'espace, sans limitation due à des blocages physiques... Finalement elle essaya de se relever, doucement, et sortit la tête de l'eau. Le paysage autours d'elle n'avait pas changé, même s'il tanguait un peu du fait qu'elle ne parvenait pas vraiment à se stabiliser.
Evangelina regarda autours d'elle, et fut tout de suite attirée par son corps. Il était grand, vraiment grand, et d'une couleur bleutée sans pareille. Des voiles et de longs filaments reposaient sur le sol. Elle était un serpent de mer, c'était évident, mais ne ressentait aucune difficulté à respirer.
"Dis, le poisson... T'aurais pas vu une poupée rousse par hasard ?"La serpent de Moura sursauta et sentit son cœur s'accélérer. C'était une sensation étrange, très étrange. Elle tourna la tête - elle trouva d'ailleurs très agréable de pouvoir regarder quasiment tout autours d'elle sans bouger - et vit Hailindra près d'elle, apparemment pas plus gênée que ça de voir un serpent bleu de deux mètres de long en plein air.
Evangelina voulut lui répondre, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle soupira.
(Je ne peux pas parler ?)(Non. A part à tes congénères.)(Mais... Comment faire pour que... ?)Il fallait qu'elle lui fasse comprendre qu'elle était la poupée rousse qu'elle recherchait. Elle voulut avancer vers elle mais eut du mal, avant de comprendre qu'elle devait baisser la tête au niveau du sol pour que ce soit plus simple. Elle allait devoir s'habituer à cette forme.
Comme elle le pouvait elle s'approcha d'Hailindra et fit le tour, l'entourant de sa queue sans la toucher, avant de relever la tête et de la regarder dans les yeux. Elle espérait que la femme chat parviendra à la reconnaitre.
Mais elle n'eut pas vraiment le temps d'en être sûre. Un sifflement aigu se fit entendre près d'elles et une grande flèches se planta à quelques mètres. Evangelina tourna la tête vers le plan d'eau, restant devant Hailindra. Trois têtes écailleuses sortirent de l'eau, immobiles mais grognant. Apparemment, elles n'étaient pas contentes...
Premier plongeon
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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...
Merci à Itsvara
« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. » Jean Ray