Magique musique


(zone 1 -> zone 4)

Evangelina n'eut pas vraiment le temps de voir ce qui entourait l'auberge, dans quel environnement se trouvait cette mystérieuse bâtisse. En effet, quelque chose d'autre se passa, quelque chose d'inattendu, d'inconcevable, quelque chose qui réfutait toute logique...

Tout disparu. En fait, ce n'était pas incroyable, la poupée brisée l'avait déjà vécu. C'était exactement la même sensation que lorsqu'elle avait quitté, contre son gré, Cuilnen. Le noir complet, l'absence de son, de sensation sous les pieds...

Mais cela ne dura pas comme la dernière fois. Très rapidement, alors qu'elle ne pouvait plus bouger, elle entendit une voix nasillarde, sortant de nulle part. Cette voix ne resta qu'un bref instant, mais suffisamment longtemps pour dire à Evangelina qu'elle avait échouée, mais qu'une nouvelle chance s'offrait à elle.

Elle n'eut pas vraiment le temps de réfléchir à ces dires qu'elle se sentit de nouveau tomber. Et lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle comprit ce qu'avait voulu dire la voix. Ils étaient tous là, tous, sans exception. Même le tenancier, qui pourtant était censé être mort... Et un grand Orc, qui n'était pas là avant. D'où sortait-il ? En fait, tout le monde n'était pas là. Alylade était invisible.

Elle tourna sur elle-même, étudiant chaque détail, chaque personne présente, chaque porte et chaque fenêtre... Tout était redevenu comme lorsqu'elle était arrivée, et ça ne lui plaisait pas du tout.

(Qu'est-ce qui se passe ici ?!)
(Je t'avouerais que je suis tout aussi surprise que toi.)
(Est-il possible de voyager dans le temps ?)

Cette pensée fit écarquiller les yeux de la poupée brisée qui pensa tout de suite à Larhe. Et si ?.... mais la petite araignée l'arrêta net dans ses divagations.

(Non, pas que je sâche...)
(Mais alors, nous sommes revenus à la première page du livre, c'est ça ?)
(Sincèrement... Ce livre est au dessus de mes connaissances.)

Soudain, celui qui se disait écrivain se leva pour apostropher le tenancier, lui disant ce qu'il ressentait. Et apparemment, revivre des évènements passés ne lui plaisait guère. Evangelina ferma les yeux un instant. Il fallait qu'elle sorte d'ici, qu'elle trouve un moyen de s'échapper, quitte à retourner à Cuilnen. Là-bas au moins, elle maitrisait son environnement. Ici, tout semblait se jouer d'elle, comme si tout était vivant et conscient, de la petite chaise au ciel...

La poupée brisée balaya la pièce du regard à la recherche d'Hailindra. Elle était déjà sortit, avant, elle savait ce qu'il y avait dehors. Elle pourrait peut être l'aider. Et toutes les deux, elles pourraient peut être s'en sortir. Elle la repéra rapidement, et se dirigea vers elle, sans faire attention aux autres personnes, faisant comme si elles n'étaient pas là.

"Il faut qu'on sorte d'ici, et vite. Ca ne me plait pas du tout, vraiment pas du tout. Il faut trouver comment échapper à ce livre !"

Sortir d'ici ne pouvait qu'être bénéfique...

A la recherche du serpent

(Zone 2 --> Zone 7 )


Alors que les choses semblaient bien se passer entre Nessandro et l'armée de singe, tout devint noir. Un croassement, suivi d'une voix qui ne laissait aucun doute sur la nature de l'interlocuteur m'annonça un échec et la possibilité de se rattraper une prochaine fois. Aussitôt dit, aussitôt fait. Tout recommença, je me retrouvais assis à la même table de la même auberge avec les mêmes personnes, ou presque. En balayant la salle du regard je remarquai que certains n'étaient plus là. Le dormeur dont une araignée avait prit la forme pour m'attaquer, une gamine qu'on avait croisée dans une des chambres et la créature de petite taille qui se tenait sur la tête de la poilue qui percutait les gens sans état d'âme. Elle, était encore là d'ailleurs et je lui jetais immédiatement un regard méfiant.

L'orc à la peau verte était encore là lui aussi. Qu'est-ce que ça signifiait ? Que certains n'avaient pas réussi à survivre et donc n'ont pas pu réapparaître ? Non, ça ne tenait pas la route, contenue du fait que Aram était à nouveau derrière son comptoir à grommeler et lever le coude. Je tournais mon regard vers la tueuse à la pelle, me demandant si elle se souvenait qu'elle était responsable de sa précédente mort. Si j'avais encore mes souvenirs, il était normal de considérer que les autres les avaient aussi. La preuve vint de l'homme encapuchonné qui comme la première fois agressa l'aubergiste qui n'en était pas un, mais en lui annonçant clairement qu'on avait déjà attenté à sa vie.

Je me tournais vers Nessandro, lui demandant clairement ce que pouvait signifier ce délire, mais le blondinet avait déjà prit son envol pour se diriger vers le mur de toile. Je me levais pour le suivre, la toile à nouveau présente sur le mur pouvait sûrement nous aider à sortir et Uroldir, présent également, semblait en savoir plus qu'Aram. Je restais à distance respectable du mur et surveillai l'elfe qui pourrait avoir à nouveau l'idée de s'éclipser discrètement.

Je laissais quelques instants à mon acolyte pour observer la toile avant de lui demander à voix basse s'il trouvait quelque chose d'intéressant.

(((Zone 4 -> Zone 6)))

Au moment où on va passer la porte, tout devient noir. Il n'y aurait pas eu cette voix grinçante, j'aurais cru à un sort. Mais non, la magie n'y est pour rien, enfin pas au sens de la magie telle qu'elle existe avec les fluides et compagnie... Celle qui opère ici n'a rien à voir avec ce genre de truc, ça c'était certain. On avait échoué qu'elle dit cette voix.

(Bon, si je comprends bien, tu vas nous garder coincé dans ce maudit bouquin tant que nous aurons pas trouvé ta maudite crème, c'est ça ? Bah ouvre la page qu'on puisse chercher !)

Il y a plusieurs choses que je n'apprécie pas et me retrouvée piégée en fait partie. C'est donc avec un entrain tout naturel que je retrouve la taverne à l'ouverture. Le fait de pouvoir bouger et de retrouver la lumière est particulièrement agréable. Le fait que presque tout le monde soit là est un plaisir... La disparition du lutin voleur de chaussettes me crée un vide rapidement comblée par la voix d'Evangelina me parlant, la présence de la petite fleur et le fait d'avoir retrouvé Câlineur !

"Evangelina ! Câlineur ! Vous êtes là tous les deux... Et vous avez vu, le monsieur dont le cadavre avait disparu est même plus mort !"

Mes dernières paroles sont sorties avant que mon esprit ait le temps de percuter l'implication de ce mort à nouveau présent. Evangelina veut sortir d'ici au plus vite. En même temps, si tout se passe comme la dernière fois, le monsieur du comptoir va me proposer à boire puis il va se passer un tel soucis que je vais encore planter et le retrouver mort et ça c'est pas agréable du tout !

"Attends, j'ai juste une question à poser à l'homme puis on s'en va ! "

Un homme, celui qui avait tenté d'empoigner le barman, lui pose une question, parlant d'un lutin et d'un lieu qui se nommerait Laisvivre.

"Dites, Aram... Votre corps, il est parti où après votre mort ? "


La question m'intrigue au plus haut point... Je serais ravie de savoir que mon maître est dans un chouette coin, maintenant qu'il est mort. Lui qui a toujours vécu pour le plaisir, j'espère qu'il en va de même dans sa fin. Et je tiens à portée de main la seule personne que je connais qui, après être morte, est revenue parmi les vivants !

Alors qu'un véritable enfer de cris suraigus et contrariés s'abattait sur lui en s'intensifiant, Azric tentait désespérément de trouver une issue à la situation. En vain. Cependant, au bout de ses recherches, il crut apercevoir un faible mouvement au détour d'une des maisons sur pilotis.
Étant donné le contexte, le nain aurait pu s'attendre à tout ... A tout sauf peut-être à ça. En trainant péniblement un fléau bien trop lourd pour elle, une minuscule et frêle silhouette également verdâtre se détacha du décor et s'avança. Flottant dans ses vêtements trop grands et surmonté d’un casque grotesque et cabossé, Azric n'eut aucun mal à reconnaitre là le petit gobelin qu'il avait rencontré plus tôt dans la journée, dans l'auberge bruyante et délabrée ...

( Par les foudres de Valyus, comment c'est possible, ça ?! Cette raclure m'a suivi ?? )

Mais l'interrogation silencieuse du nain resta sans réponse. Faisant fi du vacarme constant et assourdissant, le misérable sekteg posa une unique question. Une question dont Azric ne saisit pas tout le sens ... Cela parlait de saucisson ...

Et puis plus rien. Tout disparut, tout s'éteignit. Les oiseaux se turent, l'odeur d'humidité s’évanouit, l'horizon disparut, tout comme l'orque allongé, le stupide gobelin, et toutes les maisons alentours ...
Jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'un néant dénué de sensations, semblable à la fois où il s'était retrouvé coincé entre les pages du livre de ce fichu corbeau parlant ...

Au moment où le nain pensait à l'oiseau, la voix de celui-ci se fit justement entendre. Froide et sévère, moqueuse à n'en point douter, et dotée d'un accent curieux, elle - puisqu'il s'agissait bien d'une voix féminine - ricana qu'ils avaient échoués et qu'ils devraient faire mieux la prochaine fois ...
( Par la Grande Forge, qu'est-ce que ça peut bien signifier ... ? Et à qui est-ce que ça s'adresse ? Est-ce que ce maudit piaf me vouvoie ? Ou alors il s'adresse à d'autres ? Qui ? ... Par la barbe de Meno, j'y comprends que dalle ! ) Se mit à râler le nain, ne sachant pas combien de temps il allait rester bloqué dans ce vide, dans ce néant ...

***

(Zone 5)

Pas longtemps, apparemment. A moins que l'absence de perception ait fait perdre à Azric toute notion du temps ! Toujours fut-il que la lumière finit par revenir, que le monde reprit forme et, avec lui, multitude de sensations.
Le nain cligna des yeux plusieurs fois avant de les écarquiller pour de bon, la bouche béante, abasourdi par la vision qui s'offrait à lui.

Une salle sale ... Une petite foule bruyante et agitée ... Une lumière faiblarde et une pestilentielle odeur de moisissure ... Il était de retour dans la taverne ! Celle-là même où il était apparu après avoir été aspiré par ce fichu livre magique !
Tout était identique. La salle, cette sensation de malaise, les gens qui y grouillaient ... Quoique non, tout n'était pas si identique à la fois précédente. En effet, il semblait y avoir quelque chose de différent dans cette scène pourtant si familière ...

( Ses occupants, par Kubi ! Voila ce qui a changé dans cette foutue taverne ! ) Réalisa soudainement le nain en mesurant tout l'ampleur de ce que cela impliquait.

Même si sa mémoire lui faisait défaut sur ce coup-là, il était presque certain qu'il manquait deux ou trois humains à cet attroupement bruyant. Et puis il y avait aussi ce g... ( Par Yuimen ! Le garzok ! ) Sursauta Azric en manquant de tomber de son tabouret.

En effet, près de la cheminée, au coté d'une femme humaine au teint fermé, se tenait l'immense orque de plus de deux mètres, cuirassé de sa lourde armure de cuir. Dans son dos dépassaient ce qui devait être une énorme hache ainsi qu'un large bouclier ...
Cette fois-ci, il était bel et bien debout et était nettement plus impressionnant que lorsque le nain l’avait rencontré pour la première fois, inerte sur les planches de bois. Cependant, à son grand soulagement, celui-ci ne semblait pas avoir d’intention agressive … Pas pour l’instant, du moins.

Reprenant doucement son calme, Azric tenta d’analyser la situation.
Il ne revivait pas une scène passée, ça il en était certain. En effet, la première fois, il se souvenait bien avoir vu un elfe noir aborder le barman au fond de la salle. Alors que cette fois-ci, le Shaakt en question se dirigeait vers l'un des murs de l'établissement, suivant un genre de petite fée bleutée.
De plus, il y avait ce nouvel orque et ces humains qui semblaient avoir disparus …
Non, comme l’avait supposé la voix du corbeau qu’Azric avait entendu, ils avaient clairement un but et ils avaient échoué. Temps écoulé ? Mauvaises actions ? Impossible à savoir … Que cette histoire absurde soit un jeu ou un piège, les règles leur en était inconnues et ils ne pouvaient se raccrocher à rien.

Tout ce dont le courtaud était sûr, c’était que certaines personnes n’étaient plus de la partie … Et qu’un nouveau participant les avait rejoint. Pourtant, à propos de ce dernier, Azric avait bien vu un orque semblable dans le village sur pilotis. Il l’aurait bien abordé pour en savoir plus mais la sagesse et la peur l’emportèrent et il préféra se pencher sur le cas de ceux qui avaient disparus. Avaient-ils perdus et étaient-ils purement et simplement morts ? Ou pire ? Ou alors, au contraire, avaient-ils atteint leurs objectifs et étaient-ils sortit du livre ? Cela valait le coup de se renseigner !

Un peu plus loin, il y avait une table à laquelle était attablé un groupe d’individus à l’apparence humanoïde. Glauque, mais bien humanoïde. Il y avait une jeune fille blessée et vêtue sombrement, une sorte de barbare et un vieillard encapuchonné qui venait de les quitter pour aller s’adresser au barman. Pourtant, Azric était presque certain qu’il y avait une autre fillette, élégamment vêtue de robes et de bijoux, la première fois qu’il avait été dans cette pièce.
Cette fois-ci, Azric avait beau fouiller la salle du regard, il ne la voyait pas. Il en déduisit donc qu'elle faisait partie de ces gens qui avaient mystérieusement disparu.

Prenant son courage, Azric se releva donc et se dirigea en hâte vers cette table en tentant d’ignorer les éventuels regards des occupants de cette auberge sale et insalubre.
Lorsqu’il l’atteignit enfin, la jeune fille aux cheveux roux et vêtue de noir de la tête au pied venait de se lever pour rejoindre la table d’à côté, autour de laquelle était assis le groupe bruyant qui avait tant exaspéré Azric lors de sa première visite. A savoir la fillette-chat ainsi que le gobelin … Ce gobelin qu’Azric avait vu dans le village sur pilotis avant que tout ne s’arrête …

( Nom d'un champignon, il faudra aussi éclaircir ce mystère là ... Ah, ça oui ! ) S'efforça-t-il alors de noter pour lui-même.

En tout cas, il n’y avait donc plus que la robuste femme, à peine vêtue de cuir marron et d’un pagne de fourrure. Elle avait une large pelle posée à côté d’elle et il émanait de sa présence une sensation dérangeante – voire même effrayante – qui fit froid dans le dos du nain qui se demanda subitement s'il n'était pas en train de faire une grosse erreur.
Son corps athlétique, sa peau mate, sa longue chevelure brune, les deux bandes noires et tribales qui ornaient son visage, ... Tout chez elle semblait mettre en avant la brutalité et le côté lugubre de son visage.
C'est donc le ton légèrement hésitant que le nain s'adressa à elle, une fois arrivé à sa hauteur.

« Hem ... Et bien, bonjour ! Je suppose que vous aussi avez déjà vécu ce moment ? Cette auberge, ces gens, ... tout ce bordel, quoi ! » Commença Azric en englobant d'un geste toute la salle.
« Et bien j'aimerais nous tirer de là ... Il y avait une jeune fille, ici. Je me trompe ? Plutôt petite, vêtue d'une robe rose, avec des bijoux ... tout ça, tout ça, quoi ... Mais elle a disparue. Vous en savez quelque chose, par Meno ? Serait-elle morte ? Aurait-elle réussis à trouver cette fichue crème ? … »

( Zone 5 --> Zone 1 )

Caressant la pierre froide à la recherche de saillie, la pulpeuse femme peu vêtue avait trouvé un orifice où y plonger sa main. Un petit son ressemblant plus à un bruit mécanique qu'à une lamentation se fit entendre. Libérée de tout tourment, elle attendit calmement et vit un dalle d'un grosseur moyenne faire place à une sombre cavité. De ses mains expertes, elle glissa sa main prête à tâter l'intérieur de la cavité. Au même moment Goetius lui demanda ce qu'elle avait découvert, mais elle ne put répondre. Le noir se fit.

Un noir total synonyme d'espace, de liberté, de calme. Sura pensa un instant être retournée sous terre et c'était avec un certain soulagement qu'elle acceptait son sort. Le retour dans ce corps, ces douleurs incessantes crâniennes, tout cela était enfin terminés. Finalement le silence s’était installé et Sura appréciait chaque seconde de cet état de grâce. Elle flottait dans cet espace éthéré, relâchant ses muscles.
Moment trop bref. Une voix odieuse, enrouée désagréable, se fit entendre et annonçant que tout était à recommencer. Malgré cette mauvaise nouvelle Sura espéra malgré elle que la nouvelle vie aurait lieu dans un nouveau monde, dans un nouveau corps.



(Zone 1)

Le livre s’ouvrit sur une pièce et elle fut tirée de sa torpeur, comme un oiseau extirpé de son nid. Quand la fanatique ouvrit les yeux elle découvrit la même auberge, le même bar ornant le fond de la salle derrière lequel le vieillard humain qu'elle avait tué malgré elle était là ressuscité, divaguant seul au comptoir comme la première fois.

Une seule poupée lui faisait face et sans hésitation fuya vers une autre table lui épargnant un boucan. L'homme au visage recouvert par sa bure qui avait partagé avec la sauvage des moments intenses et inoubliables dans les eaux froides et tumultueuses de la rivière était assis en face d'elle. Il paraissait angoissé. Il se leva et ordonna à la jeune femme désarmée de ne pas tué Aram, de le laisser vivre.
Elle voulut lui répondre, mais il partit trop rapidement vers le bar. Elle laissa échapper dans un murmure :

" J’ai rien fait, ce n’était pas moi !"

Jetant un regard circulaire dans la salle, elle capta celui de l'elfe aux sourcils arqués se tenant près de la porte latérale et se détourna aussitôt. Il n'était pas question qu'elle y retourne, qu'elle laisse cette main froide souillée son épaule, et cette voix enjôleuse lui souffler à l'oreille des conseils.

Un nain à la crête rousse s'approcha d'elle et tout comme ces petites poupées en manque de conversation, il se mit à la bombarder de question, lui parlant des poupées bavardes et de la crème.

" Je suis Sura. Les poupées sont parties et c'est tant mieux. Les crèmes, j'en ai vu pleins de petits pots dans la maison du hobbit. "

Sura s'arrêta, les élancements dans sa tête recommençaient et les douleurs à la tête se faisaient de plus en plus pressantes. Elle serra les dents et s'agrippa les deux mains à la table dans un ultime effort pour contrôler sa colère.

[Zone 4 – Zone 6]

Perdu dans la brume, aux bords du marais, le petit gobelin entendit soudain une voix railleuse l’accuser d’avoir échoué. Pour lui ça ne faisait aucun doute : c’était la voleuse de saucisson ! Il regarda frénétiquement dans tous les sens, afin de voir s’il n’en apercevait pas la source, mais rien… Strictement rien, même, puisque tout devint aussi noir que la nuit, aussi inexistant que l’intellect d’un gobelin devant une table de victuailles.

Et paf, comme venu d’un rêve lointain, le voici qu’il se réveilla dans une salle qu’il ne connaissait désormais que trop bien : l’auberge poisseuse qui avait succédé au vol de son précieux bien alimentaire. C’était bien sûr : il s’était trop éloigné de l’endroit, et le destin s’était chargé de le ramener là où il devait trouver des indices pour finaliser sa quête.

Le souci, c’était qu’Agnès était là, elle aussi. Et qu’il n’avait aucune envie de la voir le marteler d’insultes xénophobes à son égard. Ses pleurs, il ne les avait toujours pas digérés, et sa culpabilité lui revint mordre les tripes… à moins que ce ne fût la faim qui le tenaillait toujours.

Une chose était rassurante, toutefois : le lutin démoniaque n’était pas là, lui et ses hurlements effarants. Et Mélodie y était bien, elle, et séparée de la pleureuse. Elle se trouvait simplement à ses côtés, et fut bientôt rejointe par une petite personne aux cheveux roux, mais nettement moins barbue que la dernière qu’il avait rencontrée. Cette dernière n’avait pas l’air très contente de se retrouver là, et signalait son envie de partir au plus vite. Sans doute avait-elle perdu son repas, elle aussi.

Mélodie, elle, commença à parler de choses incompréhensibles pour le petit esprit de Tips. Un mort qui n’est plus mort ? Un cadavre évanoui ? Le gobelin se gratta l’arrière de la tête et suivit machinalement la petite féline flutiste jusqu’au moustachu penché sur le bar. Il y avait une nette concentration de gens, ici. Et Tips, guidé par son envie la plus pressante : celle de manger, interrompit les discussions en cours pour en lancer une autre :

« Et mon saucisson ? Z’avez pas vu mon saucisson ? »

2 SAp2

(Zone 8 --> Zone 1)

Agnès qui aurait dû être soulagée semble pris d'intenses émotions. De celles déchiffrables, on peut observer l'inquiétude, jetant des coups d’œil furtif tantôt à Uroldir, tantôt à son frère, elle s'approcha tranquillement du bar, mais sans s'y rendre.


(Zone 1)

Pour Sura et Azric:

Vous voyez une Agnès inquiète s'approcher de votre table, s'y rendre puis s'arrêter sans vous dire un mot, ne quittant plus des yeux Aram.




(Zone 4)

((( Il ne reste plus qu'Evangelina dans cette zone. Donc si tu décides de poster dans la zone 6 pour accompagner Hallindra ou sortir par une porte, tu peux le faire directement sans poster ici. )))





(Zone 6)

Pour Goetius : Le vieux lève les yeux vers toi lorsque tu l'abordes et s’apprête à boire son verre, mais s’interrompe subitement, lorsque tu lui annonces que tu en es pas à ta première fois et qu'il s'est retrouvé mort assassiné. Après quelques secondes de réflexion et quelques jurons, il se décide enfin à te parler droit dans les yeux.

" De toutes les fois que je suis ici, c'est bien la première que j'en meure. Je ne voulais pas que Bavarde entraine d'autres gens dans cette aventure. Cette crème est très recherché et dangereuse si dans de mauvaises mains. Je ne voulais pas qu'un traitre entre dans ce livre. Mais c'est trop tard, puisqu'un traitre est là et a tenté de me tuer. Qui est-il ? "

Il s'arrêta un instant puis reprit:

"Oui, je connais le lutin il est roublard, vile et mesquin. Mais je n'en dirai pas plus sur lui pour le moment. Je ne veux pas que le traitre le trouve avant moi.....Mais retenez une chose, à chaque fois que l'histoire se répète, on devient plus vulnérable, moins résistant, contrairement aux bestioles qui habitent ici."

Cela dit, il cala son verre et s'en versa un autre.

Pour Hailindra (et Goetius car il est juste à côté)

Avant de boire le deuxième verre, il se tourna vers la poupée qui venait de l'interroger au sujet de son corps:

" Je n'ai aucune idée, il n'est pas resté ici ? Je veux connaitre les détails de ma mort. Je veux savoir qui veut ma peau."

Pour Tips(et Goetius et Hailindra car ils sont juste à côté)
Jets de dés Recherche d'un saucisson : Réussite

Aram regarde Tips, perplexe, il hausse les épaules, farfouille dans son sac, puis en sort un bout de saucisson qu'il lance à Tips sans dire un mot de plus. Puis il tira 4 verres, les remplit et vous en tendit chacun un.





(Zone 7 )

Pour Nessandro et Arkalan
Tout comme ta fiole dans ton sac, la toile est encore en possession d'Uroldir. Donc ce que vous voyez au mur, ce sont tous les autres tableaux que vous avez déjà vu et un cadre vide, bien en place. Le cadre qu'occupait probablement la toile qu'a chaparder l'elfe accusateur.

Uroldir, une main sur son sac, regarde le vieux Aram avec intérêt. Il est difficile de déchiffrer l'expression de son visage.



(((A partir de cette maj, je répondrai dès que tous les joueurs d'une même zone auront posté...si ma disponibilité le permet bien sûr )))

( Zone 1)

Au grand soulagement d'Azric, la femme barbare lui répondit dans un premier temps sans montrer de signe d'hostilité. Elle commença par se présenter sous le nom de Sura, puis lui lâcha une phrase à propos de poupées ... Comme quoi elles étaient parties et que c'était mieux ainsi ...

( Aouuh, par Kubi, qu'est ce qu'elle me raconte, celle-là ? ) Commença à s'agacer le nain, ne comprenant pas en quoi cette histoire de jouets répondait à son interrogation sur la fillette disparue.

Heureusement, la dénommée Sura se rattrapa vite et lui donna au moins une information intéressante - en supposant qu'elle soit vraie. En effet, lors de sa première visite, elle aurait rencontré un hobbit chez qui elle aurait vu un grand nombre de crèmes ... C'était déjà un bon début !

« Ah, par Yuimen, c'est parfait ! » Lui lança alors le nain, préférant oublier ses questions qui n'avaient pas obtenues de réponse pour se concentrer sur l'unique début de piste qui s'offrait à lui. « Moi, c'est Azric ! Et ... La maison de ce fameux hobbit ... Vous sauriez m'y conduire ? C'est loin ? »

Mais à peine eut-il le temps de poser ses questions que la barbare vacilla soudainement, comme si elle venait de se prendre un coup sur la tête. Sa mâchoire se crispa et elle agrippa de toutes ses forces au rebord de la table, surement pour éviter de tomber.
Azric, qui ne comprenait toujours pas ce qui se passait et dont la sociabilité n'avait jamais été le point fort, tenta quand même quelque chose :

« Vous ... Hem ... Par Valyus, vous avez mal ? » S'enquit-il prudemment, faisant tout de même un pas en arrière tout en plaçant sa main au niveau de sa ceinture. Cela ne lui disait rien qui vaille ...

C'est à cet instant qu'un nouveau personnage fit tranquillement son apparition. La femme renfermée, au fond de la salle, près de la cheminée, s'approchait de la table à laquelle Sura était cramponnée et s'arrêta finalement à leur hauteur, sans leur adresser le moindre mot ni même le moindre regard.
A la place, ses yeux emplis d’inquiétude étaient fixés sur l'autre côté de la salle, au niveau du bar où picolait cet ivrogne humain qu'Azric avait déjà repéré.

D'ailleurs, à la grande surprise du nain, ses observations lui firent remarquer que tout semblait tourner autour de cet homme imbibé d'alcool ... En effet, l'elfe adossé au mur - qui avait été rejoint par son cousin elfe noir et la ridicule fée bleutée - fixait lui aussi le barman du regard.
Et comme si ça ne suffisait pas, en plus de l'homme encapuchonné de noir, la jeune woranne s'y rendit, suivie de prés par ce méprisable sekteg qui était toujours à la recherche de saucisson. A ce propos, le barman lui en servit d'ailleurs une bonne part ...

( Surement assez pour s'en débarrasser un bon moment ! Ah, ça oui ! ) Songea le nain avec satisfaction.

« Hem ... Excusez-moi mais ... Cet homme, derrière son comptoir ... Comment se fait-il que tout le monde s'y intéresse si subitement ? Il n'avait pas eu un tel sucés lors de la première fois ... » Questionna Azric à l'attention des deux femmes humaines, mais un peu aussi à lui-même.

GENESE, BIS.

(zone 8)
La frêle voix d'un gobelin parvint difficilement aux oreilles de Rägrok qui, à ce moment là, fixait de son unique oeil ouvert le nain qui sortait apeuré de la maison décapitée. Encore quelques petits secondes à souffler, quelques étirements pour se remettre en forme et sa barbe rousse lui servirait très prochainement d'écharpe sa crête servirait sans doute de décoration pour le manche de son arme, et sa peau ferait quand à elle un très bon cuir tanné pour son bouclier. Les Thorkins, c'est comme le cochon, tout est bon, mais plus particulièrement quand ça ne donne plus aucun signe de vie. Il paraîtrait même que ça se cuisine et qu'y ajouter un peu de feuilles mortes lui donnerait un arrière goût de cheval ou de lapin, un met qu'on servait souvent à Rägrok alors qu'il ne marchait encore que difficilement et qu'il gardait depuis comme occasion de fêter quelque chose d'important.

Fermant l'espace de quelques secondes les yeux, sa tête lourde retombée sur le plancher, il les rouvrit pour ne découvrir qu'une obscurité intense, l'absence de tout et la présence de rien, les piaillements envolés et les voix éteintes. Pourtant, une voix s'empara de la tête du garzok pour lui annoncer son échec, ce n'était pas la voix des dieux puisqu'elle ne s'adressait pas à lui en langage garzok mais bien comme les humains. La voix était nasillarde et jamais, malgré son efficace mémoire, au grand jamais il n'en avait entendu de telle, même chez le plus nasillard de tous les gobelins nasillards.
Son corps sembla se redresser de lui-même alors que la fatigue qui l'engourdissait se dissipait discrètement, et lorsque tout revint, il était debout, appuyé sur son hachoir en train de contempler les flammes. Ses ancêtres aspiraient parfois des fumées pour devenir plus intelligent et observer de lointaines contrées, mais ils passaient ensuite la plupart de leur temps à vomir et à se plaindre de leurs têtes, il n'avait donc pas déliré à cause des quelques relents de chair calcinées. La bestiole qu'il avait d'ailleurs immolé ne se trouvait de toute façon plus là, aucune trace d'un quelconque être ayant bien pu finir ses jours dans le bûcher de fortune.

Cette fois-ci, il n'avait pas besoin de se calmer, il se trouvait étonnamment serein et profita de cet instant pour ne pas se retourner comme la dernière fois. Il s'assit alors en tailleurs et observa les flammes méditant aux instants passés. Il s'était fait plaquer contre un mur et avait glissé sans même avoir pu esquisser un geste ou tenter même de s'esquiver, il était lourd mais pas pataud et il était persuadé de pouvoir être autre chose qu'une simple montagne de muscle. Ce sentiment d'impuissance réveilla en lui la rage qui s'était jusque là manifesté trop souvent à son goût, et qu'il n'avait de toute manière su contrôler ni pour devenir plus imposant ni pour devenir plus fort, il était juste en colère mais cela ne changeait rien, il réfléchissait juste moins et cela lui causait du trouble.

Avant de partir pour Omyre, cette rage et cette colère s'était vue contenue, relâchée à l'occasion de petites rixes toujours organisées autour d'un pari ou d'un simple duel, il avait pu éviter ces crises de folies de manière intelligente et c'était bien ce qui le distinguait de nombre de ses congénères, qui auraient eux assassiné froidement un passant à coup de gourdins voir quelques gardes tentant de s'interposer, et il avait même pu s'intégrer assez facilement. Toutefois, il arrivait que par moment il ne soit plus maître de ses actions et n'agisse que par instinct, cela lui avait alors apporté que des malheurs et n'avait cessé d'entâcher son parcours.
S'il voulait progresser, c'était un point qu'il allait devoir régler.

Calmement, le barbare décrocha l'une des gourdes qui pendait à sa ceinture, en buvant une bonne gorgée. Il en attendit les effets en observant le fameux récipient, une simple gourde renforcée de rivets de cuir qui contenait un liquide revigorant, une ressource précieuse pour un belligérant tel que lui. Il en avait une autre, similaire, accroché à l'opposé sur sa ceinture, mais il préférait ne pas boire de celle là tout de suite, de plus il pourrait bien l'utiliser pour une autre personne. L'alcool délie les langues, dit-on.

Alors qu'il raccrochait sa gourde tout en faisant le vide dans sa tête, les flammes redevinrent son centre d'attention, il se revoyait mettant le feu à la dernière bâtisse debout du village de cendres à proximité d'Oranan, c'était là que tout avait commencé dans cet affreux périple, et une fois de plus lié à ses caprices, martelant de nouveau ses pensées à coup de colère et de culpabilité. Intérieurement, il bouillait, tentant toujours de trouver une solution à ses problèmes de caractère, tentant de trouver le moyen avec lequel il pourrait maîtriser sa colère, et ainsi devenir entièrement maître de lui-même.



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(Zone 7)


Arrivé à proximité du mur, une violente frustration me fait siffler entre mes dents. Bien sûr, j'aurais du le deviner. Même si la scène de départ a été remise en état, les objets en notre possession le sont sans doute toujours. Ce qui signifie que les souvenirs des uns et des autres ont de fortes chances de ne pas avoir été altérés. Voletant au niveau du cadre vide, je braque mon regard sombre sur l'elfe pillard. Il a la main sur sa sacoche, et son attention est reportée en direction du poivrot. D'ailleurs, ce dernier semble attirer les géants de tout calibre comme le ferait une charogne abandonnée envers des insectes. Écœurant.

La voix de mon compagnon d'infortune à la peau ténèbres me fait secouer négativement la tête. Non, je n'ai rien trouvé d'intéressant, prenant le temps de cogiter sur ce que je sais. Avant le retour, Uroldir a indiqué que cette horrible femelle pâle répondant au nom, heureusement court, d'Agnès, serait une sorte d'imposteur. Quand bien même mon instinct m'incite à songer que cela ne m'étonne pas, je refuse de croire naïvement les paroles d'un bipède de cette taille. L'elfe pourrait tout aussi bien être lui-même le mauvais personnage cherchant à détourner l'attention sur une tierce personne. Ou plus délicat encore, être en cheville avec l'humaine. Ce serait toutefois accorder un peu de réflexion à cette pleurnicharde, mais dans une portée de tarés, il arrive qu'au moins un rejeton ne soit pas entièrement raté.

Jetant un coup d'oeil à Hekell, je songe que l'autre elfe ne doit sans doute pas le reconnaitre, caché comme il l'était dans la forêt. S'il reste là à faire semblant de regarder les toiles, peut-être que le pillard n'aura pas de soupçons particuliers. Je n'en ai pas envie, mais je doute qu'obtenir des informations par la force soit dans mes possibilités. Libre comme il l'est, je ne vois guère qu'un peu de diplomatie pour lui délier la langue.

Donnant un coup d'ailes, je me rapproche d'Uroldir. Sans gêner sa vision, je me place de sorte qu'il puisse continuer de regarder le poivrot, mais qu'il m'ait encore dans son champ de vision. Croisant les bras et les chevilles, je scrute le comptoir, lâchant un commentaire.

"Revenez d'entre les morts et vous deviendrez célèbre. Quoi de plus normal."

Braquant mon regard vers le visage de l'elfe, j'esquisse un sourire masquant la répulsion que parler avec un colosse fait naître.

"Sensation étrange, ce retour en arrière. Combien de fois cela s'est-il déjà produit ?"

Frappant l'air de mes membres de plumes, je m'adresse encore au pillard sur un ton que j'estime neutre, presque amical. Innocemment, je tente de prêcher le faux pour connaitre le vrai.

"Prêt à te laisser de nouveau guider par ces indications manuscrites à travers la forêt ? Il y aura peut-être encore d'autres animaux roux sur le chemin, desquels je vais devoir te délivrer et te protéger, Uroldir."

Beurk, protéger... C'est vraiment à contrecœur que j'utilise ce mot envers une autre personne. Si ce n'était la curiosité envers ce qu'il sait, jamais je ne perdrais mon temps avec lui. Seulement voilà, il détient des parcelles de vérité qui risquent de me faire défaut à la longue. La sarbacane dans ma manche, j'appose ma main droite contre mon plastron, y percevant l'éraflure récente. Si l'elfe pillard ne s'est pas intéressé aux êtres présents au départ, peut-être que mon manège l'empêchera de prêter une trop grande attention au shaakt.

Avec un début de sourire complice, je fais une petite révérence à la kendrane. Peste soit de cette bourgeoise qui m'a forcé à apprendre ces politesses inutiles et desquelles je ne parviens pas à me défaire !

"Au fait, mieux vaut tard que jamais mais... Mon nom est Nessandro."

Il ne me reste plus qu'à attendre que sa cervelle digère ce que je lui ai demandé. Il a intérêt à ne pas décevoir mes attentes, sans quoi cette politesse de façade va disparaitre en un rien de temps.

Et ma patience aussi.

Un Second Souffle - Chapitre I

Un Second Souffle

Chapitre II

(Zone 6)

L'ivrogne écouta Goetius, jurant en apprenant qu'il était mort. Il se fit un instant pensif, puis porta son regard dans celui du fanatique et lui annonça d'un ton qui inspirait la plus grande des sériosités que c'était la première des fois qu'il mourrait depuis qu'il était ici.

Il savait donc que l'histoire se répétait encore et toujours...

Il continua en disant qu'il ne voulait pas que Bavarde entraine d'autres gens dans cette aventure. Bavarde... C'était le nom de la corneille qu'il avait vu écrit plus tôt lorsqu'il était bloqué entre les pages... Certainement aussi la voix aviaire qu'il avait entendu plus tôt...

Il dit que la crème était très recherché et très dangereuse entre de mauvaises mains et termina sa pensée en concluant que son assassin était un traitre. Il lui en demandait maintenant l'identité.

Il fit une pause et le fanatique ne le lâchait pas du regard. Cet imbécile, mort ou vif, ne faisait décidément rien pour le faciliter la tâche. Dénoncer Sura n'était pas tant le problème, Goetius était un psychopathe froidement pratique, sans véritable sentiment pour qui que ce soit... Le problème était qu'il ne supportait pas de se savoir dépendant des informations que cet individu pouvait lui fournir et que celui-ci avait décidé de lui tenir tête. Intérieurement, ça le faisait bouillir. Il serrait fort le couteau qu'il tenait dans sa poche, se retenant comme il pouvait de l'envie pressante qu'il tenait à lui enfoncer dans le crâne.

Après quelques secondes d'un regard noir, il reprit son discours. Il disait connaître le lutin, que c'était un être roublard, vil et mesquin mais qu'il se tairait tant qu'il ne saurait pas qui est le traître. Il ajouta que lorsque l'histoire se répétait, ils se faisaient plus vulnérables et moins résistants alors que les créatures peuplant le conte se renforçait.

Tout cela n'était guère de bonne augure...

C'est à ce moment-là qu'arriva la créature qui ressemblait à une étrange poupée blanche à tête de chat. Comment cette absurdité se donner le droit d'intervenir en plein milieu d'une discussion importante ? Elle lui demanda ce qu'il était advenu de son corps après sa mort. Quelle question étrange... Ce conte était submergé d'une quantité phénoménale de mystères qui devenait de plus en plus insupportables. Les questions s'accumulaient et les seules réponses qu'il détenait ne faisaient qu'en soulever d'autres encore.

Aram lui répondit qu'il n'en savait tout simplement rien, insistant sur le fait de vouloir en savoir plus sur sa mort et son assassin.

Arriva ensuite ce répugnant gobelin à l'air débile qui vint réclamer un saucisson, que le pochard lui fournit sans un mot. Décidément, ils ne devaient manger que ça par ici...

Alors qu'Aram servait une tournée, Goetius était à bout. Supporter les conditions du pochard était déjà une épreuve, alors voir ces nuisibles s'agglutiner à ces côtés pour quémander de la charcutaille était la goutte qui faisait déborder le vase.

Il se fit fébrile, tournant sa tête et s'agitant avant de faire disparaître d'un trait le mauvais alcool. Cet insupportable Aram ne pouvait pas s'en sortir comme ça. Il ne lui avait pas répondu. Et s'il dénonçait Sura ou qui que ce soit d'autres, quoi ? Cette sauvage n'était rien qu'une idiote qui tuait par pulsion. Il imaginait déjà la réaction d'Aram. Il y aurait eu des cris, de l'agitation, des bruits, des combats peut-être même. Hors de question d'être ici lorsque ça se produira. Le verre vide, il le fit sauter dans sa main avant de l'envoyer à la figure d'Aram, de se retourner vers la barbare et de clamer de manière à pouvoir se faire entendre :
"Sura, oubliez ce que je viens de vous dire. Envoyez-le six pieds sous terre."

Qu'ils meurent tous, qu'ils s'entretuent et que cette auberge sombre dans le chaos ; il se débrouillerait seul ou il mourrait mais il ne supporterait pas ces contrariétés une seconde de plus.

Il s'avança en direction de la porte Est. Hors de question de reprendre la porte Nord ; la créature du lac avait sans doute ressuscité elle aussi et il ne voulait pas avoir à la ré-affronter.



Un Second Souffle - Chapitre III

(Zone 7)

Les discussions reprenaient, la plupart des personnes se dirigeaient vers Aram pour en apprendre plus sur ce qu'il se passait. Il n'avait rien dit la première fois, pourquoi il en dirait plus la deuxième ?

Nessandro ne trouva rien d'intéressant et moi non plus à vrai dire, mais je restais concentré sur les toiles accrochées au mur. Si cet elfe en avait pris une c'est que ça devait lui être utile. Mais pourquoi celle là et pas les autres ? Les paysages, les personnes, peut-être même le positionnement des toiles pouvaient avoir un sens. Le mur tout entier était peut-être un plan, je laissais défiler les tableaux de gauche à droite, cherchant à traduire ce que ça pouvait signifier. Une chute d'eau, un espace vide laisser par la toile qu'avait dérobé Uroldir, un village perdu au milieu de pics rocheux, puis des personnages, un lutin, un couple de Gazrok, un petit homme aux pieds velus et enfin un oiseau aux couleurs douteuses.

Je croisais les bras tournant et retournant dans ma tête tous les messages que ces tableaux pouvaient donner. Si ça se trouve ces tableaux n'avaient aucun sens et seul celui qui avait été volé indiquait quelque chose. Une personne avait la réponse à mes questions et cette personne n'était pas Aram.

Nessandro voleta vers Uroldir pour lui adresser la parole dans un ton qui à ma grande surprise pourrait sembler amical et je pris sur moi pour ne pas rire quand je le vis faire une révérence. Je ne connaissais pas le blondinet depuis très longtemps mais j'étais certain qu'il jouait la comédie. Paraître sympa pour avoir des informations, est-ce que cet imbécile mordrait à l'hameçon. Il fallait espérer que oui. Je restais hors de la discussion, laissant Nessou faire ce qu'il avait prévu de faire.

J'aimerais m'approcher des tableaux, les retourner, les inspecter. J'étais certains qu'il n'était pas là par hasard. Mais un tel comportement ne passerait pas inaperçu. Je restais immobile, les bras toujours croisés, me retournant les méninges. Je sentais que l'ambiance près du bar se dégradait, l'encapuchonné agressif balança un verre à la tête d'Aram avant de se diriger vers la porte menant à la jungle et je ricanais en l'imaginant suspendu dans les airs par une armée de singe en colère. Aram nous avait prévenu la première fois que dehors il y avait de fortes chances de mourir, lui-même en avait fait les frais. D'ailleurs était il encore blessé ? J'en avais marre de toutes ces questions sans réponse. Je me tournais vers le comptoir, ne prenant même plus la peine de me déplacer, je criais à travers la pièce à l'intention de l'aubergiste qui n'en était pas un.

"Monsieur Aram. Qu'est-ce qui vous a fait cette griffure ? "

Je n'attendis pas la réponse, m'approchant des tableaux pour chercher une signature, une marque, n'importe quoi m'indiquant qui était l'artiste. Tans pis pour la discrétion, faire réagir chacun pouvait également nous apprendre des choses, tout le monde étant parti de son côté, il avait forcément vu ou entendu des détails pouvant être important. Il ne fallait pas se contenter d'interroger une seule personne. Mais tout le monde ici avait des informations à me dire.

Il y a beaucoup de mouvements dans la pièce, trop à mon goût, mon cerveau commence déjà à saturer d'informations. Tout le monde semble vouloir parler et personne n'écoute. Tips, quant à lui, a trouvé du saucisson, peut-être pas le sien, mais du saucisson quand même. Je l'ai déjà vu manger des choses trop originales pour que son sens gustatif ne soit pas totalement altéré. Evangelina, quant à elle, sort déjà, vers le Nord.

L'homme finit par me répondre. Plus on refait le livre, moins on est endurant, plus les monstres sont dangereux. Ok, ça c'est noté. Mais sa mort nous ramène des informations encore bien plus importante. Certes, un combat contre les monstres est plus risqué que sur la fois précédente, mais surtout la mort n'est pas un problème. La preuve, l'homme est mort, mais surtout il est revenu avec le début du livre. Il est donc temps d'oser et d'agir.

"Tips, tu viens avec nous ? Il est temps de bouger !"

Sans attendre la réponse de Câlineur, je passe la porte pour retrouver la poupée rousse et laisser ces psychopathes dans leur folie.

Sauveur. Voilà le nom qui allait si bien à cet hêtre d’apparence plutôt bougonne. Car il était la solution. La rédemption, la félicité la plus absolue de ce monde sans dessus-dessous. Ce vieillard grisonnant à la moue fâchée, un divin que bien des peuples priaient. Cet humain assombri par les années et la poussière, voilà qui était le Sauveur. Car il donna à Tips ce que depuis de longs moments il recherchait en vain : un bout de saucisson. Il avait beau le lui avoir balancé comme un bout de pain à un pigeon, le gobelin n’en avait cure. Et après avoir regardé cet homme avec des étoiles émues dans ses grands yeux admiratifs, il engouffra goulument ce petit bout de viande si précieux.

Et en plus, ça avait le goût du chocolat. Le moment était parfait… Réellement parfait.

Tout du moins jusqu’au moment où un second sombre hère, humain lui aussi, se fit agressif et menaçant en parlant de pieds sous terre, ce qui n’avait tout bonnement aucun sens. Tips fronça les sourcils. On venait, en quelque sorte, d’agresser celui qui l’avait nourri. C’était une terrible erreur, que de s’attirer la colère d’un petit gobelin maladroit. D’ailleurs, il n’attendit pas pour agir : il pointa l’un de ses petits doigts droit sur le bide de l’homme, l’enfonçant dans la pellicule graisseuse qui formait ses réserves, et affirma :

« Toi, t’es pas méchant avec le monsieur sinon j’me fâche. »

Ça paraissait bien futile, ce gobelin chétif deux fois moins haut que l’humain qu’il prévenait de son ire future. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences… Enfin, c’est ce qu’on disait alors.

Mais tout ceci fut bientôt loin pour le petit vert. Car Mélodie venait de lui donner un ordre. Ou de lui faire une demande, ce qui pour Tips revenait au même. Il avait un nouveau but, désormais : bouger avec la petite féline. Aussi sans plus de préambule, et emportant avec lui son doigt et ses affaires, sans prêter attention au verre qui lui avait été tendu, il suivit aveuglément Mélodie. Aveuglément, car c’est à peine s’il remarqua la porte qu’il venait de passer… Mais bon, c’était sa nature : les ordres surpassaient son propre courage, ses propres craintes.

Les ongles longs et noircies par la terre de la sauvage firent des marques sur cette sombre table de bois tellement elle faisait des efforts pour s'y agripper.

Des martèlements incessants la rendaient follles de rages. Les paroles de ce petit homme court sur pattes lui parvinrent difficilement.

Les yeux révulsés, elle se releva. L'écume au bord des lèvres, elle prononça difficilement:

"Dans la vieille bâtisse en ruine "


Elle tourna son corps galbé vers l'homme qui venait de l'interpeler, lui demandant, ordonnant de tuer une fois de plus le vieil homme.
Sura comme en transe pencha son corps musclé vers sa pelle et la ramassa. Lentement, elle fit lentement quelques pas vers le bar, ignorant la présence de la femme rousse.