Elles sont énormes et elles sont entourées de part et d'autre par deux colonnes de statues des plus grands guerriers nains que notre monde ait connus. En arrivant à vue de la charrette, l'un des humains héla les autres de mon arrivée en me pointant du doigt avec l'air de quelqu'un d'impatient. L'un d'eux, qui paraît être le plus vieux, m'interpelle alors:
"C'est toi le nain qu'on doit embarquer? Tartine, c'est ça?"Les autres du groupe s’esclaffent alors à l’entente du nom volontairement erroné.
"Mon nom est Tharïn pauvre imbécile et c'est moi qui suis chargé de sauver votr' misérable peau pour ce voyage!"Le grand homme me jauge alors du regard, traquant la moindre hésitation dans ma posture, mais en vain. Il me lance alors:
"C'est pas trop tôt, ça fait une heure qu'on devrait être partis et qu'on t’attend! Chez vous, la ponctualité vous ne connaissez pas apparemment. C’est toujours pareil !""Imbécile d’humain, tu oses venir ici et nous insulter mon peuple et moi-même ?! Si ça t’intéresse je peux te régler à l’heure des nains?" Tout en parlant, j’empoigne mes haches et me positionne prêt à le charger, quand j'entends soudainement crier mon nom par une voix connue de ma part.
"THARÏN, RANGE MOI ÇA!"Je fais alors demi tour immédiatement pour voir mon interpellant, je m'aperçois que ce n'est autre que le directeur de l'école militaire qui s'est déplacé pour mon départ. Sans perdre une seconde, je me mets à genou devant lui et lui dis:
" Cet imbécile d'humain n'a aucun respect envers notre peuple!" Lançant en même temps un regard rempli de déni vers les marchands.
Je renchéris :
" Ils ne pensent qu'à nous prendr' notr' or et nos minerais!"Il me dit alors:
" Tharïn, il faudra te contrôler et comprendr' les autres races de ce monde. Tu vas vivr' quelque chose que peu d'autr' nains ont vécus. Combattre des choses dangereuses ou tu devras faire confiance à d'autres pour ta survie.""Je n'ai b'soin d'personne et encor' moins de ces fiantes de pigeons.""Tu vas à ta perte en pensant comme ça, promets moi de changer et de rester en vie! Un jour tu reviendras ici et tu me comptera tes histoires.""Oui maître, j'y compte bien!"L'humain toujours aussi impatient s'approche et me demande alors, avec un ton moins agressif, de prendre place pour enfin entreprendre ce voyage de plusieurs jours.
J'acquiesce en ronchonnant et salue mon maître avec la gorge légèrement nouée. En effet, depuis la mort de mon père, c’est cet homme qui s’est chargé de mon éducation. Sans lui, je me serais certainement embrigadé. Je monte alors dans la charrette du marchand non sans difficultés car elle est conçue pour une taille humaine. Le convoi se mets alors en marche et je regarde cette ville qui m’est si chère, s’éloigner petit à petit.