Prête à tout !
Prête à en découdre contre mon adversaire, je pris mon arbalète en main, campai mes pieds fermement au sol et le défiai :
« N’avancez plus, je ne reculerai devant rien pour protéger mon caneton ! » Ce qui était à moitié vrai en fait. Certes, je tenais mordicus à protéger mon petit, mais je connaissais sciemment mon incapacité à tuer froidement dans ces conditions.
Une fois de plus, mon adversaire me rit au nez, persuadé de mon incompétence.
« Tu es peut-être bien déterminée, petit avorton. Mais tu es dans l’incapacité d’exécuter de tels tirs de précision. Retourne à l’entraînement et laisse-moi profiter de la bonne chaire de canard. »Cette fois, il ne riait plus. Sa voix s’était voulue des plus menaçantes. Contrairement à moi, il mettrait son plan à exécution sans hésitation.
(Retourner à l’entraînement...) Il ne pouvait se douter à quel point je m’étais entraînée aux côtés de mon paternel. Dotée d’une persévérance inégalable, je n’avais manqué aucune séance. Patient et talentueux, mon père nous avait montré toutes les ficelles du métier d’archer à moi et à mon frangin. Ce qui m’impressionnait le plus lors de ces exercices, c’était lorsqu’il nous prédisait très précisément où sa flèche se ficherait. Certes, tout archer de talent pouvait viser une petite cible et l’atteindre de sa flèche sans difficulté. Cependant, prédire avec extrême précision la cible en question avant l’exécution demandait une assurance certaine de la part du tireur et obtenait en retour une absence complète de doute du côté du public.
Un sourire narquois se peint alors sur mon visage polisson parsemé de taches de rousseur. Je venais de trouver le moyen infaillible de prouver le sérieux de mes menaces.
Je brandis mon arme vers le gros nain incrédule et annonçai mon attaque :
« Pouce gauche ! » Prédisais-je tout juste avant de laisser mon carreau filer. Le gros nain eut juste le temps d’ouvrir sa grande bouche, que mon projectile avait atteint la cible, et ce, bien avant que son rire ne put être déployé. Un cri de douleur se fit entendre, suivi du cliquetis de sa dague touchant le sol de pierre. C’est donc avec une certaine amertume dans la voix qu’il me défia :
« Coup de chance ! »Encouragée par ma première réussite, je récidivai sans hésiter, visant un très court instant, tout en lâchant mon carreau tout de suite après m’être exclamée :
« Index droit ! » Le nain n’eut le temps d’esquiver que le carreau fit mouche. Une fois de plus, il fut désarmé et son cri de douleur trahissait à présent une rage grandissante.
« Encore de la chance ! » Cria-t-il. Mais je n’étais pas dupe, l’assurance dans sa voix avait à présent disparu et une certaine frustration l’avait remplacée. J’allais donc annoncer fièrement :
« Haut de l’oreille droite ! » Lorsqu’il me chargea sans attendre mettant ainsi fin abruptement à la petite démonstration de mes talents d’archer.
Cette fois, c’est lui qui me prit de cours, ou plutôt m’empoigna violemment de sa grosse main calleuse afin de m’envoyer valser au loin. Ma descente au sol fut aussi rapide que ma montée, mais par chance, mon agilité de lutine me sauva la vie, puisque je pus me placer en boule, protégeant ainsi ma tête, juste avant de toucher le sol. Je roulai donc sur quelques centimètres, amortissant ainsi le choc moins douloureux que prévu, mais éprouvant tout de même. Débarrassé, croyait-il, de ma présence, il s’était remis à la chasse au canard, poursuivant mon petit Pataud, qui tentait d’échapper à la poigne ferme du gros lutin affamé.
Sans perdre une seconde supplémentaire, je courus rejoindre mon adversaire, et tentai du mieux que je pus de l’immobiliser en encerclant sa grosse cheville gauche de mes petits bras de lutin. Ma tentative fort louable s’avéra tout de même un échec. Ma force ne pouvait égaler celle du nain qui n'essaya même pas de me dégager de là, me promenant comme si rien n’était courant toujours derrière sa proie. Par deux fois, il passa tout près d’attraper Pataud, mais le petit caneton réussit à s’échapper en donnant de violents coups de bec sur les doigts boudinés du vilain.
(Si seulement, j’étais de sa taille ! ) Une idée me vint enfin et je décidai donc de lâcher prise afin de la mettre à exécution. Sans perdre une seconde de plus, je fouillai dans mon sac afin d’y extirper une petite fiole renfermant un liquide vert. J’avais obtenu cette étrange potion dans le laboratoire d’alchimie lors de mon pénible séjour dans le bagne maudit. Je fixai la bouteille un court moment avant d'appuyer le goulot de la fiole contre ma bouche prête à en avaler une bonne gorgée. Puis, un souvenir surgit de ma mémoire, me rappelant que la potion avait certes augmenté ma taille, mais en contrepartie, mes vêtements étaient demeurés ceux de lutin et je m’étais retrouvée nue. Ne voulant me retrouver dans une telle situation embarrassante, j’éloignai la fiole de ma bouche et la rangeai dans ma besace. Pendant ce court moment d’hésitation et de réflexion, le nain avait réussi à attraper le volatile. Le tenant fermement entre ses deux mains, sans se préoccuper de moi, il s’apprêtait à emprunter la bifurcation de droite, qui le mènerait probablement chez lui.
Sans réfléchir, sans me préoccuper de la vie de ce vaurien nain, je brandis mon arbalète armée et visai sa nuque. Un carreau pourrait en temps normal traverser le cou de l’adversaire et le saigner à mort. Là, n’était pas mon intention. De la même manière que j’avais observé mon père faire à plusieurs reprises, je pris une grande respiration afin de concentrer toutes mes forces à l’extrémité de mon carreau l’enveloppant pour ainsi dire. Il s’était éloigné, mais demeurait toujours à portée de tir. Toujours aussi concentrée, j’appuyai sur la gâchette et libérai le carreau qui fila directement sur la nuque du nain, et agit tel un objet contondant. Sans s’être rendu compte de ce qui lui arrivait, le dénommé Maturin s’effondra au sol, inconscient, libérant du coup sa proie ailée.
((( Utililsation des aptitudes rp : amortissement de chute améliorée,
Tentative d’apprentissage de la CCAJ : Assommoir : L'attaquant concentre son ki de manière à pouvoir faire une attaque puissante qui déstabilise l'adversaire qui chute et s'assomme. (for+1/lvl; [25+lvl]% que la cible s'assomme en tombant, restant inactive durant [lvl/6] tours, minimum 1. Il lui faut de toute façon 1 tour pour se relever avant de pouvoir combattre à nouveau) )))