<Des égouts 7 de KK>Le retour à la surface fut rapide. Les deux survivants s’extirpèrent de la bouche d’égout avec soulagement, respirant à nouveau un air moins vicié, plus frais. Certes ils émanaient eux-mêmes de délicates odeurs nauséabondes, mais bon, on ne pouvait pas tout avoir.
Autant pendant le retour dans les égouts ils gardèrent le silence, oppressés qu’ils étaient par la puanteur et la crainte de nouvelles mauvaises rencontres. Autant, dès qu’ils se furent retrouvés à l’extérieur, la conversation reprit.
« Hè, la première fois que je suis venu ici, je me suis bastonné avec deux gars en bleu, je les ai ensuite perdus parce que je ne sais pas pister des traces dans la terre. La deuxième fois, j’ai croisé deux squelettes et j’ai failli être noyé et la troisième j’ai frôlé la mort dans tous les sens du terme. »Svengar considéra la bouche d’égout avec effroi, comme si tout était de sa faute.
« Je ne reviendrais jamais ici !!! »« Effectivement, cette bouche d’égout t’a dans le nez. Garde là à l’œil sinon tu vas m’entendre. »Le silence qui s’en suivit fut lourd alors qu’Izakimak se retenait visiblement de rire. Svengar le regardait intensément, les épaules baissées et l’air d’avoir chopé quelqu’un en flagrant délit de blague douteuse.
« T’en fait toujours des blagues vaseuses comme ça ? »Le lutin explosa de rire au terme de ’vaseuse’en acquiesçant et le nain fit de même. Cela dura quelques minutes, le temps que les restes de stress soient totalement évacués. Ils se mirent en route ensuite, tout en continuant de bavarder.
« Ouai, non, sans rire maintenant, je te dois la vie. Alors que tu le veuille ou non, je te suivrais jusqu’à t’avoir remboursé cette dette d’honneur ! »Il avait frappé son torse avec son poing, émettant un minuscule ‘pof’.
« Les lutins suivent la voie de l’Honneur des guerriers depuis quand ? »Ils venaient d’atteindre la rue et, heureusement, elle n’était pas aussi bondée que d’habitude. Des débris jonchaient encore les coins des rues et de nombreuses personnes mettaient en place des échafaudages. Beaucoup de chariots remplis de briques, de tuiles, de sable et de sacs divers remplaçaient le dense flot de passants généralement présent.
Personne ne remarqua vraiment l’ignoble odeur qui émanait du nain, et ceux qui se pincèrent le nez en bougonnant se contentèrent de diverger de chemin.
« Depuis que j’ai lu des bouquins là-dessus et que je trouve ça fun ! Et puis, je suis rôdeur, donc je fais ce que je veux. »Il avait laissé tomber cette réponse comme si cela suffisait largement, et comme cela convenait amplement à Svengar, il n’était pas nécessaire d’en dire plus.
« Ha bin d’ailleurs, tu ne sais pas pister et moi je suis rôdeur, je peux t’apprendre ce genre de trucs et astuces ! »« Aaaaaah ouai, je signe ! J’aimerais bien maitriser ces techniques, ça me servira quand je partirais voyager ! »« Tu veux voyager ? Genre découvrir le monde et boire à toutes les tavernes que tu rencontres ? »
« Quelque chose dans ce gout la, oui, mais quand j’aurais pris du galon tant personnellement que dans la milice. Je n’ai pas envie de partir les mains dans les poches sans en connaître un minimum sur les méthodes de survies basiques. »Le lutin se racla la gorge, l’air gêné.
« C’est plus ou moins ce que j’ai fait…Et cela a finit dans une cage à chat aux mains d’un jeune nécromancien au bout d’une semaine. Bravo l’aventure ! Donc je pense que tu as complètement raison de vouloir en apprendre plus. On va se faire un mois en forêt ? C’est le meilleur des moyens et puis on va se marrer ! »« Un mois en …? »Svengar calcula plus ou moins et l’idée fit son bonhomme de chemin dans sa tête. Elle finit par beaucoup lui plaire. Ce lutin lui était décidément très sympathique.
« Ouai, d’accord. On file au QG de la milice, je vois un gars à qui je dois une bière, je règle deux trois trucs dont mon rapport au capitaine et on peut partir quand tu veux ! »« Génial, on part demain matin, à l’aube alors. »« Ça me va ! »Le lutin se racla à nouveau la gorge, et questionna Svengar d’un ton embarrassé.
« Dis, tu vas avoir l’impression que j’abuse un peu beaucoup mais…je pourrais crécher chez toi cette nuit ? J’ai quitté mon bosquet les mains dans les poches et je me retrouve un peu à la rue là. Et puis, je ne prends pas beaucoup de place. »Son petit visage rougissait légèrement et trahissait clairement un profond malaise.
« Mais oui, pas de soucis, mes parents seront contents de te rencontrer, et ma sœur aussi d’ailleurs. »Svengar souriait intérieurement, les jours à venir s’annonçaient vraiment intéressants. Il pourrait apprendre ce qu’il voulait avec un lutin sympa, passer un mois loin de la ville et commencer à penser à son projet de voyage.
De son côté, le lutin semblait soulagé. Il avait repris une couleur normale et sifflotait à présent, l’air guilleret.
Ils arrivèrent devant le QG de la milice. Svengar était sortit de là quelques six heures auparavant, bille en tête et filant droit comme un mulet. Il avait une seule idée profondément enfoncée dans son crâne : chercher le nécromancien jusqu’à ce qu’il le trouve et le tuer. En vérité, il s’était assez bien tenu à son plan.
Ils entrèrent dans le bâtiment.
<Vers l'intérieur du QG de la milice Kendranne>
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Place ta confiance dans le fer et la pierre
Car ils ont toujours été les meilleurs alliés des Nains