L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 1 Fév 2011 15:40 
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Qui saurait dire lesquels, des plumes du corbeau ou des cils de Rêve, étaient les plus sensuels ? Frisson du vent dans la noirceur opaque, courbe outrageuse dans la lumière du ciel, ombre d’une nuit de promesses, ténèbres caressantes, langoureuses, et le matin par trop prompt qui advenait alors… Elle enchaîna quelques pas, goûtant au contact de ses talons sur les pavés sonores, blancs, sur lesquels se découpait sa silhouette vénale, succube toute de rouge et de noir vêtue ; elle joua des reins avec mutinerie, s’amusant du regard des passants qu’elle sentait se retourner lorsqu’elle les dépassait, laissant sur eux peser un sourire malicieux. Son balancier divin dans les ruelles de Kendra Kâr, qui l’eût cru ? Sa démarche altière et quelque peu sauvage, vraiment, arrogante, audacieuse, mais que l’on eût pu confondre avec ce brin d’amusement qui ne sait pas, qui interroge, innocent, les yeux des hommes pour comprendre. Seize ans. Seize ans à peine et le suivez-moi-jeune-homme, dans le creux du dos, qui dans ses mouvements satinés frôlait le velours de la redingote en révélant ainsi les courbes d’un corps juvénile et plein d’appétence. Ils étaient nombreux, les pieux, les jolis impotents ou les petits hommes chastes qui n’y pouvaient rien : ils ne voulaient pas, certes, mais comment refuser à ses yeux le charme qui s’offre ?

Mais ce n’était pas tant l’allure divine, le chaloupé de Muse, ou les lacets flottants sur la robe plaisante : le mystère de Rêve résidait dans ses yeux. Ils laissaient apparaître, contre sa volonté propre, les caresses délicieuses qui couraient sur sa peau, la douceur du satin sur la taille marquée, la roideur des baleines que son dos savait rendre souples, la froideur métallique de la cage de fer qui enserrait la naissance de ses hanches. Ils révélaient encore, ces yeux gris, ciels ouverts sur des horizons étranges et indicibles, les fantômes fugaces de mains qui s’étaient mille fois promenées sur ce corps trop jeune, enfantin, fleur fragile que l’on saccage à loisir. Ils dévoilaient les bras qui avaient tant étreint, jusqu’à ce qu’elle en eût étouffé, ils devinaient les mains qui avaient caressé, agrippé, empoigné, ils trahissaient encore les baisers qu’on avait pu donner, parfois, rarement tendres et souvent malsains, sur ce petit ventre de neige. Ils disaient tout cela. Ils le disaient, à qui voulait entendre, à qui pouvait entendre, car Rêve, bien sûr, ne les laissait pas hurler. Les cils, volutes infernales, ombrageaient ce monde cauchemardesque, eux qui se faisaient si délicieux, évocateurs, baissés sur l’ombre pour feindre la lumière.

Rêve revit un bref instant dans un furieux tourbillon d’images mêlées et de couleurs diffuses – entrelacées tant et tant d’obsidienne et d’or – et de parfums encore, ce caléidoscope, et de sons qui se voulaient sourds, elle revit ce grand homme qu’elle avait pu payer pour prendre un vol vers Kendra Kâr, elle qui avait emporté si peu d’argent de la Maison. La Maison, le royaume de Calice où elle avait tout appris et qu’elle avait dû quitter. Elle s’était servi, une fois de plus, de cette arme qu’elle brandissait tout à la fois en place de lance, de poignard, d’écu et de haubert, elle avait usé de son corps qui avait toujours su lui ouvrir les portes qui se seraient fermées à elle. Elle s’en souvenait : les images qui l’envahissaient, cet homme, cet endroit, les actes et les décors. Elle essayait par tous les moyens de ne voir que cela, ce dont elle avait l’habitude, voir les corps ou voir la rue qui se profilait devant elle, pour ne pas retrouver au fond de sa rétine l’image tragique de Satin étendue, agonisante, emportée par un mal qu’on ne connaissait pas. C’était la dernière chose que Rêve avait aperçue dans la Maison Rouge, et tout de suite elle s’en était allée, sous les conseils d’une fille qu’elle ne connaissait pas, qu’elle n’avait pas même vue car elle se changeait derrière un paravent, et qui lui avait dit de se rendre à Kendra Kâr. Là, des gens sauraient quoi faire pour sauver Satin, les gens du Temple, le peuple mystérieux qui vivait caché, sous les épines d’une rose…

Soudain, sa distraction fut enrayée par un pavé trop haut qu’elle n’aurait pas imaginé là, dans cette rue à la blancheur parfaite : elle ne savait pas où elle se trouvait, elle ne savait pas où elle allait, ni même qui elle croisait, elle ne savait pas, encore, qui était cet individu grand et brun qui lui tournait le dos, mais le fait est qu’elle trébucha sur lui.

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Dernière édition par Rêve le Jeu 3 Fév 2011 16:59, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 1 Fév 2011 22:24 
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Dissimulée par les épais nuages, la lune éclairait encore d'une faible lueur les derniers promeneurs du soir, souvent moins fréquentables que ceux du jour. Les deux lascars épuisés en étaient la preuve. Même si ils ne le criaient pas ouvertement sur les toits, il leur était arrivé de prendre au moins une fois une vie humaine. Ils étaient dictés par l'ambition. Gallion Thunderhead tentait encore de retrouver un rythme normal dans sa respiration et marchait lentement en écarquillant ses vieilles jambes rouillées, tandis qu'un homme extravagant mais bien mal en point lui emboîtait le pas d'un pied qui boitait presque. Cet homme là était bien proche du cadavre en ce qui désignait son apparence, mais il ne s'en cachait pas, il était bien plus occupé à repérer l'endroit qu'on lui avait indiqué pour trouver un remède à son terrible mal. Il prévoyait encore une bonne centaine de mètres avant l'arrivée, alors il se mit à bavarder tranquillement avec son compagnon de peine, comme si de rien n'était :

- Tes restes sont pas beaux à voir, Gorilla, une limace te rattraperait en moins de deux !

- Pfah... C'est ça, rigole, capitaine de mes deux ! Au moins moi je ressemble pas à un macchabée !

- Moi ? Un macchabée ? Me fait pas rire !


Au même moment, Heartless se fit bousculer par un homme quelque peu maladroit qui répliqua immédiatement par un petit "Pardon" discret, avant de s'arrêter net à côté de celui qu'il avait percuté accidentellement. Il revint au niveau de Sirius et se mit à observer son visage avec intérêt et dégoût. Agacé par cela, Heartless demanda la raison de tout cela et l'homme répondit simplement en enfonçant profondément une pièce de deux Yus dans sa paume avec un sourire qui se voulait bienveillant. Il le salua avant de partir, fier de lui comme si il avait sauvé la vie de quelqu'un :

- Que les dieux soient avec vous, jeune homme !

- Hé ! Mais !? C'est quoi ce cirque ? Hé ! Reviens, le vioque ! Hé !


Gallion s'étouffa une seconde fois mais dans le rire, se moquant ouvertement de son piteux camarade, l'objet d'une action de charité quelque peu hasardeuse.

- Ha ! Tu fais pitié ! Y t'a donné l'aumône ce con ! Hahaha !!

- Ta gueule ! C'était juste de... de l'admiration quoi ! Je l'connais ce mec, c'est un ami et...


Les deux compères se perdirent en débats futiles, le borgne qui se voilait la face et le vieux loup de mer qui pouffait, hilare. La voix d'Heartless devenait de plus en plus confuse au fur et à mesures de ses élucubrations erronées. Mais pendant l'une des vaines excuses du capitaine, sa jambe flancha comme si le sol était fait de verglas, et son corps s'agenouilla presque par surprise, contre sa volonté. Gorilla, interrompu par son inquiétude, s'empressa de redresser son pote et le remit sur pieds, mais il fut rejeté par un large mouvement de bras motivé par la fierté démesurée de ce cadavre qui semblait s'embourber dans une sorte d'ivresse ou de folie à chaque seconde qui passait.

- Lâche moi, espèce de con... Oh... Laisse... moi... Laisse moi... tran...quille...

Tout devint flou autour du malade, même les bruits devenaient sourds à son oreille, les voix disaient plein de choses mais rien de cohérent, le sol dégageait une vapeur mais en fait il était sec, la lune tournait dans le ciel alors qu'elle était encore un croissant dans la brume, les couleurs étourdirent sa pupille et ses sens étaient en train de s'endormit inéluctablement. Ses pas étaient guidés par une sorte de transe irréfléchie, et ses épaules se heurtèrent à tant d'autres étrangers dans la rue. Soudain un voile sembla flotter sur le monde et la tête du pauvre bougre descendit d'un coup, et son buste s'affaissait sur ses genoux hésitant. Il entendit les voix des fantômes qu'il avait cru disparus à jamais et, sans prévenir, sa tête rejoignit le sol, le tout s'immobilisa. Il n'entendait rien, ne voyait rien, ne sentait rien, le noir se fit maître et le sommeil remplaça la conscience. Tout ce qu'il entendait alors était son compagnon qui se précipitait pour qu'il se ressaisisse, sans obtenir de résultat. Gorilla, impuissant, vit l'œil de Heartless se révulser et son souffle ralentir. Paniqué, le vieil homme rassembla ses forces et hissa la dépouille sur ses épaules, demandant à la foule un endroit où son ami pouvait être soigné, pour ensuite y accourir le plus vite possible.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 3 Fév 2011 06:27 
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Ce vieux ronchon de gardien de la Maison des Dépôts se serait-il adouci avec le temps ? C’est ce que je présume en sortant, moins irrité que prévu, de sa caverne aux merveilles, dont mes biens et possessions garnissent amplement les coffres, à présent. J’ignore pourquoi j’amasse tout de matériel sans le revendre ou le confier à d’autres. Peut-être a-t-il une valeur sentimentale, au final, pour moi. Peut-être représente-t-il quelque chose de tangible de mon passé, quelque chose auquel je peux me référer pour me souvenir.

Je me retrouve donc dans la rue, sans trop savoir où me rendre exactement. Je sais que faire, mais tout de suite, je n’en ai aucune envie. Mon irritation est encore trop présente, et même si je suis conscient de mon infantilisme, je ne consens en rien à jouer le docile en cet instant. Pourtant, ma volonté se dirige clairement vers le but qui m’a été arbitrairement confié : me débarrasser du maléfice de cette lame maudite. Et pour ça, me rendre dans les Duchés des Montagnes, quérir le clan de la Rose. Le pire, peut-être, dans tout ça, est que rien ne me dérange dans ce voyage. Au contraire, même. Il ne s’annonce guère trop complexe, ni long, et m’éloignera un peu de cette ville grouillante d’activité qui est peut-être revenue trop vite dans ma vie après cette longue escapade sous-marine. Cela me fera rencontrer d’autres personnes, aussi. Des gens qui ne me croient pas disparus depuis plus d’un an. Et puis ça me permettra aussi de retrouver Lune, mon vaillant destrier du désert, que j’ai trop longtemps laissé au soin et au confort des écuries kendranes. Je redoute de le retrouver bouffi et paresseux, d’être resté si longtemps sans réel exercice, malgré toute la qualité des pages locaux pour le tenir en forme.

Et alors que je marche, perdu dans mes pensées, et ne me souciant que trop peu de ce qui m’entoure, je ne vois qu’au dernier moment un individu sur ma trajectoire de marche. Mes pas me mènent délibérément vers lui, et quand j’en prends conscience, il est trop tard, et si lui tente de m’éviter, ses efforts sont mis à mal par un brusque et inexpliqué mouvement vers l’avant de sa part, qui me fait foncer droit sur lui. Son regard bleu céruléen et ses cheveux marron montrent son origine d’Imiftil, et sa haute stature et sa démarche altière son ascendance noble, ou tout au moins bourgeoise. Ses habits anciennement élégants, mais désormais usés et élimés indique qu’il s’agit sans doute d’une petite noblesse sans le sous. Quoi qu’il en soit, ce vif mouvement vers l’avant m’amène à le percuter de plein fouet.

Il étouffe un soupir sous le choc, et s’offusque d’avoir été bousculé en m’apostrophant :

« Hé ! Mais, vous ne pouvez pas faire attention ? »

Mais déjà, la raison de son vif mouvement vers l’avant occulte en moi sa présence négative : une jeune humaine au minois frais et séduisant semblait retrouver son équilibre, juste derrière lui, comme si en même temps que moi, elle l’avait percuté. Le nobliau, voyant mon total désintérêt pour ses paroles, s’écarte en grommelant, et s’en va, râlant, pour poursuivre sa route. Pendant tout ce temps, je n’ai quitté des yeux la jeune femme aux yeux faits d’argent. Mes yeux noirs la fixent sans la lâcher, et mes lèvres s’entrouvrent pour prendre la parole d’un ton aimable…

« Tout va bien, mademoiselle ? Vous avez besoin d’aide ? »

J’incline légèrement la tête pour me présenter, et des mèches noires et blanches viennent momentanément masquer l’argent de la peau de mon visage, avant d’être rejetées en arrière par un mouvement naturel…

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 4 Fév 2011 20:26 
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Effluves efflorescentes et ripailles de couleurs autrefois ardentes. Un paravent, jaune peut-être, ou bien d’un rose très pâle – qui aurait pu le dire dans cette lumière tamisée à l’extrême, contrefaçon de vêpres amènes ? Point de flambeaux, point de candélabres, non, mais seulement le volet abîmé qui laissait entrevoir, sur les drapés de lin, des gouttes d’un boréal grenat. L’encens, et la myrrhe, vraiment ? Mais que faisaient-ils là, devant une icône de Gaïa, à exhaler tant et plus de fumées, doucereuses, entêtantes, troublantes… Rêve ne savait plus, Rêve ne voulait plus ni savoir, ni voir, ni se rappeler. Les couvertures de lin sur le corps inerte de Satin, le vermeil éclat du soir sur ses lèvres charnues, et haves, et sans fard, ses yeux noirs comme la nuit disparus derrière les paupières closes – à jamais, avait-il semblé à Rêve. Et sur l’épaule, Nars lui avait montré la morsure vénéneuse d’une quelconque bête, d’un opaque violet de fin du monde, souillant l’albâtre brillant de fièvre d’une tache en forme de rose… Là-dessus, une voix, douce et humble, sortie de nulle part : les ombres du paravent, comme mille fois grandies, avaient fait apparaître en un instant la silhouette svelte d’une jeune fille. Elle se changeait.

- Oh, Rêve, n’est-il pas ? Ne passe pas par-devers moi, je t’en conjure, je ne suis pas montrable !

Et elle avait ri, et ajouté :

- C’est bien là Satin, la petite que dans Tulorim on appelle Eugénie de Rubempré ? Nars appellera les médecins, c’est une certitude, mais crois-moi : cours à Kendra Kâr, mander les gens de la Rose…

Il n’en avait pas fallu plus pour que Rêve s’en fût, laissant derrière elle le dernier client qu’elle avait ramené dans la Chambre des Damnées, abandonnant aux mains griffues de Calice ses maigres biens : les chopines, une douleur de ne plus les porter à loisir ; les étoffes, une tristesse sans nom de ne plus s’y envelopper ; Neige et Satin, un supplice insupportable de ne plus leur parler. Elle l’avait fait pour elle. La petite Eugénie… La petite Satin, autre joyau parmi les joyaux [...]


*


Son cœur manqua un battement lorsqu’elle croisa son regard. Cela lui fit l’impression d’un éclatement soudain dans la poitrine. Sur sa jugulaire, elle sentait la délicate anglaise d’or frémir au contact de son pouls impétueux – mais bien vite elle comprit sa faute, et se ressaisit.

Perdue dans ses pensées, elle n’avait pas su éviter le pavé désolidarisé et avait dû se rattraper dans son élan sur un homme qui passait. Il ne se retourna pas, ne lui adressa pas un coup d’œil, pas un mot, préférant aboyer comme une bête sur celui qui avançait par là… Celui-là ne la quittait pas des yeux, et Rêve avait senti, à la rencontre de cette bouillonnante nuit sans étoiles, le poids des astres peser sur tout son être. Comment décrire l’éternité qui s’arrête et vous contemple, perdue depuis les limbes évanescentes d’un au-delà qui n’existe pas ? Il n’avait pas d’âge. Les cheveux noirs. Le jais. Veinés de blanc. L'opale. Et puis la peau d’argent, diamantins reflets de la lune qui versait son pâle enchantement sur lui seul en plein milieu du jour. Plus une gravure précieuse qu’un homme, de cela seulement Rêve pouvait être sûre. N’être certaine que du songe qui se joue, onirique, et ne pas pouvoir croire en la réalité.

Elle aurait pu partir. Elle aurait partir. Ses joues l’avaient trahie, sulfureuses, sanguines, brûlantes comme l’aurore sur le champ de bataille. Mais la bataille, désormais, se jouait là, entre deux faces d’elle-même, chacune des deux honnie de l’autre. La muraille s’érigea, seule, et sans aide, devant les yeux de Rêve. Ce qui est au temple reste au temple, et là seulement sont saufs les sentiments et les émotions. Sa bouche s’ourla en un discret sourire, non feint, mais trop doux pour n’être pas mesuré, et elle dessina dans les joues de petites fossettes délicieuses qui se voulaient innocentes. Son épaule roula, dans un mouvement gracieux, suivant la courbe de son visage alors qu’il se tournait tout entier vers l’inconnu ténébreux. Elle ignorait encore quel jeu elle adopterait pour lui, pour lui plaire, ne serait-ce qu’un instant, et obtenir de lui ce qu’elle désirait – alors elle préféra la sûreté, la jeunesse, la bienveillance tout juste teintée de coquetterie féline. Voilà que, de lui-même et sans détours, le masque avait fait son office, et que, prudemment, les impressions s’étaient tapies tout près du cœur, là où même sous le joug, même sous les chaînes d’un univers par trop hideux, personne n’irait les chercher.

La science des drames lui fit lever la main sur sa gorge gourmande, une colombe sur une fontaine de marbre, et sous ses doigts fins elle s’abreuva du contact lactescent et onctueux de ce qui était son armure et son arme la plus chère. Du plus agile des cinq, elle effleura imperceptiblement la pierre noire enchâssée à même sa chair, le petit diamant sombre qu’elle ne pouvait pas quitter, et dont elle ne savait rien. Dans sa forteresse de taffetas rouge, du haut de ce corps dont elle connaissait la perfection, elle n’avait pas peur. Comment, par ailleurs, craindre ce qu’on lui avait déjà fait mille fois endurer, avec son consentement ?

Pourtant, ce fut comme face à un fauve qu’elle avança. Les hommes du commun livraient leurs secrets sans le savoir, dévoilant dans leurs yeux la faiblesse qu’il suffirait à Rêve de frôler pour que tous les artifices s’effritassent comme statue de sel ; mais celui-là avait dans l’œil un mystère impénétrable, et pour le moins redoutable, semblait-il…

- En réalité, Monsieur, dit-elle avec un ton affable et un éclat joueur dans l’œil, je suis tout à fait perdue. J’arrive de frais de Tulorim, et je cherche un endroit où me reposer de mon voyage…

Elle hésita à se confier davantage, mais après tout, il devait connaître cette ville blanche, non ? Et s’il la croyait folle, à raconter pareilles élucubrations tenues d’une fille dont elle ne savait rien ? Elle préféra en rester là pour le moment, garder pour elle le secret de ces gens de la Rose, envoûtée qu’elle était par le regard vespéral de cet inconnu aux charmes évanescents.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 9 Fév 2011 02:25 
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Un instant, la demoiselle qui me fait face parait surprise, décontenancée, en m’apercevant. Mais je ne sais déterminer la cause de cet émoi. Peut-être l’ai-je troublée en l’abordant de la sorte, sans préambule ni présentation ? Ou peut-être n’est-ce que la surprise qu’un inconnu peut instiguer à tout passant croisant sa route. Elle, humaine, n’est peut-être pas coutumière à la si grande diversité culturelle de Kendra Kâr, et ma peau argentée a peut-être surpris son innocente candeur. À moins bien sûr que cette apparence ne soit un masque, et que la jeune femme ne soit en réalité une voleuse à la tire prise sur le fait, et tentant de dissimuler tant bien que mal son méfait à mes yeux d’obsidienne. Quoi qu’il en soit, les siens, d’ambre gris, perdent vite toute surprise, et se parent d’une curieuse lueur d’assurance bien dosée. La position de la jeune femme change aussi, soudainement, de manière à peine perceptible, et la perception que j’ai d’elle se modifie tout aussitôt. Curieusement, d’innocente, chétive et gênée, elle semble sûre d’elle, épanouie et ravie, sans pour autant perdre cette aura de candeur séduisante, cette fraicheur du teint, du regard et de l’âme.

Et cette main, posée élégamment sur sa gorge blanche qu’elle mettait en valeur, intrigue ma curiosité. En effet, je vois à cet instant le diamant sombre enchâssé dans sa peau, comme une marque rituelle ancestrale, un symbole magique puissant, un bijou intime et mystérieux contrastant étrangement avec l’air d’ange que lui donnent ses légers cheveux clairs. Et mon regard se perd alors sur la robe sombre et élégante, réaffirmant cette aura plus ténébreuse qui n’attire pas le regard d’un premier abord.

Et puis cette voix cristalline, délicate, qui s’exprime sans heurt, résonne dans la rue avec discernement et politesse. Une politesse élémentaire à laquelle je manque, sans doute à cause de ce trop long trajet dans les terres sombres et les Océans Extérieurs de Gramenou. Et pourtant, je reste accroché sur un mot de son court discours, qui évoque en moi mille souvenirs : Tulorim. La cité où tout a commencé, la ville qui a vu naître l’elfe que je suis devenu aujourd’hui, passant d’un état presque sauvage à la civilisation.

« Tulorim… »

Ma voix nait, puis se meurt dans la nostalgie de mes pensées. Sans doute parais-je étrange, à répéter ainsi le nom d’une ville sans me justifier. Et en prenant conscience subitement, j’ajuste mon expression en y ajoutant un sourire avenant.

« Veuillez m’excuser, j’ai moi-même séjourné longuement à Tulorim, et cela fait un long moment que je n’y ai plus mis les pieds. Je m’appelle Cromax, et je vais volontiers vous mener jusqu’à l’auberge la plus proche, où en échange d’un verre, et avec votre accord, je vous demanderais des nouvelles de la Cité d’Imiftil. »

L’auberge la plus proche ? Le Temple est bien entendu plus proche que toute autre auberge, bien que la Tortue Guerrière ne soit guère trop éloignée. Mais il est hors de question pour moi d’y retourner avant de m’être débarrassé de cette lame maudite. En me présentant, je salue la demoiselle d’un nouveau signe de tête, agrippant sa main délicatement au creux de la mienne pour y apposer en un contact à peine effleuré, mes lèvres, l’espace d’un court instant.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 10 Fév 2011 17:02 
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Un hurlement strident, parole singulière des êtres de la nuit – un corbeau, bête des ombres… Le croassement qui résonna soudain dans la rue fit un instant tressaillir Rêve, et les multiples échos qui se répercutèrent alors contre les façades nues et blanches lui firent l’impression d’un songe macabre.

Le frisson, peut-être, n’était-il pas dû à l’oiseau de malheur qui venait déparer le virginal attrait de la cité de Kendra Kâr. Peut-être, en réalité, avait-il été causé par le toucher si prompt et si peu ordinaire de deux mains : Rêve, souvent, avait été giflée, griffée, diffamée, on avait parfois reconnue en elle la femme, la reine, l’élégante ; mais bien plus encore, elle avait été l’esclave, la chose que l’on prend et que l’on jète. Toujours il y avait eu, dans l’œil brillant et avide qui la contemplait, le reflet de perversion de celui qui sait, qui reconnaît, et qui, tout de suite, envisage. Comment, dès lors, concevoir une douce proposition, une humble caresse, œuvre de courtoisie, pour le joyau terrible d’un bordel fameux ? Une vision assaillit soudain la pupille de Rêve, qui revit, subitement, le feu dévastateur qui crépitait allègrement dans le regard de Calice. Elle entendit ses ordres enroués de fumée. Elle se souvint des habits noirs de veuve, lorsqu’elle se tapissait dans les ténèbres de son cabinet, frayeur cauchemardesque tout aussi bien que mère. Le tourbillon d’images mêlées la mena à la Chambre des Damnées, en ocre et or, vénéneuse lumière, à la Chambre des Etres, en rose et rouge, diaboliques passions, à la Chambre des Brumes, en bleu et noir, vénériens espoirs qui ne s’accomplissent que trop.

Un simple frôlement, un effleurement, tout au plus un frémissement éphémère, et immédiatement les images, les odeurs et les bruits. Un parfum de roses, mêlé de musc, qui était, elle ne savait le dire, à loger ou dans le rêve ou dans l’instant présent. Un homme. Simplement un homme, petite, ne l’oublie donc pas – toi qui en a connu tant depuis tes primes années. Mais celui-ci exerçait sur elle une fascination morbide : elle ne pouvait rien voir de ses yeux à la noirceur sans jour, elle ne savait déceler de ses desseins, de ses tendances, de ses talents…

Elle dégagea sa main, d’un geste qui trahit son trouble, et il ne resta bientôt à son esprit que la réminiscence fugitive d’une paume solide et d’une poigne tendre, que le fantôme fuyant d’un délicat baiser qu’elle ne comprenait pas. Dans l’effusion indistincte qui bouillonnait en elle, sentiments et visions demeuraient en leur temple ; mais il n’était plus, pour elle, besoin de rien dissimuler. Dignes, ses artifices n’avaient rien laissé voir, mais s’être ainsi retirée marquait une défaite.

- Je regrette, Monsieur, de ne pouvoir vous satisfaire : j’ai grandement à faire et j’irai au plus vite.

Sans attendre de réponse, elle détourna les yeux. Alors qu’elle avançait, ondulante, les falbalas de sa robe se murent en une houle vaporeuse, laissant au gré des rayons apparaître les dahlias brodés de sa vêture diaprée et le jeu amoureux des rubans de satin. Elle ne le verrait pas, mais un corbeau étrange la suivrait du regard, de ses trois yeux sinistres, perles noires en échos à ses propres bijoux…

Et, comme un souffle, des histoires oubliées seraient murmurées sans que quiconque n'entendît, pluie d'or qui telle une mante couvrirait les si beaux yeux de la Courtisane :

- Yalúmessë ilmen…

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 11 Fév 2011 17:15 
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La troupe était en marche dans les rues ensoleillées de la grande cité. Certains passants égaraient leur regard sur ces voyageurs peu communs. Tout d'abord, ouvrant la marche, il y avait cette elfe noire qui paraissait pourtant si pâle, accompagnée d'une véritable armure sur pattes, une montagne de muscles métalliques, donc ont distinguait à peine l'individu entre les plaques, cloîtré ici malgré la chaleur du matin. Derrière lui marchait un être de la même envergure, mais bien plus léger dans son accoutrement. Sous un tricorne nu d'emblème mais pas dénué d'écorchures pendait le bout d'une barbe grisâtre et touffue, d'autres poils émanaient du torse légèrement exposé d'un grand gaillard, musclé, dur comme un roc, presque égal à la boîte de conserve en terme de corpulence. Alors que le char d'assaut semblait protéger la demoiselle, le vieux loup de mer marchait à côté d'un borgne au visage bien plus jeune que le sien, emmitouflé dans un large manteau bleu orné, ses maux étaient perceptibles à cent mètres tellement sa démarche était bancale. Et derrière tout ça il y avait... mais c'était qui celui-là ?

Sirius Heartless fut frappé à l'improviste par la question, alors qu'il se perdait à contempler du coin de l'œil la structure d'un immense hippodrome, une longue arène équestre aux murs blancs, entourée d'une foule indénombrable. Il se rapprocha de son compagnon pour lui murmurer ses doutes :

- Hé, Gorilla, j'crois qu'on est suivis.

- Vraiment ?

- Le mec derrière, il nous colle depuis l'auberge, c'est louche.

- Il a un cheval...

- Pourquoi il nous trace ?

- Chais pas, mais il est trop visible, débutant va.

- On fait quoi ?

- Je sais pas, c'toi le capitaine.

- On se retourne et on lui fait sa fête ?

- Et si il est fort ?

- ... Tu sais faire du cheval ?


En parlant de cheval, le museau de celui-ci vint s'infiltrer entre les deux complices. Surpris par ce grognement soudain, et surtout par le fait qu'ils avaient été découverts, ils se retournèrent par réflexe et tentèrent de s'expliquer en piètres voleurs devant le visiteur, un peu contrarié par un tel comportement :

- On... On a rien fait de mal !

- Je... j'ai rien volé, c'est lui !

- Quoi ?! Menteur ! Je l'ai vu, vous laissez pas tromper !

- On veut rien à la milice !

- Et le rafiot, il est pas à nous !


Les deux pirates en sucre suaient tous deux abondamment ( même si Heartless remportait la palme ) et justifiaient leurs dires par des gestes dérangés...

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 12 Fév 2011 12:47 
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Pour une fois, il faisait beau et le soleil brillait sur la plus grande ville du monde connu : Kendra Kâr, la cité blanche. Aucun nuage ne couvrait le ciel bleu, mais le guerrier connaissait le climat de sa ville et savait qu'il pleuvrait aujourd'hui. "Le calme avant la tempête", disait son père, un homme d'une grande sagesse. Toute la famille du milicien avait été assassinée, et notre protagoniste croyait dur comme fer à leur renaissance à tous dans d'autres corps, comme celle de sa soeur, qui, d'après lui, se serait réincarné en sa jument, qu'il avait baptisé Mélodie, comme le nom de la poupée préférée de sa défunte soeur.

Nark suivait la troupe à une dizaine de mètres, les surplombant du haut de son cheval, apercevant le tricorne du second, la peau grise de l'elfe noire, l'armure étincelante de son protecteur, qui reflétait la lumière de l'astre du jour, mais le Kendran sentait aussi l'odeur repoussante du capitaine, qui, semblait-il, avait quelques problèmes de transpiration. Il s'approcha au petit trot pour aller voir les deux marins, qui ne l'avaient apparemment pas vu dans l'auberge. Le museau de son cheval surgit entre les deux comparses, qui le prirent pour un milicien, et nièrent tout actes criminels, comme s'ils étaient en réalité coupables.

"Mais calmez-vous Messieurs, je ne vous veux rien de mal...je me suis présenté à vous dans l'auberge, mais vous ne m'avez pas entendu. Je me nomme Nark Lounge, et je souhaite faire parti de votre équipage, si vous êtes bel et bien marins. D'après la direction que vous avez prise, je suppose que vous allez au temple de Meno ou au Temples des maîtres. Mais j'opterais plutôt pour la première solution, vu votre mal, qui doit être une malédiction du dieu du feu."

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 14 Fév 2011 18:30 
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Un frémissement peu perceptible parcourt la jeune femme à mon contact, et elle retire un peu vivement sa main de mon étreinte douce. Vivement, mais sans heurt, plus par surprise, sans doute, que par dégoût ou dépit. Et puis, sa voix frêle et pourtant assurée retentit à nouveau, pour énoncer des mots qu’il ne me plait guère d’entendre. Un refus ? La courtoisie d’une rencontre n’est plus ce qu’elle était. J’hésite un instant à caser cette jeune fille aux habits riches dans la famille des condescendants pressés qui ne prennent pas la peine de profiter de la saveur de chaque instant, comme le feu Marquis de la Trépaille, gisant seul dans sa tombe, entouré de tout son mépris, mais quelque chose m’en empêche. Je ne peux me permettre de la juger sur si peu, et sa phrase n’a pas été si abrupte que ça, au final.

En effet, son trouble semble réel, et ses soucis majeurs. Comme si elle se faisait poursuivre par un créancier, ou un brigand agressif. Je la regarde se détourner de moi sans réagir, mais à l’instant où ses cheveux d’or bondissent sur ses épaules dénudées dans un mouvement de marche un peu empressé, je vois soudainement sa beauté, et celle-ci m’émeut et me fait oublier mes devoirs l’espace d’un instant. La rancune puérile contre Pulinn qui m’accable n’arrange rien, et bien vite, je rattrape la jeune humaine en lui posant une main sur le bras droit…

« Attendez, je peux peut-être vous aider… Vous disiez à l’instant chercher un lieu de repos, et je vais vous y mener. Si sur le trajet, je peux vous renseigner sur cette cité, je le ferai. Votre temps ne sera pas perdu, je vous le garantis. »

Et je me laisse aller à un sourire vendeur… Inconsciemment, je perçois le parfum de rose qui s’échappe doucement du bijou végétal qui pousse en mon sein. Et cette fragrance a maintes vertus que je ne contrôle pas…

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 15 Fév 2011 01:24 
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Ces grandes maisons, en bois, en torchis, en chaume… Tout cela brûlait si bien. Les habitants ne pourraient pas sortir, ça flamberait si rapidement. Des flammes malheureuses qui s’éteindraient sur des cendres fumantes. Image noire pour une âme assaillie par les ombres. Ainsi la shaakt errait et s’occupait l’esprit pour ne pas voir cette foule ennemie. Divertissement, il avait fait oublier à l’elfe noire son malheur d’être dans cette cité. Vanité, Perçante et inévitable une fois sortie de la taverne, elle fonda sur la pauvre mage abusée. Une idée vint alors l’apaiser, le gobelin allait-il mourir ? Avait-il la moindre chance de s’en sortir, face à des hordes de soldats qui voulaient le voir mourir ? Comment un tel nuisible avait pu entrer dans une telle forteresse d’humaines féroces ? Elle manqua de peu de bousculer un paysan exténue, où était Thalo ?

« Alors allons nous nous retrouver sur un navire ? »

« Plus vite vous quitterez Kendra Kâr, mieux vous vous porterez je me trompe ? »

« Peut être… Mais j’ai des doutes sur ce que la mer nous apportera. »


« Ne vous inquiétez pas j’ai le sentiment que nous faisons le bon choix . »


Son optimisme lui crispait l’estomac. Comment faisait-il pour parvenir à l’exaspérer à chacune de ses paroles ? Des dalles, encore et encore, cette route n’en finissait pas où était ce maudit temple ? Rosa donna un coup intentionnel ou non sur le bras de son protecteur, surement pour le presser, lui demander de trouver le dieu du feu plus rapidement.


« Le temple est sur la prochaine rue. Pour le reste nous vous laisserons vous en charger, les prêtres vont surement trouver remède à votre… Mal ? Nous vous attendons… »

« Je brûle de savoir comment est l’intérieur de ce lieu de culte. »


Rosa poussa Thalo avant qu’il ne dise une sottise de plus, après tout… Le guerrier était bien curieux de savoir comment le marin allait s’en sortir…

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Dernière édition par Rosa le Ven 29 Avr 2011 00:01, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 15 Fév 2011 21:38 
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Les deux vauriens constatèrent un instant l'allure noble du cavalier, qui semblait teinter chaque geste d'une modeste dignité, avait-il vraiment l'intention de piller les mers ? En tout cas, c'était une étrange trouvaille. Comme avec tant d'autres, Heartless n'entendit qu'une certaine partie de son discours et se mit à éclater de rire, pour mieux faire le fier et aussi car il était rassuré de ne pas avoir affaire à un ennemi.

- Ha ! Alors comme ça tu veux prendre la mer hein ? Bonne décision, mon gars, t'es engagé !

Gorilla, subjugué par la rapidité de son capitaine, se mit à bafouiller de vaines protestation, il n'était pas vraiment enthousiaste à l'idée de recruter là, comme ça, dans la rue, un parfait inconnu, aussi bien fringué fut-il. Malheureusement pour lui, Heartless faisait le sourd et avait déjà rejoint l'elfe noire... blanche.... grise... et son protecteur qui marchaient en tête, et qui étaient en vue du temple du dieu du feu...

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Dernière édition par Heartless le Mer 16 Fév 2011 22:59, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 15 Fév 2011 22:43 
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précédent : temple des plaisirs

Le temps était mauvais ce jour là, le vent froid venu du nord apportait son lot de frissons et de rafales cinglantes qui me glaçaient le visage. Les nuages épais empêchaient le pâle soleil d'hiver de percer, et faisaient du ciel un plafond grisâtre et triste qui se confondait avec les couleurs des murs et l'humeur des citoyens.
L'air était humide et glacial, comme le mécène de la neige à venir qui camouflerait tant bien que mal par sa blancheur le cimetière que sont les hivers.


Je contournais le château par sa face est, de l'autre coté de la grande place. La rue n'était pas moins fréquentée mais les passants ne faisaient comme moi que marcher, la tête baissée de celui qui ne souhaite pas donner envie à un autre de lui adresser la parole. Il y avait des jeunes garçons qui couraient, livrant leurs messages pour quelques pièces plus que méritées par ce temps glacial, des femmes et des hommes qui se rendaient au marché, leurs paniers encore vides, et d'autres qui poussaient leur chariot vers d'autres rues plus propices au commerce, marchands ambulants emmitouflés sous de nombreuses couches de vêtements.
Il y avait aussi des voyageurs de passages comme moi, les yeux balayant les alentours pour imprimer mentalement la carte de la ville, la tête relevée pour ne pas manquer la boutique, la taverne ou la maison qui leur vaut ce voyage.


suivant : le marché

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Madoka


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 16 Fév 2011 14:09 
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Localisation: Au bureau de recrutement de la Confrérie d'Outremer à Tulorim
Le borgne éclata d'un rire gras, et accepta la demande de Nark, qui était vraiment réjoui, un grand sourire illuminant son visage pâle. L'idée de traverser les mers sur un grand et beau galion lui plaisait réellement, et c'était sûrement un moyen de vivre des aventures fantastiques. Il allait réaliser un rêve d'enfance, et avec des compagnons qui avait l'air vraiment sympathique, à l'exception de la shaakt, qui était vraiment insupportable, avec son petit air méprisant et dédaigneux. Le capitaine, quand à lui, avait l’air amicale et il allait plaire au jeune guerrier, malgré son odeur abominable et son rire idiot pour pas grand-chose. Le second, gros et chauve, s’appelait apparemment Gorilla, drôle de nom, il faut l’avouer, mais semblait gentil. Thalo était presque devenu une sorte d’ami pour Nark, avec qui il avait beaucoup de points communs, et avec qui il aimait discuter.

« Merci capitaine ! »

Le temple de Meno apparut, aisément reconnaissable grâce à son portail, dont chaque pointe se terminait par une flamme.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 1 Mar 2011 20:09 
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- Il s'enfuit ! Miniteb, poursuis-le ! hurla le vieil essoufflé à son larbin.

Prenant le relais de son maître qui était en train de se reposer contre un mur, la masse de muscles au crâne rasé fonça à toute vitesse pour poursuivre l'ombre du marin d'eau douce qui les avait roulés. Il bouscula marchands et mendiants, renversa des étalages, fit tomber des vieilles dames, enragé qu'il était. Il s'arrêta dans un coin de rue empli d'une foule indéchiffrable, où se mêlaient le haut et le bas-peuple de la ville. Heartless était introuvable. Il chercha bien ici et là-bas mais aucune trace du borgne. Épuisé, il ponctua sa colère avec une insulte bien choisie puis s'en alla en pestant. Une minute plus tard, cet empaffé de malandrin sortit sa carcasse d'une botte de foin cerclée de moucherons. Quand il constata l'absence de son bourreau, il piffa de soulagement et acheva de retirer les derniers brins de paille de son vêtement bleu marin. Pas de Salmon ou de Miniteb à l'horizon, pas de Nark, de Rosa ou de Gorilla non plus. Il était abandonné à lui-même, il était...

- Enfin seul !

.... Euh, il avait...

- Pas besoin d'payer pour deux, j'vais boire un coup !

Ahem... mais en réalité il était... il était...

- Bien content de plus avoir ces abrutis au cul !

... Bref. Ainsi le capitaine pirate se mit en tête l'idée d'aller descendre un bon verre dans une taverne locale. Il n'avait aucune idée de l'emplacement des bistrots de Kendrâ Kâr mais après tout, il n'était pas contre une petite visite de la ville. La forme était au beau fixe depuis la disparition de la malédiction, restait son cerveau embrouillé par les rêves douloureux qu'on l'avait obligé à faire. Cependant, il y avait un mur de fer à dresser entre le monde des rêves et la réalité, il repoussa toutes les idées néfastes au fin fond de son esprit et n'avait plus qu'une idée en tête, noyer tout ça dans un bon hydromel kendran ! Avant de partir où que ce soit il y avait quand même beaucoup à voir de son côté de la rue. Devant lui se dressait un petit stand assez peu commun, une petite foule se massait devant une sorte de boîte en bois aux allures fantaisistes avec des guirlandes et des bougies. Curieux de nature, Sirius se rapprocha de l'engin et aperçut la main de la personne la plus en avant qui actionnait un petit levier sur la boîte. De petits airs musicaux se firent entendre et trois roues se mirent à tourner sur la façade de la machine. Elles s'arrêtèrent après quelques secondes et dévoilèrent des chiffres entre un et dix : 2,9 et 5. A cela, le "client" répondit avec un air dépité avant de partir vexé. Alors que d'autres personnes tentaient leur chance avec cet engin mystérieux, un homme avec une queue de cheval douteuse répétait inlassablement le même slogan :

- Oyez Oyez, messieurs-dames ! Donnez dix Yus et si vous êtes chanceux, la boîte magique vous en rendra mille ! Approchez approchez !

Apparemment cette annonce suffisait à attirer un beau troupeau de naïfs et les yus entraient par dizaines dans la machine. Heartless eut une intuition, il s'infiltra dans la queue et attendit son tour. Quand son tour fut venu, il ne mit aucun sou dans le ventre de la bête et demanda à l'annonceur :

- Dites, comment ça marche, ce truc ?

Ce jeune homme esquissa d'abord une expression étonnée, l'air de dire : "Mais qu'est-ce que ça peut bien lui faire à ce borgne ?" puis répondit après s'être froidement raclé la gorge.

- C'est une boîte magique, donc ça fonctionne par magie, cher monsieur. Si vous n'avez pas d'argent, alors partez.

- Ça accepte que les pièces d'or ?

- Pardon ?


Le borgne ne rajouta aucune explication et saisit une grosse pierre sur le sol. Avec un petit sourire en coin, il laissa tomber celle-ci dans l'ouverture destinée aux pièces. Pendant un bref instant on entendit le roulement du caillou, puis un léger cri de douleur provenant de la boîte secoua l'audience. Heartless se mit à arborer un sourire des plus malsains tout en ouvrant une porte à l'arrière de l'engin. Il en sortit un homme de petite taille, un Sinari, un Hobbit, un va-nu-pieds quoi. Il y avait un sac rempli d'or entre ses deux petites mains... pas mal l'escroc.

- C'est marrant que le hobbit soit offert avec les mille Yus, tu trouves pas ?

Il resta sans voix mais ce n'était pas le cas des autres qui hurlèrent à l'escroc. Le frêle garçon aurait eu bien du mal à sortir de cet embrouille si Sirius n'était pas intervenu à temps. Sans dire un mot, Heartless prit l'arnaqueur par la poignet tout en s'emparant du butin du hobbit et les entraîna dans sa fuite, sans raison apparente, déclenchant la panique du côté du groupe de miliciens qui assistaient à la scène avec suspicion depuis le début. Désorganisés et gênés par la foule, la troupe mit un moment à réagir avec coordination. Avant d'avoir pu donner ses ordres, le meneur constata avec dépit que ses criminels s'étaient déjà enfuis dans la direction de la Taverne du Paladin.

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 Sujet du message: Re: Les rues de Kendra Kâr
MessagePosté: Lun 7 Mar 2011 14:44 
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Dés que Heartless se mit à courir à toutes jambes en hurlant de s’enfuir, Nark hésita un court instant, avant de courir derrière son capitaine. Miniteb le poursuivait, obéissant aux ordres de l’exorciste. Il allait le rattraper quand l’énorme Gorilla percuta le prêtre de toute sa masse, qui s’écrasa quelques mètres plus loin. Le second s’excusa puis continua sa route. Le milicien le suivit du regard, avant de crier pour qu’il s’arrête. Le gros homme se dirigeait vers Mélodie. Avec une agilité étonnante pour son poids, il sauta sur la croupe du cheval pour atterrir sur la selle. Le jeune homme sut que le gorille avait déjà fait cela des dizaines de fois dans sa jeunesse, mais cette époque était révolue. Il s’écrasa au sol, le cheval de Nark ayant bougé légèrement. Un nuage de poussière s’éleva dans les airs quand Gorilla tomba au sol. Notre héros en profita pour faire de même, mais cette fois la jument ne bougea point. Le vieil homme s’était relevé et il tendit le bras vers le guerrier. Celui-ci comprit immédiatement ce qu’il voulait et le hissa sur son cheval. Mélodie gémit sous la double charge, mais elle fit un effort et partit au grand galop, échappant à nos poursuivants.

« Où penses-tu que la capitaine soit allé ? » , demanda le combattant.

« Le connaissant, je suppose qu’il cherche un endroit pour boire un coup. »

« Eh, bien, il doit être à la taverne du Paladin, c’est la taverne la plus proche »

Nous nous dirigeâmes donc vers le lieu de beuverie.

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Nark, enchanteur de niveau 6, à la recherche de son passé perdu.


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