« Te souviens-tu ? Tulorim dite la Belle. »
« A mon avis, certains de ses citoyens se souviennent encore de la petite fête organisée par tes soins. »
« Un marché en flammes, un ours mort ainsi qu'une poignée de miliciens, une petite journée. »


Les voiles du navire chantaient au grès du vent qui les gonflait sans cesse tandis que les marins s'attelaient à la longue tâche de les descendre. L'animation du port était bien une des choses qui n'avait pas changée. La ville semblait différente, après toutes ces années, les visages, les senteurs et même les maisonnées et leurs enseignes avaient changées, s'étaient adaptées au ravage du temps et au sel marin porté par ses vents froids. Hrist prit une grande respiration d'air glacé. Calpurnia était montée par deux soldats sur le pont principal. Visiblement, sa monture haïssait les voyages en mer, l'animal était devenu nerveux, violent et il avait fallu lui porter attention jour et nuit pour qu'elle ne soit pas effrayée dans la cale sombre. A Keresztur, elle voyait le ciel, mais à bord du navire, seule dans cette cale humide, elle avait peur de tout, des rats, de son ombre et même des servants de navire qui lui apportaient sel et pain sec.

La présence de sa maîtresse la rassurait peu à peu. Celle du capitaine habillé de façon toujours ridicule déjà moins. On vit les marins jeter les lourdes cordes d'amarrage sur le quai et dès lors que le bâtiment fut immobilisé de la dérive, l'agitation des marins sur le pont grandissait. Tous n'avaient qu'une envie, et c'était bien de courir la gueuse sur les quartiers douteux de Tulorim. Si ce n'était le capitaine qui ne ferait que s'arrêter au marchés de thés et Silmeria qui n'avait qu'une seule envie c'était d'éviter tout ce qui pouvait bien ressembler de près ou de loin à une taverne et filer directement au travers des sentiers de poussière qui la conduiraient jusqu'au couvent de la Sororité.

Lorsque le gentilhomme s'en alla - libérant par la même occasion l'air ambiant de sa puanteur musquée - Calpurnia cessa de s'agiter. Silmeria put alors enfourcher la selle et descendre, doucement sur sa monture timide, la planche de bois qui servait de pont jusqu'à la terre ferme. Les quais étaient jonchés de détritus divers, aussi odorants que variés de putréfaction, évitant les têtes de poissons pleines de mouches et les tissus qui avaient servis à tant de chose, dont la plupart pas très nettes, Calpurnia faisait son bout de chemin jusqu'à s'éloigner du navire qu'elle détestait tant. Le Redoutable Jugement éclipsait les autres navires de pêche et marchands de sa hauteur et sa richesse, il fallait avouer que la Baronne y avait laissé la plupart de ses bijoux, mais elle appréciait ce navire pour son confort et sa beauté architecturale.

Pouet, timidement sortait le bout de son nez du sac de la jeune femme, il prit une grande bouffée d'air frais chargée d'odeur de poisson pourri avant de se recacher dans le sac. La fiole de spiritueux mortuaire penchée juste vers sa tête, il ne se répétait maintenant plus qu'une seule chose :
« Si elle coule, ne pas respirer, surtout ne pas respirer !»
Le lutin était à des lieux de s'imaginer dans quoi il venait de s'embarquer, mais les vivres de la jeune femme comportaient du pain salé, des gourdes d'eau et quelques morceaux de viande fumée, ainsi qu'une portion de sucre cristallisé aux magnifiques reflets ambrés offerte par le capitaine, au cas où l'envie de boire un thé sucré lui viendrait. Comme elle était trop loin du rebord du navire pour le jeter à l'eau, elle le mis simplement dans sa poche en attendant l'occasion de s'en débarrasser. Chose qu'elle n'eut l'occasion de le faire maintenant que Silmeria l'avait fourré dans son sac à victuailles.

Pouet avait maintenant un appétit mitigé, voyant le liquide sombre rouler à l'intérieur du verre et clapoter contre le bouchon de cire et de liège. Il attendit que Calpurnia cesse de marcher au pas sur les routes pavés pour s'extirper aussi vite que possible du sac d'armes de la jeune femme.

« Je le savais bien ! Que le sucre était pas ici !» Piailla-t-il, dégoûté de sa découverte, en réalité, il y avait quelques miettes sur le tissus qui lui avaient fait miroiter qu'il était en face de la cache de vivres. Mauvaise pioche, il avait déchiré un bout de sa guenille sur le carreau de l'arbalète de Hrist. Heureusement qu'en sortant, il n'avait pas pris appui sur la détente de celle-ci, ce qui lui aurait valu d'attirer l'attention de la tueuse. Et lutin neuneu n'est pas stupide, Pouet augurait qu'il n'était certainement pas le bienvenu dans le sac de la femme.

« Je me demande bien quel genre de femme est-ce là... Mais qu'importe, elle a du sucre ! » dit-il en s'engouffrant cette fois-ci, dans le sac de victuailles.

Fièrement dressée sur Calpurnia, elle constatait avec grand désarroi que la ville avait beaucoup changée. Rien n'était plus comme avant, il n'y avait plus ces visages qu'elle avait autrefois coutume de voir. Inconnus, étrangers, parasites et squatters de docks... Même les enfants s'y mettaient. L'un de ces gueux en bas âge vint lui tirer le pans de sa robe noire en quémandant :
« Ça bonne dame. Avoir offrande à faire ? »

Invariablement attirée par ce lardon puant qui osait lui triturer sa robe hors de prix, elle restait choquée par son dialecte trop exotique à son nouveau cadre de vie. Peu encline à accepter toutes ces surprises, elle gifla violemment le garçon, ce qui ne manqua pas de lui attirer tous les regards des travailleurs. Un homme s'empressa de récupérer le petit par les aisselles pour le faire reculer. Le travailleur s'excusa du dérangement, malgré cette politesse, il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'il était choqué de la réaction de la femme... Nouveau retour.

Silmeria se répétait inlassablement, imitant les propos mal-formés du mioche mal lavé.

« Où moi être née, ça plus être Tulorim... Ces splendeurs architecturales : D'la caillasse en déliquescence... » Et de nouveau, elle souffla avant de continuer sa route, sous le regard haineux de l'enfant au visage rougis, qui contemplait la femme les yeux tout trempés de larmes en se promettant vengeance.

L’équipage était en pleine activité depuis que Neysla avait hurlé que la ville Tulorim du continent Imiftil était en vue. Chacun était à son poste. Scuudo Gaymar crachait ses ordres d’une voix ferme qui ne désirait aucune discussion. Pendant que l’équipage s’apprêtait à jeter l’encre et à amarrer le bateau au quai.

Gor Bal’Qar était, avec calme, en train de revêtir sa tenue dans la cale en mettant pour une fois son luxueux manteau de côté. La chaleur se faisant intensément ressentir depuis qu’ils étaient aux abhorres. Daynalize disait que cette simple colonie Kendrane, de la taille d'un petit village auparavant évoluait dans un environnement semi-aride sans pour autant être une ville entourait par le sable au climat proche du tropical. C’est-à-dire à endroit où la chaleur et l’humide cohabiteraient sans arrêt. Enfin c’est comme ça qu’avait interprété le jeune capitaine de ce que disait l’elfe gris.

Depuis leur premier voyage en mer, l’organisation à bord du navire s’était améliorée et Gor Bal’Qar anciennement Vick avait gagné en maturité lorsqu’il s’agissait de prendre des décisions plus ou moins importantes. Grâce à l’enseignement de Scuudo Gaymar, ainsi qu’aux nombreux conseilles prodigués par les voyageurs aguerris qu’étaient Borsk et Daynalize, le Sang-Pourpre avait gagné en assurance et en connaissance. De plus, il n’avait cessé de s’améliorer dans le domaine du combat grâce aux entraînements avec le pirate à forte notoriété qu’était Suudo Gaymar, l’homme de l’est d’Imiftil.

Durant ces années, l’équipage unifié sous l’autorité du jeune homme à Dahràm avait vécu du commerce et de la piraterie, ainsi que d’un peu de mercenariat. Ils avaient vécu diverses expériences plus ou moins bonnes. Comme par exemple la fois où ils s’étaient approchés de Tahelta la riche ville du royaume des elfes gris et où ils avaient failli s’accrocher avec la milice locale. A cause des tensions que cela avait engendré envers eux, ils avaient été contraint d’écourter leur séjour plus tôt que prévu. Gor Bal’Qar retiendrait cette leçon. Ne jamais faire descendre dans une ville d’elfe gris, un Garzork et un adorateur de Phaïtos à l’apparence pouvant choquer les moins tolérants.

Alors qu’il finissait d’ajuster sa tunique grise, Galénosc descendit le rejoindre l’air enjoué pour le prévenir, lui aussi avait préféré mettre de côté quelques éléments vestimentaires à cause de la chaleur, en autre son armure qui était resté dans ses effets personnels dans la cale.

« Capitaine nous allons jeter l’encre. » Dit-il en reprenant les escaliers de bois.

« Très bien j’arrive. »

Arrêtant de se ressasser des souvenirs qu’il ne regrettait pas, il rejoignit ses compagnons de voyage. Saluant par la même occasion Daynalize qui lui aussi avait attendu le dernier moment avant de venir sur le pont. Sûrement plongé dans la lecture de son grimoire.

Kudoï et Neysla s’occupaient d’abaisser les voiles, Raynor Blast exécuter la manœuvre d’approche du quai, tandis que Borsk s’apprêtait à jeter le l’encre. Ces premières tâches faites, Galénosc, Mola et Scuudo Gaymar sautèrent sur le quai pour y amarrer le navire. Comme à chaque arrivée dans une ville, l’elfe gris laissait aller son regard indifférent. Le bateau étant stabilisé, Gor Bal’Qar descendit à son tour.

Devant ce curieux équipage, certaines personnes s’éloigner, principalement à cause de la présence de Mola qui était relativement imposant, même pour un garzork. Scuudo Gaymar s’approcha de son élève et lui confia quelques informations.

« Cette ville est sous le contrôle du conseil de sept puissants marchands. Ils disposent de beaucoup de moyens mais s’en servent plus pour leur confort personnel que pour aider les habitants de la ville, alors soyons prudent la criminalité y est bien implantée et la milice ne bougera pas le petit doigt pour une poignée d’individus comme nous. » Dit-il avec un ton instructeur.

« D'accord nous éviterons de nous attirer des ennuis. Occupons-nous du ravitaillement, profitons-en pour commercer un peu et reposons-nous quelques jours après nous verrons ce que nous ferons. »

Un homme corpulent, enveloppé de tissus des différents tons de bleu et portant un turban blanc noué autour du crâne, sortit d’un petit bâtiment en bois avec un livre et une plume au bout trempé dans de l’encre. De taille moyenne, son menton comportait une épaisse barbichette. D’un ton qui se voulait accueillant, il s’adressa à Scuudo Gaymar.

« Bien le bonjour monsieur, cela faisait un moment que l‘on ne vous avez plus vu. Le voyage s’est-il bien passer ? » Dit l’homme au visage bouffi.

« Excellent Motchmaadj. Vous n’auriez pas un peu grossi depuis la dernière fois ? » Questionna le pirate aguerri.

Motchaadj étouffe un rire amusé.

« Oh vous savez, on commence à se laisser aller et puis le jour où on veut faire une petite promenade on réalise qu’on a pris quelques tailles de trop. Mais je pense qu’au vu du climat actuel que mes chances de mincir sont bonnes. »

Scuudo Gaymar fixa le livre ouvert.

« J’imagine que c’est pour le registre? »

« Évidemment. Quelle est le nom de ce navire cette fois ? » Dit-il en commençant à griffonner.

« La volonté de Vick. »

« Vous vous êtes enfin décidé à diriger votre propre navire. » Commenta-t-il en continuant à griffonner.

Scuudo Gaymar rit de bonne volonté.

« Non, c’est ce jeune poisson. » Dit-il en désignant le Sang-Pourpre.

L’homme stoppa son geste, l’air étonné. Le jeune homme originaire des environs de Dahràm s’avança un peu plus.

« Capitaine Gor Bal’Qar. »

L’homme afficha un air surpris puis reprit ce qu’il avait commençait.

« Si jeune. » Un nouveau sourire se dessina. « Vous venez pour… »

« Faire un peu de commerce. » Dit le capitaine d’un ton sympathique.

« Surveillez bien vos cales. Depuis que la vague de chaleur est arrivée, le nombre de vol a particulièrement augmenté envers les voyageurs. »

« Merci pour ce conseil. »

« Bon séjour Scuudo. » Dit Motchaadj en s’éloignant vers un autre navire qui venait d’amarrer.

Gor Bal’Qar le regarda s’éloigner.

« Une connaissance j’imagine ? »

« Un ancien pirate qui a décidé de se poser à Tulorim et d’avoir un travail. Sa fonction ne l’empêche pas d’accepter un pot-de-vin de temps en temps. »

Raynor Blast vint rejoindre le groupe sur le quai.

« Ah les femmes de Tulorim. Que de bons souvenirs. Les plus belles de tout Yuimen. Si vous voulez bien m’excuser Capitaine je m’en vais prendre du bon temps. » Ses yeux étaient chargés de défiance. « Oui du bon temps. » Répéta Loz.

Laissant le demi-elfe s’éloigner, le jeune capitaine se tourna vers le reste de l’équipage qui attendait les instructions.

« Je vous laisse sous l’autorité de Scuudo. Essayez de ravitailler les cales, nous allons commencer à manquer de ressources. Priorité à l’eau, la nourriture, l’huile et l’alcool.

« Q’j’vais vous en trouver d’l’lcool. » Dit Mola.

« Évites d’effrayer les gens prêt à faire du commerce sur les quais cette fois. »

« S’minus m’vez pris pour n troll. »

Kudoï ne put s’empêcher d’éclater de rire.

« Neysla et Borsk viendront avec moi. Nous ne resterons pas plus de quelques jours alors une fois le ravitaillement fait, reposez-vous et tenez-vous prêt à partir. »

Hj : Gor Bal’Qar se dirige dans la rue avec Neysla et Borsk

Le réveil fut prompt. Un membre de l'équipage pesta contre un rat qui parvint à lui filer entre les jambes. Rosa ouvrit les yeux, la lanterne au dessus d'elle se berçait doucement. Le son des vagues qui claquaient sur la coque fit déduire l'elfe qu'ils étaient partis. Thalo dormait assis, le heaume qui menaçait d'entraîner tout le corps vers le sol. Il semblait s'être assoupis contre son gré. Elle se redressa assise sur le lit de fortune puis donna un coup d'un doigt sur le casque. Le bruit résonna à l'intérieur qui fit sortir de ses rêveries le garde distrait. L'elfe se leva mais le protecteur semblait vouloir lui barrer la route. Loin de rire à sa bêtise, il tenait à garder son sérieux et lui balbutia quelques explications.

« Ne le prenez pas mal. Cependant... Je pense nous avoir jetés dans la gueule du loup. Le navire appartient à la baronne et un des sous fifres est à bord, son général si je ne m'abuse. La bonne nouvelle c'est qu'elle va probablement rester dans sa cabine... Il faudra juste éviter le pont jusqu'à l'arrivée. »

« J'hésite entre accabler la fortune ou ton éternelle étourderie. Elle sait que nous sommes à bords ? »

« Non, elle ne m'a pas démasqué. Votre présence par contre éveillera sûrement sa mémoire. Restons prudent, Erzebeth nous chasse mais c'est Sirius qui tient l’étendard.  Tulorim n'est plus très loin. Cela dit sa garde n'est pas nombreuse. Nous pouvons aisément porter un coup par surprise.  »

La sorcière soupira. L'arrivée d'un prédateur lui en fit oublier un autre. Le bruit du pal qu'on taillait au château de Keresztur faisait encore de l'écho. L'esprit guerrier de son protecteur resurgissait, la colère contre la perfide vipère pressait son bras. Cracher au visage du serpent lui plaisait mais il oubliait le capitaine du navire prêt à servir une maîtresse tyrannique. On cria l'arrivée, le couple se prépara à sortir sans savoir s'ils pourraient quitter cet impromptu péril.

A cela un garde répondit aux doutes. Accompagné d'un frère d'armes, Ils sourirent d'un air intéressé. Ils dégainèrent leurs épées puis à l'imitation de Thalo, ils s'expliquèrent :

« Voyez-vous ça les prisonniers qui nous ont coupé notre retraite. Si vous saviez quelle tête avait Von Klaash quant on l'a pêché sur la plage. La baronne va sûrement nous récompenser si on vous remet dans ses cachots, pas vrai ? Rendez-vous et on évitera de trop vous abîmer, elle n'aime pas qu'on lui vole son bon plaisir ! »

« Vous n'abîmerez que mon fer. A défaut de chaînes, je préfère le plaisir d'un combat. »

« C'est votre choix. Parfait »

Ils s'élancèrent sur son bouclier. Rosa ne pouvait que l'aider à peine sortie du sommeil. D'un coup ample, le wiehl stoppa leur charge. Il se repositionna en garde et attendit un nouvel élan de ses adversaires. L'acier claqua et les bretteurs se déchaînèrent. Thalo fit un coup de maître qui désarma le premier, lui laissant le champs libre pour le deuxième. L'elfe lança son cercle de feu, une aura de flammes entoura la lanceuse du sort et son protecteur.

Face à cette démonstration magique, le désarmé jura, se tourna vers la shaakt après avoir ramassé son arme puis tenta d’asséner un coup mortel. Le feu durcit et encaissa le coup, si bien que la lame se figea dans de la roche volcanique dure. Surpris de voir la robe de la mage résister ainsi, le soldat fulmina en tentant d'extraire son épée. Thalo repoussa le combattant qui tentait un coup d'estoc et tira son confrère vers lui, lui frappant le casque du pommeau sur le passage. Le deuxième revint et leur deux lames se bloquèrent aboutissant à un duel physique pour faire fléchir l'autre. Le wiehl semblait avoir le dessus, Rosa jeta une boule de feu sur le flanc du chasseur. Le guerrier profita du choc pour jeter l'ennemi au loin puis passa au suivant. Il lui offrit un généreux coup de poing alors que l'homme se redressait à peine, désarçonné. Il retomba et se mit à hurler néanmoins de façon peu compréhensive.

Le cri apporta la détresse dans le cœur du vainqueur. Thalo prit par le bras la magicienne occupée à contempler celui qui courait vers des seaux pour éteindre son feu. Ils surgirent sur le pont alors que deux hommes s'apprêtaient à poser la passerelle sur les quais. Lyndia entendit le vacarme et à leur course comprit qu'ils avaient quelque chose à se reprocher. Elle hurla aux autres de sa garde de les saisir. Le wiehl tel un taureau projeta les deux marins pour dégager le passage et entraîna sa protégée sur la terre ferme. Une course avec les hommes de la baronne ne pouvait être gagnée. Le fils d'Hélionis malgré son entraînement ne pouvait porter son armure plus vite, essoufflé il indiqua qu'il fallait se cacher. Rosa observa dans la foule du port. Ils arrivèrent face à une impasse, les murs des bâtisses cachés par des tonnes de caisses et de tonneaux. Thalo reprit son souffle mais ne parvenait pas à faire taire sa respiration bruyante. La shaakt fit volte face à l'entente des bruits de pas. Elle poussa son bouclier derrière les caisses et se cacha avec lui. Deux autres hommes regardèrent les alentours, ils hésitaient à rester de part le danger de ces ruelles sombres de la capitale. Furieux de voir la ténacité de ces hommes ,d'être si prêt du salut le Wiehl ragea soudain et chargea comme un fanatique. L'épée au dessus de son heaume, il fonça et les firent sursauter. La mage ne parvint pas à le retenir, elle lança un dernier projectile. Le feu brisa une jambe du premier soldat, Thalo lui trancha l'épaule jusqu'au poumon. Effrayé, le deuxième planta sa lance dans le bras du wiehl puis s'enfuit devant la colère qui gagnait le bretteur. Il voulut le poursuivre mais cette fois, la mage lui prit la main. Il fallait se cacher avant qu'ils ne reviennent ou que la garde de Tulorim décide d'intervenir. La rage du combattant descendit peu à peu, il retira son arme du corps inerte puis la douleur le gagna.

Thalo lui demanda s'il avait la permission de se rendre au temple, pour expier d'avoir tué cet homme et se faire soigner. L'elfe sombre regarda le sang qui coulait entre les dalles, elle hocha la tête. Elle ajouta ensuite qu'il valait mieux qu'ils se séparent le temps que les choses se calment.

Dirigé de Rosa

Ton bouclier maintenant perdu dans la foule, blessé, s'en allait quémander le pardon divin. Devant toi, le corps inerte gisait tristement sur le sol. Peu de passage à cet endroit précis, mais les travailleurs pouvaient très bien découvrir tôt ou tard la présence de ce mort.

Derrière toi, de la cachette qui vous avez rendu invisibles quelques secondes plus tôt, sauta sur une caisse un petit chat blanc, son miaulement attirerait ou non ton attention, et le félin restait te regarder sagement, assis sur ses pattes arrières avec l'éternel air d'indifférence dont les chats jouissaient.

Dirigé de Rosa

Le félin se laissa alors tomber de la caisse. L'animal au poil blanc gambada non loin de la dépouille encore tiède pour s'avancer lentement vers la sortie de l'impasse. Les ruelles n'étaient pas trop fréquentées à cette heure-ci, le ciel était gris, l'air frais et la tension du combat passé retombait lentement.

L'animal disparu par la droite, si Rosa décide de le suivre, elle arrivera jusqu'à un quartier un peu plus animé, là où elle pourra se mêler à la foule et peut être se cacher. De grosses femmes vêtues de parures usées portaient de lourds paniers de poissons sur la tête, les hommes quant à eux, sur des tables de bois ruisselantes de sang et constellée d'écailles mattes, découpaient les poissons, jetant les têtes dans la rue accompagnée des organes des créatures aquatiques. Le petit chat noyé dans la foule, devenu invisible, l'agitation et les passants pressés par l'odeur âcre de la pourriture bousculent et se cognent entre eux.

Dirigé de Rosa

Le passant interpelé feignit l'ignorance, il passa en détournant sagement le regard avant de se perdre dans la masse grouillante d'êtres malodorants. A la fois différents et interchangeables, la population s'animait, quelques exclamations ça et là, d'autres ne faisaient que regarder les étals tandis que les plus malins délestaient les bourses les plus lourdes avant de disparaître. Visages éphémères.

Malgré la foule, tu pourras retrouver la trace du chat blanc, sagement installé sur ses pattes arrières, assis à t'observer au milieu de l'entrée d'une petite ruelle qui bifurquait au travers des habitations.

Suite à une discussion entre Borsk et Scuudo Gaymar, ce dernier était venu s’entretenir avec son capitaine et apprenti au sujet de ce qui s’était passé hier soir.

- Je n’ai pas à te blâmer pour ce que tu as décidé de faire cette nuit.

- Tu voulais que je fasse quoi devant autant d’hypocrisie, des gens souffrent de la faim et eux ils ne pensaient qu’à leur bourses.

Gor était sur la défensive car il avait peur de la réaction de son mentor. Le vétéran restait tout le temps calme, quelque soit la situation et n’affichait que rarement ses émotions, il appelait ça le contrôle de soi, chose que Gor n’avait jamais essayé d’améliorer chez lui.

- Même si c’était pour la justice, il faut que tu gardes à l’esprit que toutes décisions de ce genre, qu’elles soient porteuses de bonnes ou de mauvaises intentions, entraînent des répercussions et en tant que capitaine, tu te dois de garder à l’esprit que ce que tu fais peut avoir des conséquences sur les membres de ton équipage. Disait-il en mâchouillant de la menthe.

Les deux hommes étaient assis et se faisaient face. Tout deux étaient dans la cale, dans le salon aménagé entre les marchandises qu’ils possédaient, sur des tabourets rafistolés.
Le jeune capitaine aux cheveux de flammes croisait les bras et fixait l’air pensif la caisse qui faisait office de table pour ceux qui s’adonnaient aux jeux de dés, en particulier Galénosc, Mola et Kudoï.

- Par ces actions tu te feras des alliés et des ennemis, le truc c’est qu’il n’y a pas de marches arrières. Chacun de tes actes est irréversibles.

- Je comprends.

- Borsk m’a raconté en détail ce qui vous avez fait. L’homme de la milice qui dirigeait ceux postés à la place du marché devait être Garvan.

- Comment peux-tu en être si sur ?

- Un bon pirate doit toujours savoir d’ou vient la merde dans laquelle il met les pieds. Il est brutal mais pas bête, il va nous falloir être prudent.
Gor Bal’Qar se leva et marcha un peu.

- Une fois que nous nous serons un minimum ravitaillé, nous irons dans un port voisin.

- Non je refuse de laisser ces gens dans cette situation.
Scuudo Gaymar se leva à son tour et posa une main amicale sur l’épaule du jeune homme.

- Fais attention, il est dangereux de se mêler de quelque chose en manquant de connaissance. On ne manipule pas le feu sans savoir que peut brûler.

Des pas lourds se firent entendre dans la cale. Borsk arriva l’air grave.

- C’est notre capitaine et si il désire aider ses gens alors il est de notre devoir de le suivre. De plus, je suis du même avis que le gamin.

Soudain la voix de Neysla se fit entendre dans la bateau.

- Gor Bal’Qar je crois que nous avons un problème.
Le capitaine partit en courant rejoindre le pont. Scuudo Gaymar retint le puissant charpentier.

- Je crois qu’il est déjà trop tard pour choisir. Dit-il sur un ton avertisseur.

Dirigé de Rosa

Le chat miaula, dévoilant sa petite langue râpeuse et ses crocs. Il se redressa et se tourna, avançant dans la ruelle étroite. Quelques femmes étaient au bout de celle-ci, attendant probablement quelques marins pour les distraire au vue des manières aguicheuses qu'elles lançaient à tout va. Le curieux petit animal totalement indifférent, lui, avançait dans la ruelle, salissant ses petites pattes sur le sol boueux avant de grimper sur un petit muret qui longeait un enclos à cochon. L'odeur y était forte, mais le chat poursuivait son chemin avant de disparaître de nouveau dans un virage.

Lorsque tu rejoindras l'endroit où le félin aura échappé à ton regard, tu comprendras te trouver au beau milieu des ruelles, pittoresques, étroites, sales et au sol très irrégulier. Encombré partout de déchets.

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Prochain message : Les ruelles.

Dirigé de Rosa

Rosa s'avançant au travers des ruelles aura toute l'occasion de constater que l'univers s'urbanise un peu. Les pavés apparurent rendant la marche moins encombrée et plus aisée. Aucun chat blanc à l'horizon, l'animal avait dû se distraire à chasser un oiseau ou simplement avait-il cherché à éviter la Shaakt.

Les maisons devenaient plus droites, les façades étaient mieux tenues et quelques fleurs se trouvaient même aux rebords des hautes fenêtres. Tulorim, dite la " Belle " se faisait plus crédible, quelques passants affairés au commerce ou à la curiosité passaient sans même faire attention à toi. Quelques mendiants quémandaient de quoi s'offrir un croûton de pain, Tulorim la belle.

Un groupe de cinq miliciens avancèrent vers toi du bout de la rue, en avait-il après toi et toi seule, ou n'était-ce là qu'une simple patrouille au travers des ruelles...

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Prochain message : Le marché.