Elle était enfin arrivée à Tulorim, les gardes faisaient rentrer les voyageurs au compte goutte, comme pour trier les arrivants? Elle arriva à hauteur des gardes après quelques minutes d'attentes, ils portaient chacun une armure identique et un bouclier sur lequel se trouvais le blason de la ville. Marla se découvrit et planta son regard dans les yeux des gardes humains. L'un eu un mouvement de recul et l'autre porta sa main sur la garde de son arme. Les marchands se mirent à discuter à voix basses et les mercenaires quand à eux, se préparèrent à agir au cas ou...

Halte la Shaakt! Qu'est-ce-que vous v'nez faire par chez nous? Parce qu'on aime pas trop les personnes dans votre genre par chez nous!

Marla se retint de remettre ce garde à sa place, pour elle, il n'était qu'un insignifiant humain qui méritait la mort pour avoir osé lui manquer de respect. Elle voulait le sacrifier sur place devant la foule, montrez à tous que les Shaakts n'étaient pas des personnes à qui l'ont manque de respect. Elle se contint et répliqua:

Vendui' rivvil, je ne cherche point querelle, je ne suis que de passage le temps de trouver un bateau qui partira dans les plus brefs délais. Je ne recherche qu'à rejoindre les miens à l'autre bout de l'océan.

Le garde cracha sur le sol, toisa la sombre puis il jeta un coup d'oeil à son camarade avant de reprendre.

Mwé, tant que vous ne restez pas dans la ville, faiteusse que vous voulez! Entrez!

La prêtresse hocha d'un signe de tête, remis la capuche de son piwafwi et ordonna à sa monture d'avancer. Elle se mit en branle et pénétra dans la citée humaine. Comparé à la citée shaakt dans le sous-sol de la terre, cette citée en plein ciel était une horreur, les gens hurlaient à tout va pour appâter les clients, certains lançaient leurs excréments dans la rue pendant que d'autres demandais la charité. Rien de tout cela ne serai arrivé dans une ville shaakt. Marla s'avança dans la foule, monté sur son cheval, forçant celle-ci à la laisser passer...si les mendiants s'approchaient trop... elle donnait un coup de bottes en plein visage pour les obliger à s'écarter.

Elle se dirigeait vers le port, elle était assez pressée par les événements pour rester dans cette ville, rejoindre Gwadh était devenue pour elle une nécessitée. Ces derniers jours, l'araignée en elle n'avait donné aucun signe de vie, elle ne la sentait plus...mais elle savait qu'elle était présente. Caché en elle, quelque part dans sa gorge...ou plus bas. Marla n'avait pas rencontré d'autres shaakt...tout du moins elle n'en avait pas vu...

Arrivé au port elle descendit de monture et se mit à chercher un endroit pour discuter d'une traversée vers la ville de Gwadh. Le meilleur endroit serait la capitainerie, mais elle en avait justement un devant elle, entrain d'hurler sur les mousses de se dépêcher d'embarquer les marchandises à bord avant le départ. A son approche le capitaine n'eut aucun mouvement de recul ou autre, y compris lorsqu'il vit la peau d'ébène de Marla. Elle parla d'une voix calme.

Vendui' rivvil, je suis à la recherche d'un bateaux pour rallier Gwadh en Nosvéris, est-ce que vous allez dans cette direction? Si ce n'est pas le cas, pouvez-vous me dire quel capitaine a prévu de rejoindre cette île sous peu?

Il ressemblait plus à un pirate avec ses couteaux et son sabre d'abordage, son cache œil noir et son tricorne en piteux état. Il tira sur sa pipe et recracha la fumée, tout en jaugeant la prêtresse.

Humph, je sais où se trouve Gwadh la noiraude.. Et aucun bâtiment ira tout au nord. En ce moment tous les capitaines s'arrêtent surtout à Oranan, avec ce qui se trame en ce moment avec Oaxaca et Omyre...c'est un endroit ou tout le monde essaye de se faire de l'argent...

Le sang de Marla ne fit qu'un tour, cela ne pouvait pas être une coïncidence... Elle avait promis à sa déesse de s'occuper des forces impies qui prônaient une autre religion sur le territoire shaakt...mais elle pouvait également les défaire sur le chemin et ainsi arriver par la suite à Gwadh en tant qu'inquisitrice de la déesse araignée... Cela allait servir ses intérêts ainsi que sa réputation dans les forces ennemies...

Emmenez moi et je vous payerai en pièces sonnantes et trébuchantes...

Oh là! Tout doux la noiraude...Moi et mon bâtiment n'allons pas à Oranan. Nous partons pour Tahelta! Si vous voulez y aller rapidement vous avez qu'à voir les p'tits gris! Avec leurs vaisseaux volants vous pouvez y être avant la fin de la journée...Enfin cela dépend...héhéhéhé!

Marla fronça les sourcils, elle ne comprenait pas l'allusion du capitaine.

Dépendre de quoi?

Cela dépend...de vos manières...de la taille de votre porte monnaie...héhéhéhé!

La prêtresse plissa les yeux, comprenant maintenant ou le capitaine voulait en venir. Les Shaakts n'entretenait pas de bonne relation avec les autres races, des accords commerciaux, des alliances fugaces et parfois à double tranchante? Elle se retourna, attrapa les rênes et remonta sur le cheval. Elle fit un signe de tête pour remercier l'humain et fila à travers la ville pour en ressortir. L'embarcation pour les vaisseaux des Sindeldi se trouvait hors de la ville à cause de la taille de ceux-ci... et aussi pour faciliter le chargement et le déchargement des marchandises.

(((Je tiens juste à prévenir, oui mon perso vient de Yarthiss qui est, je cite, "une puissante cité gérée par une puissante famille de marchands dominant aussi bien les terres que les mers. Le port est au centre du commerce" alorspourquoi n'a t elle aucune liaison maritime ? Et aupire, mon navire a fait escale autre part avant. )))

Tandis que je sortais du bateau marchand que j'avais pris à Yarthiss, je contemplais la magnifique citė. Et me demandais ou été la bibliothèque. Après avoir étais inspecté par les gardes, je m'en allais demandé le chemin à deux dockeurs, qui n'avait pas l'air très frais non plus.

(C'est moi ou les dockeurs passent leur temps dans les tavernes ?)

Le premier me rėpondit :

"T'nous hips veut quoi ?
C'est vrouais ca, tu nus veut quoa ?" Me dit le deuxièmes.

"Rien, rien.
Moi j'dis que tu n'veux un truc."

Sans leurs prêter plus d'attention, je continuais à marcher. Mais il me suivait. A l'angle d'une rue, je me cachai dans le coin et mis ma cape sur moi. Elle me cachait bien, et rajouter leur ébrieter...

"L'es passė ou ?
Chais pas. "

Peu après, ils laissèrent tomber.En otant ma fape, je vis que, au bout de la ruelle, ce trouvait une assez grande rue. Je m'y dirigeais donc.

*<---*




Un court silence s'abattit sur le navire tandis que le Masamune venait docilement s'arrimer à un ponton. À côté de moi, Gallion reprit mes paroles sur un ton pensif. Lui aussi devait avoir des souvenirs au sujet de cette cité. Mazhui donna de la voix, annonçant que nous restions sur place jusqu'au coucher du soleil, histoire de nous réapprovisionner. Nahöriel s'écarta du chemin et regarda comme moi nos frères cavaler dans les rues du port. Le semi-elfe s'engagea à son tour sur l'avancée de bois, rejoignant une poignée de marins qui l'attendaient. Je lui fis un bref signe l'encourageant à les suivre, auquel il répondit par un hochement de tête. Il avait bien mérité de passer un moment agréable à terre, fut-il arrosé d'alcool.

Alors que je me demandais ce que j'allais faire, je fus interpellée par Mazhui, auprès duquel Gallion et le massif Iguru se tenaient. À leur suite, je descendis de notre navire bleu, intriguée par ce qu'ils pouvaient me vouloir, et visiblement loin des oreilles de nos frères. Arrivée à mon tour sur un sol relié au continent, je fus prise d'une sensation de raideur. Il fallait croire que je m'étais habituée aux mouvements du navire.

Je reportai mon attention sur mes interlocuteurs, sans dire un mot, mais manifestant mon intérêt. Pour me prendre à part ainsi, cela devait être important. Toutefois, je pris le temps de jeter un regard autour de nous. Il me fallait commencer à prendre de bons réflexes.


*--->*

Ce n'est que lorsqu'ils furent à terre que Kassara soupira :

« Hé bien, me voilà de retour chez moi... »

Leyna lui sourit. Le retour au foyer était une chose merveilleuse... mais elle sentait que son amie n'était pas à son aise. Il est vrai que la ville, malgré le grand soleil qui s'annonçait, semblait vouloir rester étonnamment sombre et morose. Leyna ne s'attendait pas à cela de la part du beau peuple de Whiel...

Toujours s'aidant de son bâton et de Snori, elle se dirigea vers Mythanorië, qui était accompagnée de Mazhui, Galion et un homme qu'elle ne connaissait pas à la carrure imposante...

« Que la bénédiction de Moura soit sur vous... » salua poliment la prêtresse.

*<---*




Mes yeux clairs m'apportèrent la vision de nos passagers du Chasseur des Brisants. En appui sur une sorte de bâton, Leyna'sëraya avançait, soutenue par le jeune Snori et aux côtés de l'humaine brune. Voir la blessée debout elle aussi m'ôta un léger poids du torse, et je me tournai dans leur direction. La jeune semie-elfe nous salua poliment au nom de Moura. J'acquiesçai doucement, et remarquai le manque de dynamisme de l'humaine. Vue son inquiétude au sujet de son amie, je supposai qu'elle avait simplement eu du mal à dormir.

Après avoir brièvement regardé des silhouettes s'activer dans le port, je reportai mon attention sur eux. Mes lèvres d'écorce formèrent un léger sourire.

"Ravie de vous voir sur pied, Leyna' et bonjour à vous deux également."

Je tus l'incident, ne sachant pas si mes collègues masculins avaient été mis au courant, et ne voulant pas attirer plus d'attention que nécessaire sur la jeune prêtresse. Ne sachant pas réellement si je pouvais faire quelque chose en particulier pour elle, je me contentai de l'informer brièvement.

"L'équipage s'est un peu dispersé en ville. Les hommes ont quartier libre jusqu'au couchant. Vous en trouverez toujours quelques-uns à la taverne ou dans les auberges si besoin."

De profil par rapport à mes interlocuteurs, je demeurai à disposition de la jeune femme mais n'oubliais pas les humains à ma droite pour autant. Étrangement, parler ainsi diminuait le mal-être que le contact avec le continent avait fait surgir.


*--->*

L'oudio semblait heureuse de la voir, les autre ne réagirent pas. En fait, Mazhui était surtout préoccupé par un homme avec qui il semblait vouloir parler affaire. Leyna, nullement incommodée, s'assit sur une caisse et parcourut les environs des yeux, ses poignets encore bandés croisés sur les genoux. Elle remarqua Galion qui semblait perdu dans ses pensées.

« Votre esprit semble bien troublé, capitaine... »

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Peu perturbé par l'arrivée de la jeune prêtresse et de ses compagnons, le trio humain que j'avais suivi le fut davantage quand arriva un être singulier. C'était encore un humain, âgé, doté d'une jambe de bois et avec à la bouche un instrument lié à la consommation de tabac. Il n'avait guère l'air avenant, mais il devait être celui que mes camarades cherchaient à rencontrer. L'ynorien l'interpella sous le nom de Capitaine Clope avant d'envoyer le massif Iguru sur le Masamune. Rendue curieuse par cet échange, je compris que notre frère amateur de bonne chair devait avoir été chercher un quelconque paiement. Mazhui semblait intéressé par des articles que le nouvel arrivant proposait.

Je reportai brièvement mon attention sur Leyna', la voyant s'asseoir sur une caisse, et s'enquérir de l'état de Gallion. Il était vrai que ce dernier semblait tracassé depuis notre venue à Tulorim. Cependant, je décidai de rester aux côtés de l'ynorien tout en gardant une oreille attentive. Fier comme il l'était, Thunderhead risquait de ne pas apprécier l'attention de plusieurs personnes. Déjà que je le mettais mal à l'aise, il n'était pas nécessaire d'empirer les choses.

Silencieuse, je tendais l'oreille, cherchant à identifier la nature des articles proposés. Nous allions nous ravitailler, mais je doutais cependant que cet échange eût pour but l'acquisition de nourriture ou de rhum. Je croisai les bras, sans chercher à m'imposer plus que nécessaire, même si je me doutais que le Capitaine Clope devait déjà avoir croisé un ou deux oudios dans son existence.


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« C'est là que tout a commencé... »

Les mots semblaient avoir un sens plus profond que les abysses aux yeux du vieux capitaine. La prêtresse hocha la tête et ferma la yeux. Ce fut Kassara qui posa la question pour elle :

« Que voulez-vous dire ? Qu'est-ce qui a commencé ? Vous ne semblez pourtant pas être originaire d'ici... »

Leyna rouvrit les yeux pour murmurer :

« Quoiqu'il ai pu semblé auparavant. Quel-qu’aient été mes erreurs, je ne suis pas votre ennemie. Vous pouvez parler sans crainte. »

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Le massif Iguru revint, les bras chargés par un coffre à l'aspect lourd. Même ce puissant marin manifestait de la tension dans chaque muscle pour porter ce contenant. Quand ce dernier fut ouvert, je compris pourquoi et mes yeux clignèrent plusieurs fois d'eux-même. De l'or. Une valeur en yus si grande que je ne parvenais pas à en faire une estimation. Bizarrement, je ne m'interrogeai que vaguement sur son origine et écartai rapidement cette question de mon esprit. L'important était que la Confrérie disposait de moyens. Sa simple vue fit changer l'interlocuteur de Mazhui de ton. Il désigna d'ailleurs une Rascasse Volante, et ce ne fut qu'en le voyant pointer un navire que je compris de quoi il était question. La Confrérie faisait donc l'acquisition d'un nouveau vaisseau. C'était logique. Si nous devions sillonner les mers en quête d'appuis, se contenter du Masamune aurait été inefficace.

Attentive, j'assistai à la démonstration de l'esprit de persuasion de Mazhui. De deux mille yus, le prix de ce navire tomba de moitié. Ce que je ne m'expliquai pas vraiment, c'était la raison pour laquelle les trois humains m'avaient retenue. À moins que ce dont ils souhaitaient me parler eût été mis en suspend le temps du négoce. J'observai la Rascasse, amarrée à son propre ponton et la trouvai presque isolée dans ce port animé. Elle avait un aspect un peu sombre, mais sa ligne semblait fine par rapport aux navires que j'avais vu.

Je reportai mon attention sur mes voisins quand l'ynorien évoqua un équipage. L'idée de confier cette nouvelle acquisition à des inconnus me chagrinait. Si la plupart des membres avaient été affiliés à la Confrérie, la chose m'aurait moins gênée. Selon le Capitaine Clope, nombre de personnes auraient été prêtes à s'enrôler à nos côtés à son bord, chose qui ne fit que renforcer mon ressenti. Après avoir conversé avec un acolyte, l'humain à jambe de bois évoqua un autre navire. L'équipage de celui-ci était constitué de survivants d'une île mystérieuse et sans capitaine. Le marchand suggéra de les prendre sous notre aile.

Je regardai brièvement mes compagnons.

"Les prendre sous notre aile est une chose. Qu'ils l'acceptent en est une autre."

Je plissai mes yeux en détaillant notre nouvelle acquisition.

"Cette Rascasse Volante est troublante. Mais elle est nôtre à présent. Et je dois l'avouer, la savoir aux mains d'un équipage dont on ignore de quel côté penche le cœur me laisse... Perplexe."

Mon regard clair embrassa la vision de Mazhui et d'Iguru. J'esquissai un mince sourire.

"Mais je suppose que cela est du à mon manque d'expérience dans le domaine du recrutement."

C'était vrai. Je m'y connaissais peu dans le choix des membres d'un équipage, mais l'idée d'accepter le premier venu sans se poser la plus petite question me semblait un peu naïf. Je supposai qu'à présent que la transaction était faite, mes camarades allaient me dire pourquoi ils m'avaient fait patienter.


*--->*

Le capitaine était visiblement très ému... et très gêné de ne pas réussir à le cacher. Il était incroyable de voir qu'à l'instar de Saryon, ce colosse, qui avait sûrement tué son comptant d'hommes, pouvait être à ce point perturbé par... quoi ?

De toute évidence, son aventure avait commencé ici. Il gratta la coque du navire qui les avait amené, révélant le nom du Masamune, jadis gravé à cet endroit. Le temps avait presque effacé le mot.

« Ce navire est le vôtre... souffla Leyna. Et vous faites un bon capitaine. Saryon Barbe-rouge vous estime beaucoup. »

Mais voilà qu'arrivent d'autre individus. La semi-elfe n'a pas vraiment fait attention à ce qui se passait à côté, et tout ce monde la fatigue. Cependant, elle perçoit soudain un brusque malaise. Ces gens étaient apparemment sous les ordres d'un certain Heartless, qui est mort dans... la destruction d'une île infernale ?

Mazhui pâlit visiblement. Galion termine de se renfermer sur lui-même, murmurant qu'il aurait parié sur une telle fin pour cet individu.

Par respect, Leyna fit l'effort de se lever. Elle baissa les yeux et dit :

« Triste annonce, toujours, que la mort d'un être cher... Bien que j'ignore de qui il s'agissait, je réciterais pour lui la prière des marins disparus en mer, si vous le désirez. »

« Toutes mes condoléances. » déclara plus sobrement Kassara.

« Euh... ouai... » ajouta encore plus sobrement Snori.

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Je crus à l'appui de Mazhui dans la prudence au recrutement, mais à sa façon de le dire, je sentis une légère pointe de moquerie. Il avait raison, recruter des bras dans une taverne ou un équipage dont on ignorait tout était tout aussi risqué. Je croisai les bras, songeant qu'il me manquait encore pas mal d'expérience des voies de ce monde pour répliquer. Ignorant le marchand qui continuait à nous vanter les mérites des rescapés, l'ynorien s'approcha du navire abimé et tenta de s'enquérir de quelques informations.

Aucun des êtres ne répondit de prime abord, visiblement confus à l'idée de se réclamer d'un équipage. Le silence ne fut brisé que par l'intervention d'une silhouette elfique, qui confirma que ceux à bord n'étaient que des naufragés. Un peu comme moi, la plupart des marins improvisés n'avait appris à naviguer que pendant le périple. D'où pouvait donc venir un tel regroupement ? Les regards méfiants suivaient chaque mouvement de l'ynorien, lui-même concentré sur les paroles de son interlocuteur.

D'un coup, la figure elfique déclara que ce navire avait été sous la direction de Heartless. Mes yeux clairs s'arrondirent, Mazhui manqua s'étrangler, et les deux autres humains du Masamune affichaient une surprise proche de la stupéfaction. Cette émotion se changea en poids, alors que le marin nous annonçait sa mort. Les paroles se changèrent en une image violente dans mon esprit tandis qu'il nous contait les événements. Deux volcans soudain réveillés, un groupe fuyant par navire, d'autres dont celui de Heartless restés vers le centre de l'île, qui avait été engloutie par les flots. Tout cela s'était passé depuis une bonne semaine. Les condoléances du matelot ne firent qu'assombrir les visages. Cynique, Thunderhead s'exprima avec amertume. Selon lui, le destin de cette personne que je n'avais jamais connu était évident. À leur tour, Leyna et ses compagnons présentèrent leur condoléances avec plus ou moins de sobriété. La prêtresse proposa même de prier pour lui, chose honorable mais encore plus tragique à mes yeux.

La peine affichée par mes frères de la Confrérie s'insinua en moi. Je voulais soutenir mes proches de la Confrérie, mais comment ?

( Heartless. Ce nom a tout de même un pouvoir étrange. )

Je n'étais pas spécialement optimiste, mais j'avais appris à partager mes pensées. Je fis un pas en direction de Mazhui et déroulai mes doigts, mais au dernier moment, je me retins de le toucher. Inutile de le mettre mal à l'aise par un contact sans doute inattendu.

"Peut-être... Peut-être n'était-ce là encore pas le véritable Heartless. Nous avons bien rencontré un imposteur auparavant."

Je pris une brève inspiration.

"Quant à son destin... Nous n'en savons rien en vérité. "

Je levai le nez vers les survivants. Si nous allions les prendre sous notre protection, les voir culpabiliser d'en être sorti et pas un homme visiblement attendu n'était que nid à ennuis. La note d'espoir que je tentais de diffuser valait aussi bien pour eux que pour moi.

"Vous pensez que son groupe était au centre de l'île, mais ce n'était peut-être plus le cas quand vous avez embarqué. Et puis..."

J'occupais le silence, décidée à laisser un peu de temps à mes frères pour se reprendre.

"Toute cette histoire est étrange. Sa trace n'avait-elle pas été perdue en Nosvéris ? Si un navire a pu échapper à un sort funeste, c'est peut-être le cas d'autres embarcations partant d'autres zones du rivage. Dans le chaos d'une île qui disparait, qui peut affirmer le contraire ?"

Je ne mettais pas vraiment en doute ce que les naufragés semblaient avoir vécu, mais je restais sur la réserve.

"Heartless a, semble-t-il, été déclaré perdu plusieurs fois. Et pourtant son nom nous revient encore. Ce n'est peut-être pas à moi de dire ceci. Mais d'après ce que vous m'en avez dit, il semble être l'archétype du survivant."

Ma gorge un peu sèche me piqua, et je poussai une petite toux pour chasser cette sensation. Je ne pouvais pas faire autre chose pour tenter de soutenir mes camarades, et je n'étais pas assez cruelle pour changer de sujet abruptement. Ce qui était certain, c'était que je n'allais pas parler de Heartless au passé aussi facilement, alors que son existence et sa mention conditionnaient encore tant de choses pour la Confrérie.


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