CONTENU POUVANT CHOQUER
TragédieSous le soleil flamboyant, côte à côte, les deux amis s'en vont de ces endroits dangereux. Les forêts denses s'éloignaient peu à peu derrière eux, ne formant plus qu'une vaste ligne formant l'horizon. C'était comme une sorte d'air d'arrêt. Il y avait un croisement entre la route qui filait tout droit au loin jusqu'à Tulorim, auquel se rejoignait un chemin plus serré qui partait dans ces marécages abjectes. Il n'y avait même pas de panneau pour les indiquer. Pas une seule indication : il fallait vraiment connaître les environs pour savoir où mener cette étrange route. Bien sûr, on voyait bien au fond qu'elle s'engouffrait dans ces milliers de rangées d'arbres, si bien qu'un voyageur même peu expérimenté pouvait en déduire les lieux : les forêts des marais du Nord. Ceux qui avaient fait ces routes n'avaient pas jugé utile de placer un panneau à ce croisement... Où bien il avait été retiré. Des brigands ou autres assassins utilisent ce genre de procédés pour embrouiller les voyageurs, mais les plus malins ne tombent pas dans le panneau. Les plus idiots tombent dans ce piège, se perdent, - et si ce manque d'indication est réellement causé par une troupe de bandits - sont attaqués lâchement pour se faire voler leurs biens.
L'heure du dîner approchait tandis que le duo de cavaliers gagnait du temps sur leur heure d'arrivée, car ils ne s'étaient point encore arrêté depuis leur départ du campement. C'était sûrement la peur qui les obligeait à foncer, foncer droit devant à toute vitesse pour atteindre un endroit sécurisée. Bien que le tueur fût rendu boiteux, ils n’avaient trouvé aucune raison de garder leur calme. Ils ne parlaient pas, ils étaient trop effrayés. Ils n'en trouvaient pas le courage. Exhen avait eu le courage d'affronter le colosse, assisté par Perceval, mais même à deux le résultat ne fut pas bien superbe. Quel humain pouvait lutter contre deux adversaires à la fois ? Ils s’en étaient sorti et les avait fait fuir promptement. Un tel adversaire devait être surentraîné. Bien qu'Exhen ne soit pas spécifiquement entraîné à se battre, il avait tout de même brillamment réalisés avec succès des attaques rapides très bien placées, mais parées avec aisance par cet homme barbu. Heureusement encore que la flèche n'eut pas été esquivée elle aussi, car la suite aurait été tragique pour nous deux amis. Leur volonté de devenir guerriers (ou archers, c'est pareil) avait en effet été mise à rude épreuve. Ce dernier aura bouleversé à jamais la vie de Perceval, qui connaît à présent cette rage qu'Exhen a su enveloppé au fond de lui. Les deux compagnons se ressemblaient de plus en plus, et seulement Exhen s'en rendait compte. Il avait réfléchi et en avait conclu qu'après les deux précédentes morts, Perceval, comme lui, développerait une rage terrible qu'il ne laissera exploser que dans les situations les plus extrêmes. Exhen considérait cela comme ça. Peut-être se trompait-il au sujet de cette rage qu'il connaît depuis si longtemps. Il 'n’avait jamais eu l'impression de la laisser s'échapper de lui jusqu'alors. Mais il gardait espoir en lui et quelque fois faisait exprès de s'énerver pour qu'elle sorte de lui et pour enfin voir de quoi il était capable une fois dans cet état. Il s'imaginait des tas de choses effrayantes, catastrophique s'il explosait en pleine ville. Peut-être cette profonde colère le rendrait inconscient durant un certain laps de temps, qui sait ? Il deviendrait un animal sans pitié, simplement avec l'envie de se venger, de venger ses parents. Ces pensées autour de ce sujet-là lui occupaient l'esprit pendant qu'il galopait, maintenant un peu d'avance sur Perceval qui grondait son cheval bientôt épuisé.
Quel comble. Le semi-elfe, un future guerrier. C'est ce qu'il espérait. C'est ce qu'il voulait prouver. Etait-ce là une preuve ? Fuir lamentablement, contre un adversaire déjà blessé en plus, qui boitait et dont les capacités étaient très faibles. Exhen aurait pu l'achever, venger Perceval. Il a préféré partir. Il était anéanti par la peur, par cette sensation de danger, qui la réduit à tourner le dos à son ennemi. C'est ce qu'il aurait voulu, lorsqu'il se disait auparavant qu'il combattrait des hordes d'ennemis ? Où était passé son courage lors du duel. Le semi-elfe regrettait déjà, rien qu'une heure après les évènements, la médiocrité dont il avait fait preuve. Une certaine de honte commençait déjà à le dévorer. Et cela agrandit encore sa rage, inconsciemment elle grandit au fil des choses qui se passent dans sa vie, comme ce duel clos par cette pathétique fuite à laquelle Exhen tentait de trouver une excuse potable. Il avait l'air si fort ! Si habitué aux combats ! Je n'ai jamais vraiment combattu d'adversaire aussi expérimenté ! C'est déjà bien de s'être défendu ! J'ai fait mon maximum ! Ces phrases-là résonnaient en lui, car il essayait de relativiser, mais au fond, s'il regardait bien au fond de lui, i restait profondément déçu de ce qu’il avait réalisé tout à l'heure... D'après lui, il faisait honte à Argus. Il espérait que son grand-père n'avait pas vu ce lamentable échec.
Le temps était venu aux deux amis de faire une pause. Principalement pour les chevaux haletants qui paraissaient au bord de l'évanouissement. Faute de la soif et de la fatigue à cause de cette longue ligne droite depuis déjà quelques kilomètres. Ils étaient au bord des plaines vertes, encore. Assis entre celles-ci et un petit fossé. En s'approchant de plus près, Perceval aperçut sous les plantes un peu d'eau sans courant. Il amena les chevaux et les força à d'abord pencher leurs têtes vers le bas puis ils trouvèrent par eux-mêmes cette eau qui leur remplit agréablement le gosier. Elle devait être trop sale pour être bue par des humains (ou des semi-elfes, également). Pendant que les deux chevaux se requinquaient, Exhen mangeait quelques fruits et en proposa à Perceval. Par pure politesse, il refusa la première fois mais accepta lorsque son ami insista. Il avait dans sa poche de quoi tenir deux jours pour une seule personne, et comme à cette allure ils arriveraient sans doute le soi-même, ils ne voulaient rien gaspiller car ces aliments périmeraient au plus tard le lendemain. Ils s'étaient calés à l'ombre, aux pieds de hauts blés qui leur cachaient un quelconque paysage pouvant être appréciable durant le voyage. Le vent les faisait vibrait, créant des petits courants qui continuaient sur toute la première rangée qui longeait la route. Cela indiquait la direction du vent, tout simplement. Perceval, animé par cette curiosité spécifique à la jeunesse humaine, s'avança dans ces hautes herbes en tâtant la brise végétale sur ses doigts. Exhen pouvait toujours l'apercevoir car son chemin restait tracé : les blés s'écartaient puis laissaient au passage une largeur et la trace des pas de Perceval. Exhen lui avertit de faire attention, de ne pas trop s'éloigner. Exhen finit de manger tandis que Perceval s'amusait comme un enfant. Il courait même en s'éloignant un peu trop selon Exhen, qui gardait les bêtes dociles. Elles, elles buvaient. Depuis environ un quart d'heure. Le goût surement amer de l'eau ainsi que sa saleté qu'elle contenait n'avait pas l'air de les déranger plus que ça. Tant mieux, pensait Exhen, plus elles boivent, plus elles fatigueront tard. Quand à Perceval, il se situait alors à une trentaine de mètres de la route. Exhen écoutait le silence, et le bruit des langues des chevaux, claquant la surface de l'eau dans un tempo admirable. Il caressait les bêtes de sa main lentement, gentiment.
Lorsqu'il se retourna vers les plaines, il vit ressortir de celles-ci Perceval. Mais il n'était pas tout seul. En effet, une lame lui écorchait le cou. Une main attrapait la sueur de son front. C'était encore un homme barbu. Un autre. Il paraissait encore plus costaud que le premier. Ce fut d'ailleurs logique que ce ne soit pas l'homme qui avec qu'il s'était combattu auparavant... Comment aurait-il pu les rattraper.
"Mais qu'ont-ils donc, à la fin ??"
Le mastodonte paraissait déterminé, savant ce qu'il faisait. Bien au contraire d'Exhen, ayant le cœur commençant à battre plus rapidement que d'habitude. Il avait déjà ressenti cette étrange sensation face à l'homme barbu des marécages. Cette sensation qui l'avait poussée à fuir, il la retrouvait à l'instant, et il essayait en vain de garder son sang--froid.
-Je suis Aragräah. L'homme de ce matin est Bryemor.Exhen avait tiré son arme, même s'il savait qu'il ne s'en servirait pas, surtout dans ce genre de situation (de prise d'otage...). Bien sûr, il se demanda comment les deux hommes pouvaient bien se connaître. Il y avait des milliers de raison possibles.
L'étranger était blond, barbu, les chevaux tombant sur ses épaules. Il devait être plus vieux que le barbu précédent. Il paraissait plus puissant que l'autre, également. Sa carrure, plus fine mais plus musclée, laissait comprendre que c'était un habitué des combats. Mieux valait ne pas chercher le combat. Il avait une longue épée en fer brillant, accrochée à sa ceinture, même pas dégainée. Car de sa seule main libre - car de l'autre il tenait Perceval au niveau du front - une dague était maintenue entre son au niveau du cou, où des filets de sang coulaient à peine, car l'oppression de la lame sûrement bien aiguisée avait déjà commencé à ouvrir la peau du pauvre jeune homme. Celui-ci semblait être apeuré. Son visage était horrifié, ses mains tentaient ridiculement de s'échapper de cet emprisonnement, et la sueur mélangée aux larmes mouillait son visage dégoulinant. Il haletait comme un pauvre chien assoiffé.
-Bryemor et moi avons retrouvé un corps, cette nuit. Ce corps était celui d'un ami. Il s'appelait Kazabian. Il a été tué par des humains. Bryemor et moi avons fouillé les alentours. Nous sommes tombés sur un campement, où résidaient pour la nuit ces farouches humains, sûrement complices de cet assassinat. Sans doute le tueur en faisait parti.Il parlait d'un ton très haut, comme s'il faisait la morale à des enfants. Il regardait le semi-elfe droit dans les yeux, les sourcils froncés.
-Nous leur avons donné un signe. Un mort. Ils auraient pu comprendre qu'il fallait partir. Ce territoire ne les appartenait pas. En plus de cela, ils avaient farouchement tué un des chasseurs à qui appartenait ce territoire. Ils sont restés, et ont sali nos terres en déposant ce cadavre ignoble. Un deuxième signe. Un mort. Ils sont stupidement restés là toute la nuit. Notre terre avait été entièrement salie. Bryemor, furieux, s'est lancé droit sur vous, comme vous avez le constater. Ayant le sens de l'honneur, je l'ai laissait agir seul, sans le perturber. Vous l'avez attaqué à deux. Vous ne connaissez pas l'honneur. Il est maintenant blessé. Je vous ai rapidement suivi à travers ces plaines, à cheval. Je vous ai entendu et me voilà maintenant face à vous. Vous n'êtes rien, et vous allez mourir.Perceval fit un visage d'enfant qui pleure et cria doucement. La lame s'enfonçait paisiblement, laissant s'évanouir le pauvre enfant sous la douleur trop profonde. Cette seconde-là lui parut interminable. A peu prés à la moitié de la largeur du cou, il ressortir sa lame de cette molle matière rougeâtre et laissa tomber le corps. Son ventre était plein de sang, on ne voyait plus son cou. Il avait toujours la bouche ouverte.
Exhen recula, horrifié Il lâcha son arme, car il tremblait trop pour réussir à la maintenir. Ses faiblesses ressortaient alors. Il n'avait jamais combattu. Il avait pu auparavant se défendre, mais il avait dé&jà fait son maximum le matin-même. En reculant, il trébucha sur la pente du fossé et ses fesses atteignirent l'eau. C'était pathétique. Aragräah avançait en essuyant sa lame avec on torchon fait pour cela. Il sortit expressément son épée et la dirigea juste sous le menton d'Exhen.
-Aujourd'hui, mon ami, je vais t'apprendre l'honneur. Comme tu ne l'as à priori jamais acquis, je vais te faire une simple démonstration. Ne jamais tuer un adversaire sans lui laisser de chance. C'est la loi de l'honneur la plus connue. Ton autre ami s'est défendu dans ces fougères, donc je n'ai pas contredit cette règle. Alors que toi...Ils restèrent quelques secondes comme ça. N'importe qui qui passait aurait pu les voir. Alors Aragräah rangea son arme, et repartit dans les herbes lentement, en tournant le dos à Exhen. Il savait que ce dernier n'aurait pas le cran d'essayer une attaque par derrière. Mais il l'espérait aussi. Car cela aurait été un outrage au code de l'honneur. Aragräah avait pour habitude d'instruire aux ignorants l'honneur, comme ici. Il pensait réellement que cet honneur suffisait sûrement à restaurer une certaine paix entre les races, un respect qui s'est depuis longtemps perdu. C'était sa façon de penser, égale à celle Bryemor, et de Kazabian. Trois chasseurs. Maintenant deux dont un blessé.
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Exhen, paralysé par la peur, resta immobile quelques secondes, en regardant dans la direction d'où était partit l'homme. Cette raflure, pensait Exhen. Remplit de cruauté camouflée par ce soi-disant code d'honneur. C'était un prétexte pour cacher cette personnalité si détestable, et intolérable. L'homme n'était pas humain, tuer un un jeune comme ça parce qu’il croyait qu'il avait auparavant tué l'un de ses amis. Comment un humain pouvait-il faire cela, de nos jours ? Quel passé l'a forgé à accomplir de telles actes, sans paraître ressentir une seule émotion au moment de l'acte ? Cela dépassait largement Exhen, qui restait assis dans l'eau dans cette position certes humiliante, mais cependant confortable.
Toutefois, conscient de son état d'inertie totale, il se releva, inquiet de la santé de son ami. Bêtement, il lui tâta le cou et en conclu difficilement qu'il était mort. Il fut idiot d'en espérer l'inverse, car il voulut vraiment que cela ne se finisse pas comme cela. Toute la troupe avait été sauvagement assassinée, sauf lui.... Portait-il la poisse ? Est-ce que Dieu cherchait à le punir ? Mais de quoi ? L'injustice fut le sujet principal de ses pensées lorsqu'il tirait une conclusion bien claire de toute cette mésaventure, pendant qu'il continuait sa route. Il était remonté sur le cheval qu'il avait monté le matin et avait accroché l'autre derrière celui-ci, en enroulant les rennes sur un cordon qui pendouillait au niveau du jarret. Le cheval qui suivait devait abaisser la tête pour ne pas gêner celui de devant, mais c'était le seul moyen qu'avait trouvé Exhen pour le faire suivre.
La route fut bien longue. Comme à l'allée, il se trouvait tout seul mais cela lui faisait tout de même un peu de bien. Finit les ennuis, les courses-poursuites, les morts, les assassinats nocturnes. Et puis Exhen n'appréciait guère trop de compagnie. Cela lu était plaisant dés fois de rencontrer des gens, de discuter, de partager des idées. Mais trop pour lui, c'est maximum deux jours avec plusieurs personnes. Il avait presque passé ce cap. Son état de solitude le regagna. Ses profondes réflexions animèrent en lui des débats intérieurs, discutant du pourquoi du comment étaient mort tous ces pauvres individus, quasiment tous innocents. Perceval n'y avait été pour rien. Il était mort à cause de la chasse, et des représailles d'homme furieux et si... intolérants.
Exhen ne voulait prendre de responsabilités. D'après lui, il n'avait rien à voir avec ces évènements funestes. Perceval s'était lui-même proposé à rejoindre cette partie de chasse. Il ne l'avait pas forcé. Il remarqua que sa mère avait eu raison de s'opposer à cet élan d'inconscience, mais elle n'avait pas fait assez preuve d'autorité quant à la décision de son fils. Elle avait donc failli à sa tâche, à son rôle, d'après Exhen. La répercussion de cette erreur en fut énorme, et tragique, si on repense à tout ce qui s'est passé, au total... Sans doute elle le méritait. Elle avait beau faire bel effet à première vue, elle avait faillit à une chose que n'importe quelle mère doit savoir faire : la sécurité de son ou ses enfants.
Après une bonne marche de trot, et que le cheval de derrière commencer à geindre de sa position très désagréable, Exhen décida de changer complètement sa façon de se déplacer avec les deux animaux. Il détacha la pauvre bête de derrière qui profita de sa totale liberté de mouvement pour remuer sa tête et son cou qui craquèrent dans un bruit fort et hennit de plaisir, puis il remonta sur son cheval et maintenu les rennes dans sa main droite pour que l'autre cheval fut à sa droite. Il ordonna aux bêtes de galoper. Il repartit bien plus vite mais cette fois ce fut Exhen qui se fatigua. Son bras devait soutenir une partie du poids du cheval pour ne pas qu'il parte n'importe où. Il dût faire une pause régulièrement ou il devait ralentir pour que le cheval de droite passe à gauche, pour ainsi échanger de bras. Il ne se passe rien dans cette longue après-midi épouvantablement pesante. Seule la lourde chaleur représentait un ennemi pour Exhen.
En fin d'après-midi, le voyageur, après multiples changements de bras et beaucoup de pauses, vit enfin loin autre chose qu'une route infinie et que des plaines vertes si ennuyeuses à la longue.
Fin du long périple.