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Si les humains amenèrent rapidement une carcasse de chevreuil, Astidenix n'était pas prêt à me suivre pour autant. Il proclame que la bataille est la leur, alors que cette guerre ne devrait même pas être celle de ce monde. Je vais pour répondre, tenter de convaincre Astidenix de sa folie et de la haute probabilité de réussite de mon plan, mais Anouar de sa petite voix perchée intervient dans mon esprit : (N'oublie pas ta place, guerrière de Yuimen.)
Je ferme les yeux et tente de reprendre une respiration calme, laissant Anouar faire remonter le souvenir directement dans mon esprit. Juste après ma cérémonie sur Nyr 'tel Ermansi, Yuimen avait tenu à parler avec mon père et moi. Nous avons alors discuté des sanctuaires, d'Oaxaca, des gardiens et de leurs rôles.
"Au-delà de la cérémonie, il te faut savoir exactement ton rôle, en tant que Gardienne de Yuimen. Ce n'est pas ma foi qu'il te faudra protéger, car ce n'est pas l'extinction de ma religion que je redoute en cette époque. Ton rôle de Gardienne est de lutter pour que nulle autre que moi, ne puisse dominer un peuple entier. Tu lutteras pour que les peuples puissent continuer à me vénérer s'ils le souhaitent; mais ton rôle sera aussi d'aider les peuples à vivre librement. Mais n'oublie pas, Gardienne, tu viendras offrir ton aide aux peuples selon ton coeur et ton jugement, mais jamais tu n'iras contre leur volonté. Jamais, au grand jamais, tu forceras un peuple à aller contre sa véritable nature; jamais tu ne convoiteras un pouvoir temporel. Tu seras un conseil et un appui en temps de guerre, mais s'ils refusent tes conseils, tu demeureras un appui fidèle, sans chercher à aller contre eux; car tu es un gardien et non un dirigeant. Et comme tu me respectes, tu respecteras les peuples et leur nature profonde."
Ce n'est que maintenant, plus d'une année après, que je comprends ce que Yuimen voulait dire. La nature de ce peuple est de craindre la magie, jamais je n'aurais dû la proposer. Et même si mon pouvoir et mon plan auraient pu permettre une victoire qui ne mettrait en jeu que ma vie et celle de Therion, il aurait été contre la nature fière et combative de ce chef de guerre, autant que de ses hommes.
J'aurais pu débattre et chercher à leur montrer les avantages de mon plan, mais ce n'est pas là mon rôle. Ils veulent combattre, je me battrais à leur coté. Je croise les bras sur la poitrine et m'incline profondément : "Il en sera fait selon vos ordres, Astidenix des Hommes Pâles. Que vos Dieux vous protègent dans la bataille. Lothindil, Guerrière de Yuimen luttera avec vous."
Je me tourne vers Therion : "Repais-toi vite et oublie le plan. Les humains veulent chasser en meute ce soir, nous chasserons avec eux. Je pars devant !"
Je réfléchis rapidement à ce que je vais faire et à comment le mettre en place. Les Garzoks doivent percevoir de ma charge celle de la forêt et de la terre qui les entoure. Il faut que je parvienne idéalement en une seule action à leur faire comprendre qu'ils peuvent sauver leur vie, en fuyant, car la colère de Yuimen est sur eux. J'ai déjà tenté de faire croire à Iso Karhù que j'étais un monstre de feu et de chair, mais le résultat n'a pas des plus probants, mais ces Garzoks stupides ne sont pas Iso Karhù !
(On pourrait faire mieux.) (Comment ?) (Le parchemin dans la poche de droite.)
Fouillant ma poche, j'en extrais un rouleau de parchemin de sort, nuage de poussières. Avec tous les évènements qui se sont passés depuis mon passage à l'ermitage, j'ai complètement oublié ces deux sorts. Mais je ne vois pas le rapport entre de la poussière et mon plan.
(Aurais-tu oublier le pont de plante ou la table à Kendra Kâr ?)
Je ne suis pas prête d'oublier la table de l'auberge de la tortue guerrière et le pouvoir qu'à Anouar de modifier ma magie. Ainsi donc elle compte me faire charger auprès d'une nuée de monstres de poussières, vu l'efficacité de la magie ici, le résultat risque d'être monstrueusement génial. Pour peu que Yuimen soit de mon coté, les nuages de poussières vont faire comme le repère dans la plaine pour le lupin, cela serait un renfort -ou de nouveaux adversaires, mais je préfère oublier ce risque- inattendu et bienvenu.
J'ouvre le parchemin et le parcours pour m'imprégner de la magie qu'il contient et qui s'efface peu à peu tandis que Astidenix donne l'ordre de se préparer à la charge. On nous amène des chevaux et le regard du chef de guerre vers moi en dit long, si je veux frapper en première, il me faut partir de suite.
Je saute sur la monture gentiment prêtée, me demandant avec un sourire si Harniän, qui était dans les écuries n'est pas monté par quelqu'un d'autre au sein de cette armée et m'élance vers les ennemis, prenant le parti de partir vers la droite et le fleuve, pour m'éloigner un peu de l'armée des hommes pâles, je n'aimerais pas les piéger dans ma magie.
(Soit prête à prendre le relai dès que j'en ai fini !)
Les épées au fourreau, ma seule main sur les rênes, je me concentre sur mon objectif, qui implique d'imaginer une charge sauvage d'animaux et de monstres de la forêt. J'imagine le bruit assourdissant de la terre qui tremble et se plaint d'être ainsi piétinée, mais aussi les hurlements des loups qui combattent, les grondements des loups de Thimoros, les rugissements des smilodons affamés.
(Prête ?) (A tes ordres, Gardienne !)
J'approche de l'armée adverse, doublée par les flèches enflammées des hommes pâles. A défaut, ils m'avaient suivis sur ce point-là, et dans le campement, c'est désormais le chaos. Je chasse de mon esprit les images de la bataille de Tahelta, et me concentre uniquement sur mes sorts et ma magie. Ce combat-là fait de sang, d'horreur et de lâcheté sera pour Astinor, pas pour moi. Les guerriers Garzoks, fiers dans la bataille ne sont plus que des êtres désorganisés, leur esprit vulnérable, c'est le moment pour moi de lancer mon attaque.
"REA YUIMEN !!!" hurlé-je en relâchant d'un coup un maximum de puissance magique.
Petit à petit, je relâche mes fluides, de manière à ce qu'Anouar puisse venir s'y mélanger. La terre autour de moi vole derrière les chevaux en nuages de poussière, c'est cette poussière qu'il me faut rassembler. Tout autour de moi, la terre doit devenir de la poussière, de la poudre fine qui viendra faire s'étouffer les ennemis de ceux dont j'ai choisi la cause. Mes fluides doivent pouvoir se répandre dans toute la terre autour de moi, suivant l'irrégularité du sol, soulevant la moindre des particules minérales accrochées entre deux herbes, prête à se décrocher au moindre vrombissement. D'abord tout près des pattes du cheval, voire même directement sous ses sabots puis petit à petit, je m'éloigne de ses pas, couvrant une zone de plus en plus large.
La poussière se lève en fin nuage, Anouar peut commencer à la modeler, à moi de garder le flux magique et d'y ajouter une touche de réalisme dans l'esprit de ceux qui croiseront la route de ma magie. Il me faut désormais que la ceux qui soient touchés par ma poussière pensent qu'il s'agit là des monstres que j'ai imaginé, loups de Thimoros, meute de loups blancs ou groupe de smilodons affamés. Que loin d'être de la simple poudre aux yeux, les animaux modelés par Anouar deviennent de véritables monstres ravageurs, immisçant la terreur dans l'âme de mes adversaires.
J'y mets tout mon coeur, toute ma volonté et un bon morceau de mon énergie, relâchant mon pouvoir au maximum, Astinor reprendra bien la charge derrière et, j'espère, Therion me protègera au besoin.
(Je suis le Courage. Je suis celle qui ne craignait pas de souffrir pour sauver une vie. Je serais celle qui luttera à mort pour protéger les autres.)
Comme un écho survenant d'un passé lointain, mon âme se souvient d'être déjà morte et c'est dénuée de toute peur que je relâche mes fluides dans une combinaison que j'espère meurtrière tandis que j'entre dans le campement des peaux vertes.
(((Apprentissage par parchemin du sort de "nuage de poussière" et mise en application avec la combinaison : Nuage de poussière : Étend un nuage fait de poussières et de minuscules cailloux tout autour du lanceur de sort qui touche aussi bien les adversaires que les alliées. Cette poussière pénètre par la bouche et le nez, gênant la respiration (rayon : lvl/4 mètres; ini-0,25/lvl pour toutes les cibles touchées sur le tour suivant) et Hallucination collective : Modifie la perception de [lvl/4] cibles, arrondis à l'inférieur, minimum 2, leur faisant percevoir une réalité alternative de celle existante. La réalité perçue est entièrement maîtrisée par le lanceur de sort. Avec l'expérience du lanceur, elle concernera un morceau de réalité plus étendue. (Maîtrises-0,5/lvl pour l'attaque suivante, pendant lvl/4 tours, maximum 5 tours). L'effet peut être annulé par l'utilisation de certaines CC ou sorts. Les deux au niveau 30.)))
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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