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Andel’Ys – Demeure d’Astidenix.Sheeala d’Argentar sembla ne guère apprécier les paroles de Kiyoheïki concernant les ynoriens défendant leur foyer, en rapprochement aux hommes pâles qui, officiellement, avaient vendu le leur sans ciller. Elle se tut, néanmoins, ne sachant pas s’il était sérieux, ou s’il jouait encore la comédie, en ce huis clos particulièrement embarrassant. Naral sembla s’amuser de cette imperceptible crispation, et commenta.
« C’est pourtant Kendra Kâr que vous défendez, indirectement, en empêchant les troupes d’Omyre de fouler votre sol. Et ce sont vos vies qui payent le tribut de la guerre. Vous aident-ils, pourtant, pour contrer les raids des garzoks sur vos villages ? La guerre, maître Kiyoheïki, est infiniment injuste. Hihihi. »
Il soupira et se leva de son siège pour faire les cent pas devant son petit auditoire.
« Je suis différent d’un Omyrien, Ynorien, car vous attendez d’un Omyrien qu’il soit martial, frontal et violent. Vous attendez d’un Omyrien qu’il favorise le nombre de ses troupes à la stratégie fine, à la ruse. Vous attendez d’un Omyrien, enfin, qu’il soit le méchant, qu’il soit un monstre. Ici, à Andel’Ys, ce soir, c’est tout l’inverse qui se passera. »
Son regard d’or s’arrêta sur la Reine, et ensuite sur celui d’améthyste du semi-elfe. Mystérieux.
« Vous avez beau le nier, vous ne pouvez leurrer les yeux d’un dragon. Et les troupes, ce jour, qui ont fui la cité pour traverser la plaine n’étaient pas des réfugiés s’en allant subsister loin de la guerre dans leur sylvaine capitale. Pas de civils, pas de lourd chargement. Des armes, des armures, des guerriers. J’ignore quel assaut désespéré vous avez prévu, mais il causera la perte de Hommes Pâles. Et puisque je suis sincère et franc, contrairement à vous et vos petites tromperies de dupes, je vais vous exposer le récit de cette soirée… Car c’est ainsi qu’elle sera narrée, plus tard, dans les légendes. Hihihi. »
Orateur, il se fit presque théâtral pour poser la scène, usant de larges gestes pleins de passion pour décrire son plan.
« Après une reddition sans combattre, un accord de paix et de libre passage, les Hommes pâles, traîtres à leur parole, se retournèrent contre leurs invités. Quelle ne fut pas leur déconvenue, pourtant, lorsqu’ils massacrèrent d’innocents esclaves ynoriens, kendrans, escar’olthiens, prisonniers d’Omyre libérés de leur servitude désespérée contre la promesse de se battre, une fois, pour la Déesse Noire. Les armes salies du sang de ces purs, ils furent néanmoins punis par une pluie de flèches, de feu et d’ombre déferlant des murailles assiégées par son propre peuple. Car dans l’ombre de la soirée, alors que les serfs fêtaient leur dernier jour sur terre, des troupes s’étaient infiltrée dans la traîtresse cité, se dissimulant le long des murailles pour frapper, le moment venu. Nul besoin de gradés, dans ce combat sans honneur, punissant d’une justice implacable les traîtres et les parjures. Ceux que désormais, tous verront comme ils sont. Car oui, chers amis, tel votre plan, tout n’est qu’illusion. Hihihi. »
L’horreur était née dans les yeux de la placide Sheeala d’Argentar. Acculée par son ennemi, elle hurla :
« Non ! »
Et l’instant d’après, elle changea… De froide beauté juvénile, ses traits prirent ceux d’un monstre de la nuit, mélange entre une femme et un oiseau de proie terrible, au plumage pourpre et à la peau sombre. Le regard de braise, les plumes et ailes déployées, elle était impressionnante, ainsi, cette Reine au lourd secret, représentante des femmes de son peuple.
Et ainsi parée, elle se jeta sans plus de retenue sur Naral Shaam, dont le sourire s’était renforcé, derrière ses yeux d’or. Préparé à toute éventualité, il leva une main ouverte face à lui, et d’elle sortit une autre main, gigantesque, toute faite d’ombre, qui vint stopper l’élan furieux de la harpie, l’étreignant entre ses doigts d’ombre comme on manipulerait une simple poupée.
« Enfin montrez-vous votre vrai visage, Reine. Enfin les vraies discussions vont pouvoir commencer. »
Il avait ce ton du victorieux empreint de fierté, du railleur qui fustige. Le ton du monstre qu’il était… Andel’Ys – Campement extérieur (bataille).La charge était lancée. Sur deux flancs, le campement allait se faire assaillir. Et au cœur de celui-ci, la panique battait son plein. Les êtres y résidant avaient trop fêté, ce soir, pour être réellement concentrés et disciplinés pour former des bataillons corrects. Ça courait pour chercher des armures, des armes, tentant de regrouper du mieux possible les compagnies. Une discipline militaire tout à fait absente.
Et l’arrivée de Lothindil, en fer de lance de l’armée pâle, accompagnée de son nuage de poussière agressif prenant la forme de monstres sauvages tous droit sorti de cauchemars n’améliora guère la situation, et ne fit qu’augmenter la confusion des assaillis, qui, sur tout ce flanc de combat, sur près de vingt mètres de large, s’enfoncèrent en fuyant dans le campement, ou vers les côtés, où la charge illusoire ne frapperait pas. Les rares qui restèrent furent assaillis par la poussière, qui s’élevait comme un brouillard et aveuglait, pénétrait les bouches, yeux et narines et causant aveuglements et quintes de toux rauques. Impossible sur cette zone de venir voir les flèches enflammées, de voir même la cavalerie et la piétaille pâle charger de concert… Lothindil arriva première dans le campement, et partout autour, il n’y avait que des ombres qui fuyaient. Elle-même n’arrivait pas à distinguer quoique ce soit de net dans cette tempête de terre légère. Certaines, cependant, se regroupaient autour d’elles comme pour l’encercler, et lui faire payer sa témérité.
Derrière, Therion avait pu assister au début de la charge des hommes pâles. Et il n’avait pas dû s’attendre à ça. Car outre chaque guerrier mâle ayant sur lui une minuscule bourse de cuir dont ils absorbèrent le contenu en le reniflant, semblant soudain pris d’une frénésie du combat terrible, il y avait aussi les demoiselles des hommes pâles. Il avait pu les voir, lors de sa remontée de l’armée. À peine armées, peu protégées, elles faisaient l’effet de soutiens moraux plus que de combattante… Erreur d’appréciation, à l’évidence, car des individus féminins, pas un ne se changea pas en une créature qui ressemblait étrangement à celle qu’il avait déjà pu combattre, en version plus petite, quelques jours plus tôt. Des harpies. De ces créatures effrayantes, trois se distinguèrent et, plus vite que leurs consœurs, volèrent à l’assaut des camps ennemis. Les trois dirigeantes d’Arothiir, celles qui accompagnaient il y a peu le gouverneur Astidenix et son fils dans l’état-major de la bataille.
Celle aux cheveux blonds.
Celle aux cheveux noirs.
Et celle, plus déshabillée, aux cheveux bleu-gris.
Elles menèrent la charge aérienne, plongeant telles des rapaces sur les campements ennemis et faisant les premiers morts, les enserrant dans leurs serres pour les soulever de terre et les relâcher avec force sur le sol, sur les murs, dans le lac immense avec des cris de terreur ignobles. La cavalerie n’était pas en reste, cependant, et Therion de ses muscles puissant parvenait à maintenir le rythme effréné des chevaux, la piétaille chargeant en courant derrière eux. Il était resté près d’Astidenix et de Seok, et n’avait pu échapper au commentaire du gouverneur guerrier face au sortilège lancé par Lothindil, même s’il n’en comprenait sans doute pas le sens :
« Qu’est-ce qu’elle fout ? On n’y voit plus rien ! »
La charge ne s’abattit pas moins avec une violence extrême sur le campement. À tel point que des tentes furent arrachées de terre, et que la moindre silhouette passant se fit faucher, salissant de rouge le blanc des toiles. Therion y arriva aussi, dans cet enfer de poussière soulevée et de cris, le cœur de la bataille. Trois ombres se dressèrent face à lui, des humains en cottes de mailles avec des bracelets de fer. Ils étaient assez faiblement armés, de masses ou d’épées de mauvaise qualité, mais semblèrent vouloir se liguer contre le lupin et entraver sa progression auprès d’Astidenix. Lui-même maniait sa masse de main de maître du haut de son cheval, là où son fils, véritable force de la nature, en était bondi pour frapper de ses haches tous ceux qui se présentaient à lui.
Sur le flanc nord du camp, l’armée Oméga accusa un peu de retard sur ses alliés. Sufisamment pour que l’attention sur ce côté du campement soit quasiment éteinte, abandonnée. Pas totalement, pourtant, puisque quelques humains et orques se dressèrent dans la nuit, les seconds poussant les premiers en avant pour accueillir la charge. Au loin, derrière les tentes, les portes étaient closes. Il faudrait traverser le camp pour les rejoindre, et à cheval, ça pouvait s’avérer risqué. Tendeurs, toiles et objets abandonnés là jonchaient le sol comme autant d’obstacles. Les cinq cavaliers qu’Alistair s’étaient arrogés le suivaient, et dévièrent légèrement de la charge en le suivant pour prendre directement, et profondément, la direction des portes. Une percée qui ne se fit pas sans mal, mais qui fonctionna, jusqu’à ce que le petit groupe fut forcé de freiner l’allure, encerclés de tentes et d’humains aux yeux hagards, rageurs, prêts à fondre sur eux avec leurs armes et leurs poings ferrés. Ils semblaient vouloir en découdre plus que tout. Ils étaient comme fous. Une quinzaine les cernaient directement. D’autres étaient sans doute à portée.
Heartless, lui, était resté avec le gros de la troupe, dominant de son cheval la charge de la piétaille de Fan-Ming. Le lac était à sa portée, à quelques centaines de mètres sur la gauche, et il n’aurait aucun mal à le rejoindre. Mais seul ? Il pouvait sans doute demander du soutien des troupes ynoriennes, si leur manque n’était pas trop grand dans la mêlée principale. Ou il pouvait charger avec eux le campement, où la première ligne s’afférait face aux humains et aux orques, bataillant sans progresser pour l’instant. C’était sans doute l’endroit ressemblant le plus à une bataille de l’entièreté de ce macabre spectacle. Partout ailleurs, tout n’était que massacre et confusion.
C'est à ce même endroit, près du pirate, qu'un cheval ailé, bien inspirer d'arriver à ce moment, déposa Eva, l'enchanteresse de glace. Légèrement en retrait sur la bataille débutante, ça lui donna un aperçu d'ensemble... Même s'il n'était guère aisé de s'intégrer dans un tel contexte, sans rien savoir des tenants et aboutissants de ce qui se passait là dans les Plaines Pâles, entre le Lac Andel et la foret d'Emeraude. [Kiyoheïki : 0,5 (intériorisation) + 0,5 (enquête) + 1 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! - saponaire. Heartless : 0,5 (réflexion d'un plan). Mot : 1 bon ! - scolie. Alistair : 0,5 (intériorisation) + 1 (plan) + 1 (bonus longueur). Mot : 1 bon ! - somniloque. Lothindil : 0,5 (intériorisation) + 1 (plan) + 0,5 (sortilège impressionnant) + 2 (bonus longueur). Mot : 0. - surlé. Therion : 0,5 (intériorisation) + 0,5 (charge) + 1 (bonus longueur). Mot : 0. - syntagme. Eva : mot : favonien.]
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