~Auparavant~





Étrange est cet elfe mauve, reprenant une expression confiante alors qu'il est en mauvaise posture. Et une nouvelle fois, je n'en comprends la raison que trop tard. Alors que la Reine fond sur l'ennemi, j'entends celui-ci prétendre de pas craindre ma lumière. Et sur un geste, les ténèbres s'abattent sur la pièce. Par réflexe, j'effleure la pierre bleutée de mon casque, pour m'apercevoir avec un brin d'angoisse que sa lueur ne fonctionne pas. Pire, elle a l'air absorbée par la nuit qui nous entoure. De la magie noire. L'ombre faisant honneur à son nom. Voilà le pourquoi de son regain de confiance. Dans cette situation, nulle luminosité ne saurait défaire son pouvoir... Je ne panique cependant pas. Si mes yeux ne percent pas cette noirceur, je doute que ceux de l'adversaire y parviennent. Et j'ai déjà eu à combattre dans la pénombre, mais celle-ci est magique...

Mes oreilles m'apportent le son de la lutte entre la Reine et le serpent d'Omyre. Elle finit par s'interrompre et un silence pesant prend place. Je crois percevoir le bruissement des plumes de la Dame-Harpie, mais pas le déplacement de Shaam. Il doit se tenir immobile, préparant son prochain assaut. Et dans l'ombre, il a le dessus. La magie en Aliaénon a de telles possibilités que je redoute le voir retourner ces ténèbres ambiantes contre nous. Il me faut réussir à affaiblir sa puissance. Mais comment ?

Je décide de prendre le risque de faire connaître ma position, aussi bien pour informer Sheeala d'Argentar de celle-ci que pour attirer l'attention de Shaam.

"Tu prétends ne pas craindre ma Lumière et pourtant tu dissimules ta présence dans les ténèbres, comme le végétal acaule masque sa tige."

Dans le noir, je suppose qu'il s'apprête à déchainer sa magie, car s'il fait le moindre bruit, la Reine peut fondre sur sa position. Je dois le contrer, me servir de l'instabilité de cette puissance en Aliaénon pour influer sur ses performances. Renverser l'équité de la magie dans ce lieu. C'est risqué, mais je dois essayer, et mes fluides peuvent m'y aider. Je me concentre, songeant aux capacités que j'ai déjà acquises. Je veux accroitre ma maitrise tout en diminuant la sienne, son aptitude à se battre. Un mélange entre la bénédiction pour moi, et une sorte de pacifisme uniquement pour lui.

Mais le temps pressant, je dois lier les deux en un seul sort.

Dans la pénombre, j'ai la sensation de mieux percevoir bien des choses. À commencer par mon énergie dorée. Je la canalise, mais ne la relâche pas. La pratique m'a appris à la modeler selon ma volonté. Et en cet instant, je souhaite renforcer la maîtrise de mes pouvoirs et diminuer la sienne. Vif claquement dans ma paume, car ma magie n'est pas censée nuire à autrui.

Immobile, j'inspire rapidement, modifiant mon image mentale. Pas contraindre à moins bien faire, mais plutôt détendre, au point que la concentration adverse en pâtisse. Vite. Le temps joue contre moi. Nouvelle canalisation, que j'accompagne de mon souhait de surpasser cet ennemi. Je dois aussi continuer à attirer son attention sur moi. Il est puissant, sans doute bien plus que moi, mais ma détermination m'aide à faire fi de ce détail. Sa trop grande confiance en lui et son orgueil peuvent entrainer sa chute.

Il le faut.

"Couard."

S'il a l'intention de fuir la lutte, j'espère que mes paroles l'en dissuaderont. Je m'efforce de croire que sa vanité et sa condescendance lui joueront un mauvais tour. J'en appelle à ce monde et à ses effets sur la magie, cherchant délibérément à provoquer un déséquilibre grâce à la mienne. Puisse Aliaénon m'épauler dans cet essai.

Sur mes gardes, je relâche mes fluides en vagues successives, de plus en plus précises, bien déterminé à leur faire couvrir autant de distance qu'en masque cette pénombre.





(630 mots)


Tentative d'apprentissage du sort neutre "Vague psychique" : Lance des fluctuations d'énergie magique favorables aux alliés et défavorables aux ennemis des environs. Lancer un sort devient alors plus difficile pour tous les ennemis et plus aisé pour les alliés. (Les alliés ont +[lvl+5] et les ennemis -[lvl+5], maximum + ou - 40, à leur jet pour leurs attaques magiques à venir. L'effet dure pendant [lvl/4]tour, arrondis à l'inférieur, sur un rayon de [lvl]m).

Je suis la première à m'avancer dans cette zone là, cela se voit. Mes ennemis fuient devant moi, ils ont l'air de vouloir rentrer dans la cité, comme moi. C'est dommage, car cela seras soit eux, soit moi. Et je compte bien faire en sorte d'entrer.

Me voilà donc face à une dizaine d'ennemi, armes en main. Je déglutis difficilement. Cela me fait un peu peur, même si je sais que j'arriverai sûrement à les pourfendre si je les prends un par un. Je crées mon mur de glace. C'est plus défensif qu'offensif, comme sort. Mais cela fera l'affaire. Le soucis c'est qu'il faut que je passe le plus vite possible de l'autre côté. Plus je reste ici, au milieu de tous, plus j'ai une chance de finir écrabouiller par je ne sais quel ennemi. Pour l'instant, mes ennemis sont acculés entre le mur magique et les murs en pierre de la cité.

Les fantassins de Fan-Ming sont derrières moi et ne devrais pas tarder à être à mon niveau. Tant mieux. Je descends de mon cheval, et je dégaine mon sabre. Je dois être prête à combattre au corps à corps. Je n'aurai pas forcément toujours le temps de balancer un sort pour anéantir l'horreur qui me fait face.

Je me rappelle avoir réussi à charger ma magie dans ma lame. J'avais réussis à augmenter le potentiel destructeur de mon simple sabre. Il faut que je le refasse. Quitte à mettre les boucher double niveau énergie. Il faut que j'ai une vraie arme digne de ce nom, afin de pallier mon manque d'expérience. Cela ne feras sûrement pas tout, mais c'est déjà ça de gagner.

Ainsi, en attendant les troupes à pieds, je me recule légèrement du mur, au cas où mes ennemis parviendraient à l'ébrécher. Je me concentre quelques instants, faisant le vide dans ma tête, comme je l'ai fait à Nagorin. Puis j'essaye de réunir mes fluides dans ma main gauche, celle qui ne porte pas le sabre. J'aspire l'énergie qui circule partout dans mon cœur pour la faire venir dans mes doigts et ma paume. Ma main dégage une aura glaciale, j'ai réussi, jusqu'à là. J'essaye maintenant de relâcher doucement ces fluides qui me font presque mal. Je recouvre ainsi ma lame de ma magie, et je prie pour que cela marche. Il faut augmenter ma puissance, pour pouvoir vaincre l'Ennemi. Et tout les moyens sont bons.

(((Lame élémentaire : Capacité d'insuffler de la puissance magique dans une arme. Force de l'arme +75%. Cet enchantement demande un tour complet de concentration, mais dure pour l'entièreté du combat. Pour que ça marche, il faut avoir un minimum de 1PM d'un élément au choix. La capacité ne consomme pas de PM par ailleurs.
(430 mots) )))

L’avancée du liykor noir s’était poursuivie dans un flot de sang, alors qu’il donnait des coups de hache, maintenant tant bien que mal le poids mort sur son dos. Ce qu’il cherchait se révéla à son regard : un bouclier plus adapté à la protection, plus maniable surtout, que le cadavre qui lui couvrait grossièrement le dos. Lorsqu’il laissa tomber ce dernier, il s’aperçut que quelques flèches le hérissaient, et il poussa un grognement satisfait. A peine le temps de reprendre son souffle et de soulever le nouveau rempart vers le ciel, il reprenait déjà sa marche. Des humains étaient blessés, des alliés, des ennemis ; pour ce qu’il comprenait de ce chaos, cela lui importait peu : au final, cela ferait sans doute moins d’ennemis des Enfants. Ce serait peut-être le plus beau : vaincre tous les serviteurs d’Omyre, et en même temps épuiser tous ces humains qui eux aussi traqueraient les liykors noirs dans les marais, les forêts et les montagnes, pour les empêcher de mener à bien leurs chasses contre tous leurs contemporains assez bêtes pour aller isolés, ou trop peu nombreux et armés pour faire face à un chasseur investi de la force du Père. N’avait-il pas eu autant à craindre des hommes vivant au sud de ses territoires de chasse que des garzoks ?

Pour l’instant, il repérait sans trop de mal ceux qui se trouvaient de son côté, vu les circonstances. Il ne trouvait pas tant de chefs de guerre qu’il le souhaitait, mais qu’importait : faute de décapiter ce grand corps, il le saignerait, encore et encore, jusqu’à ne laisser qu’un cadavre exsangue.

Par-dessus les cris, les chocs du métal contre le métal, contre le bois, contre la chair, Therion entendit que Lothindil criait, mais il ne comprit pas les mots, ni ne perçut l’alarme qu’il portait. La masse des guerriers continuait de l’emporter vers les murailles, où l’attendaient encore des ennemis à abattre. Pas question de faire une halte, de constituer une cible facile, de faire demi-tour pour s’enquérir de ce qui se passait.

Sur ses talons, pour ainsi dire, il perçut d’un regard rapide le colosse qui accompagnait le chef des hommes lors de la charge. De son épaule émergeait le fût empenné d’un trait, qui ne semblait pas le gêner dans son entreprise de massacre systématique de chaque être assez stupide pour se dresser devant lui.

(Celui-là a la force du Père ! Il ferait sans doute un digne Enfant s’il était de ma race !)

Et puisqu’il voyait en lui un digne chasseur, Therion choisit de faire front avec lui. Il ralentit son pas pour laisser Seok remonter à son niveau, et le couvrir du côté de sa blessure. De leurs deux forces dirigées vers les guerriers à la solde d’Omyre il comptait bien faire l’instrument d’un massacre qui laisserait le sol gorgé de sang pour des jours et des jours.

« Père ! Mère ! Voyez comme ils meurent ! Voyez comme je me bats ! Donnez moi des proies puissantes ! Donnez moi la force de les saigner ! »

Trouver Astidentix n'était pas le plus difficile, même les yeux bandés dans cette furie. Arrêtez les hommes pâles et leur rage, en revanche serait un autre problème. Le thiir, qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Je l'ignore, mais c'est la cause de leur attitude, et je n'ai absolument pas le temps de réfléchir plus précisément à ce que cela peut bien impliquer, pour moi comme pour eux.
Si je ne peux pas les arrêter, il me faut trouver un endroit où les porter, il me faut trouver l'armée réelle de ce maudit dragon mauve. Avec tout l'énergie du désespoir, j'écoute, j'écoute, encore, encore plus. Si l'armée est au Nord, je dois pouvoir l'entendre, idem n'importe où ailleurs. Oui, là-bas, une rumeur, à l'Ouest, non au Sud... Non, les deux. Ca y est, je les ai trouvé. Et il me faut faire un choix, rapidement, l'Ouest, ou le Sud ?

Alors que je vais pour informer le chef des hommes pâles, je repense aux cristaux trouvés sous le sol de la cité et dont j'ai toujours des éclats dans la poche. Pourquoi maintenant ? J'en sais trop rien, mais il est clair dans mon esprit que ce sont des cristaux de communication, un peu comme la sphère qui me relie à Yuimen, tout en étant à la fois plus limité et doté de la vision. Je ressens aussi que six autres aventuriers en possèdent au moins une, à travers Aliaénon. J'ignore qui en revanche, mais cela peut être utile à savoir.

J'accroche une des miennes aux branches de mon diadème, que si quelqu'un souhaite voir par moi, qu'il puisse avoir une vision large. J'en sors deux autres. La première que je transmets à Therion au milieu de la fureur de son combat :
"Suis le chef des hommes vers l'Ouest. Père et Mère t'ont entendu !"

J'en donne une autre à Astidentix :
"Prenez cette pierre. Nous pourrons savoir ce qui se passe ! Prenez vos guerriers et foncez à l'Ouest, une armée arrive, la véritable armée !"

Cela fait, je me détourne, il me faut à tout prix freiner l'armée qui vient au Sud, à moins que ce soit celle des elfes qui ont tenu leur promesse ! Ma magie devra être puissante et cet acte est une pure folie, mais je n'ai pas le choix.

"DIASGO, POINTE LES ARCS VERS LE SUD !!!!"

J'espère que mes archers seront à l'abri, j'aurais besoin d'eux si je veux réussir quelque chose ! Mais il me faut d'abord savoir à quoi j'ai affaire. Creusant parmi les rangs adverses, j'avance vers le sud, usant toujours au strict minimum de mon arme, juste de quoi me protéger moi, et mon cheval.

~Auparavant~




Dans la pénombre, je sens ma magie puiser dans mes ressources. Un léger étourdissement me prend, mais je sais que ce que j'ai tenté n'a pas été efficace. Nul réconfort en moi, nulle réaction de la part du serpent sombre. Peut-être ai-je négligé un détail ? Peut-être me suis-je trop précipité ? Je ne songe qu'à une chose cependant. J'ai échoué dans ma tentative, et le comprendre me cause un brin de frustration. Mais au moins, ma lueur ne s'est pas retournée contre moi, comme elle aurait pu le faire.

Instinctivement, je perçois de l'angoisse naitre au creux de ma gorge alors que, dans ces ténèbres, des bruits redoutés se font entendre. Les meubles se meuvent, le sol grince et crisse. Sans avoir besoin de le voir, je devine que Shaam est en train de jouer son principal atout : sa métamorphose. Tendu, je mets immédiatement mon Fan Bian Chan en parade mais ne bouge pas.

L'ennemi fait entendre une voix grave et animale, retournant ma tentative d'agacement contre moi. Il précise encore que pendant ce temps, les nôtres souffrent du piège. Mais je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche pour répliquer qu'un lot de bruits plus sinistres encore se fait entendre. Shaam, sous sa forme reptilienne, entreprend de quitter le bâtiment, et les sons brutaux m'informent qu'il n'a pas hésité. La pénombre se dissipe alors qu'il prend son envol, détruisant la toiture au passage. J'ai de la chance de n'être cible que de petits fragments et de poussière.

Toutefois, plus que de la crainte ou de la vigueur combattive, je ressens de l'incompréhension.

( Par Gaïa, cette forme lui aurait permis de me tuer d'un revers de patte... Alors, pourquoi s'en abstenir ? Ce meurtrier de peuples me sous-estime-t-il tant que cela ? )

Mais plus grave, j'ai échoué encore une fois. À le retenir et surtout à le neutraliser ici. Mes yeux violets rencontrent ceux de la Reine. Déterminée, Sheeala d'Argentar m'apprend ses intentions, le suivre, puis elle me souhaite de réussir à vaincre pendant cette bataille. Au nom d'Andel'Ys, d'Aliaénon et de la Liberté. À son tour, elle décolle dans la nuit, où je la perds rapidement de vue. Je ferme les yeux un instant.

"J'açoit que la situation soit terrible, je refuse de voir en vos paroles un adieu..."

Puisse ma Bénédiction l'accompagner. Je me tourne vers la sortie de l'édifice, enjambant les débris. Je dois agir, et vite. Le serpent volant m'a laissé en vie et libre de mes mouvements. Il faut que je tourne cela en une colossale erreur de sa part.

Tout d'abord, évaluer exactement la situation dans les murs. Les Pâles ont-ils réussi à s'occuper des convives ? Ont-ils pu suivre ma suggestion de garder des armes à portée de main ? Ont-ils eu le temps de saper certaines forces sombres ? Y compris celles du gradé ennemi qui semblait avoir bel et bien subi l'effet de ma médecine ? L'espace d'un instant, je songe au mépris du lézard violet envers son subordonné. Il ne l'aurait pas laissé consciemment comme cible pour nous à des fins personnelles... Si ?

Ensuite, je dois savoir si le Seigneur Gayit et sa garnison sont encore... En vie... Et surtout, si nos alliés sont pris en étau entre les murs de la cité et des troupes dissimulées, je dois tout faire pour leur ouvrir l'accès à la ville.

Enfin, je dois voir s'il m'est possible de gêner les envahisseurs. Ma magie peut m'y aider, mais elle semble avoir du mal à m'obéir. Je songe à ne l'employer qu'en cas d'urgence, comme j'aurais du m'y conformer.

J'ai été faible en sous-estimant l'ennemi. Il est de mon devoir de réparer cette erreur. Quoi qu'il m'en coûte.





(610 mots)

Ma magie opère. Mon sabre est un peu plus... Imposant, tranchant, éclatant. Me voilà armée, prêt à servir, prêt à mourir peut-être.
Un cri s'élève. Immédiatement suivi de deux coups de corne. Un signal. Les troupes à pied, mes alliés, s'arrêtent et se replient. Ils me laissent en plan ! Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Mon mur ne va pas tenir très longtemps... Mes ennemis ne vont pas tarder à me submerger.

Je me replie donc. Ils m'ont abandonné, je vais faire de même. Après tout, qu'est-ce qui m'en empêche ? Je suis libre. Je ne sers que la cause pour laquelle on m'a appelé. Et moi, je veux rentrer. Alors je rentrerai. Sabre au poing, je rejoins les autres.
Je trouve facilement l'état-major. Réunis en cercle, je m'approche d'eux, sûre de moi. J'ai ma place au sein des ces hommes et femmes. Je vais le prouver.

De l'autre côté du champ de bataille, ça s'agite, ça bouge, ça remue.
Une dame que je ne connais pas propose de leur venir en aide. Quelqu'un refuse en expliquant que notre but est de rentrer dans la cité. C'est ce que je comptais faire, moi.
Un aventurier nous explique alors son plan. Je l'écoute attentivement.
Il propose de faire des esclaves nos alliés. Pas con. Il souhaite aller discuter avec eux.
Il nous explique alors quoi faire suivant ce qui se passe. J'hoche la tête.

« Je vous suis. Ma place est au combat. Puissent nos Dieux nous guidés. »

J'ai parlé sans réfléchir. Je suis sûre de moi. Et puis, ma magie sera utile pour ouvrir les portes.

Le temps s'étire tandis que la bataille continue. A l'Ouest se trouve les loups, je n'entends que trop clairement leurs grognements de rage, et l'armée ennemie reconnaissable aux chants et aux cris de guerre. Au Sud il est désormais impossible que ça soit l'armée des elfes, à moins bien sûr qu'ils aient des ents, comme ceux que nous avions entendu sur Verloa. Sans doute est-ce là la charge des géants donc, moindre que celle attendu finalement, le titan a fait son oeuvre le long de la rivière. Derrière nous, la ville avec les archers meurtriers, dont le bruit des carreaux meurtriers ne cessent de chanter. Autour de nous des pauvres hères n'ayant rien demandé à personne finalement.

Et puis des cris et des ordres : ceux de douleurs qu'il me faut oublier et neutraliser pour me concentrer sur ce qui compte vraiment. Astidentix lance son fils dans une charge folle de cavaliers, vers le Sud et les géants; Diasgo m'annonce qu'il envoie les arbalétriers sur les géants et qu'ils vont tâcher de s'occuper des sektegs.

Trois fronts, c'est de trop, nulle armée, même expérimentée, ne pourrait survivre à ça, il faut neutraliser ce champ de bataille et rapidement, le plus rapidement possible.

(Ton glyphe ! Si tu parviens à trouver le temps, il montrera toute son efficacité !)

En effet, le glyphe de ronces pourrait immobiliser une bonne partie de l'armée ennemie, vu l'ampleur de la magie ici. Mais il me faut assez d'espace et de temps pour ça. L'avancée trop rapide des géants et surtout les cavaliers qui chargent d'un coté, ou deux infanteries de l'autre ? Le choix est finalement vite fait, serrant les rênes de ma monture, j'oblique vers le Nord-Ouest, et les infanteries.

Traversant le morceau de plaines vides, je me retrouve au milieu des deux charges, le douloureux souvenirs des armées mortes des Enfers rejouant la même bataille à l'infini me glace le sang, mais le temps n'est plus au doute. Je saute de mon cheval et rengaine ma précieuse épée. Au loin, j'entends des battements d'ailes au-dessus de la cité, le dragon est sorti, pourvu qu'il ne viennent pas par ici avant que j'ai fini !

Prenant une simple branche en main, je démarre la danse mortelle du glyphe....


(((lancement du sort de glyphe de ronces niveau 30)))

Therion entendit au milieu du fracas du combat l’appel de Lothindil, et se tourna à temps pour saisir dans sa gueule la pierre au vol, refusant de lâcher ses armes dans l’immédiat, faute d’être vraiment en sécurité. Aussi ne répondit-il pas à son injonction, qu’il ne comprit qu’à demi. Plutôt que l’est, ou l’ouest, la première notion qui trouva dans son esprit une correspondance fut celle de chef des hommes. Seok lui semblait être un bon chef, il se battait bien, pris en apparence par un esprit qui pouvait être le souffle du Père ou de la Mère. D’ailleurs, lorsqu’il s’élança dans la plaine, ce fut sans monture, courant comme un dératé pour maintenir l’allure des chevaux, ce qui ne manqua pas de susciter chez Therion une pointe d’estime : au moins ne dépendait-il pas d’un bête herbivore pour mener sa chasse.

Alors le liykor noir décida-t-il de s’élancer sur ses talons, sans réfléchir plus loin que l’intérêt de la proie qui était la sienne. Entre se placer dans les rangs d’une armée, coincé entre des murs, face à des loups d’Omyre et toute une clique de guerriers gringalets, et aller affronter ce qui de loin lui semblait être une créature plus grande que ce qu’il avait chassé jusque là, au moins de la stature d’un troll, voire plus.

Malgré les cahots de la course, il prit le temps de tenir quelques instants la hache en même temps que son bouclier, afin de sortir de sa gueule la pierre, pour ne pas risquer de s’étouffer en respirant à plein poumons. Faute de savoir quoi en faire – mais si Celle-Qui-Se-Bat-Bien lui avait jeté ce cailloux, peut-être cela avait-il de l’importance pour elle – il le fourra à force de contorsion dans son sac, s’arma de nouveau, et poursuivit son élancée.

(((298mots)))

Sans perdre une seconde, mes deux compagnes chevauchèrent les montures dès leur apparition. Pour ma part, je montai derrière Glanaë. Ayant remarqué la mine boudeuse de Loona, j’avais décidé de la laisser seule sur un cheval ailé, lui montrant ainsi que je faisais confiance en ses capacités.

Comme les fois précédentes, le voyage fut de très courte durée, voire même presque instantanée. Nous nous retrouvâmes à l’endroit exact de ma demande : les murailles d’Andel’Ys, sur un chemin de ronde. Non loin de la porte, ayant accès à la tour renfermant les escaliers nous menant à l’intérieur de la cité, nous jouissions d’une vue imprenable sur une bonne partie de la situation.

À notre grande surprise, l’intérieur de la cité était occupé par l’ennemi. Orque et sektegs s’y trouvaient en grand nombre. Et nos alliées, les hommes pâles et les troupes de Fan-Ming se retrouvaient à l’extérieur. Mais la plus terrible menace, à mon sens, planait dans le ciel et n’était nul autre que l’immense dragon mauve qui s’était mis en travers de mon chemin à Nagorin. Actuellement, il surplombait la ville cherchant sans doute à voir la situation dans son ensemble. Si jamais, il m’apercevait, je suis à peu près certain qu’il ferait de moi son encas sans hésitation.

Plus près de nous, près des murs, d’affreux gobelins vert-sale, la plupart armés d’arbalètes ainsi que des orques armées de longues piques étaient entrées dans les tours et avaient commencé leur ascension.

Glanaë exprima sa surprise se demandant si nous arrivions trop tard et si la ville n’avait pas été pris d’assaut ! Je comprenais son trouble et je le partageais. À mon départ de Fan-Ming, je pensais apporter de l’aide à Andel’Ys, mais je ne pensais pas me retrouver dans une telle situation. Mais je me refusais d’abandonner avant d’avoir même commencé. Peu importe, où la bataille en était, il était de notre devoir de tenter l’impossible. Et pour le moment, l’impossible consistait à empêcher les misérables créatures vertes d’atteindre le chemin de garde. Cette position enviable leur donnerait un avantage indéniable sur nos alliés. Cependant, nous n’avions accès qu’à l’une des deux tours et non pas les deux tout comme eux.

Je sentais ma respiration et mon pouls s’accélérer, je n’étais pas encore paniqué, mais cela ne serait tardé si je ne trouvais pas une solution, et ce rapidement. Jetant un regard vers nos ennemis qui avançaient puis vers les jeunes femmes qui m’accompagnaient je m’écriais :

« Je n’ai aucune idée de ce qui s’est passé ici, mais nous devons défendre ce chemin de garde afin d’empêcher notre ennemi d’y prendre position. »

Empêcher les imbéciles verts de nous rejoindre, facile à dire, mais beaucoup plus difficile à faire. Malgré notre bonne volonté, nous n’étions que trois. Notre habileté à combattre s’avérait insuffisante pour les repousser dans leur retranchement, ils étaient trop nombreux, ils gagnaient par la force du nombre. Nous devions donc user de ruse. Et c’est là que notre intelligence supérieure à la leur allait nous aider.

«Glanaë, pouvez-vous projeter une illusion à l’entrée de l’autre tour, afin de les dissuader de poursuivre leur ascension? »

(Oui, mais quoi ? Un dragon, un mur de feu, un éboulement, une armée de soldat ? )

Jetant un petit coup d’œil à l’immense bête qui volait dans le ciel, je pris une décision hâtive.

«Un dragon crachant du feu fonçant sur eux devrait faire l’affaire ! »


Puis me tournant vers Loona,

« Venez avec moi dans cette tour qui nous est accessible. Nous allons descendre quelques marches, puis nous caler contre un mur. Je vous demanderais alors de nous plonger dans le noir. Et lorsqu’ils passeront à ma hauteur, guidée par le son de leur chausse sur les marches de pierre, je vais tenter d’en embrocher le plus possible. »

Mon plan était hardi, mais je n’en avais pas d’autres. Ainsi, je dégainai mon sabre dentelé et j’entrainai Loona à ma suite dans la tour. Prudemment, je descendis quelques marches, puis tout comme je l’avais expliqué à Loona, je pris position et j’attendis qu’elle nous plonge dans le noir total, prêt à embrocher toutes les créatures vertes qui allaient se présenter non loin de ma lame.

(((703 mots)))