Khebet accepta d’échanger le sceptre contre le colletin que je suis parvenue à récupérer dans l’ancienne cité de Messaliah. La prise en main du sceptre est… étrange, comme s’il acceptait le nouveau propriétaire que je représente, un peu comme mon armure et cette épée que je porte à la ceinture. Je ressens en lui une certaine puissance dans laquelle je n’ose pour le moment piocher, mais… bientôt. Oui, très bientôt. Je remercie Khebet d’un signe de tête, lui promettant de revenir le voir dès que j’aurais de nouveaux objets à lui échanger. Ma phrase est fort juste en vérité, car j’aimerai beaucoup retourner à Messaliah afin d’en explorer les profondeurs.
Les aurevoirs de Marthis me serrent le cœur, je crains réellement de ne pas le revoir un jour, mais qui sait ? Peut-être nos routes seront-elles un jour amenées à se recroiser. J’attendrai ce jour avec impatience. Toujours est-il qu’il ne prendra sans doute pas part à cette guerre et je ne peux lui en vouloir, comme il le dit, une troupe de saltimbanques n’a rien à faire dans une cité assiégée. Ainsi nous nous quittons, nous inclinant chacun devant l’autre, en signe de respect, en signe d’amitié et d’adieu.
Ibn Al’Sabbar, quant à lui, observe avec amusement la clé de Sol que je lui tends et m’annonce qu’elle appartenait à celle qui autrefois portait mon armure, la protectrice de Messaliah. Il conclue en me expliquant qu’elle me revient de droit et qu’il m’incombe de l’arborer fièrement. Il me la rend alors, pendant au bout d’une chaîne d’or qu’il passe autour de mon cou. Elle est jolie et se dépose délicatement sur l’armure, comme si toutes deux n’étaient que d’anciens amants retrouvant les bras de l’autre après tant d’années. Je la regarde en la gardant en main et… une réflexion me vient, une question que je ne puis m’empêcher de poser malgré son aspect si personnel.
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On m’a conté, dis-je, regardant pensivement dans la direction où je sais que Marthis se trouve,
on m’a raconté l’histoire de la chute de Messaliah… Avez-vous connu cette femme, Seigneur Ibn Al’Sabbar, la Protectrice de Messaliah ? Qui était-elle, comment était-elle ?Je n’ose m’approcher plus de ce que j’ai entendu dire de lui, mes paroles sont déjà osées, bien plus osées que je n’aurais jamais osé en dire auparavant. Je sais qu’ainsi je fais peut-être ressortir d’anciennes pensées que cet homme cherche à enfouir, mais… après tant d’années d’enfermement, peut-être est-il de nouveau en paix avec lui-même. Et j’ai besoin de savoir.
Nous prenons alors ma monture pour nous rendre à Andel’Ys. Là-bas, le cheval nous pose dans la plaine, hors de la cité elle-même qui nous permet d’embrasser du regard l’ensemble de cette guerre qui fait rage.
Soudain, j’ai l’impression d’y être de nouveau, d’entendre les cris des femmes, les rires des hommes et le bruit du feu qui crépite et qui ronge les bois et les tissus des tentes, s’acharnant sur les chairs. J’ai l’impression d’y être et de tout revivre. Un bref instant je chancèle et les larmes montent. Je les ravale, difficilement, parce que je le dois, parce que je représente ce peuple déchu qui fut autrefois ma patrie. Dans un effort de volonté, je redresse la tête et fait face au massacre. Mes yeux sont humides, je le sais, mais je n’y peux rien.
Dans ce décor de guerre, je vois tant d’armées se faire face, tant d’hommes et de créatures prêts à mourir pour une cause qu’ils ne connaissent sans doute qu’à peine, pantins entre les mains de leurs chefs.
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J’aimerai avoir ces grandes loupes à la pureté hyaline qui nous permettraient de mieux embrasser du regard ce que nous avons devant nous, dis-je à Al’Sabbar, plus pour détourner mon attention de mes sombres pensées qu’autre chose.Je vois tout d’abord un groupe de guerriers aux allures ynoriennes s’amasser devant les portes au nord de la cité qui me semblent ouvertes. Souhaitent-ils pénétrer à l’intérieur ou en sortir ? Ils semblent faire face à une armée de soldats qui… ne se meuvent pas, comme s’ils étaient enchâssés dans une chape de glace, figés telles des statues de pierre.
J’avise de sombres silhouettes sur les murailles, menaçantes, sombres. Peut-être souhaitent-ils entrer dans la cité, donc.
A l’ouest de la cité, une autre bataille fait rage. Des loups montés d’orque, si j’en crois mes yeux, attaquent une troupe d’hommes à la peau pâle, si pâle qu’ils ne peuvent qu’être les Hommes Pâles dont j’ai entendu parler, la tribu d’Al’Mansur, celle qu’il méprisait tant. Ils étaient survolés par des créatures qui n’étaient pas dépourvues de caractéristiques humaines, étranges, et semblaient venir en aide aux Hommes Pâles.
Le centre de la plaine, quant à lui, tremble, je peux le sentir jusqu’ici. Qu’y vois-je ? Une sorte de grosse boule de lianes demeure, imperturbable dans ce décors chaotique et attaqué par plusieurs orques encore vivants en ces lieux.
En arrière-plan, j’avise une troupe de cavaliers attaquer des géants. Ils me semblent en infériorité numérique, prêts à se faire écraser. Les Hommes Pâle semblent tenir, les hommes de glace ne semblent plus être une menace tandis que cette grosse boule de lianes ne m’inspire guère. Je crois savoir où je vais me rendre.
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Allons au sud, dis-je à Al’Sabbar.
Venons à bout de ces géants.Nous nous y rendons, et, le temps d’arriver sur place, un plan est déjà présent dans ma tête. Un plan fou, insensé, mais il semble que le fou et l’insensé soient pour eux nécessaires. Maintenant… Comment pourrais-je utiliser mon feu pour mordre toutes ces créatures ? Je crains que la vague de feu ne soit pas suffisante, ou du moins le sera-t-elle seulement sur un pan de cette armée. Mon regarde monte vers le ciel au-dessus de nos têtes. L’eau en tombe parfois, rarement même.
La question est à présent la suivante : les flammes peuvent-elles tomber des cieux ?
Je ne saurais pas avant d’avoir essayé, n’est-ce pas ? Je me tourne vers Al’Sabbar.
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Je vais tenter de faire tomber des flammes des cieux. Êtes-vous en mesure de les canaliser si d’aventure cela tournait mal ? Si non, sauriez-vous agir de même et les faire tomber sur ces gigantesques créatures ? dis-je en indiquant les géants.
A bonne distance de l’armée pour ne pas être fauchée par la bataille, mais suffisamment proche pour agir dessus, je me concentre. Je décide, comme les autres fois, de faire appel à cette chaleur qui couve en moi, me renforce et me berce. Etonnement, je sens une seconde source provenir de la clé de sol qui orne mon cou et j’esquisse un sourire. Quel objet parfait. Je décide de puiser la force qu’il me faut pour faire ce que j’ai en tête à l’intérieur, pour voir ce qu’il convient de faire.
Cette fois, au lieu de canaliser ma puissance au travers de mes membres, je décide de la canaliser au travers du sceptre. Je le sens tout de suite réagir, puissant, farouche, comme ravi d’être utilisé après une si longue période d’inactivité. La force que je ressens est joueuse, pleine d’entrain et je me vois obligée de la maîtriser. Je veux lui donner une forme particulière, surtout pas quelque chose d’anodin. Alors, dans mon esprit, je la sculpte et la modèle. J’imagine l’effet que je désire et lui donne mentalement forme. D’abord, une flamme brûle devant mes yeux. Cette flamme se condense petit à petit, prend la forme d’une boule de plus en plus dense mais brûlante d’un feu non moins vif. Je grossis ensuite mentalement la taille de cette boule et je la démultiplie. A présent, je n’en vois plus qu’une, mais plusieurs, les unes à côté des autres. Il y a maintenant un champ de boules de flammes qui s’étende devant mes yeux clos. D’une petite impulsion mentale, je leur donne une vitesse, puis une trajectoire. Elles s’effondrent sur le sol, sur les géants.
J’ouvre à présent les yeux, observant l’armée que je souhaite pourfendre. Cette fois, je relâche l’énergie contenue à présent dans le sceptre. Je ne cherche plus à la garder mais je l’expulse avec puissance, puisant dans cette clef autour de mon cou, symbole d’une âme d’antan. Loin de la laisser sans canevas, je modèle cette puissance dans ce que je cherche à faire. J’imagine réellement ces fluides se former en boule de feu, puis en une multitude de boules de feu gravitant au-dessus des géants.
Soudainement, j’ajoute à cette pensée un élément que j’ai déjà fait, cette espèce de langue de feu que j’ai utilisée à Messaliah. Je l’ajoute à ce mélange détonnant et tente de modeler cette vague de feu et de l’utiliser pour lier toutes les boules de feu en un gigantesque draps igné qui descendrait des cieux sur nos ennemis. Je prends malgré tout la plus grande garde à ne pas toucher nos alliés cavaliers.
Et je lâche le tout, telle que, je l’espère, une marée de feu qui engloutira ces géants sous les flammes, de ces mêmes flammes qui réduisirent Messaliah à néant.
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Tentative d'apprentissage de :
- Comète : Fait apparaître une boule de feu qui vient frapper le sol au pied d'un adversaire, projetant des débris à la ronde (mag+1/lvl pour la cible, mag+0,25/lvl pour tous ceux se trouvant dans un rayon de lvl/8 m, lanceur de sort compris)
Lançage en sort combiné avec comète de :
- Vague de feu : Une vague de feu large de [lvl/4]m se projette sur [lvl/4]ennemis, brûlant aussi tout sur son passage (mag+1/lvl)]