Salle 3
J’entre dans la pièce, alors qu’une petite fille raconte l’histoire de son arrivée en ces lieux, guidée par une petite souris. Elle y postpose l’arrivée de bien d’autres enfants, et en dernier, la venue inattendue de la grande dame accompagnée de Fenouil, le gobelin. Alors ainsi, il est venu directement avec elle… Je ne me permets aucun commentaire, jusqu’à ce que le petit être au nom de légume me salue, me proposant un tabouret.
« Bonjour. Oui, avec plaisir. »Je m’installe à leur côté, et l’elfe grise s’adresse à moi, s’excusant de ne m’avoir pas entendue arriver. Comme quoi, ce qu’on dit sur l’ouïe des elfes n’est pas forcément vrai ! Elle me questionne ensuite sur le livre des Silnogures.
« Oh, c’est mon frère, Sihlaar, qui l’a. Il va arriver pour le lire. Je venais justement là pour que nous soyons tous au courant de ce qu’il contient. »Elle évoque les volcans… Apparemment, nous sommes sur la même piste. L’elfe gris mâle entre dans la pièce, avec un second exemplaire du livre, qu’il commence à lire dans son coin, tout en commentant les paroles de la lutine que j’ai manquées. Il évoque des transformations sur les Silnogures, auxquelles Brytha, la grande dame, s’opposerait pour des raisons… personnelles ? Je me retiens de répliquer que c’est la raison même qui doit l’animer. Changer ainsi le cours des choses, de la nature, de manière synthétique et arbitraire ? ça ne peut être qu’outrageant, et on ne peut se montrer qu’opposé à ce genre de pratique éhontée ! Je suis curieuse de constater qu’un elfe, très souvent associés à la nature, n’y ait guère pensé… A moins que ça ne soit un amalgame fait de mon côté… Un préjugé tenace me suivant depuis l’enfance… Cette vénération des elfes comme étant les esprits ancestraux des bois… Et les sylvains et les blancs le sont peut-être… Mais apparemment pas les gris… Que je trouve, comme la couleur de leur peau, bien triste, en une fois.
Sihlaar suit de près le sindel, et me confirme les dires de ce dernier en un court résumé, avant de se plonger, pour sa part, dans une lecture audible et partagée du bouquin. Rares, précieux et répartis partout… Voilà les mots clés que je retiens de la première intervention de mon frangin. Et… ça ne nous aidera pas à les trouver, de savoir qu’ils sont aussi rares qu’éparpillés. Un indice dans la seconde partie me laisse cependant penser qu’ils sont en lien avec les elfes gris, puisqu’ils tirent leurs noms de la langue des sindeldi. Avant de les nommer, Sihlaar me demande de les noter.
Les… noter ? Il devrait savoir que j’exècre écrire. Je décide donc de les noter… mentalement. Mon intérêt est captivé, ici, et ces noms, bien que complexes, se gravent en moi sitôt qu’ils sont prononcés. Des noms d’animaux… J’en connais déjà des tas, simples ou complexes à prononcer. Ma mémoire se trouve enrichie de nouvelles données sur le monde naturel. On m’aurait donné une liste de courses à faire, que j’aurais tout oublié… Mais là ! J’écoute avec passion et attention, chaque détail de leur description. Lorsque Sihlaar termine sa lecture, j’interviens aussitôt, ayant noté plusieurs indices confirmant ce que je pensais :
« Les Narlartëa. Ils vivent près des volcans. Ce sont sans doute eux auxquels nous aurons affaire. Eux les victimes de ces transformations. »Et je partage ensuite mes conclusions sur l’endroit où nous rendre…
« Ils sont originaires du Naora, patrie des elfes gris, si je ne m’abuse. Il y a beaucoup de volcans, là-bas, nous apprend le livre. C’est là-bas que nous devrons nous rendre. »Je me tourne vers l’elfe grise, son comparse étant toujours en train de lire dans son coin.
« Connaissez-vous une région où l’activité volcanique est particulièrement forte, sur votre île d’origine ? »Je m’avance peut-être beaucoup en affirmant qu’il s’agisse de ses origines, mais qu’importe… Elle doit au moins en connaître un peu.
« … Ou dois-je demander à la lutine un autre livre, parlant du Naora, cette fois ? »Et me tournant vers Fenouil, je lui demande :
« As-tu un avis sur la question ? La Grande Dame t’a dit quelque chose, à ce propos ? »