L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Mar 14 Déc 2010 23:12 
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La prison : pour qui ne voulait s'y rendre, l'art du vol était à proscrire. Kendra Kâr pouvait se flatter d'être une belle et grande ville, puissante sans doute, reliée au monde par les voyageurs et les commerçants ; son orgueil mériterait toutefois de porter sur sa Milice, efficace et présente, parfois trop, comme peuvent en témoigner bon nombre de tire-laine malchanceux. De bons gardes veillaient sur la population et ,dans la mesure de leurs capacités, la protégeaient de tout ce que les rues pouvaient compter de malfrats, ces derniers proliférant malgré les patrouilles et opérations diverses que menaient les force armées de la ville.

Ce qui aurait dû se passer rapidement et sans anicroche tourna à la catastrophe pour Nipul : le jeune homme qu'il avait cherché à délester de son or devina la manœuvre et se mit à hurler qu'on vienne lui porter secours, qu'on le volait, tout en tenant d'une poigne de fer le faux bossu qui n'arrivait pas à saisir le couteau passé à sa ceinture. Fort heureusement, puisque quelques instants plus tard accoururent trois miliciens peu disposés à faire preuve de clémence : si l'albinos avait eu le malheur de blesser le passant, il aurait sans doute écopé d'une peine plus lourde que celle qui lui incomba. Sans ménagement, on lui passa aux poignets deux anneaux de fers fermés par de lourds cadenas, et le poids des chaîne le fit grimacer.

À la manière d'une bête sauvage, on le traîna par les rues, humilié, tandis que les trois miliciens bombaient le torse, malgré la pluie qui ne leur donnait pas fier allure et les privait également de tout public à même d'apprécier leur « exploit » : peu leur importait, ils avaient fait main basse sur un bandit, et comptaient bien faire valoir cet acte de « bravoure » auprès de leur supérieur pour prétendre à quelques avantages – comme passer le reste de la journée au chaud et au sec dans la salle des gardes de la Milice. Pour Nipul, tant de confort était hors de propos : il eut un rapide aperçu de ce qu'il manquerait, et notamment avec un fumet délicieux qui s'échappait d'une pièce donnant sur le hall où il dégoulinait patiemment, alors qu'on lui signifiait la durée de la peine qu'il allait purger, chose qui ne sembla guère l'émouvoir. Une fois le procès-verbal dressé, un scribe voûté que rien ne surprenait plus nota le signalement du voleur sur un registre, les effets confisqués par la Milice, la durée de l'enfermement auquel on l'avait condamné, puis d'un geste las fit signe aux gardes de mener leur prise aux cachots. Il en avait vu tellement d'autres que même un membre des Phalanges de Fenris devant lui ne le poussa même pas à froncer les sourcils ; pour lui pendre les truands de tous bords constituait une solution efficace et définitive au problème de la délinquance.

Les cachots représentaient, tout honnête homme se devait de le reconnaître, une belle architecture, dont la forme s'accordait parfaitement à la fonction. Les voûtes de pierre, ainsi que les piliers, étaient de solide pierre, qu'un homme aurait peiné à entamer, même avec à sa disposition une vie de réclusion, et les quelques outils qu'il pouvait récupérer dans sa cellule. Dans le style prison, on n'aurait guère pu faire mieux : tout se retrouvait en ces lieux. Une humidité permanente rendait les murs poisseux, mais jamais au point que le mortier devienne trop friable – les gardiens y veillaient ; les torches dispensaient une chiche lumière, assez pour donner à voir aux prisonniers des ombres peu engageantes et pour dispenser aux gardiens l'éclairage nécessaire pour leur santé mentale ; les barreaux des cellules, larges comme le poignet de Nipul, couverts par endroit de marques de dents, étaient de belles oeuvres de ferronnerie, et les serrures faisaient honneur aux artisans qui les avaient conçues. L'ensemble instillait un sentiment de malaise dès l'entrée, que venait conforter une odeur nauséabonde d'excréments, de pisse et de sueur mêlés. Une visite en ces lieux donnait à se mettre en question, et faisait réfléchir à deux fois certains apprentis monte-en-l'air trop peu courageux.

Seulement, à peine plus de décorum aurait été nécessaire pour produire sur Nipul un effet durable ; un déploiement beaucoup plus important : il ignorait exactement dans quelle mesure. Être enfermé ne lui causait pas le trouble que cela amenait chez des individus habitués au grands air et aux espaces ouverts : les souterrains étaient son milieu de prédilection, il avait ouvert les yeux la plupart des matins de son enfance dans une cave obscure et puante. Aussi n'allait-on pas le dissuader de s'enrichir par le larcin avec un banal séjour au trou. Son inquiétude se portait plutôt sur la mission qui était la sienne, à savoir se procurer deux cents pièces d'or pour régler les dettes de Barnabé : avec deux jours en taule, il perdait du temps, temps qui jouait contre lui. Une semaine, c'était bien peu pour une telle somme, surtout avec les faibles moyens à sa disposition. À sa sortie, il ne lui resterait plus que cinq jours, sous réserve de ne pas se faire à nouveau mettre la main au collet.

« Tu vas rester ici, et tu vas êt' sage. Dans deux jours t'es dehors, alors pas la peine de jouer au plus malin, sinon t'es bon pour rester encore un peu à l'ombre. Un r'pas par jour, ça suffit à la vermine de ton genre, de toute façon, t'auras pas plus. Ici, tout l'monde est logé à la même enseigne ! »

Le garde avait poussé Nipul sans ménagement contre le sol de pierre, qui avait dû être recouvert de paille à une époque, comme en témoignaient les quelques brins encore coincés entre deux dalles, pratique abandonnée par les geôliers qui devaient préférer laver la pierre à grande eau de temps à autre. Après avoir verrouillé la première porte de la cellule, il invita l'albinos à approcher ses fers des barreaux pour qu'ils lui soient retirés ; cette dernière opération effectuée, le garde fit s'ouvrir un herse à l'aide d'un mécanisme dans le mur, et le jeune voleur fut alors véritablement plongé dans la fosse aux lions.


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Dernière édition par Nipul Enesra le Mar 28 Déc 2010 19:03, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Mar 28 Déc 2010 18:01 
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« Eh ben approche l'palot, t'as pas à avoir peur, c'est dehors qu'tu risques que'qu' chose. Si t'as pas d'ennemi, ici y s'passera rien. »

La grosse voix roulait de l'autre côté de la herse relevée, et un homme trapu émergea de l’ombre, la main tendue comme on le faisait pour un animal craintif, à peine plus petit que Nipul, aux épaules – et avec elles le corps en général – beaucoup plus larges. Sa grosse paluche semblait être à même de briser une nuque sans trop de peine ; son bras gauche s'achevait sur un moignon de tissus cicatriciels et de chairs recomposées dans un embrouillamini répugnant ; il manquait plus d'une dent à son sourire, si bien qu'on aurait pu penser que les cicatrices courant sur sa face compensaient l'absence de ratiches. Il ne serait venu à l'esprit de personne de lui accorder la moindre parcelle de confiance, si infime fut-elle. Ce manchot appartenait à la catégorie d'humanoïdes qu'il ne fallait jamais laisser errer dans les rues à la nuit tombée : sans aller jusqu'à se livrer à des actes répréhensibles, ils provoquaient des sursauts fatals aux cardiaques à simplement émerger de l'ombre.

« Aller, bouge donc ! Tu vas pas rester là, c'est nos lieux d'aisance ! » Ces mots prononcés d'une voix qu'il voulait raffinée, d'un ton ampoulé, lui arrachèrent un ricanement, qu'il étouffa pour reprendre : « Écoute, j'sais pas si c'est ta première fois au mitard ou pas, dans l'doute j'vais t'rapp'ler les règles. Ici, tu touches pas aux camarades. On peut tous finir ici, sans l'vouloir, on peut s'balancer au bout d'une corde, alors pas b'soin qu'un gars comme nous fasse le boulot des gardes. Vu ? Si t'entres, y t'arriveras rien, tu dois pas avoir des enn'mis au point qu'y'en ait un ici qui t'fasse la peau? Non ? Amène toi gamin, j'aime pas quand les aut' nurses me lorgnent comme ça. »

Sans prendre la peine de répondre, Nipul emboita le pas du manchot, qui par dessus son épaule balança un « J'm'appelle Gaspard ! », sans que cela entraîne pour autant une intervention du jeune homme, qui était fermement décidé à délivrer le moins d'informations possible sur son compte.

« Bon, c'est pas l'palace, mais ça vaut mieux qu'la pluie certains jours. Fait pas chaud la nuit, mais bon... Tu t'trouves un coin propre, tu t'y colles et t'en bouge pas, c'est l'mieux. Tes trucs, tu les fais du côté d'chez les gardiens. Y z'aiment pas, mais y peuvent pas grand chose... vaut mieux qu'ça pue là bas qu'ici. Si tu veux pas, tu t'débrouill'ras avec les aut' gars, mais y vont pas apprécier. Ça non... moi non plus, mais moi j'suis pas d'taille à aller faire tinter les oreilles à un jeunot. »

Le premier jour s'acheva dans le calme relatif de la prison, et Nipul n'avait pas encore cédé aux pressions que l'inactivité exerçait sur lui. Ses déplacements se bornaient à aller de l'autre côté de la cellule pour ses besoins naturels, pour récupérer son repas, son eau, rien de plus. Les autres bougeaient sans cesse pour combattre l'engourdissement, la fraîcheur de sous-sol dont la sensation était d'autant plus forte que l'humidité montait des dalles. Le sang qui coulait dans les veines de Nipul le protégeaient de ces désagréments, aussi ne ressentait-il pas un besoin physique de faire les cent pas. Pour ce qui touchait à l'esprit, il avait derrière lui les journées d'attente dans sa cave. Bien entendu, il avait alors la possibilité de sculpter de petits animaux dans le bois, chose inaccessible dans ce cachot, mais il lui suffisait de fermer les yeux pour revoir chaque geste, imaginer la tension qu’il lui faudrait imprimer à ses muscles pour que la lame pénètre le bois en profondeur, sans heurt, afin de retirer un copeau là où le corps serait plus fin ; la torsion du poignet nécessaire à la formation du creux des oreilles ; les ouvrages délicats de finition qui permettaient de donner à la fourrure ou au plumage un relief, un réalisme. Son corps ne souffrait pas trop, son esprit restait suffisamment actif pour que l’enfermement n’ait pas d’incidence sur sa santé mentale : sa condition n’était pas enviable, mais selon lui, elle aurait put lui être bien moins favorable. Il ignorait cependant combien de temps la claustration serait sans effet sur lui, et voyait avec bonheur l’issue des deux jours de cachot approcher, sans pour autant se focaliser dessus, car à ses yeux, cela représentait le meilleur moyen de mettre en branle la machine de l’attente et de l’ennui qui ne tarderait pas à lui user les nerfs. Dès que l’envie de former des plans le prenait, il employait ses capacités à se replacer dans le présent : l’avenir était son pire ennemi de ce côté des barreaux. Moins il songeait à la manière dont il devrait rembourser sa dette, plus il arrivait à se maintenir dans une certaine stabilité.

Le deuxième jour allait prendre les mêmes allures que le premier : aucun nouvel arrivant dans le cachot, et aucun des prisonniers présent ne manifestait d’agitation. Nipul ne demandait pas mieux que d’attendre l’heure de sa remise en liberté en paix. Le deuxième jour aurait pu prendre les mêmes allures que le premier si le dénommé Gaspard n’avait pas décidé de faire causer le peu loquace et très peu émotif nouveau.

« Dis donc gamin, ça va ? T’as pas d’problème ? T’as pas l’air bien… J’ai compris qu’t’était palot d’nature, mais faut quand même dire qu’t’es pas commun. On t’as pas vu beaucoup bouger. Qu’est-ce t’as ? Tu supportes pas l’trou ? Faut pas t’en faire, on en sort un jour ou l’autre. Ici on est tous pareil, enfin plus ou moins… Y a pas d’beau linge parmi nous aut’. J’t’ai dit, t’as pas grand-chose à craindre ici. Tu veux pas m’raconter un peu c’qui t’a am’né là ? »

« Non »

« Ben t’es d’jà pas muet ! Les muets, à moins d’vivre avec tout l’jour, c’est pas l’poteau rêvé. Comment qu’tu veux comprendre c’qui t’veux ? Pis si l’gus en face est sourd par d’sus l’marché, t’as pas fini d’t’agiter dans tous les sens pour lui faire comprend’ c’que toi tu veux… Bon, puisqu’t’es pas muet, pis pas sourd, pourquoi qu’t’es là ? »

« J’me suis fait prendre pendant qu’fauchais la bourse d’un bourgeois. L’a gueulé comme un cochon, la Milice est passée par là… Pis me v’là. »

« Ah ben j’crois qu’on est tous passé par là… Y a pas de honte… J’crois qu’personne peut t’j’ter la pierre. Et pourquoi qu’tu volais ? T’as pas d’quoi manger ? Un gars comme toi peut gagner sa vie. T’as pas l’air en mauvaise forme. Y a t’jours du boulot sur les quais. Tu pourrais t’embarquer sur un raffiot… »

« J’sais rien faire d’autre… L’homme qui m’a él’vé à une dette. Si j’paye pas, y a des gars qui vont y passer, et qu’ont rien à voir là d’dans. Et moi j’ai pas envie d’finir en cadavre. Alors j’fauche quand j’peux. Une semaine c’est court… »

« Ah ouais… J’comprends… » Il se gratta une cicatrice avec son moignon, puis se ravisa et utilisa sa main, en maugréant après les gardiens qui lui avaient pris jusqu’à son crochet. « Et t’as quoi d’prévu à ta sortie ? Tu vas continuer le vol à la tire ? »

« C’est pas contre toi, mais j’ai pas envie d’causer là. »

« D’accord, d’accord, c’toi qui voit… enfin si tu changes d’avis… j’suis là bas. »

Sans un mot, il repartit vers le groupe avec lequel il conversait avant de s’intéresser au jeune voleur albinos. Peu lui importait les gens qui ne voulaient pas parler, et plus encore lorsqu’il s’agissait de jeunots sans expérience. Les gens qui se taisaient pouvaient être fous, solitaires, dangereux, timides : le garçon ne semblait pas entrer dans l’avant dernière catégorie, la seule qui pouvait s’avérer véritablement préoccupante, la seule à laquelle il ne valait mieux jamais tourner le dos.


« Aller, dehors, et j’espère qu’on ne te reverra pas de sitôt ! »

Nipul n’attendit pas qu’on l’enjoigne à quitter les abords de Milice pour déguerpir. Ce lieu donnait des frissons à n’importe quel tire-laine, le genre de frissons assez désagréable pour conduire celui qui en est la victime à aller faire un tour quelques pâtés de maison plus loin. Se laisser guider par ses frissons ne présentait pas toujours des inconvénients, à condition d’identifier leur origine, et de faire la part de ceux qui étaient vraiment utiles, et de ceux qui ne relevaient pas des besoins de survie.

Résistant à l’envie d’adresser un geste provocateur aux gardes, le jeune voleur s’empressa de fixer son couteau et sa bourse à leurs places respectives et, ajustant son manteau, il s’enfila dans une ruelle pour s’assurer de semer d’éventuels traqueurs : il ignorait quelles mesures la Milice pouvait prendre à l’égard des voleurs, il supposait que les chefs pouvaient miser sur une filature pour dénicher la planque d’un groupe. De la première ruelle, il se glissa dans une seconde, et dans une troisième disparut sous un porche d’où il était certain qu’on ne pouvait l’apercevoir sans s’approcher. Si poursuivant il y avait, il serait obligé de passer devant la porte. Les minutes s’écoulèrent, personne ne parut.

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Lun 7 Mar 2011 22:51 
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Plic ploc plic ploc …

C’était les deux uniques nuances de sons qui parvenaient à mes oreilles. Un son à me rendre fou, incessant, monotone et trop régulier pour moi. Il semblait propager une certaine constance et était parfois étouffé par le passage des quelques gardes aux alentours de ma petite cellule. Je ne la partageais pas et il fallait dire aussi que je me sentais bien évidemment seul. Il n’y avait que quelques jours je courrais, libre dans la forêt avec mon cheval, à la recherche de racines à me mettre sous la dent. J’arrivais en ville avec la bonne idée de me trouver un travail, ou même une quête que quelqu’un aurait pu me confier. Hélas ! Mon manque d’expérience en tant que fantassin - et cavalier- ne m’avait causé que du tort ! Et je n’avais en rien l’envie de rester dans cette société où tout les gens se croisent, où tout les gens se parlent et se crachent dans le dos. C’était une erreur de trop que celle d’avoir décidé d’entrer dans une taverne et de consommer sans pour autant me rendre compte du prix de la chopine de vin chaud. J’avais donc terminé mon expédition dans les cachots froids et sombres de Kendra-Kâr.

Mon esprit rêveur se perdait alors dans un petit calepin que j’avais volé à la maisonnée familiale. Il me servait de carnet de voyage et j’y avais esquissé plusieurs créatures que j’avais aperçues dans les forêts épaisse du pays. Il y avait aussi de vieilles notes de mon père, la personne la plus instruite du village certainement. Elles expliquaient les premiers sorts de bases en magies, comme celui de pouvoir déplacer une petite masse d’air dans le creux de sa main ou encore de pouvoir canaliser son énergie au creux de sa paume dans le but de soulager une douleur ou bien de l’amplifier comme bon nous semblait. En fait … C’était bien beau d’avoir ces ressources concernant la magie, mais encore fallait-il se concentrer pour perfectionner les sorts présentés par l’écriture cagneuse de mon père.

A vrai dire, jamais je n’avais songé à devenir mage, cependant mon attrait pour la faune l’emportait sur tous mes autres centres d’intérêts, je voulais me sentir libre et il fallait que je sorte de cette vulgaire cage, coûte que coûte. D’ailleurs, après deux jours que j’avais passé à croupir dans ce vulgaire caniveau qui faisait entrave à mes rêves, j’allais certainement finir par être libéré … Ou par m’échapper d’une quelconque manière digne de ma ruse et de mon hardiesse et je … C’est vrai, mon hardiesse était précieuse quand je jouais encore avec mon frère et ma sœur. Livré à moi-même ça n’allait certainement pas être la même chose. Cependant j’attendais avec impatience qu’un garde me fasse un signe pour m’indiquer que mon départ viendrais tôt ou tard …

J’étais installé sur le banc froid de la cellule, la cape enroulée autour des épaules et le regard jonglant entre les couloirs faiblement éclairés par les torches et les infimes rayons du soleil passant à travers les hautes fenêtre du vieux bâtiment, et les notes de mon aïeul. Il faisait frais et un étrange courant d’air s’était propagé dans le couloir, m’arrachant un frisson. La porte s’était ouverte. Par instinct j’avais rangé le calepin pour le ranger dans la petite besace qui ne quittais jamais mon ceinturon avant de me lever et d’aller passer la tête par la grille de ma stalle.

« - Encore combien de temps avant de sortir d’ici ? Il ne me manquait qu’une dizaine de yus après tout !  »

Mes yeux se plissaient pour pouvoir scruter la pénombre du fin passage qui se transformait en un véritable labyrinthe longé par toutes ces cellules. D’ailleurs, elles semblaient toutes vides … Étais-je le seul prisonnier à cet étage ? Je me mordillais les lèvres en me rendant comptes qu’aucune réponse ne m’étais revenues. Je me hissait alors sur la pointe des pieds pour pouvoir regarder un peu mieux par le petit cadre par lequel était distribuée la nourriture. Je me raclais la gorge tout en retenant ma respiration. Silence de mort, plus aucune de ronde des gardes. Qu’est-ce qu’il se passait donc ?

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Mer 9 Mar 2011 00:25 
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Quelles pouvaient bien être les motivations d’Isarandil pour poser pied dans les cachots froids et humides de Kendra-Kâr ? Peut-être n’y en avait-il aucune, les cachots restaient le seul endroit qu’ Isarandil n’avait pas essayé de fouler. Les gouttes tombant sur le sol glaçaient ses pieds et ses os. Sa marche était d’autant plus ardue que les lueurs émanant des torches étaient elles-mêmes très faibles. Alors qu’il fronçait des sourcils, espérant d’élargir son champ de vision, il redoutait l’approche d’un garde. Les rats grattant aux murs ne l’aidaient en rien à garder son calme et il devait se morde continuellement la lèvre inférieure afin de ne pas crier et faire demi-tour.

Toutes les cellules devant lesquelles il passait étaient vides, ne s’y trouvaient que d’anciennes planches maintenues en hauteur et faisant office de lit pour d’anciens malheureux prisonniers qui en étaient venus à violer la loi de Kendra-Kâr. La seule chose dont Isarandil était sûr, c’était qu’il avait peur. Une peur qui le faisait avancer dans l’inconnu bien qu’il ne pouvait y voir deux pieds devant lui. A chaque tournant, il lui semblait entendre les voix des malheureux morts de faim ou de soif l’appeler et lui sommant de le rejoindre dans l’au-delà. Incapable de faire abstraction de ce qui semblait être une hallucination auditive, il trouva enfin la force d’être plus fort que sa peur et de la dominer.

Ses vêtements étaient désormais trempés et il commençait à se sentir malade. Maudite humidité, pensa-t-il. Bien sûr, il avait souvent été malade et cela lui avait permis d’être plus fort de constitution mais il est toujours assez ennuyeux d’être malade lorsque l’on se trouve dans ce qui s’apparenterait à une mission d’infiltration.

(Me voilà dans de beaux draps... En plus de ne pas savoir où je suis maintenant, voilà que je tombe malade et que je risque d'éternuer toutes les dix secondes !)

Résolu à ne pas se faire remarquer par qui que ce soit, il décida d'atténuer sa respiration autant qu'il l'avait appris à force de passer inaperçu lorsqu'il devait voler pour se nourrir... Au terme de quelques virages et quelques chutes dans des flaques d'eau il arriva devant une cellule dont la porte était fermée. Chose étrange étant donné que toutes les cellules précédentes étaient vides et était ouvertes. Déterminé à apprendre au moins quelque chose dans cette étendue glaciale il s'approcha des barreaux sans pour autant les toucher de ses mains et chuchota :

" Y a-t-il quelqu'un ?"

Pas de réponse... Il reprit, plus fort cette fois-ci :

"Hé oh ! Il y a quelqu'un là-dedans ?!

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Mer 9 Mar 2011 19:11 
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Il n’y avait pas eu de réponse, mes yeux scrutaient donc toujours l’obscurité dans l’espoir de discerner la moindre forme de vie. Seul les gouttes qui tombaient des plafonds laissaient paraître un léger clapotis à chaque fois qu’elles heurtaient le sol avant de disparaître dans les flaques comme un navire sombrerait sous les flots les plus puissants. Je n’étais pas tranquille dans la mesure où seul les sons parvenaient à mes oreilles. C’était comme si une infinité de son tous plus étranges les uns que les autres et n’ayant rien de tout ce qui était connu dans le monde humains se mouvaient autour de vous dans la pénombre la plus totale. Mon esprit imaginait toute sorte de créatures … Des rats étaient parvenus à s’infiltrer dans ma pauvre cellule et se battaient à quelques mètres de moi, je les entendais couiner et heurter le sol, leurs griffes rayaient les dalles de pierre grossièrement posées et leur queue virevoltaient dans tout les sens.

Je me laissais tomber lourdement sur le banc branlant qui était accroché au mur de ma prison par deux écrous à première vue très mal soudés, avant d’enfouir mon visage dans mes mains. Qu’est-ce qui m’avait pris de quitter ainsi mon père et mes frères ? Pourquoi est-ce que ma soif d’aventure était-elle parvenue à prendre le dessus sur ma peur du changement ?

Pourquoi, pourquoi … Comment serait un terme plus approprié. On parle d’une peur du changement qui se qualifie tout aussi certainement par une envie de changement, la peur qui s’en émanerait donc serait celle de ne pas pouvoir contrôler ce changement que je voulais tant apporter à ma misérable vie. Si je pouvais revenir en arrière, je pense que je me serai jeté dans les bras de mon père et de ma sœur avant de repartir pour ne pas faire la même erreur que celle que j’avais faite pour arriver ici. Enfin .. C’était très certainement ce que tout le monde se disait, pouvoir changer les choses afin de réparer ses fautes, de prévoir ainsi et diminuer tous les risques auxquels la vie en elle-même est exposée. Mais alors notre histoire ne serait qu’un méli-mélo de place détachées qui ne seront jamais semblables et qui seront modelables, nous pourrions ainsi effacer de notre mémoire de nombreuses personnes et disparaître de la leur … C’est vrai, que je n’aurai peut-être pas fini en prison, mais je n’aurai pas non plus pu me détendre avec le barde ni même rire avec les hommes qui étaient accoudés au comptoir … Peut-être que je n’aurai pas même connu la jeune fille qui avait su me guider à travers l’immense labyrinthe qu’est Kendra-Kâr pour un inconnu comme moi.

Je commençais à me dire que la vie n’était qu’un engrenage qui laissait le hasard faire, ou, tout du moins, qu’elle changeait sans cesse de direction en dépit de nos choix. Ce que j’essaie d’expliquer ici, c’est que, selon les choix que nous faisons, il s’en suit un chemin particulier, un chemin aux nombreux embranchements qui symbolisent d’autres choix qui nous seront attribués par la suite. La vie est un livre ouvert qui nous offre la possibilité d’écrire nous même notre histoire sans pouvoir la recommencer. Nous essayons de la changer, de la rendre meilleure pour nous, ou pour les autres - tout dépend de nos sources de motivation- sans pour autant savoir quel problème nous fera face ensuite et quel sera le dilemme face à ce problème. Rah ! Et d’ailleurs je me compliquais la tête à tenter de raisonner comme ces philosophes alors que je n’étais pas même capable de tenir un argument et de l’exprimer correctement. Enfin, de toute façon, dans mon misérable village, qui s’occupait de la philosophie ? Probablement personne.

« - Tout cela me manque … »

J’étais en proie à broyer du noir pendant une longue période lorsqu’un bruit me tira de mes rêveries habituelles. Une voix ? Mais à première vue ce n’était pas celle d’un garde. Je n’osai pas répondre d’abord, puis je me raclais la gorge.

« - L’on peut dire que oui… J’attends des explications, serais-je dans des cachots totalement déserts ou serait-ce mon imagination qui me joue des tours ? Vous n’auriez pas croisé des gardes ? »

Je soupirais après m’être rendu compte de la vitesse à laquelle ces phrases étaient sorties de ma bouche. Je me mordillais la lèvre en penchant la tête de gauche à droite de manière anxieuse. Ces questions étaient les seules auxquelles je voulais une réponse clair et nette. De toutes évidences, ma peine était terminées, mon vol n’était puni que de deux jours, et cela faisait bel et bien quarante-huit heures … Enfin, A franchement parler, je n’en savait rien. Je ne savais s’il faisait jour ou nuit à l’extérieur de ces souterrains poisseux, la seule chose qui me permettait de penser cela était qu’après avoir tourné comme un fauve en cage, j’avais fini par céder à une fatigue intense. A mon réveil, j’avais appris quelques sorts simples et basiques d magies à la lueur des torches , j’avais passé un temps incroyablement long à m’exercer, après tout, ce n’était pas ce qui manquait avant de sombrer de nouveau dans un sommeil profond.

« Quel jour sommes nous, à la fin ? »


Je m’approchais de la porte avant de m’avancer dans la faible lueur de la torche la plus proche qui dissipait difficilement les ténèbres, et cela non sans manquer de glisser sur un des deux rats qui me tenaient compagnie. Je me heurtais donc à la porte avec une plainte rauque accompagnée de deux ou trois jurons.

« -Ho et puis mince … Tu ne saurais pas comment me faire sortir d’ici ? Cela fait je ne sais pas combien de temps que je croupis entre ces quatre murs après tout »

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Mer 9 Mar 2011 21:19 
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En imaginant quelle forme pouvait avoir son destinataire, Isarandil ne put s'empêcher de repenser à son enfance, lorsque ses parents le lâchèrent dans les rues hostiles de Kendra-Kâr afin de garantir sa survie. Peut-être la leur, après tout il se peut qu'ils soient bel et bien morts. Peu lui importait. Il était désormais perdu dans des cachots et la seule chose qui lui tenait à cœur en vérité, c'était de rentrer au plus vite. Rentrer ? Mais où ? Il n'avait ni chambre dans une auberge, ni famille pour le loger, ni même un coin dans une rue dont il se serait révélé l'illégitime propriétaire... Il lui fallait donc seulement sortir de ces étendues noires, humides et malveillantes...

Il est vrai que dialoguer avec quelqu'un dissimulé dans l'ombre a pour coutume d'être très désagréable mais Isarandil s'y était accoutumé à force de traîner avec tous les traines-patins de Kendra-Kâr, néanmoins étant donné le contexte cela ne pouvait lui être pleinement agréable non plus. Il n'aurait jamais pensé atterrir un jour délibérément dans les cachots de la ville. Au contraire, il s'était toujours dit qu'il entrerait pour la première fois dans ce milieu enchainé à un boulet et trainé par des gardes pour avoir commis quelque entorse à la loi martiale.

Bien qu'il ait entendu de façon claire et distincte les propos de l'inconnu dissimulé dans sa cellule, Isarandil prit la décision de ne pas répondre de suite, il préféra attendre quelques instants, adaptant alors une réponse en fonction de toutes les possibilités qui se présentaient à lui : Quel était son sexe, sa personnalité, son âge ? Était-ce un mage puissant capable de l'anéantir par-delà quelques barreaux de fer ? Les questions se faisaient plus nombreuses au fur et à mesure qu'il essayait de répondre à celles qu'il se posait au préalable...

" Je me prénomme Isarandil, je suis un Skaath errant les rues de Kendra-Kâr et je ne vous veux aucun mal. Il me semble toutefois étrange que vous n'ayez pas vu de gardes, ceux-ci opèrent quelques tours de gardes dans les couloirs des cachots et j'ai dû me dissimuler parmi les cellules vides afin de ne pas me faire repérer. "

Voyant qu'il n'avait pas apporté de véritable réponse aux interrogations de son interlocuteur, Isarandil se sentit soudain gêné et ne sut pas quoi répondre l'espace de quelques instants. Pas de réponse de l'autre côté de la cellule. L'avait-on seulement entendu ou bien devenait-il tout simplement fou à force de vols, de mensonges et d'errance ? Souhaitant rattraper ses billevesées, il reprit :

" Je vous prie de m'excuser, messire, mais je ne saurais vous donner une date exacte, je n'ai pas les moyens de disposer d'un calendrier ou d'un quelconque autre moyen de me tenir informé des jours comme des années... En ce qui concerne votre... sortie, n'avez-vous pas envisagé l'idée qu'une évasion serait très risquée voire futile si votre est sur le point d'être payée ? Mais... D'après ce que j'ai vu, je crois bien que l'on vous oubliera, comme ils en ont oublié au fil des années..."

Isarandil décida alors d'inspecter de plus près les barreaux de la cellule en se concentrant surtout sur la serrure. A première vue, celle-ci ne semblait pas être très complexe, il y avait de grandes chances qu'il la crochetât et qu'il permette ainsi à son "nouvel ami" de recouvrer sa liberté, s'ils parvenaient à s'enfuir...

" Écoutez, êtes-vous un mage ? J'ai des connaissances en magie mais elles sont éminemment basiques, je ne saurais pas même allumer une flammèche afin d'éclairer la serrure. Je vous rassure, je m'y connais en crochetage. Il m'a permis de survivre dans la jungle urbaine. Enfin, je m'y connais juste assez pour essayer de vous sauver... "

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Sam 12 Mar 2011 12:03 
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Je pouvais maintenant entendre sa voix de façon distincte. C’était un jeune homme dont le timbre était plutôt neutre, ni rauque, ni trop aigüe. Enfin, la voix d’un homme quelconque que l’on trouverai dans les méli-mélo des rues sinueuses de Kendra-Kâr. Isarandil …. C’était un nom elfique non ? Enfin, la notion d’être Skaath m’était inconnue, il faut dire que j’étais enclavé dans un petit village depuis ma naissance et que les quelques semaines que j’avais passées au dehors ne m’avaient pas été très bénéfiques. En effet la ration alimentaire diminuait de jour en jour et c’était sans grand peine qu’on pouvait déjà annoncer un hiver très dur. Enfin se posait le problème des gardes. Il est vrai que je n’en avait vu aucun depuis un long moment? Peut-être étaient-ils occupés ailleurs ? Mais enfin, autant saisir cette chance de pouvoir s’enfuir alors ! Quitte à être recherché ensuite, de toute façon je ne resterai pas une minutes de plus dans cette ville une fois libéré de mon cachot.

La manière dont il s’adressait à moi me mettait mal à l’aise. Il me vouvoyait ? « Messire «  ! Je savais qu’il ne me voyait pas en raison de l’obscurité qui envahissait le couloir et les nombreuses cellules, mais n’avait il pas remarqué que je n’étais qu’un simple villageois grâce à mon accent et à mon franc parlé bien prononcé ! Je déglutissais d’ailleurs : et si c’était le moyen de montrer qu’il était de sang noble, qu’il maniait parfaitement l’art de la rhétorique et que je venais de lui manquer de respect ? Je secouais la tête de droite à gauche à la manière d’un cheval qui renâclerait à franchir un obstacle. A première vue, lui non plus n’était pas équipé pour déterminer, pou du moins pour situer grossièrement le jour que l’on était.

Une évasion. Oui ! C’était cela que j’avais en tête. Je ne me laisserai pas faire par des geôliers qui ne respectent en rien leurs obligations de tenir leur postes ! Et puis quelles étaient ces règles bafouées ! Comment pouvaient-ils oublier des prisonniers dans leur cellules malgré leurs lamentations ! Malgré leurs cris plein de souffrances qui déchireraient le cœur d’un bon nombre d’homme ? N’étaient-ils que des êtres immatériels qui passaient par ici une fois de temps en temps et qui se barricadaient de tout sentiment humain ? Qui étaient-ils pour ne pas respecter les lois ? Malheureusement, je n’aurai jamais de réponses à toutes ces questions qui jaillissaient dans mon esprit de la façon la plus violente que celle de la lave ardente qui surgit du plus profond des volcans. Je réfléchissais à ses propos. Pourquoi ne pas tenter la chance de s’en aller ? Et puis en plus de cela, au fur et à mesure que mes idées s’enchaînaient, il semblait décidé à me sortir de là. Un sourire naquit alors sur mes lèvres.

- Eh ah ! Je vais faire du mieux que je le peux pour t’aider. Ou plutôt devrais-je dire : vous aider.

Rapidement, je feuilletais mon livre en levant doucement la main, lui intimant d’attendre quelques instants. Je le refermais d’un claquement sec avant de clore mes yeux vairons. Je récitais la formule à voix base, il ne pouvait pas l’entendre, je n’articulais que très peu mes mots et ma voix était plutôt assimilable à un souffle en cet instant. Je craignais que l’humidité de la prison fasse s’étouffer presque immédiatement la flammèche qui jaillissait dans ma paume, me laissant me concentrer le plus longtemps possible.

- Je ne sais pas si je tiendrais longtemps. Ma résistance et mon endurance pour puiser mon énergie n’est pas illimités. Et de plus je suis à jeun, et manquant cruellement de sommeil.

Mon visage était donc légèrement éclairé et j’en profitais pour lancer un rapide coup d’œil à Isarandil qui examinait la serrure avec attention. Il avait les traits …. Attendez un peu que je me creuse un peu l’esprit. Les traits d’un … Et bien … Les traits d’un elfe tout simplement. Le visage fin et lisse, des yeux bien enfoncés, un nez ni trop long, ni trop court qui surmontait de fines lèvres pâles. Ce n’était pas la peine de s’arrêter sur son physique elfique -Parfait, comme pourraient le dire plusieurs dames-en ce qui me concernait je tentais de ne pas laisser la concentration que je portait à la flamme s’évanouir.
D’ailleurs la lueur de cette flamme évoluait par dégradé de couleur. Elle était née bleue en raison de l’énergie canalisée à l’intérieur même de cette petite étincelle à forme spectrale, pour se stabiliser en une lueur orangée, puis tendant un peu vers le jaune. En cet instant elle était rouge, signe que la chaleur émise avait nettement diminué (((Cf : chauffer à rouge << chauffer à blanc ))). Elle n’allait certainement pas tarder à s’éteindre dans ma main. Je ne pourrais jamais canaliser assez longtemps mes pouvoir si je ne parvenais pas à dégoter un gantelet qui pourrait me servir de catalyseur d’énergie. Enfin, peut-être pas me permettre d’avoir une quantité d’énergie plus importante, mais au moins pouvoir la contrôler comme bon me semble. Car il fallait dire que la difficulté première en magie n’était pas d’apprendre les sorts. C’était bel et bien de doser convenablement son énergie. Bon nombre sont ceux qui ne savent pas en mettre assez et qui ne parviennent à remarquer aucun résultat notables, soit les trop impétueux réussissent à lancer un sort trop puissant et se blessent alors eux-mêmes.

- Elle ne tiendra plus longtemps … L’humidité joue sur sa résistance aussi !

Je n’avais pas eu le temps de terminer ma phrase que déjà ma torche improvisée s’était évanouie dans ma paume pour me laisser uniquement une chaleur accrue au creux de ma main droite. Je me mordais les lèvres en voyant qu’il essayait toujours de crocheter la serrure, peut-être même ne parviendrait il pas à ouvrir cette fichue porte qui ne semblait pas être dotée d’un mécanisme de sécurité .. Enfin, un minimum quand même, s’il était aussi simple d’entrer et sortir d’une cellule que d’en faire de même dans une taverne ou je ne sais où … Je me frottais le nuque en continuant de mordiller l’intérieur de ma joue. Je tentais alors de soulever légèrement la porte, peut-être que le demi tour de la serrure était décalée par rapport à la gâche de l’encadrement de porte. Un craquement sec me tirait alors de mes pensées. Je trépignais soudain sur moi-même, croyant dur comme fer avoir trouvé la bonne solution pour s’enfuir.

- Isarandil … Il faut faire sortir la porte de ses gonds ! Il faut la soulever. Il n’y aurait pas un levier ou quelque chose s’y apparentant dans le coin ?


Mon regard balayait le couloir du mieux qu’il le pouvait et je t’entais une nouvelle fois de faire naître une flamme le temps d’éclairer les lieux pendant une dizaine de secondes. Ma gorge était nouée et l’anxiété commençait à me gagner. Je tentais de passer ma tête à travers les barreaux de ma cellule pour pouvoir porter mon visage plus loin, tendant la main pour éclairer du mieux que je le pouvais le sombre couloir dans lequel nous nous trouvions. Si ce n’est les rats et les dalles se dérobant en plein passage, il n’y avait rien de bien … Si ! Une cellule présentait un barreau courbé, peut-être qu’avec un peu de force ou à l’aide d’une dalle de pierre, il serait possible de la casser et de l’utiliser de la même façon qu’un bon levier. Me dents se plantaient alors de plus en plus fortement dans ma lèvre. Était-ce seulement une bonne idée ?

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Ven 25 Mar 2011 00:41 
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Isarandil appréciait l’assistance de Wolkaïn, à vrai dire il en allait son évasion donc c’était bien la moindre des choses. Néanmoins il fut surpris à l’idée qu’on le vouvoyât soudainement : il n’était pas d’extraction nobiliaire ou quoi que ce fût qui eût requis l’usage d’une formule de politesse distinguée. L’elfe aurait-il laissé paraître un quelconque signe qui le placerait faussement au rang de la haute société ? Il espérait que non, et si tel fut le cas, qu’il s’arrangeât au plus vite. A quoi cela servirait-il de passer pour un noble homme dans l’ ombre pour se révéler n’être qu’un roturier digne des plus basses conditions ? Rien, et il le savait très bien. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il voulait en finir au plus vite avec cette évasion afin de ne pas laisser Wolkaïn se faire une mauvaise idée d’Isarandil plus longtemps que nécessaire.

Peut-être que Wolkaïn était un noble en réalité et qu’il avait adopté un parler propre aux paysans afin de dissimuler sa véritable identité ? Tant de questions se bousculaient dans l’esprit d’Isarandil et faisaient croître son désir de connaître réellement cet énigmatique interlocuteur ainsi que celui de fuir enfin ces lieux hantés par les rats et l’humidité. La seule chose dont il était sûr et certain c’est qu’il était doué de compétences magiques bien qu’affaiblies par l’environnement et sa situation. Était-il seulement digne de confiance et n’allait-il pas s’emparer de l’âme d’Isarandil une fois que celui-ci l’aura mené hors de ses geôles ? Il n’avait plus le choix : il avait décidé de le sauver, il devait donc aller jusqu’au bout. Il en allait autant de son honneur que de l’obligation morale, sachent les dieux combien Isarandil y était attaché.

La flammèche que Wolkaïn avait invoquée avait permis à Isarandil de déterminer où se trouvait précisément la serrure. Encore mieux : il avait même remarqué que celle-ci était tellement désagrégée par le temps qu’un simple coup de pied lancé avec élan et force permettrait de libérer le captif de sa geôle.

« Vous allez être content ! Je ne sais pas qui vous a placé ici mais en tous cas vous allez en sortir très vite. La rouille a tellement attaqué la porte que celle-ci ne tient que par le miracle. Écartez-vous de la porte, placez-vous sur le côté et soyez prêt à fuir : je ne peux vous garantir que votre évasion se passera sans bruit… »

Wolkaïn n’aurait sans doute jamais pensé qu’un mage viendrait à user de la force de son pied pour aboutir à une évasion mais compte tenu des circonstances : environnement, ses compétences,… il était préférable d’avoir recours à quelque chose de plus sûr que la magie dans un lieu qui rendrait aussi incertain son exercice. Au départ, Isarandil pensait crocheter la serrure le temps que son associé illuminerait son champ de vision. Mais finalement il valait mieux enfoncer la porte afin d’éviter de s’épuiser futilement et n’aboutir alors à rien de bon.

« Prêt ? » demanda Isarandil. La réponse qu’il obtint étant affirmative il s’empressa d’infliger à sa cible un coup de pied retourné en plein dans la serrure. L’effet fut immédiat : La porte sortit de ses gonds et alla s’écraser contre le sol dans un boucan du diable. Il fallait faire vite : les gardes avaient sûrement été alertés par le bruit et allaient commencer à mener une battue dans l’ensemble de la zone, arme en main.

« Nous devons faite vite, très vite si nous ne voulons pas mourir torturés ou je ne sais quoi d’autre. »

Isarandil put enfin voir le visage de celui dont il venait de sauver la vie à la lueur de quelques torches : un humain banal mais au regard intelligent et qui se faisaient les fenêtres de ces âmes que l’on ne rencontre qu’une fois dans une vie. Pas de temps pour les contemplations esthétiques : le temps pressait et leur priorité était la fuite. Isarandil, qui menait la course, avait deux choix : rebrousser chemin ou bien s’aventurer dans des couloirs inconnus ? Quel était le chemin le plus sûr, quel était le plus rapide ? Prudence étant mère de sagesse, il décida de retourner sur ses pas en étant autant que possible sur ses gardes : il avait quelques souvenirs de ces innombrables couloirs, ce qui lui permettrait de ne pas se perdre – chose qui aurait très bien pu se produire s’ils s’étaient aventurés dans les affres obscures du labyrinthe souterrain.

Aucun des deux ne dit mot tout au long de la traversée. Il fallait être aussi silencieux que possible : les couloirs ne grouillaient pas de gardes mais certains passaient au coin d’un couloir obscur et auraient pu découvrir le duo de fugitifs si l’un d’entre eux eût la très mauvaise idée de produire quelques sons qui ne s’apparentait pas à celui de la respiration. Comme prévu les gardes étaient armés jusqu’aux dents : armures complètes, lances pour certains, d’autres portaient des épées et des écus. Ils n’auraient fait qu’une bouchée du Skaath et de l’humain… A croire qu’un ange gardien veillait sur eux tout au long de leur périple.

C’est alors qu’ils allaient emprunter l’escalier qui les mènerait à la sortie qu’ils comprirent qu’ils étaient en train de faire une grossière erreur qui leur serait impardonnable : s’ils montaient l’escalier ils seraient inexorablement encerclés par les forces de l’ordre… Il leur fallait improviser et trouver un autre moyen, quel qu’il soit, de partir. Et vite. Tout au long des couloirs qu’ils avaient déjà empruntés ils n’avaient remarqué ni l’un ni l’autre de canalisation, d’interstices ou autre. Et s’ils étaient condamnés, à la merci de ces gardes comme un poisson rouge dans un bocal ? Wolkaïn poussa un soupir de désespoir inaudible et se laissa tomber contre les pierres. Qu’était-ce ? Un bruit éveilla leur attention : le son émit par le choc du corps de Wolkaïn sur ce pan de mur sonna terriblement creux. Même si cela n’était qu’une illusion auditive il n’y avait pas d’autre possibilité : il fallait tenter le tout pour le tout : Wolkaïn, plus fort de constitution physique qu’Isarandil, décida de se propulser contre le mur. Excellente idée puisque les pierres étaient effectivement branlantes. Pas de temps à perdre, il fallait se frayer un chemin vers la liberté. Isarandil força le destin lorsqu’il décida d’avoir recours à la magie pour accélérer leur entreprise. Il apposa ses mains contre les pierres et chercha du plus profond de son esprit à donner un coup de force contre les pierres. L’idée était ingénieuse mais éminemment dangereuse : Isarandil n’était qu’un néophyte et il était affaibli par l’humidité ambiante. Néanmoins il ne pouvait pas agir autrement : soit il échouait et il aurait au moins essayé ou alors cela aboutissait et ils gagneraient beaucoup plus de temps que s’ils ne s’y étaient pris avec leurs seules mains.

Et… Il réussit. Les pierres furent propulsées de l’autre côté mais Isanradil manqua de perdre conscience. Cela avait requis un tel effort de sa part qu’il dut monopoliser et l’ensemble de son potentiel magique mais aussi toutes ses ressources physiques afin de supporter le choc. Les gardes avaient-ils entendu le bruit de la chute des pierres ? Sûrement, et il fallait encore moins tarder.

« Wolkaïn, vous décidez aujourd’hui de votre destin. Nous allons partir d’ici, soit vous ne suivez et nous irons par plaines et montagnes, soit vous allez de votre côté et nous nous séparerons à jamais… ».

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Sam 2 Avr 2011 01:07 
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II/ Chapitre 1: Coeur de glace

Le claquement régulier de ses talons sur le sol de pierre résonnait dans le cachot. L'odeur de la sueur et celle, plus rare, du sang caressait ses narines. Pour le commun des mortels, et des immortels, ces exquises senteurs étaient synonymes de dégout: des ignorants! Il n'y avait là que source de plaisir. Et lorsque les cris de douleurs s'ajoutaient à cela, c'était alors le comble de l'extase... La multiplication de la douleur mélangée au fluide vitale s'écoulant des plaies ouvertes... Y penser éveillait l'impatiente dans son coeur! Il pressa le pas. les hurlements de rage, de folie de certains prisonniers parvenaient de temps à autre jusqu'à lui, son pouls battait au rythme de la douce symphonie. Son cerveau entrerait bientôt dans une transe unique, il prenait soin de savourer chaque seconde de ce véritable cadeau des Dieux!

Comme il l'avait ordonné à ses subordonné, ses pions, sa victime avait été enfermée dans la plus profonde des cellules. S'il n'entendait pas ses cris de terreur, à elle, c'est tout bonnement parce qu'il s'était lui-même chargé de lui coudre les lèvres... Bien sur, c'était une forme de sacrifice pour lui, puisqu'il ne pourrait pas se languir de sa voix quand il torturerait son corps. Il voyait déjà la porte, la porte de son paradis! Les torches projetaient sur le sol humide une lueur inquiétante. Inquiétante? Oh non, rassurante... Il posa une main sur l'agréable froideur de l'anneau de fer et poussa la porte.
Les jambes droites, les chevilles collées, il ouvrit grand les bras et inspira à fond. Tout ce qu'il appréciait: une victime, magnifique qui plus est. La femme était allongée à même le sol sur le dos. Dans son étirement maximal, des liens lui nouaient poignets et chevilles. Exposée dans son plus simple appareil, on pouvait savourer les formes voluptueuses de ses hanches, de sa poitrine. Son visage fin se tourna dans sa direction. Ses yeux lui lancèrent un regard assassin, faute de pouvoir déverser un flot d'insulte sur son tortionnaire. Et il aimait cela. La terreur, la colère... Tout cela mélangé dans un corps sans défense, un esprit torturé par l'impuissance... Ca y est! Il ne pouvait plus tenir! Il s'élança gracieusement, suivit du regard par la femme, et fit le tour de son corps. Observant minutieusement les points sensibles (qu'il connaissait par coeur) il dégaina une toute petite lame de sa manche. Une larme roula sur la joue crasseuse de la brune.
Les nombreuses techniques pour arracher des cris, ici des gémissements de douleur, tournaient dans sa tête, il ne savait pas par où commencer... L'énucléer? La taillader? La découper? C'était fâcheux...Et en même temps extraordinaire! On devrait toujours avoir le choix, toujours... Comme lisant dans son esprit, la femme écarquilla les yeux, plus encore lorsque la lame toucha sa peau. Elle se débattit, s'écorchant un peu plus les poignets et les chevilles. Lui décochant une formidable gifle, elle manqua tourner de l'oeil. Il se promit de frapper moins fort à l'avenir, car c'était indispensable qu'elle voit son malheur... D'un regard glacial, il lui imposa le silence. Il jouissait de pouvoir dominer ainsi ses victimes, son plaisir grandissant au rythme de leur peur.
Lorsque l'on entendit plus que les gouttes frapper la pierre, il posa la petite lame aiguisée comme un rasoir au niveau du plexus de la femme. Elle tentait de réguler sa respiration, mais c'était une tentative vaine. Bientôt elle se casserait la voix à gémir de douleur et de haine, et lui, apprécierait cette mélodie!

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Dernière édition par Aztai le Dim 1 Mai 2011 18:09, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Sam 2 Avr 2011 23:33 
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[:attention:] Ce rp peut choquer les personnes plus sensibles [:attention:]

Dans la chair collante de sueur, il traça un long trait avec la lame. A présent, une plaie verticale du plexus à l'aine suintait de grosses gouttes de sang. Devant ce beau spectacle, la femme gémit et se débattit... au grand plaisir de son bourreau. Il suivit des yeux une trainée de sang sur le flanc. Interrompant le chemin vermeil avec sa main, il porta les doigts à sa bouche pour les sucer. Ce gout de fer était exquis, mais quelque peu gâché par la haine: pour lui, le fluide vital était l'arôme des sentiments. Se levant pour observer sa victime de haut, il replongea tel un faucon serres ressorties. Il coupa à nouveau la chair: un trait identique et parallèle au précédent, à environ trois centimètres d'écart. Du sang coula à flots, on aurait pu croire qu'un animal venait de lacérer sa proie avec deux griffes... On n'était pas loin de la réalité. Cette image le fit sourire et avec un regard pervers, il joignit d'une nouvelle entaille (horizontale celle-ci) les deux blessures précédentes à l'extrémité du haut. Lisant déjà ce qu'il avait prévue de faire, la belle brune, malgré ses lèvres cousues, lâcha un gémissement à s'en briser les cordes vocales. Avec toute la délicatesse qu'il pouvait ,il saisit les cheveux à la racine du front. Il tira un grand coup et cogna la tête contre la pierre. Complètement sonnée, la femme commençait à s'évanouir et son gémissement su tût. Un filet de sang coulait à l'arrière de son crâne. Avec sa main libre, il couvrit de sa paume la plaie et la referma d'un fil de magie. Il s'en serait bien passé, histoire de profiter un peu plus de la souffrance de la femme qui reprenait conscience. Pendant un instant elle avait cru échapper à son supplice, il en éclata de rire. Ne comprenant pas sa réaction, l'humaine posa à nouveau ses yeux sur les trois coupures au niveau de son ventre.
Inspirant à fond, et après avoir pris soin qu'elle observait bien, il enfonça son couteau sous la petite plaie qui rejoignait les deux grandes autres. Pressant la peau entre le métal et son pouce, il tira. Avec un gémissement de terreur comme fond sonore, la chair se déroula comme la peau d'un fruit que l'on épluche. Le sang gicla de la déchirure et inonda le ventre de l'impuissante. Des larmes ruisselaient sur ses joues. Lui aussi avait envie de pleurer... de bonheur! Ce véritable moment de plaisir et d'extase le menait dans le plus beau des mondes. Les Dieux eux-même ne pouvaient avoir connu cela un jour. Des frissons parcourraient son échine, il fallait continuer!

Deux bonnes heures et une symphonie de douleur plus tard, il se releva pour examiner son chef-d'oeuvre. C'était de l'art "corporel". Une expression parfaite de son esprit, de son envie, de son bonheur! Il avait conservé dans un coin de la cellule les bandes de chair prélevées sur le corps de la brune. Elles formaient un petit tas sanguinolent. La femme était sur le point de perdre conscience: rares avaient été les sujets tels qu'elle. Malgré la quinzaine de déchirures, identiques à la première, elle avait "sagement" regardé son exécuteur faire. Le ventre, les bras, les jambes et même les pieds avaient la chair à vif. Une mare de sang s'épanouissait sous le corps presque sans vie. Pour terminer son travail, il trancha net l'annulaire de sa main gauche et arracha un ultime exquis hurlement: sa signature.
Il aurait apprécié observer le fluide vermeil dessécher les restes de la femme en fuguant ses veines. Mais elle avait une mission à accomplir encore, et son trépas n'était pas au programme. Il posa ses mains sur toutes les blessures et stoppa l'hémorragie. La chair était encore à vif mais elle ne mourrait pas. Cependant, la souffrance de sentir ne serait-ce que le vent frôler son corps lui arracherait des cris. Fallait-il encore qu'il lui découse les lèvres. Fier de son travail, il pensa un moment à le faire... Non. Elle garderait les fils jusqu'à la fin.
Peut-être que lui, il les enlèverait. Car lui, comme tous les êtres faibles, aurait pitié. Et la condition d'être un woran n'empêche pas la pitié. Les worans étaient faibles!

Aztai mourrait bientôt, il n'échapperait pas deux fois à son destin.

Suite

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Dernière édition par Aztai le Dim 1 Mai 2011 18:14, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Sam 30 Avr 2011 23:39 
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...

- Pourquoi ? Pourquoi ça se passe toujours comme ça ?

- Enfin réveillé ?


Cela faisait presque une demi-heure que Heartless était entré dans cette prison, et qu'on l'avait enfermé dans ce cachot miteux, en face de cette autre personne. Le borgne lui avait adressé la parole sans manière, car il ne pouvait parler autrement, mais son interlocuteur avait décelé une certaine mélancolie dans sa voix. Ce dernier était enfermé dans une autre cellule à l'opposé de la cage du "pirate", et il l'avait continuellement observé depuis son arrivée. Sirius n'avait pas bougé d'un pouce depuis que les gardes l'avaient jeté énergiquement contre le sol moisi de cette prison, il était resté allongé sur le ventre, face contre terre, comme mort, comme un cadavre...

- J'ai pas dormi.

Il lui révéla qu'il était cependant resté éveillé. Il était comme cela depuis sa saisie par la milice, il ne bougeait plus, il gardait les yeux fermés mais ne parvenait pas à dormir. L'autre détenu continuait de le fixer d'un œil avisé.

- Je vois... Pourquoi es-tu ici ?

Lentement, l'œil du borgne s'entrouvrit, fixant le vague, le gris des murs. Son iris poursuivit un rat qui allait de trou en trou, faisant sa routine, perpétuant un cycle sans fin. Son souffle maussade balaya la poussière qui teintait ses lèvres.

- J'ai cru pouvoir courir après un rêve sans queue ni tête, sans me soucier de rien.

- Hm... Alors, sur ce point là, nous ne sommes pas si différents.

- Sans blague...


Un long silence s'installa entre ces deux inconnus qui se rencontraient par hasard. Aucun d'eux n'esquissa le moindre mouvement. D'une manière différente, ils semblaient chacun leur tour se réjouir d'un tel silence d'un tel calme. Il n'y avait pas grand monde dans ce couloir, et les rares âmes égarées qui y dormaient voyaient leurs ronflements étouffés par la distance ou bien le vent qui filtrait par les barreaux des fenêtres. Ce silence fut assez pour qu'on le brise avec une question que Heartless posa avec une gravité dissimulée.

- Tu m'écoutes toujours ?

- Oui.

- OK... Si... quelqu'un en qui tu as confiance se retourne contre toi et te dit d'abandonner tes rêves, d'aller... fonder une famille et tout... Tu ferais quoi ?


Aussitôt une hirondelle alla se poser sur la tête de Sirius qui sursauta, surpris, puis se redressa d'un bond félin, dévoilant son visage égrisé et éborgné à l'autre homme, avec cette grimace à la fois effrayée et soulagée, ou amusée, de s'être laissé aller à une frayeur si idiote. Son regard suivit l'envol de l'oiseau jusqu'à ce qu'il atterrisse dans la paume de son interlocuteur. Ils s'adressèrent un regard, ils avaient tous deux cet air hautain, presque méprisable, mais, dans l'air glacé des geôles, ils semblaient se considérer comme égaux. Heartless fut d'abord surpris par la jeunesse de son voisin. Malgré un bouc noir finement taillé, malgré cette voix d'une sagesse ancestrale, malgré ces longs cheveux ébènes d'une raideur telle qu'on aurait pris sa crinière comme une chute d'encre, et surtout malgré ces yeux aussi clairs que la pleine lune, cet homme n'avait guère de ride sur la peau. Il était comme une craie, si pâle, si pur, si lumineux. Bouffé par des vêtements si amples, il n'avait pas l'air imposant, et il semblait véritablement immobile, là encore, c'était un fin roc, une pierre lisse. Il sourit.

- Je lui montrerais jusqu'à quel firmament peut s'élever même la plus faible des hirondelles... Alors voilà enfin ton visage, mon pauvre ami. Je suis Mazhui.

- ... Sirius.

- Enchanté, Sirius. J'espère te revoir bientôt.

- Que veux-tu dire ?


Le rire de Mazhui résonna jusqu'à l'autre bout du couloir et l'hirondelle s'enfuit par la fenêtre. C'était un rire sain, sans moquerie, ni arrogance. C'était juste une réaction ironique à ce qui était pour lui une évidence...

- Tu n'es pas une hirondelle, tu es un corbeau. Contrairement à l'hirondelle, tu n'es jamais seul. Quelqu'un viendra te chercher, et tu auras une chance de sortir d'ici. Je te souhaite bonne route.

Heartless était surpris par la clairvoyance de cette personne qui avait deviné en seulement un instant qu'un de ses compagnons était bel et bien en route pour le délivrer. Était-ce le destin ?

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Lun 2 Mai 2011 10:44 
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Au sous-sol de la milice kendrâne se trouvait les cachots, lieu renfermant tous les malfrats de la ville blanche ayant commis divers crimes, y compris Sirius Hartlingrad, dit Heartless, accusé de piraterie. Celui même qui l’avait fait jeter en prison, Nark Lounge, était sur le point de le délivrer. Il s’approcha de la lourde grille en fer forgé recouverte de trace de rouille qui menait aux cellules. Deux miliciens armés d’épées longues montaient la garde, vigilants. Alors que le jeune homme descendait les marches, ils dégainèrent immédiatement, prêts à combattre.

« Halte-là ! Il est interdit aux non-miliciens de venir aux cachots »

« Du calme messieurs. Je suis en mission secrète pour le compte d’Asord. »

Il tendit à nouveau le papier, que le milicien de gauche prit. Il était grand et musclé. Ses cheveux blonds retombaient sur ses épaules musclés. Son regard sombre déchiffrait le parchemin. Son armure luisait, bien huilée et nettoyée. Son compagnon, quant à lui, était gros et gras. Ses cheveux noirs étaient coupés courts, et il était mal rasé. Il semblait étouffer dans son armure d’acier. Nark n’aurait à coup sûr aucun mal à l’éliminer.

Après quelques secondes, l’homme blond quitta le papier des yeux et releva la tête.

« Très bien, tout me semble en ordre »

Il se retourna pour ouvrir la porte. Nark ne pouvait se permettre de laisser des ennemis derrière lui, si proche des geôles. Donc, alors que le gros homme regardait son ami, notre héros dégaina sa rapière et l’acier mordit la chair. Avant que le guerrier ait pu pousser un cri, le jeune homme trancha sa gorge, et le sang éclaboussa le mur. L’autre se retourna et tenta de sortir sa lame de son fourreau, mais l’arme qu’il portait n’était pas appropriée pour un combat dans un étroit couloir. Nark enfonça son épée jusqu’à la garde dans l’abdomen du guerrier blond. Deux adversaires de moins. Il récupéra les clés présentes sur le cadavre de son dernier adversaire et enfila ses jambières et sa lourde armure dans le but de faire croire qu’il était milicien.

Le fils de marchand poussa la porte de fer. L’escalier continuait pour accéder au couloir où se trouvaient les cellules. Il faisait chaud dans les cachots et l’air, humide, étouffait. De temps à autre, des torches disposées à intervalles réguliers éclairaient les cellules, mais les ténèbres restaient présentes. On entendait les couinements des rats et les ronflements des prisonniers. Il descendit l’escalier à pas de loup, mais il semblait que chacun de ses pas faisait autant de bruit qu’un coup de tonnerre. Il ne vit aucun garde, ce qui l’interpella. Pourquoi laisserait-on des cachots sans surveillance ? Il partit à gauche, espérant que c’était là que se trouvait son capitaine. Dans la plupart des cellules se trouvait des ivrognes qui dormaient. Après quelques dizaines de mètres, il trouva enfin son capitaine.

« Sirius ! Sirius ! Je vais te délivrer ! »


Le trousseau volé comprenait peu de clés et il comprit que toutes les portes possédaient les mêmes serrures. Il en mit une dans la serrure, et tourna. Par chance, celle-ci s‘ouvrit. Alors qu’un sourire étirait ses lèvres, il entendit des cris de guerre kendrans. Cinq gardes arrivaient sur lui, à une vingtaine de mètres.

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Dernière édition par Nark le Sam 7 Mai 2011 20:23, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Mer 4 Mai 2011 16:00 
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- Sirius ! Sirius ! Je vais te délivrer !

Ces paroles résonnèrent dans la tête du borgne, et arrachèrent un sourire discret à Mazhui qui regardait paisiblement la scène dans son cachot. Levant la tête Sirius reconnut le visage de Nark Lounge qu'il avait auparavant sauvé de la folie de Gallion. Il s'écria :

- Nark ! C'est toi ?

Il sortit à la hâte de la cage dont Nark l'avait libéré, un rire en coin gravé pendant un court instant sur ces lèvres, seulement un court instant. Un groupe de miliciens se précipitaient déjà sur eux l'arme à la main. Heartless savait qu'un affrontement dans un couloir aussi étroit leur serait fatal, et il n'avait aucune arme sur lui, déjà qu'il n'était pas très doué à l'épée. Ils devaient fuir. Cependant, alors que le capitaine déchu s'apprêtait à sonner la fuite, il fut retenu par un pressentiment. Le fruit de son instinct dirigea son regard vers Mazhui, l'homme en cage qui pourtant arborait toujours la même expression sereine. Ni une ni deux, il déroba le trousseau de clés à son compagnon et s'en servit pour ouvrir la grille qui retenait le sage. Mazhui était étonné, pour la première fois, d'un geste si soudain et irréfléchi. Il se releva quand Heartless lui cria :

- Ramène-toi ! Vite !

Il n'avait pour l'instant que deux choix : trahir la confiance sans objet de ce détenu en fuite, ou trahir la sentence qu'on lui avait imposé malgré lui. Mazhui fit son choix et fuit sa cellule avec ce personnage qui l'intriguait autant par ses actes impulsifs que par la sauvagerie qui émanait de lui, cette odeur bestiale, cette chaleur flamboyante que l'homme trouvait dans l'espoir. Tirant Nark dans leur fuite, Heartless et Mazhui prirent la poudre d'escampette dans la direction opposée. Cette course poursuite dura un petit moment, le cachot était construit comme un labyrinthe et chaque couloir en cachait un autre, si bien que la troupe se perdit dans un tel dédale. Sirius, ne savant plus où donner de la tête, s'interrogea tout en guettant de l'oreille les bruits de pas des gardes furieux.

- Merde... où on va maintenant ?

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Dernière édition par Heartless le Jeu 5 Mai 2011 19:31, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Mer 4 Mai 2011 23:07 
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Heartless sortit de la cellule, un sourire aux lèvres, sûrement content que Nark l’ait sauvé de plusieurs jours de captivité. Cela aurait eu pour conséquence la perte définitive du Masamune, son galion volé par son ancien second.

Puis le borgne eut un geste qui déconcerta le jeune homme. Il prit les clés de la main du guerrier pour ouvrir une cellule adjacente à la sienne. Un individu en sortit. Il portait une longue barbiche noire et étrangement, il était parfaitement rasé, malgré sa captivité. De longs cheveux noirs sombre comme la nuit descendaient le long de son dos. Il était vêtu avec goût, et ses vêtements étaient en soie, une matière douce, donc très chère. Son apparence dénonçait une origine noble. Une aura bestiale, sauvage, agressive se dégageait de lui. Son regard froid était glacial, et cela lui donnait un air hautain. Néanmoins, à l’instant, il était étonné que Sirius le délivre.

Les gardes les poursuivaient toujours, et se rapprochaient de seconde en seconde. Nark avait l’intention d’aller à leur rencontre quand son compagnon le prit par la manche pour l’entraîner à travers le dédale de couloirs que formaient les cachots. Hors d’haleine et ne trouvant pas la sortie de cet endroit, le capitaine s’arrêta et poussa un cri qui manifestait de son énervement. Une voix calme s’éleva alors :

« Je connais le chemin qui mène à la sortie, si vous le souhaitez. Mais je pense qu’un petit détour à l’armurerie nous serait bien utile »

Il s’agissait de leur nouvel acolyte. L’exaspération et la colère envahirent Nark. Pourquoi cet idiot ne l’avait-il pas dit plus tôt ? Cette course à travers les cachots n’avait servi qu’à les épuiser, alors qu’ils avaient plus que jamais besoin de toute leur force. L’homme avait sûrement vu le regard assassin qu’il lui lançait, car un petit sourire amusé et moqueur se dessina sur ses lèvres. Cela rajouta au mécontentement qu’il éprouvait. Il essaya d’effacer sa fureur pour se préoccuper de leur fuite.

« Très bien. Conduis-nous-y s’il te plaît. »

A ce instant, l’homme vêtu de soie se mit en mouvement. Les deux compagnons durent courir pour le rattraper. Il avançait sans aucun doute, se dirigeant vers un lieu sans aucune hésitation. Après quelques minutes de course, ils arrivèrent devant une porte gardée par un milicien. Nark, toujours habillé de sa tenue de défenseur de la loi, s’approcha en courant vers l’homme et cria :

« Des prisonniers se sont échappés ! Des prisonniers se sont échappés. Le chef te demande. Je garde l’armurerie à ta place. »

Immédiatement, le garde partit en courant sans voir Heartless et le troisième homme. Maintenant que des armes étaient à leur disposition, leur évasion était en passe de réussir.

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Dernière édition par Nark le Sam 7 Mai 2011 20:26, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les cachots
MessagePosté: Jeu 5 Mai 2011 20:19 
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Mazhui avait semblé tellement à l'aise dans ce labyrinthe où tous les dédales se ressemblaient et se confondaient. Il devait avoir un sacré sens de l'orientation pour avoir trouvé l'armurerie aussi vite, ou bien connaissait-il les lieux ? Les deux fugitifs se cachèrent dans un coin du mur pendant le garde leurré par Nark s'aventurait dans les couloirs de la prison. Vifs comme des ombres, les trois hors-la-loi se réfugièrent dans l'armurerie. De nombreuses épées y étaient entreposées par genre. N'écoutant que son instinct, Heartless se saisit d'un sabre luisant dont la simple vue du tranchant lui donnait des frissons d'excitation. Il s'empara ensuite d'un poignard en argent, séduit par les gravures de l'arme. Sa soif d'armement s'arrêta net lorsqu'il prit en considération le poids d'une armure et la gêne qu'occasionneraient un plus grand nombre d'outils. Pendant ce temps, Mazhui se contentait de rester planté devant une étagère un peu particulière, qui contenait des espèces de boules de pétanque suspectes. Intrigué par cette inactivité devant une situation aussi désespérée, Heartless approcha son compagnon sagace et se moqua de lui :

- Bah alors, tu veux les assommer avec ça ? T'es pas sorti de l'auberge, mon vieux.

- Peut-être bien.


Sans prêter davantage d'intérêt aux propos du borgne, Mazhui s'empara de quatre de ces étranges objets et en donna deux à Sirius .

- Tiens, c'est pour toi.

- Tu... tu te fous du moi ?

- Prends-en deux, tu verras, ce sera utile en temps voulu.

- Toi et tes énigmes...


Il grogna tout en jetant négligemment les boules en acier dans un sac de farine qu'il avait vidé au préalable et accroché à sa ceinture. Une fois de plus, c'était à Nark de donner de sa personne...

- On ferait mieux de s'bouger. Nark, où est la sortie ?

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Dernière édition par Heartless le Ven 31 Aoû 2012 16:27, édité 1 fois.

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