L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 64 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Les habitations
MessagePosté: Dim 18 Avr 2010 16:26 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 26 Oct 2008 16:27
Messages: 39606
Les habitations


Image


Espacées et plutôt petites sur l'extérieur de la ville, plus hautes et serrées dans le centre urbain, les habitations de Yarthiss ont toutes comme point commun le bois. Aucune maison entièrement construite en pierre, par ici: les plus pauvres masures sont des cabanes entièrement en bois, alors que les maisons du centre sont des maisons aux murs soutenus par de lourdes charpentes de bois sombre, des colombages, et recouverts de crépis.

La bourgeoisie commerçante locale fait étalage de ce style architectural particulier à Yarthiss, soulignant une fois de plus la prépondérance du commerce du bois pour les habitants de la cité.

_________________
Image
Image
Image



Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Dim 18 Avr 2010 18:17 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mer 14 Avr 2010 19:28
Messages: 270
Localisation: ath
Chapitre 1: Oublier le passé.
Précédent: bain nocturne
Partie 3: Surprise!
(((Ceci se passe dans le manoir Nothingham, qui, à l'époque de ce RP était occupé par un riche marchand de bois. Il s'agit du gros bâtiment au nord du château sur le plan. )))

Une série de clics venait récompenser le travail de Spectre. Lentement, il poussa la porte.

(OK, jusqu'ici, tout c'est passé plus ou moins comme je l'avais prévu. Maintenant, il est temps de chercher l'endroit ou Nothingham planque ses sous. Faudra faire gaffe aussi pour d'éventuels patrouilles à l'intérieure du manoir. Bon, essayons en premier lieu la chambre de coucher de notre chère marchand).

Lentement il poussa la porte et se glissa à l'intérieur. Il se trouvait à l'intérieure d'un gros tonneau de vin, probablement utilisé pour dissimuler la galerie. Une trappe avait été aménagée dans la paroi à la gauche de Spectre. Comme elle était faite pour empêcher les gens d'entrer, Spectre n'eut aucun mal à la trouver et à l'ouvrir. Il entra dans la cave de vin du marchant, et repéra tout de suite un escalier qui menait au rez-de-chaussée. Apres avoir vérifié qu'il n'avait laissé aucune trace de son passage, il commençait lentement à gravir les escaliers. En haut de l'escalier, il entra dans ce qui ressemblait aux cuisines du manoir. Progressant ainsi de chambre en chambre, Spectre se sentait de plus en plus mal à l'aise.

(On dirait que tous les gardes ont disparus. Le marchand qui m'avait dévoilé l'entrée secrète du manoir m'avait assuré que les gardes de Nothingham étaient parmi les plus zélés de la ville. J'ai un mauvais pressentiment.)

Finalement, Spectre se tenait devant la porte de la chambre à coucher de Nothingham. Mal à l'aise, il posa son oreille contre le bâtant de la porte, pour s'assurer que personne ne se trouvait à l'intérieure. Au moment ou sa peau entra en contact avec le bois de la porte, un éclair bleu passait du bois dans le corps de Spectre et il se trouvait complètement paralysé. Une voix se fit entendre derrière lui.

Tu t’es ramollit Spectre. Si cela avait été un piège magique, tu ne serais à l'heure actuelle plus qu'un tas de cendres. Tu te souviens de moi, non? C'est moi qui t'ait recueillit quand tu t’es enfui du désert. Tu n’étais qu'une plaie ambulante à l'époque, au bord de l'épuisement. Je t’aie accueillit chez moi, et je t’aie appris tous ce que tu sais sur l'art du larcin. Et comment m'as tu repayé? En te sauvant de chez moi. N'as tu donc aucune gratitude?

Spectre connaissait maintenant l'identité de son interlocuteur. Il s'agissait d’Achmed, un autre banni du peuple des dunes. Spectre découvrit qu'il pouvait à nouveau contrôler ses muscles buccaux et fit la réplique à Achmed:

Si, et je te l'ai montré des dizaines de fois en m'infiltrant dans des maisons pour te rapporter des objets ou des informations. Je n'en pouvais plus. Je ne m’étais pas échappé du désert pour me retrouver enfermé dans ta maison.

Autant qu'elle me déçoit, je ne suis pas la pour punir ton insolence. Je viens te donner un dernier travail, mais quelque chose me dit que tu vas l'accepter.

Intrigué Spectre demandât:

De quel travail s'agit il?

Détruire la famille Kel Attamara.

Une vague d'adrénaline traversa le corps de Spectre

(Détruire la famille qui m'a honni et presque tué? Si Achmed me le
demanderait, j'irais dans le domaine de Phaïtos pour accomplir un tel exploit.)


Sentant le changement de tempérament de Spectre, Achmed relâcha la pression magique, et Spectre regagna le contrôle de ses muscles. Maintenant, il put admirer Achmed. Il n'avait presque pas changé depuis qu'il l'avait quitté. Plutôt petit pour un homme des dunes, Achmed n'était pas très impressionnant. Mais derrière cette apparence faible se cachait un esprit acéré. Sans pour autant le haïr, Achmed n'occupait pas une place très chaude dans le cœur de Spectre. Mais maintenant, il était suspendu à ses lèvres. De sous son boubou, Achmed sortait une fiole en verre.

Dans cette fiole se trouve un poison magique très puisant. Si tu parviens à la jeter dans la fontaine de la guerrière au palais de désert, tous les habitants du palais vont mourir d'une maladie inconnue. J'ai disposé de l'équipement pour voyager dans le désert ainsi qu'une carte de la route qui mène de Yarthiss au palis du désert dans une cache au nord de la ville. Elle est marque avec se symbole si.

Sur se, Achmed montre à Spectre son anneau. Sur cet anneau, on voit un cercle sur lequel sont disposé 13 points, ainsi qu'un point plus grand au centre.
Sans dire un mot, Spectre prends la fiole et se dirige vers les escaliers, dans le but de partir la même nuit encore. Derrière lui, Achmed lui dit encore:

Ah et si tu veux savoir pourquoi tu n'as pas croisé de gardes, le cuisinier c'est malheureusement trompé et à mis des herbes somnifères dans le repas du soir. Ils sont tous profondément assoupis.

Spectre ne l'entendit même pas, car toute son attention était fixée sur un but précis:

(Je suis la vengeance, impitoyable et irrévocable. Je suis la vengeance,...)

(((suite:Nouvelles révélations)))

_________________
Image
Spectre, Homme des dunes, voleur

On m'a torturé, brulé, meprisé et pourchassé.
Maintenant je reviens.


Dernière édition par Spectre le Mar 29 Juin 2010 20:34, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Lun 3 Mai 2010 11:31 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 2 Mai 2010 18:37
Messages: 17
(((" [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.")))

Karkaras frappa, savourant la douce résistance que la peau offrit avant de s'ouvrir, laissant ainsi s'écouler un flot de liquide vermeil. La lame sortit de la plaie avant d'y retourner, encore et encore. Une pluie d'hémoglobine s'abattit sur les livres sans prix qui jonchaient le sol.


L'homme sur lequel le fanatique s'acharnait n'était autre que le propre maître de ce dernier.
Askin le Ventourbe était aujourd'hui un vieillard. Et son apparence trahissait son âge vénérable. Sa musculature jadis respectable n'était plus. Sa peau était crevassée comme un vieux parchemin et avait déjà la pâleur d'un cadavre comme s'il n'avait plus connu la douce chaleur du soleil depuis des années. En somme rien d'étonnant pour un mage qui avait privilégié la magie aux muscles, encore plus pour un nécromancien qui préférait la fréquentation des morts dans les cryptes à la vie au grand air.

Karkaras avait grandi avec cet homme, il avait été élevé par Askin. Mais jamais au grand jamais il ne considérait le nécromancien comme son père. Le demi shaakt ne l'aimait pas, on pouvait même dire qu'il le haïssait, mais Karas haïssait tout le monde ou presque. Et en soixante ans était suffisant pour avoir une raison à cela. La principale étant Qu'Askin avait menacé indirectement la vie du fanatique avec ses rituels. Mais ce n'était que récemment que le fanatique avait eu la preuve que la prochaine cérémonie serait la dernière, en effet ce rituel devait fournir au nécromancien la vie même de Karkaras lors d'un changement de corps.

Le fanatique avait attendu son heure. Le rituel n'aurait lieu que lorsque la magie du vieil homme l'abandonnerait. Le matin même Askin le Ventourbe n'avait pas pu invoquer son guerrier squelette, Karkaras sut alors que l'heure était venue.

Le fanatique attendit sans rien laisser transparaitre le moment du repas pour passer à l'action. Comme d'habitude c'est le demi Shaaks qui faisait le service. Il posa l'assiette de nourriture devant son maître et en se redressant planta sa dague entre les côtes de celui-ci.
Une lueur de compréhension et de peur traversa les yeux du mage. Lorsque ceux-ci se voilèrent de façon caractéristique de l'usage de la magie, Karas tourna sa lame dans la plaie. Il savait que la magie du vieux maître ne lui répondait plus aussi bien et que la douleur à elle seule suffirait à briser sa concentration.

" La vie est vaine !"
Dit simplement Karkaras comme si cela expliquait tout et c'était le cas pour le maitre ainsi que son élève.

Le fanatique laissa ensuite s'exprimer toute sa rage, sa cruauté qu'il avait jusque là maintenu en lui-même. Savourant la puissance de cette mise à mort, un sentiment qu'il n'avait connu jusque là que deux ans plus tôt lors de la libération d'Oaxaca. Karkaras usa de toute sa science pour maintenir en vie le vieil homme malgré ses blessures tel un offrande aux dieux obscures.


Ensuite Karkaras mangea, indifférant au triste spectacle qui lui faisait face. Après quoi il se lava, se vêtit de nouveaux vêtements et rassembla ses maigres affaires. Lorsqu'il fut près pour le départ il incendia la demeure du nécromancien, non sans avoir gravé préalablement un soleil sur la porte d'entrée pour faire accuser les fanatiques de Gaïa.

-->Les Remparts de la Ville

_________________
"La vie est vaine, prendre une vie n'a pas d'importance."
Karkaras fanatique niv2


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 29 Juil 2010 20:56 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 22 Juil 2010 21:40
Messages: 41
Renouveau

Souvenirs ineffaçables


Yarthiss, 9h tapante. Dans les fins fonds des habitations de la ville, un homme regrette; regrette sa pathétique vie, regrette ce qu'il en a fait.

______________________


Très matinal, Exhen n'eut pas de mal particulier à se lever. Aujourd'hui, c'est le début d'une grande aventure qui commence, le semi-elfe va refaire sa vie, va devenir quelqu'un. Pas un simple citoyen baignant dans la foule. Exhen en a décidé ainsi. Il marche dans sa demeure, replongeant alors au fur et à mesure dans ses souvenirs personnels, illustrés par les tableaux qu'il a lui-même réalisé (Exhen est habile de ses doigts). De nombreuses oeuvres d'arts enchantent les murs; l'homme étant amoureux de l'art - cela réjouit ses pensées et apaise son esprit (il en faut peu).

______________________


Ainsi, de nombreux flash-backs réaniment en lui une terrible envie de vengeance, contre la société elle-même, puis même envers la vie. La rage enfouie refait surface, elle grandit, tant il marche et se rends compte de l'injustice à laquelle il fit face durant toutes ces années; tant de souffrance infligée et de peine, pour quoi ? Rien. Exhen ne supporte plus cette faiblesse qui le rends vulnérable depuis trop longtemps face aux multiples menaces mortelles de la vie. Se protéger, seule solution restante pour lutter contre les centaines de malfrats; acquérir des défenses, au moins les notions ! Ne pas tomber dans le même labyrinthe que ses parents, tombés sous les terribles coups des gardes de Tulorim.

______________________


Exhen fait sembler d'oublier ce désespoir, mais en vain... Ses sentiments profonds le trahissent; inconsciemment Exhen rage, mais ne cède pas avec une patience inégalée. Tous les jours, c'est le même rituel. Passer à autre chose. Arrêter cette répétition permanente; arrêter cette soumission face à cette société mal faite, qui est jugée d'après Exhen corrompue. Quelqu'un frappe à la porte. Une voix annonce :
-On vous attends, là-bas.
Cette voix semble familière à Exhen, c'était lorsqu'il avait 26 ans (âge humain). Les rues assouvies par les citoyens et les paysans en colère. Une rébellion qui mit la ville à feu et à sang. La ville où avait habité Exhen autrefois, jusqu'à l'âge de 26 ans, avant d'aller à Yarthiss, pour y vivre "paisiblement". Cette voix, c'était en effet celle d'un dirigeur de cette terrible rébellion. Il montait sur un chariot et hurlait à la foule de se diriger vers le palais pour exterminer ces "vils souverains du Dieu des Ténèbres"; un fou. Mais cette voix pour Exhen lui rappelait toute sorte d'évènements, pas si joyeux... La mort de ses parents, innocents mais pas aux yeux des gardes. Cette violente manifestation, marquant à jamais la vie d'Exhen.


______________________

Il finit de s'approvisionner, de s'habiller alègrement.
"La vie va prendre un autre tournant, maintenant" pensa-t-il.


<Dissuasion menaçante>

_________________


Dernière édition par Exhen le Mer 11 Aoû 2010 12:56, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 5 Aoû 2010 18:27 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 22 Juil 2010 21:40
Messages: 41
<Dissuasion menaçante (2)>

Mystérieuse arme

Exhen est rentré chez lui, toujours stupéfait des paroles du personnage.

Il se devait alors d'essayer la fameuse arme qu'il a tant redouté. Ce n'est qu'une arme après tout, un vulgaire objet de métal.
"Mais peut-être renferme-t-elle une force magique inconnue, qui pourrait la rendre extrênement puissante" espérait alors le semi-elfe.Il ne se pressait pas; il se posait multiples questions quant à cet objet, appartenant à la base son grand-père qui est mort avec, se combattant contre des forces maléfiques très redoutables. Son grand - père, Argus, protégeait sa famille. Argus représentait la prospérité dans son village natal. C'était en effet le protecteur de sa famille; le gardien bienveillant. Personne ne doutait de lui; jusqu'au au malheureux jour où un homme sombre, appartenant à l'armée, leur annonça la mauvaise nouvelle. Mort dans les rangs de la bataille. Une bataille contre les orcs. Depuis ce jour Exhen ne peut supporter aucun orc. Pas un seul. Orc = ennemi, trahison, tristesse. Ces trois lettres suffisent à enrager le semi-elfe.

Assis dans un fauteuil, sirotant un verre de liquide d'érable, Exhen prit son courage à deux mains; ou plutôt la masse à deux mains.
Il avait précédemment ouvert le mystérieux coffre qui la renfermait, sous son lit. Un coffre bien cadenacé; la clé se trouvait sous son oreiller. En cas de dernier secours il aurait pu se défendre avec. Mais là ce n'était pas vraiment pour cela. Particulièrement légère, la poignée suffisamment agrippante pour ne pas laisser glisser ses mains, le bois relativement solide, le tronc parsemé de pointes pointues qui pourraient véritablement s'enfoncer dans la chair et causer des plaies très profondes. A première vue pas de pouvoir magique; pour le moment. Au bout de quelques minutes d'entraînements ( du même genre qu'avec la faux auparavant ) les effets de la fatigue se firent ressentir. Les muscles commençaient à tirer et les premières douleurs amenèrent Exhen à s'arrêter pour reprendre son souffle. Il en profita pour penser à l'utilité de cette arme.

"Un guerrier utilise des armes lourdes, non ?" se posait-il lui-même la question.
"Je pense que cela fera l'affaire; de plus elle est encore en état. Et pis c'est tout de même mon gardien bienveillant qui l'utilisait, ce n'était pas n'importe qui, j'en déduis que cet objet n'est point n'importe quoi.

Puis Exhen se demandait s'il en vallait vraiment la peine. Cette arme avait l'air... comment dire... "trop bien" pour lui ? Son grand-père était un homme admirable, honorable. Exhen ne savait pas comment il avait acquit l'objet. Des effort et des efforts avait sans doute fait son grand-père pour pouvoir l'utiliser... Exhen, lui, l'a juste récupéré de sa malle renforcée, juste en dessous de son lit; comme un vulgaire voleur.

"De toutes façons il n'y a plus que moi, Argus m'en voudrait si je la jetait. Attendons de voir ce qu'elle vaut réellement"

Exhen déposa l'arme sur ses genoux. Il lui fallait un moyen de pouvoir se déplacer avec sans pour autant devoir la porter dans cesse. Cela le fatiguerait inexorablement durant ses voyages, si toutefois il en entreprendrait.
Un sort ? Une sorte de long carquois pouvant faire office de rangement d'arme. Il réfléchit ainsi pendant une bonne vingtaine de minutes. Avec ses quelques Yus il pouvait faire quelque chose.


Sans scrupule

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 11 Aoû 2010 22:39 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Jeu 22 Juil 2010 21:40
Messages: 41
Retour à la case départ

Bonne surprise


Enfin arrivé dans sa demeure et épuisé par sa journée qui n’était pas très commune (il faut se rendre compte qu’Exhen vivait une vie banale à Yarthiss depuis de nombreuses années), il profita de ce moment de solitude pour se dévêtir totalement. Il déposait ses habits sur la chaise de son salon, s’étirait lentement en faisant craquer ses muscles tendus, marchait à travers les pièces et se rendit compte tout de même qu’il ne vivait pas dans le pire des endroits. Il se rendait compte de la chance qu’il avait. Mais il en avait assez profité, c’était à son tour de faire des efforts.

« C’est à mon tour de donner ma pierre à l’édifice. »

Argus, son grand-père, lui avait donné cet habitat de 50m², lors de sa mort (c’était sa lettre de testament qui le mentionnait). Exhen en était très reconnaissant. Aujourd’hui, il pense qu’il doit lui aussi faire une part des choses, relayer les bonnes actions qu’accomplissaient chaque membres de sa famille. Exhen va aider la communauté Yuimenne. Il arriva dans une pièce qui renfermait tous les souvenirs de ses parents, habits, outils personnels, des armoires et des meubles sur lesquelles étaient rangés de babioles qui lui faisaient remémorer son passé. Ses premières petites inventions qui marquèrent sa mémoire, dès le jeune plus âge ses parents avaient deviné qu’il était fait pour apporter le bien, combattre le mal. Tout en lui était bon. Il faisait peu de bêtises, ses quelques inventions avaient des fonctions qui étaient en rapport avec son environnement, comme « l’auto-balai » pour sa mère, le « coupe-bois tranquille » pour son père (double scie qui normalement ne peut être utilisé qu’avec un coéquipier de l’autre côté du tronc, mais l’invention d’Exhen consistait à invoquer une force naturelle qui poussait la scie vers l’homme qui l’utilisait pour faire comme si celui-ci avait un coéquipier), ses parents en déduisaient donc que plus tard Exhen aurait un rôle très utile pour la société, comme ingénieur magicien ou, enchanteur…

« Ils n’ont pas pu confirmer leurs idées… »

Exhen, yeux brillants, reposa l’auto-balai dans le coin de la pièce et s’approcha des armoires en bois très vieilles. Il n’y avait pas touché depuis bien longtemps. Au contact d’une des deux armoires qui occupaient toute la longueur d’un côté de la salle, les doigts du semi-elfe eurent un petit élan de recul. Le bois semblait encore familier à Exhen. Il se souvenait déjà bien de ses petits cache-cache dans cette penderie. Il sourit. Il l’ouvrit d’un mouvement décidé pour découvrir quelques vêtements un peu salis d’Argus. Exhen eut un haut le cœur. Devant lui se trouvait une des chemises avec lequel il avait vu pour la dernière fois son grand-père avant d’être enterré (Argus portait seulement trois chemises qu’il avait en double). La chemise grise comportait quelques tâches de sang. Exhen en déduit qu’Argus avait porté ce vêtement durant des batailles, sous son armure. Peut-être était-ce même lors de sa mort, qui sait… Il jeta de brefs regards sur les différents habits et s’arrêta alors sur un.

« Une tunique, tiens donc. Je ne l’avais jamais vu portant une tunique. »

Dans ses mains, il la mesura par rapport à son corps : elle paraissait avoir de parfaites dimensions. Le cuir restait solide, il ne s’était encore jamais déchirer alors pourquoi faillirait-il maintenant. La retournant pour bien l’observer, il remarqua avec stupéfaction qu’elle était munie d’un agrandissement au niveau du dos. C’était comme une manche de bras mais qui avait été cousue au niveau du bas du cou jusqu’au haut de la partie du fessier. Alors instinctivement Exhen l’enfila allègrement par-dessus son corps moite. Comme convenu, le vêtement se terminait au niveau des cuisses. Cela lui portait chaud, elle n’était ni trop lourde, ni trop légère. Pas trop moulante non plus, avec un peu de largeur quand même. Exhen était très étonné.

« Cela dit, il avait peut-être en tête l’idée de me l’offrir un de ces jours, lorsque j’aurais atteint un âge ou elle me serait allé. »


Ce fit le moment d’essayer ce qu’avait recherché cette après-midi là Exhen dans le magasin BricoBrac. Il alla dans le salon, tunique sur les épaules, prit sa masse, la souleva en l’air et tenta sans regarder d’enfiler le manche de l’arme dans le trou de la manche. Au bout de quelques secondes il y parvint et il laissa l’arme se faufilait et tomber dans son dos. Alors il lâcha prise et ne bougea plus. Il sentait l’objet dans son dos, mais pas trop, sans le gêner, mais assez tout de même pour se rendre compte si elle n’y était plus. Il se déplaça dans la pièce lentement pour ne pas forcer sur la manche. Il la testait pour voir sa résistance, si le cuir était fragile ou plutôt robuste. L’arme tenait. Puis il courut à travers la demeure et se mit à crier de joie et sautait un peu partout.

« Argus, je t’aime ! »

Enfin il enleva la tunique après avoir retiré sa masse d’armes. Il reposa l’habit près du reste de ses vêtements, sur la chaise.
Ce soir-là il fit une chose. Après avoir reprit l’arme et l’avoir habilement nettoyé pour la faire briller, il ressentit une étrange envie de lui donner un nom. Exhen pensait que c’était idiot, mais au fond, qui pouvait le juger…

« Je te nomme Gabriel. »

Gabriel chauffa dans les mains du semi-elfe. Exhen fut époustouflé. Il lâcha l’arme et elle tomba par terre dans un fracas assourdissant. Après une minute où Exhen scrutait l’objet métallique qui avait pris une couleur pourpre, il reprit l’arme doucement dans ses mains, en se méfiant toujours des réactions chimiques ou magiques de l’objet. Il refusait d’ignorer ce phénomène. Exhen regarda méticuleusement le manche de l’arme, cherchant une explication. Alors, sur le pommeau, il vit une inscription qui n'y était pas avant.

« Eruadan. De l’elfe . »

Par magie l'arme s'était elle-même forgée une inscription qui semblait à priori bien taillée dans le métal. Exhen avait reconnu l'elfique car il connaissait les notions de cette langue. Ses parents, ainsi qu'Argus, lui avaient expliqué les différences entre l'écriture humaine et elfique. Ils pensaient que cela s'avérait être utile pour l'avenir du semi-elfe. Fière de son arme, il la rangea dans la manche de la tunique qu'il s'était décidé de désigner par le mot : le portebien.
La nuit plongea l'habitat dans une sombreur qui fit se coucher Exhen, fatigué par les évènements de sa journée, et bien décidé à partir dès l'aube le matin suivant.

« Eruadan. J'espère que tu ne me décevras pas. »

Départ à l'aube

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 22 Sep 2011 10:17 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 18 Sep 2011 20:28
Messages: 12
Localisation: Yarthiss
<--- Auberge de l'Au-Delà --->

Je me remémorais ce que m'avait dit le garde la veille. Ivaris Bremor, la maison juste après les portes de la ville, tout juste à une cinquantaine de mètres de l'auberge. Je frappais à la porte. Celle-ci s'ouvrit brusquement et l'homme que je découvris me fit un drôle d'effet. Il devait mesurer un mètre cinquante-cinq, portait de petites lunettes rondes et sa coiffure se résumait à une touffe de cheveux gris hérissés sur le sommet de son crâne. Il avait la peau très pâle, et je suspectais que celle-ci ne devait pas souvent voir le soleil. Au niveau vestimentaire, il portait une sorte de robe ample vert sombre couverte de tâches suspectes, à moins que ce ne soit un tablier.

"Oui? Que voulez-vous?" demanda-t-il sèchement.

"Monsieur Bremor?"

"Peut-être. Qu'est-ce que vous lui voulez?"

"Les gardes ont entendu que vous cherchiez quelqu'un pour résoudre un problème urgent, et je vous propose donc mes services."

L'homme sembla me jauger et s'attarda sur mon épée, puis sur mon carquois et mon arc.

"Bien bien, ne restez pas planté là, suivez-moi!"

Il me laissa entrer et vérifia quelque chose dehors mais je ne remarquai rien. Il referma la porte et nous nous retrouvâmes un instant dans le noir le plus complet. Les rideaux étaient tous tirés et de ce fait, il rêgnait dans le lieu une atmosphère étouffante. L'homme alluma une bougie qui éclaira un véritable capharnaum et je vis que je me trouvais dans un couloir jonché de livres et d'objets en tout genre dont certains que je ne pouvais même pas identifier. Je me dirigeai vers la seule pièce d'où m'arrivaient de chiches rayons de lumière. Je découvris quelques secondes plus tard que ceux-ci provenaient d'un trou dans le rideau, et que l'état du couloir n'était qu'un avant gout du reste de la maison. A en juger par le lit qui trônait au milieu de la pièce, la fonction première de celle-ci avait dû être une chambre. Mais maintenant, avec toutes les fioles et autres appareils de mesure qui trainaient, elle ressemblait plus à une sorte de laboratoire expérimental pour alchimiste dérangé.

(Ce monsieur n'a pas dû se servir d'un balai depuis bien longtemps, et quand bien mettre il voudrait s'y mettre, il lui faudrait des années pour tout remettre en ordre.)

"Attention où vous mettez les pieds surtout, il y a ici des substances très rares, et du matériel très fragile."

Ne distinguant nul endroit libre où poser le pied, je décidai de rester là, debout à l'entrée de la pièce. Le vieil homme alla agilement chercher une fiole et revint devant moi, me l'agitant devant les yeux.

"Voilà mon problème! Comment puis-je travailler dans de bonnes conditions si les matières premières me manquent hein? Vous allez me dire que je pourrais sortir dehors et aller moi-même récolter ce dont j'ai besoin, que rien n'oblige qui que ce soit à le faire à ma place, que je devrai contenter mes besoins personnels moi-même... Haha! C'est là où vous vous trompez jeune insolent! Au cas où vous ne me connaitriez pas, et à voir votre tête ce doit être le cas, je suis le grand Ivaris Bremor, le plus grand alchimiste du continent! Mes remèdes sont utilisés par tous les guérisseurs digne de ce nom!"

(Ma première impression se trouve vérifiée, c'est le laboratoire d'un alchimiste dérangé. Enfin bon, pour quelques yus je peux bien l'aider à résoudre son problème.)

"Veuillez pardonner mon ignorance, j'ignorais que je me trouvais en présence d'une personne si importante. Que puis-je donc bien faire pour que vous acceptiez mes excuses?" dis-je en essayant de paraitre le plus sincère possible."

"Je préfère cette attitude. Voyez-vous, je suis en train de mettre au point un antidote universel au venin du serpent des forêts, quelle qu'en soit l'espèce, afin d'en contrer les effets qui peuvent s'avérer très... handicapants. La fiole que vous voyez là est tout ce qu'il me reste de venin pour mes recherches, ce qui est insuffisant pour que je puisse terminer l'élaboration de l'antidote. Votre tâche consiste à me ramener un croc de serpent des forêts adulte. Vous savez à quoi ressemble cette créature?"

"Oui oui, j'en ai déjà chassé quelques unes lorsque j'étais un peu plus jeune. Un adulte est reconnaissable aux formes bien définies sur ses écailles, et la couleur de celles-ci est spécifique à chaque espèce. Son poison n'est jamais mortel et les effets de celui-ci sont aussi fonction de l'espèce."

"Je vois que vous connaissez votre sujet."

"En effet. Si on parlait de la récompense maintenant?" demandai-je en voulant en terminer avec cet entretien.

"Contribuer à faire avancer la médecine ne vous suffit pas? J'aurai dû me méfier, les Hommes sont tous pareils! Ramenez-moi donc ce que je vous demande, et nous verrons cela à votre retour."

(J'espère pour lui qu'il n'essaiera pas de me jouer un mauvais tour...)

Je le laissai sur cette dernière phrase et, prenant garde à ne pas trébucher, je sortis de la demeure de cet étrange personnage.

(Je comprends pourquoi il ne sort pas beaucoup, le monde n'est sans doute pas prêt à accueillir pareil spécimen au grand jour.)

Je n'étais là que depuis la veille et déjà l'aventure me manquait. Je sortis donc de la ville par le Sud, sous le regard des soldats en faction devant les portes, et pris le chemin menant à la forêt.

<--- Forêt du Sud --->

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Ven 23 Sep 2011 01:05 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Dim 18 Sep 2011 20:28
Messages: 12
Localisation: Yarthiss
<-- Forêt du Sud -->

Je frappai pour la deuxième fois de la journée à la porte d'Ivaris, en espérant que ce serait la dernière fois de ma vie que j'aie à venir ici.

"Eh bien! Vous en avez mis du temps!"

(Toujours aussi aimable.)

"Allez entrez entrez!"

"Désolé d'avoir été si long, seulement j'ai été surpris par deux animaux que je n'avais jamais vu. Des espèces de gros chats rouges."

"Vous parlez sûrement d'asternias. Ils ne sont pas bien dangereux, il faut juste faire attention à leurs épines qu'ils cachent dans leur fourrure. Seulement c'est la première fois qu'on m'en signale dans cette région. Étrange..."

"J'aurai préféré le savoir plus tôt..."

"Cela me donne une idée! Vous avez le croc de serpent?"

Je sortis celui-ci de mon sac et lui tendit. Il me l'arracha presque et alla le ranger dans la chambre-laboratoire. Il revint avec un bourse et un ouvrage épais et me les tendit. Un grand sourire éclairait maintenant son visage.

"Qu'est-ce que c'est?"

"Votre récompense." déclara-t-il d'un air satisfait.

"Quelques pièces en paiement de votre travail et cette encyclopédie zoologique en dédommagement de l'imprévu que vous avez essuyé. Je suis certain qu'elle vous sera bien utile."

"C'est très généreux de votre part, mais hélas je n'ai jamais appris à lire, chose que j'aurai pourtant bien aimé."

"Dans ce cas, attendez-moi là."

Il repartit en direction de la pièce éclairée et je l'entendit fouiller un peu partout et déplacer toutes sortes d'objets. Il revint environ cinq minutes plus tard avec un autre livre sous le bras.

"Voici un syllabaire imagé, pour vous apprendre les joies de la lecture et vous ouvrir les portes de la Connaissance!"

"Je vous remercie monsieur l'alchimiste, ces présents me vont droit au cœur et j'en prendrai grand soin. Puissiez-vous trouver le remède aux venins de serpents des bois, et bonne continuation."

"Bonne continuation à vous jeune homme, et... Merci"

(Finalement, ce n'est pas un mauvais bougre. Il semblerait presque sympathique à vrai dire.)

Sur ces mots, je pris congé d'Ivaris et me dirigeai vers l'auberge, pour un repos bien mérité.

<-- Auberge de l'Au-Delà -->

_________________


Haut
 

 Sujet du message: Mélétê, une vie la nuit. (Introduction)
MessagePosté: Sam 19 Nov 2011 19:04 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Nov 2011 00:31
Messages: 14
Localisation: Yarthiss
Une ombre, à peine une silhouette, évolue en silence sur les toits de la ville. De terrasses en balcons elle bondit, de corniches en gouttières elle se faufile, d'alcôves en recoins elle s'insinue puis par une fenêtre s'introduit, sans bruit... 

Un sol en bois ciré, des tentures aux murs, une commode sculptée ornée de bibelots de porcelaine, des boutons de porte en bronze... ce couloir à lui seul contient plus de richesses que la plupart des maisons de la vieille ville. La silhouette accroupie dans la pénombre examine les lieux, attentive au moindre signe d'une quelconque présence. Après quelques instants, une fois sûre que son irruption est passée inaperçue, elle se redresse et en trois foulées aussi rapides que furtives atteint une porte au bout du corridor. Elle s'abaisse à nouveau face à la serrure et en un éclair actionne la poignée, pénètre dans la pièce avant, dans un même geste, de refermer la porte tout en s'y adossant. L'intrus attend, ainsi posté, que sa vue s'accommode à l'absence quasi totale de lumière, si ce n'est un mince filet de Lune qui perce au travers des volets. Dans un lit à baldaquins aux riches tentures pourpres un couple ronfle sous un épais édredon de plume, paisible, ignorant la présence qui a violé l'intimité de son repos. Le rôdeur regarde, examine chaque vêtement, scrute chaque objet, étudie chaque meuble à la recherche de ce qu'il est venu dérober. Soudain il aperçoit ce qu'il convoite : une clé dorée que le maître des lieux porte en pendentif autour de son cou. 
Aucun bruit, que la respiration des deux bourgeois endormis, ne vient troubler le silence de la nuit. Le voleur s'approche promptement, durant de longues minutes il considère la situation. Il va lui falloir agir avec finesse et dextérité. Une profonde inspiration et ses mains se tendent vers le fermoir du collier qui maintient la clé au cou du nanti. En quelques gestes précis il parvient à l'ouvrir. La clé dorée est désormais en sa possession. Pas de temps à perdre. Quelques instants suffisent au monte-en-l'air pour retourner à l'extérieur et reprendre sa route sur les toits. 

Une ombre court, se faufile et glisse dans la nuit sombre. Elle regagne son repaire. 

Une fois en sécurité, à la lumière d'une lampe à huile, le rôdeur ausculte sa prise, cette clé dorée qui lui ouvrira bien plus qu'une porte...
 

Tu as pris ton temps ma jolie ! Je commençais à penser que tu t'étais faite prendre ! Un homme sort lentement des ténèbres où il se tapissait.
Montre-moi ce que tu as ramené, Mélétê ! ordonne-t-il d'une voix sans équivoque. 

_________________
Image


Dernière édition par Mélétê le Sam 19 Nov 2011 20:39, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Mélétê, une vie la nuit. (Introduction)
MessagePosté: Sam 19 Nov 2011 20:38 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Nov 2011 00:31
Messages: 14
Localisation: Yarthiss
Mélétê se retourne alors lentement, ôte son capuchon et dévoile son visage pâle, ses traits fins, sa bouche aux lèvres purpurines et ses grands yeux bleus, elle secoue négligemment la tête pour démêler sa longue chevelure. 

- Ordâz... prince des raclures. Que veux-tu ? Il n'y a aucune vieille à assassiner pour lui dérober sa bourse ici, pourceau !
- Surveille ton langage, femme ! Et donne-moi cette clé ou tu tâteras de ma lame ! 
- Je reconnais bien là tes manières. Incapable de voler sa sucette à un bébé, tu as recours à la violence et au meurtre pour obtenir ce que tu désires. Tu es une honte pour les voleurs de cette ville, même si tu ramènes la clé à Gaillimh il saura que ce n'est pas toi qui l'a honnêtement volée... il te connait trop bien...
 dit-elle sur un ton empreint de colère. 
- Laisse mon frère où il est. Il n'a aucune ambition, il ne sait pas ce qui se cache réellement derrière la porte que cette clé lui permettrait d'ouvrir. Il croit trouver le trésor caché d'un riche bourgeois mais il ignore la vérité... Maintenant donne-moi la clé ou je l'arracherai à ton cadavre ! 
- Je ne te crains pas ! Si tu la veux, viens la chercher !


Mélétê saisit un poignard dissimulé sous sa chemise et se met en garde. 

- Pauvre folle... dit Ordâz en jetant à terre la cape qui entourait ses épaules. Il tire alors une lame noire de son fourreau et son regard change, on peut y apercevoir une lueur de folie meurtrière... 

Il se rue en hurlant sur la jeune femme qui esquive de justesse le premier coup en exécutant une roulade. Elle se tient accroupie, attentive au prochain assaut de l'homme. Elle sait qu'elle n'est pas de taille à le battre car, même s'il n'est qu'un piètre voleur, il maîtrise mieux les armes qu'elle. Elle espère seulement tenir assez longtemps pour trouver un moyen de fuir... Une nouvelle esquive acrobatique l'éloigne de son agresseur au moment où celui-ci croyait la toucher.
 

- Tu bouges bien mignonne, mais es-tu aussi souple dans un lit...?

Elle ne répond pas trop occupée à penser sa fuite. Ordâz brandit une nouvelle fois son arme et attaque avec férocité. Mélétê pare le coup mais la violence de l'assaut la fait chuter... 

- Ta fin est proche, tu ne résisteras plus très longtemps ! Ordâz jubile à l'idée de pouvoir occire celle qui l'a toujours rejeté. 

Mélétê se redresse d'un bond et se remet en garde.
 
- Tu parles trop, Ordâz. Tu ferais mieux d'économiser ton souffle car j'en ai encore à revendre.
- Pauvre sotte, tu imagines peut-être que je ne sais pas ce que tu prépares ? Tu sais que tu ne peux pas m'abattre alors tu cherches un moyen de m'échapper... Mais tu peux courir, sauter et rouler tant que tu veux je finirai par t'avoir. Tu n'atteindras jamais cette porte !


Il se lance à nouveau en direction de la jeune voleuse qui détourne la lame noire du revers de son poignard mais vacille une fois de plus. Son adversaire en profite pour lui asséner un violent coup de coude au visage avant qu'elle n'ait eu le temps de réagir. Mélétê lâche un petit cri de douleur qui fait frissonner Ordâz de plaisir. La jeune femme met un genou à terre... le goût du sang envahit sa bouche, elle crache et regarde l'homme d'un air farouche, prête à en découdre. 

- C'est tout ce dont tu es capable ? Tu es vraiment pitoyable... Défends-toi un peu sinon je n'aurai aucun plaisir à te tuer ! ricane Ordâz avant de l'attaquer encore. 

Mais cette fois-ci Mélétê surprend son agresseur en s'élançant au même moment. Son poignard fend l'air en direction de la poitrine d'Ordâz qui ne peut s'y soustraire entièrement. L'arme de la jeune femme tranche la chemise de l'homme et ricoche sur ses côtes lui occasionnant une vive douleur et une longue estafilade ensanglantée.
 

- Aaaargh ! Maudite ! Tu as ruiné mon vêtement...! explose Ordâz en portant la main à son côté rougi. Il regarde un instant le sang qui souille sa main. 
- Fini de jouer... ajoute-t-il doucement. Il lève les yeux sur Mélétê qui comprend que le prochain assaut va clore leur affrontement. 
- Je suis prête... déclare-t-elle alors sans sourciller. 

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Mélétê, une vie la nuit. (Introduction)
MessagePosté: Sam 19 Nov 2011 21:54 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Nov 2011 00:31
Messages: 14
Localisation: Yarthiss
Les deux combattants se tiennent en garde, parés pour l'assaut final.
A cet instant Mélétê ne pense plus qu’à sauver sa vie. Son attention, ses sens, ses muscles, son être tout entier est tourné vers ce seul but. Maintes fois déjà elle avait eu à faire avec la Mort et toujours lui avait échappé, mais cette fois-ci elle la sent plus proche que jamais et doute de pouvoir lui faire faux bond à nouveau. Ordâz, posté devant la porte dont il vient de clore le loquet, la fixe de son regard plein de haine, une main sur son côté blessé et sa lame noire pointée en direction de la jolie voleuse. Celle-ci scrute une nouvelle fois l’unique pièce de son refuge dans l’espoir d’y trouver un moyen d’échapper au sort funeste que lui réserve son adversaire. Impossible d’atteindre la porte et la fenêtre est barrée par de lourds volets de bois. 

Aucune autre issue. 

Comme un signe avant-coureur de sa chute prochaine, la pluie a fait son apparition et le discret clapotis des gouttes d’eau sur le toit de la cabane en bois chante le requiem de Mélétê. 

Soudain, elle se souvient et elle sait. Elle sait où se trouve son ultime espoir. Elle sait qu’il lui faudra mettre toute sa vitesse et sa détermination dans cette tentative. Elle sait qu’il n’y a rien d’autre à tenter. Elle sait et elle est prête. Une dernière provocation pour forcer Ordâz à l’attaquer…
 

Qu’attends-tu donc pour venir m’ôter la vie ? Aurais-tu peur de moi, excrément de hanneton ? Viens… ! 

…et son destin est en marche, inéluctable. Les deux combattants chargent ensemble, ils se ruent l’un sur l’autre de toutes leurs forces. Le choc allait être terrible, mais, au moment où Ordâz porte son coup, Mélétê exécute un bond prodigieux jusqu’à l’épaule de l’homme, y prend appui et s’élance de plus belle au travers du toit à l’endroit où, elle s’en souvient, se trouvent deux planches pourries. Le bois craque et vole en éclat, la douleur est violente, l’air frais d’une aurore naissante et la pluie glacée signalent à la jeune femme que son entreprise a réussi. Elle est entraînée sans résistance sur la pente trempée et chute dans la boue de la rue. 

*Dehors ! Mais pas encore tirée d’affaire* pense-t-elle alors. 

Elle se relève péniblement. Son avant bras est brisé et saigne abondamment, sa tête la fait également souffrir et son visage est marqué de nombreuses coupures. 

Une ombre meurtrie s’échappe en titubant, au loin, les premières lueurs de l’aube, une aube qu’elle espérait tellement revoir, éclairent les hautes toitures des plus prestigieuses demeures de la ville. 

Mélétê se sent mourir à chaque pas, sa fuite est un calvaire, elle est éprouvée mais ne peux s’arrêter sans s’offrir à une mort certaine. Ordâz n’a sûrement pas renoncé et doit être à sa poursuite. 

« - La fièvre est prompte à s’emparer de ceux qui souffrent » lui disait autrefois sa vieille mère, et la voleuse constate qu’elle n’échappera pas à cet adage lorsque son front devient brûlant malgré la pluie qui ruisselle sur son visage. 
Voilà déjà de longues minutes qu’elle court dans les rues encore désertes mais il lui faut tenir davantage, son périple ne doit pas s’arrêter. 


*Pas ici, pas maintenant, pas comme ça.* 

Chaque mètre s’accompagne d’une atroce souffrance. Sa course éperdue s’achève enfin devant une petite porte située à l’abri des regards dans un renfoncement. Mélétê connaît le code. Un kender aux cheveux tressés lui ouvre. 

Mélétê entre, sa vue se brouille, elle chancelle et s’écroule, à bout de force… 

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Mélétê, une vie la nuit. (Introduction)
MessagePosté: Lun 21 Nov 2011 09:34 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 19 Nov 2011 00:31
Messages: 14
Localisation: Yarthiss
Un plafond noirci par la fumée des lampes à huile, des murs de pierre patinés d’un enduit jaunâtre et cette puanteur humide caractéristique des maisons bâties aux abords de la rivière. Mélétê reprend doucement connaissance mais tout reste flou, comme perçu au travers d’un voile. A coté d’elle la petite flamme d’une lampe à huile posée sur un tabouret éclaire faiblement de sa chaude lumière une silhouette familière. Puis, une voix douce, une voix féminine, s’adresse à elle : 

- Haaa… la voilà qui recouvre enfin ses sens. Tu peux dire que tu as eu de la chance, sans les talents de guérisseur de Melquizo tu n’aurais jamais rouvert les yeux ici mais bien dans l’autre monde. 

La femme, assise au bord de la paillasse où se repose Mélétê, lui éponge le front à l’aide d’un linge. 

- Merci Janis, tu es une mère pour moi… 
- Ne dis donc pas de sottises, je ne suis pas si vieille ! rétorque-t-elle en riant de bon cœur. Puis elle se lève jusqu’à une bassine posée non loin sur un tabouret, elle y dépose le linge et retourne auprès de la jeune souffrante. Ne bouges pas, ordonne-t-elle avec douceur alors que Mélétê tente maladroitement de se redresser. Elle l’attrape fermement et l’aide à s’asseoir. 
- Tu dois encore te ménager ma jolie, je me demande bien dans quel pétrin tu t’es encore fourrée cette nuit. Tu as bien failli trépasser cette fois, ta blessure en témoigne, dit Janis en montrant d’un mouvement de tête le bras bandé de la jeune femme. 

Mélétê baisse les yeux sur son membre endolori, passe doucement sa main sur le pansement et repense aux péripéties du matin avant d’ajouter : 

- Au lieu de me faire une leçon de morale, dis-moi plutôt depuis quand je suis étendue ici ? 
- Tu as dormi tout le jour et la nuit est tombée depuis deux bonnes heures… lui répond doucement la femme en examinant les coupures sur son visage. 
- Il faut que je me lève, je dois voir Gaillimh !
- Il n’en est pas question ! Il n’a pas besoin de toi dans cet état et quoi qu’il en soit tu ne le trouveras plus ici, il est parti à la tombée de la nuit… 

Mélétê saute du lit, oubliant la douleur, elle fouille de son bras valide ses affaires encore humides de la pluie du matin… rien. La clé dérobée chez les nobles n’est plus là ! Sa rencontre avec Ordâz ne lui a pas permis d’en faire un moulage et de la ramener à son propriétaire avant qu’il ne s’aperçoive de quoi que ce soit. Le bourgeois sait donc que sa fortune est en danger et il a du prendre les précautions nécessaires pour que nul ne puisse la lui dérober. Pourtant, Gaillimh, gonflé d’orgueil, a entrepris de mener à bien son entreprise malgré tout. 

- L’imbécile qui te sert d’époux est trop empressé. Ce qu’il veut, il le veut tout de suite et fonce tête baissée. C’est lui que tu devrais réprimander pour son comportement puéril, dit la jeune femme en se rhabillant. 
- Mais que fais-tu ?! Tu ne vas quand même pas sortir dans cet état ?!

L’interrogation reste sans réponse et Janis sait qu’il serait vain, tant d’insister, que d’essayer de raisonner sa sœur, elle l’a lu dans son regard bleu profond. La détermination est un des traits qui caractérise le mieux Mélétê, et lui tenir tête en ce moment serait en pure perte, pourtant… 

- Sois raisonnable, la ville est immense et tu n’as aucune idée de l’endroit où est Gaillimh… Attends donc tranquillement son retour, il ne devrait plus tarder… 
- Tu te trompes, je sais exactement où il se trouve et si j’attends encore il se peut que j’arrive trop tard.


A ces mots Janis se met à trembler. 

- Que veux-tu dire ?
- Je n’ai pas le temps de t’expliquer mais ton mari est en danger… Maintenant, laisse-moi passer.

Mélétê ne souhaite pas alarmer sa sœur en lui révélant que Gaillimh est parti se jeter dans la gueule du loup, alors elle quitte la pièce d’un pas décidé, sans rien ajouter. 

>>> Mélétê, une vie la nuit. (chap. 1 : La pire nuit de sa vie)

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Mer 22 Fév 2012 18:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
=>Les rues

Levant les pieds pour ne pas bêtement trébucher sur le cadre surélevé de la porte, j'emboitai le pas à la petite humaine âgée à l'intérieur de l'habitation. Au début, le contraste entre la lueur du jour et la légère pénombre de la pièce m'empêcha de distinguer quoique ce soit. Faisant un ou deux pas en avant, je sentais sous mes orteils encore maculés de terre une sorte de juxtaposition de pavés. La sensation était étrange. Par endroits, le sol était lisse alors qu'à quelques centimètres à côté, la matière se faisait rugueuse. Je baissai le nez, tentant d'identifier ce sur quoi je marchais. Cela ne ressemblait pas à de la pierre, même si cela en avait la dureté, et surtout ce sol n'était pas vraiment froid. Je frôlai un pavé de l'orteil, ayant de plus en plus l'impression de marcher sur de la terre cuite. C'était peut-être cela. Plutôt que d'avoir un sol en terre battue ou même en planches, "Nanny" avait préféré quelque chose de plus stable. Après un court instant de réflexion, j'imaginai finalement assez mal que cette humaine soit plus âgée que le bâtiment.

Derrière moi, un bruit court et sourd se fit entendre. Je me retournai juste à temps pour voir Païvhane se frotter le dessus du crâne, avant de donner de légers coups de poing dans le cadre de la porte. Elle grommela, son renforcé quand, venant d'un peu plus loin dans la pièce, le rire de notre hôte se fit entendre.

"Tu aurais du arrêter de grandir quand tu pouvais encore passer la porte !"

Malgré moi, un souffle amusé m'échappa. La réaction de la liykor fut immédiate.

"Ah non ! Deux contre une, je refuse !"

Craignant un moment l'avoir vexée, je l'observais alors que sa large patte tirait sur une corde fixée non loin de la poignée, refermant l'entrée. Son ton boudeur était en totale contradiction avec le sourire canin qui ornait ses babines. Tout en poussant un grondement carnassier, elle se défit de son bagage qui tomba rudement au sol dans un bruit étouffé par le tissu. Je la devinais plus que ne la voyais dans cette pénombre à laquelle mes yeux commençaient juste à s'accoutumer. Elle s'étirait, manquant de heurter du poing le plafond de la salle, et baillait, se mettant à renifler l'air par moments. Sa grande main m'incita à faire quelques pas supplémentaires dans la pièce. L'atmosphère de l'endroit contrastait avec le brouhaha de la rue. Elle était vraiment calme, sécurisante.

Suivant l'impulsion, je m'approchai d'une large table de bois qui trônait au milieu de la salle. Elle était simple, faite d'une épaisse planche de bois soutenue par deux pieds massifs qui, une fois au sol, s'étendaient parallèlement au bord le plus court. Une petite poutre de bois maintenait l'écart entre les deux pieds en les retenant par des chevilles que je distinguais mal. Deux bancs d'une longueur quasiment identique au meuble étaient rangés dessous, minimisant la place nécessaire. Sans attendre d'invitation, Païvhane en extirpa un et s'y posa. Un instant plus tard, elle tapota le siège, m'invitant à l'y rejoindre. Je répondis d'abord à son geste d'un léger signe de tête puis vins m'asseoir à mon tour, posant drapé, grimoire et sac sur le meuble. De là où j'étais, je pouvais voir un peu plus nettement les environs.

Juste en face de moi se trouvait un escalier à l'aspect rude. Il flanquait le mur droit de la pièce, permettant sans doute d'accéder à l'étage, et était masqué en partie par des piliers de bois. Je comprenais mieux pourquoi l'endroit me paraissait sombre. Six piliers massifs, relativement carrés dans leur forme, s'élevaient du sol au plafond, supportant de larges poutres quasiment du même gabarit. Quelque chose attira mon attention sur le poteau le plus proche.
Accrochées à des cordelettes parfois un peu élimées, des plaquettes en terre cuite pendaient. J'avais un peu de mal à en distinguer le motif mais cela ressemblait fort à une empreinte de main faite dans de l'argile et mise à cuire par la suite. Un tas de questions fit son apparition dans mon esprit alors que je déroulais ma main gauche, la comparant à distance. Qu'est-ce que c'était ? De quand dataient-elles ? Quel était leur but ? Mais je n'en formulai aucune, prenant soudain conscience d'un faible grésillement non loin. J'orientai mon regard vers la gauche, fixant le mur du fond alors que la louve se décalait un peu en arrière pour me laisser faire.

Sur la droite du mur, une ouverture semblait donner sur une petite pièce peu visible. Une sorte de paravent de bois clair, dessinant des grilles obliques sur la moitié supérieure de sa surface, et de tissu était replié et en appui contre la paroi proche. Sur la gauche de cette ouverture, j'identifiai la source du grésillement. Une cheminée en pierre, massive, abritait un feu mourant que l'humaine semblait chercher à ranimer. Suivant mon regard, le museau de Païvhane remua et elle se leva, se dirigeant vers une masse sombre. Plissant un peu les yeux, je finis par distinguer une pile de bûches, sans doute prévues pour ce genre d'éventualités. Les deux s'acharnèrent à coup de tison et de souffle à relancer le feu. Un bruit de gorge satisfait traduisit leur réussite. Non loin du foyer, plusieurs ustensiles de cuisine étaient accrochés, certains faits dans une matière luisante, d'autres en bois. Je reconnus d'ailleurs la louche neuve que "Nanny" avait gentiment dérobé à "Lyndha".

L'éclat orangé du feu se reflétait sur les deux visages que je contemplai à distance. Dans cette vision, quelque chose de presque irréel se dégageait, m'apportant une certaine sérénité. Le temps semblait avoir ralenti et même si je pouvais voir leurs lèvres remuer, je n'écoutais pas ce qu'elles se disaient. L'apport de chaleur raviva légèrement la douleur de mon épaule, sensation que je tentai de combattre en pensant à autre chose. Ce ne fut pas difficile lorsque je vis l'humaine sortir de grosses pierres du foyer au moyen d'une pince et disparaître avec dans la pièce voisine. Que comptait-elle faire avec cela ? Un sifflement se fit entendre, ce qui ne perturba pas la louve, cette dernière gardant les yeux rivés sur les flammes. Ce bruit... On aurait dit un bouillonnement d'eau. D'ailleurs, maintenant que le feu était plus vif, il m'était plus simple de voir la pièce annexe. Et justement, un léger nuage humide en sortit. Notre hôte répéta l'opération plusieurs fois, ramenant les pierres sitôt le bruit entendu. A n'en pas douter, elle préparait de l'eau chaude. Au bout d'un moment, elle revint, déployant le paravent. Sans se retourner, elle nous adressa la parole.

"Voilà, c'est prêt. Vous pouvez y aller ensemble."

Rassemblant mentalement les divers éléments, j'eus la conviction qu'elle nous avait préparé de l'eau pour nous laver. Un détail me chiffonna et je braquai mon regard sur la louve. Confirmant mon appréhension, la liykor se renfrogna, abaissant un peu les oreilles.

"Nono peut... Enfin Mythanorië peut y aller sans moi, ce n'est pas la pei..."

"Paï !"

La soudaine voix grondeuse coupa la louve dans sa tirade. A ce diminutif, cette dernière déglutit même bruyamment. Je vis "Nanny" se masser la tempe, levant la tête vers son interlocutrice.

"Tu n'as donc aucun sens des priorités, guérisseuse ? Tu laisserais un de tes patients se débrouiller seul ?"

L'éclat de voix m'avait figé et je me sentais mal pour mon amie sermonnée. Païvhane avait raison, je pouvais me débrouiller, même si cela risquait de ne pas être facile. D'ailleurs, connaissant la liykor et sa pudeur naturelle, je m'imaginais mal la forcer de toute façon à venir avec moi. La guérisseuse avait toujours eu recours à un tas de parades et de subterfuges pour éviter d'être vue lors de ses ablutions. Cette notion de pudeur m'était d'ailleurs un peu floue. J'avais du mal à comprendre en quoi se laver aux côtés de quelqu'un d'autre pouvait être embarrassant. Peut-être cela venait-il du fait qu'elle était liykor et avait hérité d'une façon de penser particulière.
La pique concernant sa vocation devait avoir fait mouche, vu l'angle que prirent bientôt ses oreilles. La dame âgée, ne laissant pas à son interlocutrice le temps de répondre, enchaîna, pointant même du doigt le sol.

"Tu as vu un peu ce que tu as amené comme saleté dans la maison ? Et vos habits ? Couverts de boue et de poussière !"

La pique provoqua une gêne non seulement chez la louve mais aussi chez moi. C'était vrai. A regarder par terre, je pouvais voir nos traces de pas boueuses. Mon pantalon était moucheté de terre et de poussière et, de toute façon, mon drapé ainsi que la bande de mon buste étaient également sales. L'un retenait des parcelles de terre et d'herbe cassante, l'autre craquelait sous mon fluide vital séché. Alors que je me levai, notre hôte porta le coup de grâce.

"Et puis... Je dois te dire honnêtement que tu sens mauvais..."

Païvhane poussa un couinement vif, comme ayant été blessée. Son museau s'orienta vers moi puis se tourna vers la pièce humide avant de finalement revenir vers mon visage. Elle se gratta la nuque puis l'épaule gauche sous le regard insistant de l'humaine. Après une bonne minute de ce manège, la liykor siffla entre ses crocs et, écartant les bras, elle se penchant en avant.

"Ca va ! Tu as gagné ! Mais je te préviens, personne ne s'approche du paravent ! Et toi !"

Elle me pointa du doigt avec un air déterminé, une canine apparente. Elle resta dans cette position une bonne seconde. Je devais bien avouer mon incompréhension, d'autant plus que son geste avait provoqué un léger malaise. Elle semblait me menacer ou en tous cas s'apprêter à le faire. Je ne l'avais vu se comporter ainsi que lorsqu'elle avait été en proie à une immense gêne ou un sentiment d'injustice. Là, j'avais plutôt tendance à pencher pour de l'embarras. Doucement, Païvhane abaissa cet index accusateur, se contentant d'aller prendre son bagage et d'en extraire un sac plus petit.

"Garde les yeux clos tant que je ne te dis pas le contraire. Compris ?"

Devant son expression sérieuse, je ne pus qu'acquiescer. Suivant l'indication de l'humaine, dont le visage arborait une expression satisfaite, je passai derrière le paravent. Pourquoi avais-je cette impression que la vieille dame nous avait encore joué un tour ? La pièce semblait vraiment petite mais c'était surtout lié au fait que la cuve qui s'y trouvait en occupait une grande partie. Quelques tissus secs étaient accrochés sur le mur de gauche et la proximité de la cheminée, juste de l'autre côté de la paroi, rendait l'air ambiant assez chaud. Je mis un genou à terre au plus près de la cuve, déroulant dans l'eau ma main grinçante. Je la passais dans l'élément liquide, juste à la surface, percevant cette eau s'insinuer entre les reliefs de ma peau d'écorce.

Je me redressai juste pour me défaire de mes habits. Le pantalon abîmé ne posa pas de problème. Par contre, utiliser mon bras droit pour détacher la bretelle m'était difficile. J'essayai malgré tout mais ne parvint qu'à me rendre victime d'un craquement désagréable. Les pas de la louve se firent entendre dans mon dos. J'allais me retourner quand ses mains puissantes vinrent se poser de part et d'autre de mon visage, couvrant les tempes. Sa voix se fit douce alors que je la sentais se pencher un peu en avant, plaçant sa tête au-dessus de la mienne.

"Tu me fais confiance, Nono ?"

J'acquiesçai.

"Alors à partir de maintenant, garde les yeux fermés."

Etait-ce vraiment uniquement de la pudeur ou Païvhane avait-elle quelque chose à cacher ? Ses mains ne bougèrent pas et je perçus son mouvement. Elle venait de se pencher sur ma gauche, tournant son museau vers moi. Mes yeux clairs rencontrèrent ses iris dorés puis je les fermai. Ses doigts quittèrent ma tête et je manquai sursauter quand je sentis sa fourrure appuyer contre mon épaule gauche. La traction sur le tissu m'indiquait qu'elle s'attelait à défaire ma bretelle. La soudaine liberté de ma peau attesta de sa réussite. Elle commença à retirer la bande de mon torse quand son mouvement ralentit. Elle avait sans doute entendu comme moi mon fluide séché craquer sur le tissu. Je ne bougeai pas jusqu'à ce qu'un mouvement effectué sur l'une des traces, liant le pseudo habit et ma plaie, ne me fasse tressaillir.

La louve se pencha un peu, son souffle faisant voleter une mèche végétale non loin de mon oreille. Sa voix était calme comme si elle cherchait à me mettre en confiance. Bien sûr, ce n'était pas la peine mais je n'avais pas envie de la déconcentrer.

"Cela ne sera pas long."

Sur ce, elle détacha d'un coup rapide la bande, m'arrachant un souffle douloureux. Je pouvais nettement sentir cette substance gluante se remettre à couler doucement. J'avais la sensation que ma gorge se serrait mais c'était sans doute le résultat d'une appréhension malgré la confiance que j'avais en la liykor. Elle me débarrassa de la bande sans encombre et je l'entendis se déplacer quand un cri surpris lui échappa.

"Ugyah ! Nanny ! J'ai dis que je m'en occupais ! Pas la peine de me surveiller !"

J'entendis un petit rire avant que la canne n'émette un bruit clair et aigu.

"J'ai compris, j'ai compris. Je suis à l'étage si besoin est."

"Grrr..."

Un son de raclement de bois fit écho dans la pièce un instant, suivi par un froissement de tissu. Païvhane avait peut-être bougé le paravent avant de se défaire de ses propres habits. Après un bref moment de silence où je pensais distinguer le pliage de ses affaires, la louve me fit de nouveau entendre sa voix.

"Enfin tranquilles ! Bon... Je vais d'abord laver tes plaies puis je les soignerai. Ca te va ?"

Un mince sourire se peignit sur mes lèvres à la question de la liykor. Orientant un peu mon visage sur le côté, je me contentai d'une réponse courte et amusée.

"C'est toi la guérisseuse, Païvhane."

=> Les habitations -suite-

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Jeu 23 Fév 2012 03:53, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Jeu 23 Fév 2012 03:41 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
=> Les habitations

Une ambiance sur fond de crépitement de cheminée et d'eau remuée. Les yeux clos comme me l'avait commandé la liykor, j'essayais de deviner ses faits et gestes. Un objet venait d'être plongé dans la grande cuve d'eau de la pièce. Ce devait être une sorte de linge qui s'était imbibé de liquide vu que le son suivant fut celui d'un tissu que l'on essore avec force. Immobile, j'attendais que cet objet vienne à ma peau d'écorce nettoyer les blessures suintantes de mon épaule. Une seconde qui me parut s'éterniser plus tard, rien ne m'avait encore touché. La voix de Païvhane, accompagnant sa main libre qui frôlait ma nuque, s'éleva. Le ton était neutre, me donnant juste une indication. A l'entendre, elle s'était déplacée, venant se poster à ma droite.

"Retiens tes cheveux."

Penchant la tête vers la gauche, je déroulai ma main et m'exécutai. Quelques instants plus tard, le tissu humide vint frotter précautionneusement l'épaule dégagée. La louve devait s'être penchée car je sentais son souffle régulièrement. Elle émit un claquement de langue, tapotant les plaies. L'eau qui s'y insinua réveilla la peine mais il me semblait qu'elle était déjà moins forte. Un petit silence s'installait dans la pièce tandis que la liykor me prodiguait des soins. Le linge retourna dans la cuve et en ressortit de la même façon. La voix de mon amie décrivit un arc de cercle à côté puis au-dessus de mon oreille.

"Alors ? Elle est liée à quelle histoire cette marque de lame ?"

Je haussai un sourcil légèrement. Comment Païvhane avait-elle pu voir que c'était le résultat d'une lame ? Est-ce qu'elle en avait déjà vu ? Quand ? Etait-ce à son encontre ? Les questions se bousculaient dans ma gorge au point qu'aucune ne céda sa place à l'autre. Au final, je ne parvins qu'à trouver les mots pour lui répondre.

"J'ai fait une... Mauvaise rencontre. Mais je pense que c'était de ma faute."

"De ta faute ? "

Malgré le brusque éclat de voix, je pris le temps de lui expliquer.

"J'ai... Sorti ma bourse pour compter mes yus. Je n'ai pas vraiment fait preuve de discrétion."

"Donc si je te suis, c'est un vol qui a mal tourné ?"

J'acquiesçai. La liykor émit un son de gorge difficile à interpréter, d'autant plus que je ne pouvais pas ouvrir les yeux pour m'appuyer sur son expression. Le linge fit un autre aller-retour entre la réserve d'eau et moi. Je pouvais sentir ce liquide clair dévaler les légères crevasses de ma peau d'écorce. Epaule, bras, avant-bras, le long de mon index déroulé qui était collé le long de ma cuisse jusqu'à mon talon. Maintenant que j'y faisais attention, ce sol-ci était encore différent du précédent. J'allai m'y intéresser quand la voix canine s'éleva de nouveau.

"Mais au fait, Nono, qu'est-ce que tu fais à Yarthiss ?"

La question me prit un peu au dépourvu, faisant ressurgir un tas de souvenirs en même temps. Je gardais le silence quelques instants, le temps de remettre en ordre mes idées. La guérisseuse en profita pour, apparemment, fouiller dans son sac et en sortir quelque chose. Je ne m'y attardai pas. Après tout, elle savait ce qu'elle faisait. Prenant une inspiration lente, je remontai en arrière dans ma mémoire, organisant ma pensée.

"Tu te rappelles de cet elfe qui a rejoint le cercle quelques mois avant ton départ ?"

"Mmmh... Non. Rafraîchis-moi la mémoire."

"Eh bien... Hinion, à peu près ta taille... Longs cheveux dorés en deux tresses dans le dos, yeux teinte ciel de jour chaud, pommettes saillantes... Je crois qu'il s'appelait Gano... Gabo..."

J'eus un doute sur son nom mais je n'eus pas à le chercher longtemps car la liykor le trouva avant moi. Elle le prononça d'ailleurs d'une façon étrange mais je n'arrivais pas à savoir exactement ce qui clochait dans son intonation.

"Gahory ?"

"Oui."

Un bruit mou et inconfortable émana d'un endroit quelque part derrière moi. Je n'avais aucune idée de ce que faisait Païvhane mais je ne m'en inquiétais pas. Une mixture soudainement froide entra en contact avec ma plaie, manquant me faire sursauter. La pression de l'un des doigts de la louve était perceptible à travers un tissu. Etait-elle en train d'appliquer un remède ? C'était fort probable vu où elle s'activait. Elle m'enjoignit, par un petit son approbateur, à continuer mon récit.

"Il est passé à la tête du cercle récemment."

La main de la liykor s'immobilisa.

"Comment ? Il est devenu Vénérable ? Mais alors qu'est devenu l'ancien ? "

Même si je ne la voyais pas, je pouvais sentir que Païvhane était agitée. Cela ne lui ressemblait pas. Certes, je ne l'avais pas vu depuis deux ans et elle avait pu changer. L'image colorée d'une Liykor enjouée, curieuse et volontaire s'était peut-être teinte d'un coloris plus sombre en ces années d'absence. D'ailleurs, où avait-elle pu passer pendant tout ce temps ? Ce mystère était d'autant plus épais qu'elle n'avait jamais essayé de m'écrire malgré notre complicité. Son doigt s'attaqua à ma plaie dans le dos un peu rudement, me causant un souffle douloureux.

"Hm."

"Oh. Pardon Nono..."

J'entendis un bruit de bois alors qu'elle se mouvait. Laissant mon imagination travailler, je pensai qu'elle avait un pot contenant son remède sous la main, dans lequel elle plongeait le tissu. Après un court instant, je repris la parole.

"Quelques mois après ton départ, l'ancien vénérable a commencé à aller mal. Il commettait des erreurs, perdait l'appétit. Il avait l'air euh... "Malade". Gahory étant le plus âgé et le plus expérimenté d'entre nous, il a... Naturellement commencé à prendre le cercle en main."

Païvhane n'en avait peut-être pas conscience mais sa paume tremblait légèrement contre ma peau d'écorce. Il me paraissait évident que quelque chose la contrariait et je doutai sérieusement que ce fut lié à ma plaie. J'allai reprendre le flot de mes paroles quand la voix de la louve, d'un coup plus froide, me parvint.

"Alors s'il a... C'est que l'ancien..."

Lentement, j'acquiesçai.

"Il y a quelques semaines, il avait l'air de mieux se porter... Et un matin, il ne s'est... Pas réveillé."

Les yeux toujours clos, je n'eus aucun mal à revivre la scène. Depuis une bonne quinzaine d'années, j'avais toujours eu le privilège d'aller le trouver au réveil. Je me souvenais sans peine de lui. Un être ressemblant à un elfe mais qui n'en était pas tout à fait un, une main capable de réconforter ou de punir et surtout dégageant une impression étrange. Là où il se trouvait, je me sentais à ma place. Et puis, un matin, il ne m'avait pas attendu à sa table comme il l'avait toujours fait ni ne m'avait salué avec son sourire doux. Il était assis dans son lit, le dos contre le mur, immobile. Je me rappelais l'avoir appelé, avoir enroulé mes mains autour de la sienne sans avoir la moindre réaction en retour. Ses doigts étaient si froids que j'avais encore du mal à croire que la veille, son sourire chaleureux m'avait accueilli. Ma gorge se resserra brutalement alors que les images floues d'autres mages entrant à leur tour dans la chambre obscurcissaient mes souvenirs. J'avais déjà vu des mages décliner et s'éteindre mais jamais je n'avais jusque-là ressenti une telle perte, un déchirement. Je le revoyais encore. Il avait été revêtu de sa plus belle tunique bleue, à motif de sarnas, celle qu'il portait à chaque célébration. Sauf que cette célébration-ci n'avait rien d'une fête. On conduisait son corps au bûcher funéraire. Jamais je n'avais autant haïs le feu que ce jour-là et pourtant, même des heures après que la dernière flamme ait trépassé, je n'avais pas quitté l'endroit des yeux. Ce ne fut que lorsque toute mon énergie fut consommée que je perdis le tas de cendres de vue.

Je levai ma main gauche, la plaquant contre le haut de mon visage. Je n'y arrivais pas. Je ne parvenais pas à accepter cela. Dès que je pensais à lui, à ce qu'il avait toujours représenté, une douleur intérieure m'envahissait, enserrant dans son étau chaque canal de mon fluide de vie. Une main poilue me ramena doucement au moment présent alors que la louve se penchait, m'enlaçant avec une certaine rudesse. Un son entrecoupé me parvint. Des sanglots. Etait-ce moi qui produisait un tel son ? J'en aurais eu la certitude si ma main gauche n'avait pas été se poser contre l'omoplate de la liykor. Elle pleurait. Païvhane pleurait ? Jamais elle n'avait versé une seule larme lors des dix années que nous avions passé ensemble. J'eus l'envie de rouvrir les yeux et j'allais le faire quand la voix étranglée de la liykor me parvint. Elle explosa d'abord puis ses paroles s'évanouirent dans l'atmosphère humide.

"Non ! Ne me regarde pas ! Ne regarde..."

Inspirant difficilement, je m'efforçai de me reprendre, focalisant ma pensée sur les événements récents.

"L'ambiance au cercle s'est tendue... Certains voulaient poursuivre leurs activités comme ils l'avaient toujours fait... D'autres ont embrassé les idées nouvelles de Gahory. Seule une poignée d'entre nous est restée neutre. La pression était si forte que nous avons décidé... De quitter le cercle.

Je resserrai mon étreinte. Païvhane reniflait bruyamment, émettant par moment des couinements qui fendaient quelque chose dans ma poitrine.

"Yarthiss... Ce n'est qu'une étape... Je n'ai pas l'intention d'y rester plus que nécessaire."

Je n'arrivais pas à croire ce que je venais de dire et pourtant c'était vrai. Même si retrouver la liykor m'avait fait beaucoup de bien, j'avais besoin de mettre de la distance entre le cercle et moi. Les bons moments étaient finis. Païvhane prit une profonde inspiration, reniflant par la même occasion. Elle me relâcha doucement et murmura quelque chose dans un souffle.

"J'aurais du..."

Elle se déplaça sur ma droite et m'aida à entrer dans la cuve. L'eau avait un peu refroidi mais elle restait agréable. La Liykor entra à son tour, attrapant quelque chose à proximité. Un "glouglou" ainsi qu'un mouvement d'eau me convainquirent qu'elle venait de remplir un récipient de liquide. Un autre son m'indiqua, lui, qu'elle venait de se le renverser dessus. Frottement, frôlement. Malgré sa taille, la cuve ne pouvait pas contenir deux êtres de nos tailles respectives sans que l'on se touche. Je relevai les genoux, laissant de la place à la liykor. Un long moment passa où rien ne se produisit. Pas un mouvement, pas un son sauf celui des flammes du foyer de l'autre côté. J'étais sur le point de lui parler quand un doux sifflement se fit entendre.

"Chuuuuut... S'il te plaît... Ne dis rien, ne regarde pas..."

Païvhane bougea enfin. Ses longs bras vinrent encercler mes genoux dépassant de l'eau, les resserrant sans forcer alors qu'elle venait poser sa tête dessus. Elle reniflait encore un peu par moments. Doucement, sa voix un peu faible m'interpella.

"Dis Nono... Tu te souviens de ce que tu faisais avant ? Quand j'avais mes cauchemars ?"

Il me suffit d'un mince moment de réflexion. J'approchai alors ma main d'elle, tâtant doucement sa truffe puis son museau. Je glissai alors ma main le long de sa joue, la menant jusqu'à la base de l'oreille. Avec lenteur, je passai mon pouce le long de son oreille, plongeant mes autres doigts dans sa fourrure. Elle était humide mais elle avait conservé ce côté soyeux que je lui avais toujours connu. Païvhane s'apaisa, cessant de renifler pour reprendre un souffle normal mais en contrepartie, c'était à mon tour de me sentir mal à l'aise. Pourquoi soudainement voulait-elle que je l'apaise ? Pourquoi évoquer ce geste avec tant de nostalgie ? Que pouvait-elle bien me cacher ?

Je n'eus pas le loisir de lui demander qu'elle attrapait ma main, la plaquant devant ses babines, le haut de ma paume au niveau de sa truffe. Une sensation de contact chaud me parvint depuis ma main mais j'étais incapable d'imaginer ce qu'elle venait de faire. Elle finit par sortir de l'eau et m'aida à faire de même. J'entendis un bruit de tissu avant de le sentir sur ma tête. Vu le poids, cela devait être un morceau de grande taille.

"Tu peux te sécher un peu ? Je reviens tout de suite..."

Je m'exécutai, non sans me demander ce qui pouvait bien se passer dans le crâne de la guérisseuse. D'ailleurs, elle avait rudement bien mené sa tâche puisque mes plaies ne me lançaient plus du tout. Cette mixture était véritablement efficace. Païvhane revint avec quelque chose sous le bras.

"Ferme les yeux encore un peu, Nono.

J'obéis à sa demande, ne sachant pas ce qu'elle me réservait. D'abord, elle me retira le tissu qui servait à me sécher, le faisant mollement choir dans mon dos. Par la suite, un mouvement d'air m'incita à penser qu'elle avait lancé quelque chose par-dessus mes épaules. Cette sensation se confirma quand un léger clic se fit entendre. Elle dégagea mes mèches de l'objet, s'éloigna un peu puis, d'une voix douce, elle brisa le silence.

"Maintenant... Tu peux les ouvrir."

Mon regard tomba d'abord sur la silhouette drapée de la guérisseuse qui humait l'air doucement, les oreilles légèrement aplaties sur les côtés. J'abaissai le regard sur mon épaule gauche puis tournai sur moi-même. Le vêtement, une cape, accompagna mon mouvement. Elle était légère, d'une teinte que j'estimai être verte et s'arrêtait à peu près à mi-mollet. En la regardant d'un peu plus près, j'eus la sensation de revoir le feuillage de l'un des arbres des abords du cercle. Elle était magnifique mais je ne parvenais pas à chasser un pressentiment. Je levai les yeux vers la liykor dont l'expression était indéchiffrable. Elle se passa lentement le poignet droit sur l'oeil opposé, prenant la parole sur un ton un peu enjoué.

"Eh ! Je savais qu'elle t'irait bien... Elle a presque l'air..."

Cette fois-ci, ce fut son revers de main qui frotta son orbite.

"Faite spécialement... Pour toi..."

Elle marqua une pause, ses oreilles se baissant encore un peu, au diapason de sa voix.

"Quand... Quand je suis partie... L'ancien, il... Il m'en a fait cadeau... J'crois... J'pense... Enfin j'voudrais... J'veux...

Elle prit une inspiration rapide entre ses babines, ravalant une intonation émue, avant d'enchaîner.

J'veux qu'elle te revienne... Qu'elle ne te quitte jamais...

Un violent pincement dans la poitrine me priva un instant de souffle. J'avais l'impression de revivre une scène vieille de deux ans mais en sens inverse. J'avais cette sensation distante, inconfortable, qu'elle me faisait ses adieux. Inspirant par le nez, je me rapprochai d'elle, levant la tête dans sa direction. Nos soixante centimètres de différence ne m'avaient jamais paru aussi grands. Je déployai ma main gauche, allant effleurer son visage.

"Tu sais... Je ne suis pas encore sur le départ, Paï..."

Elle renifla une nouvelle fois, la truffe tremblante. Sa large paume se posa contre mes doigts, les serrant avec toute la douceur dont elle était capable, son museau se tournant vers ma peau d'écorce. Ses yeux dorés, embués, se rivèrent aux miens. J'y lus alors comme un triste sourire.

"Je le sais..."

La grande taille de la louve diminua à mesure qu'elle se penchait sur moi. Attrapant mon visage de ses deux mains, elle apposa son front contre le mien, plissant les yeux. Déroulant mes doigts dans un grincement à peine audible, je posai ces derniers sur sa fourrure humide. Sa chaleur m'avait manqué. Sa voix m'avait manqué. Son départ avait causé un vide pendant ces deux années et je ne la revoyais que là, maintenant, alors que j'envisageai de partir...

"Je le sais..."

Un sourire étira mes lèvres sombres malgré le pincement que je percevais dans ma poitrine. Rompant le charme du moment présent, une voix familière se fit entendre.

"Ca y est ? La toilette est finie ?"

Païvhane grogna ou plutôt gronda, restant dans cette position jusqu'à ce que le bruit de la canne dans les escaliers se fasse entendre. Elle se redressa de toute sa hauteur, lançant sa voix vers le paravent.

"Ca va pour Nono mais moi, j'ai pas fini !"

"Pas la peine non plus de laver ta fourrure poil par poil ! J'en demande pas tant !"

La liykor eut un petit sourire puis, sans me regarder, elle fit un signe de tête vers le paravent. J'opinai, resserrant la cape portant l'odeur de la louve autour de mes épaules, non sans avoir eu l'impression que le bras de cette dernière remontait une nouvelle fois vers son visage. J'arrivai dans la pièce au moment où "Nanny" finissait de descendre. Ses yeux pétillants observèrent mon visage. Elle lança une phrase joyeuse.

"Alors ? On se sent mieux, pas vrai ?"

Je me contentai de sourire timidement. Sur le coup, je n'avais pas de réponse totalement honnête à lui faire.

=>Les habitations -séparation-

[[[Acquisition RP de la cape de dissimulation feuillage précédemment obtenue en correction]]]

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Dernière édition par Mythanorië le Mar 28 Fév 2012 00:57, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les Habitations
MessagePosté: Ven 24 Fév 2012 16:17 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 15 Fév 2012 19:03
Messages: 785
Localisation: [Aeronland] Île du Serpent
> Les habitations -suite-

Doucement, je replaçai le paravent contre l'ouverture de la pièce, laissant la liykor seule de l'autre côté. J'avais l'impression de l'entendre renifler encore mais j'ignorais comment. Le feu à proximité crépitait et claquait avec assez de force pour masquer la plupart des sons ambiants. Je devinais plus que je ne voyais "Nanny" s'affairer auprès de ses ustensiles de cuisine, incapable de maintenir mon attention sur quelque chose de précis. Ma main gauche alla attraper les pans de la cape que je venais de recevoir, les resserrant un peu par-dessous, au niveau de mon abdomen. Mon regard passa rapidement en revue la pièce mais aucun détail n'attira particulièrement mon attention cette fois-ci. Bientôt, la voix de Païvhane émergea depuis l'autre côté du paravent. Son ton était neutre et ne trahissait en rien son état d'esprit précédent.

"Nono ? Tu peux me passer ton drapé ? Je vais le laver en même temps que le reste."

Le temps de me détourner du cadre de la porte et de faire un pas, j'eus la surprise de voir la petite humaine âgée me tendre le vêtement mentionné. Je la remerciai d'un signe de tête, prenant l'objet de ses mains et allant le poser sur le paravent. Il n'y resta qu'un instant, à croire que la louve avait guetté le bout de tissu comme un chasseur traquant sa proie. Mon regard se perdit un instant dans le motif géométrique dessiné sur la séparation quand un raclement de bois retentit non loin. Je tournai immédiatement la tête, à la recherche de l'origine de ce son. Nanny venait de tirer un petit siège sans dossier, le calant non loin de l'âtre. Son visage un peu ridé s'orienta dans ma direction tandis qu'elle tapotait l'objet, m'incitant à m'y installer. Une goutte d'eau tombant d'une de mes feuilles fut le détail qui m'y fit prendre place. Immédiatement, la chaleur vive du foyer m'enveloppa, telle une main cherchant à déloger chaque parcelle d'humidité superflue. Mes yeux clairs fixèrent la danse d'une flamme orangée mais je m'en détournai rapidement. Regarder ainsi cette combustion ravivait la peine liée au deuil que je ne parvenais pas à faire.

Un petit "toc" contre mon front d'écorce me tira de ma rêverie. Bras tendu, l'humaine m'offrait un gobelet de bois orné de motifs finement ciselés. A première vue, il contenait de l'eau avec une feuille de belle taille dépassant du rebord. Lorsque je me saisis du récipent, je pus voir autre chose. Il y avait des grains de petite taille, un peu dorés, qui restaient immobiles malgré le mouvement de l'eau. J'offris un sourire teinté de gratitude à mon hôte et commençai à boire cette eau sableuse. "Nanny" ne m'avait rien demandé mais elle avait sciemment ajouté cet élément à l'eau, à croire qu'elle avait des connaissances sur l'alimentation des membres de ma race. Je ne la vis pas faire mais le vrombissement d'un banc que l'on rapproche résonna dans mon écorce. Elle prit place à côté de moi, regardant le feu à son tour. Peu après, elle brisa le silence.

"Très jolie cape. J'espère que Paï a bien réfléchi avant de s'en séparer."

A sa façon de le dire, j'avais presque la sensation que la vieille dame avait été témoin de notre conversation. C'était bien évidemment impossible mais elle faisait tout de même mouche.

"Ah, l'appel des routes... Mais entre écouter sa nature et rester auprès des siens, le choix est parfois douloureux."

Plus je l'écoutais, plus j'avais l'impression qu'elle ne faisait pas qu'énoncer un trait de sagesse. Elle le maniait pour m'amener à faire le parallèle avec ma situation ou était-ce celle de la liykor ? Je trouvais cela un peu effrayant d'ailleurs. Je la connaissais à peine et pourtant elle avait l'air d'avoir déjà tout appris à mon sujet. Tout en portant le gobelet à mes lèvres, je lui jetai un coup d'oeil. Un sourire un peu fatigué ornait ses lèvres, expression qui changea drastiquement quand elle se rendit compte que je l'observai. Une lueur taquine et paradoxalement sévère se glissa dans son regard, qu'elle accompagna d'un souffle nasal amusé.

C'est parfois une décision prise sous la contrainte.

Elle se permit de retirer le végétal de mon gobelet avant de poursuivre. Ces paroles-ci me laissèrent une impression différente, bien plus amère que de ce qui découle d'une simple taquinerie.

"Enfin prendre la route n'est jamais facile. Encore faut-il avoir réussi à dépasser le stade de l'inutile jeune pousse fragile, dépendante et encombrante."

J'avais du mal à le concevoir mais elle venait juste de faire une comparaison loin d'être élogieuse. Je sentis mes lèvres se desserrer et une surprise désagréable pincer mon abdomen. Peut-être avais-je mal entendu ? Peut-être que les événements du jour m'avaient fait devenir le jouet d'une suspicion mal placée ? Je sondai d'un coup ses prunelles, en quête d'une confirmation ou au contraire, d'un élément pouvant m'aider à me rassurer. Elle soutint mon regard sans ciller, passant de l'un de mes yeux à l'autre dans un silence que seul le crépitement du bois rongé par les flammes osait perturber. Son sourire s'effaça progressivement. Un léger mouvement, un peu en marge de mon champ de vision, animait sa main. Sans me lâcher du regard, elle fit un vif geste de cette même main. Quelque chose atterrit dans les flammes, sifflant au contact de l'élément brûlant.

"Nanny" se leva, tapant rudement sa canne au sol. Pour une fois, je ne sursautai pas à cette sonorité brutale.

"Bon ! Trêve de bavardages, j'ai besoin d'épices pour ma soupe."

Je ne la regardai pas s'éloigner, braquant mes yeux clairs vers ce qu'elle avait jeté sans ménagement. La lueur orangée léchait avec avidité la longue feuille qu'elle avait retiré de mon gobelet. Je m'abstins de tout mouvement, cherchant à rassembler les pièces du puzzle. Je savais que "Nanny" avait tendance à bluffer, à taquiner et à faire des mises en scène. Sauf que là, je ne savais pas quoi penser. Mes doigts faisaient lentement tourner le gobelet alors que je cogitais. Si elle bluffait, à quel moment avait-elle été honnête ? Lorsqu'elle avait accepté ma main ? Quand elle m'avait accepté dans sa demeure ou bien était-ce seulement maintenant ? Alors qu'elle avait à demi-mot laissé entendre que ma présence ne lui plaisait pas ? Je plissai les yeux. Non, je n'avais plus ce trait de caractère appelé naïveté depuis quelques années déjà. Si cette humaine avait attendu pour me parler en tête-à-tête, c'était qu'elle ne pouvait pas le faire devant la louve. Raison de plus pour m'amener à croire que c'était là sa véritable pensée.

Elle avait tout de même raison sur un point. Si je n'étais même pas capable de me défendre contre une seule personne, je risquais fort de ne pas faire long feu dans les endroits moins enclins à ma présence. Cette idée m'amena à penser que j'allais également avoir besoin de matériel et donc de yus par la suite. Je pouvais toujours marcher jusqu'à une prochaine ville mais j'allais tout de même devoir prendre des précautions. Un bruit d'eau se répercuta dans la pièce voisine, ramenant mes pensées vers Païvhane. Je ne voulais pas me séparer d'elle si vite mais je ne pouvais pas non plus la forcer à prendre la route avec moi. Je pris la résolution d'attendre un moment plus propice pour connaître ses intentions.

J'apposai les yeux sur la main que je déroulai tout en buvant le reste du liquide que l'humaine m'avait donné. Aujourd'hui, j'avais réussi à me défaire d'un assaillant non sans mal, appuyant encore les paroles de la propriétaire des lieux. J'en avais parfaitement conscience. La sécurité du cercle m'avait toujours suffi et je n'avais que rarement ressenti ce malaise lié au danger environnant. Or, j'allais certainement devoir me débrouiller en solitaire à l'avenir. Je ne pouvais pas me permettre de toujours demeurer une victime de ce genre d'incidents ni dépendre perpétuellement d'un autre être. Le fait était difficile à admettre, blessant ma fierté au passage. Ce n'était pas que j'étais influençable mais je devais admettre que "Nanny" avait hélas raison. C'était d'autant plus vrai que, de toute façon, je doutais pouvoir laisser une autre personne trop s'approcher de moi.

Je me tournai vers la table, juste pour déposer le gobelet dessus, évitant de laisser la silhouette de l'humaine entrer dans mon champ de vision. Bientôt, une lassitude m'envahit. Je sentais mon corps s'engourdir peu à peu et luttai un moment pour maintenir mon esprit éveillé. Ce fut ce moment que choisit la louve pour ressortir de la pièce voisine, ayant revêtu une sorte de drapé lui tombant jusqu'aux genoux, simplement retenu par un ceinturon. Je l'imaginai étendre les habits lavés sur le paravent qu'elle rapprochait du foyer. Je me frottai les yeux, secouai la tête mais la lassitude se faisait toujours plus présente. Je sentis bientôt la pression contrôlée de ses mains contre mes bras.

"Tu as l'air de vouloir te reposer, toi. "

J'acquiesçai un peu mollement, luttant pour la regarder. La louve tira davantage le banc puis s'y installa à califourchon. Elle me fit ensuite signe de venir l'y rejoindre, ce que je fis sans broncher. Je pris place, sentant son bras me ramener contre le tissu de son habit propre. Elle me maintint contre elle, cerclant ma taille d'un bras alors que l'autre lissait ma tempe puis mes cheveux. La sensation de protection qui se dégageait de son étreinte me réconforta. Si je devais m'en passer à l'avenir, autant en profiter tant que c'était possible. Alors que mes yeux se fermaient, la voix tranquille de la louve me parvint.

"Dors tranquille, ma petite brindille."

Je ne m'en privai pas, sombrant dans un sommeil étrange. Je devais être en train de dormir et pourtant, par moments, j'avais l'impression d'entendre des voix, des rires et des bruits de bois. Mes yeux s'ouvraient puis se refermaient sans avoir pu éclaircir une scène. Une fois, j'avais cru apercevoir d'autres humains attablés. Une autre fois, c'était un souffle d'air chaud qui me parvenait puis un courant froid et à nouveau de la chaleur. Un froissement de papier, un raclement de banc et quelques paroles incompréhensibles furent tout ce que je parvins à interpréter dans mon état.
Je devais finalement avoir laissé le sommeil prendre le dessus puisqu'au bout d'un moment, je ne remarquai plus rien.

*****


Le matin était arrivé plus vite que je ne l'aurai cru. Dès mon réveil, Païvhane s'attela à me prodiguer quelques soins puis elle s'affaira aux côtés de l'humaine âgée, courant de gauche à droite dans l'habitation. Plus je la regardais faire, plus j'avais la certitude qu'elle repoussait l'échéance du départ. Par moments, elle subissait une farce de la vieille dame, la faisant grogner et reprendre une discussion mouvementée avec cette dernière. Une étrange distance se créait entre ces scènes et moi, comme si je n'avais pas ma place dans ce tableau. Je m'en détournai, revêtant mon drapé par-dessus lequel je replaçai la cape. Venant de nulle part, les pattes de la liykor se posèrent dessus, attrapant les pans de devant avec lenteur.

"Attends Nono, il y a comme un mauvais pli."

Elle tira doucement sur le tissu, le lissant entre deux doigts. Elle avait l'air ailleurs même si ses yeux dorés scrutaient intensément un reflet vert de l'objet. Je braquai mon regard dans sa direction sans rien dire sur l'instant. Elle esquiva mes yeux de longues secondes puis elle poussa un profond soupir. Ses oreilles se baissèrent un peu.

"Voilà, le moment approche on dirait..."

A son intonation, je ressentis soudainement de la distance. Je n'avais même pas besoin de lui poser la question pour savoir que nos chemins allaient de nouveau se séparer. Elle le confirma l'instant d'après.

"Je vais partir au cercle. J'y ai des choses... Importantes... A régler... Et surtout, je veux aller me recueillir... "

Je luttai contre des envies contradictoires. Je voulais l'accompagner, passer encore un moment avec elle, qu'elle me raconte ces deux ans d'absence. D'un autre côté, si je ne parvenais pas à me détacher de sa protection, je ne serais sans doute jamais en mesure de me prendre en main. Elle sembla deviner mon trouble puisque, sans même que je n'émette le moindre son, elle reprit la parole.

"Je doute que ton retour soit bien accepté vu l'ambiance que tu m'as décrit. Alors... Je vais y aller seule.

Je ne la regardai même pas prendre ses affaires, la précédant hors du logis. Je n'aperçus que du coin de l'oeil le visage de l'humaine, n'y prêtant pas attention. Ses mots de la veille avaient fait naître en moi une certaine méfiance à son égard. Les orteils touchant un pavé extérieur, j'inspirai profondément, attendant la liykor. Un mince bruit de voix m'invitait à penser qu'elle faisait aussi ses adieux à "Nanny". Sitôt que la louve fut hors de la maison, la porte claqua doucement.

"Nono..."

J'inspirai profondément avant de me retourner vers Païvhane, contrôlant au mieux ce cri intérieur égoïste. Elle rajusta un peu sa bretelle puis se gratta la nuque. Je la laissai faire, retenant mes questions. Les mains de la guérisseuse se tendirent vers moi, paumes vers le ciel. Coinçant mon grimoire sous mon bras gauche, je déroulai mes doigts, allant à leur rencontre. Elle resserra ses doigts, enveloppant les miens. Petit à petit ses oreilles se baissaient au diapason de son torse alors qu'elle se penchait vers moi, approchant son museau de mon visage. Sa truffe vint effleurer mon nez de droite à gauche, y donnant par la suite une légère poussée à laquelle je répondis de la même manière. Dernier moment de tendresse. Ma gorge se serrait mais je prenais sur moi, inspirant lentement pour ravaler cette peine intérieure. A faible volume, la voix de Païvhane émit quelques mots.

"Tu penseras à moi de temps en temps, hein ? Parce que moi... Je penserai sans cesse à toi."

Elle éloigna son museau puis fit un léger pas en arrière, faisant glisser progressivement ses mains contre les miennes. Avec un léger tremblement, elle continua.

"Je vais rester vivre dans la région, ici ou au cercle peut-être... Si tu... Non... Lorsque tu reviendras, viens me voir.

Ses mains avaient presque quitté les miennes. Je refusais de perdre ce contact mais malgré tout, je ne fis rien pour les retenir. J'avais de plus en plus de mal à faire taire cette douleur intérieure.

"J'aurais alors beaucoup... Beaucoup de choses à t'avouer... Certaines te surprendront... J'en suis sûre."

La chaleur de sa fourrure quitta mes paumes alors qu'elle faisait un pas de plus en arrière. Un autre pas s'amorça alors que ses yeux se plissaient, luisant sous ce petit rayon de soleil peinant à traverser les nuages. Dans sa voix, un sanglot. Dans son attitude, de la peine. Dans ma poitrine, une douleur morale et lancinante que j'essayai de taire.

"Prends soin de toi, ma brindille... Au revoir, Mythanorië.

Je n'eus pas même le temps de lui répondre que la louve avait fait un brutal volte-face et s'était lancée, malgré son pesant bagage, dans une course éperdue vers le bout de la ruelle. Elle disparut à l'angle d'un bâtiment sans se retourner. J'inspirai lentement, levant le visage vers le ciel nuageux. Ce n'était pas la première fois que l'on se séparait sauf que cette fois, c'était moi qui m'éloignais.

"Au revoir, mon amie."

Ces adieux m'avaient porté un coup au moral. J'allais avoir besoin de rapidement me remettre de ce choc mais je ne pouvais pas m'appuyer sur une personne en particulier. Je ne voyais donc plus qu'un recours alors que mes pas m'entrainaient vers une rue proche. La voix masculine du bûcheron me revint, m'indiquant sans le faire volontairement ma prochaine destination.

Le temple de Moura.


=> Temple de Moura

_________________
Mythanorië - Oudio / Shamane Hippocampe


Sœur de la Confrérie d'Outremer, Capitaine de la Rascasse Volante, au corps de bois et cœur de bête océane
"Y'a pas à dire, la mer, ça vous change quelqu'un !"

Ancien thème
Thème actuel & Nouvelle Voix


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 64 messages ]  Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016