Rp à caractère violent !
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L'apocalypse orque (Partie III)
< Les rues de BouhenSur le chemin, le milicien et moi avions échangé quelques banalités, notamment nos noms. Ainsi, j'appris que ce jeune homme s'appelait Edoe et qu'il venait tout juste de s'enrôler dans la milice. Ce pauvre humain n'avait connu qu'une mission diplomatique depuis qu'il était engagé, et maintenant il était là, à défendre sa ville contre une armée d'orque ! Je sentais que ma présence sur son épaule le rassurait quelque peu, tout comme la sienne me rassurait également. Il faut dire que j'étais loin d'avoir beaucoup plus d'expérience que lui !
A mesure que nous nous approchions de l'entrée de la ville, la concentration en garde augmentait. Quelques archers étaient postés sur les toits et devant nous, sur les remparts au-dessus de la grande porte, semblaient s'agglutiner tous les hommes de la ville capables de se battre. Juste derrière la herse qui nous séparait de l'armée ennemie, une troupe de lanciers étaient prêts à accueillir les sujets d'Oaxaca comme il se devait. Le milicien nous hissa jusqu'aux remparts. Un archer était posté tous les deux mètres, un sac de flèches à ses pieds, arc en main et carquois plein. Partout, des miliciens s'affairaient, prêts à repousser les attaques des orques, la mine décidée et concentrée.
Je demandai à Edoe de s'arrêter pour observer notre ennemi. La forêt en face des murailles étaient illuminée de milles feux. De ci, de là, on pouvait apercevoir des lumières dansantes à travers les feuillages. C'était à la fois beau et terrifiant. Le musique des tambours se faisait de plus en plus forte, et on pouvait entendre le son de plusieurs centaines de semelles orques fouler le sol au rythme des vibrations. Du côté Bouhanais, il n'y avait presque aucun son. Les visages étaient fermés et tous les habitants qui ne combattaient pas étaient maintenant enfermés à double-tour chez eux.
"Mais combien sont-ils ?" dis-je époustoufflé.
"Un peu moins de quatre-cent d'après ce que les éclaireurs ont dit." répondit un vieil archer qui se tenait à côté de nous.
Je hochai la tête en signe d'approbation. Puis descendis de l'épaule d'Edoe. La vision d'horreur que représentait cette armée du mal m'avait effrayé, et je ne pouvais effacer de ma mémoire l'image de ces centaines de lumières virevoltantes qui symbolisaient autant d'orques assoiffés de sang. Je n'avais aucune idée de comment se passait un siège de ce type, mais je savais que je pourrais mettre me talents au service des hommes. En tout cas, je préférais faire n'importe-quoi d'autre que de regarder cette armée noire s'approcher.
"Je vais voir si je peux me rendre utile quelque-part. J'ai vu qu'ils préparaient des tonneaux d'eau au cas où il y aurait un incendie. Je pourrais p'tet les aider à les remplir."Je fis machine arrière pour rejoindre la grande porte, quand soudain, j'entendis un hurlement :
« Ils arrivent ! »Le calme qui régnait quelques minutes plutôt du côté humain se brisa soudainement. Tous couraient se mettre à l'abri sous des panneaux de bois où collés contre des murs de pierre. Il me fallut moult efforts et acrobaties diverses pour éviter de me prendre un pied humain en pleine face. Tout se passa si vite que je me retrouvai seul, au milieu de la place en face de la grande porte. Hébété, je regardais les hommes qui restaient cachés. L'un d'entre eux me fit signe de me dépêcher de le rejoindre, mais soudain de longs sifflements fendirent l'air.
Je levai la tête et fus témoin d'une vision apocalyptique : une pluie d'une centaine de flèches volait sur les remparts. Je pus en apercevoir une bonne partie qui passait de l'autre côté pour venir s'abattre pile à l'endroit où je me tenais. A ce moment précis, je crus que c'était la fin, mon coeur battait la chamade. J'avais peur de mourir, peur de souffrir. Je pouvais voir les pointes luisantes se rapprocher de moi et presque ressentir la douleur que l'une d'entre elles ferait en me transperçant. Dans un dernier désir de me protéger, je me mis en boule, les mains sur la tête et le visage près du sol, attendant qu'un de ces dards vienne se planter dans ma nuque.
J'entendis les flèches se planter autour de moi, les unes après les autres dans un bruit atroce. Quelques cris de douleur résonnèrent, des malheureux comme moi qui n'avaient pas eu le temps de se cacher, ou bien de trouver un protection viable. J'attendais le moment où je sentirais le métal s'enfoncer en moi. Je restai un long moment comme ceci, n'écoutant plus le brouhaha alentour, me demandant encore si j'étais mort ou en vie.
Un bruit sourd tout près me ramena à la réalité. J'ouvris les yeux et tournai la tête. La vision me fit sursauter et je tombai sur mes fesses, bouche bée. Tout à coté de moi, le cadavre d'un orque hideux et crasseux était allongé. Son crâne se trouvait à seulement quelques centimètres de moi, un long filet vermeil coulait de ses yeux et de son nez, une flèche était plantée dans la tempe. Ses orbites me fixaient d'un regard accusateur. Je jetai un oeil autour de moi, les flèches s'étaient plantées partout, laissant seulement un petit espace pour mon corps recroquevillé. J'avais eu beaucoup de chance sur ce coup là, je remerciai les dieux mentalement pour ce miracle.
Le temps que j'avais passé à me cacher la tête dans les mains avait suffit aux orques pour passer de l'autre côté de la muraille. Sur les remparts, la bataille faisait rage. Les troupes orques avaient réussi à monter par des échelles en bois et une épaisse fumée émanait de derrière les murailles, le relais équestre était en feu. Quelques assaillants plus enragés que les autres avaient réussi à passer la défense des remparts pour descendre dans les rues semant le chaos.
Les archers encore vivants postés sur la muraille tiraient à tour de bras, tentant de repousser les orques escaladant le mur, tandis que les épéistes se jetaient à corps perdu contre le flot de peaux vertes pour les protéger. Quelques miliciens se ruaient sur les échelles pour les faire tomber et ralentir la progression de l'ennemi. Les humains étaient en mauvaise posture face à autant d'animosité de la part des peaux-vertes. Tout allait très vite, trop vite pour l'armée Bouhannaise en sous-nombre.
Tout à coup, une explosion retentit non loin et un éclair de lumière vint blesser mes yeux. Le bruit assourdissant fit vibrer mes tympans, émettant un sifflement terrible. Une partie de la muraille était en proie aux flammes, cela venait de l'intérieur des remparts. Je ne savais pas ce qui avait engendré une telle déflagration, mais c'était bien plus puissant que tout ce que j'avais pu voir auparavant. Mes yeux s'écarquillèrent, j'avais vu une femme vêtue de noir chuter dans le vide, elle semblait venir du point d'origine de l'explosion. Que faisait-elle là ? Il ne me semblait pas avoir vu de femmes dans l'armée Kendrane. Pourquoi donc s'était-elle engagée dans la bataille au lieu de se cacher comme les autres citoyennes ?
L'incendie se propageait aux étages supérieurs du rempart. Il devait être arrêté ou il créerait plus de dégât du côté allié qu'adverse. Mais qu'est ce que je faisais là, à regarder passivement la bataille !? Il fallait que je me bouge ! Que j'aille éteindre l'incendie et aider cette jeune femme ! Ayant trouvé une utilité à mes capacités, je me mis à courir en direction de l'incendie, espérant ne pas arriver trop tard. Mais ma course fut violemment stoppée. Quelqu'un m'attrapa par le col, me coupant le souffle et j’atterris sur une épaule. C'était Edoe, qui m'adressa un sourire. Il ouvrit la bouche mais fut coupé par un cri qui s'éleva de la muraille :
"Flèches enflammées !!"Immédiatement, Edoe se cala dans l'embrasure d'une porte toute proche. Une volée de flèches brillantes atterrit partout, enflammant les toits et les bottes de paille. Où que mon regard se posait, des incendies démarraient. La ville allait bientôt n'être qu'un immense bûcher.
"Faut les éteindre, vite." dis-je en tirant sur l'oreille du jeune milicien.
"Non. Ils vont s'en occuper." dit-il en pointant du doigt deux hommes traînant une charrette pleine de tonneaux dégoulinant d'eau.
"Nous, on a une mission plus importante."Le jeune homme m'entraîna jusqu'à une grange située non loin de la grande porte. Ses parois de bois étaient peu épaisses et le toit était de chaume. Les quelques flèches enflammées qui avaient atterri dessus n'avait pas mis longtemps à incendier le tout. Des hurlements de femmes émanaient de l'intérieur ainsi que des hennissements apeurés.
"C'est là qu'est caché une partie des citoyens. Il faut vite éteindre le feu. Tu peux faire quelque-chose ?" Je hochai la tête, puis me mis debout sur son épaule. La situation et mon désir de sauver ces gens me donnait du courage et de la volonté. Me concentrant, je fis apparaître au-dessus de la grange la plus grosse sphère d'eau que je n'avais jamais réussi à créer. Je souris à la vue du résultat de mon sort, tout fier de pouvoir épater quiconque le verrait. Puis, sous mon ordre, la sphère se disloqua brusquement pour retomber en une grosse pluie sur la grange. Le feu ne tint pas longtemps face aux assauts aqueux, et bien vite, les dernières flammèches s'éteignirent. La grange était sauvée, ainsi que ces habitants de fortune.
"Bravo Psylo. Tu as ..."Le jeune homme ne pus jamais finir sa phrase. Au moment même où il avait prononcé son dernier mot, la lame recourbée d'un Kikoup avait traversé son corps frêle. Je voyais le métal le traverser de part en part, la pointe ressortait de son ventre comme une drôle de pustule rougeoyante. Un filet de bave mêlé au sang suintait au coin de ses lèvres. La douleur ne dura que peu de temps avant que la vie ne quitte le corps d'Edoe. Il mit genoux à terre puis s'affala, son visage cognant violemment contre les pavés tandis que je bondissais de son épaule.
L'assassin orque beugla tel un animal puis plongea ses yeux fous dans les miens. Il avait faim, il voulait du sang, cela se lisait sur son visage. La colère monta en moi. Une haine naquit soudainement pour cet être abject qui venait de tuer un jeune innocent de manière déloyale.
"Espèce de gros tas de fientes de Harney ! Je vais te tuer." J'étais à sec, niveau magie. C'est donc par la force de mes muscles que je comptais rivaliser avec le mastodonte vert. Une idée suicidaire, diriez-vous, mais à ce moment dans mon esprit, après toutes les horreurs dont je venais d'être témoin, l'heure n'était plus à la raison.
C'est alors que je me jetai littéralement à la gorge de l'orc dans un cri de colère. D'un revers de la main, celui-ci m'envoya valser, émettant un rire rauque et effrayant. Il fit trois pas vers moi, levant son épée rouge du liquide vital qui appartenait quelques secondes plus tôt à Edoe.
C'est à ce moment que, une fois de plus, une chose imprévisible me sauva la mise : un énorme rat noir se rua sur la peau-verte et planta ses crocs dans ses tendons d'Achille, produisant un long hurlement de douleur. Puis, quelques secondes plus tard, l'agresseur était foudroyé par un éclair survenu de nulle part. Le corps de l'orque, calciné, retomba sans vie sur le sol.
J'étais béa, complètement désorienté, je venais d'être sauvé par un rat et par un éclair, alors que le ciel était totalement découvert. Une ombre se retrouva au-dessus de moi et je reconnus le vieux Chantelierre qui me toisait de ses yeux perçants. C'était lui l'éclair ! Immédiatement, je cherchais Bab du regard, il se tenait là où le rat était juste avant. Mais qu'est ce qui se passait ?
Je voulus ouvrir la bouche pour poser toutes les questions qui me passaient par la tête à ce moment, mais Bab me coupa, son visage était fermé et il semblait encore plus vieux que jamais.
"Il faut y aller. Reste avec nous si tu ne veux pas mourir."