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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Dim 17 Avr 2011 15:13 
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Une terrible sensation de chaleur qui était aussi un froid glacial s’étendit dans son dos. Son bustier et sa cape la tiraillaient au rythme de sa course, la flèche toujours ancrée dans son dos.
Plus tard à la nuit tombée, elle entendit à nouveaux ses poursuivant et sans se soucier de la direction qu'elle suivait, elle continua à marcher, se cognant à des arbres, des branches, égratignant parfois son visage.

Dans son dos son bustier n'était plus qu'une plaque gluant de sang coagulé qui irritait sa peau. Au bien sur, elle essaya de resserrer sa cape autour de elle, mais l'élancement brutal faillit la faire tomber à genoux. Oryash n'avait d'autre choix que de se débarrasser de cette flèche mais si elle l'extirpait et si sa blessure saignait trop, elle n'aurait aucun moyen d'arrêter l'hémorragie. Il ne lui restait qu'une solution,la casser. Elle rassembla tout son courage et referma sa main sur la hampe avant qu'un bruit sec ne se fasse entendre, suivit d'un frisson de douleur. Elle ressentit une foule de vertiges déferler en elle mais elle parvint à dégager sa cape imbibée de sang du moignon de flèche et la serra autour d’elle en tremblant.

Elle erra ainsi durant deux jours avant de trouver refuge dans une tanière creusée à même le sol au travers des racines d’un arbre.

Sécurité,telle fut sa première impression. Elle provenait de la douce tiédeur de son refuge de fortune. Ici personne ne la trouverait et les hommes qui la poursuivait renonceraient vite à la chercher. Elle sombra dans le sommeil épuisée.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Lun 18 Avr 2011 20:35 
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Lorsque Oryash refit surface quelques heures plus tard, elle se sentait mal et était au bord de l’épuisement. Cette pointe de flèche encore fichée dans son dos, lui envoyait des élancements terribles dans tout le corps. Elle tendit l’oreille à l’affût de bruits de pas ou de cris mais rien. De toute évidence ceux qui la poursuivaient avait renoncé ou par faute de vivre ou par lassitude et elle pencha pour la seconde possibilité.
La peau blanche sortait de sa cachette de fortune quand arrivant au bord du trou, elle se trouva nez à nez avec le Woger. Ce dernier devait avoir tout au plus sept ou huit mois. Tout autant surpris de voir une intrus dans son terrier,il se mit à grogner et ses cornes à briller. S’il venait à se servir de la magie contre Oryash à une si courte distance, elle serait défigurée à vie et cela n’était que le côté positif de la chose.
Instinctivement, la peau blanche feula comme un animal blessé et le Woger se fit attentif. Il inclina la tête sur le côté et recula de quelques pas, laissant de ce fait le champs libre à Oryash pour sortir.

La peau blanche s’extirpa du trou et eut une grimace de douleur. Puis son regard croisa celui de l’animal qui se tenait toujours là, comme s’il avait senti que Oryash n’était pas une menace pour lui. A geste lent, elle fouilla dans sa bourse ou plutôt dans une petite poche attenante à cette dernière et se saisit d’un morceau de viande séché qu’elle gardait en réserve.
L’animal releva le museau comme s’il avait senti l’odeur de nourriture et avança d’un pas vers la peau blanche. Elle tendit sans geste brusque la main, le morceau de viande dans sa paume et dit doucement.

« N’ai pas peur, je ne te veux pas mal .Tiens prend. »

Le Woger bien que sur ses gardes si on en jugeait la magie qui rayonnait de ses cornes approcha et avec une rapidité extrême s’empara du morceau de viande avant de s’éloigner pour l’engloutir rapidement. Puis comme si cela ne lui avait pas suffit, il revint alors que Oryash se remettait debout.
Il lui fallait regagner la ville et trouver un moyen gagner Kendar Kâr au plus vite. Avec ce qui venait de se passer en forêt, il était évident que les paysans avaient du donner l’alerte et qu’elle serait recherchée.

Elle prit sur elle et malgré la douleur, se mit en route. Il lui faudrait beaucoup plus de temps que précédemment pour rejoindre la cité mais tant pis. De toute façon si elle restait là, sa tête finirait au bout d’une corde. Elle préféra ne pas prendre le chemin par lequel elle était venu jusque là ce qui rallongeait considérablement son voyage de retour. Mais avec la nuit qui venait de tomber, elle avait de meilleures chances d’arriver à bond port.
C’est en entendant une branche se casser derrière elle qu’elle s’aperçut que le Woger la suivait de près. Elle lui jeta le denier morceau de viande qu’il lui restait et lui dit.

« Désolé mais c’est tout ce qu’il me reste. Si tu veux manger à ta faim, il va falloir chasser. »

La route de retour lui parut interminable et il lui fallut mainte fois s’arrêter afin de prendre un peu de repos sous peine de s’écrouler. Et cette maudite flèche qui lui faisait un mal de chiens n’arrangeait rien. Elle se sentait fiévreuse et au bord de la nausée mais il fallait qu’elle poursuive sa vie en dépendait.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Lun 2 Mai 2011 18:12 
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Sadia est en retard… Ou alors elle veut m’attaquer par surprise pour voir ce que j’ai appris. Ce serait bien son genre. Non pas qu’elle est besoin de ça pour me mettre à terre en deux mouvements. Mais elle a autant essayé de m’enseigner la paranoïa que le combat cette dernière semaine… Je ne suis pas sûre d’ailleurs d’avoir beaucoup progressée dans aucun des deux domaines… Il faut dire que Sadia a été mon seul adversaire, et que je ne suis pas prête d’arriver à son niveau. Quant à la prudence… J’ai du mal à avoir peur dans en pleine nature. Les villes m’inquiètent bien plus, finalement. On ne peut pas tout voir en ville… Ici, j’ai une chance d’entendre les pas d’un assassin, de me cacher ; et je ne crains finalement que ceux qui me cherchent moi et nul autre : les brigands reste sur les routes passantes.

J’ouvre les yeux. Je suis au point de rendez-vous : un petit morceau de garrigue, qui a pour seul avantage l’ombre du roc contre lequel je suis appuyé, et un chemin assez bien tracé qui y conduit. Non loin de là court un petit ruisseau, nous fournissant un carré d’herbe plus confortable pour l’entraînement.
Aucun mouvement suspect dans les environs, mais je suis dans une légère dépression, et mon champ de vision est assez limité. Comme seul son, le vent, discret.
Je me relève le plus silencieusement possible, et m’avance prudemment vers un buisson d’ajonc qui offre une relative protection au regard. Je m’accroupis, cherche une position assez confortable. Être cacher mais courbaturée n’a pas grand intérêt.
Après une dizaine de longues et ennuyeuses minutes, un léger bruit se fait entendre, indistinct, pierre roulant sous un pas.
Respirer calmement, surveiller toutes les possibilités…

Je retiens difficilement un juron. Tout ça pour voir Sadia arriver calmement par le chemin… Il y a des jours comme ça où je ferais mieux de m’écouter et de continuer mes siestes au soleil.
Je me relève, foudroie Sadia du regard, qui ne peut s’empêcher de rire. Sans un mot, je me dirige vers l’endroit où elle me donne ses leçons.

Le court trajet dissipe mon ressentiment, finalement assez puéril. Je m’assois confortablement, pose mon petit paquetage contenant de l’eau et des biscuits dans un coin d’ombre un peu à l’écart, et attend les instructions de Sadia.
Celle-ci m’observe un instant, puis prend la parole :

« Bien. Jusqu’ici, je ne t’ai pas appris à te battre, Iris, mais à donner et à recevoir des coups. C’est indispensable, mais loin d’être suffisant. Tu dois pouvoir maintenant gagner contre la plupart des filles de ton âge, et même avoir des chances honnêtes contre les garçons. Tu devras continuer de t’entraîner ; tu as gagné quelques muscles, tu sais mieux amortir les coups, ou garder l’esprit clair malgré la douleur, mais ce sont des domaines où l’on peut toujours progresser.
Cependant, ce qui fait un bon combattant est le contrôle qu’il peut avoir sur la bataille. Il ne faut pas attendre une ouverture pour frapper, mais la créer. C’est probablement le plus dur, penser et prévoir ses actions, celles de l’ennemi, se concentrer sur chaque coup pour être précis, tout en forgeant une stratégie. Pour ça, le mieux reste l’expérience ; mais il y a aussi quelques méthodes classiques, des bottes à connaître. Si l’on veut survivre longtemps dans une profession guerrière, il faut éviter d’être trop académique, d’appliquer à la lettre ce qui t’as été appris ; mais lorsqu’on débute, si l’on veut survivre, il faut bien passer par là.

Bref. Aujourd’hui, je vais te montrer une technique des plus basiques pour amener un adversaire à laisser une ouverture dans sa garde. Je pensais t’apprendre pendant une semaine encore les bases du combat à mains nues. Ensuite, il faudra essayer différentes armes, et voir laquelle te convient le mieux. Si tu n'as aucune question… En garde !
»

Ce que je trouve toujours un peu inquiétant chez Sadia, c’est son grand sourire à chaque fois qu’elle crie « en garde ». En fait, en général, j’ai l’impression que me rouer de coup l’amuse beaucoup. Je dois avouer que, personnellement, ça ne m’enchante guère. C’est pourquoi, aujourd’hui encore, je ne cherche pas la confrontation directe, et temporise.
Sadia est plus grande que moi, a plus de d’allonge. Plus de force aussi, même de ce point de vue-là elle reste raisonnable dans les coups qu’elle me porte. Elle a plus d’expérience, et j’ai l’impression qu’elle lit en moi comme dans un livre ouvert. Avec tout ça, je dois « prendre le contrôle »… Facile à dire. Surtout avec sa manie de m’expliquer précisément ce qu’elle veut qu’après m’avoir fait mordre la poussière.
Enfin… Autant essayer.

Sadia m’attaque finalement… Deux pas en avant, son poing gauche vise mon ventre. Un vif pas de côté, et son coup ne fait que me frôler ; je recule, tente de réfléchir. Sadia ne m’en laisse pas le temps. J’esquive encore deux coup, ne peux qu’encaisser le troisième. Vive douleur, au niveau de l’épaule gauche. Légèrement busquée, j’arrive à lui assener un coup de coude près de la hanche, et à la contourner. Je reçois au passage son poing dans le dos, mais sans force.

Je me redresse, la regarde… Son sourire à légèrement changé. Maintenant il me dit quelque chose comme "fini de jouer, petite ".
En effet, elle s’avance à nouveau, et son poing droit part dans ma direction. Je tente de me saisir de son bras, mais celui si m’échappe, et, sans que je comprenne comment, se retrouve autour de mon cou. Sadia m’immobilise un instant, puis me relâche, toujours souriante.

« Je ne sais pas si tu t’en rends compte, mais tu progresses, et plutôt vite. Mais ton dernier coup était bien trop optimiste. On n’attrape son adversaire uniquement s’il est en déséquilibre, et qu’il ne pourra donc réagir rapidement.

Enfin… Une méthode de base lors de combat de rue n’est pas exactement de prévoir le déroulement du combat, mais juste d’augmenter ses chances, en empêchant l’adversaire de garder ses marques, l’obligeant à faire un pas de plus, voir le bousculer franchement et le faire chuter.
Pour ça, il y a différent point à viser : si ton opposant n’est pas trop lourd, et est en mouvement, les jambes, au plus près du genou. Idéalement, il faut attendre qu’il déporte son poids en avant pour donner un coup, et frapper à ce moment-là. Le contourner avant est plus dur, et il faut être très rapide, mais c’est efficace. Dans ce cas, viser le dos suffit à créer un déséquilibre. Tu peux aussi le pousser sur le coté, c’est plus simple, mais tu restes alors à porter de coup.
Une autre possibilité consiste à donner des coups rapides, faciles à esquiver, mais qui l’obligeront à bouger régulièrement : si ton adversaire doit se baisser, faire un pas en avant, se pencher sur la gauche puis faire deux pas en arrière, il y a de bonnes chances qu’il trébuche. Le problème est que cela oblige à s’exposer… On n’a rien sans rien.
Tu peux aussi viser la tête, en espérant le désorienter. Toujours efficace, mais pas forcément idéal contre un adversaire trop grand. Et enfin, tu peux carrément te jeter sur lui. Mais c’est rarement une bonne idée, tu te retrouveras en général dans une situation pire que celle de ton ennemi. Pour le bousculer, il faut attendre une bonne ouverture, et être prêt à reculer rapidement. Ne surtout pas rouler au sol avec un adversaire, à moins d’avoir l’avantage de la force. Et même dans ce cas, il vaut mieux éviter.
Bon bon bon… Je crois qu’on a fait le tour… Un exemple est mieux qu’un discours, n’est-ce pas, Iris ?
»

Encore ce sourire… Et les coups recommencent à pleuvoir.
Je m’avance, fait une légère feinte sur la gauche… Avant de pouvoir armer un coup, je dois me jeter à terre pour éviter un crochet du droit. Je me relève, reste plus prudente. Au moment où je me décide à tenter une attaque, Sadia me devance, se déporte sur ma gauche, passe sans difficulté ma garde, me coupe le souffle d’un crochet puis me repousse. Je tombe lourdement, reste à terre pendant un moment, cherchant ma respiration.

Le plus dur est de vaincre sa peur, de ne plus craindre la douleur. Car si on se recroqueville à chaque coup passant un peu près, autant se planter directement un poignard dans le cœur. Mais Sadia a une méthode d’entraînement un peu particulière. Elle peut aussi bien se laisser totalement faire, et se mettre à terre presque toute seule, comme elle peut répliquer violemment, ne me laissant aucune chance. Et cette incertitude est terrifiante.
Mais un véritable adversaire ne sera pas plus charitable…
Je ferme les yeux un instant… La confiance en soit est la clé.

Je me relève une fois de plus. Réussir à déséquilibrer son opposant…Sadia s’approche. Garder le contrôle. J’inspire lentement ; bloque ma respiration un instant, détends mon bras. Coup naïf, reçu sans grand dommage sur son bras gauche. Je recule, évitant ainsi la réplique, qui m’atteint en bout de course, sans force. Légère douleur à l’épaule gauche. J’attaque à nouveau, essayant de passer sous sa garde. Un coup de coude me manque de peu, me laissant une ouverture : je m’arque au maximum, restant au plus près du sol, et lui décoche un coup qui l’atteint au genou droit.
Sadia semble vaciller un instant, et se laisse tomber de tous son poids sur moi. En un clin d’œil, je suis à terre, les bras immobilisés, la gorge pressée sous sa jambe.
Elle m’adresse un grand sourire : « joli essai. J’avais oublié un détail : ne jamais oublier de se retirer au plus vite après avoir déséquilibrer l’adversaire. Justement pour éviter... ça. ».
Elle va s’asseoir un peu plus loin. Moi, je préfère rester à terre. Laisser mon aigreur quitter mon corps. La haine peut être un puissant allier ; mais aujourd’hui, elle m’empêcherait juste de progresser. Je suis faible et Sadia me le montre un peu trop à mon goût ; mais elle m’aide également.
Inspirer, expirer… Se relever. Et continuer ce manége, jusqu’au soir…



suite : post suivant.

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Dernière édition par Angèlique le Lun 2 Mai 2011 20:47, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Lun 2 Mai 2011 20:46 
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Le soleil commence à teindre de rouge les toits de Tulorim, donnant le signal d’arrêt. En silence, nous nous désaltérons puis prenons le chemin qui nous ramène à la ville. L’entraînement a été bénéfique, c’est certain ; mais j’ignore si je serai capable d’appliquer tout ce que j’ai appris lors d’un vrai combat. Et, surtout, j’ai mal partout. C’est le résultat le plus fragrant de mes séances avec Sadia : des courbatures multiples, et mon corps couvert d’ecchymose.

Nous atteignons la route qui relie Yarthiss à Tulorim alors que le soleil sombre derrière l’horizon. La soirée est assez claire cependant, et la route suffisamment bonne pour que l’obscurité naissante ne nous ralentisse pas.
Sadia finit par briser le silence :

« Maintenant que je sais chaque détail ennuyeux sur ta vie à Kendra Kâr, que vas-tu me raconter ce soir ?

Ce soir, pas grand-chose. Une fois à l’auberge, je m’effondre sur mon lit et je dors. Demain, si tu veux, ou n’importe quand, en fait. Passe un midi à l’auberge et je te parlerai de ma jeunesse dans les duchés. Même si je garderai les détails les plus compromettants pour la veille de mon départ, ça devrait te convenir.

Pour ce soir… Je sais. Mais c’est plus une question qu’un récit. Quand je suis arrivé à Tulorim, la semaine dernière, j’ai traversé le marché, et fait quelques emplettes. Il y avait un étal, plus dans une ruelle que réellement sur le marché. Un livre a attiré mon attention ; alors que je le feuilletai, des rats sont sortis de la ruelle, et ont attaqué le marchand. Je me suis enfuie ; quand je me suis retournée, tout ce que j’ai pu voir, c’est une masse de rats grouillantes. J’ignore précisément ce qu’est devenu l’homme ; mais je ne vois pas comment il ne pourrait être mort, et pas de la manière la plus agréable. J’ai aussi remarqué beaucoup de rats en ville ; pas aussi agressifs, mais nombreux tout de même. Je me demandais s’il y avait eu d’autre d’attaque de ce genre en ville ?
»

Sadia ne répondit pas tout de suite, étouffant un léger rire :

« Il faudra aussi que je t’apprenne à te renseigner sur là où tu vis, Iris… Tu n’es donc au courant de rien de ce qui se passe à Tulorim ? Les rats causent problème depuis le milieu de l’hiver à peu près si je me souviens bien… Et oui, ce genre d’attaques est assez courrant. Tu devrais vraiment discuter un peu avec des gens , parfois… Ou au moins écouter les rumeurs. »

Le silence retombe entre nous. Je l’accueille avec joie, étant trop fatiguée pour avoir envie de discuter, et il semble que ce soit également le cas de Sadia. Nous nous séparons devant l’auberge, sur un vague bonsoir, et je rejoins mon lit sans tarder. Je rattraperai mon dîner demain matin…

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 4 Mai 2011 18:35 
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< -- Le marché de tulorim

Les terres autour de la baie de Tulorim étaient constitués de plaines cultivées relativement arides. Le climat ne laissait que très peu de place à la végétation. Les vents chauds et humides provenant de l'océan asséchaient très fortement la région. L'eau était rare et les seuls cultures possibles étaient celles des oliviers, vignes, pêchers et autres agrumes. Mais il ne s'agissait pas de l'unique flore présente en ces lieux. En effet, la capital du continent de l'Imfiltil était également entourée de collines qui lui fournissaient une sécurité naturelle à la cité. C'est d'ailleurs vers ces hauteurs que Touhor se dirigeait. La carte fournit par l'alchimiste indiquait la présence de plusieurs plantes dans les environs.

La formation végétale était proche du maquis. Les bouquets de cistes pourpres ou blancs recouvraient la garrigue, que les lavandes embaumaient. Il soufflait un air sec qui nettoyait la route en dépoussiérant les alentours. Il laissait place à un chemin de terre désertique entouré de petite falaise grise recouverte de verdures diverses. Chèvrefeuilles, genévriers, romarins, thyms et autres chênes verts, autant de végétations qui rendaient ce paysage si particulier.

En lisant les indications pourvues sur le parchemin, notre rôdeur compris qu'il devait trouver un cour d'eau. En effet, il s'agissait du lieu de vie des plantes qu'ils recherchaient. Celles-ci contenaient une substance que l'on appelait le curare. Touhor avait déjà entendu parler ce celle-ci. Les elfes les utilisaient afin d'enduire leurs flèches. Le gibier était empoisonné par paralysie musculaire quelques instants après avoir été touché, ce qui évitait d'effrayer les autres cibles potentielles. Le plus grand intérêt résidait dans le fait que la consommation de la viande restait possible, le curare n'étant pas actif en cas d'ingestion. Les oreilles pointus extrayaient cette substance des lianes présentent dans les forêts tropicales.

Mais ici, il n'y avait rien de tout cela. Notre nain parcourut les environs à la recherche d'une rivière mais il ne trouva rien de tel. Il décida alors de se rapprocher de la côte. Après tout, s'il y avait un ruisseau aux alentours, celui-ci se jetteraient probablement dans l'océan.

Ce n'est qu'au bout de plusieurs heures que Touhor trouva le lit d'un petit fleuve presque asséché. Il ne lui restait plus qu'à remonté en amont afin de dégoter les plantes vivaces qu'il recherchait. En marchant, il aperçu un buisson de mûres. Mais après inspection, celles-ci paraissaient différentes. A la lecture de sa carte, il reconnut une des baies indiqués par l'alchimiste. Il s'agissait en réalité de redoul, une plante possédant des fruits extrêmement toxiques. Néanmoins ils ne l'étaient qu'après digestion. Ils affectaient les animaux qui les broutaient et les humains qui en consommaient. Les symptômes se traduisaient par des signes digestifs, nerveux et respiratoires, pouvant évoluer vers le coma ou la mort.

Notre rôdeur en récupéra quelques unes avant de se remettre en route. Il les broya d'une main ferme afin d'en récolter le jus qu'il récupéra dans l'une des deux fioles. Une fois celle-ci à demi pleine, notre apprenti herboriste se remit en quête des plantes paralysantes. Certes il venait d'obtenir une maigre compensation, mais il ne s'agissait pas là de l'objet de sa convoitise. Il espérait vite les trouver car à ce rythme la nuit n'allait pas tarder à tomber et il n'avait aucune envie de la passer ici.

Ses souhaits furent heureusement rapidement exhaussés. Sur une falaise le surplombant, trônaient les racines tant désirées. Touhor se rapprocha, prit une de ses flèches et fendit l'une d'entre elle. La pointe s'infiltra sans problème et laissa échapper un liquide jaunâtre et gluant. Mais lorsque notre nain voulut saisir la deuxième fiole, il put contempler le désastre. Celle-ci s'était brisée en deux morceaux. Désormais inutilisable, il n'avait plus qu'une solution. Il prit la gourde précédemment achetée au marché et tenta de récolter le précieux fluide. Il devait rester concentrer et vigilant afin que le poison ne touche pas sa peau, sans quoi il risquerait la paralysie.

Il en fit sécréter un maximum mais sa taille limitait fortement la récolte. Une fois terminée, il ne lui restait plus qu'à le fluidifier en y ajoutant de l'eau. Ce qu'il fit immédiatement en se rapprochant du cour d'eau. Il ôta le bouchon afin de remplir le récipient puis il agita le tout en veillant bien à refermer correctement l'orifice. Il ne savait si le contenu allait réellement être efficace mais il n'aurait probablement pas à attendre bien longtemps pour le savoir.

Le soleil entamait son dernier quart, il était temps pour notre rôdeur de regagner la cité. Il s'entreprit à cette tâche d'un pas léger, réjouis par cette réussite.

--> Les ruelles

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Touhor - Nain - Rôdeur


Dernière édition par Touhor le Mer 18 Mai 2011 19:24, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 11 Mai 2011 12:14 
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La pièce dans laquelle était enfermé Nathanaël était en flammes. Le jeune garçon se trouvait debout au centre, paniqué, et son regard toisait avec affolement sa mère recroquevillée dans un coin de la salle. Il pouvait entendre ses sanglots. De l’autre côté, face à la fenêtre, se tenait Leïyn qui l’observait en silence, immobile, comme s’il s’agissait d’un fantôme figé dans le temps, posté là pour accroître son remord. Le regard vide de son masque semblait faire peser sur son dos milles accusations, mais Nathanaël, malgré ses efforts, ne pouvait se mouvoir. Ses pieds, lourds comme trois bœufs, refusaient de quitter le sol. Les tentures qui pendaient tout autour de la pièce commençaient à s’embraser, et l’atmosphère en devenait plus pesante et plus acide. Le garçon tenta toutefois de se concentrer dans ce capharnaüm, et de rassembler suffisamment d’énergie pour en faire appel à ses dons de mage… Mais quelque chose lui brûla le poignet, si fort qu’il eu l’impression qu’on tenta de le lui arracher. L’effroi devenu palpable, il s’empressa de soulever la manche de sa tunique – bien trop longue pour un petit garçon – et trouva là, bien cerclé autour de son bras menu, le maudit bracelet de Glenthord. Sa mère cria en apercevant l’artefact, et Leïyn disparu dans un amas de fumée noire. Nathanaël se sentit mal, impuissant face à l’événement. La colère s’éprit de lui, si bien qu’elle lui brouilla les sens. Il se sentit trembler, acteur de sa propre fureur, et tout autour devint indistinct. Les sanglots, les craquements, le crépitement des flammes… Tout se changea en un insupportable bourdonnement, et la chaleur devint de plus en plus intense. Soudain, derrière lui, il perçut un rire qui se détacha clairement par-dessus cet enfer. Glenthord. Son ricanement, pareil à celui qu’il avait toujours assimilé aux méchants des contes que lui relatait sa nourrice, se fit si fort qu’il eut l’impression que celui-ci provenait directement de son cerveau. La haine ressurgit, les tremblements s’intensifièrent. Nathanaël porta les mains à ses tempes devenues douloureuses, quand tout à coup…

- M’sieur Nathanaël ! M’sieur Nathanaël !

Je m’éveillai en sursaut, la respiration haletante, la peau humide. J’inspirai profondément, tâchant de reprendre mes esprits. Il faisait sombre, et l’espace dans lequel je me trouvais était étroit, la douleur qui courrait entre mes omoplates accusant le confort restreint dont je jouissais. Le sol, ou du moins l’élément sur lequel je me tenais installé, était instable, et tout autour de moi – des caisses en bois, des tas de tissus et quelques tonneaux clos – tremblait dans un rythme régulier. Il faisait chaud et il s’échappait de ce chargement une odeur âpre et humide. Une secousse plus sèche que les autres m’aida à sortir de ma léthargie, et je repris soudain conscience de l’endroit où je me situais : Une famille de marchands en route depuis Eniod et qui se rendait à Tulorim m’avait gentiment convié à leur voyage, et tiraillé par la fatigue, je m’étais réfugié à l’arrière de leur chariot pour m’y reposer un moment. J’inspirai profondément, et tâchai de me redresser avec difficultés. Encore perturbé par mon cauchemar, je jetai un œil à mon poignet, comme pour bien m’assurer que le bracelet ne s’y trouvait plus… Et bien sûr qu’il n’y était plus, cela depuis bientôt neuf années.

- M’sieur Nathanaël ? Vous êtes réveillé !?

Je reconnu la voix du jeune Titus, le fils du marchand. Quelle heure pouvait-il bien être ? Combien de temps avais-je dormi ? J’amorçai un mouvement vers l’arrière du chariot, et entrouvris les pans de tissus qui le cerclaient. La lumière du jour, vive et claire, agressa d’abord mes yeux trop habitués à la pénombre.

- Ah vous v’là !

Je compris à son rire que le spectacle de mon réveil devait avoir quelque chose de burlesque. Tâchant d’arranger tant bien que mal ma tignasse épaisse – que je savais incontestablement dérangée – je lui adressais un signe de la tête, mon habituel rituel de salut.

- Nous allons faire une halte, si vous v’lez vous dégourdir un peu les jambes ! Nous s’rons bientôt arrivés à Tulorim qu’a dit mon père.

Je lui souriais. Titus devait avoir à peine dix sept ans, mais c’était un garçon bien bâtit et responsable. A cheval, il allait parfois à l’avant, parfois à l’arrière du convoi afin de veiller à ce qu’aucun malfrat ne tente une approche furtive du chariot.

Quelques instants plus tard, et nous nous étions immobilisés. Je profitai du moment du silence qui avait suivi l’arrêt de la carriole avant de sortir de mon refuge. Mes membres étaient engourdis, et ma jambe droite me faisait un mal de chien.

- Les fourmis dans les jambes ça ! Me lança le marchand qui m’observait d’un air amusé.

C’était un homme bien portant qui devait pointer la quarantaine, dont les traits trahissaient la générosité. Cependant, je l’avais entendu quelque fois, au cours du voyage, injurier quelques passants trop curieux, ce qui me faisait penser qu’il ne devait pas être aussi clément qu’il le paraissait… quand cela l’arrangeait.

Je jetais un œil aux alentours et fut frappé par les changements si vite intervenus dans le paysage environnant. Je connaissais bien sûr le comté de Wielh – j’y étais né, dans un village proche des frontières de Yarthiss, et j’avais beaucoup voyagé aux côté de ma préceptrice -, mais les dernières saisons passées en exil dans les montagnes avaient complètement inhibé de ma mémoire la probabilité de fouler de nouveaux horizons. Les forêts denses qui couvraient les monts s’étaient changées en de vastes champs couverts de verdure qui s’étendaient au grès des collines. Au loin, je pouvais percevoir des parcelles plus rocailleuses et plus bas dans les plaines, les cultures d’agrumes qui entouraient Tulorim. La ville n’était pour le moment qu’un point qui se dessinait en travers de l’azur, mais une nouvelle après midi de marche suffirait à la rallier.

Je profitai de cette halte pour questionner le marchand sur la ville. Il allait me falloir trouver un toit, de nouveaux vêtements - ceux que je portais me donnaient l'air d'un vieil ermite -, et de quoi emplir ma bourse depuis longtemps dégarnie. J'appréhendais quelque peu ce retour à la civilisation, mais celui-ci m'était nécessaire. Le sanctuaire dans lequel je m'étais refugié ces trois dernières années avait livré tous ses secrets, et je n'avais plus rien à y trouver si ce n'est l'ennui, la solitude, et quelques mauvais songes.

- ...vous pourrez aussi y trouver l'un'versité qui parait, continua l'homme. Y'a beaucoup d'magiciens comm'vous qui la r'cherchent.

Je restai figé devant l'attitude pour le moins constante du marchand qui avait tenu cette phrase entre deux bouchées de pain, l'air de rien. Je le toisai sans répondre, attendant la suite avec une certaine anxiété.

Rien.

J'avais cherché à rester discret face à ces étrangers, à dissimuler ma nature afin de ne pas attirer l'attention. Mais le bâton de frêne couronné d'ambre qui soutenait ma démarche m'avait probablement trahi, bien plus que mes attitudes sauvageonnes et mon apparence peu soignée. Le marchand demeura pourtant passif, et n'émit aucun jugement à mon égard, pas plus que sa famille, ce qui me surprit. Mes expériences de jeunesse et l'éducation de mon Maître m'avaient enseigné que les hommes "normaux" craignaient les "dieux-touchés", et qu'ils préféraient ne pas avoir à traiter avec eux. Je me retrouvais ainsi pareil à un gosse craintif, la peur au ventre d'être rejeté. Je détestais cela.

Le sujet fut vite écarté, ce qui ne fut pas pour me déplaire, et dés lors que la petite troupe fut rassasiée, nous nous remirent en route. Titus me prêta sa monture afin que je puisse suivre le convoi, et, à la tombée de la nuit, nous atteignirent Tulorim…

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 25 Mai 2011 18:16 
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Localisation: quête 25 : dans une caverne rempli de fou
Il faisait chaud en cette fin d’après-midi, anormalement chaud comme depuis déjà des jours, forçant les voyageurs à ne pas se déplacer durant les heures de fort soleil de peine de souffrir de déshydratation. Trà Thù souffrait de la chaleur, l’air lourd et sec l’empêchait de respirer correctement malgré ses pauses régulières, le gosier sec il avançait tel un cadavre vers Tulorim. Il lui restait encore une à deux heures de routes pour atteindre son but et surtout la taverne. Il décida de prendre une nouvelle pause pour soulager ses jambes et en profita pour observer le paysage. En face de lui ce dressait le moulin qui en absence de vent ne tournait pas. Il était entouré de terres asséchées recouvertes de poussières. La plupart des arbres étaient en mauvais états, desséché, ils semblaient chercher à se cacher au plus profond de la terre, peu d’entre eux arrivaient encore à produire, mais leurs fruits avaient déjà commencé à pourrir. Trà Thù était déprimé de voir la nature dans cet état, cette nature qui était sa seule compagnie durant ces longs voyages.

(Quelle horreur de voir ces arbres dans un tel états. Eux qui autrefois se dressait fièrement vers le soleil, le fuient désormais lui et ses ravages. Quelle cruelle ironie que ce soit l’astre si important à leur survie, qui est responsables de leur mort lente et silencieuse.)

Après une dizaine de minutes d’un silence solennel, il se remit debout. A son mouvement, un petit hornal déguerpit à toute vitesse allant se réfugier hors de son champ de vision. Pas un seul homme n’était visible de là où il se trouvait, tous devaient être aux abords de la ville attendant qu’il fasse moins chaud pour venir s’occuper de leurs cultures mourantes. Le voleur se remit en marche d’un pas décidée, ayant hâte de pouvoir réellement se reposer sans risquer de cuire.

Lorsqu’il arriva à une certaine distance des premiers bâtiments de Tulorim, il aperçut quelques hommes à l’ombre des bâtisses. Il vérifia que son visage était bien caché puis s’approcha d’eux. Pour la plupart, ils étaient torse nu. Le plus proche était vêtu d’un pantalon de lin couvert de poussière et ne portait pas de chaussures. Son corps avaient été roussi par le soleil. Le bâtard entama la discussion avec lui.

« Excusez-moi ! Est-ce que vous savez où je pourrais me procurer de quoi boire ? »

« Si j’étais vous j’irais voir à l'Auberge du Pied Levé, si vous avez assez de Yus vous pourrez boire, mais les prix ont fortement monté avec l’arrivée de la sécheresse. Et n’espérait pas trouver de l’eau, elle a été réquisitionnée et rationnée sous ordre du conseil. »

(Intéressant ! Le conseil qui réquisitionne l’eau. Je suppose que seul les pauvres doivent se rationner. Je suis presque sûr que d’ici peu les marchands affiliés au conseil vont se mettre à en vendre à des prix exorbitants.)

« Pourriez-vous me dire, où je peux trouver cette taverne, s’il vous plaît ? »


« Elle n’est pas loin, prenez la première large rue vers la gauche et vous arriverez en face. Mais faites attention à vous, ces derniers temps les guildes de voleurs sont très actifs. De plus, pas mal de nouveaux groupes se forment, essayant de survivre à cette catastrophe. »

« Je vous remercie pour votre aide. »

(J’ai hâte de rencontrer ces voleurs, je sens que je vais pouvoir me faire de l’argent.)


Il entra dans la ville.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Ven 3 Juin 2011 14:12 
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Dans la chaleur étouffante qui régnait dans les collines, Azdren marchait obstinément vers son destin. Cette phrase, si elle était tirée d'une chronique, sonnerait juste mais serait foncièrement insuffisante pour décrire le calvaire qu'endurait le fanatique à ce moment. Il y avait en premier lieu la chaleur, étouffante comme un gantelet de chevalier porté au rouge vous saisissant à la gorge, ne vous laissant inhaler et expirer que de faibles bouffées d'air surchauffées. Fallait-il préciser que le fanatique souffrait d'autant plus qu'il était vêtu d'une aube noire et qu'il refusait de quitter son masque blanc pour mieux respirer, malgré la sueur épaisse et salée qui lui brouillait la vue ?
Venait ensuite le silence pesant, affolant : les collines écrasées par le soleil étaient désertées par toute vie humaine ou animale. Même les rares touffes d'herbes rases brulées ou d'un jaune maladif restaient désespérément immobiles, faute de la moindre bise capable de les ressusciter. Le seul son perceptible était celui des bottes du fanatique et de la frappe rythmique de la pointe de sa crosse se frayant un chemin dans le sol caillouteux, voire celui de sa respiration haletante à travers son masque d'écorce.
Heureusement, il sentait près de lui la présence inconstante d'Irelia, qui voletait autour de lui pour lui susurrer de temps à autre des encouragements à l'oreille. Il fallait au moins cela pour que le fanatique ne s'arrête pas pour vainement chercher un second souffle en s'asseyant sur les pierres brûlantes dissimulant le sentier menant au sanctuaire de Gaia. Dans un sens, ce manque d'indications et de difficultés d'accès était un bon signe : cela pouvait signifier que les gardiens du temple misaient davantage sur la discrétion que sur autre chose, ce qui pouvait permettre une infiltration discrète des lieux, que le fantôme féminin avait refusé de décrire avant qu'ils n'y soient parvenus bien qu'elle ait sensément déjà fait des repérages.
Azdren comprit pourquoi une fois arrivé au sommet de la colline sèche faisant face au sanctuaire, empoignant vigoureusement sa crosse pour ne pas se laisser choir.

Il s'agissait d'un édifice de petite taille, ne devant pas dépasser les deux étages, bâti dans une pierre blanche que le temps et le vent avaient peu à peu érodé pour lui donner un aspect patiné et vaguement grisâtre, qui lui permettait de se fondre davantage dans le paysage désolé.
La façade du bâtiment quadrangulaire ne manquait cependant pas de panache, avec ses colonnades simples surmontées de frontons ornés de motifs floraux. Le toit de tuiles incliné devait en outre préserver une certaine fraicheur à l'intérieur, même si les corps gisants ne devaient guère en avoir besoin. Il ne semblait exister qu'une seule entrée au sanctuaire : une imposante porte de bois renforcée de fer s'ouvrant au milieu de la façade et flanquée de statues blanches représentant des silhouettes féminines nues et en prières de taille humaine, agenouillées sur de hauts socles constitués de la même pierre que le temple.
Il se dégageait de l'édifice une impression de paix épurée de la sensation de solennité inhérente à la plupart des lieux de culte. Il devait donc réellement s'agir d'un sanctuaire caché dans son écrin de roche... mais les sens magiques affutés du fanatique ne tardèrent pas à humer un fumet des plus familiers, bien enfoui sous une bonne couche de magie lumineuse. Vous savez, cette espèce d'odeur de sueur rance que l'on peut sentir dans le cou d'une catin en fin de journée même si elle s'est aspergée de litres de parfum ? Il s'agissait du même genre de sensations... mais Azdren ne comprenait pas comment une aura magique pouvait ainsi en écraser une autre sans toutefois la faire disparaître. Il sourit néanmoins en songeant que cela arrangerait ses plans, et s'avança vers l'entrée du sanctuaire dans un crissement de cailloux.



Dans l'ombre des colonnades et des statues se dissimulaient deux gardiens... mais il était difficile de définir si ils tentaient de se cacher des visiteurs ou de la fournaise environnante. Adossé aux mur, deux paladins blonds vêtus d'armures de plaque dont la blancheur avait été ternies par la cuisson de leurs propriétaires se redressèrent et portèrent la main à la poignée de leur lames pour l'instant au fourreau. L'apparition du fanatique, dont ils auraient pourtant dû attendre parfaitement l'approche, représentait pour eux une distraction dans leur ennuyeuse faction... tout comme une source d'inquiétude à détailler ainsi quelqu'un arborant les attributs d'un prêtre de Thimoros.
Bien que les deux paladins ne semblaient pas être des flèches, Azdren décida de jouer franc-jeu avec eux... ou presque. Tout le monde sait que les meilleurs mensonges sont ceux qui sont mâtinés d'un soupçon de vérité. Il conserva donc son masque et sa capuche, courba un peu plus l'échine pour se donner un air souffreteux et âgé, puis usa de sa voix rocailleuse pour convaincre les sentinelles.

- Salutation chevaliers. S'agit-il bien du sanctuaire de Gaia, où reposent les plus braves des guerriers tombés au service de la déesse ?

- Possible, grogna l'un des gardes sans se départir de son air méfiant.

- Et qu'est-ce qui amène un charognard de Thimoros par ici, même si c'était le cas, questionna l'autre en gardant la main négligemment posée sur la garde de son épée.

Azdren sourit en constatant la stupidité des gardiens du cru, incapables de conserver le moindre secret. Peut-être qu'il n'aurait définitivement pas à leur calciner la face avec un souffle de Thimoros, après tout.
Il fit mine de remonter son visage dissimulé vers celui de ses interlocuteurs qui lui avait posé la question et darda sur lui son regard jaune bilieux parfaitement perceptible et dérangeant derrière les fentes de son masque.

- Vous vous méprenez, messire. Je ne viens pas aujourd'hui en tant qu'adepte de Thimoros, mais en tant que parent. Je me nomme Zarden Krorkech, et je viens me recueillir auprès de ma petite sœur.

Les deux hommes tressaillirent en entendant ce nom familier accolé au qualificatif de "sœur", et Azdren put les voir échanger un regard plein de doutes. A présent franchement amusé par la situation, il pouvait quasiment lire leurs réflexions dans leurs yeux : "Est-il possible qu'il dise vrai ?", "Pourquoi Myrria n'a-t-elle jamais parlé d'un frère ?", "Tu l'aurait fait, toi, si ton frangin était un prêtre de Thimoros ?", "Mais comment a-t-il su qu'elle se trouve là ?". La graine de l'incertitude était semée, il ne restait plus qu'à la faire éclore. Faisant mine de tressaillir comme si il se trouvait dans une position physique inconfortable, ce qui au passage était le cas, il attira à nouveau l'attention des deux gardes et les fixa. Il reprit alors la parole en rendant son ton légèrement hésitant, comme si le fait d'évoquer des souvenirs ne faisait qu'aggraver son chagrin factice.

- J'avais juré à nos parents de veiller sur elle... mais Zewen en a décidé autrement : il nous a séparé, et aux terme d'aventures invraisemblables, j'ai dû me faire prêtre de Thimoros pour survivre et endurer des choses dont vous n'avez pas idée.
J'ai récemment été posté au temple de Dahràm, et je n'en ai pas cru mes oreilles lorsqu'il y a quelques mois un adepte m'a parlé d'une force venue de Tulorim pour défendre Kendra Kâr des incursions des garzoks... force menée par une guerrière blonde charismatique.
La description qu'il m'en a fait ne m'a pas laissé de doutes. A forces de tractations, j'ai réussi à me obtenir l'autorisation d'aller à Kendra Kâr, où je comptais la retrouver et lui demander de me cacher. Mais le temps que j'arrive, elle était tombée au combat... ma sœur, ma pauvre petite sœur...


Azdren porta la main à sa tête masquée et courba l'échine en une pantomime d'affliction, comme si il se trouvait submergé par les émotions suscitées par la perte de sa "très chère sœur". Ainsi, il ne pouvait plus voir le visage de ses interlocuteurs, mais leur silence était éloquent : ils avaient mordu à l'hameçon. Ne restait alors plus qu'à porter l'estocade finale d'une voix ravagée.

- Je... J'ai soudoyé l'un des soldats de son groupe pour qu'on me dise où on... l'avait... emmenée. J'ai fui vers Tulorim. Je ne suis plus prêtre à présent. Rien qu'un paria qui souhaite voir sa sœur une dernière fois avant... avant de...

- Avant de... ?

- Je ne sais... dois-je continuer à fuir ? Dois-je la venger ? Dois-je me venger ? Je n'en sais rien... j'espère trouver la réponse en ces lieux.

Pas de demande, pas de suppliques. Improviser le rôle du pauvre hère au bout du rouleau était beaucoup plus efficace que de jouer à la perfection celui du mendiant, Azdren l'avait appris depuis l'époque où il n'était pas encore prêtre et qu'il parcourait la forêt et les hameaux comme une bête traquée, la tête décomposée d'Irelia sous le bras. Les gens se méfient davantage des mendiants que des déshérités, car en ces temps troublés il n'est pas rare que chaque clan ou village n'ait pas le sien. Enfin, la petite phrase tant attendue se fit entendre.

- Nous ne savions pas... peut-être pourrions-nous vous laisser passer.

- Mais les ordres...

- Les ordres ne tiennent pas compte des situations comme celles-là. Et puis, que veux-tu qu'un prêtre de Thimoros fasse ici ? Et puis ce n'est pas comme si le vieux Drashen allait venir pour inspecter nos cuirasses. On peut bien le laisser entrer.

L'autre ne répondit rien, mais le fait qu'il laissa la garde de son épée tranquille relevait plus ou moins de l'autorisation à entrer, ou au moins la confirmation du fait qu'il fermait les yeux. Le garde bavard fit quant à lui signe au fanatique de passer, ce à quoi le fanatique répondit d'un signe de tête avant de s'avancer. Une dernière remarque éclata néanmoins dans son dos, alors que sa crosse commençait à marteler les dalles du sanctuaire.

- Son socle se trouve dans la dernière pièce à droite au fond de la salle principale. Je vous fait confiance pour ne rien déranger et pour être aussi bref que possible.

Ce conseil compassé n'appelant pas de réplique, Azdren s'abstint bien d'en faire et poursuivit son chemin pénétrant dans un hall aux murs épais et frais, éclairé par une seule fenêtre et un habile jeu de miroirs baignant le tout dans une douce lueur mordorée. Quelques rares piliers sculptés à l'effigie de la déesse ou de ses plus fameuses prêtresses uniformément nues et en prière soutenaient le plafond bas, renforçant l'impression de solennité tranquille des lieux. La pièce en elle-même était vide, mais les murs qui la flanquaient étaient percées à intervalles réguliers de portes de bois simples qui devaient mener au différents ossuaires et reliquaires.
Mais malgré l'aura de sérénité des lieux et le fait d'avoir habilement berné les gardes, Azdren ressentait une sensation étrange, comme une forme d'oppression qui n'avait pourtant rien à voir avec sa paranoïa habituelle. En fin de compte, c'est Irelia qui réussit à mettre le doigt dessus, sa voix spectrale apparaissant comme d'habitude comme un souffle dans l'esprit du fanatique.

(Tu ne pensais quand même pas passer inaperçu avec ton aura sombre dans un sanctuaire de la déesse de la lumière ?)

Un déclic. L'oppression, la remarque du chevalier... bref, le détail capable de jeter tout le plan aux oubliettes ! L'homme en bure un brin paniqué jeta des regards furtifs autour de lui pour vérifier que personne ne le regardait, se concentra en serrant les dents... et fit naître une petite flamme noire au creux de sa main, qu'il regarda danser un instant avant de l'éteindre. A peine une flammèche, alors qu'elle aurait dû avoir la taille d'un poing ! Cette saloperie de sanctuaire devait être béni au dernier degré pour absorber ainsi sa magie ! Déjà que l'opération qu'il devait mener était ardue... mais là cela relevait de l'impossible ! Il devait trouver une autre solution.
Deux choix s'offraient à lui, car il excluait pour l'instant l'abandon de cette mission qui lui tenait tant à cœur : soit revenir en arrière et tuer par surprise les deux chevaliers par surprise pour pouvoir emmener le cadavre dans un lieu plus propice... soit se fier à ce qu'il avait perçu dehors et tenter sa chance à l'aveuglette.

(Qu'en penses-tu ?)

(J'en pense que si tu attaques deux chevaliers depuis l'intérieur du sanctuaire, surprise ou non, tu ne pourras jamais tuer les deux.)

Force était d'admettre que diminué magiquement comme il l'était et armé d'une simple crosse à pointe rétractable, il aurait du mal à se faire une place dans l'arène.
Le fanatique soupira et s'adressa à sa sœur sur un "ton" agacé.

(Si tu sais quelque chose à propos de ce fumet de magie noire qui tourne dans l'air comme celui d'un rat crevé sous un meuble, c'est le moment de le dire !)

(Fais-moi confiance, je te guiderai une fois le moment venu. Mais puisque tu insistes, je te donne un indice : nous irons là où les chevaliers ne vont jamais).

Un petit rire moqueur plus tard, et le fantôme féminin se tut obstinément malgré les sommations de son frère à répondre à ses interrogations. Sans doute sa façon de laisser retomber la pression par une simple taquinerie... ce qui n'empêcha pas le fanatique de se questionner tandis que défilaient à sa droite les portes toutes semblables. La dernière ne différait en rien des autres, et pourtant il sentit quelque chose de puissant en émaner, comme une marée fluctuante de magie de lumière cherchant à absorber la moindre parcelle de ténèbres en lui... à moins que ce ne soit tout simplement l'effet de l'excitation qui commençait à poindre en lui.
Il empoigna la poignée de fer d'une main légèrement fébrile, l'abaissa sans effort et tira, laissant la porte s'ouvrir au ralenti dans un grincement de charnières rouillées.
Ce qu'il vit alors dépassa toutes ses espérances.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 7 Juin 2011 11:18 
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La pièce dans laquelle pénétrèrent le fanatique et sa compagne invisible était vaste et de forme quadrangulaire, toute en pierre de taille à la fraîcheur apaisante. Son sol était dallé, et une demi-douzaine de niches profondes mais vides étaient creusées dans la paroi, en attente d'hôtes pour l'éternité. Les lieux n'étaient éclairés que par un puits de lumière qui ne réchauffait pas la pièce pour autant, se contentant de baigner d'une lueur mordorée le piédestal occupant le centre de la pièce. Celui-ci était d'ailleurs le seul élément décoré, gravé de motifs floraux en bas-reliefs... ultimes branches d'olivier ceignant le front du héros mort pour sa patrie. Détail qui aurait pu paraître comique à Azdren en d'autres situation, si cela ne s'était pas si bien fondu dans le décor.
Sur ce piédestal reposait un corps, sublime et froid.

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On disait de Myrria qu'elle était une déesse du champs de bataille non seulement parce qu'elle était d'une habileté rare avec les armes, mais également parce qu'elle était d'une grande beauté qui était toujours perceptible alors qu'elle était allongée sur sa dernière couche de marbre glacée : assez grande, bien proportionnée, elle arborait une peau de lait et ainsi qu'une magnifique chevelure blonde qui lui cachait présentement un œil. L'autre demeurait ouvert, contemplant l'éternité avec cet air étonné dans sa pupille bleue de ceux qui n'ont pas vu la mort venir. Il était difficile de dire de quoi elle était morte, à présent qu'elle avait été revêtue de son armure de plaque complète dont elle avait dû se servir de son vivant pour les fêtes et les processions, tant elle était immaculée et sans signes de réparation. Baignant ainsi dans la lumière et dans la solennité du temple, elle ne semblait qu'endormie, et seul le pire des monstres aurait pu oser s'approcher d'elle et la déranger. C'est pourtant ce que fit le fanatique une fois qu'il eut repris son souffle et ses esprits, alors même que sa sœur conservait un mutisme fantomatique.

Un pas après l'autre, Azdren avança vers le piédestal en se retenant de s'appuyer sur sa crosse, respectant inconsciemment la silence qui régnait dans le sanctuaire. La gorge aussi nouée que celle d'un jeune marié, il se pencha au-dessus du cadavre et tendit une main légèrement tremblante vers son visage en s'attendant presque à la voir s'animer d'un coup. Bien évidemment, rien ne se produisit mit à part le contact de doigts des doigts craquelés de l'homme en bure mutilé avec la douce chair de la morte, magiquement préservée et presque chaude au contact. L'espace d'un instant, sa volonté vacilla et il comprit pourquoi Irelia avait hésité à le faire venir : avait-il le droit de se servir de ce cadavre qui représentait tant de choses pour les habitants de Tulorim et qui était encore si plein de vie il y a quelques semaines à peine ? Pouvait-il vraiment faire cela ?
Puis il repensa à tout ce qu'il avait traversé jusqu'ici : sa formation de prêtre, le temple du désert, son errance... et même le massacre sauvage de sa famille. Non... abandonner signifierait que toutes ces années avaient été vaines et qu'il aurait mieux fait de crever dans les décombres de la masure familiale avec sa mère et sa sœur. L'espoir... le faible espoir de pouvoir ressusciter celle qu'il aimait tant était la seule chose qui l'avait maintenu sur ses jambes tordues pendant toutes ces années. Il ne pouvait pas, non, il ne pouvait pas abandonner maintenant !
La main posée doucement contre le visage de Myrria se fit serre, qui se rétracta tandis qu'elle descendait vers la carapace recouvrant le corps tandis que ses dents se crispaient en une grimace de dégoût pour lui-même contenue. Tel un amant hésitant mais obstiné, il commença à chercher à tâtons les attaches complexes de l'ensemble à effeuiller la peu farouche donzelle pour qu'elle soit davantage transportable : une épaulière tomba, dénudant une douce rondeur blanche, puis une autre, puis ce fut le tour d'une jambière... il envoya un message mental à sa complice toujours silencieuse tandis qu'il bataillait avec les liens de cuir.

(Irelia, surveille la porte. Je ne voudrai pas qu'on me surprenne dans cette position.)

Sentant le trouble qui agitait également son frère, le fantôme féminin s'en fut faire le guet sans dire un mot. Lui en voulait-elle pour ce sacrilège qu'il était en train de commettre en son nom ? Compatissait-elle au contraire à cause de sa dévotion aveugle qui le poussait à commettre l'irréparable ? Ses sentiments sur le sujet étaient pour le moins confus et contradictoires, car elle désirait tout autant retrouver une enveloppe de chair qu'éviter à son frère de payer un trop grand prix pour cela... mais elle n'avait jamais tenté de s'opposer à sa décision finale, pas plus hier qu'aujourd'hui. Elle se contenta donc de se placer dans le couloir et de faire ce qu'il attendait d'elle. Pendant ce temps, Azdren était parvenu à débarrasser le corps de Myrria d'une bonne partie de ses protections et s'attaquait à présent à la pesante protection pectorale, pour laquelle il dut faire basculer le cadavre sur le côté pour atteindre les principaux liens et charnières qui maintenaient le tout en place. Encore quelques instants de lutte acharnée et il put poser au pied de l'autel la carcasse métallique et révéler le corps féminin dans toute sa simplicité, uniquement vêtu d'une chemise et de braies de lin écru.

Par curiosité, il retroussa les deux et passa la main sur les cicatrices qu'il découvrait au fur et à mesure : certaines semblaient remonter à des années, d'autres à des mois... mais la plus violente était sans conteste ce titanesque coup qui la transperçait de part en part au niveau du ventre et que même les soins les plus massifs des prêtres embaumeurs n'avaient pu complètement réduire.
Probablement un coup de hallebarde qui l'avait frappée de plein fouet. Il pouvait parfaitement imaginer la scène : la mêlée confuse, les cris, les coups qui volent en tous sens, les cheveux blonds empoissés de sang... et brusquement le choc qui l'atteint de plein fouet, le braquemart d'acier violant son éclatante armure et l'ouvrant comme une fleur, le sang qui coule, incrédulité précédant le refus de la mort. Son assaillant avait-il profité de son trophée ? L'avait-il brandit au-dessus de sa tête tel un étendard triomphal avant que les compagnons de la combattante ne la venge ?
Toujours était-il que cette dépouille lui appartenait à présent. Il rétracta donc sa crosse qu'il avait posé contre l'autel, l'accrocha à sa ceinture puis passa ses mains sous les épaules et les genoux du cadavre pour le soulever péniblement et s'en aller d'un pas titubant vers la porte d'entrée. Non que la donzelle soit particulièrement lourde, mais il n'est jamais simple de transporter une personne faisant votre taille, surtout si votre musculature ressemble à celle d'un cep de vigne.
Se fiant au silence de son invisible complice, il crocheta du pied la porte de la pièce qu'il avait laissé entrebâillé, l'ouvrit et retourna dans l'enfilade de colonnes et jetant des regards nerveux dans tous les côtés... sans remarquer quoi que ce soit d'alarmant.

(Et maintenant ? Quel est le plan, ô fantasque stratège ?)


(Va jusqu'au mur du fond, dépose ton fardeau et observe le côté droit à hauteur d'yeux, ô homme de peu de foi)

Azdren s'exécuta, ausculta prudemment la paroi... et son sang se figea dans ses veines lorsque son regard accrocha un petit symbole gravé dans le relief d'un bloc de pierre : un crâne presque stylisé émettant une infime pulsation de magie noire. La marque de reconnaissance des adeptes de Thimoros ! Comment était-ce possible ?
Le fanatique se ressaisit en un instant car l'heure n'était pas aux questions. Il appuya donc la paume de sa main droite sur la pierre marquée et la poussa tout en envoyant un léger flux de magie à travers la roche. L'espace d'un instant, il ne se passa rien... puis un pan de mur complet se mit à pivoter dans un profond grondement, laissant le fanatique face à un ouverture obscure. Celui-ci n'était guère rassuré, car il n'avait vu ce genre de mécanisme magique qu'une seule fois lors de sa formation, mais il se dépêcha de récupérer son "bagage" et d'avancer, laissant le pan de roche se refermer derrière lui. En entendant ce bruit, les gardes allaient sûrement accourir pour trouver la pièce contenant le corps de la chevalière vide et parsemée de pièces d'armures... il n'y avait plus qu'a espérer qu'ils ne connaissaient pas ce passage. Normalement, seules les manipulateurs de fluides magiques ténébreux pouvaient forcer le passage à s'ouvrir, mais cela était également possible à coups de masses et de pioches !
Azdren avait tout intérêt à s'éloigner au plus vite. Fort heureusement, il s'aperçut que les torchères accrochées au mur sur sa droite s'allumaient au fur et à mesure de son passage d'une flamme pourpre qui diffusait une chiche lueur autour d'elles, si bien qu'il put avancer dans le couloir qui s'offrait à lui jusqu'à découvrir un escalier semblant s'enfoncer profondément dans le domaine de Thimoros. Bien que rechignant à poursuivre sa route dans l'inconnu, il se fait au silence de sa sœur fantomatique : pas de bruit, pas de danger. Il descendit une marche après l'autre dans la semi-obscurité, cherchant du regard un point de repère ou une l'odeur caractéristique des adeptes du dieu noir, en vain. Rien que les ténèbres qui étaient pourtant porteuses d'espoir pour sa croisade personnelle.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 8 Juin 2011 23:13 
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Localisation: Auberge de Tulorim


Supportant toujours dans ses bras décharnés le cadavre de Vive-lame, Azdren ne cessait de descendre plus bas, toujours plus bas dans les abysses de cet interminable escalier. Les flammes pourpres continuaient de s'allumer sur son passage pour s'éteindre dès qu'il leur tournait le dos, reconnaissant ainsi le fait qu'il était un véritable adepte de Thimoros... un obstacle de plus sur le chemin des chevaliers de Gaïa si ils venaient à trouver le passage secret et à en forcer l'accès : à moins d'avoir la complicité de l'un de ses coreligionnaires, ils devraient descendre l'escalier à tâtons, chose périlleuse lorsqu'on est revêtu d'une armure lourde.
Une chose donnait pourtant des sueurs froides à l'homme décharné : nulle part sur les murs n'était visible le décorum habituel à son culte. Bas-reliefs de crânes, d'ossements, décorations à partir de monceaux de cadavre... rien mis à part les artifices précédemment évoqués. Il n'y avait pourtant pas moyen de s'y tromper car plus il s'enfonçait dans le noir, plus l'atmosphère devenait suffocante. Ce n'était cependant pas le même genre d'oppression que dans le sanctuaire même : en lieu et place d'une douce chaleur, il avait l'impression de se faire lécher la peau par une infinité de langues râpeuses et glacées, sensation qu'il ne connaissait que trop bien.
Le fluide divin de Thimoros. A présent le doute n'était plus possible : le fanatique s'approchait d'un sanctuaire du dieu maléfique !
Mais comment cela était-il possible ? Il existait bien un temple réunissant les deux cultes dans les abords de Tulorim et qui donnait dans le tape-à-l'œil, mais imaginer la présence de son pendant sous un sanctuaire de la déesse lumineuse, voilà qui était peu banal ! Mais l'absence de décorum était révélatrice : soit l'endroit n'avait été habité que peu de temps avant d'être partiellement rasé, soit il l'avait été longtemps, mais n'avait été que ponctuellement occupé avant d'être totalement déserté. Il était néanmoins évident que le matériau de construction des parties souterraines et en surface du sanctuaire était le même, ce qui laissait à penser que la première hypothèse était la plus vraisemblable. Ah... cette douce illusion qu'avaient les naïfs de croire que la Lumière pouvait emprisonner indéfiniment les Ténèbres, alors qu'il aurait suffit de faire s'ébouler les tunnels pour les condamner durablement. Pathétique.

La dernière torchère devant laquelle il passa marquait la dernière marche de l'escalier et éclairait chichement une porte de bois noire sans fioriture mais surmontée d'un linteau présentant un unique crâne gravé dont les orbites vides semblaient fixer le visiteur essayant d'ouvrir la porte. Cependant il ne devait pas s'agir d'un piège, car il ne diffusait aucun aura magique... encore qu'il aurait pu s'agir d'un piège mécanique. Toujours est-il que la porte s'ouvrit en grinçant, libérant une vive odeur de moisi et déclenchant l'allumage d'éclairages magiques sur le pourtour des murs d'une immense pièce circulaire. Pièce dont le sol était couvert de symboles cabalistiques et dont le centre était agrémenté d'un autel en pierre noir délicieusement sculpté de volutes.

(D'accord, autant pour la décoration.)

Emporté par l'énergie que lui insufflait l'énergie sombre dont étaient imprégnés les lieux, le fanatique ne s'arrêta pas pour étudier de près l'architecture des lieux. Il se sentait à la fois impérial et craintif, tout-puissant et extrêmement mal à l'aise, comme si on lui donnait l'autorisation de se servir d'une puissance réservée aux dieux seuls et qu'il en était indigne. Il la sentait déjà en train de le dévorer, de le corrompre, de le convaincre par de muettes promesses de la faire sienne et de répandre la puissance de Thimoros en ce monde... toute cette puissance oubliée rien que pour lui...
L'esprit d'Azdren commençait déjà à s'embrumer et ses jambes à flageoler lorsqu'un éclair de conscience déchira son esprit : l'image du Haut-prêtre de Thimoros qu'il avait transpercé de ses propres mains à l'aide d'un morceau d'os effilé dans l'ombre du désert d'Imiftil, suprêmement arrogant et consumé par son propre pouvoir, ne souhaitant plus que devenir l'égal de son dieu pour devenir déicide... où se trouvait-il à présent, avec toute sa puissance, toute sa malignité ? Il n'était plus que cendres mélangées au sable du désert, tué par un individu n'ayant pas le quart de son savoir occulte. Zewen avait vraiment un grand sens de l'humour.
Lorsque Azdren s'ébroua et reprit enfin conscience, il était à genoux devant l'autel noir, le cadavre de Myrria toujours dans les bras. Il se releva lentement, faisant jouer ses muscles ankylosés mais toujours décidé à atteindre son but et surtout plus résistant à l'appel des puissances qui régnaient dans l'immense sanctuaire. Un pas après l'autre, il avança obstinément jusqu'à atteindre l'autel de marbre noir qui était l'exacte réplique de celui où il s'était emparé de la morte et la déposa délicatement.

Azdren soupira, s'assit le dos à la pièce de mobilier et but une gorgée d'eau à sa gourde, s'octroyant un bref répit avant l'éprouvant rituel à mener.

- Quel endroit étrange... tant de puissance accumulée et pourtant aucune trace de sacrifice ou appareillage de torture. C'est comme si des prêtres étaient venus ici année après année pour libérer un peu de leur fluide et le condenser pour former... je ne sais pas, une sorte de réservoir. Thimoros seul sait jusqu'à quel point il peut être rempli, peut-être même qu'un mage dément pourrait faire sauter les collines et une partie de Tulorim avec ça.
A propos, où est la sortie ? Mieux vaut que tu me le dises maintenant, au cas où tu ne serais pas en état plus tard.


(Il s'agit d'un dispositif magique. Pour ce que j'ai pu en déduire en l'observant, le principe est que la sortie restera camouflée tant que l'énergie présente dans la salle restera aussi concentrée. Réalise le rituel et la porte se dévoilera)

- Plutôt compliqué mais logique comme méthode. Cela confirme mon hypothèse sur ce lieu : il ne devait être utilisé que pour des cérémonies importantes tandis que ce qui se trouvait à la surface et qui a été réutilisé pour le sanctuaire devait servir pour les offices quotidiens. Enfin, ce n'est qu'une idée.

(Possible. Que vais-je devoir faire ?)

- Le mieux... serait que tu t'introduise dans ton crâne. Il servira de lien physique entre toi et le corps de rattachement lorsque j'essayerai de lier magiquement les deux. Si tout fonctionne comme prévu, tu te retrouveras en possession d'un corps complet.

(Si tout marche comme prévu, oui...)

- Pas de défaitisme, ça va marcher. Je te le jure.

Ayant récupéré assez de force, le fanatique se redressa et raccrocha sa gourde avant de se tourner vers l'autel. Sa figure soudainement devenue de marbre, il sortit de sa besace un couteau de médecin particulièrement effilé qu'il avait "emprunté" durant l'un des cours de l'archonte Alianoff et se mit au travail après un dernier temps d'hésitation. Bien que cela soit impossible, il tenta de découper le plus régulièrement possible les chairs pour qu'elles soient en adéquation avec celles de la tête coupée. Il incisa délicatement la peau, s'acharna un peu sur les muscles et les tendons... et finit par buter contre les vertèbres cervicales, qu'il n'eut d'autre choix que de trancher d'un geste sec. Il n'eut alors plus qu'a la séparer totalement du tronc et à éponger le peu de sang qui avait jailli des artères sectionnées. Le fanatique se saisit alors de la tête esseulée et la tint à bout de bras, imprimant dans son esprit les moindres traits du visage mort avant de retirer son masque et de lui baiser fraternellement le front. Le seul hommage funèbre qu'il puisse se permettre d'offrir à la guerrière... le seul moyen qu'il avait trouvé de se faire pardonner pour son sacrilège. Puis il disposa la tête, le masque et la lame sur le bord de l'autel avant de se saisir de sa crosse de prêtre et de la déployer d'un geste sec. Le rituel pouvait véritablement commencer.

La première chose à faire était de réduire l'importance de la blessure infligée par le coup de hallebarde, laquelle avait déjà été amoindrie par les bon soins des prêtres de Gaïa. Certes, le ventre n'était pas un endroit que l'on expose tous les jours en société, mais il aurait été inconvenant de ne pas y remédier dans le cas d'une dame... et puis cela éviterait probablement que les organes internes ne décident de se décrocher et de prendre des vacances pendant les longues marches. Azdren évoqua donc la forme du sort dans son esprit et prononça quelques mots de pouvoir pour attirer l'énergie des lieux à lui sous la forme de vrilles sombres qui se détachèrent des ombres pour venir s'agglutiner au-dessus du pommeau de sa crosse. Par un effort de volonté, il déversa les fluides dans la plaie béante et força les chairs à s'étirer au maximum pour la refermer. Il combla ensuite ce qui ne pouvait pas l'être avec les fluides eux-mêmes solidifiés, qui prirent l'apparence d'une grande pierre d'onyx qui pouvait passer pour un bijou pour un œil inattentif.

L'étape suivante fut de lancer le sortilège de préservation des chairs... ou plutôt dans le cas présent de le corrompre, puisque les prêtres embaumeurs avaient eu la bienveillance de s'en charger à la place d'Azdren. Il incanta donc une nouvelle fois pour faire venir à lui une partie de l'énergie magique dans la pièce, la maintint en suspension au-dessus de sa crosse et réfléchit un instant : comment devait-il procéder exactement ? Devait-il corrompre le linceul lumineux progressivement de bas en haut ? Devait-il s'y attaquer d'un bloc ? Une idée lui vint lorsque son regard s'arrêta sur la fausse gemme ténébreuse qu'il venait de créer. Il déversa alors son énergie à l'intérieur et s'en servir comme point d'ancrage pour diffuser une sorte de brume sombre et méphitique qui se mit à crépiter en rentrant en contact avec l'aura dorée, qui résista un peu avant de battre peu à peu en retraite sous l'afflux de pouvoir. Azdren ne s'arrêta que lorsque le corps fut entièrement occulté par un voile de fumée sombre qui s'effaça lui-même peu à peu pour ne plus former qu'une vague aura englobant le cadavre de la tête au pied mais uniquement perceptible par un mage.
Sentant une vague de fatigue commencer à appesantir ses membres et son esprit, le fanatique fit une courte pause mêlant méditation et nourriture. Il allait avoir besoin de toutes ses forces pour s'attaquer au gros du rituel et devenir le vecteur d'une puissance qu'il n'était pas sûr de maîtriser. Enfin, il se releva, étira un peu ses membres gourds et se lança dans un travail de fourmi.

L'homme décharné commença par appliquer de l'énergie magique de façon uniforme sur le cou tranché du cadavre de façon à ce qu'elle demeure en place sans se figer, puis sorti une clé de sa manche... avec laquelle il ouvrit la cage de fer qui se trouvait à son côté. Il en sortit délicatement la tête d'Irelia, dont les yeux étaient clos et dont les cheveux de feu formaient une traîne enflammée derrière elle, et lui appliqua le même traitement. Sans qu'il eut besoin de prononcer le moindre mot, il sentit sa sœur obéir à son commandement et pénétrer à l'intérieur de son ancien crâne sans pour autant parvenir à le faire agir. Les deux surfaces imprégnées de magie s'attirèrent alors comme des aimants et s'emboitèrent parfaitement, de sorte que le corps allongé sur l'autel revêtait à présent les traits de la sœur du fanatique.
Mais le rituel n'était pas fini, loin de là : s'emparant de l'un des filaments d'énergie magique qui flottait au dessus de son attribut de prêtre, il le malaxa à la force de ses doigts et surtout de sa volonté jusqu'à ce qu'il ne forme plus qu'un fin fil d'un noir intense... dont il se servit pour coudre. Il fit pénétrer l'aiguille et le fil magique à l'intérieur du corps froid et les dirigea par la pensée, reliant un à un les "points d'ancrage" qu'Alianoff lui avait montré durant les cours de nécromancie-anatomie à la tête d'Irelia. Ainsi, la jeune femme pourrait par elle-même diriger ses membres sans qu'il ait à intervenir, elle pourrait être indépendante... vivre libre.

Le procédé en lui-même n'était pas spécialement épuisant, mais il requérait une patience infinie, une précision de tous les instants... et une endurance inhumaine. Les heures passèrent passèrent à l'intérieur de la crypte dans un silence uniquement interrompu par le fin glissement de l'invisible aiguille dans les chairs et par le souffle régulier mais de plus en plus rauque d'Azdren, qui dut piocher de plus en plus profond dans ses réserves d'énergie pour ne pas s'arrêter. Il savait que la moindre interruption pouvait se révéler fatale pour la cohésion de l'ensemble, tandis qu'il multipliait les connections entre les différents points et allant jusqu'à recréer un véritable réseau de veines magiques palpitantes qui se présenteraient comme autant de fils de marionnettistes.
A peine eut-il posé la dernière suture que le fanatique fut pris de vertige dès l'instant où sa concentration retomba et il ne put que s'affaisser un peu et se retenir en posant la main à plat sur la surface de l'autel, le souffle court. Des points lumineux commencèrent à danser devant ses yeux tandis que ses jambes commençaient à flageoler... pourtant il ne prit pas le temps de souffler un instant et de mettre en péril la toile d'araignée magique qu'il avait tissé dans le futur corps de sa sœur.
Azdren se remit donc debout dans un grognement, tendit sa crosse au-dessus de sa tête, et utilisa tout ce qui lui restait comme force physique et magique pour réunir autant d'énergie qu'il le put, la faire s'élever sous la forme d'une immense sphère opaque... avant de la condenser et de frapper le cadavre à la façon d'un éclair !

D'après le grimoire qu'il avait consulté, il s'agissait du seul moyen de s'y prendre pour ressusciter quelqu'un mais il n'y était pas précisé la façon de doser la puissance de l'éclair magique. Trop faible, il ne se passerait rien... mais trop fort et le corps risquait non seulement de perdre ses liens, mais également de rôtir l'enveloppe... et l'esprit de Myrria ! Il n'avait pas le droit à l'erreur.
Mais il n'eut pas le temps de se rendre compte du résultat de ses échecs : son esprit chavira et il tomba sur les genoux puis contre le bord de l'autel avant de sombrer dans une douce et opaque inconscience dont seule une infime lueur, qu'un fil reliait à son coeur et qui ne cessait pas d'émettre des petits sons étranges, comme des suppliques qui ne voulaient pas le laisser tranquilles. Une simple ritournelle rappelée sur tous les tons mais dont le ton lui paressait si familier.

- Azdren, réveille-toi ! Debout, grand frère !

Des doigts glacés posés sur sa joue... un contact sur sa poitrine... rêve éveillé ? Fiction d'esprit à bout de nerf ? Le contact se fit plus pressant, tout comme la voix.
Et pour finir, une claque sèche, douloureuse.
Il ouvrit les yeux.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 14 Juin 2011 10:59 
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Pendant un instant, il n'y eut rien sinon les ténèbres, le contact de cette main et la sensation cuisante de la gifle. Une gifle qui avait ramené Azdren dans le passé jsute le temps d'un fragment d'éternité... la vision de la masure familiale, des bois de sapin odorants qui l'entouraient, et d'Irelia qui n'était encore qu'une enfant mais qui venait pourtant de le gifler à la volée car il avait déchiré sans le faire exprès sa précieuse poupée. Poupée qu'il avait passé par la suite une après-midi entière à recoudre de ses mains. Poupée qui avait finit en cendres comme les vestiges de leur passé.
Il ne restait donc plus que les ténèbres aveugles et fraîches, à présent débarrassées de leur méphitique saturation en magie noire. Cependant, même si il entendait une voix l'encourager de plus belle à se lever à présent qu'il était conscient, le fanatique se sentait sans force à force d'avoir tirer sur la corde de ses réserves magiques. Il n'eut alors d'autre choix que de respirer profondément et d'inhaler de longues bouffées du fluide noir qui planait toujours dans la pièce et qui lui descendit dans la gorge, les poumons, les tripes comment un torrent glacé mais vigoureux. Lentement, il commença à faire jouer ses muscles douloureux, puis se releva péniblement sur son séant avant de scruter les ténèbres environnantes en haletant.

L'homme mutilé sentit un mouvement furtif devant lui, et chercha par réflexe à mettre la main sur la crosse qui gisait à son côté, avant de la laisser retomber sur son genoux. Deux bras se tendirent vers son visage brûlé avec une douceur maladroite, et se posèrent sur ses joues ascétiques. Des mains froides comme la mort et légèrement calleuses, mais douces au toucher, qu'il tenta vainement de réchauffer avec les siennes en les recouvrant. Sa gorge se noua tandis qu'éclatait dans le silence opaque la voix hésitante de celle qui avait si longtemps hanté ses nuits, une voix qui trébuchait tant à cause de l'émotion contenue que de la difficulté à se réapproprier l'emploi de cordes vocales.

- Az-dren...

- Irelia...

- Je, je suis... là ?

- Tu es... "là". En chair et en os. Comment... comment te sens-tu ?

- Biza-rre. Je bouge mal. Je sens la p-pierre, ta p-peau... mais pas ta ch-chaleur.

- C'est normal, ton esprit n'est pas encore habitué. Les liens sont là, raccordés aux ancrages, mais tu ne sais pas encore très bien t'en servir. Cela viendra, petite sœur.

- ré-réappren-dre à marché, à mon âge...

- Je sais, c'est ridicule, répondit le fanatique avec un léger sourire.

- Tu-tu te sens p-prêt à te lever ?

Pour toute réponse, Azdren se dégagea doucement de l'étreinte de sa sœur et ramassa sa crosse télescopique, sur laquelle il s'appuya pour se redresser vaille que vaille sur ses jambes chancelantes. Détectant à nouveau la présence magique du fanatique, les torches qui ornaient les murs de l'immense salle s'allumèrent de nouveau de leur caractéristique lumière pourpre, dévoilant le frère et la sœur se tenant gauchement l'un en face de l'autre. Azdren put alors constater l'efficacité de son œuvre, le corps vêtu de la chemise et des braies de Myrria s'harmonisait parfaitement avec la tête d'Irelia, et les seules traces visibles de l'opération magique étaient aisées à dissimuler : le sang qui avait jailli des plaies, la pierre d'onyx magique incrustée sur son ventre et la plaie noirâtre du cou. Il avait réussi. Il ne put retenir une remarque attendrie, à laquelle la mort-vivante répondit avec un sourire mal assuré.

- Tu es magnifique.

- Je dois s-surtout être i-immonde à voir. T-tout ce s-sang...

- Dès que nous sortirons d'ici, tu prendras un bon bain et il n'y paraîtra rien. Prête-moi ton épaule, nous sortirons ensemble.

Toujours en s'appuyant lourdement sur sa crosse, le fanatique remit la main sur son masque, l'enfila à nouveau... et hésita quelques instants avant d'empocher le couteau dérobé à l'académie de magie de Tulorim. Il n'eut cependant pas autant de doutes en ce qui concernait la tête de Myrria : il ne pouvait tout simplement pas l'emporter, même pour l'enterrer à la lumière. Il existait déjà trop de risques pour qu'on les reconnaisse, sa sœur et lui, sans que vienne s'y greffer en sus celui que quelqu'un identifie le visage de la défunte guerrière. Elle devait malheureusement demeurer ici, à contempler les ténèbres de son regard étonné figé par la mort... une désacralisation supplémentaire pour la paladine de Gaïa. Azdren ne put faire mieux que de déplacer la tête solitaire au centre de l'autel et de la tourner vers la sortie de la salle à présent dévoilée et de lui offrir une ultime bénédiction mêlée d'une demande de pardon avant de se détourner.

Le frère et la sœur qui venait à peine de se retrouver s'attrapèrent alors par une épaule et s'avancèrent clopin-clopant vers la porte qui était apparue au fond de la salle et qui, même à présent que le sortilège d'illusion qui le protégeait était dissipé, persistait à être bordé d'un fin liseré de brume pourpre qui indiquait que ledit sort ne demandait qu'a se reformer. Le vivant et la mort-vivante posèrent ensemble une paume sur la porte dépourvue de fioritures, qui s'ouvrit dans un coulissement feutré pour révéler un profond couloir taillé dans la roche et éclairé de la même façon que le reste des souterrains. Le couple s'engagea sans hésiter dans le passage et marcha tout droit sans même se retourner tandis que l'ouverture se refermait hermétiquement derrière eux attendait les prochains et improbables visiteurs.
La traversée du couloir vide se fit en silence, tandis que le duo essayait de mettre de l'ordre dans ses idées : ils étaient arrivés au bout de leur improbable quête... et même si Irelia n'était pas à proprement parler vivante, elle se trouvait néanmoins là, à marcher à côté de son frère en manipulant maladroitement un corps qui n'était pas le sien. Le but du fanatique avait à présent changé : il s'agissait à présent de vivre le plus longtemps possible au côté de celle qu'il aimait... mais la question qui les taraudaient tous deux franchit les lèvres de la mort-vivante tandis qu'ils poursuivaient leur lente avancée.

- Qu'allons-nous faire à présent ?

- Je l'ignore... Nous commencerons par nous réfugier à l'académie de magie, où on te trouvera de quoi t'habiller décemment... puis j'essayerai de trouver une mission ou quelque chose qui puisse nous permettre de nous éloigner de Tulorim.
Dahràm m'est encore interdite, et il serait dangereux pour nous de nous rendre à Kendra khar... pourquoi pas Bouhen ? Ou un autre continent ? Nous y réfléchirons plus tard, si tu veux bien.


Le couple finit par voir arriver à un pan de mur ressemblant à s'y méprendre à un éboulis, mais tellement imprégné de magie noire qu'un adepte de celle-ci ne pouvait s'y tromper : il devait s'agir du même type de passage que celui qu'il avait emprunté dans le temple de Gaïa, et qu'il convenait d'activer en faisant usage de fluide ténébreux.
Curieusement, il semblait qu'un voleur opportuniste avait voulu pénétrer dans la crypte, sûrement en profitant de l'une des dernières visites des prêtres de Thimoros sur les lieux. Malheureusement pour lui, il avait dû se retrouver bloqué à l'intérieur, car son squelette convenablement nettoyé par des vers et les rongeurs était étendu près de la sortie. Davantage par réflexe qu'autre chose, Azdren se baissa et fouilla les haillons déchirés, sans rien trouver de mieux qu'une vieille gourde de cuir cabossée d'où émanait un léger fumet magique indéfinissable. Il la jeta dans sa besace en haussant les épaules... peut-être pourrait-il la revendre plus tard ?

Toujours est-il que sous son impulsion, les blocs de l'éboulis grondèrent puis s'écartèrent pour laisser passer le duo, qui émergea au milieu des collines embrasées par le soleil rasant de la fin de journée. Combien de temps avaient-ils passé sous terre ? Impossible à évaluer... et pour tout dire, le fanatique s'en moquait pas mal : il n'aspirait qu'au repos. C'est pourquoi il ne fut que peu sensible à la beauté du soleil couchant et qu'il descendit vers Tulorim, entraînant sa sœur à sa suite et espérant passer aussi inaperçu que possible avec ces tenues.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Dim 19 Juin 2011 18:04 
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Un doux vent arrive du large, rendant la température supportable à l’ombre. Le ciel est dégagé, chauffé à blanc par le soleil, éblouissant. Le sel marin, portée par de doux embruns, parfume l’air. Les bruits de la ville sont loin, ne laissant que le son des vagues et le cri de quelques oiseaux.

Attendre plus longtemps est inutile. Le simple fait de venir n’était déjà qu’un moyen de différer la décision. Je me redresse, me concentre un instant, envoie quelques pensées à Zewen, lui demandant sa bienveillance, puis je sors de ma bourse un yu. Je dégage un coin de terre, l’aplanit, puis, la gorge séche, une sourde appréhension au ventre, je lance la pièce.

Elle fait trois tour, accroche le soleil au sommet de sa trajectoire. J’ai l’impression de voir, du coin de l’œil, juste à la limite de mon champ de vision, deux guerriers, sans forme ni visage, combattant, reprenant l’avantage à chaque tour de la pièce, l’un envoyé par Gaia, l’autre par Thimoros. Mon regard suit la pièce, mais je vois le combat, les coups de titan parés sans difficulté, les sorts destructeurs se dissipant, et les gladiateurs ferraillant en vain. De derrière le silence me parvient des éclats gigantesques, tonnerres de coups et claquement du métal contre le métal. L’odeur de la terre brûlée par la magie atteint mes narines, et le vent semble repoussé, s’écartant humblement devant cette bataille. Les formes indistinctes se séparent puis se rassemblent, tour à tour encerclant puis encerclés, en mouvement et pourtant figés dans leur guerre.

La pièce touche le sol. Je ne vois plus que cela : elle tourne un instant, semblant hésiter. Finalement, elle tombe, s’arrête. Pendant dix minutes, je reste figée, repassant dans ma tête tous mes arguments, cherchant le détail que j’ai oublié, puis, finalement, je repousse doucement la peur, l’enfermant dans mon cœur, ne lui laissant qu’un dernier fortin libre dans mon ventre qui reste noué, mais mon esprit redevient clair.

Je me lève, regarde la pièce. La face de Solennel me renvoie mon regard. Je laisse là ce yu, discret témoin de mon passage, et reprends ma route, rentrant à Tulorim, retenant l’hésitation, niant mon incertitude.

Mon destin sera donc lié à la lumière.

Suite.

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 Sujet du message: 1 - Les cheveux
MessagePosté: Mer 22 Juin 2011 22:47 
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Localisation: Aux alentours de Tulorim
Les parents à Bartimus sont très gentils. Son père, Lucius Lespire, est un forgeron. Son visage carré et plat est souvent couvert de sueur. Il porte constamment un tablier protecteur pour éviter de se brûler avec la chaleur du fourneau et des éclats de métaux. Ses bras sont énormes en raison du poids du matériel qu’il manipule quotidiennement. Ses pantalons, presque trop usés, sont déchirés un peu partout et ses souliers, si l'on peut les nommer ainsi, sont plus que désuets. Lorsque sa femme lui demande de les changer, il réplique que c’est inutile pour son travail, qu’il ne se déplace pas assez. C’est lui qui enseigne aux jeunes de seize ans les mystères de la forge. Depuis l’an passé, Bartimus assiste à ces cours. Il n’y a que Lucius qui connaît mieux la métallurgie que Bartimus. En effet, Bartimus observe beaucoup son père. Grâce à sa curiosité, ce petit garçon est capable d’énumérer toutes les caractéristiques d’une arme à la simple vue. De plus, lorsqu’il écoute le son qu’elles produisent, il peut déterminer le type d’arme utilisée. Par exemple, plus le son est clair, plus la lame sera longue, mince et aiguisée. Lorsque le métal est plus massif et condensé, Bartimus sait que le son est plus lourd. Contrairement à ce que tout le village pense, il ne veut pas suivre les traces de son père. Il préfère honorer les valeurs de sa mère, Mélia Lespire.

"Le respect c’est tout ce qui compte."

Mélia répète souvent cela lorsqu’elle considère que quelqu’un a un mauvais comportement. Elle passe beaucoup de temps dans les jardins pour prendre soin des semences. Elle conserve toujours des traits de jeune femme et sa beauté fait tourner plus d’une tête. Presque toujours habillée de la même façon, Mélia porte des vêtements parsemés de taches de terre. Lorsqu’elle n’est pas dans les jardins, elle cuisine ou fait les tâches ménagères. Ainsi, lorsque ses parents sont occupés, Bartimus s’amuse avec les autres enfants à se battre avec des bâtons de bois. D’autres fois, il parle avec les aînées de son village pour se faire conter des histoires. D’ailleurs, personne ne le sait encore, mais le plus vieux d’entre eux s’amuse à raconter l’histoire même de ce petit garçon.

"Il était une fois, un bébé extraordinaire. Il était tellement extraordinaire que personne n’avait vu de bébé semblable auparavant. Lorsqu’il est né, ce bébé était tellement développé qu’on aurait dit un enfant de six mois. En plus, dès sa naissance tout le monde avait remarqué quelque chose de spécial à propos de ses cheveux. C’était les cheveux les plus pâles que son village n’avait jamais vus. En grandissant, ce bébé devint un grand et gentil garçon. Il se faisait plein d’amis. Plus tard, lorsqu’il devint adulte, aucun de ces amis ne put le retenir et même s’il aimait profondément ses parents, il quitta son village. Sa grande curiosité l’emmena dans de grandes aventures. Voyages, magie et créatures, cet homme vit bien des choses que ses parents eux-mêmes ne pourraient croire. Bien sûr, lorsqu’il revint à son village, beaucoup d’êtres chers n'étaient plus là. Illuminant le ciel, les parents de cet homme surveillaient maintenant le village afin de rendre les récoltes plus abondantes et apporter la paix dans leur village. Ayant atteint l’âge de cinquante ans, ce monsieur venait reprendre les affaires de son père, se trouver une femme et faire des enfants. Lorsqu’il atteignit l’âge de soixante-cinq ans, il se consacra plutôt à conter les fabuleuses aventures qu’il vécut. Après sa mort, on se souvint de lui comme étant l’aventurier aux cheveux blancs. Son histoire fut contée pendant plusieurs décennies."

Cette histoire, Bartimus l’aime beaucoup et chaque fois qu’il écoute cette histoire il demande :

"Est-ce que c’est votre histoire à vous?"

Et le vieux bonhomme répond toujours :

"C’est l’histoire de quelqu’un que tu connais."

Cette fois, Bartimus veut poser plus de questions.

"Pourquoi quitta-t-il son village?"

"D’abord pour assouvir sa curiosité, ensuite pour enquêter sur la guerre qu’il y a entre nous et le peuple de Kendra Kâr et finalement pour accomplir son destin."

"Alors, il n’y a rien de mal à quitter ce village."

"Exactement."

"Et si tout le monde reste ici, c’est pour prendre soin de leur famille."

"Oui."

"Mais pourquoi sommes-nous en guerre contre les Kendrans?"

"Je sais que les Wiehls travaillent dur pour survivre tandis que les Kendrans ont la vie un peu plus facile. De plus, les Kendrans veulent imposer leur système commercial un peu partout. Comme tu le sais, nous ne sommes pas vraiment d’accord avec ce comportement et tout cela cause des frictions. Cependant, nous ne connaissons pas l’origine exacte de cette guerre."

"D’après toi les Kendrans ont-ils prié leur Dieu pour qu’il nous arrive malheur?"

"Est-ce que tu parles de la sécheresse?"

En effet, depuis plusieurs jours déjà le climat donne la vie dure aux villageois. Les nuages se font rares et la température est invivable. Lucius, le père à Bartimus, ne peut presque plus travailler. Son fourneau est fermé et les seuls cours qu’il donne sont théoriques. Il commence à manquer d’eau et de nourriture et l’humeur des villageois est beaucoup plus mauvaise que d’habitude. Mélia, sa mère, pleure souvent à cause du sentiment d’impuissance, dû aux mauvaises récoltes dans les jardins. Plusieurs aînés souffrent de coup de chaleur et le compte de mort est déjà commencé. Personne ne peut faire des provisions, car la nourriture se détériore trop rapidement. L’un des adultes, souffrant d’un coup de chaleur, affirme avoir vu un arbre s’enflammer tout seul.

"Oui. Je ne trouve pas ça normal… Tout le monde dit que c’est la pire sécheresse qu’ils n’ont jamais vue. Mes parents disent souvent qu’il s’agit d’une malédiction. En plus, un arbre qui s'allume tout seul, c'est assez bizarre."

"D’abord, Bartimus, il faut se demander s’il y avait vraiment un arbre en feu. Ne crois-tu pas que ce pourrait être un mauvais coup? J’ai entendu de petits garçons comme toi qui se vantaient d’avoir fait peur aux adultes… Ils disaient qu’ils n’auraient jamais cru que leur petite manigance fonctionnerait. Tu pourrais mener ton enquête. Ensuite, ne sois pas si sévère avec les Kendrans, ils ne sont pas si méchants et ils ont bien trop d’occupations pour perdre leur temps à prier des malheurs. Tu es trop jeune pour l’avoir remarqué, mais cela fait plusieurs années que nous ne sommes plus en réel conflit. Puis, si un peuple prie leur Dieu, c’est pour qu’il soit bienveillant. À chaque fois qu’un peuple est venu pour nous apprendre leur religion, les prêcheurs affirmaient tous que leur dieu était le plus gentil, miséricordieux et qu’il était responsable de toutes les bonnes choses qu’ils vivaient. Alors, je te pose la même question. D’après toi les Kendrans ont-ils prié leur Dieu pour qu’il nous arrive malheur?"

"Tu as raison. Je devrais plutôt essayer de trouver les garçons qui ont brûlé un arbre et leur dire que c’est très dangereux de faire un feu durant une sécheresse."

"C’est une bonne idée. Cesser de réprimander les Kendrans pour nos malheurs et essayer de trouver des solutions aux obstacles que la vie met sur notre chemin est une bien meilleure solution. Tu es un garçon intelligent Bartimus et je suis certain que tu trouveras les coupables et que tu réussiras à les convaincre de venir en aide à leur village au lieu de lui nuire."

"J’aurais une autre question. Sommes-nous vivant lorsqu’on est mort?"

"Qu’est-ce que tu veux dire?"

"Et bien… Le monsieur qui est mort à cause de la sécheresse…"

"Oui?"

"Je veux dire… Même s’il ne bouge plus, est-il encore vivant?"

"Je ne comprends pas très bien ta question"

"Est-ce qu’il peut encore voir, toucher ou sentir des choses?"

"Je ne sais pas. Et je crois que personne ne le sait. Tout ce que je peux te dire c’est que le monsieur en question est probablement devenu une étoile dans le ciel et il nous surveille depuis là haut. Il doit sûrement essayer de nous aider afin de mieux survivre à la sécheresse."

"Merci Onrald. Au revoir!"

"Au revoir!"

Satisfait, Bartimus rejoint les autres enfants et leur demande :

"Il parait qu'un enfant a réussi à faire peur à un adulte?"

"Oui! C'est moi! J'ai attendu qu'un adulte regarde vers la forêt et j'ai fait brûler un arbre."

"Je te conseille de ne pas recommencer. Onrald m'a dit que la forêt était très sèche et qu'elle pouvait s'enflammer au complet!"

"C'est vrai, je n’y avais pas pensé."

"J'ai une idée! On pourrait aller arroser les jardins! Comme ça, ils ne pourront pas brûler!"

La journée se termine alors que les enfants arrosent encore les jardins. Mélia est contente de voir tous ces bouts de choux participer à l'amélioration de la vie du village.


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Dernière édition par Bartimus le Jeu 28 Juil 2011 17:48, édité 4 fois.

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 Sujet du message: 2 - Le rêve
MessagePosté: Mar 5 Juil 2011 19:13 
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Il n'y a aucune lumière, Bartimus ne perçoit que lui-même, le temps et le garçon ne peuvent pas bouger, suspendus. Peu à peu, il distingue une lueur dorée dans le noir qui s'approche et qui se divise, la lueur s'approche et l'environnement s'éclaire. Il est intrigué par cette lueur qui ne vient de nulle part, car l'objet mouvant se distingue. L'enfant discerne maintenant une silhouette d'homme, il comprend ainsi que la lueur provient des yeux de l'homme. Comment ces yeux peuvent-ils créer autant de lumière? Une ligne blanche et discontinue se trace le long de son visage, elle semble aussi produire de la lumière et l'enfant remarque la tête très poilue. La silhouette s'approche, mais aucun mouvement ne se perçoit et le vissage d'homme se transforme en tête de lion. Lorsqu'il s'en rend compte, une peur bleue s'installe en lui. Il craint de se faire dévorer alors il tente de s'échapper, sans succès. Incapable de bouger, il ne lui reste qu'à fixer ces globes humains dorés qui s'illuminent de plus en plus. Tout à coup, la lumière brille si vivement que le garçon en est aveuglé. Alors que la seule partie de son corps encore active se met en action.

"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhh!"


"N'ayez pas peur, Bartimus"

Le cri du garçon se perd aussi vite qu'il est sorti. Mystérieusement, la voix profonde qu'il vient d'entendre ressemble à celle de son père. Cette voix réconfortante lui fait ouvrir tranquillement les yeux. Ce qu'il observe le surprend au plus haut point. Sa vue ne lui avait pas menti. La chose qui se tient devant lui a bien un corps d'humain. Son corps est couvert d'une armure scintillante, les gantelets qui en sortent forment des mains humaines et ils portent des armes gigantesques. Cependant, la tête de lion, coiffée d'une crinière colossale et portant une cicatrice distincte entre l'oreille et l'œil qui descend jusqu'au menton, s'avère réelle. Bien que le vissage dégage un sentiment de bienveillance, l'enfant commence à comprendre que les yeux de cet homme lion trahissent son origine doublement mystérieuse.

Image

"Qu… qui êtes-vous? Et comment me connaissez-vous?"

"Tel que tu me regardes, je suis Nasri, un guerrier qui a déjà combattu contre une épidémie qui rongeait ton village il y a de cela cent cinquante ans. Ta vie vient de moi, car si je n'étais pas intervenu tous tes ancêtres seraient morts d'une maladie. D'ailleurs, je veux que tu accomplisses ton destin. Le jour suivant ta cérémonie de passage à l'âge adulte, tu quitteras ton village. Tu iras au port de Tulorim et tu embarqueras dans la Perle Rouge en direction de Kendra Kâr. Ensuite, tu seras guidé par un profond désir et tu suivras ton instinct. Maintenant, je dois te dire que la majorité des humains me nomme Yuimen, le terrestre. Le dieu de la nature et de la terre, je veille à ce que la vie de chaque être soit bien menée. Ainsi, tu devras me prier et je te récompenserai. Cependant, tu ne devras jamais tuer sans raison ou en combat déloyal envers un adversaire et tu ne devras jamais torturer ni physiquement, ni mentalement n'importe quel être vivant. Sinon, je te châtierai pour avoir désobéi. En symbole de respect et de dévouement envers moi et tous les êtres vivants, voici ta marque!"

Sur ces mots, l'arme de Yuimen se transforme en un outil que l'enfant avait déjà perçu dans la forge de son père. En effet, Yuimen brandit maintenant un fer à marquage en forme de tournesol et plante le fer à l'intérieur du poignet du garçon. La douleur s'avère si atroce qu'il se réveille en criant et en alertant sa mère, il remarque aussi que la marque toujours douloureuse sur son membre existe encore. Tout simplement des brûlures formant pourtant un dessin assez complexe.

Image

Mélia entre en courant dans la chambre de son fils.

"Qu'est-il arrivé? Tu vas bien?"

"J'ai fait un drôle de cauchemar et je me suis retrouvé avec cette brûlure sur le poignet."

Mélia regarde le bras de Bartimus avec incompréhension, car elle constate un membre en santé.

"Bartimus, je ne sais que dire… Je ne perçois rien du tout. Ton bras est parfait."

"Ah! Je suis désolé, c'était une partie de mon rêve."

Mais il ne comprend rien. La marque existe, encore brûlante. Comment sa propre mère ne la témoigne-t-elle pas? Il décide alors de faire le tour du village en exhibant le mieux qu'il peut son membre en espérant la réaction d'un villageois. Après plusieurs minutes, il réussit à obtenir une réaction.

"Tu as un bien étrange comportement, mon petit Barti."

"Voyez-vous la marque sur mon bras Onrald?"

"Quelle marque? Je ne remarque rien qui se démarque."

"Essayez-vous d'adopter un langage amusant Onrald?"

"Peut-être."

"Bref, voyez-vous la brûlure sur mon bras?"

"Quelle brûlure? Je te l'ai dit, je ne vois rien d'anormal sur ton bras."

(Comme c'est étrange… Personne ne voit ma blessure et pourtant je ressens encore la douleur.)

"C'était une blague! Je voulais savoir si, comme mes amis, vous seriez tombé dans le panneau."

Au contraire, Bartimus est déçu que personne ne voie la même chose que lui. Il se sent seul, car il ne peut se confier à personne. Tout le village accuserait l'imagination de faire des siennes ou dans le pire des cas ils accuseraient la folie. Puisqu'il ne veut pas paraître fou, il enterre ce sujet. Il réussira à oublier cette trace durant le jour et vivra comme un enfant normal jusqu'à l'âge de huit ans.


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Dernière édition par Bartimus le Ven 5 Juil 2013 21:33, édité 5 fois.

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 Sujet du message: 3 - La faera
MessagePosté: Mar 26 Juil 2011 17:23 
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Un an passé. Bartimus réussit à oublier le fameux jour où il reçut la marque de Yuimen. Tous les jours de ces deux années, il vivait les mêmes journées. Il regardait ses parents travailler, il discutait avec les aînés du village ou il jouait avec les autres enfants. Ce matin, il dort et son sommeil est très agité. D'ailleurs, son rêve lui donne un sentiment de déjà vu. Il n'y a aucune lumière, Bartimus ne perçoit que lui-même, le temps et le garçon ne peuvent pas bouger, suspendus. Peu à peu, il distingue une lueur dorée dans le noir qui s'approche et qui se divise, la lumière s'approche et l'environnement s'éclaire. Il est intrigué par cette lueur qui ne vient de nulle part, car l'objet mouvant se distingue. L'enfant discerne maintenant une silhouette d'homme, il comprend ainsi que la lueur provient des yeux de l'homme. À cet instant, ses souvenirs refont surface.

"Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhh!"

"N'ayez pas peur, Bartimus"

"Que me voulez-vous?"

"Tel que tu me regardes, je suis Nasri, un guerrier qui a déjà combattu contre une épidémie qui rongeait ton village il y a de cela cent cinquante ans. Ta vie vient de moi, car si je n'étais pas intervenu tous tes ancêtres seraient morts d'une maladie. D'ailleurs, je veux que tu accomplisses ton destin. Le jour suivant ta cérémonie de passage à l'âge adulte, tu quitteras ton village. Tu iras au port de Tulorim et tu embarqueras dans la Perle Rouge en direction de Kendra Kâr. Ensuite, tu seras guidé par un profond désir et tu suivras ton instinct. Maintenant, je dois te dire que la majorité des humains me nomme Yuimen, le terrestre. Le dieu de la nature et de la terre, je veille à ce que la vie de chaque être soit bien menée. Ainsi, tu devras me prier et je te récompenserai. Cependant, tu ne devras jamais tuer sans raison ou en combat déloyal envers un adversaire et tu ne devras jamais torturer ni physiquement, ni mentalement n'importe quelle créature vivante. Sinon, je te châtierai pour avoir désobéi. En symbole de respect et de dévouement envers moi et tous les êtres vivants, voici ta marque!"

Sur ces mots, l'arme de Yuimen se transforme en un fer à marquage en forme de tournesol. Le Dieu plante de nouveau le fer à l'intérieur du poignet du garçon et la douleur qu'il avait ressentie la dernière fois a doublé. Il pousse le hurlement le plus ténébreux qu'il n'ait jamais fait. Mélia, partie de la maison, personne ne rassure le petit lorsque tout à coup, il entend une voix minuscule jaillir de nulle part.

"Vous allez bien?"

"Qui est là?"

"Je n'ai pas encore de nom."

"Mais c'est absurde!"

"Promettez-moi de rester silencieux et je vous montrerai."

"Tant que vous n'êtes pas un Dieu, je n'aurais pas peur."

Une petite créature apparue.

Image

"Vous volez?"

"Oui, je suis une faera et j'ai ressenti de la magie et un grand destin en vous. Devenez mon maître."

"Mais je ne sais même pas ce que vous êtes… Comment accepter?"

"Je vous l'ai dit, je suis une faera et je vous prie de devenir mon propriétaire."

"Mais, qu'est-ce qu'une faera?"

"Je suis née à partir de fluides magiques. Pour vous aider à comprendre, ma naissance ressemble à celle des dieux. Je ne suis pas constitué de matériaux, seulement de magie. Je pourrais connaître ton passé et ton futur, car je voyage dans l'espace-temps."

"Mon futur? Que m'arrivera-t-il?"

"Malheureusement, je ne peux pas sans mon maître."

"À partir d'aujourd'hui je suis ton maître! Mon avenir!"

"Tu me donnes un nom et tu deviendras mon propriétaire."

"Que dirais-tu de Destinée?"

"Ah oui! J'aime beaucoup!"

"Eh bien Destinée, mon avenir!"

"J'essaie!"

Sur ces mots, elle disparaît et se retrouve une dizaine d'années plus tard, dans la forêt de Kendra Kâr. Elle distingue une petite maison à l'allure de chaumière. Bartimus devant. Destinée entend une voix.

"Bienvenue à l'ermitage! Votre marque sur votre poignet vous intrigue n'est-ce pas?"

À ce moment, elle est projetée dans le présent et réapparaît aux yeux du garçon.

"Dans une dizaine d'années, tu seras sur un autre continent. À un ermitage en raison de la marque sur ton bras."

"Réellement? Mon destin est vraiment tracé!"

"L'avenir change toujours. Cependant, il y a de fortes chances que cet évènement se produise."

(Si je ne te dérange pas, je communiquerai de cette façon.)

"De quelle façon?"

(Par la pensée, ne vois-tu pas que je parle plus?)

(En effet, elle ne bouge plus.)

"Non."

"En effet, elle ne bouge plus."

(N'est-ce pas là ce que tu pensais?)

(Quoi?)

(Quoi?)

"Mais arrête!"

"Je suis désolé… Très peu de gens connaissent l'existence des faeras et je demeure discrète."

"Je te comprends, seulement je ne saisis pas comment communiquer en pensée."

Elle désigne une bague en or.

"Que penses-tu de cette bague?"

(Jolie, en or… Mon père l'a fabriquée.)

(Ton père est forgeron?)

(Oui.)

(Tu vois! Tu es capable quand tu veux!)

(De quoi?)

(Depuis que je t'ai montré la bague, tu n'as pas dit un seul mot. Nous échangeons par la pensée.)

(Je comprends.)

(Porte attention. Si jamais tu te trompes et que tu me parles à voix haute, les villageois te trouveront bizarre. Si tu essaies de parler aux gens par la pensée, ils te traiteront de fou.)

L'heure du midi sonne et le garçon n'est pas sorti de sa chambre. Lucius entre donc dans sa chambre pour voir son fils.

"Tu fais la grasse matinée aujourd'hui. Tout va bien?"

"Oui père."

"Nous t'avons préparé un alléchant repas pour ton anniversaire et après, je t'envoie à la classe des jeunes où tu apprendras beaucoup."

(Youpi! Oups.)

"Youpi!"


_________________


Dernière édition par Bartimus le Ven 8 Sep 2017 00:04, édité 4 fois.

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