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Certaines scènes de ce rp sont à légère connotation sexuelle, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture.
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A peine eurent-ils agité la cloche de bronze qu'un domestique vint les accueillir. Il leur ouvrit la grille et les invita à le suivre. Alouwv et ses parents traversèrent un jardinet agrémenté d'une fontaine. La végétation de quelques arbres cachait à la vue des badauds la beauté de la blanche villa Arkasin. Construite essentiellement de marbre et de pierre bleue, elle renvoyait la lumière des torches. Et aucun ne pouvait rester indifférent à la majestuosité des lieux.
Louve se sentit encore plus mal à l'aise qu'elle ne l'était déjà. Une fois dans le grand hall, Dame Arkasin s'avança à leur rencontre et les invita à se dévêtir. La gaucherie et les manières empruntées de ses parents exaspérèrent Louve au plus au point. Et quand vint son tour de remettre son châle aux serviteurs, elle refusa sèchement.
"Excusez notre fille, elle a eu un peu froid dehors. Peut-être enlèvera-t-elle son châle plus tard, si vous le permettez...", s'empressa d'intervenir sa mère.
"Ooooh, mais il fait excessivement chaud, là-haut. L'endroit est bien mieux chauffé que ce hall glacial !", s'exclama dame Arkasin en laissant échapper un petit rire aigu.
Louve regarda sa mère d'un air profondément agacé. Si seulement elle avait pu s'abstenir de tout commentaire, personne n'aurait prêté attention au fait qu'elle gardait son châle.
"Allons, ne restons pas là ! Alouwv, laisse donc ton voilage à Erbertos et suivez-moi. Je vais vous montrer la salle où nous dînerons... Vous allez admirer les nouveaux lustres que nous avons importés ! Ils sont tout bonnement magnifiques !", dit Dame Arkasin avec emphase.
Joignant le geste à la parole, elle tourna les talons et les emmena à sa suite vers deux grandes portes donnant sur une somptueuse table. Profitant de cet intermède, la mère de Louve se tourna prestement vers elle et lui fit les gros yeux. Signe qu'elle avait intérêt à y mettre du sien au cours de la soirée. Alouwv lui répondit en levant les yeux au ciel et en pinçant les lèvres. La soirée promettait d'être longue...
La famille Arkasin était déjà à table et tous se levèrent pour venir à la rencontre des nouveaux arrivés. Sire Arkasin s'adressa au père de Louve comme s'il s'agissait d'un vieil ami :
"Aah, vous voilà enfin Gregor ! Nous n'attendions plus que vous pour servir les hors-d'oeuvres ! Et puis, certains étaient plus impatients que d'autres, dirons-nous !"Sur ce, il lorgna du côté de son fils Edgaer, qui attendait impatiemment de pouvoir inviter Louve à s'asseoir à ses côtés.
"Hum... Je comprends, je comprends... Nous étions pareils à leurs âges. Mais vous savez ce que c'est, les femmes se doivent de passer des heures à se préparer !", répondit le père d'Alouwv en se forçant à rire.
Sire Arkasin éclata de rire à son tour et donnant une tape amicale dans le dos de son fils, il reprit :
"Et oui, voilà tout ce qui ne changera jamais de génération en génération. Il faudra t'habituer, Edgaer ! Mais vous êtes là, c'est ce qui importe. Ne soyez pas gênez, installez vous. Vous connaissez mes trois enfants : Sigfrid, Edgaer et Edmonda. Mais si je ne me trompe, vous n'avez pas encore eu l'honneur de rencontrer Dame Elyanor et sa famille."Louve remarqua qu'effectivement, au milieu de la table, se tenait une dame d'un âge moyen, aux cheveux auburns et aux yeux bleus. Sa tenue bien que recherchée choquait par le mélange des couleurs et des motifs. Ses enfants n'avaient pas l'air vraiment enchantés d'être là et ne faisaient d'ailleurs rien pour le cacher.
"Son mari, n'a pu se joindre à nous. Il devait absolument terminer une commande en partance pour le continent d'Imiftil. Peut-être nous rejoindra-t-il plus tard..."Chacun prit donc place autour de la longue table, surmontée d'un immense chandelier aux cristaux chatoyants. Edgaer, l'air conquérant, s'empressa de tirer la chaise de Louve pour qu'elle puisse prendre place à ses côtés.
Le jeune homme replet ne doutait apparemment pas qu'elle fût sous son charme. Devant le regard appuyé que lui jeta sa mère, Louve comprit qu'elle avait intérêt à y mettre du sien.
Peu à peu, les conversations reprirent.
Les serviteurs apportèrent du vin, ainsi que de petits pains. Ceux-ci, tartinés de gelée Kendrâne surprenaient le palais par leurs tonalités. Louve, pour s'aider un peu, prit du vin sans compter. Edgaer était ravit de la servir et de la voir peu à peu s'ouvrir à son charme.
Soudain, alors qu'emportés par les conversations, plus personne ne leur prêtait attention, il prit la main de Louve entre les siennes et lui dit à brûle pourpoint :
"Alouwv, dès que je vous ai vue : j'ai su qu'un jour vous seriez mienne !" Louve, dégrisée par la situation, se retrouva sans voix et chercha de l'aide auprès de la tablée, sans en trouver. Puis, elle imagina tous les yeux rivés sur elle, et se dit qu'il valait mieux que personne ne leur prête attention.
Edgaer reprit alors, enflammé par la gêne qu'il pressentait chez la jeune femme :
"Vous avez tout pour plaire à un homme. Vous avez de beaux cheveux qui tombent en cascade, de beaux yeux, une bouche généreuse, des seins avenants, une croupe féconde..." Joignant le geste, à la parole, il laissa glisser une main le long de la cuisse de la jeune femme. N'oubliant pas d'effleurer au passage le décolleté qu'elle portait avec tant d'affliction en cette soirée.
La chaleur remonta des reins de Louve jusqu'à son visage, qui s'empourpra d'un coup. Elle ne savait comment réagir à cette attaque directe. Tout son corps était en émoi. Les yeux d'Edgaer étaient plantés dans les siens. Et elle n'osait plus regarder les autres convives, de peur de croiser un regard qui lui dirait qu'il avait tout vu. Je jeune homme replet se contentait de sourire, trompé sur l'effet qu'il faisait à la jeune femme. Il la tenait en son pouvoir, il le savait !
Louve était on ne peut plus mal à l'aise. Elle n'aimait pas ce qu'elle ressentait au fond d'elle. Tout, chez Edgaer la répugnait. Ses yeux porcins plantés dans les siens, la main boudinée qui tapotait la sienne, ce visage gras... Pourtant, elle pouvait encore sentir l’effleurement de cette main sur son corps et l’émoi que cela avait suscité. Un léger frisson de dégoût la parcourut.
"Heu... C'est à dire que... Heu... Je ne m'attendais pas à ça... "Cherchant à détacher son regard de celui d'Edgaer, elle croisa les yeux de Dame Elyanor qui l'observaient. Cette dernière la fixa quelques instants, le visage impassible. Le regard bleu glacé la dévisageait attentivement. Louve sentit un nouveau malaise naître en elle.
Cependant, Dame Elyanor reporta son attention sur la conversation ambiante sans plus lui porter d'attention et intervint abruptement.
"Je pense que vous vous leurrez tous. Vous vous targuez de diminuer le prix de la main d'oeuvre en accroissant l’afflux d'étrangers à Kendra-Kâr !
Moi, je suis certaine que cela ne fera qu'augmenter l'insécurité de nos rues et le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. Nos cultures sont différentes. Il suffit de voir le nombre de religions qui tentent d'accroître leur pouvoir sur la ville. Il ne s'agit pas d'un brassage de culture, mais d'une invasion. On ne refait pas l'éducation d'une personne étrangère. Elle apporte la sienne et cherche à appliquer ses valeurs.
Notre ville a jusqu'à aujourd'hui été préservée. Mais prenez Tulorim, notre ancienne colonie sur le continent d'Imiftil. Le départ a été majestueux. Chacun tablait sur une nouvelle ère de prospérité. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?
Quelques marchands richissimes qui exploitent les failles judiciaires pour extraire le plus de profits des plus démunis. Le reste de la ville vit dans une misère des plus interpellante. Pour une ville qui se dit contemporaine, il est effrayant de voir qu'à chaque coin de rue se trouvent des bandes de voyous prêtent à détrousser les voyageurs. "Un silence lourd s'abattit sur cette tirade et Louve en profita pour dégager sa main de celle d'Edgaer. Un léger malaise s'installa et se fut finalement Sire Arkasin qui prit la parole.
"Allons, allons... Dame Elyanor. Vous nous peignez là un bien sombre tableau. N'est-ce pas grâce au port de Tulorim que votre mari peut faire des affaires sur le continent d'Imiftil ? D'ailleurs, votre famille profite tout comme la mienne de l'apport d'objets étrangers... Sans eux, notre commerce d'objets rares serait impossible."Sans ciller Dame Elyanor reprit d'un ton neutre :
"Vous ne voyez que le profit immédiat. Bien sûr, nous commerçons avec Tulorim. Comme nous avons déjà pu commercer avec Caix Imoros par le passé. Cependant, jamais ne nous serait venu à l'idée d'ouvrir nos portes à ces dames de l'obscure. Les affaires sont les affaires et il est impératif qu'elles le restent. Sans cela, elles n'ont plus lieu d'être."Sire Arkasin se râcla la gorge et tenta de trouver une assise plus confortable dans son siège avant de reprendre la parole.
"Et bien, je suppose que chacun a son point de vue sur le sujet. Allons donc, passons aux plats à présent. Et ne nous départissons pas de la bonne humeur de cette soirée. Après tout, nous sommes ici pour établir un projet des plus réjouissants. Le mariage prochain de mon fils Edgaer avec la charmante Alouwv que voici. "Alouwv l'entendit buter quand il prononça le mot "charmante", mais personne d'autre ne sembla y prêter attention.
"Gregor, je vous avoue que je n'aurais pas cru cela possible... Mais je m'en félicite. Cela ne pourra que rapprocher nos deux maisons."Soulevant un verre à moitié rempli, Sire Arkasin le leva et porta un toast aux futurs mariés. D'autres le reprirent avec coeur et enthousiasme. Edgaer s'enhardit à passer un bras autour de la taille de Louve et la couva durant tous le reste de la soirée d'un regard de propriétaire. Le malaise de la jeune fille ne fit que s’accroître et plus d'une fois, elle dut repousser la main trop envahissante du jeune homme grassouillet.
Aidés par le vin et l'ambiance générale, sa mère et son père semblaient conquit. De radieux sourires étaient dessinés sur leurs lèvres. Et ils semblaient loin de penser que leur fille n'avait pas le coeur à la fête.
Profitant d'un intermède entre deux plats, Louve demanda à quitter la table pour se rafraîchir un peu. Dame Arkasin lui indiqua une chambre où se trouvait un miroir et une vasque remplie d'eau fraîche. Louve monta les escaliers d'un pas chancelant et referma la porte de la chambre derrière elle.
Puis, elle se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit en grand. L'air de la nuit lui fit du bien. En bas, elle distingua son père, Sire Arkasin et Dame Elyanor qui discutaient en prenant l'air sur le balcon. Elle s'étonna de voir cette dame de si bonne tenue tirer sur une pipe légère. C'était généralement le fait d'hommes. Pourtant, elle semblait n'en avoir cure et assumait pleinement ce vice en inspirant de longs souffles de fumée. Sa mère et Dame Arkasin devaient probablement trouver cela répugnant.
Refermant la fenêtre, Louve décida d'aller les rejoindre. Descendant aussi discrètement que le lui permettaient ses escarpins, elle se glissa subrepticement jusqu'au balcon. Sire Arkasin et son père venaient de rentrer et seule, restait Dame Elyanor. Elle se tourna vaguement à son arrivée, puis, reprit sa position, accoudée qu'elle était au balcon.
Louve se sentait un peu gauche, elle n'avait pas prévu de se retrouver seule en sa présence.
"Il fait chaud, n'est-ce pas... ?" dit-elle pour engager la conversation.
"C'est cette soirée qui me donne chaud. Tu fumes ?", lui demanda Dame Elyanor en lui tendant la pipe.
Louve fut complètement prise au dépourvu par la proposition. Elle bégaya que cela lui arrivait parfois, mais que ses parents étant là, ce soir elle ne pouvait pas.
Dame Elyanor eut un petit rire.
"Ce sont donc eux qui dictent tous tes faits et gestes... Elle est bien belle la jeunesse. L'avenir est assuré. ", soupira-t-elle.
Louve se sentit dépouillée de toute fierté. Et elle tenta de se rattraper aux yeux de cette dame qui semblait si libre de ses désirs.
"Ce n'est pas ça... Bien sûr, que je m'insurge contre leur bêtise. Mais, à la fois, que puis-je y faire ? Je dépends d'eux... Mon enfance, mes études dépendaient d'eux, à présent mon travail dépend d'eux... Mais ça n'empêche, je ne suis pas comme eux. Mes amis du port pourraient vous le dire. La dernière fois, on a fumé de l'herbe de Shory. On a bien rigolé. J'voulais savoir ce que ça faisait. "Louve déglutît, ne sachant comment poursuivre. Une légère tension s'installa dans son corps. En réalité, elle n'avait jamais touché de près ou de loin à l'herbe de Shory. Tout ce qu'elle en savait, c'est ce que son ami Friss lui avait raconté. Plus d'une fois, elle avait rêvé essayer, mais l'occasion ne s'était pas présentée.
Espérant que son mensonge ne soit pas découvert, elle s'empressa d'enchaîner :
"Par contre, je suis plus ou moins d'accord avec vous. Il est vrai que trop d'étrangers, cela fait du tord à une ville. Néanmoins, je regrette parfois qu'il n'y ait pas plus de diversité dans les produits. J'aimerais que plus de gens aient accès à la culture d'autres contrées. Qu'ils puissent y réfléchir. Récemment, j'ai lu un livre sur le peuple des dunes. C'était très intéressant. Mais combien de personnes y ont accès ?"Louve eut l'impression d'éveiller l'intérêt de Dame Elyanor. Celle-ci se retourna et s'appuya nonchalamment sur le balcon, la pipe entre les dents.
"Si les livres deviennent accessibles à de nombreuses personnes, il ne sera plus possible d'en tirer autant de profit. Que diras ton père ou Sire Arkasin ?"Sentant qu'il fallait qu'elle pousse sa pensée plus loin, Louve décida de continuer la joute verbale. Elle sentait qu'elle était sur la tangente et que le moindre faux pas risquait de décevoir son auditrice.
"Et bien... Je présume que si nous en vendons plus, le profit global sera le même. Et puis, je pense que la réflexion est plus importante que l'argent. Ce sont les idées qui gagnent à se répandre. C'est ainsi qu'on peut faire évoluer les choses. La plupart des gens restent enfermés dans leurs idées traditionnelles. Pourtant, il y a des savoirs que nous ne possédons pas encore et qu'il est bon d'apprendre ailleurs. "Dame Elyanor porta son regard au loin, inspira une autre bouffée.
"Peut-être... Je ne suis plus sûre que les idées puissent changer les choses. Je l'ai cru à un moment. Aujourd'hui, je crois surtout qu'il faut préserver ce qu'on a. Et le meilleur moyen d'y arriver, c'est de vivre cacher."La jeune fille n'était pas sûre d'avoir bien compris le sens de ces paroles, mais elle acquiesça, trop contente que la joute se termine. Cependant, elle se demanda si dame Elyanor ne faisait pas référence à la soi-disant herbe de Shory. Elle aurait peut-être du éviter d'inventer ça.
"Dis-moi, si j'ai bien compris, tu as fait des études commerciales ?""Oui. Ce n'est pas ce que j'aurais choisi, de primer abord, mais c'est bien les études que j'ai suivies.""Si jamais te prenait l'envie de changer de boulot... Viens me voir. Ou peut-être pourrais-tu présenter cela à Sire Arkasin comme un stage, te permettant d'apprendre d'autres choses." Devant l'air effaré de Louve, elle ajouta :
"Je lui en toucherai un mot."Se disant, elle retourna sa pipe légère, en fit tomber les restes de tabac et la rangea dans son étui. Puis, elle invita la jeune fille à regagner la grande table où les attendaient les autres convives. Chacun étant passablement éméché, le ton était à présent donné aux blagues légères. Sigfrid, l'aîné des fils de Sire Arkasin était juste ne train d'en lancer une quand elles regagnèrent leurs places.
"C'est un orque et un nain qui urinent dans les latrines d'une taverne. Soudain, l'orque remarque que le nain ne cesse de cligner des yeux en le regardant. Il lui en fait la remarque et le menace d'un bon coup sur la tête s'il continue. Le nain lui dit, alors... Mais du gland ! Tu crois quand même pas que j'te drague ? C'est juste que t'arrête pas d'm'éclabousser !"Les francs éclats de rire des hommes vinrent contredire l'air outré de la plupart des femmes. Louve se risqua néanmoins à sourire. Elle en aurait bien eu d'autres en réserve, mais elle préfèra s'abstenir.
La soirée touchait peu à peu à sa fin. Les esprits étaient fatigués et après un dernier verre, tout le monde se rhabilla en vue du retour. Edgaer semblait effondré de devoir laisser Louve partir et il la retint par la taille un long moment avant de la lâcher. Il tenta un baisé volé, mais heureusement pour Louve, les parents veillaient au grain.
"Allons, Edgaer, bien essayé jeune filou ! Tu attendras le mariage pour l'embrasser ! D'ici là, tu auras les rêves pour t'envoler !"Sire Arkasin attrapa son gros fils par le cou et lui passa une main affectueuse dans les cheveux. Louve en profita pour s'éclipser et décida d'attendre ses parents près de la grille. Elle en avait assez supporté durant cette soirée. Se couvrant du châle protecteur, elle était bien décidée à passer sa mauvaise humeur sur ceux qui étaient à l'origine de ce calvaire.