L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Mer 17 Juil 2013 22:22 
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Chapitre I

1. Bête velue et calvitie
2. Rencontre Impromptue
3. Songe Forestier

____________________________________________________


Il faisait nuit à présent. Le ciel parfaitement dégagé et parsemé de poussières lumineuses offrait un spectacle sans égal. Les reflets de la lune gibbeuse se faufilaient entre les arbres pour éclairer partiellement la profondeur des bois. On entendait encore au loin l’agitation de la ville, le bruit des sabots qui frappaient le pavé, les roues grinçantes des charrues qui entraient et sortaient de l’enceinte, ou encore les âmes enivrées qui festoyaient. Eileen s’enfonça progressivement dans le tréfonds de la forêt, jusqu’à ce que le silence ne soit plus perturbé que par le bruissement des feuillages agités par le vent, et le hululement des chouettes.

(La constellation du Griffon … le Grand-Chêne ne doit plus être loin.)

Eileen avait appris au fil de ses années d’errance bucolique à se repérer grâce aux étoiles, aux sons et à son environnement. Elle connaissait particulièrement bien la Forêt du Nord Kendran et l’écoulement de la rivière, les trous de terriers et la forme des troncs d’arbres étaient autant de repères pour la semi-elfe. Arrivée au Grand-Chêne, gigantesque arbre bicentenaire dont l’écorce présentait un trou béant qui servait d’abris aux écureuils, Eileen s’arrêta un instant. Elle tendit l’oreille, jusqu’à entendre le flot de la rivière.

(Elle est proche, je ne suis plus très loin. )

Plus elle avançait, plus le chant de la rivière s’intensifiait. Bientôt, la jeune femme se retrouva confrontée à un énorme amas de feuilles et de branchages. Elle sourit et repoussa de part et d’autre la barrière naturelle à l’aide de ses poignets entourés de solides bracelets de force. Elle découvrit une somptueuse clairière.

(J’y suis. Et rien n’a changé. )

La clairière était irradiée par l’éblouissante réfraction argentée de la lune et l’eau qui se déversait dans une mélopée cristalline scintillait intensément. Il y avait un contraste presque magique entre et la luminosité rassurante de l’endroit, et la pénombre effrayante de la forêt autour. Eileen s’approcha du cours d’eau. Elle mit un genou à terre et rassembla ses mains creusées pour y recueillir de quoi s’abreuver. Elle prenait toujours soin de rester en surface où l’eau était limpide et pure, par soucis d’hygiène d’une part, mais aussi pour éviter de perturber les créatures aquatiques qui vivaient là. Après s’être désaltérée, Eileen gagna le cœur de la clairière. Il s’y trouvait un rond de terre où l’herbe avait été arrachée. A côté étaient entreposés des ustensiles archaïques en bois, dont un archet.

(Rien n’a changé ! )

Vagabondant entre la forêt et la ville, Eileen avait établi dans la clairière un camp rudimentaire. Elle avait également confectionné quelques outils, notamment pour faire du feu. Accroupie autour du rond de terre, la semi-elfe saisit l’archet auquel elle accrocha un bâton. Après avoir positionné le tout sur un support de bois et tout en maintenant le bâton à la verticale, elle entama un mouvement de va-et-vient. La friction des bouts de bois dégageait une chaleur qui finit par créer des étincelles. Une fois les flammes avivées, la jeune femme s’assit, posa l'arbalète qu'elle portait toujours en bandoulière et délaça son bustier ainsi que ses bracelets de cuir. Sa chemisette de lin blanc légèrement transparente laissait entrevoir sa généreuse poitrine, mais personne n’était là pour le remarquer si ce n’est les rapaces nocturnes et d’éventuels lapins insomniaques.

Eileen poussa un soupir de soulagement. Le bustier qui était une protection efficace contre les armes contondantes, lui provoquait néanmoins des douleurs dans le dos, et chaque soir, ce moment où elle le délaçait était une petite délivrance. La jeune femme rabattit ses longs cheveux foncés sur le côté, dévoilant une oreille trop caractéristique pour être celle d’un humain. Sans ce détail pourtant, on ne devinerait pas ses origines elfiques et elle le savait. C’était la raison pour laquelle elle n’attachait jamais ses cheveux. Personne n’aime ni ne respecte les bâtards.

Eileen contempla longuement la danse sinueuse des flammes dont l’exhalaison lui brûlait le visage. La chaleur brûlante se confrontait directement à la fraîcheur de la nuit. Deux extrêmes sans concession qui se disputaient le corps de la semi-elfe. Aussi vite que le temps défilait, le feu perdait de sa vigueur. Mais Eileen n’essaya pas de le raviver. Elle se laissait doucement emportée par la fatigue qui l’enveloppait comme une caresse. Les images de la journée se mêlaient au scintillement des étoiles. L’image de la clairière et celle des rues de Kendra Kâr se superposaient. C’était une absurdité qui ne prenait son sens que dans le royaume du subconscient. Elle finit par s’endormir complètement.

~•~


La Grand-Rue de Kendra Kâr est inhabituellement vide. Il fait jour, et malgré des températures estivales, le ciel est couvert de nuages gris. A l’autre bout de la grande allée, le garçon fixe Eileen. Elle essaie de le rattraper, mais elle a beau courir avec détermination, plus elle avance plus son objectif s’éloigne. Pourtant il reste immobile et équidistant.

Elle s’arrête, exténuée. Le garçon n’est plus là, mais quelqu’un lui caresse les cheveux. Elle se retourne en hâte pour découvrir l’homme chauve, plus laid encore que dans son souvenir.

« Salut ma jolie ! »

Elle n’arrive pas à le repousser, comme privée de toute sa force. L’homme approche son visage du cou de la jeune femme, laissant émaner une haleine alcoolisée mêlée de restes de nourriture pourrissant entre des dents crasseuses. Il dépose ses lèvres dans sa nuque tout en glissant une main dans ses cheveux. Eileen n’arrive pas à le repousser, pourtant elle a honte à se laisser toucher par le grossier personnage. Il ballade ses mains de rustre sur le corps de la jeune femme qui parvient tout au plus à détourner le regard de son offenseur.

« Je dois partir. Je dois … chasser la bête. »

Sans mot dire, l’homme chauve disparaît dans un grommèlement incompréhensible. Le garçon a réapparu. Il part en courant en direction du port. Eileen le suit. Le décor qui défile est improbable, passant de ville à forêt sans suivre la moindre logique. Et cette forêt n’est pas celle du Nord Kendran, Eileen ne la reconnaît pas. Du moins, pas totalement.

Aucun bateau n’est amarré au port, et le garçon se tient sur le ponton. Ses habits sont trempés.

« Tu as quelque chose qui m’appartient. Donne-la moi ! Donne-la moi ! »

Eileen crie de plus en plus en fort, mais le garçon ne réagit pas. Elle hurle jusqu’à en avoir les larmes aux yeux, mais rien n’y fait.

(C’est la lune ! Elle est tombée de la lune, il doit me la rendre ! )

« Où est la fibule, Eileen ? »

Ce furent les seules paroles du garçon. Bien qu’aucun son ne soit sorti de sa bouche. Plus loin, un groupe de personnes dévisageaient la semi-elfe avec insistance.


~•~


Eileen ouvrit doucement les yeux. L’herbe humide de la rosée du matin lui chatouillait le visage, et elle mit quelques instants à se rappeler où elle était. Le jour était levé comme en témoignait en plus des rayons du soleil, le chant des oiseaux. La semi-elfe se frotta les yeux hantée par des bribes du rêve qu’elle venait de faire. Elle était à la fois rassurée que ce n’eût été qu’un songe mais se sentait néanmoins souillée, et trahie par son propre esprit. C’est comme s’il lui infligeait des sensations pour la punir d’être ce qu’elle est, la punir d’être un parasite indésirable pour sa famille et la société.

Elle s’approcha de la rivière pour se passer de l’eau sur le visage et dans les cheveux. Elle respira profondément pour reprendre complètement ses esprits, et dès qu’elle ferma les yeux, elle vit le visage du garçon.

(Il m’a parlé.)

Elle n’arrivait pourtant pas à se souvenir de ce qu’il lui avait dit. Il l’avait fixée, mais c’était totalement différent de la veille. Son regard exprimait quelque chose d’autre, ce n’était plus Eileen qui essayait de scruter en lui, mais bien lui qui scrutait en elle. Il avait quelque chose à lui dire.

(Je devrais peut-être retourner à Kendra Kâr pour le retrouver … Non, c’est absurde, ce n’était qu’un rêve … c’est la couleur de ses yeux, elle était étrange, c’est pour ça qu’il m’a marqué. Et la fibule, elle a disparu … Avec la fatigue mon esprit s’est embrouillé. )

Finalement, elle décida de flâner encore un peu dans la forêt. Peut-être regagnerait-elle Kendra Kâr plus tard, pour y trouver quelque occupation.


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Dernière édition par Eileen Silmarien le Jeu 18 Juil 2013 13:58, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Jeu 18 Juil 2013 09:59 
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Chapitre I

1. Bête velue et calvitie
2. Rencontre Impromptue
3. Songe Forestier
4. Entrevue Singulière


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Eileen passa la matinée à musarder dans la forêt, à la recherche de fruits et plantes comestibles. Lorsqu’elle regagna la clairière, le soleil était au zénith. Elle trouva repos près de la rivière, à l’ombre d’un frêne, et commença à déguster les quelques baies qu'elle avait ramassées. Mais bientôt, son repas fut perturbé par l’agitation des arbustes qui longeaient la forêt.

(Un animal ?)

Eileen s’approcha de la source de bruit. Il s’agissait de la barrière de feuillages qu’elle avait traversée la veille pour entrer dans la clairière. Elle tendit l’oreille, mais n’entendit que la course éternelle de l’eau de la rivière. Soudain, le bruissement retentit à nouveau. Elle écarta les branchages, mais il n’y avait personne.

(Qui pourrait bien s’aventurer ici ? Je n’ai jamais vu personne, c’est bien trop sauvage. Mais quel animal sortirait à cette heure-ci ? Il fait si chaud, ils préfèrent la fraîcheur des bois d’habitude.)

Un craquement retentit un peu plus loin, comme une branche sous le poids d’un homme. Alors qu'elle ne voyait personne, elle avança prudemment en saisissant l’arbalète dont elle ne se séparait jamais. Un rapace fendit le ciel en poussant un cri aigu, faisant sursauter la semi-elfe.

(Bon sang !)

Reprenant rapidement ses esprits, elle continua sa route jusqu’à un ensemble d’arbrisseaux mus d’un remous inhabituel, comme si quelqu’un s’y était caché et peinait à se faire discret. Eileen fit mine de ne rien entendre et de regarder ailleurs tandis qu’elle s’approchait de la broussaille, quand elle aperçut enfin la silhouette qui s’y tapissait. Elle pointa son arbalète dans la direction de l’étranger.

« On est perdu ? »

Hésitant d’abord, l’individu qui se cachait là finit par sortir de son repaire. Et quand elle put enfin voir l’intrus, Eileen eut un mouvement de recul. Les billes d’émeraude la fixaient à nouveau. Le garçon était là, c’est lui qui l’espionnait depuis les arbustes. Fidèle à elle-même, elle dissimulait sa surprise et tentait par tous les moyens de rester stoïque. Son arbalète était toujours pointée sur le garçon.

« Tu es venu me rendre ma fibule, j’espère. »

Le garçon hocha la tête de gauche à droite. Il avait l’air apeuré, contrairement à la veille, mais ne baissa jamais le regard. Puis il fronça les sourcils, ce qui ramena brutalement Eileen à ses visions de la nuit.

~•~



« Où est la fibule, Eileen ? »


~•~


Elle se souvenait enfin. Elle se souvenait de ce que lui avait dit le garçon, et cela la surprenait. C’était étrange que les rôles se soient inversés ainsi, car c’était lui, en principe, le voleur. Elle soupira. Quoi qu’il ait fait, c’était un enfant, et il n’était pas responsable des divagations de l’esprit de la jeune femme. Et après tout, elle enrageait que quelqu’un eut pu échapper à sa vigilance pour lui dérober un bien, mais n’attachait pas tant d’importance que ça à la fameuse fibule.

« Bon allez, rentre chez toi. »

Mais le garçon ne bougea pas. Il continuait à la fixer, à la scruter. Eileen était mal à l’aise. Elle rebroussa chemin vers la clairière, mais quand elle se retourna pour s’assurer que le garçon prenait la direction de la ville, elle sursauta. Il l’avait suivie, et se tenait juste derrière elle.

(Mordiable ! Je ne l’ai même pas entendu !)

« Qu’est-ce que tu fais bambin ? Je t’ai dit de rentrer chez toi ! Tu comprends ce que je raconte ? RENTRE-CHEZ-TOI ! »

Il hocha la tête. En souriant cette fois.

« Je ne sais pas ce que tu cherches, mais tu devrais filer en vitesse. Tu n'es peut-être qu'un enfant, mais s’il faut, je te traînerai sans scrupule par la peau des fesses jusqu’à Kendra Kâr ! »

Le garçon semblait énervé à présent. Son sourire avait disparu, et il jetait à Eileen un regard noir. Elle avait eu à faire à des créatures si hideuses qu’on en imaginerait jamais l’existence, à des amas de muscles chauvinistes, à des voyous sans foi ni loi qui faisaient régner la terreur dans les quartiers, tout cela sans jamais montrer la moindre faiblesse. Personne ne lui manquait, elle ne manquerait à personne, elle n’avait rien à perdre et son expérience lui avait forgé un caractère et un corps d’acier. Et pourtant, ce regard la terrorisait. Elle ne pouvait se l’expliquer, mais elle se sentait soudain minuscule devant un être à l’allure frêle qu’elle dépassait de plus de cinq têtes.

Elle renonça à le faire parler et rejoignit son campement. Le garçon la suivait toujours.

« Tu as faim ? Tiens. »

Eileen lui tendit quelques baies de celles qu’elle avait cueillies plus tôt. Son mystérieux invité les dévora sans la lâcher du regard. Tout à coup, le garçon se redressa et regarda en direction de la rivière. Sa bouche était recouverte de traces de baies, il mangeait aussi proprement qu’un nourrisson. Après quelques minutes, il se leva et s’approcha de l’eau. Eileen regardait la scène sans savoir comment réagir, elle était de plus en plus inquiète. Elle ne craignait pas vraiment pour sa vie, mais avait le sentiment étrange de perdre tout contrôle, de ne pas comprendre, elle qui habituellement cernait si vite les gens.

Alors qu’elle tentait vainement de s’expliquer ce qu’il était en train de se passer, le garçon fit soudain volte-face avant de s’enfuir en courant dans les bois. Eileen se leva en toute hâte et tenta de le rattraper.

« Attends ! Qu’est-ce que tu fais ? OU VAS-TU ? »

Elle sillonna la forêt qu’elle connaissait si bien pour retrouver le garçon. Elle écoutait attentivement, à l’affût de bruits de pas. Elle scrutait l’horizon entre les arbres. Rien.

Le garçon avait disparu.


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Dernière édition par Eileen Silmarien le Lun 22 Juil 2013 11:44, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Jeu 18 Juil 2013 13:58 
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Les questions de bousculaient dans la tête d’Eileen. Elle était confuse comme elle ne l’avait jamais été auparavant. Elle faisait les cent pas à travers les deux-cent mètres d’envergure de la clairière en se dévorant les ongles. Un écureuil accourra près d’elle pour ramasser une châtaigne qui gisait là. Il l’enfonça dans bouche de ses petites pattes rousses avant de retourner se cacher à la cime des arbres. Eileen ne le remarqua même pas, emportée dans un tourbillon de pensées sans issue.

(Ce garçon est vraiment étrange. Est-ce qu’il a été abandonné ? Est-ce que quelqu’un l’envoie m’espionner ? Il a l’air louche, et en plus, il arrive à se déplacer silencieusement.)

Elle ne voulait pas s’avouer qu’il lui faisait peur. Elle n’avait peur de personne , elle connaissait trop bien la psychologie des gens pour en être effrayée.

(Il est peut-être instable … Il me veut peut-être du mal … Il sourit, et l’instant d’après il paraît énervé ... A quoi il joue ?)

Il restait des baies par terre, mais la jeune femme n’avait pas retrouvé l’appétit depuis le départ du garçon. En fait, elle faisait abstraction totale de tout ce qui l’entourait. Tout ce qu’elle voulait, c’était comprendre, et elle essayait de déterminer par où elle commencerait à chercher des réponses.

(Kendra Kâr ? La forêt ? Ailleurs peut-être ? Est-ce qu’il me suit ? Est-ce qu’il reviendra ? Je devrais peut-être attendre …)

Les images de son rêve et des événements de la veille lui revenaient sans cesse, se mêlant au flot de questions et d’incertitudes. La vieille dame, le rustre, le garçon, la course impossible …

(Le port. )

Elle se souvint qu’ils couraient en direction du port, mais aussi des vêtements mouillés du garçon qui se tenait alors sur le ponton. Elle pensa tout haut.

« Il faut que j’aille au port. C’est insensé, mais c’est ma seule piste. »

Eileen n’avait pas la réelle intuition que cela allait la mener quelque part. Elle n’avait simplement aucun autre élément de réflexion et avait le sentiment que se donner -ne serait-ce que- l’illusion d’une piste apaiserait ce tourment d’incompréhension. D’autre part, elle pensait que son esprit avait pu enregistrer des informations que, dans le feu de l’action, sa conscience avait omis de remarquer, comme le fait que les vêtements du garçon soient mouillés. Dans ce cas, il y avait une probabilité, surtout par cette chaleur, pour qu’il ait coutume d’aller jouer au bord de l’eau.

Elle enfila son bustier et ses bracelets de force, prit soin de dissimuler ses oreilles avec ses cheveux et saisit sa cape sous le bras avant de repartir en direction de Kendra Kâr.

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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Lun 12 Aoû 2013 05:05 
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Mérové avait reniflé juste. Elles sont là les bêtes affamés. Elles rodent au travers des arbres tel des ombres que l’on ne perçoit que du coin de l’œil. Ce sont les loups. Dans une forêt, on ne voit les voit jamais approcher. Lorsque vous en apercevez un c’est qu’il est déjà trop tard. Mérové le sais, il les connait ces bestioles et il les déteste. Mais lui ne se laisse pas dupé par leur camouflage et leurs manigances. L’ours peut les sentir qui rôdent, les loups ça empeste. Ça put la fourberie à pleins museau. Ces bêtes se tiennent en groupe et ne s’attaquent qu’aux plus faibles. Les jeunot, les malades, les chétifs, les égarés, les affamés, ceux qui n’ont aucune chance. Pourquoi accorder tant de prestige à des bêtes qui n’en ont pas plus que des vipères?

Soudain une des bêtes sortie d’un coin sombre d’un arbre, les oreilles rabattues, les babines relevées vibrant au rythme de ses grognements. Le voyant sortir, l’énorme ours est tout de même perplexe. La bête venait de se dévoiler seule. Quel était donc cette nouvelle technique, où sont les autres. Quel loup est assez fou pour s’attaquer seule au mastodonte de trois-cent kilos. Puis un autre sortie non loin de lui, plus petit et chétif que le premier, arborant tout de même le même attitude. Mérové peu impressionné, leva le nez en l’air pour renifler les autres, mais il n’en sentait plus aucun. Cela devait s’agir de deux jeunes bêtes esseulées, attirées par les cadavres qui jonchaient les lieux. En temps normal, à deux comme ça, aussi chétif qu’ils étaient Mérové n’aurait vu aucune menace et les aurait laissé faire à leur guise et serait partie plus loin peu intéressé. Mais la situation était bien différente car Rosie était étendue parmi les carcasses et qu’elle soit vivante ou pas, l’ours ne laissera personne déchirer sa chair rose. Pas tant qu’il sera là pour veiller sur elle. Il bondit sur eux les premiers. Aussi bien en finir maintenant et au plus vite.

Qu’ils viennent tous! Que d’autres arrivent, il les attend.

°o°O°o°


Rosie se releva sur ses coudes dans un sursaut, inhalant avec empressement une grande bouffé d'aire et s'étouffa avec le sang qui glissait entre ses gencives. Pour l'une des rare fois de sa vie, elle laissa échapper un juron à peine reconnaissable sa bouche étant enflée et douloureuse. Les bras faibles et tremblants, elle se laissa prestement retomber sur le côté, évitant cette fois de ne pas se plonger à nouveau le visage dans la boue. Cela faisait combien de temps qu’elle était étendue sur le sol, et là-dessus combien de temps son visage avait été étampé dans la boue. Elle l’ignorait, mais ce fut au moins assez longtemps pour en constater les conséquences. Elle sentait son dos et ses articulations raidit et douloureux, mais pour l’instant, ses raideurs devaient n’être que le dernier de ses soucis. Des silhouettes s'activaient violement autour d'elle. Encore dans la brume, le souffle lent et profond, elle tenta de distinguer les formes cauchemardesques qui l'entouraient. L'une d'entre elle lui était plus familière. Sa posture et son imposance, sa façon de se déplacer aussi maladroitement, ça ne pouvait qu'être Mérové. La pauvre bête semblait se démener, le souffle rapide et profond. D'autres êtres s'agitaient autour de lui, bondissant gémissant aboyant. De terrifiantes bêtes.

'' Merové.''

Laissa échapper Rosie dans un souffle qui se serait voulu puissant mais qui se perdit dans la brise de la nuit. Elle le sentait pris en proie, elle le savait même si elle n'avait pas la vision claire. Soudainement, elle sentit une pression écraser son mollet et entendit des os craquer lentement. Un douleur intense traversa sa jambe puis sa colonne pour lui remonter jusque dans la gorge, la faisant pousser un cris effroyable. Encore une fois:

'' MÉROVÉ!''

La douleur vive l'a ranima un peu, aidant ses sens à se rajuster. Envahit d'une nouvelle énergie, la jeune fille se redressa, agrippa au passage une branche calcinée qui gisait non loin d'elle et la balança avec force sur la gueule qui venait de se refermer sur sa jambe pour une deuxième fois pénétrant dans sa chair à nouveau. Poussant des cris d'effrois, Rosie écrasa son arme improvisée à plusieurs reprises sur le crâne de la bête velus qui s'obstinait à garder son morceau tout en constatant avec horreur à la lueur de la lune qu'il s'agissait d'un loup. Un chien géant au pelage gris sale, aux yeux jaunes brillant et aux crocs mortellement acérés.

'' Lache!''

Elle s'acharnait à crier et à jurer alors que la bête reprenait une croqué plus haute pour mieux enfoncer ses dents refusant de laisser sa prise déguerpir ayant pour effet de faire crier la semi-elfe encore plus fort. Elle multiplia ses coups sur le museau de l'animal des larmes ruisselant sur son visage grimaçant. La bête davantage agacé ouvrit la gueule et entreprit de bondir sur elle dans le but de lui déchirer la jugulaire et la faire taire une bonne fois pour toute. Alors qu'il se lançait, une mâchoire encore plus grande se referma dans sa nuque, lui enroulant presque entièrement le cou et le propulsa plus loin contre le tronc d'un arbre bien faible et calciné. Il y eut un craquement long et sinistre, puis plus rien. Peut-être un gémissement à l'occasion provenant d'un loup agonisant dans un coin, sans plus.

Mérové s'était jeté à la rescousse de Rosie. Immobile et les dents toujours découvertes, son regard doré plongea dans celui de rosie qui était à présent couché sur ses coudes. Ils restèrent un instant comme cela, respirant au même rythme. Le souffle chaud de l'ours repoussait les mèches de la semi-elfe qui n'avaient pas encore collé à son visage salit. Ce moment d'immobilité ne dura qu'un instant. L'ours releva la tête et renifla doucement l'air toujours aux aguets puis s'éloigna un peu parcourant les lieux le museau levé. Rosie en profita pour s'assoir et constater mieux les dégâts. Sa jambes était gravement meurtrie et perdait beaucoup de sang. Elle agrippa le cadavre d'un homme non loin et déchira ses vêtements quand même toujours en bon état afin de panser sa blessure. Elle ne possédait absolument rien pour nettoyer les plaies, mais au moins elle pouvait ralentir la perte de sang en attente de pouvoir s'offrir de meilleurs soins. Autour d'elle, un loup agonisant contre un arbre et un autre mort plus s'ajoutaient aux victimes humaines qui gisaient la depuis la veille déjà. L'ours c'était bien battu, mais il ne s'agissait que de deux jeunes loups en solitaire, perdus ou exclut de leur groupe. S'il lui avait fallu affronter toute une meute, Mérové ne s'en serait pas sorti à si bon compte et Rosie serait morte.

Mérové faisait des allers retours d'un pas nerveux et rapide tous les sens aux aguets. Il poussait quelques plaintes aiguës puis des grognements discrets. Le nez bien haut il renifla l'air à plusieurs reprises, puis les arbres, puis les loups morts et finissait toujours par relever à nouveau le museau vers le ciel se tenant parfois sur ces pattes arrière. Voyant son manège frénétique, sa jeune alliée compris que le danger n'était pas complètement écarté et il était temps pour eux de reprendre la route.

"Mérové, l'appela Rosie d'une voix pressante mais douce, Viens Mérové, viens!"

L'ours docile s'exécuta et s'approcha nerveusement et salua la jeune fille toujours assise d'un petit coup de langue sur l'oreille. Il refusait de s'asseoir et continuait à regarder et renifler de tous les côté grondement a l'appui.

" Calme-toi Mérové. Doux... doux. Écoute-moi."

Rosie tenta de capter son regard, le forçant en lui tenant la tête à lui donner toute son attention. La tentative était un peu vaine mais la demi-elfe ne cessa pas.

"Écoute moi Mérové, nous allez partir. On part...Partir, Mérové, partir. C'est trop dangereux."

Il ne pouvait pas comprendre. Rosie le savait bien, mais elle savait aussi qu'il ne d'objecterait pas a s'en aller. Avec précaution elle prit appuie sur lui et se releva avec peine et douleur. Elle vérifia l'état de son compagnon, mais ce dernier ne semblait pas souffrir de plaies trop importantes. Quelques morsures ici et là, mais cela ne semblait pas le déranger. La semi-elfe entama la marche prenant appui sur Mérové et le forçant du même coup à avancer avec elle d'un pas bien lent. Hésitante, elle jeta un œil sur les quelques cadavres au sol puis vers les arbres calciné. Elle ne possédait rien qui lui permettait de bruler les corps en plus de ne pas avoir la force ni l'envie de le faire. De la colère monta soudainement en elle a leur vu et crachat au sol.

" Pourrissez."

Les yeux humides, elle les balaya tous du regard et les maudit un à un. Elle et Mérové quittèrent le lieu ne sachant pas trop où ils se dirigeant réellement, mais sachant tout de même qu'ils s'éloignaient de Kendra kâr. Espérant aller là où les autres, les lâches toujours vivants, étaient allés.

_________________
Rosie Skufita
Une Coureuse des plaines semi-elfique accompagnée par l'ours Mérové
Image
Lvl 12


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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Lun 12 Aoû 2013 05:10 
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Une bourrasque de vent, brève mais puissante vint frapper Rosie et son compagnon en pleins visage. Sa cape rouge et ses cheveux prirent une majestueuse envolée comme s’ils voulaient attraper le ciel et revinrent s’entortiller autour d’elle, les cheveux lui emprisonnant le visage. Un silence de mort régna soudainement. Plus un craquement plus un son, seul le souffle de Rosie qui s’étouffait dans sa chevelure.

« Saleté… »

La jeune fille était plus occupée à remettre son attirail en place pour remarquer le calme absolu, presque anormal qui pesait autour d’elle. L’ours lui, produit un grognement bien profond et grave qui fit écho dans la forêt. Elle aussi, à ce moment-là, le vit.

Un chat. Pas n’importe quel chat, Le chat. Celui aux yeux violets. Il était assis a a peine quelques mètres devant eux, la queue balayant lentement l’air a un rythme constant. Rosie gronda à son égard:

« Si tu penses que je vais te suivre cette fois, tu te trompes vilain petit monstre. Je ne veux pas voir ta maitr… »

« Oh, tu n’auras pas besoin d’aller bien loin avec lui. »

Rosie se mordit la langue. Une dame âgée se tenait debout pas bien loin du chat, dans une robe d’un rose désagréable ornés de plusieurs petit boutons dorés avec pour se soutenir une vieille cane tordue à la main. Ses longs cheveux poivres et sels débordaient entremêlés d’un chapeau à large rebord paré de formes étranges et de froufrous excentriques, tous étant toujours d’un même horrible et unique rose. Elle leva sa canne pour pointer la jambe blessée de Rosie, sans le moindre effort, à croire que son bâton était plus une parure qu’un outil de soutient.

« De toute façon vu ton état, tu ne serais même pas en mesure de le faire. »

La semi-elfe se souvenait parfaitement de cette carcasse, elle resta de glace.

« Qu’est-ce que vous me voulez? Je n’ai plus parlé de vous à qui que ce soit. »

La vieille femme ne bougea pas d’un cil.

« En voilà des façons. Tu t’adresses à tes ainés de la sorte maintenant? Mais où est donc rendue la petite fillette tremblante et adorable? »

Rosie ne rajouta rien et se contenta de grimacer d’impatience. Elle n’était pas d’humeur à parler, elle voulait partir loin, retrouver Shrez et s’il le faut, le venger. La vieille dame n’était plus qu’une ancienne histoire. Une autre vie bien loin derrière.

« Tu ne tiens plus à ton passé Rosie? Tel était ta quête que tu jurais de d’accomplir il me semble. Que s’est-il passé? »

La jeune fille se déraidit un peu et soupira, baissant les yeux un instant et se mordillant la lèvre hésitante.

« J’abandonne. »

Elle releva le regard pour affronter celui de la vieille femme et fut surprise d’y lire, durant un bref instant, une étincelle de désolation.

« Voyons petite… »

Rosie se facha.

« Je ne trouverai jamais votre bouquin et même si j’y parvenais qu’est ce qui me fait croire que vous allez me rendre mes souvenirs. D’ailleurs, je n’y tiens plus à ces vieux souvenirs, J’abandonne. »

La vieille dame retrouva son air stoïque et soudain, sans que Rosie ne sache vraiment comment cela se produit, sa hache se retrouva couchée dans les mains de la femme, la cane ayant disparu.

« Tu allais l’oublier parmi les cadavres.»

La hache reluisait au clair de lune comme elle n’avait jamais brillée auparavant, aussi belle que si elle venait tout juste de sortir de la forge. La jeune fille eut un pincement au cœur. La dame tenait devant elle l’héritage sacrée de sa mère perdue. L’une des rares choses qui lui restait d’elle et de son passé. Elle qui voulait abandonner sa voie et enterrer à jamais le souvenir de son enfance et de tous ceux qui y avait vécue, sa mère et son père comprit. Était-elle en train de profaner leur souvenir et rendre vaine leur mort à tous les deux.

« Le livre… » Commença la vieille dame.
« J’ai eu vent que, par je ne sais qu’elle miracle, il serait peut être rendu à Oranan. On m’aurait parlé d’une corneille voyageuse à quatre ailes. Je ne sais par quel maléfice une telle bestiole de malheur puis transporter une telle charge, mais mes sources à Oranan ont toujours été des plus fiable. »


Une corneille à deux pair d’aile. Ceci sonnait vaguement familier à Rosie. N’avait-elle pas eut à faire avec une bête de ce genre il y a quelques temps?


« Je ne puis y aller. Vas-y pour moi et je te donnerai ce que je te dois en échange. »

Rosie n’eut pas le temps de contester.

« Ce que je te dois ou bien ce que tu voudras à ce moment-là. Qui sait peut être veux-tu retrouver un être qui t’es cher. Ce vieux bouquin est très précieux pour moi et très dangereux pour d’autres. Octroie-moi ton aide et je t’accorderai la mienne. »

Elle avança de quelques pas en direction de la semi-elfe, sa hache de guerre toujours en main. Mérové perçut le mouvement d’un mauvais œil et ouvrit la bouche pour découvrir sa dentition inférieure. Rosie posa la main sa la tête de la bête pour le calmer et continua à garder le silence, songeuse. La dame lui semblait plus puissante et plus dangereuse qu’elle n’aurait osé penser. Faisait-elle la bonne chose en choisissant d’aller en quête de ce fameux livre. Qui allait-elle servir? Le bien ou le mal? Elle ignorait les réelles intentions de la vieille sorcière. Comment pouvait-elle être sûre que ses intentions sont justes. Mais voilà que dans tout cela, il y avait Shrez. Allait-elle pouvoir le retrouver sans la dame? Surement pas aussi rapidement qu’avec ses pouvoirs. D’ailleurs, celle-ci continua :


« Tu sais… Je sens que dans un futur proche tu me joindras dans ma quête infinie et ce jour-là, mon savoir pourra être le tient et plus rien ne te tiendra tête. Je vois en toi un potentielle puissant.»

Dans sa poitrine, Rosie sentit son cœur accélérer au rythme des syllabes qui s’évadaient de la bouche de la vieille dame. Pour la première fois du plus loin qu’elle se souvienne, un désir puissant de pouvoir envahit son esprit. Elle voyait devant elle, un chemin qui la mènerait là où elle ne se serait jamais cru capable d’aller, un futur qui lui cèderait tout ce qu’elle voudrait en soupçonner porter en elle. Sans vraiment réfléchir, elle avança difficilement de quelques pas vers la sorcière rose jusqu’à la rejoindre, et tendit les bras pour récupérer la hache.

« Qu’est-ce que je fais une fois à Oranan? »

« Tu le sauras bien assez tôt. Oranan te dira de part elle-même ce que tu dois lui offrir pour avoir accès à ce que tu lui demande. Si tu fais ce que tu crois juste une fois là-bas, tu ne peux pas te tromper de chemin.»

Elle hésita un instant et rajouta pour se rassurer :

« Évites seulement de faire référence à moi. »

« Oui, ça je sais. »

La vieille femme eut un léger sourire pour la première fois ce soir-là.

«Mais Rosie… Fait attention à toi. Le livre c’est une chose, mais ce qui pourrait se passer là-bas en est une autre. Ton destin t’attend à Oranan. »

Sur ces derniers mots quelque peu mystérieux, La dame rebroussa chemin et disparut dans l’obscurité de la forêt, le chat sur les talons. Rosie elle, sentit à cet instant un soulagement étrange et soudain dans sa jambe blessée. Lorsqu’elle y jeta un œil, il n’y avait plus rien, pas une seule marque.

_________________
Rosie Skufita
Une Coureuse des plaines semi-elfique accompagnée par l'ours Mérové
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Lvl 12


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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Mar 24 Sep 2013 19:57 
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A la fin d’une traversée des plus calmes, Samuel sauta de l’embarcation et, de l’eau jusqu’au genoux, aida le pêcheur à tirer la barque au sec. Les deux hommes, face à face, échangèrent une poignée de main et se firent leurs adieux :

-Merci pour tout, comment puis-je vous remercier ? *mettant la main à sa bourse* J’ai un peu d’argent…
-Ne m’insulte pas avec ton or garçon. Dans ces contrées sauvages, les hommes s’entraident et n’ont que faire de ta ferraille.
-Vous ne tiendriez pas une journée à Kendra kâr avec des principes pareils.
-Heureusement, je n’y suis pas et je n’y mettrais pas les pieds pour tout l’or du monde.
-Vous avez sans doute raison, bon retour. Et dîtes à votre fille…et bien…

Le pêcheur partit d’un grand rire :
-Tu pourras lui dire toi-même si tu le souhaites. Tu es le bienvenu chez nous. D’ailleurs, si tu as besoin de traverser de nouveau, je serai encore dans le coin pour les deux ou trois jours à venir. J’ai quelques affaires à régler avec un ami bûcheron…échange de bons procédés…
-Je comprends, merci, mais je compte rester quelques temps dans les forêts du nord.
-Alors fais attention à toi, c’est un endroit dangereux.
-Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne serai pas seul, je rends visite à mon oncle.

Le pêcheur réfléchit et semblant se souvenir de quelque chose :
-Samuel…Samuel…Tu es le neveu de Bogart c’est ça ? J’aurais du le deviner plus tôt, tout le monde le connais par ici. D’ailleurs, je me souviens de toi, je t’ai aperçu chez lui une fois ; c’était il y a des années, tu étais haut comme trois pomme. Me voilà donc rassuré, tu seras en sûreté avec lui.
-Oui, merci encore : pour tout ! J’ai une dette envers vous, quoi que vous en disiez.
-Alors repasse nous voir quand tu quitteras les forêts, on trouvera bien un service à te demander. Et puis tu ne peux pas partir sans dire au revoir.
-Dans ce cas, je le ferai.
-A bientôt donc.

Et chacun s’en fut de son côté. Le pêcheur suivit un sentier menant à une cabane perdue dans les arbres non loin de là et Samuel prit la route de l’abri de son oncle, se surprenant à penser aux aventures de ces derniers jours : à son père, au paladin, mais aussi et surtout à la fille du pêcheur, à son enthousiasme et à la façon dont elle s’était moquée de lui ; ce qui le mit de bonne humeur.

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Dernières tribulations connues : Des adieux provisoires?
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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Lun 3 Fév 2014 12:03 
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Juché sur le dos du harney, ma tension s'apaise un peu tandis que la forêt est de nouveau à portée. Prudent, en particulier quand je constate encore et toujours que ces imbuvables humains sont partout sur ma route, j'incite ma monture à survoler la cime des premiers arbres. Le fait que le soleil de ce début d'après-midi commence à taper un peu fort et l'observation du vol rapide d'un rapace proche me poussent à finalement faire diminuer l'altitude. Glissant dans l'air, l'oiseau passe habilement entre les branches garnies de verdure. L'odeur végétale et humide m'enveloppe bientôt, me causant l'étrange sensation que je devrais être à ma place ici, mais que ces années de captivité ont rompu quelque chose.

Notre duo survole la vieille souche où j'ai récupéré du matériel sur des restes de femelle aldryde et la dépasse. J'ignore encore où je souhaite me rendre, mais j'imagine qu'un endroit à la vie végétale suffisamment dense pour bloquer le passage du plus petit bipède serait le plus approprié. Silencieux, j'inspire profondément l'air ambiant, aux aguets. Lyïl survole plusieurs grands animaux occupés à se repaitre de jeunes pousses de buisson, ou se roulant dans des mares boueuses. La forêt n'est pas silencieuse, des chants d'oiseaux et le grincement d'arbres se font ponctuellement entendre.

Après une bonne heure de vol, notre voyage nous amène aux abords d'une sorte de clairière. Avec prudence, je fais atterrir le harney sur une épaisse branche et descend. Après avoir donné quelques baies à l'animal, je marche un peu pour me dégourdir les jambes. Tant que je suis tranquille, j'en profite pour transvaser le liquide noir dans ma grande gourde. Tandis que je le fais, je suis intrigué par son aspect. Je pensais tous les fluides être constitués d'eau colorée plus ou moins épaisse, mais celui que je manipule a presque l'air d'être une brume lourde. Je jette un regard aux alentours puis sur l'oiseau. Maintenant que je suis tranquille, et qu'il ne semble pas y avoir de menace dans les environs, je suis tenté d'en absorber un. Amenant ma gourde à mes lèvres, je demeure méfiant et focalise mes pensées sur l'un des plus petits concentrés de magie.

Le fluide noir touche l'arrière de ma lèvre inférieure, y causant un froid étrange. Ce n'est pas le genre ressenti par la peau, mais plutôt celui où un engourdissement fait perdre la maîtrise de son corps. Mon cœur accélère tandis que la magie progresse dans ma gorge, sapant mes sensations. Ce n'est définitivement pas un liquide. J'ai presque l'impression d'avoir ingurgité du brouillard humide et froid, qui rend ma respiration difficile. L'effet glacial se répand lentement, commençant à me causer une crainte instinctive que j'ai du mal à combattre. Mon corps se rebelle contre cette intrusion, secoué de frissons plus ou moins violents. Les images que ma vue me procure se teintent de zones grisées ou d'ombre, où seuls les contours des objets proches apparaissent. Immédiatement, le souvenir du colosse s'étant jeté au sol de l'auberge me revient, me faisant y tourner toutes mes pensées.

( Je ne suis pas comme cet imbécile ! Cette magie ne prendra pas le dessus ! )

Apposant les mains contre mon plastron, je suis la trajectoire du fluide jusqu'à mon estomac. L'obscurcissement de mon champ de vision me donne la nausée, mais je suis bien déterminé à rester maître de moi. Je sais déjà manier mon énergie combattive, et même si cette autre forme est différente, je suis persuadé de pouvoir la dominer. Si c'est mon instinct qui me permet de canaliser ma force de combat, alors ma volonté sera celle qui emprisonne cette magie. Je m'efforce alors de réguler ma respiration pour contrôler mon rythme cardiaque. Je commence par combattre cette peur qui s'est nichée dans ma poitrine. Si ce fluide avait été capable de me tuer, cela se serait sans doute déjà produit.

Je me place en tailleur sur ma branche, concentrant toutes mes pensées sur cette sensation glacée. Seconde après seconde, je me persuade que mon corps reprend le dessus, que ce froid est absorbé par ma température naturelle. Lorsque je suis convaincu de ce fait, je chercher à manier cette énergie nouvelle. Mon exercice me donne la sensation qu'elle s'est divisée en une pluralité de branches suivant mes membres, y compris à la base de mes ailes. Mon muscle cardiaque retrouve un rythme plus régulier, et ma vision reprend son filtre coloré. Je sens ce matériau intangible en moi, mais le tremblement secouant mon corps me fait comprendre que sa manipulation et son usage devront attendre un peu.

J'esquisse un sourire en coin.

( Tu es à mon service, énergie noire, pas le contraire. )

Lyïl s'approche doucement de moi, venant accoler sa joue contre la main que je viens de lever. Je le flatte un peu, tout en observant l'étrange rocher siégeant au milieu de la clairière. Quelque chose me dérange à son sujet, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. J'en hausse brièvement les épaules, levant le nez quand le passage d'un nuage lent obscurcit un peu la zone. Je vais attendre un peu que mon corps se remette de son épreuve récente, avaler une partie de mes rations, puis je reprendrai mon vol.

Je dois rester en mouvement le plus possible. Le mode de vie nomade est le plus prudent pour quelqu'un de mon gabarit. Avoir des murs autour de soi ne donne que l'illusion d'une protection, et peut en un instant se changer en un piège parfait ou pire, en une horrible cage.





Absorption d'un fluide 1/8ème d'obscurité.

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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Dim 23 Fév 2014 17:11 
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Assis sur cette haute branche d'un arbre aux feuilles encore vertes, je ferme lentement les yeux. La brise forestière lisse les plumes de mes ailes argentées et fait voler les mèches rebelles sorties de mon casque. La sensation laissée par la magie noire en moi s'amenuise peu à peu. Je distingue encore bien sa présence, mais j'ai assez de caractère pour ne pas la craindre. À ma gauche, mon harney sombre lisse son plumage, les pattes bien arrimées à l'écorce. Je le devine aux sons qu'il fait. Il me faut profiter de cet instant de paix. Dès demain, je compte bien m'exercer à dominer mon énergie noire et à améliorer mes compétences martiales. Il y a quelques jours encore, j'aurais juste profité de ma liberté et aurais laissé derrière moi ces années d'humiliation.

Ce n'est plus le cas.

Je ne sais pas vraiment ce qui est en cause, mais j'ai bien l'intention de prendre une revanche douloureuse sur ceux et celles qui m'ont malmené, voire sur la totalité de leurs connaissances. Il n'y a pas d'innocents dans leur entourage, et penser à ce tas de faciès à peau rosée me donne envie de vomir. Mais je ne suis pas comme l'un de ces imbéciles d'humains, prêt à foncer tête baissée sur l'être honni sans penser à la suite. Non, je ne suis définitivement pas de ce genre. Je dois penser à un plan, une tactique pour pouvoir exercer ma vengeance à son paroxysme. La seule chose dont je suis pratiquement certain est que cette magie obscure va m'aider dans cette tâche.

Agitant légèrement une jambe dans le vide, je replie l'autre sur laquelle j'appose mon avant-bras. La clairière que je contemple est quelque peu assombrie par le passage d'un lot de nuages gris, et mes sombres yeux bleus sont attirés par le rocher qui y trône. Il a un aspect un peu chaotique. Des flancs raides, éraflés, sans mousse, avec un sommet en deux parties. L'une est plate et fait presque le tour de la pierre. L'autre semble un prolongement d'un côté, vers le haut. On dirait presque qu'on a voulu en retirer une partie. Maintenant que j'y prête attention, la végétation qui court dessus a un aspect étrange. On dirait un enchevêtrement de ronces, faisant grossièrement une couronne autour de l'excroissance minérale. Ce qui m'intrigue est que cette clairière semble surtout constituée d'herbe et de mousse, ainsi que de rares buissons épineux. Je ne vois pas de ronce courir au sol depuis le couvert. Décorer un rocher, quelle idée saugrenue.

J'en hausse les épaules et observe l'oiseau qui m'accompagne. Lyïl s'occupe toujours de son plumage, m'incitant à en profiter pour avaler quelques baies séchées. J'ai foi en l'instinct de cet animal. Si quelque chose le dérange, j'en serai averti.

L'après-midi passe avec une certaine lenteur, s'accompagnant de sons d'animaux et du grincement d'écorce proche. Il y a quelque chose d'apaisant dans cette atmosphère, mais je n'arrive toujours pas à chasser ce sentiment de ne plus être vraiment à ma place. Soudain, alors que je m'étire, j'aperçois un éclat blanc entre deux troncs de chêne sur ma gauche. Immobile, je constate que le harney s'est figé, son œil sombre rivé dans la même direction. Aux aguets, je plisse les yeux et change de position, ramenant ma jambe pendante pour mettre un genou sur la branche. Je colle mes ailes à mon dos, minimisant ma visibilité.

Pendant de longues secondes, rien ne bouge dans les environs.

( Étrange, je suis certain d'avoir décelé... )

Mes pensées sont interrompues par un vif mouvement. Ce sont d'abord deux puis trois et finalement cinq paires d'ailes entre blanc et argent qui émergent du couvert végétal. Je retiens mon souffle, mais l'amertume qui remonte le long de ma cage thoracique chasse mon calme. D'ici, je distingue la peau blanc-bleutée de ma race. Une lance constituée d'un croc sur une brindille renforcée attire mon regard dans les mains de la créature de tête. Je distingue une fronde sur la seconde, et une tenue teintée de bleu pour celle qui suit. Derrière, d'une taille avoisinant la mienne, une aldryde arbore la tenue florale et blanche des jeunes adultes. Le dernier être a une chevelure noire, contrairement à ses blonds geôliers, et son visage est abrité par un petit masque. Je n'ai aucun doute cependant, c'est un mâle.

J'ai sous les yeux un groupe d'aldrydes, majoritairement féminin. Je serre les dents. Malgré la distance, mon regard perçant identifie le visage de la meneuse. C'est celle dont cet idiot d'Hyjuud avait admiré les ailes, point de départ de la série de catastrophes aboutissant à ma situation actuelle.

( Comme on se retrouve... Sale garce. C'est à cause de toi que j'ai du côtoyer cet imbécile d'aldron... Sans son incompétence, jamais je n'aurais... )

Je serre le poing, un rapide défilement de mauvais souvenirs se produisant dans mon esprit. Lentement, j'agrippe la sarbacane logée dans ma manche gauche, ne lâchant pas ce contingent du regard. Ma haine croît à mesure qu'ils tournent autour du rocher. Je décide pourtant d'attendre encore un peu. Les trois guerrières se séparent, dessinant une forme presque géométrique autour du gros minéral, tout en restant dans le champ de vision les unes des autres. Volant au-dessus, le mâle et la jeune adulte tournoient, s'effleurent, dansent d'une façon grotesque mais presque codifiée.

J'en ai la nausée.

Comment un aldryde avec un semblant de personnalité peut supporter de toucher l'un de ces monstres ? Ces lâches qui vous asservissent, vous négligent et finalement vous abandonnent aux mains de colosses écœurants ! Mes propres pensées renforcent la tension qui m'habite. Je veux en frapper une. Qu'elle goûte à toutes ces années de souffrance dont elles sont la cause directe. La femelle à la lance est celle envers laquelle mon courroux est le plus fort.

Plongeant la main dans ma sacoche, j'agrippe des fléchettes et charge ma sarbacane. Je ne change pas de posture, gardant une position stable et surplombant mes futures victimes. Car oui, j'ai bien l'intention de faire des cadavres de ces insectes féminins les premiers pavés de ma voie vers la vengeance. Qu'importe qu'elles fassent une taille supérieure d'un tiers à la mienne. J'ai combattu de faux humains et des géants de bois, ce ne sont pas quelques centimètres de différence qui vont m'effrayer. Pas après ces derniers jours.

Finalement, je vais pouvoir m'atteler à l'accomplissement de mon but plus rapidement que je l'espérais. Tant pis pour un possible plan. Je ne dois pas les laisser me filer sous le nez.



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Dernière édition par Nessandro le Sam 24 Mai 2014 13:45, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Mar 25 Fév 2014 23:28 
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Bientôt, la forêt s’offre à Thaïs, de son vert intense. Sautant agilement par-dessus les vieilles souches et branches en tout genre, l’humaine récolte peu à peu l’ensemble des ingrédients qui lui sont nécessaires pour la réalisation de sa potion. À vrai dire, il ne lui en faut pas tant que cela : quelques feuilles de Selav, l’une ou l’autre douce féérie et, pour terminer, un rameau de marronnier. Si elle le pouvait, la jeune femme ferait pousser un tel arbre dans son jardin : tout en lui est toxique : ses fruits, ses feuilles, ses racines, ses branches. Seuls porcs et chèvres en consomment sans danger.

Lorsqu’elle progresse de la sorte en forêt, Thaïs possède un énorme défaut. Tout son corps de met en quête de ce qu’elle recherche et elle a tendance à totalement faire abstraction du reste. Certes, son corps possède de sacrés réflexes qui l’empêchent de se prendre les pieds dans de vieilles racines noueuses, mais quelqu’un peut approcher sans que la jeune femme ne s’en aperçoive.

Un sifflement. Voilà ce qui à l’instant présent, la met en garde. Léger, subtile, presque inaudible. Quelques crissements de feuilles mortes. Elle en est certaine à présent. Elle n’est pas seule. Relevant la tête, scrutant les alentours, elle se révolte contre elle-même. Elle n’a pas été assez attentive !

En elle, elle sent son pouls accélérer. Elle ne parvient pas à déterminer l’origine de ces bruits. Pourtant, leur nature renseigne Thaïs sur l’espèce qui les produit. Un serpent. Sans aucun doute. Et d’un coup, elle élance son pied gauche, droit devant elle, le faisant battre dans de grands mouvements agacés. Il est là. Déjà à moitié enroulé autour de sa cheville. Un ultime battement de pied envoie valser le reptile quelques mètres plus loin. Cette fois, la sombre femme ne le quitte plus des yeux. Il lui semble énorme. Énervé, l’animal est dressé sur une vingtaine de centimètres, ouvrant grand la gueule et laissant apercevoir ses crocs pointus, d’où sort le venin lors de la morsure.

La bête fulmine, tandis que Thaïs s’arme d’une de ses dagues, portée en ceinture. Sans quitter le serpent des yeux, elle décroche également son outre, dont elle vide rapidement le contenu sur le sol mousseux. Elle n’aura plus d’eau pour le chemin du retour, mais peu importe, car si tout se passe bien, elle aura en sa possession un liquide bien plus intéressant. Ses gestes sont machinaux. Pas un instant elle ne quitte le serpent du regard. Un réel duel oculaire se tient entre eux.

Lentement, elle se met à tourner autour du rampant, ne sachant trop comment l’aborder étant donné qu’il se trouve beaucoup plus bas qu’elle. Tandis qu’elle tournoie, une idée la traverse. Et si elle tentait de l’atteindre par un lancé de dague ? La jeune femme n’a rien à y perdre et se dit qu’il s’agit certainement de la bonne solution. Prenant sa dague du bout de sa fusée, elle la renverse sur sa main, la lame venant flirter avec son poignet, avant de, par un geste vif et rapide, la lancer droit vers la bestiole. Malheureusement, l’arme n’a même pas effleuré la peau du serpent. On aurait pu penser que le geste aurait effrayé l’animal, mais même pas. Cela l’a juste énervé un peu plus, déclenchant un strident concert de sifflements. La tête du reptile se balance d’avant en arrière, le reste de son corps semble figé.

Adroitement, Thaïs parvient à atteindre sa seconde dague. Celle-là, elle ne la lâchera pas de si tôt !

Sans prévenir, l’animal effectue un bond habile en sa direction. En un dixième de seconde, elle a le temps de constater toute sa longueur. Il ne s’agit certainement pas du plus long serpent des forêts, mais sa taille n’en est pas moins impressionnante ! Tout cela s’est passé tellement rapidement, que l’alchimiste n’a pas eu le temps de réagir. Déjà, l’animal s’enroule sinueusement autour de sa taille fine. Elle sent l’oppression du serpent sur son ventre. Cette impression de sentir ses intestins se broyer sous la force du reptile la fait suffoquer. Après quelques tours de taille durant lesquels Thaïs n’est pas parvenue à se défaire de la bête, cette dernière se dresse face à son visage, prête à planter ses crocs dans la peau tatouée. Au moment où la tête plonge en sa direction, Thaïs parvient à enfourner son outre dans la gueule fulminante du venimeux. Dans un petit craquement, les crocs percent la peau de bête du récipient, et un léger bruit d’écoulement parvient aux oreilles de la belle. Mais elle ne prend pas le temps de savourer cette nouvelle possession, car la victoire n’est pas encore atteinte. Elle sait pertinemment que, contrairement aux guêpes qui perdent leur vie en même temps que leur dard, il n’en va pas de même avec les serpents et leur venin. Par contre, ils se voient fortement affaiblis par cette expulsion. Thaïs sent les anneaux se desserrer légèrement au niveau de son abdomen et en profite pour glisser sa lame entre elle et l’animal. Dans un cri lui procurant de la force, elle parvient à couper en deux la bête, dont la partie postérieure retombe mollement sur le sol, dans un bruit visqueux. La tête elle, est restée accrochée dans l’outre et y pendouille d’une façon peu avenante. Délicatement, la jeune femme perce de la pointe de sa dague la gencive rougeâtre et enflée de l’animal, afin d’en décrocher les dents plantées dans sa gourde, histoire de ne pas perdre en route le précieux venin recueilli.

_________________
Thaïs - Humaine - Voleuse


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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Sam 1 Mar 2014 14:28 
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Les regards des gardes balayent les environs, et la paire d'yeux de la créature à la fronde finit par se poser sur la silhouette du harney. Inévitablement, elle finit par remarquer ma présence et se fige. Un souffle irrité m'échappe tandis que je la vois armer son bout d'étoffe. Elle lance un bref cri strident, attirant l'attention des deux autres et faisant cesser la ronde du couple. Silencieux, je scrute ces êtres qui me regardent. Tant pis pour l'effet de surprise, j'ai trop tardé. Puisque je suis repéré, je me redresse, apposant un regard chargé de mépris sur elles.

La femelle à la lance la tend dans ma direction et s'élève un peu en deux battements d'ailes. Mielleux et irritant au possible, l'insupportable gazouillis qui lui sert de voix retentit à mes spirales auditives.

"Aldryde ! Tu n'as rien à faire là. C'est un terrain sacré !"

Je croise les bras et fronce les sourcils sous mon casque. Sa remarque ne fait qu'alimenter ma contrariété et ma haine. Qui est-elle pour vouloir mettre des restrictions à ma liberté ? J'irai où je le souhaite et quand j'en aurai envie ! Rien que pour la contrarier, j'écarte les jambes, campant sur mes positions. Ma présence est encore accentuée par le déploiement de mes ailes d'argent. Je n'ai pas l'intention de lui obéir et compte bien le lui faire comprendre. S'il est possible pour ces abruties emplumées d'avoir le moindre soupçon d'intelligence, bien entendu.

Voyant sans doute que je ne la redoute pas, la garde fend l'air avec son arme, poursuivant sa série de sons plus désagréables les uns que les autres.

"Je ne reconnais pas ta tenue. De quelle colonie viens-tu ? Décline ton identité !"

Ma lèvre supérieure se retrousse et je crache dans sa direction sans le moindre respect. Apposant le pouce contre mon plastron en un geste qui me désigne, je lui réponds sur un ton des plus vindicatif.

"Tu n'es pas digne d'entendre mon nom... Je n'aurais pas du te cracher si vite dessus. Une seule goutte de ma salive est quand même bien plus précieuse que tout ton sang, femelle."

Une expression outrée apparait sur le faciès féminin, geste qui me tire un rictus satisfait. Elle s'empourpre, mais des échanges brefs avec ses congénères la fait afficher de l'incompréhension en plus. Quand elle se reprend, c'est pour me pointer une nouvelle fois du croc de son arme.

"Tu... Tu es un mâle ? Mais ta chevelure... C'est impossible ! Hum ! Tu n'as pas à être dehors ! Tu vas nous suivre bien gentiment si tu ne veux pas être sévèrement puni, fugitif !"

Un rire silencieux et amer me fait légèrement hausser les épaules. Moi, un fugitif ? La mauvaise foi de ces femelles n'a vraiment pas de limites ! À cause de qui suis-je dans cette situation ? Mais si elles croient sincèrement que je vais me laisser emprisonner alors que j'ai goûté à la liberté, elles peuvent toujours se fourrer une plume dans l’œil jusqu'au gosier ! Et si cela les tue, tant mieux. Cela me fera moins de fléchettes à gaspiller sur elles !

Reprenant ma concentration et mon sérieux, je scrute les visages qui m'observent. Portant la sarbacane à mes lèvres, je décide de viser la femelle à la fronde. Si elle pense que je ne l'ai pas vu commencer à faire tournoyer son arme de façon menaçante, elle se trompe. Avec vivacité, je souffle un projectile rapide qui vient lui arracher deux plumes de l'aile gauche. Un cri surpris lui échappe, faisant agrandir les yeux des voisines.

"Que ? Comment oses-tu !"

Décollant de ma branche, je recharge ma sarbacane d'un geste précis et prends un ton menaçant.

"Silence ! Voyons donc ce que vous valez face à un mâle qui se défend, faces de truies !"

Pauvres animaux. Ils ne méritent quand même pas d'être comparés à ces pimbêches mal fagotées...

D'un mouvement souple, je viens me jucher sur le dos du harney. Lyïl écarte les ailes et décolle à son tour. Main fermée sur mon arme, je tiens de l'autre la huppe de ma monture, l'incitant à faire un brutal piqué en direction de la femelle à la fronde. Cœur battant la chamade, je garde tout de même assez de lucidité pour ne pas envoyer ma monture se blesser contre la lance de la meneuse. Si quelque chose de grave arrivait à Lyïl, je ne sais pas si je parviendrais à me contrôler. Mais pour le moment, je le fais résolument charger vers la combattante à distance. Manque de chance, cette dernière parvient à faire un écart et esquiver l'assaut. Toutefois, elle perd son sang-froid, poussant un cri apeuré quand nous passons vivement à proximité. C'en est au point que sa pierre chute sur le tapis moussu.

Guidant ma monture, je lui fais décrire un cercle dans la clairière, tout en gardant le trio honni en vue. Le couple s'est réfugié au plus près de la pierre, m'observant sans bouger. Je peux les voir trembler d'ici. Pitoyable... Je porte ma sarbacane à mes lèvres, visant la combattante sans arme, mais dont les mains demeurent orientées dans ma direction. Mauvais souvenir. Sourcils froncés, j'estime avoir affaire à une utilisatrice de magie. Il va me falloir être prudent. Je n'ai jamais affronté plusieurs adversaires à la fois, ou alors je n'étais pas seul.

Il me faut choisir ma première victime avec stratégie. Si je m'attaque à la porteuse de lance, les deux autres à distance vont se faire un plaisir de me prendre pour cible. Soit je m'attaque à la manipulatrice de magie, soit à celle à la fronde. Cette dernière finit d'ailleurs par se reprendre et m'envoyer un projectile. Rapide, il siffle non loin de mes ailes. Il est suivi par un trait de magie. Malgré ma directive, le harney ne parvient pas vraiment à l'esquiver. La flèche percute mon mollet droit, délivrant une sensation glacée dans ma jambe. Malgré une légère douleur, je ne fais qu'éprouver de l'agacement, et pas de la peur. Cette aldryde a beau employer de la magie, elle est loin d'égaler les araignées de ce livre maudit en puissance.

Faisant basculer ma monture, je décide donc de m'en prendre à elle. Même si ses pouvoirs ont l'air ridicules, l'idée d'être restreint dans mes mouvements à cause d'énergie glacée m'irrite. Serrant les dents, je fais plonger le harney dans sa direction. Au lieu de s'écarter, l'idiote croise les bras et détourne le regard avec un cri apeuré. Cible de choix. Ma monture la percute dans ménagement, lui brisant une aile dans la foulée. Jetant un regard par-dessus mon épaule, je la vois choir aussi élégamment qu'une bouse sur le rocher. L'élan donné par la perdre d'altitude l'entraine sur l'anneau de ronces où sa tenue est prise, faisant naître des éclats sanguins sur le tissu. Je n'ai pas besoin de me préoccuper davantage d'elle. Le choc la laisse tremblante et apeurée, totalement inutile à présent. Et hors de question de poser le regard sur de la peau dénudée de femelle. Je n'ai nullement envie de salir mes yeux sombres.

( Et une de moins... Mais c'était un peu facile. )

Caressant le plumage de Lyïl, je m'assure que lui tient le coup. Il a une ou deux plumes ébouriffées, mais il n'a pas l'air de redouter le combat. Un son chanté lui échappe d'ailleurs quand je le tapote à la base du cou.

J'ai à peine fini de m'occuper de lui qu'un nouveau sifflement se produit. Une petite pierre manque de peu frapper ma main tenant la huppe bleutée. Tirant légèrement sur celle-ci, j'incite l'oiseau à voleter sur place. Rassemblant mon énergie combattive, je vise mon adversaire à fronde, décidé à lui causer une blessure importante. Trop pressé, je place mon projectile avec force, mais le constate mal ajusté. Il suffit à cette pimbêche d'être un minimum attentive pour se mettre hors d'atteinte. Tout en grimaçant, je pousse ma monture à reprendre son vol dans la clairière.

( Si tu crois que je vais te laisser me narguer comme ça... )

D'un geste mesuré malgré la haine qui m'habite, je charge ma sarbacane. Elle ne perd rien pour attendre cette laideronne !



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Le harney décrit une courbe rapide, qui me permet d'embrasser la clairière du regard. Le couple tremblant n'a pas quitté le sommet de la pierre, la magicienne s'extirpe misérablement de son matelas à épines, et la femelle à la fronde recharge. Un trio de goutte de sueur dévale ma colonne vertébrale quand je remarque soudain l'absence de leur chef. Je tourne la tête, me mettant à sa recherche. Elle n'est pas en-dessous de nous, ni à notre hauteur ou alors elle est allée se cacher derrière un tronc d'arbre, la lâche. Faisant ralentir ma monture, je canalise ma colère, l'amenant dans mon torse. Je vise l'assaillante à distance, bien décidé à lui loger une fléchette douloureuse dans son autre aile. La simple vision de sa silhouette me met hors de moi, faisant trembler mon avant-bras.

Le projectile part et fait mouche, mais ma haine ayant pris le dessus sur mes instincts, je peux clairement percevoir sa perte de puissance à mesure qu'il perce l'air. Même s'il a touché ma cible, cette dernière le retire d'un coup sec de sa protection de cuisse. Le regard moqueur qu'elle me lance et son expression réjouie ne font que m'irriter davantage. Alors que sa fronde tournoie, je la vois clairement arrêter son geste alors qu'elle aurait largement pu nous toucher.

Une ombre soudaine répond à ma question non formulée. D'instinct, sans prendre le temps de lever le nez, j'oblige le harney à plonger vers le sol. Lorsque la vitesse est suffisante, je lui indique de virer sur sa gauche tandis que je saute de son dos, plongeant vers la droite. Un sifflement et un mouvement vif m'apprennent que nous avons échappé de peu à la charge aérienne de la guerrière à lance. Sans ce ciel dégagé, j'aurais sans doute pris son assaut de plein fouet !

"Tch !"

Agrippant une fléchette sans prendre le luxe de la charger dans mon arme, je la lance droit vers la silhouette emplumée. La pointe érafle son bras droit, lui tirant un souffle douloureux mais pas son évidente volonté d'en découdre. Visiblement, la garce n'a pas l'intention de me faire de cadeaux. Sa fierté de laideronne n'a pas supporté mes insultes. Tant mieux ! Qu'elle se défende donc, cela me dégourdira les plumes !

Sentant que je ne le guide plus, mon oiseau sombre parcourt une bonne portion de la clairière avant de se poser sur une branche basse. Redressant mon buste, j'étends les ailes et charge ma sarbacane. J'ai à peine le temps de le faire qu'une pierre cogne. Fort heureusement, cette idiote a autant d'aptitudes à la visée qu'un ver de terre. Le projectile est arrêté par le long pan de mon pagne avant de me toucher. Toutefois, son geste est une diversion suffisante pour que la femelle avoisinant le double de ma taille m'approche. Cette fois, je n'ai pas le loisir de l'attaquer et m'efforce de prendre de la hauteur pour esquiver le croc acéré. La charogne me suit dans chacun de mes déplacements. La bonne chose c'est que sa proximité empêche sa suivante de me viser avec ses pierres. La mauvaise est que je n'ai pas d'opportunité pour prendre de la distance.

Serrant les dents, je cherche une solution.

( Je dois la frapper. Si je la blesse à cette courte distance, cela devrait la perturber. )

Accumulant mon énergie combattive dans mes bras, je tente de lui jeter une fléchette à la figure. Elle est trop près. Le projectile ne fait que la cogner en arrivant sur elle de façon latérale. Contournant un arbre, je tente de la semer. C'était sans compter ses complices restées dans la clairière, qui lui indiquent ma position à grand renfort de cris. Avisant de mes yeux sombres la forme écœurante de la combattante à distance, je change de trajectoire et décide de voler au-dessus d'elle. La pierre qu'elle parvient à lancer me heurte l'abdomen, à l'emplacement de la cicatrice, me faisant serrer les dents sur la sarbacane.

La garce ! Si j'avais encore le moindre égard envers cette horreur féminine, c'est bel et bien fini ! Rassemblant ma puissance martiale dans mon abdomen douloureux, je prends résolument le temps de viser, ignorant la guerrière qui me talonne. Imprimant toute ma volonté de lui causer la plus grande douleur possible, je souffle avec force dans mon arme. Cette fois-ci, je suis l'objet lancé du regard, la mâchoire crispée par la hargne. Guidée par ma rage, la pointe vient se ficher profondément dans le ventre de l'aldryde, la repoussant avec une telle violence qu'elle chute en direction du sol. Seul un brin de lucidité, ou un bref reste d'instinct de survie, lui fait battre deux fois des ailes avant qu'elle ne touche terre.

Un rictus mauvais étire mes lèvres quand je devine un filet de sang s'échapper de sa bouche. Je ne sais pas si elle s'est juste mordue ou si c'est l'effet de mon coup, mais j'en demeure satisfait. Dommage que je ne l'ai pas tuée sur le coup, mais au final, c'est tant mieux. Avec un peu de chance, je pourrai lui faire endurer autant de souffrances et d'humiliations que j'ai eu à en subir pendant ces treize années !

"Maudit ! Je vais te le faire payer !"

Peste soit de l'auto-satisfaction ! J'avais momentanément oublié ce poursuivant de belle taille. Plongeant de nouveau vers le sol, j'amène une nouvelle fléchette dans ma paume. Au moment où je me place de profil pour en faire usage, j'écarquille les yeux, pris de court par son assaut. La garce emplumée a justement choisi cet instant pour envoyer sa lance droit devant elle, ne la retenant que d'une main. Retirant de justesse mon membre de plumes de la trajectoire, et mésestimant son allonge, je sens la douleur du croc perforer ma longue manche de cuir et se planter dans le muscle de mon bras gauche. La sensation m'arrache un grondement animal. Un brin de peur se glisse en moi, mais il est chassé par mon énervement. Je me suis laissé surprendre ! Et par une imbécile d'aldryde ! L'un de ces êtres incapables de faire autre chose que de s'égosiller toute la journée et d'abandonner les leurs !

La honte mêlée à l'amertume me fait fermer l'autre main sur la hampe et tirer violemment le croc attaché de ma chair. Une gerbe sanguine accompagne le mouvement, arrêtée par le tissu de peau marron. Mon geste est si vif que la femelle manque de peu échapper son arme, et doit se laisser distancer pour la reprendre en main.

M'éloignant de quelques battements d'ailes, je fais volte-face. Mon sang tache la pièce de cuir et glisse le long de ma peau bleue jusqu'à mes doigts. Cette blessure aussi bien physique que dans mon égo m'agace encore davantage. Je fais le point aussi vite que possible. Je ne dois pas me laisser déconcentrer. La sensation froide persistant dans ma jambe commence à se dissiper, et l'engourdissement lié au choc de la pierre ronde aussi. Du coin de l’œil, j'aperçois justement la combattante à distance peiner pour se redresser. Cela me réjouit, mais l'affrontement est loin d'être terminé.

Après avoir ôté du revers de la main un éclat de salive de mes lèvres, et léché le petit filet de mon fluide vital, je bouge mon bras blessé. La douleur le vrille, faisant accélérer mon muscle cardiaque, mais je peux encore m'en servir. Résolument, je place une autre fléchette dans mon arme tandis que la guerrière me menace de nouveau de sa lance maculée de mon liquide sanguin. Je fronce les sourcils et retrousse les lèvres, appliquant mon poing fermé tenant l'arme contre la plaie sanguinolente. J'ai déjà éprouvé de l'aversion et de la colère envers une cible, mais là, elles atteignent un tel plafond qu'une froideur intense m'envahit.

J'ignore si c'est ma détermination qui se manifeste ou s'il s'agit d'un écho dans mes fluides sombres, mais une idée unique m'envahit. Je ne reculerai devant rien pour prendre leur vie ! Plantant mon regard bleu ténèbres dans les yeux teinte glace de la femelle, je lui jette à la figure une promesse que je compte bien tenir.

"Je vais te faire regretter ce geste, femelle."




Tentative d'apprentissage de la CCAJ "Tir du destin".

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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Dim 16 Mar 2014 23:51 
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Frappant l'air de mes membres de plumes, je cherche à réguler mon souffle. La haine m'habite, mais elle est si liée à ma rage que mes bras tremblent. Si je veux triompher de ces créatures insupportables, je dois me reprendre. Ôtant ma main armée de mon bras blessé, je plisse les yeux, souffle doucement par le nez, et tente de faire le point. En bas à ma gauche, le couple a fini par se décider à bouger pour porter secours à la magicienne à l'aile cassée. Je n'ai pas à me préoccuper d'eux. Le simple fait de croiser mon regard les fait hésiter à s'approcher d'elle. Ma priorité est donc de me débarrasser de la guerrière. Les femelles ont un instinct aussi peu noble que celui du mouton. Si je les prive de leur meneuse, je ne doute pas une seconde qu'elles vont se retrouver démunies et vulnérables.

Je pose un regard direct sur la femelle de grande taille, qui y répond par un cri se voulant guerrier, mais qui sonne comme un couinement de rongeur à mes spirales auditives. Je pousse un souffle contrarié quand elle accompagne ce son d'une charge dans ma direction, la lance en avant. Elle est rapide, et ses ailes sont plus puissantes que les miennes, lui permettant de franchir la distance qui nous sépare. Attentif, j'estime sa vitesse et donne un brutal coup d'aile qui me propulse vers le ciel. Mon coeur pulse avec vigueur, mais ma hargne se change peu à peu en dangereuse indifférence. Le coup évité, j'agrippe une fléchette que je lance dans son dos. Le projectile ne lui fait pas grand mal, égratignant à peine la base de son aile droite. Cependant, cela suffit à l'énerver un peu plus.

( Vas-y, perds le contrôle. Tu n'en seras que plus facile à abattre. )

Malgré mes pensées, je suis tout de même frustré et un brin inquiet. En dépit de l'élan de sa charge, la femelle reste trop près de moi pour que je fasse usage de ma sarbacane. Il me faut la prendre au dépourvu pour qu'elle ne puisse pas voir venir l'attaque. Projeter une fléchette à la main se voit, mon bras se levant et lui indiquant mes intentions. De même, amener mon arme à mes lèvres ne laisse pas de place au doute. Pourtant, je dois y parvenir.

Mon adversaire se retourne dans ma direction et émet un soudain sifflement de douleur. Ce n'est qu'en voyant la petite pierre ronde chuter derrière sa cuisse que je comprends. La créature à la fronde vient de faire ce qu'il est normal d'attendre d'une femelle : une erreur aussi stupide que prévisible. La soudaine douleur énerve davantage la grande mocheté qui me fait face. Cette dernière semble oublier toute notion de stratégie et décide de m'attaquer sans répit. Son premier coup de lance me rate complètement, me laissant assez de temps pour amener mon énergie combattive dans mon bras sans sarbacane. Serrant les dents, je lui envoie une fléchette qui, comme l'une des dernières, ne fait que la cogner de biais.

Je paie mon erreur quand, à l'attaque suivante, le croc que je pensais avoir esquivé infléchit sa course et vient se planter dans la partie à nu de ma cuisse droite. Je grimace sous la douleur, submergé par la crainte qu'elle ait touché un vaisseau sanguin important. Agrippant son arme, je tente de reculer dans les airs pour retirer la partie tranchante. Elle me suit, enfonçant un peu plus la dent de carnivore dans ma blessure. Malgré moi, un grondement de douleur m'échappe, entrainant l'apparition d'un rictus satisfait sur le faciès bleu. Cela suffit à ce que je me reprenne. Tout comme lorsque j'ai ôté ce même croc de mon bras, la force que j'y mets surprend cette laideronne quand je retire l'intrus de ma chair. Plaquant ma main libre sur la plaie tout en reculant vivement, je m'efforce de rester face à face avec mon ennemie. L'avoir dans mon champ de vision me dégoûte, mais je n'ai pas le choix.

( Lui tourner le dos mettrait mes ailes à sa portée. Sans elles, je serais à sa merci. )

L'idée même me révulse. Malgré la douleur et le nouveau filet sanguin qui glisse sur ma peau, je reste concentré. La vue de ma blessure m'irrite et m'apeure, mais la faible quantité de sang qui en émerge me rassure un brin. Je ne risque pas de me vider de mon fluide vital à cause de ce coup. Volant à reculons, et m'efforçant d'oublier la douleur sourde qui irradie dans ma cuisse, je prends à contrepied la femelle lors de son estoc suivant. Je plonge en vrille sur ma gauche, bien décidé à rester dans la clairière. Les arbres proches pourraient me fournir une cachette le temps que j'élabore un plan d'action, mais seraient un obstacle de plus pour mes projectiles. D'ailleurs, la restriction de mon champ de vision serait un avantage certain pour elle.

Mon sang cogne dans mes tempes, masquant une bonne partie des bruits environnants. Je ne distingue qu'à peine les encouragements des aldrydes blessées et leurs mots sans intérêts, traduisant leur désir que je me rende avant d'empirer les choses.

( Piallez toujours, mochetés. )

Un mince sourire prend place sur mes lèvres tandis que je me retourne vivement, canalisant mon énergie martiale pour envoyer une nouvelle munition à ma poursuivante. Plus précise, sa pointe vient se ficher presque à l'horizontale dans le dos de sa main directrice. J'en plisse les yeux. Elle n'a qu'à peine tressailli en la retirant, mais je devine sa prise moins ferme. J'ai du réussir à toucher une partie motrice de sa sale paluche, ce qui ne l'empêche pas de garder sa lance prête. C'est mieux, mais pas suffisant. Je dois pouvoir la clouer sur place pour pouvoir prendre de la distance. Je décide de changer de tactique. Je dois la manipuler. Lui faire croire qu'elle a pris le dessus, et la frapper au moment opportun !

Conscient du risque, je concentre mon instinct combattif dans mon abdomen, me préparant à utiliser ma sarbacane avec force, et tourne résolument le dos à la guerrière. Elle me suit alors que je monte dans les airs, atteignant bientôt la hauteur des cimes. Le ciel est dégagé, me faisant mal aux yeux. Un sourire mesquin se forme sur mes traits. Alors que la femelle m'a presque rejoint, je donne un violent coup de coude dans l'air, qui me fait tourner subitement sur le dos, amoindrissant l'ombre que je projette sur mon adversaire. Mon agilité accrue et la soudaine luminosité m'offrent une chance que je saisis. Mon énergie combattive accompagne le souffle puissant que j'émets dans mon arme. Trop proche, l'aldryde ne parvient pas à éviter mon attaque.

Reculant dans les airs, je me rends compte avec une satisfaction non dissimulée que cette dernière offensive a été plus qu'efficace. Guidée par ma volonté, la munition est venue se loger dans la poitrine de la femelle. Incrédule, celle-ci vole sur place, levant sa main gauche au niveau de son torse. Elle grimace, tousse des gouttes écarlates, et respire visiblement mal. Tout en rechargeant ma sarbacane en augmentant ma distance de sécurité, j'évalue froidement la situation. La force que j'ai mis dans ma fléchette a été suffisante pour lui enfoncer une côte ou même la briser, et le fait que la pointe reste fichée aussi profondément dans sa chair m'incite à penser que j'ai grandement meurtri son poumon.

Une nouvelle fois, comme lorsque j'ai voulu blesser l'aldryde à la fronde, je rassemble ma force martiale. Le regard que m'adresse mon adversaire est rempli d'incrédulité. Elle tousse encore, comme si elle avait voulu me parler. Je la scrute, observant ce visage et ces ailes que mon imbécile de camarade aldron avait admiré par le passé. Je crache dans sa direction, sentant mon coeur battre avec force dans mon torse. Face à moi, l'imbécile retire sauvagement le projectile, agrandissant sa blessure et émettant un son entre gargouillis et hurlement. Dans un dernier sursaut d'orgueil, je la vois préparer sa lance et se ruer une nouvelle fois dans ma direction.

Calme et déterminé, je n'ai qu'à m'élever rapidement dans l'air pour éviter son assaut. Au moment où elle passe sous ma position, je relâche toute mon énergie dans un puissant tir, suivant du regard la pointe acérée. Je ressens un lent frisson secouer mon être alors que je constate les effets de mon coup. Mu par ma volonté, le bolide semble renforcé. À ma grande surprise, il frappe non seulement ma cible dans le dos, juste à côté de ses vertèbres lombaires, mais il la transperce de part en part. La lance glisse des doigts de la femelle, les mains de celle-ci cherchant vainement à contenir le flot sanguin jaillissant aussi bien de son torse que de son ventre.

Mon regard sombre reste rivé à cette silhouette planant dans les airs plus que n'y volant. J'ignore ce qui peut passer par cette cervelle moisie de femelle, mais elle cherche à se rapprocher du rocher et de ses semblables. Sans la quitter des yeux, je me laisse descendre dans les airs et commence à perdre de l'altitude. Mes pensées s'unissent en un seul commentaire.

( Crève. )

Le temps semble soudain ralentir alors que je vois ses ailes perdre toute vigueur. Le volatile féminin chute tête la première en direction du sommet du monolithe. Un son horrible se produit tandis que le crâne de la guerrière se fracasse contre la pierre. Le reste de son corps suit, et le liquide carmin qu'il contient glisse lentement sur la paroi minérale. Un hurlement strident fait écho dans la clairière, mais j'ignore de laquelle de ces créatures il provient. Une grande satisfaction se niche dans ma poitrine. Cela y est ! J'ai enfin contribué au trépas de l'une de ces créatures honnies ! L'excitation et la sensation d'accomplissement que je ressens sont telles qu'un sourire radieux se peint sur mes traits. La dernière fois que je me suis senti aussi bien, c'est lorsque j'ai abattu ce vil volatile entre serpent et poulet. Toutefois, la vue de ce corps brisé au sommet du rocher ne me satisfait qu'en partie, ramenant une expression méprisante sur mes traits.

( Tu l'as cherché. Dommage que cela ait été si rapide. J'aurais du m'appliquer à te faire souffrir jusqu'à ce que t'en chiale... Il faudra que je fasse des efforts la prochaine fois. )

À cette pensée, je braque mon regard sombre sur les emplumés restant. Je les laisse momentanément de côté, préoccupé par l'état de ma monture. Le harney n'a pas bougé de sa branche basse, chose qui me permet de le rejoindre rapidement. Lyïl garde un oeil rivé vers les membres de ma race qui se regroupent sur la partie plate du rocher, juste devant l'anneau de ronces. Ils sont encore assez nombreux pour me poser des problèmes, mais la perte de la guerrière les a apparemment affecté. En tous cas, c'est une évidence en ce qui concerne la future adulte. Agenouillée, elle tremble de tout son corps, scrutant un mince filet sanguin dévalant le minéral. Le mâle à ses côtés semble tout aussi tétanisé, mais il a au moins le mérite d'orienter son masque dans ma direction.

La douleur parcourant mon membre inférieur me rappelle à ma blessure. D'un geste mesuré, je me saisis de ma petite gourde magique, et vide d'un trait la portion de liquide curatif qu'elle contient. Je plisse le regard, constatant que même s'il m'a soulagé, ce soin n'est pas suffisant pour refermer toutes mes plaies.

Enfourchant ma monture, je la rapproche des êtres qui me fixent avec haine ou crainte. Malgré le coup dur que je viens de porter à ce petit groupe, quelque chose me dit que je n'en ai pas encore fini.

Et cette perspective m'enchante grandement.




- Tentative d'apprentissage de la CCAJ d'Eradicateur "Mauvaise surprise"
- Utilisation de ma petite potion de soin

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MessagePosté: Lun 24 Mar 2014 13:21 
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Lentement, j'amène Lyïl à voler d'un côté du plateau rocheux, content de voir que les aldrydes se rassemblent instinctivement à l'opposé de ma position. La femelle à la fronde se tient toujours l'abdomen, et la couleur sanguine que j'aperçois me conforte sur mes capacités. À sa droite, la magicienne à l'aile cassée affiche des griffures notables sur toutes ses parcelles de peau à nu. Dommage qu'elles ne soient pas plus profondes, cela lui aurait laissé de belles cicatrices. Enfin, si elle reste en vie assez longtemps pour guérir, bien entendu. Pour ma part, je n'ai pas l'intention de lui laisser longuement ce privilège.

Mes yeux sombres glissent vers la silhouette du mâle masqué, qui entraine avec lui la future adulte en tenue florale. Il semble vouloir l'éloigner de moi, comme pour la protéger.

( Vouloir sauver la vie de ses geôliers... Tu as perdu l'esprit, mâle... )

Je guide ma monture, la faisant se poser sur le minéral plat. Je prends garde à ne pas trop le rapprocher de cette étrange couronne de ronces, peu enclin à laisser le harney se blesser. Pendant un bref instant, je regarde l'une des plumes de la guerrière qui choit mollement dans l'air. Je redirige brutalement mon regard vers les emplumés présents, amusé de les voir sursauter à mon geste. Je ne sais pas encore ce que je vais faire d'eux, mais la flamme combattive allumée par la meneuse est loin d'être éteinte.

Face à moi, une voix féminine chargée d'un mélange de peur et de colère me demande les raisons de mes actes. Ignorant d'abord sa remarque, je vérifie la présence d'une fléchette dans ma sarbacane, l'en extirpe, l'examine pour m'assurer qu'elle filera correctement dans l'air, puis l'enfonce dans le tube d'un coup sec. J'accompagne ce geste d'un commentaire à la tonalité glaciale.

"Devine."

Alors que je reporte mon attention sur le petit groupe, la future adulte émet un cri apeuré et décolle du rocher. Elle se rue dans la clairière sur ma gauche, cherchant visiblement à fuir. Levant mon arme, je prends le temps de la viser, tout en rassemblant mon énergie combattive. Elle jette un regard par-dessus son épaule tandis que j'aperçois du coin de l'oeil la femelle à la fronde préparer un tir. Soudain, la fuyarde fait volte-face, et tend les mains de part et d'autre d'elle. Aussi brutal qu'inattendu, un puissant souffle de vent balaye tout ce qui se trouve autour de sa forme.

( Encore une garce magique ! )

J'ai à peine le temps d'y songer que ma monture, les autres aldrydes et moi sommes propulsés sur le côté. Je me retrouve désarçonné, apeuré par cette soudaine perte de contrôle. Mon coeur manque un battement quand je perçois l'inévitable se produire. Lyïl émet un chant de douleur au moment où tous les présents percutent l'anneau de ronces à ma droite. Les chairs s'enfoncent dans les pointes acérées alors que les rafales nous renversent dessus. Je serre les dents sous la sensation, percevant les multiples aiguilles percer le cuir de ma manche, de ma botte haute, érafler mon plastron et surtout égratigner mon aile. De longues secondes s'écoulent avant que le souffle magique ne s'apaise.

Je braque immédiatement mon regard sombre vers la femelle, mais celle-ci semble avoir profité de la confusion pour filer en douce. La douleur parcourt mon corps, mais mes protections semblent avoir atténué l'impact. Après m'être surpris de mon réflexe d'avoir gardé mon arme en main, je me défais de ce matelas inconfortable, pour voir mon harney faire de même. Ses plumes noires sont ébouriffées, et une trace sanguine glisse le long de sa joue. Fort heureusement, les ronces ne semblent pas l'avoir blessé outre mesure. L'oiseau secoue vivement sa tête huppée et agite les ailes. Mis à part un brin de peur, je ne pense pas qu'il en ressorte davantage atteint. Cet animal est plus résistant que je ne l'aurais cru.

Ce n'est pas vraiment le cas des aldrydes. L'attaquante à la fronde a été plaquée de toute sa taille contre les épines, et sa consœur magicienne semble avoir été projetée sur elle. Tandis que je vole d'un bond auprès de ma monture, tout en cherchant à reprendre mon calme et oublier les sensations pénibles, je comprends ne plus avoir besoin de me préoccuper de l'archère. Son corps est littéralement empalé. Ses ailes ont beau être agitées de soubresauts, lorsque son bras ensanglanté cherche à agripper la pointe qui lui transperce la gorge, je sais que sa fin est proche. La magicienne est quasiment indemne, mais elle regarde sa comparse en chouinant comme une larve. Je ne comprends pas pourquoi elle lui secoue les épaules. Ce n'est pas cela qui va empêcher son cœur de se vider par la gorge... Seul le mâle fait preuve d'un peu de dignité. Il semble avoir eu le temps de se placer de profil pour éviter le pire. Il n'est pas indemne pour autant. Une épine a arraché son masque, faisant couler un filet de fluide vital depuis sa pommette.

( Par mes plumes ! Il faut vraiment s'attendre à tout avec ces horreurs vivantes. )

J'ai à peine fini d'y songer que la manipulatrice de glace tourne vers moi son visage enlaidit par les larmes. Quoique. Une femelle qui pleure parce qu'elle souffre est tout de même bien plus supportable à avoir dans son champ de vision qu'une imbécile rigolarde. Lentement, elle lève les mains en l'air et je peux sentir d'ici une baisse de la température. Je recule vers ma monture, attentif à ce qu'elle fait. Ce n'est qu'en constatant l'assombrissement des lieux que je me rends compte qu'elle a préparé un sort contre lequel je ne peux rien faire. Le mâle aux cheveux sombres se replie sur lui-même, comme sachant ce qui se prépare.

Je n'ai pas le temps de tenter quoi que ce soit qu'une soudaine pluie tombe sur nous. Quand l'une de ces gouttes explose à mes pieds, mon souffle se fait plus court.

( Pas de l'eau ! De la glace ! )

D'un coup, plusieurs boules glacées se mettent à choir, heurtant les lieux et les présents. Le rythme de chute s'accroit au point qu'il m'est impossible de tout éviter. Mon casque dévie un projectile qui parvient à m'étourdir, mais je n'ai rien pour protéger mes ailes. Celle que je ne réussis pas à replier à temps est prise pour cible. Dans un craquement que j'aurais espéré ne jamais entendre, au moins un os de mon aile gauche cède sous le choc. Malgré moi, un son de douleur m'échappe, suivi par des grondements alors que d'autres projectiles de diverses tailles cognent les lieux. Derrière moi, Lyïl étend ses propres membres de plumes, me protégeant sans doute malgré lui de quelques boules glacées.

Alors que la tempête s'achève, de plus gros grêlons chutent. C'est avec incrédulité que je perçois le choc entre le bout de glace et la tête de l'oiseau sombre. Mon harney se secoue un instant et titube. Deux autres balles de glace chutent dans son dos, le renversant sur le plateau. Son aile manque de peu s'abattre sur moi. En une fraction de seconde, je revoie tout ce que j'ai traversé avec lui. La peur de le perdre me saisit au torse, rendant mon souffle court et mes membres valides tremblants.

"Lyïl !"

Je me jette à ses côtés, laissant tomber ma sarbacane entre nous et grimaçant sous la douleur de mon aile blessée. Décontenancé, je le regarde sans savoir quoi faire. Je ne sais que me battre, pas soigner. Impuissant, je ne peux que caresser son plumage et palper maladroitement l'emplacement du choc. Est-ce que son crâne a toujours eu cette forme-là ? Il vient bien de respirer, non ? Est-ce que je peux utiliser une potion ? Mais un harney ne peut pas penser à boire le bon liquide... En dépit de la douleur qui me vrille, je penche ma spirale auditive au-dessus de son bec, cherchant à entendre son souffle. Gêné par mon casque, je l'ôte en toute hâte et me penche une nouvelle fois. Je crois percevoir une respiration rapide, mais est-ce la sienne ou la mienne ?

Perdu, je tourne mon regard vers les aldrydes encore en vie. La vue de la magicienne de glace, étrangement indemne malgré les retombées froides, m'emplit d'une colère glaciale. Mon souffle est trop chaotique pour que j'emploie mon arme, et cet imbécile de mâle décide en prime de se rapprocher d'elle. Si je pouvais la tuer, même à distance... Ma haine semble réanimer la force sombre qui patiente en moi. Je songe bientôt à cette magie noire que j'ai récemment absorbé et surtout à ce dont j'ai été témoin dans l'auberge. Une étrange main venue agripper le cou de l'humain.

Agenouillé auprès de mon oiseau, je commence à rassembler et faire circuler en moi l'énergie sombre. Peut-être parce que je ne bouge pas, le duo d'idiots s'enquiert de l'état de l'autre. La femelle pleure encore, essuyant son nez sans la moindre élégance. Tout en caressant le cou de mon volatile d'une main, je tente de rassembler ma magie dans l'autre. La chose n'est pas facile, déconcentré que je suis par les voix proches et l'absence de réaction de ma monture.

( Je vais lui faire regretter de t'avoir blessé. Tu vas voir Lyïl... )

Je plisse les yeux, cherchant à visualiser l'énergie sans lumière en moi. Lentement, je la fais passer de la base de mes ailes à mon bras. Sa progression dans mon corps me procure une sensation glacée, mais pas celle liée à une chute de température. Non. Il s'agit là du froid du trépas. Fixant ma main, je parviens à faire danser de petites volutes sur ma peau bleutée. Motivé par cette nouvelle avancée, je jette un regard à mes adversaires. Maintenant que j'y fais attention, le visage du mâle a un aspect presque familier. J'en aurais presque perdu le fil de ce que je faisais si ma main caressant le plumage de ma monture ne s'était pas retrouvée poisseuse de son sang.

Ma mâchoire se crispe. Main tendue vers moi, je vois s'approcher la magicienne. Elle a l'air indécise quant à mon sort. Je lis de la colère dans son attitude, et les particules d'un blanc bleuté qui vibrent entre ses doigts ont un aspect menaçant. Orientant ma propre paume dans sa direction, j'essaie de faire apparaitre cette main noire mais seul un léger nuage brumeux répond à mon appel. Frustré, je recommence à manier ma magie.

( Oh non, magie sombre. Hors de question que tu me joues un sale tour maintenant. )

Je l'amène de nouveau dans ma paume et cette fois-ci, j'ajoute un geste en direction de la femelle. Je crois voir une vibration perturber l'atmosphère ambiante, mais rien ne vient altérer la posture de la magicienne. En revanche, mon geste l'a apeuré, et elle réplique en projetant dans ma direction un courant glacé. Ma peau se hérisse tandis qu'un engourdissement certain s'insinue sous mon épiderme. Mes spirales auditives perçoivent des sons de sa part. Ses mots sans valeur, entrecoupés de reniflements et de larmes, m'apprennent qu'elle veut me ramener auprès d'une akrilla. Elle estime cette vieille peau seule apte à juger quoi faire de moi.

Une akrilla... Jugé par un troupeau de femelles plus imbéciles que leurs pieds. Vu que j'ai tué l'une de leurs guerrières, ai contribué au trépas et blessures d'autres aldrydes, leur verdict est connu d'avance. Au mieux, elles me tueront. Au pire, elles m'asserviront. Elles feront de moi un reproducteur ou me garderont enfermé pour être sûres que ne je leur nuise plus.

À cette perspective, ma rage de vivre reprend le dessus. La présence de ma monture étendue à mes côtés renforce mes sentiments. Oubliés la peur et la douleur. Seule la volonté de faire taire cette créature se manifeste. Plantant mon regard dans son être aussi sauvagement que si cela avait été une dague, je rassemble mon énergie noire. Elle est mon instrument. Le froid me paralysant en partie le corps, mon esprit n'en est paradoxalement que plus vif.

"Boucle-la."

Mon muscle cardiaque pulse avec lenteur tandis que je canalise ma volonté de la tuer. Dans l'air se forme alors un nuage noir, prenant naissance dans ma main. Modelant cette énergie, je la lance droit vers la gorge à découvert de la femelle. Peu précis au premier abord, j'imagine la sensation de serrer sous mes propres doigts ce cou à l'aspect fragile et sa peau chaude se refroidir sous le toucher noir. Comme si mon bras s'était allongé, je perçois la poigne se renforcer. L'aldryde tente d'agripper le nuage puis sa gorge. D'autres larmes se forment, dévalant son visage qui affiche une peur presque paralysante. Bouche entrouverte, elle agite un bras et l'aile valide, ne parvenant visiblement plus à respirer.

Quand la douleur de mon membre de plumes me fait perdre ma concentration, cette imbécile tombe sur sa sale face au sol, sans connaissance. Parfait. Qu'elle reste là, à s'étouffer et crever comme la charogne qu'elle est !
Lentement, je reprends ma sarbacane en main, lissant toujours le plumage de ma monture. Est-ce un frémissement que j'ai perçu ? Lyïl respire si j'en crois le peu d'air que je sens glisser de son bec, et le soulèvement de son thorax.

Un bref son sur ma gauche me ramène à la silhouette du mâle, visiblement tombé sur son postérieur. Malgré moi, je lui lance un regard empli de pitié. À part quelques éraflures, il n'a pas l'air de souffrir de grand-chose comparé à moi. Et pourtant, c'est lui qui tremble le plus.

Minable.




Tentative d'apprentissage du sort d'obscurité "Main sombre"

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Quelques gouttes de mon sang glissent sur ma peau, venant tacher ma sarbacane, tandis que je reporte mon attention sur mon harney. Il lui faut de longues secondes pour enfin ouvrir les yeux, et basculer péniblement sur ses pattes. Malgré le soulagement que j'ai à le voir reprendre connaissance, la matière poisseuse qui glisse sur son plumage n'a rien de rassurant. L'un des grêlons tombés sur son dos a sans doute éclaté et planté des parcelles glacées dans sa chair. Je ne vais sans doute pas pouvoir le monter avant un moment. La douleur de mon aile me fait cruellement savoir que, même si l'affrontement a touché à son terme, ma situation n'est guère brillante. Je me retrouve sur un rocher, en pleine clairière, et entouré de cadavres qui vont certainement attirer des charognards. Il nous faut rapidement quitter les lieux... Mais pour partir dans quelle direction ?

Lentement, j'accompagne le mouvement de Lyïl, qui se redresse enfin. Ses pattes tremblent, et je redoute de le voir s'étendre de nouveau.

"Ca va aller. Tu es plus costaud que tu n'en as l'air."

Alors que je le caresse et l'encourage, cherchant ainsi à duper mes propres sens sur mon état, la voix du mâle s'élève.

"L..."

Un regard m'apprend qu'il n'a toujours pas bougé. Enfin si. Maintenant, il me pointe de l'index ou plus précisément, il désigne ma spirale auditive ornée du bijou aldryde.

"Lyuündil ?"

Entendre ce mot me fige une fraction de seconde, puis me fait poignarder du regard l'insolent qui ose utiliser un nom que j'ai renié. Délaissant mon harney après l'avoir tapoté, j'avance résolument vers le mâle, marchant sans pitié sur l'aile de la magicienne étendue. Apeuré, ce dernier recule au sol, mais pas assez vite pour me distancer. Sans le moindre ménagement, j'agrippe sa longue tignasse brune et l'écarte de son visage. Il n'a pas les joues rondes des femelles, et son teint de peau grisé a perdu l'éclat que la mienne a toujours. Son visage assez long et ses pommettes saillantes lui donnent un air âgé et épuisé, tout comme les cernes d'un bleu noirâtre sculptées sous ses yeux. Pourtant, il y a en lui quelque chose de familier.

Camouflant tant bien que mal ses tremblements, l'aldryde reprend la parole.

"Ce... C'est moi ? Tu sais ? Qui t'ai offert ce bijou."

Je fronce les sourcils et mets un genou à terre, sans lâcher sa chevelure sombre. La blessure de ma cuisse se réveille, me faisant grimacer. Mais plus que cela, c'est un début d'angoisse qui m'étreint. Scrutant le visage pâlissant de cet être, je tente de l'imaginer plus jeune, avec une belle chevelure blonde et des yeux d'un bleuté de nuit de pleine lune. Il a perdu son éclat, mais ce regard...

Je le lâche d'un coup, écarquillant les yeux.

"Hyjuud ?"

Incrédule, j'observe l'aldryde se frotter un peu la tête et acquiescer, tout en me lançant un regard inquiet. Je plaque ma main contre mon visage, cherchant à contenir mes souvenirs. En vain. J'ai devant moi le premier aldron pour lequel mon cœur a battu et à travers qui j'ai compris que jamais je ne pourrais me plier aux règles des femelles. Passant en travers de mon torse, ma main libre vient effleurer la parure qu'il m'a offert bien des années auparavant. À l'époque, c'était un fringuant jeune mâle, extraverti et secourable. Je l'admirais et l'aimais... Jusqu'à ce qu'il se mette à s'intéresser à ces emplumées croassantes. À sa façon, lui aussi m'a abandonné.

Aujourd'hui, c'est une loque à peine plus large que moi que je vois. Pourtant, contre toute attente, l'ancienne chaleur que j'éprouvais à son égard revient se nicher dans mon torse. Je sais que c'est une faiblesse, que les années ont passé, et que je devrais avoir oublié ces sentiments. Pourtant, c'est un fait que j'ai du mal à accepter.

Au fond de moi, je suis encore attaché à cet être.

Le constat me déstabilise, en particulier quand Hyjuud met timidement la main sur mon épaule. Il la lève ensuite, venant froisser l'une de mes mèches blondes. Je ne le quitte pas du regard, le laissant me redécouvrir. L'année où il m'a été volé par les femelles est la même que celle où j'ai été arraché à la colonie. Cela fait donc plus de treize ans que je ne l'ai pas vu. Je vacille intérieurement. Hyjuud finit par lentement m'attirer dans une accolade aux parfums d'antan. Physiquement il n'est plus le même, mais son odeur n'a pas changé. Mes yeux me piquent douloureusement, mais aucune larme ne m'échappe alors que je lui rends son étreinte. Dans mes bras, il cesse de trembler, comme si lui aussi s'était souvenu de notre passé commun. La seule différence est que lui n'est pas attiré par moi... Pas de cette façon.

Alors que je suis sur le point de me laisser aller, Hyjuud me repousse. Je devine immédiatement pourquoi. Son regard s'est posé sur le corps de la manieuse de glace, lui rappelant sans doute ce que je viens d'accomplir dans cette clairière.

"Tu... Tu n'es plus le même qu'autrefois."

Maintenant qu'il sait qui je suis, Hyjuud me rend mon regard avec force. Il se relève et tapote sa tenue, sans me quitter des yeux. Sa voix semble reprendre un brin d'assurance et se teinte même de méfiance.

"Pourquoi as-tu fait cela ?"

Debout à mon tour, je range ma sarbacane dans ma manche.

"Quelle importance ? Tu es libre maintenant."

"Libre ?"

Celui par qui je suis attiré observe les corps des femelles et se remet à trembler. Il s'écarte même vigoureusement quand je tends la main dans sa direction. Maintenant qu'il réalise, je devine un brin de panique s'installer dans sa voix.

"Tu les as tuées ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ?"

Je hausse un sourcil, sentant mon torse se serrer. Notre discussion part sur une voie que je veux éviter, mais j'ai le sentiment de devoir rester honnête envers lui.

"C'était elles ou moi. Hors de question de finir de nouveau entre leurs griffes."

"Il faut vite rentrer. Si on se présente et que tu t'expliques, on sera peut-être pardonnés."

Malgré moi, mes yeux se plissent. Qu'est-ce qu'il ne comprend pas dans le concept d'"être libre" ? Pourquoi aller rendre des comptes à ces monstres féminins ? C'est à croire qu'il ne m'a pas écouté.

"Tu es devenu sourd ? Je t'ai dit que tu n'avais plus rien à voir avec elles. Tu peux vivre comme bon te semble. Faire ce que tu veux. Partir loin d'ici."

Je tends la main dans sa direction, l'invitant se rapprocher.

"Avec moi."

Là, l'aldryde me gratifie d'un regard chargé d'incompréhension. Il lève les mains, les agitant confusément.

"Tu es fou. Je ne sais pas ce qui s'est passé pendant mon sommeil, mais quelque chose ne va pas chez toi ! Tu sais bien que seule la colonie peut nous protéger ! Ne sois pas stupide ! Si tu rentres avec moi, je suis sûr que tu deviendras vite un reproducteur apprécié ! Elles te pardonneront et tu pourras voler avec elles souvent, tu verras !"

Borné. Bouché. J'ai du mal à ne pas lui coller ces qualificatifs dans la figure. Le pire dans tout cela est qu'il n'a donc jamais compris qu'il est le seul être à m'avoir intéressé de la sorte. Quoique... Un certain shaakt n'a pas été loin de faire naître ce même attachement, mais ce n'est pas le moment de penser à lui. La peine que je ressens se teinte de frustration.

J'étends soudainement mon bras valide sur le côté, faisant sursauter mon ami d'enfance.

"Mais qu'est-ce que tu es lent à comprendre ! Je ne veux pas rentrer ! Il n'y a rien là-bas pour moi. Je suis enfin libre ! Sans gardien pour m'étouffer ! Sans devoir imbécile à accomplir jusqu'à l'épuisement ! Propose-moi toutes les femelles de Yuimen, je ne leur accorderai même pas un regard ! Même si j'étais le dernier mâle en vie, jamais je n'en toucherais une seule !"

Hyjuud se tait, me fixant comme si j'avais émis le plus gros blasphème de l'histoire aldryde. Devant son air confus, je décide de ne plus perdre mon temps en paroles. Faisant fi de la douleur parcourant mon bras blessé, je lève les mains, agrippe sa chevelure sombre et l'oblige à baisser la tête. Sans lui laisser la moindre opportunité de réagir, je plante mes lèvres sur les siennes. Elles sont un peu sèches, mais la chaleur qui les parcourt me frappe de plein fouet. J'ai des sentiments uniques et perturbants quand je pense à Hyjuud, au point d'agir bizarrement. Si seulement cet idiot pouvait enfin comprendre ce que je tente d'exprimer...

Seuls quelques chants d'oiseau résonnent dans les environs tandis que je profite de ce contact audacieux. Les mains de l'aldryde se posent bientôt sur mes épaules, mais au lieu de me rapprocher de lui, Hyjuud rassemble ses forces et me repousse avec violence. La surprise est telle que je dois bien faire trois pas en arrière pour ne pas chuter. Quand je le regarde, il se frotte vigoureusement la bouche et va même jusqu'à cracher par terre. Son geste me transperce la poitrine, me faisant manquer de souffle.

"D... Dégénéré ! Mo... Monstre ! Tu tues nos sœurs, et tu cherches à... À..."

"Hyj..."

"Je t'interdis de prononcer mon nom ! Assassin ! Traître ! Tu... Tu..."

Son regard se pose sur les plumes et le sang des femelles. Alors, après avoir rassemblé son courage, cet être tremblant me regarde froidement. Lorsqu'il rouvre la bouche, c'est pour briser chaque fibre de mon cœur en une simple poignée de mots.

"Tu me dégoûtes."

Mes yeux s'écarquillent et je demeure tétanisé, blessé jusqu'au plus profond de mon être. La peine qui me vrille le torse me fait poser la main libre sur mon plastron. Ses yeux canalisent ses sentiments. Il dit la vérité. C'est ce qu'il pense de moi... En cet instant, je retrouve l'image de l'aldryde que j'admirais par le passé, et elle ne vient que pour me blesser davantage. Lorsqu'il déploie ses ailes et quitte le rocher, je n'ai même pas la force morale de le retenir. Ses paroles résonnent en moi et me peinent comme si j'avais dans le cœur une pelote d'aiguilles qui s'enfonçait un peu plus dans ma chair à chaque battement.

Debout, quelque peu hagard, je m'aperçois que ma vue se brouille pour la première fois en plus de dix ans. J'observe un peu ma paume avant de la ramener sur mes yeux.

"Aouch... Haha... Quel imbécile."

Le faible sourire que j'ai se change en grimace alors que des perles salées s'échappent de mes paupières. Un imbécile certes... Mais qui ? Lui ou moi ? Mon corps blessé me fait souffrir, mais ce que je ressens est pire encore. Peste soit des sentiments, de l'affection et de l'amour. Que celui qui les a inventé crève atrocement une dizaine de fois et soit maudit.

Ces choses-là n'apportent que des ennuis...



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Dernière édition par Nessandro le Sam 24 Mai 2014 14:48, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Forêt du Nord Kendran
MessagePosté: Dim 6 Avr 2014 22:37 
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J'ai mal. C'est tout ce que mon esprit embrumé par le chagrin et la peine parvient à distinguer nettement. Physique et morale, cette douleur attaque chaque parcelle de mon être et se déverse en continu par mes yeux sombres. Ma respiration est saccadée, et j'ai beau chercher à m'injurier pour cet écart de conduite, cela ne fait que raviver l'horrible sensation. Mes pensées sont tournées vers Hyjuud et ses paroles froides comme une lame métallique. Jamais je n'aurais pensé être blessé à ce point. Mon visage est souillé par une cascade de liquides, et le passage de mon poignet valide n'arrive qu'à peine à endiguer le flux. Je me sens sale et fragile. Mon corps a du mal à répondre à mes directives, comme cloué sur place. Sans ma fierté restante, je suis certain que je serais tombé à genoux.

Ce n'est que lorsque je distingue vaguement le plumage de ma monture se rapprocher que je commence à me reprendre. Je renifle et soutiens le regard du harney.

( Il... Il faut bouger. Si on reste, Lyïl sera en danger. )

J'inspire lentement par la bouche, levant le nez vers le ciel parsemé de nuages gris. Je me sens fatigué, mais étrangement délivré d'un poids. Mes pensées sont confuses, mais je n'ai pas le temps de m'en occuper pour le moment. Je me tourne vers mon compagnon à plumes, lui tapote gentiment la base du cou du plat de la main et me dirige vers mon casque. Mon aile brisée traine sur le rocher, renouvelant la douleur.

Alors que je m'apprête à attraper mon bien, j'entends une voix masculine au timbre concerné.

"Ca, c'est ce qui s'appelle un gros chagrin."

Immédiatement, je tourne la tête, cherchant à déterminer la provenance de la voix. À part des sons de volatiles, je ne perçois rien de précis. Silencieux, je me retourne vers Lyïl, gêné par une petite brise qui renvoie mes mèches sèches dans ma figure. Soudain, le harney braque son regard sur moi.

( Non... Il regarde... )

Quand la brise est stoppée, je devine sur ma droite une forme qui n'y était pas auparavant. Mesurant une quarantaine de centimètres de haut, je peux voir une silhouette humanoïde familière. Un bonnet vert marqué d'un symbole qui a l'air de représenter un enchevêtrement de branches sur une tête à tignasse roussâtre, une tunique marron ressemblant à des fibres de plantes tissées, une cape verdâtre de la même facture et des bottes relevées à leur extrémité. Les oreilles et le nez en pointe ne laissent pas beaucoup de doutes non plus. C'est un lutin.

Un bâton faisant ma taille en main, l'arrivant me regarde de haut sans afficher d'air supérieur pour autant. D'un geste souple, il ramasse mon casque tandis que je porte instinctivement la main à ma manche. Ma dernière rencontre avec un représentant de cette espèce n'a pas été très positive. Le traître m'avait tout de même lancé dans les pattes de l'hybride de serpent et de coq avant de prendre la fuite.

Malgré ma faiblesse actuelle, je fais au mieux pour me préparer à un combat difficile. Le lutin me regarde et plisse les yeux. Il tend ensuite la main dans ma direction, geste qui m'incite à reculer d'un pas.

"Du calme mon ami. Je veux juste te rendre ton bien."

J'aperçois effectivement le métal dans sa paume, mais ne bouge pas pour autant. Face à ma réticence, le lutin sourit.

"Crois-moi. Si je te voulais du tort, je ne me serais pas montré aussi vite. J'ai vu ce que tu sais faire avec ta sarbacane."

Le mal-être causé par le rejet d'Hyjuud est momentanément refoulé tandis que la suspicion me gagne. Mon interlocuteur tend de nouveau la main, mettant mon casque à portée. Mon bras valide s'en empare d'un geste vif et je m'en pare dans le même temps.

"Je ne suis pas ton ami."

Je tousse un peu, embarrassé d'entendre ma voix enrouée par mes pleurs récents. Ma fierté est blessée quand je réalise qu'il m'a vu dans cet état. J'ai honte et un brin de colère revient en moi. Pourtant, je ne peux que constater mon impuissance à donner corps à ma volonté. Je suis fatigué et même le fait d'attraper mon arme me demande des ressources importantes.

Un sourire se dessine sur la face infantile du grand bonhomme.

"Pas encore. Mais bientôt, peut-être."

Je ne sais pas ce qu'il me veut, et je n'en ai cure. Le bruissement proche dans les fourrés jouxtant la clairière me ramène à ma situation. Lyïl et moi ne sommes pas en état de voler, et le soir ne va pas tarder à tomber.

Tandis que je recule vers ma monture, le lutin secoue doucement la tête.

"Bon, suffit les politesses. La forêt est dangereuse la nuit, surtout pour des blessés. Viens avec moi, je vais m'occuper de vous. Je suis un peu médecin."

Encore plus suspect. Retroussant légèrement la lèvre supérieure, je tente de faire taire mon corps meurtri qui semble vouloir répondre à la proposition de l'habitant des bois.

"Et qu'est-ce qui pourrait te pousser à faire cela ?"

Mon interlocuteur émet un souffle amusé, sans se départir de son sourire étrange.

"L'ennui."

Je hausse un sourcil à sa réponse.

"Et aussi parce que je trouve dommage qu'un petit bout d'aldryde aussi intéressant que toi finisse dans le gosier du premier goupil venu."

Je me renferme sur moi, gardant le silence. Je n'aime pas du tout ces mots. Cela sonne presque comme si j'étais un spécimen étrange. Je ne sais que trop bien comment ce genre d'idées se termine. Derrière un lot de barreaux.

Voyant sans doute que je ne suis toujours pas enclin à accepter sa proposition, il jette un regard à ma monture. Ses yeux reviennent ensuite sur moi.

"Si tu n'acceptes pas pour toi, fais-le au moins pour ton oiseau."

À ces paroles, je me tourne vers ma monture. Lyïl ne bouge pas, mais son bec entrouvert et son souffle rapide ne présagent rien de bon. Avant même d'avoir pu réfléchir plus longuement à sa proposition, le lutin me prend de court. En quelques pas, il a rejoint le harney et apposé la main sur son plumage. L'espace d'un instant, je suis certain d'avoir aperçu une lueur dorée. Inquiet, je scrute l'attitude de mon animal. Ce dernier s'ébroue un peu et semble un brin plus énergique.

Je n'ai pas le temps d'interroger ce parvenu qui m'a fait peur en se déplaçant aussi vite que celui-ci prend la parole.

"J'ai calmé sa douleur, mais pas soigné ses blessures. Cela devrait lui permettre de marcher jusqu'à ma demeure."

Quand il se tourne vers moi, je l'arrête d'un geste.

"Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais je te conseille de ne pas tenter le coup avec moi."

Le lutin sourit de nouveau et se frotte même le bout du nez.

"Héhé. Je savais bien que ce genre de réplique allait venir. Allez, ne perds pas de temps."

De nouveau, il tend la main dans ma direction puis se ravise et me tourne le dos, regardant ensuite par-dessus son épaule tandis qu'il met un genou au sol.

"Qu'est-ce que tu attends ? Grimpe."

Cette fois-ci, je me sens insulté et vexé. S'il croit que je vais le laisser me toucher après ce que je viens de lui dire, il peut toujours attendre. Il a plus de chance de voir une jonquille pousser sur son bonnet que d'effleurer ma peau bleutée. J'ai beau souffrir, mon orgueil m'interdit de devoir quoi que ce soit de plus à cet individu.

C'est avec une grimace marquée que je formule une réponse résumant la totalité de mes pensées.

"... Non."

"Tu te penses sérieusement en assez bonne forme pour faire le trajet ? Ton corps est si fatigué qu'il tremble en continu."

Je jette un bref coup d'oeil à ma main, ressentant bientôt le froid et la lassitude se déverser d'un coup, comme s'ils venaient de rompre un barrage. J'ai beau serrer la mâchoire et m'indigner intérieurement, je suis en position de faiblesse. Et ce lutin le sait. J'émets un claquement de langue contrarié, qui est accueilli par un petit gloussement. Je n'ai pas le choix.

En quelques pas, j'ai rejoins ce porteur improvisé et me retrouve collé contre son dos. L'une de mes mains agrippe fermement sa cape tandis que l'autre tient son bâton. Lorsqu'il se met en route, je fais au mieux pour maintenir mon aile brisée accolée contre moi, et pour m'assurer que Lyïl nous suit. Docile, le harney nous emboite le pas tandis que le lutin descend du rocher en l'escaladant à mains nues, suivi par mon volatile qui plane jusqu'au sol herbeux.

Je sens gronder ma contrariété et ma colère en moi, mais je n'ai pas d'autre possibilité pour le moment. Ce qui est certain, c'est que je ne fais aucunement confiance à ce verdâtre arrivant. D'ailleurs, ses paroles me reviennent. Il a évoqué du chagrin et ma sarbacane comme s'il avait été témoin des derniers événements. J'en fronce les sourcils, plus suspicieux que jamais.

( Comment ai-je pu ne pas le voir s'il a, lui, assisté à tout cela ? Y'a quelque chose d'étrange dans cette histoire... Mieux vaut rester méfiant. )

Tendu, je scrute le couvert végétal à mesure que le lutin s'enfonce dans les bois. Silencieusement, je m'efforce de retrouver mon calme et surtout de ne pas me laisser bercer par l'allure de mon porteur. Hors de question de m'endormir comme une larve trop nourrie.

Ce serait le bouquet !



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Dernière édition par Nessandro le Dim 13 Avr 2014 23:34, édité 1 fois.

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