L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Jeu 6 Juin 2013 11:41 
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Lorsque le semi elfe poussa la porte de l'établissement, une atmosphère étouffante absorba rapidement l'Oudio et son guide. Dans la taverne, peu de monde était présent aux tables, et ceux qui s'y trouvaient semblaient préférer l'obscurité des recoins plutôt que les tables bien éclairées du centre de la pièce. Un homme à la barbe disparate et aux vêtements souillés passait le torchon sur le planché de la taverne, cherchant à faire partir ce qui semblait être des traces de sangs, vestiges d'un combat précédent. D'avantage que lorsqu'il venait d'entrer pour la première fois dans la bibliothèque, Lugburz était pétrifié. Il s'agrippait fermement à la tunique de son protecteur et guide temporaire, tandis que celui ci traversait la pièce en jetant des regards furtifs dans toutes les directions à l'affût d'une mauvaise surprise.

Au comptoir, l'érudit demanda simplement une chambre pour un soir, pour une seule personne. La moins cher disponible, si possible. Le tenancier, réputé pour son stoïcisme, ne desserra pas les lèvres, mis à part pour émettre un grognement lorsqu'il posa une clef sur le comptoir tout en montrant avec ses doigts le nombre de yus qu'il demandait pour l'hébergement. Bien que ce soit un repère de gredins, le tenancier devait toujours faire tourner son commerce, et il était bien plus sage de faire payer les client à l'avance, car récolter les dettes d'une personne morte ou disparue s'avère souvent bien plus compliqué.
Délestant encore un peu plus la bourse de son jeune compagnon sylvestre, le bibliothécaire se saisit ensuite de la clef afin de la remettre à Lugburz. Le barman grogna à nouveau, et d'un coup de tête indiqua la direction de l'escalier qui menait aux quelques misérables chambres de l'établissement.
Persuadé que le jeune Oudio pourrai s'en sortir à partir de la, le sage pris congé, car il était grand temps pour lui de retourner sur son lieu de travail, ou bien son absence risquerait d'être remarquée et de lui attirer des ennuis.

"Mon jeune ami je te laisse, repose toi bien. Je viendrai te rechercher ici demain à l'Aube, et nous parlerons d'avantage."

Lugburz remercia encore une fois son guide et mentor improvisé, et ne se fit pas prier pour monter dans la chambre qui lui était louée. Sa fatigue était telle qu'il aurait pu dormir n'importe où. Lorsqu'il arriva devant la chambre et la lourde porte fermée à clef, il pensa brièvement qu'il aurait d'ailleurs préféré dormir n'importe où plutôt qu'ici. La chambre était à peine plus grande que la cage dans laquelle il avait vécu toute sa vie, et cela faisait resurgir de mauvais souvenirs, qui, en fin de compte, n'étaient pas si lointain que cela.

N'ayant pas la moindre idée d'à quoi sert un lit, l'Oudio se coucha par terre, à même le sol, sans prendre soin de fermer la porte à clef, sans doute par distraction, ou par peur d'à nouveau dormir enfermé dans un endroit clos. Bien qu'il soit épuisé, le sommeil vint difficilement à Lugburz. C'était la première fois qu'il dormait en ville, si loin de la nature, et il ne se sentait pas à l'aise. Ni lui ni le semi-elfe n'auraient pu imaginer que le seul endroit ou un oudio peut réellement dormir paisiblement, c'est dans la nature, les racines plantées profondément dans le sol pour récupérer leur énergie vitale.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Mer 17 Juil 2013 20:57 
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((( [:attention:] Le viol est mentionné dans ce rp, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture. [:attention:] )))


L'Aldryde, une fois sur le plancher, plaqua bien ses ailes contre son dos et partit à gauche en rampant au plus près du mur pour ne pas se faire repérer. Elle avait choisi cette direction, car premièrement, elle avait aperçu qu'un escalier descendait sur la droite et donc que l'homme s'y dirigerait sûrement ; deuxièmement, sur la gauche commençait une série de boucliers appuyés à la paroi. Elle avait l'intention de se cacher derrière l'un d'eux afin d'être en sécurité pour observer, faire un point sur la situation, puis décider d'un plan d'action.

Pour l'instant il lui restait encore une demi-douzaine de mètres à parcourir ventre à terre pour atteindre sa cachette de fortune. Pendant qu'elle se démenait pour parvenir à sa destination, le géant galvanisé par les acclamations n'en finissait plus de plastronner ni de vanter sa personne.

"- C'est qui le plus grand ? clamait-il.
- C'est Girtus ! C'est Girtus ! répondait la foule.
- C'est qui le plus fort ?
- C'est Girtus ! C'est Girtus !
- Yaaaaah ! cria-t-il en levant le poing !
- Girtus ! Girtus !"

Enfin, il se décida à descendre et à rejoindre ses compagnons d'infamie.

La jeune femme, elle, était arrivée à son abri. Personne ne semblait avoir remarqué sa présence ; ce qui la soulagea grandement. Elle resta quelques instants immobile afin d'en profiter pour respirer et calmer ses esprits. Une fois apaisée, elle entreprit une observation rapide de l'endroit.

Le balcon sur lequel elle se trouvait formait un large U rectangulaire autour de la pièce. Une balustrade l'ornait tout du long. Celle-ci était décorée à intervalle régulier de crânes d'animaux de différentes tailles ainsi que d'autres qui avaient appartenu à des humanoïdes... Entre chaque tête décharnée ou groupe pour les plus petites, étaient pendues des fourrures. Sur le mur d'en face, point de balcon, mais de longues et lourdes tentures noires descendaient jusqu'au sol. Elles étaient suspendues à d'énormes crochets plantés à même le rempart est contre lequel la taverne était adossée et qui servait de quatrième mur. Sur les étoffes sombres étaient fixées d'autres peaux animales, pour certaines très étendues.

L'Aldryde leva les yeux. Au-dessus de sa tête il n'y avait pas de plafond à proprement parler, mais de colossales poutres qui soutenaient la toiture, également munie de draperies noires. De longues et massives chaînes entouraient les longrines et portaient trois imposants lustres fabriqués à partir d'anciennes roues de chariots et sur lesquels brûlaient d'innombrables bougies éclairant la pièce.

Estimant avoir terminé l'examen du dessus, notre jeune espionne entreprit une sortie. Elle abandonna son bouclier et rampa jusqu'au bord du balcon et fit dépasser sa petite tête de celui-ci. Elle découvrit ainsi le bas du caboulot. Celle-ci était bondée. Les seules choses visibles là-dessous étaient des tables et des hommes autour. Tous levaient leurs chopes à Girtus. Étincelle songeait qu'à part l'aspect crasseux cela ressemblait beaucoup à la taverne du Paladin. Un détail différait tout de même sensiblement. Aucune femme nue ne se prélassait sur les tables de l’établissement qu'elle avait quitté quelques heures auparavant. Alors qu'elle continuait d'observer la place, le groupe de piètres musiciens qui avaient cessé de jouer lors de l'affrontement reprit sa cacophonie. Et avec la musique recommença la danse des filles de joie.

L'Aldryde parcourait la salle du regard cherchant Carkin's. L'encombrement stupéfiant de l'endroit ne lui rendait pas la tâche aisée. D'autant plus qu'elle le soupçonnait de tenter de se faire voir le moins possible.

(Donc on peut logiquement éliminer les tables avec les danseuses.)

Elle se concentra donc sa scrutation sur les emplacements les moins animés et retrouva rapidement le faux balafré. Il s'était assis au fond de la salle, du côté nord, sa table jouxtant les tentures sombres. Il se tenait dos à la large cheminée où brûlait une maigre bûche. Face à lui se trouvait la porte métallique qu'il avait passé quelques minutes plus tôt. Il semblait attendre quelqu'un.

L'occasion était trop belle.

(Il me suffirait de me faufiler derrière les tentures sombres pour pouvoir épier ses conversations, se disait-elle galvanisée par le succès actuel de sa traque.)

Notre jeune amie entreprit donc de ramper de la même manière que précédemment pour rejoindre le côté gauche du balcon et se diriger vers les tentures et les fourrures. Sa reptation, qu'elle tentait de rendre la plus silencieuse possible, commençait à chauffer sa peau délicate à force de frottement et devenait de plus en plus désagréable. Elle marqua une pause avant de s'engager dans les derniers mètres afin de soulager son épiderme endolori.

Quand elle arriva enfin près de la paroi ornée d'étoffes elle regarda à nouveau en contrebas. Carkin's n'avait pas bougé. Elle pouvait mieux le distinguer de là où elle était et nota qu'il tripotait nerveusement le gobelet placé devant lui.

(Il a l'air vraiment tendu. Il va sûrement se passer quelque chose d'important. Il faut absolument que je me rapproche !)

Étincelle vint alors coller sa tête contre la muraille. Elle se rendit ainsi compte que les tentures n'étaient pas plaquées directement contre le mur, mais qu'un petit espace persistait entre elles et la pierre froide. En outre, de solides prolonges étaient fixées aux crochets et servaient vraisemblablement à soutenir les épaisses fourrures qui s'y trouvaient attachées en plus d'offrir un joli tombé aux draperies.

Le menu interstice ne permettrait pas à l'Aldryde de voler, mais elle pourrait s'y glisser sans trop de peine. Elle s’engagea donc dans le maigre espacement en agrippant une corde puis une autre. Bien qu'elle n'eut plus eu à user de tels moyens d'ascension dès lors que ses ailes étaient devenues fonctionnelles, elle avait gardé assez de vigueur dans les bras et les jambes pour appréhender la descente le long de ce gros lien torsadé avec confiance.

Entendons-nous bien, Étincelle, malgré toutes ses qualités, disposait d'une force ridicule. Néanmoins les Aldrydes ont la particularité d'avoir une masse très réduite par rapport à leur taille. En effet ils partagent avec les oiseaux des caractéristiques semblables dont une est d'avoir les os creux ; ce qui les rend bien plus légers.

Notre jeune amie donc, était suspendue à quelques mètres du sol derrière une grosse pièce d'étoffe sombre et s'évertuait à glisser le long de cette large tresse de chanvre en tâchant de la faire se mouvoir le moins possible. Sa légèreté combinée à l'épaisseur de la corde ainsi qu'au poids de plomb qui tendait cette dernière parvenait à satisfaire cette exigence pour le moins cruciale à la suite de son plan.

Tandis qu'elle descendait, elle entendit au milieu de ce bacchanal la lourde porte métallique s'ouvrir et se refermer. Elle continua jusqu'à atteindre à la hauteur qu'elle considérait être celle de la table puis s'immobilisa. Elle savait qu'elle ne pourrait pas rester indéfiniment dans cette posture à serrer la torsade entre ses jambes et ses mains pour ne pas tomber. Aussi, regardant à l'aplomb de sa position fut-elle soulagée de découvrir le fin rebord d'un meuble étroit où était rangé ce qui semblait être des épées.

(Ces toiles ne servent donc pas que de décoration...)

Elle cala ses pieds silencieusement sur le râtelier d'armes et se plaqua contre la paroi, disposant ainsi d'une position plus confortable qu'elle ne l'eut espéré.
De l'autre côté du tissu, une chaise avait été tirée. Un inconnu y prit place et une conversation s'engagea.

"- Bonsoir serviteur de la Dame, commença le nouveau venu d'un ton neutre.
- Bonsoir Maître, répondit Carkin's d'une voix de miel.
- Rappelle-moi pourquoi nous devons nous rencontrer dans cet immonde endroit de débauche.
- Car c'est le seul endroit de la ville où tout ce qui est suspect est le bien venu, Maître.
- Certes... Mais peu importe, lorsque nous serons devenus les maîtres de cette cité nous purifierons tous ces lieux d'infamie... Dis-moi plutôt où en sont nos affaires.
- Nous sommes sur la trace de plusieurs artefacts des temps anciens, certains mêmes dit-on, forgés par les faux dieux. Nous sommes en train de suivre la piste de l'épée flamboyante, du casque des glaces et du bracelet de Terre. Les agents de la pureté ont d'ailleurs déjà été envoyés pour les récupérer.
- Bien. Il faut absolument s'emparer de ces reliques païennes et les détruire. Rien ne doit subsister des faux dieux pour que le nouvel ordre de la pureté prenne la place qui lui revient. Au nom de la déesse.
- Au nom de la déesse, reprit Carkin's avec humilité.
- Et le marteau, qu'en est-il du marteau ?
- Eh bien... Mon Maître... temporisa le sous-fifre. Nous étions sur le point de récupérer le morceau manquant de la carte que ce Thorkin détient, mais par un fâcheux coup du sort les deux agents que j'avais envoyés pour se charger de cette affaire se sont fait tuer."

Bien que la jeune espionne ne le vît pas derrière la toile elle l’imaginait très bien se tordre les mains en attendant la réponse de son seigneur. Celle-ci ne tarda pas.

"- Et pourquoi seulement deux, serviteur ?
- Le nabot était affaibli, nous l'avions laissé deux semaines chercher sa sœur en vain afin de l'épuiser aussi bien mentalement que physiquement et j'ai alors envoyé Nartilh et Ignace pour le cueillir. Mais il semble qu'il ait été aidé par une force inconnue. Comme si son dieu avait rép...
- Blasphème ! Il n'y a nulle autre divinité que la Déesse !
- Non je voulais dire, je..."

Alors que le truand était sur le point de se répandre en excuses, un troisième homme l'interrompit ;

"- Patron... Scusez-moi Patron, mais c'est important. Je dois vous dire un truc."

L'Aldryde situait cette voix dans le dos de Carkin's. Ce dernier fut donc surpris et se retourna. La jeune femme entendait moins bien ce nouvel arrivant, mais assez pour comprendre ses paroles.

"- Heu... Et celui-là sous sa capuche grise c'est qui ?
- C'est notre maître à tous, abruti ! Respecte-le ou je te tuerai de mes propres mains.
- Hooo... Scusez-moi vot grandeur j'savais pas.
- Bon, parle ! Que voulais-tu me dire ?
- Heu... Ouais, j'voulais vous dire que c'est bon patron, on a chopé le nabot.
- Quoi ? Comment ?
- Je disais, on a...
- J'ai compris demeuré. Comment avez-vous fait ?
- Ben en fait, il est venu à la villa pendant qu'on se préparait à foutre le camp. Il cherchait à entrer sans se faire voir, sûrement pour venir chercher sa frangine. 'Fin bon, comme il était aussi discret qu'un stalas au marché on l'a chopé, pi on l'a mis en bas avec sa frangine justement.
- Le parchemin, il l'avait avec lui ?
- Ben non, mais vous inquiétez pas. Là, y a Piry qui s'occupe de lui pour lui faire cracher le morceau. Mais c'est un dur à cuir.
- Pourquoi n'es-tu pas en train de l'aider alors, au lieu d'être ici ?
- Ben c't'à dire que vous aviez dit qu'il fallait pas toucher à la Thorkine, mais du coup comme on devrait déjà être sur l'bateau avec Piry on s'disait que ça irait plus vite si on pouvait le faire parler en s'occupant de sa sœur. Donc je suis v'nu vous d'mander."

Avant que le « Patron » puisse répondre, son maître l'interpella :

"- Pourquoi n'est elle pas encore morte sa sœur ? Carkin's, depuis quand gardes-tu des otages ? Sombre imbécile ?
- Eh bien... c'est-à-dire..."

L'intéressé semblait vouloir éluder la question, mais le ton impérieux de son seigneur l'en empêcha.

"- Répond !
- Elle... Au début je voulais juste en profiter un peu avant de m'en débarrasser, mais j'y ai pris goût et...
- Sale porc ! La Dame te punira pour ça ! Quand tu auras terminé ton travail ici tu iras faire acte de purification.
-Oui Maître, répondit-il, de sa voix devenue soudainement triste et emplie de désespoir."

Il y eut un silence puis Carkin's repris en se tournant vers son acolyte :

"- Pec, retourne vers Piry et faites ce qu'il faut pour que le nabot vous donne ce qu'on attend de lui, par n'importe quel moyen. Une fois que vous l'aurez, tue-le, lui et sa sœur. Ensuite, partez rejoindre les autres."

L'homme s'en alla. L'Aldryde était horrifié par ce qu'elle venait d'entendre. Son souhait le plus cher était de sortir au plus vite de sa cachette et de voler au secours des deux Thorkins. Mais elle ne le pouvait pas, elle devait rester discrète pour ne pas se faire prendre. Elle entreprit de remonter le long de la prolonge et de repartir le plus vite qu'elle pourrait par là où elle était entrée. Mais alors qu'elle plaçait délicatement ses mains sur la corde, la conversation recommença et elle s'immobilisa.

"- L'autre morceau du parchemin, est-il déjà sur le bateau ?
- Non, je l'ai caché dans une de mes planques, dit-il toujours abattu."

Pendant un court instant, le maître du truand se retint de répondre. Il semblait à la petite espionne qu'il s'était reculé dans sa chaise. Il poursuivit :

"- Carkin's, j'ai réfléchi. Si tu accomplis correctement ta mission ce soir je consentirai à oublier ta purification.
- Oh merci mon maître ! Je ne vous décevrai pas ! lança-t-il avec une joie retrouvée. Avant que l'horloge de la ville ne sonne minuit, Solennel ne sera plus de ce monde, je le jure devant la Déesse.
- Tient, prends ceci. C'est la dernière sphère de disparition que le grand enchanteur a préparée pour toi. Utilise-la à bon escient.
- Merci Maître !
- Une fois ta tâche accomplie vient me retrouver au point de rendez-vous avec le reste du parchemin. Que la grâce de la Déesse guide tes pas."

L'homme encapuchonné se leva et sans autres mots quitta la taverne. Carkin's se leva à son tour et se dirigea vers le comptoir de ce vieux « Fred le muet ».

L'Aldryde entama sa remontée. Autant la descente n'avait pas posé de sérieux problèmes, autant l’ascension s'avérait difficile... Trop difficile. Elle se laissa glisser jusqu'au sol.
Elle prit le risque de jeter un coup d'œil entre deux tentures. Carkin's était en train de boire un grand godet de vin cul sec. Quand il l'eut terminé, il vida également les lieux.

Étincelle fut soulagée qu'il partît sans tarder. Il lui fallait à présent s'en aller elle aussi pour secourir au plus vite son nouvel ami et sa sœur. Le temps pressait, elle devait arriver avant ce dénommé Pec.

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Dernière édition par Hilimiel le Sam 17 Aoû 2013 12:43, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Ven 19 Juil 2013 15:21 
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Une décision s'imposait.

(Bon tant pis pour la discrétion l'important c'est juste que Carkin's ne s’aperçoive de rien. Et comme il est parti et ses sbires aussi, même si toutes les canailles de cette taverne me voient, ils n'auront pas le temps de réagir pour m'arrêter et me chercher des ennuis.)

Bien décidée à sortir en trombe, la jeune femme ailée s'accroupit, se préparant à sauter hors de sa cachette. Elle déploya ses plumes puis joignit ses ailes au-dessus de son dos, prête pour un envol rapide. Elle entrouvrit légèrement les draperies noires afin d'avoir la fenêtre bien en vue. Elle leva donc la tête et en un instant toute la détermination de son visage s'effaça pour laisser la place à un faciès de panique.

(La fenêtre ! Ils ont refermé la fenêtre ! Comment je vais faire pour sortir maintenant ?)

La petite mage referma les tentures ; abaissa ses ailes et s'assit. Elle appuya le dos contre le plat de l'une de ces glaciales lames disposées là, prête à servir. Elle ne ressentait même pas la froideur sur sa peau tellement elle était affolée. Elle avait pris sa tête entre ses mains et avait le regard dans le vague. Elle se sentait submergée et sans solution.

(Non, non, non ! C'est pas bon, pas bon, pas bon ! Je ne peux plus sortir. La seule issue est fermée et ailleurs il y a des grilles partout, j'ai vérifié ! Pas bon, pas bon, pas bon ! Je fais quoi moi maintenant ! Si j'attends qu'un de ceux d'ici sorte pour passer avec lui ça peut prendre des heures ! Et Chopin n’a pas le temps d'attendre lui !

Bon, Hilimielle, ma vielle, calme-toi. T'as déjà vu pire non ? Allez, respire doucement et regarde encore une fois.)


Ainsi quelque peu calmée, elle scruta à nouveau les environs. Et c'est là qu'elle eut la révélation.

(Le conduit à fumée ! Personne ne penserait à passer par ici à moins de vouloir mourir asphyxié. Et maintenant que j'y pense, je n'ai pas regardé cette ouverture. Je suis certaine qu'ils ont dû oublier la grille, car il n'envisagerait pas une seconde que quiconque puisse prendre cette sortie. Mais ils n'avaient jamais eu affaire à Hilimielle, l'Aldryde la plus futée du monde ! Ah ah !)

Ragaillardie par sa neuve certitude, la téméraire jeune femme se déplaça entre les toiles tendues et le rempart pour atteindre l'extrémité nord des tentures, juste à trois mètres de l'âtre. Le feu n'était pas bien vif en cette chaude nuit, mais suffisant pour dégager une fumée qui ne manquerait pas d'incommoder notre petite aventurière, voire de la faire suffoquer si elle restait trop longtemps dans le conduit. Elle en était bien consciente.

(Bon, je retiens ma respiration le temps de quelques battements d'ailes et tout ira bien.)

Elle se prépara à nouveau puis s'élança promptement. Elle passa si vite dans la cheminée qu'elle n'eut pas le temps de se rendre compte de la chaleur et que seulement deux observateurs, pas très frais, eurent le loisir d’apercevoir « ce drôle d'oiseau ».
Dans le boyau de pierre qui se rétrécissait rapidement, les ombres des flammes dansaient. Elle avançait vélocement vers le sommet quand soudain elle vit qu'un rayon de lune éclairait de minces barreaux d'acier obstruant le passage juste avant la sortie. Elle s'arrêta net.

"- Non ! fit-elle dans un souffle, relâchant l'air qu'elle avait contenu dans sa poitrine."

Une profonde inspiration de fumée la fit tousser tandis qu'elle cherchait à maintenir son vol stationnaire. Elle tenta alors de pousser la grille de toute sa vigueur pour la soulever à la force de ses bras et de ses ailes, mais en vain.

"- Non ! Je ne peux pas échouer maintenant ! Pas comme ça ! Valyus je t'en supplie, par l'amour de la foudre, prête-moi encore un peu de ton énergie ! Je dois aller sauver Chopin ! S'il te plaît, aide-moi !"

Elle essaya à nouveau de forcer en y mettant toute sa rage malgré la brume âcre qui commençait à lui emplir les poumons.

"- Allez ! Mais allez ! Kof kof ! Saleté de grille ! Allez !"

Malgré ses efforts répétés, sa chétive musculature ne pouvait rien face à ces fines, mais solides barres d'acier scellées au sommet de la cheminée.
L'émanation acerbe continuait sa lente infestation à l'intérieur des bronches de la malheureuse captive. De plus elle lui piquait les yeux la faisant pleurer.
Elle était paniquée. Elle avait bien songé à déclencher son pouvoir sur la grille, mais à quoi bon foudroyer du métal ?

Dans l'âtre, une bûche, puis une autre avaient été lancées. Une nuée de brandons s'élevèrent dans le conduit, brûlant superficiellement la peau et les plumes de la pauvrette. La fumée s’épaississait et la chaleur s'intensifiait à mesure que les nouveaux rondins de bois se consumaient.

"- Quelle sotte j'ai été ! Kof kof !"

(((Découverte de Magnétisation balistique, apprentissage plus tard)))

Affolée par les circonstances, Étincelle de toute sa volonté cherchait à repousser ce barrage de métal qui la privait de la liberté. Elle avait perçu une faible vibration de la grille, mais son esprit s’embrouillait. La fumée l'asphyxiait. Elle perdait ses forces. Elle se sentait défaillir. Elle allait périr ici, tomber dans le feu et mourir embrasée.

Dans un ultime effort, elle agrippa les barres d'acier de ses minuscules mains et adressa une dernière prière à son dieu d'une voix à peine audible.

"- Valyus, mon Dieu, je n'ai pas été digne du pouvoir que tu m'as accordé. J'ai agi sans réfléchir et j'ai gâché mes chances de sauver mes amis. Je jure de faire preuve de plus de discernement à l'avenir dans cette vie ou dans l'autre. Valyus, seigneur de la foudre, j'implore ton pardon et ta miséricorde."

À la fin de sa phrase, l'Aldryde ferma les yeux, lâcha les barreaux et sombra dans l’inconscience. Le petit corps inanimé tombait lentement vers le brasier qui allait la consumer.

Étincelle était perdue dans les limbes de son esprit à la fois sombres, tumultueuses et fantomatiques. Elle naviguait mentalement à travers ces volutes étranges. Petit à petit, le décor se solidifiait, elle se trouvait à présent sur un sol dur, uniformément bleu. Pas un bleu éclatant, non, mais profond comme la voûte céleste aux dernières heures du jour. Autour d'elle, il n'y avait rien, ni paysage ni horizon. Le parterre paraissait se fondre au loin avec le reste de l'espace aux nuances indigo.
Soudain apparurent des cordeaux électriques entourant tel un ring le corps onirique de la mage. Étincelle était subjuguée par ce spectacle surprenant et magnifique. Tandis qu'elle admirait ces manifestations fantasmagoriques, quatre écus étincelants naquirent des éclairs. Leurs surfaces polies se recouvraient lentement de gravure représentants la foudre et son dieu.

Lorsqu'elle s'en approcha d'un et voulut le toucher, elle fut secouée par une violente et douloureuse décharge. Elle recula alors et effleura de ses ailes le bouclier dans son dos et fut sanctionnée par semblable punition. Elle fit un petit bond en avant pour fuir cette source de douleur qu'elle avait pensée plus lointaine quelques instants plus tôt...

Les écus se rapprochaient doucement, mais inexorablement de la jeune femme prise au piège, car dans ce monde imaginaire elle semblait incapable de voler. L'Aldryde avait peur à présent. Décuplant son angoisse, le sol sombre s'était mis à pulser d'un halo rougeâtre et devenait de plus en plus chaud, brûlant même.

Les pièces de métal sculptées, presque arrivées à son contact, étaient sur le point de l'anéantir de leurs décharges meurtrières. Le parterre irradiait telles des braises ardentes. L'aldryde dans un mouvement de protection se recroquevilla sur elle-même. Puis, dans un effort mental titanesque, elle poussa un cri qui résonna par delà le rêve. Les boucliers chimériques s'envolèrent propulser par la force de sa volonté.

La mage ouvrit les yeux. Sa perte de conscience n'avait perduré qu'un instant durant lequel elle avait chuté dans le conduit. Par miracle elle s'était remise à battre des ailes juste à temps. Elle s'était arrêtée pile au-dessus des flammes qui lui léchaient les pieds.

Elle reprit promptement de l'altitude, pour échapper au brasier. Et au lieu de ralentir à l'approche de la grille elle accéléra. Elle se sentait revigorée et avait la certitude d'avoir compris ce qu'elle pensait être le message de son dieu.

Les barres d'acier se rapprochaient rapidement. Si elle ratait son coup, l'Aldryde s'écraserait la tête sur les barreaux et s'en serait fini d'elle.

Quand elle ne fut plus qu'à quelques centimètres, elle rassembla toute sa rage et sa frustration contre l'objet qui la maintenait en captivité.

Soudain, la jeune mage sentit le pouvoir affluer en elle. Elle le canalisa de la même manière que dans sa vision intérieure. Elle ressentait la force du fluide de tout son corps et se concentrer dans ses mains. Brusquement, elle relâcha toute la puissance accumulée d'un seul coup en même temps qu'un cri libératoire.

"- DÉGAGE !!!"

Une formidable vague magnétique déferla sur la grille qui se descella et s’envola loin dans les airs pour retomber quelques dizaines de mètres plus au nord.

(((Fin de la découverte de Magnétisation balistique)))

Notre petite amie sortit de sa prison et se dirigea rapidement vers les hauteurs des remparts.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Dim 8 Sep 2013 18:15 
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Voilà, elle y était. La porte de la taverne des sept sabres se trouvait devant elle et sans hésitation elle l'ouvrit et entra. Elle la referma un peu brusquement encore galvanisée par le nouveau sorts qu'elle venait d'employer. La même atmosphère nauséabonde régnait en ce lieu. Elle chercha depuis combien de temps elle n'avait pas remis les pieds ici. Cela remontait à une mission commune avec Salymia si elle ne se trompait pas. Elle eut tôt fait de chasser ce détail de son esprit pour revenir à une chose beaucoup plus concrète.
Elle s'avança vers le comptoir et salua Fred d'un hochement de tête avant de lui demander à voix basse.

-Je cherche un nommé Gribald MainLeste.Tu sais où je peux le trouver?

Et pour bien se faire comprendre, elle déposa une somme rondelette sur le comptoir et la poussa vers Fred. L'homme la dévisagea se souvenant l'avoir déjà vu ici et rafla l'argent avant de lui désigner une grande tablée un peu plus loin au fond de la salle où étaient attablée plusieurs personnes à l'allure patibulaire.
Oryash les observa un instant et finit par se décider. Elle s'avança vers eux de sa séduisante foulée, calme et élégante.L'emblème de la rose savamment cachée
sous les plis de sa cape. Une fois arrivée à leur hauteur elle lança...

- Messieurs, je pense que l'un de vous peux mettre utile.

Elle savait que le décolleté de son corset blanc provoquait des ravages parmi la gente masculine et la déstabilisait quelque peu, aussi s'y employait-elle avec jubilation. Tous les regards se tournèrent alors vers elle, certains agressifs et d'autre beaucoup plus intéressés par les deux globes exposés ainsi à leurs vues. Un instant de silence avant qu'un des hommes ne le brise, un sourire en coin sur le visage.

- T'aider?! Mais en quoi? A moins que tu n'ais besoin d'un homme pour te satisfaire! Tu as le choix ma belle!

Il désigna ses compagnons de table en ouvrant les bras avant de reprendre son sérieux.Des rires fusèrent de part et d'autre de la table tandis qu'Oryash posait une main sur sa hanche gauche dans un déhanchement provocateur.

-Ca pourrait être tentant,mais... il me faut m'entretenir avec votre chef. J'ai comme qui dirait quelque chose à lui proposer.

Aussitôt les rires cessèrent et les yeux se firent beaucoup plus suspicieux.

-Ah ouais et tu lui veux lui offrir quoi d'intéressant à Gribald pour qu'il puisse venir à s'entretenir à ta personne?

-Disons que grâce à moi, il pourrait étendre son pouvoir en ce débarrassant d'une certaine guilde qui a quelque peu perdu de sa puissance ces derniers temps.

Oryash ne prononça pas le nom de la guilde en question tout en étant certaine que les hommes ici présent savaient parfaitement à quoi elle faisait allusion. De plus il se pouvait fort bien que le nommé Gribald se trouve parmi eux ou bien dans cette salle pas très loin de cette tablée. Elle n'avait qu'à attendre.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Sam 28 Sep 2013 11:31 
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Les bandits attablés firent une drôle de tête à la déclaration d’Oryash. Seul l’un d’entre eux, en retrait, dissimulé sous une capuche de toile brune, réagit en se tournant vers la phalange. Il portait un tatouage étrange sur la main, et une balafre lui barrait le visage.

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Il s’adressa sans tendresse à la peau-blanche.

« Gueule pas si fort, qui que tu sois. Et viens t’asseoir là pour qu’on discute, tigresse. »

Il indiqua la chaise devant lui, et poursuivit.

« D’où tu connais mon nom ? Et c’est quoi cette histoire de guilde ? Et fais gaffe à c’que tu dis, le coin est pas sûr, pour les poulettes dans ton genre. »

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Sam 28 Sep 2013 22:29 
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De toute évidence les propos de Oryash avait fait mouche ou plutôt avait fini par attirer l'attention d'un des hommes ici présent.
Il lui demanda de venir s'assoir et elle fit la moue, comme si s'attabler avec eux ne lui plaisait pas. Elle posa un regard froid sur lui, les nerfs à fleur de peau et toujours sous l'emprise de la magie sombre. Il suffirait d'un rien pour qu'elle la déchaine en ce lieu et ainsi assouvir sa soif. Mais il était préférable de se contenir pour le moment.
Elle s'avança donc vers la table, tira une chaise et s'assit près de l'homme sans sourciller.

-Disons que j'ai mes contacts et que votre réputation n'est plus à faire. C'est pourquoi je suis venue vous trouver.

Un sourire en coin et un éclat dans le regard.

-Quant à l'endroit inutile de m'en faire le tableau! Je connais les lieux tout aussi bien que vous! Mais revenons à ce qui m'amène...

Elle laissa un bref silence s'installer avant de reprendre.

- Je veux bien continuer cette conversation, mais pas ici. Il doit bien y avoir une chambre de libre à l'étage où nous pourrions parler affaire entre gens de bonne volonté, non? Juste vous et moi!

Décidémment, la peau blanche n'avait peur de rien, même pas de poser ses conditions en terrain ennemi.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Mer 2 Oct 2013 10:06 
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« Juste toi et moi, poulette ? »

Il détailla la belle d’un air vicelard, avant de poursuivre.

« Sûr qu’on va aller à deux, et qu’tu vas m’faire ce pourquoi t’es venue. Mais ici ma belle, c’est une taverne, pas une auberge. C’qui veut dire qu’il n’y a pas de chambres, et qu’tu connais pas l’endroit aussi bien qu’tu l’dis. Mais t’inquiète, y’a d’autres endroits pour se r’trouver seul, la nuit… »

Sans attendre, il se leva et se dirigea vers la porte, seul. Il passa celle-ci et attendit dans la ruelle en face de la taverne, sans avoir attendu de réponse d’Oryash, qu’il avait laissée parmi ses hommes, rieurs et goguenards.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Sam 5 Oct 2013 19:12 
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Oryash eut un sourire en coin lorsque l'homme évoqua un tête à tête.

-Oui, juste nous deux, histoire de parler sérieusement. Après pour la suite... et bien nous aviserons.

Un regard qui laissait sous entendre pleins de promesses. Lorsque l'homme affirma qu'il n'y avait pas de chambre en ce lieu, la peau blanche n'eut aucune réaction. Elle savait pourtant qu'il y avait au moins une chambre pour y avoir déjà rencontré un assassin réputé, il y a quelques mois de cela . L'homme sortit et Oryash lui emboita le pas sans hésitation. Pourtant une fois dehors, elle ajouta...

-Vous savez, je suis quasiment certaine que vous avez tord au sujet des chambres . Je me souviens bien y avoir déjà passé un peu de temps.

Un regard songeur comme si le moment en question avait été des plus agréables.

-Bon, où allons-nous ?

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Jeu 17 Oct 2013 16:59 
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La suite ici !

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Ven 6 Juin 2014 13:30 
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Je n’ai pas honte de le dire : je suis complètement ivre. Je viens de jeter sur la table mes dernier Yus que j’avais soigneusement mis dans ma bourse avant de partir ce soir. Le passé m’a appris à choisir avec parcimonie le montant avec lequel je dois sortir, sous peine de me faire complètement dépouiller. L’argent permet de faire des connaissances et d’entretenir des relations mais il faut y faire très attention. Quelques temps d’inattention et on peut rapidement éveiller les soupçons. A ce moment là on devient soit un otage juteux, soit une poule aux œufs d’ors. Ces pièces serviront à payer la dernière tournée de ma tablée. Il commence à se faire extrêmement tard et je sens que demain va être une journée cataclysmique pour ma pauvre tête.

Autour de moi les 5 joyeux gaillards qui m’accompagnent forment la bande à Gris-Nez. Enfin la bande… c’est peut être un peu léger pour cette dénomination mais c’est ainsi qu’ils se nomment. Et je dois dire qu’une petite réputation commence à les suivre. Evidement rien de très reluisant comme type de réputation. Gris-Nez, Hector, Flatule, Demi-lèvre et Serin. Ce sont des chiens-fous pour la plupart. Des jeunes désœuvrés rendus à moitié tarés par leurs existences. Ils ne s’étalent que très peu sur leurs expériences passées mais de toute façon je n’en ai pas besoin. C’est peu ou prou la même histoire à chaque fois, il n’y a que les détails qui changent. Et ce genre de détails, comment dire… ne valent pas vraiment la peine qu’on s’y attarde alors que les bols d’hypocras arrivent enfin !

Je bois lentement contrairement à mes voisins qui se sont lancés dans un concours de cul-sec. Non pas parce que je me délecte de ce breuvage, son goût ressemble plus à la mixture d’un pot de chambre que de celle du liquide dont il empreinte le nom, mais parce que ma tête tourne violemment. J’observe Gris-Nez qui se trouve en face de moi. Sa tignasse blonde crasseuse laisse deviner un crâne bosselé qui va de pair avec les nombreuses et légères cicatrices qui recouvrent son visage. Surement le souvenir de diverses rixes. A vu de « Gris-Nez » je dirai qu’il a une trentaine d’années. Son âge et sa carrure plutôt imposante en fond naturellement le chef de bande, bien qu’il semble assez différent de ses canailles de compagnons. Plus en retrait quoique tout aussi impulsif, il parait néanmoins légèrement réfléchir avant d’agir, ce qui est déjà un exploit par rapport aux autres. Enfin j’exagère. Serin, qui est le plus jeune de la bande, à peine 18 ans si je me souviens bien, a quelque chose que les autres n’ont pas. Je ne serai pas réellement décrire ce que c’est mais cela se trouve dans ses yeux, sa démarche. C’est assez étrange mais ne lui ayant pratiquement jamais parlé personnellement il m’est difficile d’en savoir plus.

Du coin de l’œil j’aperçois Demi-lèvre se lever. Il rejoint apparemment la bagarre qui s’est formée à l’entrée de la taverne pour je ne sais quelle raison. Hector me hurle alors d’un air hilare :

- Hey le baveux ! Y’a ton copain la Gnole qui redescend !

Je me retourne vivement et renverse tout le reste de mon bol sur mes vêtements. J’aperçois Lucius dans l’escalier, revenant vers nous avec un large sourire aux lèvres.

- Alors c’était bien avec Lysa ?

- Le Temple de Gaïa retrouvé mon p’tit Baveux, dit-il en s’écroulant sur la chaise laissé vide par Demi-lèvre.

Je me tourne alors vers Gris-Nez :

- Alors ça te convient toujours ? La Gnole peut dormir chez vous ?

Gris-Nez commence alors à éclater de rire.

- A une seule condition. S’il dort avec nous, il est l’un de nous. Gnole devient un Asticot et à ce moment là pas de problème. Pour sur.

C’est à mon tour de me gausser violement. Les Asticots ? Ils n’ont pas trouvé plus ridicule comme nom ? Malheureusement j’ai l’impression que cela ne fait rire personne. D’ailleurs ma tête est prise d’un violent mouvement vers l’avant afin de rencontrer la table dans un grand fracas. Une douleur vive et aigue traverse mon crâne. Je sens les gros doigts de Gris-Nez dans mes cheveux exercer une forte pression afin que mon visage reste collé contre le bois, ainsi que son haleine de défunt.

- Ne te moque plus jamais de moi.

- On me m’y reprendra plus.

Son étreinte se desserre et je m’aperçois que quelques gouttes de sang se retrouvent sur la table. Je me masse lentement le front pour essayer de dissiper la douleur.

- Bon est bien je vous confie la Gnole et moi j’vais m’rentrer pour cuver un peu.

Lucius, les yeux pleins d’alcool me tapote le dos en signe de remerciement et j’entends en m’éloignant Gris-Nez ricané.
C’est con mais c’est dans ces moments –là, que je me sens être un Homme.
Les Asticots… Non mais vraiment, qu’est-ce qui faut pas inventer. Ils auraient bien besoin de quelqu’un avec un peu de cervelle pour avoir plus de crédibilité.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Dim 17 Aoû 2014 22:44 
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[:attention:] Lecture déconseillée pour un public trop jeune.

J’entre. Comme dans mes souvenirs, l’endroit est assez sombre, éclairé par l’âtre et quelques chandelles posées sur de lourds lustres en métal pendant au plafond, et répandant autant leur ombre que leur lumière sur le sol et le mobilier. La salle principale, dont le bar se trouve à l’opposé de l’entrée, est assez bien remplie. Mon entrée se fait, dans un premier temps, assez peu remarquer. À une table, quatre hommes jouent à une partie de dés enflammée aux gains importants, ayant amené vers eux des spectateurs et supporters. Amis avides de partager la récompense, curieux ravis de l’animation, ou filles de joie pariant sur l’un ou l’autre des joueurs pour l’épauler, le soutenir de ses formes voluptueuse, et faire tourner vers lui la chance du gain… qui sera ensuite à dépenser en leur compagnie agréable. Un groupe de musique fait une trame de fond agréable, jouant du luth, de la chalemie, et d’une percussion sourde sur un tambour de peau. Ils n’attirent guère l’attention des usagers de l’endroit, qui préfèrent s’adonner à leur boisson ou à leur discussion. De l’autre côté de la table de jeu, un vieillard narre avec une voix rauque ses aventures d’antan, ses crimes et bagarres, avec humour et entrain, au vu des éclats de rire de son auditoire, composé d’une demi-douzaine de personnes, tous sexes et âges confondus. D’autres tables, plus calment, recensent des mercenaires en recherche d’un emploi, ou vidant leurs bourses et leurs verres, des hommes de peu de valeur venant chercher la ribaude pour échapper, l’espace d’une soirée, à leur mégère acariâtre et à leurs braillards de mômes, ou de simples amis buveurs venus étancher leur soif. J’aperçois même, du coin de l’œil, plusieurs donzelles venues là pour s’arracher quelques frissons. Deux hommes les accompagnent, certainement leurs compagnons jaloux n’osant les laisser sortir seules dans un endroit si mal fréquenté. Car au vu de leur attitude, de leurs rires sous cape et de leur habillement, ils ne sont pas coutumiers de l’endroit.

Deux-trois piliers de bar squattent les tabourets du comptoir, servi par ce bon vieux tavernier muet, qui n’a pas pris une ride de plus depuis ma dernière visite. Je m’approche du bar, mais pas totalement. Arrivé à mi-distance, je lance une petite bourse au tenancier pour clamer haut et fort :

« Sers tout le monde, patron, c’est ma tournée ! »

Le muet attrape habilement la bourse, la soupèse, et opine vivement du chef, alors qu’acclamations de joie accueillent mon initiative heureuse, et que les plus assoiffés se pressent déjà pour remplir leur verre. Serveuses prennent commande à toutes les tables, et je vois même les joueurs s’arrêter dans leur partie pour se commander une bonne ambrée, spécialité de la maison. Content de mon petit effet, et ravi que tous les regards se soient tournés vers moi, au moins un instant, je poursuis jusqu’au bar pour prendre ma propre commande. J’ai l’avantage, étant le payeur de la tournée, et étant plus armé seul que l’ensemble des personnes présentes, de ne pas subir de bousculades pour arriver jusqu’au comptoir. Une place se libère, et je me hisse sur le tabouret haut, interrompant Fred, le tenancier, pour commander à mon tour.

« Une taupe, pour moi ! »

La taupe. La fameuse. Ici, il ne s’agit guère de l’animal à moitié aveugle qui creuse des sillons dans les potagers des paysans. Non. Aux Sept Sabres, il s’agit d’une pinte d’ambrée dans laquelle est glissée un verre d’alcool fort, à la discrétion du tavernier. Genièvre fruité en début de soirée, et gnole frelatée quand tous les buveurs sont tellement pleins qu’ils ne sentent plus ce qu’ils boivent.

Prenant ma première gorgée, je constate que je suis bien tombé : un alcool de pomme noie ma bière orangée, répandant son parfum à la fois sucré et suret dans l’amertume de l’orge et du houblon. Alors que j’avale, Lysis me prend à parti…

(Hé bien, y’a de quoi chasser, ce soir ! Quelques proies à faire chavirer…)

(Doucement ! Je tiens à passer un bon moment.)

(Mais justement !)


Elle n’a pas bien le temps de poursuivre qu’un jeune humain d’à peine une vingtaine d’année, cheveux bruns et yeux assortis, vient me taper sur l’épaule, après avoir pris son verre. N’étant apparemment pas à son premier, bien que tenant encore debout sans peine, il m’interpelle.

« Hé, merci ! »

Il tend son verre vers le mien, et j’avance ma chope pour qu’ils s’entrechoquent. Mais le jeunôt me pointe du doigt.

« Dis, tu s’rais pas Cromax, des fois que… ? »

Déjà reconnu. Il faut dire, ma popularité ne cesse de monter, dans la Cité Blanche. Je lève un sourcil, comme pour me faire mousser, et réponds au curieux :

« Dans le mille, petit. D’où tu m’connais ? »

Le type ne semble pas en revenir, et met une main devant sa bouche étonnée.

« Meeeec, c’est dingue. T’es sérieux là ? Non mais tout le monde connait Cromax le vaillant par ici ! »

Le vaillant ! Je manque de m’étouffer dans ma bière alors que j’en prends une nouvelle gorgée, et que le jeune homme s’époumone en hurlant à qui veut bien entendre :

« Holà tous, on boit à la santé du grand Cromax, explorateur de renom, et bras droit du roi ! »

Bras droit du roi ? Et puis quoi encore ? J’ai certes participé en son nom à l’exploration de Verloa, et sous ses ordres directs à la quête de la larme de Thimoros, dont l’acquisition a sauvé le Royaume des pouvoirs d’Oaxaca, mais mes relations avec le monarque s’arrêtent là ! Il a été un bon client, un bon payeur, et voilà tout. Je ne déments cependant pas le godelureau, trop heureux de me faire introduire de la sorte. L’autre se tourne à nouveau vers moi, époustouflé. Un vrai fan… D’autres regardent aussi dans ma direction, avec plus ou moins d’admiration dans le regard. Ou d’intérêt…

« Wah j’en reviens pas. Tu dois avoir la masse d’histoires à raconter ! T’as vu les dragons de Verloa ? T’as combattu quoi, pour parvenir à arracher des griffes d’Oaxaca la Larme de son paternel ? »

Je lève une main, freinant la frénésie de mon premier admirateur officiel.

« Olah du calme. Je viens de réchapper au Dragon Noir d’Oaxaca après avoir détruit une île flottante et un port de guerre complet. J’suis là pour prendre du bon temps et me relaxer, pas pour me replonger dans des histoires. Ça sera pour une autre fois. Allez, profite donc, et bois un coup ! »

La déception ne se lit qu’à peine dans son regard, vite remplacée par une nouvelle euphorie.

« Le dragon noir ? Oh le truc de malaaaaade ! Mes potes vont jamais me croiiire ! »

Et sur ce, sans plus demander son reste, il fait volte-face et retourne près du vieux conteur, interrompu décidément par le succès de ma présence. Je vois le fanfaron s’exprimer avec de grands gestes à ses compagnons, sans comprendre ce qu’il dit exactement, ses paroles étant couvertes par le bruit de la taverne. Je n’ai pas non plus le temps d’observer leur réaction, buvant à nouveau dans ma chopine, que je me fais interrompre par une tape, plus bourrue, sur mon épaule. Je me retourne vers une espèce d’olibrius doté d’un gros pif et d’une grosse barbe foncée bien fournie et ronde, au front court et vers l’arrière. Une brute de base, quoi. Il m’apostrophe de sa grosse voix menaçante…

« Ben moi, j’aime pas qu’un putain d’émissaire du roi soit là où j’bois. »

Un avertissement, pour m’indiquer que je ferais mieux de déguerpir. Sinon… Sinon quoi, en fait ? Cet homme ne peut pas grand-chose contre moi, même s’il rameute sa bande de copains sanguinaires. En moi, Lysis s’enflamme.

(Bute-le ! Fais le taire à jamais ! Arrache-lui sa barbe et son nez d’un coup de rapière !)

Mais si je n’ai pas envie de me laisser faire, je n’ai pas non plus envie de partir chercher un autre endroit pour festoyer après m’être fait mettre dehors par le patron des lieux. Je décide de gérer la situation tout autrement. Je pose à mon tour une main sur le bras du type, et le prends entre quatre yeux.

« Ecoute-moi bien, le poilu. J’suis pas un émissaire du roi, et encore moins son bras droit. J’ai bossé pour Kendra Kâr, et Kendra Kâr m’a payé en bon argent. Et cet argent, c’est celui que tu bois dans ta chope maintenant. Alors si t’as un problème, c’est pas avec moi, c’est avec le gueulard de tout à l’heure, qui n’a visiblement pas compris ça. Ce qui n’est pas ton cas, n’est-ce pas ? »

La brute fronce ses épais sourcils broussailleux, et lorgne sa chope en louchant.

« Ah ouais ouais. J’vois. »

« Bien. Maintenant vas t’en prendre une autre, et cesse de m’importuner. »

J’lui balance d’une pichenette du pouce une piécette clinquante pour qu’il aille se beurrer la tronche plus loin, ce qu’il fait dans l’instant, trop heureux de pinter avec l’argent de la couronne. Une manière comme une autre de se débarrasser des importuns.

(Ouais, mais bien moins drôle qu’avec une bonne bagarre à l’ancienne.)

N’ayant jamais forcément apprécié les bagarres de taverne, je passe sur l’argument un peu haineux de Lysis mettant ça sur son tempérament flamboyant. J’ai l’habitude, en quelque sorte. D’une grande gorgée, je finis mon verre et m’en commande un tout pareil, avant de me lever de mon siège pour vaquer un peu dans la taverne. Je me tourne vers la non moins animée que plus tôt table de jeu, où un participant vient de se faire plumer, et où deux des trois restants ont amassé pas mal de jetons de score. Histoire de faire monter un peu l’impression, je me permets de m’immiscer d’un ton de défi dans leur partie… Sans y participer pour autant.

« Cent yus de plus au gagnant ! »

Les règles sont simples : pas de mensonge ou de trucage. Chacun lance, dans un gobelet, cinq dés à six faces, et annonce un score général, posant un ou plusieurs jetons de score sur la table pour miser. Le suivant doit simplement augmenter l’annonce, en égalant la mise, ou en l’augmentant également, ou en dénonçant un mensonge de son prédécesseur. Les dés sont alors dévoilés… Le gagnant étant celui qui a annoncé la mise la plus haute… Sans s’être fait prendre en train de mentir. Les trois joueurs restants se concentrent, et lancent leurs dés. J’observe de loin la partie se dérouler, alors qu’une donzelle vient m’apostropher, s’appuyant sur mon épaule en me glissant à l’oreille.

« Si t’as de l’argent à dépenser, j’ai quelques idées à te proposer. »

Une femme de petite vertu, une prostituée… visiblement intéressée par le contenu de ma bourse. Je tourne les yeux vers elle. Elle est plutôt jolie, quoique sur maquillée. Deux yeux verts, cernés de mascara noir et mauve. Une peau pâle, des lèvres rouges percées par des anneaux à trois reprises. Et un quatrième dans le nez. Un carré court de cheveux noirs, dont deux mèches plus longues, colorées de rouge, cernent le visage. Le blanc de ses yeux n’est pas très net : elle n’est pas sobre. Provocante, elle passe une langue gourmande sur sa lèvre supérieure. Je suis presque déçu de la remballer…

« Désolé chérie, j’ai pas l’habitude de payer pour ce genre de chose… »

Je lui lance un clin d’œil, et elle s’écarte, visiblement déçue, et fâchée de s’être ainsi fait refouler. Un éclat de voix attire mon attention vers la table de jeu. Un des joueurs, celui qui avait le moins de jetons quand j’ai regardé la dernière fois, vient de remporter le tapis des deux autres, les mettant ainsi hors course d’un coup de maître. Un bon bluffeur, qui se réjouit de sa victoire en récupérant les minettes vénales qu’il avait perdues avec ses jetons. J’attire son regard, d’un claquement de doigts, et lui envoie les yus promis.

« Tiens, voilà ton dû ! Et une tournée de plus, patron ! »

Une fois encore, l’initiative est saluée de nombreux soupirs de satisfactions, et cris joyeux dans l’assemblée. S’il avait pu s’exclamer, Fred en aurait fait de même. Je lui fais sa soirée, au vieux. Je vide d’un coup ma chope, pris moi-même par le temps pour m’en commander une nouvelle. Et une autre encore après. Les gens s’enivrent dans la bonne humeur, et viennent me partager leur joie de vivre en me payant un coup, ou en me joignant à leurs toasts festifs. Une rixe débute, entre deux perdants du jeu de dés, bien vite mise à mal par des rustauds jetant les importuns hors de la taverne. Rien de bien grave, même si Lysis m’a encore apostrophée pour que j’étête les deux bagarreurs.

(Doucement ! Je te rappelle que je dois faire bonne impression, ici. Pas me faire arrêter dès mon premier soir de retour.)

(Mouais. Ben ferre une biche alors. Y’en a qui n’attendent que ça.)

Je jette un rapide tour d’horizon. La fille de joie que j’ai remballée me regarde fixement de la table où elle est assise. Tout comme le fan du début de soirée, qui s’est écarté avec ses potes du conteur désormais rentré chez lui. Mais bon… je lui préfère la première, à tout choisir. J’entends les petites jeunettes bourgeoises glousser en jetant de temps en temps des œillades dans ma direction, au plus grand dam des deux jouvenceaux les accompagnant, sirotant jalousement leurs boissons sans oser contrôler l’euphorie féminine.

(Peut-être, mais pas sans musique !)

Le groupe, toujours en toile de fond, n’arrive pas à passer au-dessus des sons de la taverne joyeuse. Ils jouent en sourdine, plus pour combler les blancs éventuels que pour répandre réellement leur musique dans l’endroit. Aviné, je m’approche d’eux avec un air joyeux, et sans complexe, m’exclame :

« Allez, les gars, un peu d’entrain. Faut que ça danse ! »

L’idée semble plaire au public alentours, puisqu’ils accueillent l’idée avec de nouveaux cris d’entrain. Les musiciens, trop heureux de se voir ainsi réclamés par les usagers, entament un air plus joyeux, plus dansant et, surtout, plus audible. Les accompagnent rapidement les claquements de mains, de pieds sur le plancher, et les danseurs improvisés qui écartent tables et chaises pour se faire de la place. L’ambiance monte d’un ton, et jouvenceaux et demoiselles envahissent la piste de danse avec bonne humeur. Les mercenaires les plus cyniques et sérieux sont déjà trop pleins d’alcool pour s’opposer à un tel soulèvement de joie. Les cœurs dansent, l’alcool vole, la musique bat son plein, et les tournées se répètent dans toute la salle, qui a trouvé de nouveaux généreux donateurs… Et pas forcément les plus riches. Juste les plus avides d’avoir aussi leur petit moment de gloire éphémère, ou ceux qui, pris dans l’ambiance, souhaitent entraîner tout le monde avec eux.

Il fait chaud, et je me laisse moi-même aller à la danse. Lointaine des danses strictes des bals de la noblesse, ici, chacun bouge son corps comme il le souhaite, sans chorégraphie ou partenaire. Un percussionniste amateur s’empare d’un tabouret de bois, et s’amuse à ajouter des notes plus aigües aux percussions déjà existantes du tambour. Les gens se laissent aller, se détendent… Je repère, dans la salle, le groupe de jeunes de la haute qui n’osent visiblement pas dévisser leurs fesses de leur siège pour se joindre à la liesse populaire. Je m’approche d’eux, joyeux.

« Allez, allez, on bouge, on danse ! Laquelle de celles-ci m’accompagnera là-bas ? »

Je désigne l’espace dégagé ou filles et garçons se trémoussent en cœur. D’une voix, les nanas présentes en désignent une tierce, qui rougit aussitôt de l’enthousiasme de ses amies. Elle semble incarner l’innocence même, avec ses yeux bleus clairs, son teint de pêche, son grain de peau soyeux et ses lèvres rose pâle. De longs cheveux châtain clair tombent en cascade autour de son visage et dans son dos, comme si elle cherchait à s’y cacher. Elle porte une robe cyan brodée jaune, aux bretelles larges en voile. Une robe légère, bien que tout à fait respectable, sans aucune provocation. Tout le charme d’une jeunesse encore innocente, derrière ce visage confus osant à peine me regarder. Je tends une main vers elle, alors que ses amies l’encouragent.

« Allez, prends la main ! Va danser ! Vas-y, vas-y, c’est ta soirée ! »

Timide, mais cédant finalement à la pression sociale, non sans un plaisir honteux dissimulé sous un sourire gêné, elle consent à doucement mettre sa main dans la mienne et à se laisser entraîner sur la piste de danse. Sur le rythme de la musique, je la fais d’abord tournoyer autour de moi, avant de l’envoyer, dans le même mouvement, contre moi, alors que ma main libre se pose sur sa taille. Elle rougit de plus belle, et se sent forcée de me préciser, en un murmure intimidé :

« Je me marie demain… »


C’était, sans doute, la pire chose à dire… Dans mon esprit, Lysis se déchaine, décidément particulièrement en forme, ce soit.

(Une pucelle ! Fais lui goûter ta liberté, avant qu’elle ne soit enfermée dans une belle cage dorée.)

(Mais… ça ne se fait pas !)


(On s’en fout, on va brûler sa culotte !)

(P… pardon ?)

(Hm. Rien. Une coutume locale, chez les humains. La promise sort une dernière fois en célibataire avant le mariage. Et du coup, elle peut en PROFITER !)

Une recrudescence de son magnétisme spirituel sur mon esprit, et ma main glisse sur la fesse de la danseuse, qui tressaille, sans oser se dégager, ou même me rabrouer. J’avoue n’avoir pas beaucoup résisté. Lysis n’a pas tort sur un point : je n’en ai rien à carrer qu’elle soit bientôt mariée. Elle est mignonne, et sa miche dans ma paume me sonne comme la promesse d’une nuit agréable. L’alcool aidant, je me prépare à me comporter – une fois de plus – comme un véritable salaud. Je resserre l’étreinte sur ma partenaire de danse, et nous tournoyons ainsi en cœur, sous les cris enjôleurs de ses amies complices, et sous le regard malveillant des mâles de certaines.

L’ivresse générale est haute, les gens s’amusent, forment un corps mouvant sous les mêmes rythmes. Les musiciens, galvanisés, se permettent d’endiabler encore davantage leur air, presque uniquement basé, désormais, sur les percussions. Les instruments à corde et à air servent la rythmique plus que l’inverse. Un autre improviste se juche sur une caisse de bois pour y frapper frénétiquement ses mains, ajoutant un rythme de plus à la mélopée terrible. Et les gens dansent, dansent et rient. Ils boivent, ils s’amusent. Ils s’embrassent et, Lysis n’avait pas tort, s’embrase.

La sueur coule sur les fronts. La danse devient presque tribale, instinctive, plus qu’artistique. Les corps sont désinhibés, les esprits libres. Nul ne pense au lendemain, chacun se retrouve agréablement prisonnier de cet instant de transe collective. Sur la piste de danse, une jeune femme d’origine humble à la peau d’ébène et aux cheveux tirant sur le rouge foncé se trémousse avec tant d’ardeur que ses frusques se dénouent, et laissent deviner ses formes aux danseurs les plus proches. Ses braies larges pendent bas sur son bassin, et je sens le désir m’envahir sitôt que je l’aperçois. Si bien que je serre encore davantage ma partenaire fébrile, n’osant me reprocher mon attitude… Elle aussi est un peu éméchée, sans doute. Je la sens même se blottir davantage contre moi. Se laisser aller dans la danse en suivant chacun des mouvements de mon corps. Mais mon regard est posé, par-dessus l’épaule de la jeunette, sur la danseuse à la peau sombre. Et celle-ci s’en aperçoit, et soutient mon regard de ses yeux noisette intenses, se déhanchant de plus belle. Sans même chercher à l’en empêcher, je sens la rose de ma broche émettre ses phéromones de désir. Celles irrésistibles au commun des mortels.

Je me mords la lèvre, sans quitter ses yeux de feu du regard. La danseuse s’approche, me contourne, et se colle à mon dos. Je sens la chaleur de sa peau moite transpercer les couches de mes habits, alors que ses mains se perdent sur mes hanches. Ma partenaire s’en rend compte, et s’écarte de moi, surprise… choquée, peut-être aussi. Mais il est hors de question qu’elle s’en aille, aussi je saute sur l’occasion pour l’embrasser, glissant mes lèvres contre les siennes, si surprises de mon initiative qu’elles restent atoniques. Bras ballants, elle se laisse faire, alors que la danseuse ondoie contre mon dos, courbant les jambes pour descendre vers le sol en glissant contre moi, passant ses mains par devant pour frôler subtilement les cuisses de la future mariée, qui frémit de plus belle, sans pour autant réagir.

Autour, personne ne semble se soucier de nous. Même les amies de la jeune bourgeoise sont trop occupées, elles aussi, à danser avec frénésie avec leur partenaire. Ou un autre, mercenaire ou brigand, usager de la taverne habitué ou occasionnel, dégoté pour l’occasion. Les sons parfois graves, parfois plus aigus de la chamelie deviennent sensuels, et je me laisse porter par eux. Je pousse la jeunette jusqu’à une table, pour l’y asseoir. Retroussant sa robe, elle m’enserre de ses cuisses alors que la danseuse ébène défait ma ceinture en me caressant avec désir… Nous sommes tous, je crois, dans un état second. Je ne sais pas bien ce qui se passe… Je sais juste que j’aime ça. Enivrées d’alcool et de senteurs de désir, les deux femmes s’abandonnent à moi, et je les embrasse tour à tour. Lâches et trop remuées, les braies de la danseuse ont fini par tomber, et c’est sans culotte qu’elle se colle à moi, alors que la robe de la jeunette lui remonte jusqu’en haut des cuisses, dont elle se sert pour flanquer son bassin contre le mien. Une paire de mains féminines viennent lui caresser la poitrine, à travers sa robe cyan. Et c’est là que j’aperçois la fille de joie au maquillage noir et mauve se mêler à nous à son tour, à genoux sur la table, derrière la fiancée. Je ne le vois pas, mais des scènes semblables, charnelles et sensuelles, naissent dans toute la pièce. La chaleur émanant de l’endroit est torride, et pousse à la nudité, à la proximité.

La suite… La suite n’est que musique, finalement. Un quatuor gémissant sous les coups fracassants d’une rythmique cadencée, les mains qui glissent sur les cordes sensibles des peaux accordées dans une harmonie parfaite. Un mélange sur les gammes, aussi sauvage que délicat, de la clé au soupir, mais sans le moindre silence. Et les notes, aigües et rapide, vont crescendo pour rassembler le tout en une symphonie exceptionnelle, où tout est lié, mêlé. Pour mener, au point culminant de l’œuvre à un diminuendo progressif ou les blanches prennent petit à petit le dessus sur les croches. Où les cœurs s’abaissent à un rythme plus lent, posé, où les corps ne sont plus que caressés, frôlés…

Vidé de toute énergie, de tout sens de la réalité, je me laisse un instant sombrer dans le confort d’un triple girond, avant d’en glisser pour me rhabiller, laissant d’autres couples d’un soir partager ce moment qui, le lendemain, paraitra aussi vague que lointain. Comme si nous avions, l’espace d’une soirée, arrêté le temps et la réalité pour les surpasser tous deux en une autre dimension, commune à chacun des êtres présents.

Reprenant toutes mes affaires, je quitte l’endroit alors que les premières lueurs de l’aube déchirent l’obscurité ténébreuse d’un ciel nocturne encore bien présent. Une fiancée, une danseuse d’ébène, une fille de petite vertu… Et moi. Je quitte la taverne avec un sourire énigmatique sur les lèvres. Un sourire mêlant satisfaction, plénitude et dénué de la moindre culpabilité. La voilà, ma liberté.

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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Lun 9 Fév 2015 18:18 
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[En provenance du Mausolée des Valeureux]

Avisée par l'intermédiaire de la femme à la robe prune de ce que le Monastère attendait d'elle, Selen, quittant le Mausolée, songeait au périple qui se profilait devant elle, et aux Miséreuses de La Main Mise qui nécessitaient son secours. Mais force étant de constater qu'elle ne connaissait encore rien de la maison de joie, de ses protecteurs malveillants ni même du sort des catins que la Sororité savait disparues, s'imposa à la guerrière la préalable mission de se renseigner. Quoi que de bonnes gens eussent pu fréquenter un tel lieu, il était fort peu probable que quiconque de cet acabit se confia à elle sur son insistance, étant donné le caractère sensible du sujet. Non, il n'y eut pas à réfléchir longtemps pour comprendre que le meilleur des endroits pour glaner ses premières informations était sans nul doute finalement le pire de ceux-ci.

Le pire, ainsi, telle que la Sœur se le définissait, s'apparentait à un bouge ou quelque lieu mal famé où alcool, jeu de hasard, spadassins et prostituées seraient tout à la fois à louer. Or, tandis qu'elle s'aventurait dans les quartiers de l'Est sous l’œil mauvais des passants qu'elle y rencontrait et parfois questionnait, se présenta comme une évidence une taverne où la lie de la société toute entière semblait se donner rendez-vous. Inspirant longuement pour réprimer sa répugnance face à pareille engeance, la Sœur passa le seuil côte à côte avec un orque dont le regard borgne s'aventura aussitôt, en même temps que celui de Selen, vers le comptoir où une jouvencelle aux épaules dénudées minaudait en compagnie des chalands alcoolisés. Prenant une place à l'écart des gens rassemblés autour de la fausse ingénue, la guerrière, qui cherchait là un moment de répit pour s'acclimater à l'ambiance sordide des lieux, prit commande d'un godet du vin local avant de considérer l'assistance.

Somme toute, hormis la douzaine de gens rassemblés au fond de la pièce et quelques pauvres hères sur des sièges isolés ça et là, Selen fut bien obligée de constater que la recette de l'édifice ne battait pas encore son plein. Fort était à parier qu'il lui faudrait attendre l'heure nocturne pour repérer un individu intéressant duquel s'approcher, ce qui lui laissait donc en cette milieu d'après-midi un temps certain pour se souvenir qu'elle n'avait rien mangé depuis la petit matin, et pourvut à son appétit par un brouet accompagné d'un morceau de viande. Mangeant lentement et silencieusement, elle entreprit, une fois rassasiée, de s'intéresser à l'ouvrage que la dame Ivène lui avait offert tantôt, et trouva dans son sac ledit livre.

Un examen plus approfondi des Contes Anciens de la Vierge, comme le stipulait l'intitulé en lettres d'or, lui révéla l'excellente qualité de l'objet, ainsi que le peu d'usage qui en avait été fait. La couverture, agréable à l’œil, comportait une gravure à même le cuir représentant une femme aux traits délicats, mais le regard farouche, et les deux mains resserrées en étau autour d'une puissante épée. Elle était vêtue d'une demi armure qui se juxtaposait à ce qui s'apparentait à une robe fine, dans un contraste étonnant entre douceur du tissu, et froideur du métal. La représentation, de fait, plut beaucoup à Selen. À l'intérieur, sur les premières pages et dans une écriture manuscrite appliquée, se lisait ceci :


« Maints contes et antiques récits de La Légendaire,
Recueil original de Lò Vireyne, érudite de la Cour de Kendra la Pacificatrice,
Qu'entre mains vertueuses nobles paroles fussent passées en héritage. »



Et à cela se succédait le récit, sous le registre de l'épopée épique, se subdivisant en pas moins de douze livres de sept chapitres chacun. Le chiffre fit tiquer Selen, qui y reconnut les Douze Vertus et les Sept Vices de Selhinae, une similitude dans le découpage anodine pour le profane, mais que toute Sœur pratiquante des rites de la Sororité ne pouvait manquer. La guerrière s'interrogea, y avait-il vraiment une bienveillance désintéressée dans le don de ces histoires ? Y avait-il un « à-propos » plus substantiel qu'Ivène ne lui avait révélé de prime abord ? Troublée par ces attentes vis à vis d'elle qu'elle ne comprenait pas encore, Soeur Selen se plongea verre en main à la lecture du manuscrit, et front posé contre son poing, fit dérouler la calligraphie devant ses yeux.

Et ainsi, le temps s'écoula.

La lectrice n'en reprit conscience que lorsque le tapage des lieux devint trop insupportable pour ne pas se perdre entre deux lignes, et que l'âpre odeur des luminaires incandescents ne lui piquent aux yeux. En quelques heures, il semblait que la capacité de la taverne en était venue à tripler, et nombre de gens encapuchonnés et peu amènes avaient proliféré à l'écart de la compagnie grandissante du comptoir, s'entretenant de leurs affaires mystérieuses avec des interlocuteurs de toute ethnie.
Une elfe au sourire franc et l’œil téméraire, installée depuis un moment à quelques mètres à peine de Selen, et occupée à siroter une bière plus brune que sa chevelure, attira l'attention de la bretteuse. Mais alors qu'elle entamait de se lever pour l'aborder, la Soeur fut détrompée dans son intention par un homme au visage ébène et au sourire affable, qui posa sa main sur la table devant elle tout en la jaugeant :

« Nouvelle, hein ? Vous prendrez bien quelque chose d'autre à boire avant de me dire quel genre de compagnie vous recherchez ici ? »

L'individu, au vu de sa brigandine qui cliquetait sous sa bure abîmée par le voyage, ne travaillait de toute évidence pas à la taverne. Se sentant particulièrement insultée qu'un mâle l'apostropha de la sorte, la Sœur dût recourir à des trésors de tempérance pour ravaler son venin et hausser en tout et pour tout un sourcil perplexe, lorsqu'une idée soudaine lui vint en tête :

« — Vous feriez bien de vous méfier des nouvelles, commença t-elle lentement, on se repent souvent de les prendre de trop haut. Mais si c'est un verre que vous m'offrez, ce sera de vin. »

Au tragique moment de silence qui s'ensuivit, Selen ne fut que trop consciente qu'en terme de séduction de la gent masculine, elle ne pouvait faire que des progrès. Fort heureusement, l'individu, reprenant sourire et assurance, concéda que la blonde avait son caractère, et sûrement se fit-il fort de l'amadouer avant la nuit passée pour passer cette dernière au-dessus ou au-dessous d'elle. Grinçant des dents tandis que le gueux ramenait leurs boissons respectives, Selen l'observa s'installer comme un prince à son coté, et, tournant sa chaise à demi vers elle, le vit reprendre :

« Long voyage, c'est ça ? Vous venez de ce continent ? Vos habits sentent encore le sel, j'imagine que vous nous venez par bateau ; ils charrient les cargaisons les plus surprenantes ces derniers temps. »

Elle cilla, le temps seulement de concevoir son mensonge :
« — En effet, je viens d'Imiftil, votre intuition ne vous a pas menti. »
« — Ah, de Tulorim ? », s'enquit-il tout en commençant à boire.
« — Le désert, j'y escortais des caravanes sur la côte. À l'armement que vous dissimulez sous votre tunique, je devine que vous êtes également homme d'arme ? »

L'homme, que ce fut vrai ou non, se présenta comme un aventurier de grande ambition, ayant quitté la Milice des Duchés pour trouver plus d'opportunité dans une grande cité. Il parla de lui, parla bien, et copieusement. Les bandits qu'il avait traversé de son épée bâtarde, les grands moments que la Milice avait connu, le mage qui avait manqué, sur la route, de tuer son cheval sous lui, et comment la bête avait fait un saut prodigieux avant de le renvoyer en arrière d'un coup de sabot... et en auditoire mesurément attentif, Selen s'assurait que chaque pause de son récit trouva une pinte pour étancher sa soif.
Lorsque le crépuscule fut depuis longtemps passé et que l'agitation à la taverne battit son plein, une rixe et trois échanges houleux s'étant déclarés entre différents partis, tandis que les filles de joie redoublaient de charme pour exciter l'auditoire, vînt la question qui rendit l'entretien décisif :
« Votre bouquin là,... celui que vous avez rangé avant, avec la Vierge, c'est des récits érotiques, hein ? »

À moitié grisée seulement par les trois verres qu'elle avait sagement consommé, la Soeur se demanda en sa moitié sobre si elle n'allait pas tuer cet idiot pour outrage.
« — Plus ou moins », concéda t-elle finalement. Mais voyant l'homme à point, elle investigua davantage en orientant ses questions de manière directe : « En fait, pour tout vous dire, ce sont des écrits saphiques. Entre filles, vous voyez ? Ça change un peu. En tant qu'homme, vous n'allez pas me contredire, non ? »

Certes, non, le sourire qu'il lui afficha et la manière dont il commençait à la fixer ne disait pas le contraire. Selen enchaîna aussitôt, avant que l'envie de se planter sur sa propre épée pour ses paroles ne prenne le dessus sur sa raison :
« — Et en parlant de femmes, vous devez vous y connaître, depuis le temps que vous êtes en ville, je crois ? Les filles d'ici sont un peu... » Elle mima un geste mi-figue mi-raisin : « Ma foi, vous voyez, il suffit de voir le niveau de l'auditoire pour comprendre. Il doit bien y avoir des endroits où pour le bon nombre de Yus on peut obtenir tout son content, même pour les demandes, disons,... spéciales ? »

Se penchant un peu vers elle en réprimant un rire euphorique, il parla d'une voix basse mais trop grave pour ne pas résonner tout alentours, dans une parodie de conciliabule :
« — Les Trois-Châteaux, y a là-bas une ou deux anciennes nobles qui sont tombées en défaveur. Mais c'est plus d'une lune de solde qu'il va vous falloir regrouper pour ça, sûr. L'Antre d'Ylia propose de toutes les races, elle ; hommes ou femmes, si ça peut vous intéresser. Mais La Main Mise, en ce moment, selon ce que vous entendez par spécial, c'est mon bon conseil. »

Lorsqu'il passa son bras autour de ses épaules en l'observant d'un air entendu, Selen commença à se raidir, et ses doigts à la démanger. Elle soutint néanmoins l'effort, et, le sourire rigide, continua de sa voix la plus chaude :
« — Spécial... eh bien, la vraie question est de savoir : que peut-on ne pas leur faire, à ces filles de La Main Mise ? »
« — Hé ! —s'exclama t-il en augmentant encore le volume sonore. Vous y avez la main mise, ou vous ne l'avez pas. Avec le bon prix, j'ai vu des Worans entrer dans l'une des chambres les plus reculées, et... enfin, vous savez, ce sont des animaux, ces bestiaux-là, pas pour moitié des Hommes ; anthropophages, pour tout dire. Et avec des filles comme celles-ci, je comprends que ça stimule à la fois deux appétits distincts. »

Mais l'allusion fut de trop. Horrifiée par le sort sous-entendu des malheureuses, Selen se redressa vivement et envoya d'un pied rageur dans la figure faire valser son interlocuteur. Dégainant l'épée, elle se pencha aussitôt sur lui pour lui asséner le pommeau entre ses dents trop exposées lors de ses sourires, et compta réitérer avant que les cris d'encouragement de la clientèle exaltée ne la ramènent soudain à la raison. Instigatrice de la seconde rixe de la soirée, elle avait, en amusant le petit monde alentour, attiré l'attention mitigée des truands occupés à leurs affaires, ainsi que celle bien plus fervente des soulards et de leurs catins qui, eux, se repaissaient du spectacle et s'en donnaient à cœur joie.
Elle rengaina avec raideur alors que l'homme à terre gémissait la bouche en sang, et jeta à la hâte quelques Yus sur la table pour éviter de s'attirer en plus de tout cela les foudres réservées aux mauvais payeurs. La guerrière se retira alors de l'endroit aussi vite qu'il lui fut possible sans prendre le pas de course, la main tremblant encore sous l'émotion. Attachant en arrière des mèches que sa furie avait rendue volatiles, elle bifurqua vers une ruelle pour éviter toute éventuelle présence de la Milice, au cas où l'un des hommes du Guet eut été présent durant la perte de son sang-froid. Et plus que tout, elle cherchait la solitude, le cœur trop soulevé encore à l'idée du sort funeste et morbide que les disparues avaient pu connaître, gagnant son émoi.

Mais tandis que l'acclamation s'évanouissait derrière elle à mesure que ses pas la ramenaient vers la Grand Rue, elle manqua d'apercevoir qu'elle ne sortait pas seule.

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Selen Myrmillo - Guerrière de la Sororité


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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Sam 16 Mai 2015 21:56 
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Acety buvait sombrement au fond de la taverne des sept sabres. Les choses ne se déroulaient pas exactement comme il l’avait prévu depuis qu’il avait quitté les égouts de Kendra Kâr. Il survivait à l’aide de menu larcins, mais cela suffisait à peine à lui payer ses repas, et il dormait dans la rue chaque soir, enroulé dans sa cape et dissimulé dans les coins sombres, la plupart du temps sur les toits.

Soudain, la porte de la taverne s’ouvrit, et un homme richement vêtu entra, attirant immédiatement les regards de toutes les personnes présentes dans la taverne. De taille moyenne, environ 1m70, il était corpulent, presque obèse, témoignant d’une aisance que l’on rencontrait peu dans les quartiers difficiles. Il était chauve mais portait une moustache imposante, visiblement entretenue avec soin. Cette moustache était surmontée d’un regard perçant qui fouillait la salle, semble chercher quelque chose, ou quelqu’un. En outre, il portait une veste de soie verte ainsi qu’un pantalon de lin qui s’enfonçait dans des bottes de cuir cirées à la perfection. Autour de son cou pendait une chaine en or, et il portait de nombreuses bagues, serties de bijou précieux. A sa suite venait un homme gigantesque, mesurant au moins 2m20. Vêtu d’une armure de cuir noir parfaitement ajusté, il gardait sa main posée sur la poignée de l’épée longue qu’il portait à la hanche. Cet attirail était complété par une dague accroché à sa ceinture. Visiblement engagée comme garde du corps, il dégageait une impressionnante aura de danger qui fit vite détourner le regard des clients observant encore le marchand.

Ce dernier se dirigea directement vers Fred le muet, le tavernier, agita longuement les mains tandis qu’il semblait expliquer quelques chose qu’Acety n’arriva pas à l’entendre. Fred sembla refléchir quelques instant, acquiesça puis désigna du menton la table où Acety buvait sa bière. L’homme sourie puis vint s’installer à la table d’Acety, suivit de près par son garde du corps, qui resta debout :

"Bien le bonjour ami Sekteg, pouvons-nous nous assoir ?", dit-il, tirant une chaise sans attendre la réponse d'Acety. "Fred ! Amène-moi une chope de bière ! Et une autre pour mon ami ici présent !"

Acety ne répondit rien, son regard effectuant constamment des allers-retours entre le marchand et son garde du corps. Il se demandait s’il devait fuir, mais, jaugeant le géant du regard, il se rendit compte qu’il serait probablement mort avant d’atteindre la sortie. Il décida donc de se contenter d’écouter pour le moment. Le sourire de son interlocuteur s’agrandi encore, et il poursuivit :

"Vous semblez être perspicace ami Sekteg, c’est une qualité rare et précieuse de nos jours. Mais où est passé mon savoir vivre, je ne me suis même pas présenté ! Je me nomme Talvar Nadur, marchand de mon état. L’homme qui se trouve derrière moi est connu sous le nom de Kor. Il est muet, fidèle et surentrainé. Oh bien sûr je ne dis pas ça pour vous menacer évidemment, nous sommes entre personnes civilisées n’est-ce pas ? Mais je m’égare. Voyez-vous, je suis à la recherche d’une personne compétente et discrète pour effectuer un petit travail pour moi. J’ai donc consulté mon ami Fred, l’homme tenant cette charmante auberge qui m’a renvoyé vers vous. Il affirme que vous remplissez parfaitement ses critères, et qu’en outre, vous êtes fidèle à votre parole ce qui m’importe beaucoup…"

Il s’interrompit pendant qu’une serveuse leur amenait leur bière

"… Ce qui m’importe beaucoup, disais-je, car je suis allergique à la trahison, ça me donne des boutons ! Vous n’imaginez même pas ! Hors mon ami Kor, bien que discret, est très attentionné envers moi et a donc tendance à rapidement régler ces problèmes de trahison afin de limiter mes souffrances. Mais assez parlé de mes petits problèmes de santé, prenez donc une gorgé de bière mon ami. Seriez-vous intéressé par ce travail ?"

Acety marmonna : "Ais-je donc vraiment le choix ?"

Le marchand gloussa et répondit : "Pas vraiment je le crains ami Sekteg, vous êtes désespéré, vous contentant de petits vols minables pour survivre. En outre, j’ai, comme vous avez pu le remarquer, beaucoup d’amis dans ce quartier, à commencer par ce cher Kor, et, à ma grande honte, ils ont tendance à prendre mes problèmes à cœur et ont tendance à faire du mal aux personnes qui me déçoivent. Ils veulent trop en faire je suppose ! Cependant, ne vous méprenez pas, je suis un homme honnête, et je vous récompenserai comme il se doit."

L’attitude du marchand commençait à amuser Acety, et la mention d’une récompense le rassurait un peu. Peut-être était-ce finalement l’occasion de se sortir de sa situation actuelle :

"Eh bien je vais donc accepter votre offre avec plaisir, ami marchand, quel est donc votre projet"

"Droit au but, ça me plait ! Voici donc mon problème. Voyez-vous, comme je vous l’ai dit je suis marchand, je me spécialise notamment dans toute sorte de petits objets, rares, précieux… et pas toujours complètement légaux. Hors, je suis sans cesse en compétition avec des concurrents sans scrupules ! S’embarrassant bien peu de la moralité et de l’honnêteté qui me tiennent tant à cœur ! L’un d’entre eux notamment, dont le nom vous importe peu, est décidé à ruiner mon commerce, me vouant une haine sans faille que je ne m’explique pas, il jalouse s’en doute mon talent pour les affaires. Il a jouit cependant d’une réussite insolente ces derniers temps, vendant ses produits à des prix défiant tout concurrence ! Les gardes l'on bien sur suspecté d’oublier de payer les taxes sur certains de ses produits les plus rentables, mais ils n’ont rien retrouvé dans son entrepôt. Hors, il se trouve que je suis récemment entré en possession de quelques grammes d’une poudre Shaakts au nom imprononçable, et dont la vente est fermement interdite dans notre belle citée. J’ai alors pris mon courage à deux mains et décidé d’aider la justice de notre belle citée. Si cette poudre était retrouvée dans la petit cache dissimulée dans son bureau, et qu’un citoyen anonyme expliquait à la milice comment trouver cette cache. La justice serait rendue !"

"Et je suppose que mon rôle dans cette histoire n’est pas celui-ci du noble citoyen prévenant la milice, n’est-ce pas ?"

La marchand parti d'un rire franc, sincèrement amusé :
"Malheureusement non cher ami, la milice voyez-vous souffre d’un racisme latent envers votre espèce, racisme que je déplore fermement croyez-le bien ! Non, j’aurais en revanche besoin qu’un courageux Sekteg aide la justice en trouvant cette cache et en y déposant un petit sac de poudre. Pourriez-vous me rendre ce service ?
Acety soupira : "Très bien, et puis-je savoir où se trouve cet entrepôt ? Et comment vous préviendrait-je une fois ma tâche accomplit ?"

"L’entrepôt se trouve à quelques rues d’ici, dans le quartier des docks. Quand à me contacter, j’apprendrais très vite que vous aurez réussi, je déposerai alors votre récompense à Fred qui vous la remettra quand vous repasserez dans cette auberge. Sur ce mon cher ami, je dois vous laisser mon temps est précieux. Je vous souhaite bonne chance pour ce petit travail."

Talvar Nadur fini alors sa bière d’une traite, se leva rapidement et sorti. Kor, quant à lui, fixa Acety quelque seconde, semblant le menacer simplement à l’aide de son regard. Puis il suivit son maitre sans dire un mot. Acety leur laissa quelques minutes d’avance, souhaitant peu les recroiser, puis sorti à son tour en direction de l’entrepôt. Il était bientôt 23h, il pleuvait à seau dans une nuit noire, le moment était idéal pour un voleur.

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Acety, Sektegs, Voleur


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 Sujet du message: Re: La taverne des septs sabres
MessagePosté: Mar 5 Jan 2016 16:52 
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A l’instant où le marchand m’annonce le prix extrêmement bon marché de son produit, je me remémore l’endroit et même la personne sur qui je l’ai senti. Mon visage s’illumine, radieux. Celui du marchand aussi. Je lui tends les quelques Yus, me retient de lui arracher le flacon des mains avant de quitter sa boutique, retournant dans les rues bondées pour y jouer des coudes.
Un plan s’échafaude dans mon esprit mais pour le mettre à bien, j’ai besoin d’un complice. Incognito, le visage dissimulé, je me dirige là où l’on trouve les personnes qui, contre monnaie, accomplissent les pires besognes.

La taverne des Sept Sabres, le repaire des pires raclures. Perdu au milieu d’un quartier de pouilleux. Un endroit glauque qui pue la sueur, la pisse et le vomi.
L’établissement est dans un sale état. Les tables sont éparpillées, certaines retournées voir brisées. Dernières traces d’une bagarre avec le battu encore au sol, le visage sanglant trempant dans une mare odorante.

D’autres tables, plus petites, occupent les coins reculés où certains conversent à l’abri des oreilles curieuses. Le coin des affaires que personne ne vient déranger. Le tout, éclairé par les flammes vacillantes de quelques chandelles.
A peine entré dans la salle, des putes se lèvent de ce qu’il reste de leur canapé de velours pour venir me tourner autour. Je les assassine du regard, les renvoyant à leurs places sans un geste. Ici, bas les masques. Je dois montrer ma vraie nature pour être pris au sérieux.

Je jette le même regard à ceux qui veulent me juger pour savoir si je fais partie des pigeons ou de ceux qui les chassent. Ils détournent la tête, ils ont compris.
D’autres, dans le coin des affaires, lèvent la tête. L’un d’eux même, me fait signe. Un signe discret, qu’on remarque à peine. Un mouvement d’index. Je me tourne vers lui et m’approche.

Dans la taverne, chacun reprend ses occupations. Arrivé à proximité du bureau, mon interlocuteur me fait un autre signe, celui de m’arrêter où je suis.
D’ici, je peux mieux voir son visage. Un visage Kendran, les cheveux clairs, courts. Un peu la gueule de monsieur tout le monde. Plutôt beau garçon. Un regard qui semble transpercer n’importe quel masque, tout voir.

" Vous avez l’air d’un homme qui cherche un homme comme moi. "

Il me sourit. Un sourire qui ferait craquer n’importe quelle femme et mettrait en confiance n’importe quel client. Je lui fais une grimace, mi amusé, mi irrité pour toute réponse.

Encore un signe, il m’invite à m’asseoir.
Je prends place, m’installant inconfortablement sur le tabouret, m’accoudant à la table. Il m’imite, décrochant le dos de son mur pour s’accouder lui aussi. Etait-il de ces hommes qui savent interpréter les gestes et y répondre ?
Il me fixe de ses yeux verts avant de m’adresser la parole d’une voix grave, agréable à entendre, qui n’est pas rouillé par l’alcool ou la pipe comme ceux des tables aux alentours.

" Assassinat ? "

L’homme est intelligent, je n’en doute pas. A quel point l’est-il ? Je dois le tester.
Je mets mes mains à plat sur la table et lui accorde enfin le droit d’entendre ma voix.

" Pas vraiment. "

Il hausse un sourcil, surpris. J’y décerne également de l’amusement, une légère pointe, lorsque je me mets à l’interroger. Je veux savoir qui il est, de quoi il est capable, ce qu’il demande et si il est certain de pouvoir faire tout ce que je pourrais demander. Je ne cesse de lui poser des questions, de chercher à le pousser dans ses retranchements et surtout à l’observer. Chaque geste, mimique, grimace, hochement de tête. Je le décompose et l’évalue.
Je m’arrête quand je m’aperçois que je ne parviens pas à le déstabiliser. Il n’a eu aucune hésitation. Il sait qui il est, de quoi il est capable. Il me dit s’appeler Lyle, qu’il est compétant dans tous les services qu’on peut demander ici contre une somme de Yus plus ou moins importante.
Intelligent, compétant, il semble bon, voir parfait. Je ne m’attendais pas à trouver ce genre de personne ici, du premier coup. Je scrute encore une fois la taverne et je n’y vois que des idiots et des ivrognes. Un flot de dégout m’envahis. Je ferme les yeux pour contrôler mon envie de meurtre. Phaïtos m’appelle, je ne dois pas y répondre. Pas tout de suite. Ou peut-être est-ce un autre signe divin.

" Ce ne sont que des imbéciles violents. "

Déclare Lyle dans un soupire. Il a deviné mes pensées. Je le dévisage. Il ajoute :

" Dites-moi comment je peux vous être utile. "


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 Sujet du message: Re: La taverne des sept sabres
MessagePosté: Dim 30 Sep 2018 15:50 
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Filature nocturne

Les trois contrebandiers couvrirent rapidement le peu de distance qui les séparaient encore de la taverne des Sept Sabres, priant intérieurement pour que l’intuition d’Ulric se trouve fondée et que l’homme qu’ils avaient pris en filature avant de le perdre s’y trouvait bel et bien.

La taverne était du genre discret, sa façade, étroite et mal entretenue, ressemblaient à toutes celles du quartier est. L’établissement n’était pas même marqué d’une enseigne et probablement que quiconque ignorant que se trouvait là une taverne ne songerait jamais à y entrer. C’était très précisément cette discrétion qui rendait les Sept Sabres si populaire auprès de certaines « catégories de personnes », tels que voleurs, assassins, contrebandiers et autres fugitifs.

Wilifrid entra le premier, suivi d’Ulric et de Walmyr. Dès qu’il passa la porte, une forte odeur de mauvaise bière, de sueur et d’urine mélangées vint assaillir les narines du fanatique. Depuis sa dernière visite, remontant à trois jours, Ulric n’avait toujours pas su déterminer lequel des trois liquides lui avait été servi dans cette chope fendue et à la propreté douteuse qu’il avait vidé de mauvais cœur.

Malgré l’heure tardive, la taverne était encore pleine d’activité. Quelques worans étaient réunis autour d’une table dans un coin de la salle et discutaient à voix basse, alors qu’un groupe d’humains, visiblement ivres morts, entretenaient une discussion décousue en beuglant à moitié au centre de la taverne. Fred le Muet, le tavernier, semblait être prêt à s’endormir sur la série de chopes qu’il nettoyait distraitement. Soudain, Ulric aperçu leur cible. L’homme, arrivé depuis peu de temps, venait juste de rejoindre un groupe pour commencer une partie de dés. Ainsi, plus proche et à la lumière de la taverne, Ulric parvenait à mieux distinguer ses traits. Le visage rond, le nez gonflé et rougi par l’alcool, il devait avoir la quarantaine bien entamée. Un début de calvitie dégarnissait ses cheveux bruns coupés courts, et une cicatrice barrait sa joue gauche de haut en bas. Il portait une chemise de lin grise, qui avait dû jadis être blanche, ainsi qu’un manteau de cuir informe.

Ulric allait signaler sa présence à ses deux compagnons mais fût coupé par Wilifrid qui, l’ayant également repéré, beugla :

« Là ! Chopez-le ! »

L’homme, sentant les ennuis venir, balaya rapidement la salle du regard en quête d’autres menaces avant de renverser la table à laquelle il était attablé, catapultant dés, chopes et yus dans les airs dans un cri de protestation des autres joueurs, avant de prendre la fuite. Il se jeta sur la porte menant vers l’arrière-boutique mais seulement pour trouver celle-ci fermée à clé. Les trois contrebandiers n’attendirent pas un instant de plus et se jetèrent sur leur proie tout en se déployant afin de l’empêcher de les contourner pour gagner la sortie. L’homme, tentant le tout pour le tout, se saisit d’un tabouret du bar et le jeta sur Ulric avant de foncer tête baissée vers la sortie, tout en slalomant entre les tables. Le projectile improvisé vint cueillir le fanatique en pleine tête, l’envoyant bouler au sol. Il parvint cependant à relever la tête juste à temps pour voir l’homme passer à côté de lui et se saisir de son mollet. Le fuyard vint s’écraser au sol dans un bruit mat, non sans laisser s’échapper un juron. Ulric se releva péniblement avant d’envoyer son pied dans l’abdomen de l’homme, qui se démenait lui aussi pour se redresser, afin de lui couper le souffle. Le brun dégarni se tortilla misérablement sur le sol, gémissant de douleur. La première partie de la mission semblait accomplie, il ne restait plus qu’à vérifier s’il possédait effectivement l’information recherchée. Cette bonne nouvelle, cependant, n’allégeait pas le terrible mal de crâne qui affligeait maintenant Ulric. En portant sa main à sa tempe, il se rendit compte qu’il saignait. Le bougre n’y était pas allé de main morte avec son tabouret.

Walmyr et Wilifrid arrivèrent pour maitriser l’homme. Le plus jeune s’exclama :

« Bien joué, Ulric ! »

L’ainé se contenta d’ajouter :

« Ouais, pas mal. »

Ils se saisirent du gars qui se tortillait toujours par terre, l’un par les bras, l’autre par les jambes, avant de prendre la sortie.

« On l’emmène derrière pour causer. », se contenta d'explique Wilifrid.

Ulric leur emboita le pas et regagna la fraicheur de la nuit alors que, derrière lui, les clients de la taverne, habitués aux bagarres en tous genre, reprenaient leurs activités sans se poser plus de question.

Interrogatoire derrière la taverne

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