Chapitre 10 - Donnant-donnant.V.11 Le renard prend les rênes.
Ne souhaitant pas retourner dans les égouts, Relonor a été contraint d’accepter la proposition du renard. Au moins il peut s’y changer tranquillement. Une demeure ravissante tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et loin des quartiers mal famés de la ville. Les évènements précédents ont coupé l’appétit des trois hommes les poussant à se séparer les uns des autres pour la nuit. Contrairement aux humains, la majorité des elfes sont capables de se reposer complètement en passant uniquement deux heures à méditer et cela confère un double avantage. Passer deux heures au lieu de huit pour se reposer permet de gagner un temps considérable, mais cela évite surtout de se tourner et retourner dans le lit en ressassant l’image du squelette ambulant, animé par la magie noire d’un nécromancien. Pourtant, il lui faut trouver un calme intérieur pour cela et après sa rencontre avec le squelette cela devient compliqué. Non seulement cette magie dépasse de loin ce qu’il est capable de faire, mais elle demande une cruauté qu’il ne s’imagine pas être capable. Oui il est quelqu’un de cruel, mais de là faire usage du cadavre de quelqu’un, il ne se sent pas capable. S’il veut inspirer la peur dans l’esprit des gens, il va devoir non seulement passer outre la peur que cela lui a inspirée, mais aussi être capable d’une cruauté similaire voir pire.
Malgré le semi-échec qu’il ressent après la discussion avec le nécromancien, Relonor a appris de ses erreurs en prenant le temps d’insuffler dans sa lame le seul pouvoir encore inutilisé, celui permettant d’harasser un adversaire et par là même connaître l’effet d’épuisement magique. Une sensation étrange de vide intérieur, mais qui doit être différemment ressentie dans une chambre avant la méditation journalière qu’en plein combat.
En début de matinée, Relonor retrouve les visages mal lunés du renard et de p’tit George après cette nuit difficile. Un petit-déjeuner qui traine et après une toilette rapide, le renard revient avec une gaieté surprenante. Ce dernier explique qu’ils vont devoir s’occuper d’une nouvelle garde-robe ainsi que travailler les manières du Shaakt. L’elfe noir ne comprend pas où il veut en venir, mais l’homme semble assez sûr de lui.
Ils finissent dans l’une des tentes du marché de la ville possédant des tissus vestimentaires des plus riches. Connu dans le secteur, Relonor cache son visage sous une large capuche. Si le vendeur est réticent lorsqu’un Shaakt fortement armé surgit, il se radoucit rapidement lorsque le renard prend quelques instants pour lui parler.
"Monsieur c’est un plaisir de vous rencontrer !" Salut élégamment le renard.
"Je vois que votre regard est rivé sur les armes de mon ami, mais je vous rassure nous revenons d’un long voyage comportant un potentiel dangereux non négligeable. Nous sommes justement présent pour refaire notre garde-robe, puisque nos effets personnels ont malheureusement subi les affres du temps. Bon je vous avoue avoir gardé ces vêtements dans un petit coin au sec, mais ce n’est pas le cas de mes camarades. Je vous rassure nous avons de quoi payer !" Termine-t-il en secouant une jolie bourse de yus.
(Camarades, ami ? Fichu renard, si je n’avais pas tant besoin de toi je te crucifierais sur place ! )"Dans ce cas," répond l’homme dont les yeux reflètent l’éclat des pièces,
"j’ai quelques drapés qui siéront à vos…vos amis. Regardez ces étoffes, non touchez-les ! Vous sentez cette douceur ? Porter cet ensemble c’est ressentir une caresse divine à chaque mouvement.""Mmm oui serte. Ce sont effectivement des tissus de qualité, mais la couleur est vive et nous souhaitons participer à un évènement, pas en être la source de toutes les conversations. Mon ami est déjà une peau noire donc nul besoin d’en rajouter. Cette tunique est intéressante, mais je la vois plus porter par un roturier." Déclare le renard en fouillant dans les diverses marchandises du vendeur.
"Alors pourquoi pas celle-ci ?" Déclare le marchand en exhibant un ensemble beige avec un veston bleu prolongé jusqu’à mi-mollet et joliment ouvragé.
"Des matériaux Oranais avec le savoir-faire Kendran.""Ho oui c’est très saillant ! Pourquoi ne l’essaieriez-vous pas mon ami ?" Demande le renard à l’attention du Shaakt.
(J’ai le choix ? Bordel que ne faut-il pas faire pour atteindre ses objectifs ?)Sans mot dire, le Shaakt saisit le costume et s’affaire à se changer derrière une cloison pliable. Il ressort quelques instants plus tard sous le regard émerveillé du renard et du vendeur. Il se regarde dans la glace qu’on lui indique et déchante rapidement. Certes il est loin de ses tenues habituelles axé pour le combat et très loin de sa tenue de prostitué de la veille, pourtant il ne voit dans son reflet qu’un petit bourgeois pédant, à tel point qu’il se sent presque insulté par cette image tant c’est à l’opposé de son être.
"Mmmm, non ! J’ai juste l’air d’un noble arriviste et c’est loin d’être moi. Je veux quelque chose de plus…marquant ! Que l’on me remarque et qu’on ressente une légère crainte à mon arrivée." Déclare-t-il.
Le vendeur semble perdu. Il doit se demander pourquoi un Shaakt souhaite attirer l’attention sur lui avec des airs menaçants, hormis pour s’attirer des problèmes avec la milice. Le renard quant à lui plisse les yeux de concentration et demande à l’elfe noir de retirer les vêtements pendant qu’il se charge de dénicher la demande avec plusieurs pièces ici et là. Relonor s’exécute malgré lui derrière la cloison, obéissant ainsi à cet homme désagréable qui se met à chanter une chanson d’un peuple oublié par les âges.
"Pretty woman, walkin' down the street
Pretty woman the kind I like to meet
Pretty woman I don't believe you, you're not the truth
No one could look as good as you, mercy"Assez rapidement des vêtements surgissent, très sombre sans être totalement noir. Relonor ressort et observe les réactions. Il arbore un léger sourire lorsque le vendeur fait un pas en arrière et son reflet confirme son impression. L’ensemble sombre des vêtements inspire une certaine frayeur. S’il ne se reconnait pas, Relonor apprécie fortement ce qu’il admire. Une large cape noire en soie recouvrant un veston presque aussi sombre, mais possédant les seules marques de couleurs avec des boutons et autres ouvrages dorés. Le pantalon est fin et s’il ne se prolonge pas jusqu’à la cheville, les mollets sont emmitouflés dans de confortables bottes. Passé les premières impressions, le noir du costume plus sombre que le visage du Shaakt lui adoucie le visage par cet étrange contraste.
"Excellent, je prends le tout !" Déclare le Shaakt après s’être admiré dans la glace. Il se dirige vers la sortie et pose sa main sur l’épaule du renard.
"Je te laisse te charger de p’tit George et de l’aspect financier de la transaction. Oui, de p’tit Goerge aussi." Fait-il répondant à la contrariété muette du renard.
Chapitre 12 - Mise au point entre gentleman.