Je ne sais pas comment je dois prendre l’accueil, que je qualifie de glacial, de mon capitaine de milice. Prendrait-il mal que mon allégeance aille à une autre personne que lui ? Je trouve son attitude gonflée, mais je préfère ne pas me disperser et rester concentrer sur la délicate mission qui m’attend. Elle ne me réjouit pas, d’autant que le capitaine de la milice kendranne me confirme qu’il ne peut m’apporter aucune aide et que par conséquent je serais seule. Merci bien, cela je l’avais déjà compris !!
Il invoque d’ailleurs l’éternel argument de l’accueil que les sindeldi réservent aux humains. Là-dessus il n’a pas tort, cependant il devrait se douter que si l’un de ses hommes m’accompagnaient, je ne le laisserais pas se faire malmener sous prétexte que l’on se trouve sur là terre de mes semblables ! Bref, de toute façon la question de ne pose pas, alors inutile de tergiverser !
Le fait que mon histoire avec le prévenu est connue de tous est loin de me réjouir ! Cette tâche sur mon dossier va me poursuivre toute ma vie et rien que pour ça, je souhaite voir la tête de mon père sur une pique ! Bien sûr je ne compte pas l’assassiner et au final son trépas ne ferait pas grande différence, mais cela me ferait du bien. Finalement le capitaine finit par m’indiquer la cellule dans laquelle se trouve mon paternel et me lance les clés avant de se replonger dans son travail.
"Merci monsieur, je ne vous dérangerais pas plus longtemps !"
Sans en rajouter d’avantage, je m’empare des clés et me dirige vers la cellule indiquée par le capitaine. Avant de pénétrer dans le couloir, je prends un instant afin de calmer les battements de mon cœur. Je pensais que mon appréhension passerait, mais au contraire elle s’intensifie et plus je retarde le moment fatidique plus l’angoisse monte et m’étreint le cœur.
(Je peux t’aider, tu n’es pas obliger d’affronter ça seule…)
(Je ne dis pas non…)
Cet aveu de faiblesse reste entre moi et ma faera, même si elle me rassure gentiment en me disant qu’elle est là pour ça et que ce n’est pas être faible que de faire appel à ses services, je ne veux pas que ça se sache, car je ne partage pas son point de vue. Mais sur le coup, son aide est franchement la bienvenue. Il ne faut que quelques secondes pour que je retrouve un calme relatif et que je me sente prête à pousser cette porte. À mon doigt, la nouvelle bague que je porte depuis quelques heures, me réconforte et c’est comme si mon elfe de glace me tenait la main.
Je passe plusieurs devant plusieurs détenus qui, à ma vue, se précipitent aux barreaux de leur cage afin d’essayer de me toucher ou de m’apostropher par des « hé la bombe ! Regarde un peu par là ! ». Je sens l’exaspération monter en moi, avec elle mes fluides d’eau et l’envie irrépressible de les noyer. Saymà ne perd pas une seconde pour m’envoyer une nouvelle vague de zen, ce qui est très judicieux de sa part, surtout qu’une seule cellule me sépare de ma destination finale.
Et me voilà, campant fièrement devant la cage de mon paternel. Égal à l’homme de mes souvenirs, il est étendu sur sa couchette et me tourne le dos. Je ne fais aucun bruit, dans un premier temps, prenant le temps de le considérer. C’est un criminel, mais c’est aussi mon père. Je garde de bons souvenirs d’enfance avec cet elfe, les jeux de guerre qu’il inventait pour m’amuser, les goûters qu’il me préparait avant de m’emmener à la forge où il me montrait la fabrication des armes, les parties de chasses que j’ai effectuées avec lui. Tous ces moments étaient pour moi source de réconfort, mais aujourd’hui, je ne sais pas comment les nommer, car je ne connais pas cet elfe. Je finis par me racler la gorge, afin qu’il daigne se retourner.
"C’est inutile, gros porc !!!!! Je vous l’ai déjà dit il est hors de question que je bouge d’ici pour me rendre sur le Naora !!!. Tout en disant cette dernière phrase il s’est retourné et je savoure l’expression qui s’affiche sur son visage : la surprise mêlée à la honte et la colère Ely ? Qu’est-ce que tu fous là ?"
"Vous avez perdu le droit de m’appeler Ely, père… Je suis venue faire précisément ce que vous ne voulez pas faire ! Je dois vous escorter à la prison de Tahelta et vous allez obéir bien sagement."
"Alors là, tu rêves !! Je te l’ai déjà dit la dernière fois que tu es passée par ici, je ne veux pas purger ma peine sur le Naora !! Plutôt mourir !"
"Vous n’avez pas le choix et moi vivante, vous purgerez votre peine où on vous dit d’aller !!, lui dis-je avec une autorité que je ne soupçonnais pas en moi et qui le désarçonne. La place d’un elfe gris est sur le Naora et j’ai des choses bien plus importantes à faire et qui m’attendent ! Alors vous allez lever vos grosses fesses molles de cette couche et venir bien sagement avec moi, vous ne savez pas de quoi je suis capable !"
"Petite impertinente !! À qui crois-tu t’adresser ? Moi, je ne saurais pas de quoi tu es capable ? Ah c’te bonne blague !!"
Il commence à partir d’un rire moqueur qui m’agace très rapidement. Seulement, la colère ne monte pas, car je sais que j’ai raison. Je ne l’ai pas revu depuis que je l’ai arrêté pour les combats illégaux qu’il organisait afin de payer Éroma pour trouver l’épée que je porte avec une fierté assez énorme je dois dire. Il n’est pas au courant de mon changement par rapport à la magie et ne sait pas que je peux manier les fluides d’eau. S’il ne se tient pas tranquille, il le découvrira bien assez tôt ! Et cette pensée m’arrache un sourire qu’il relève immédiatement.
"Cette remarque devrait t’inquiéter jeune fille et non te faire sourire !!"
L’espace de cette phrase, j’ai l’impression de retrouver mon père et cela me trouble. Heureusement pour moi, il ne le remarque pas.
"Je vous mets en garde, faites-en ce que vous voulez, cela m’est bien égal ! Puis, doucement, j’extirpe ma lame de Sigur de son fourreau. Comment la trouvez-vous père ? Personnellement, j’adore son aura bleuté, elle m’apaise… D’un mouvement sec, je rentre l’épée, puis tourne mon regard vers mon père. Un regard noir. Nous avons perdu suffisamment de temps comme ça !! En route maintenant !!"
Sans lui laisser le choix, je profite de son pseudo choc émotionnel après avoir vu mon arme, pour lui lier fermement les mains et de tel sorte à faire comme une petite laisse et l’entraîne à ma suite hors de la milice comme le misérable être qu’il est devenu.