« Au moins il fait plus frais ici ... » murmurais-je, dans une tentative futile de me rasséréner quelque peu. En effet, si l'ambiance était moins enflammée de ce côté-ci du tunnel, l'air empestait la pourriture et je n'y voyais goutte. J'avançais donc à tâtons, longeant prudemment le mur couvert d'une mousse gluante et nauséabonde, repensant à ma mésaventure de tout à l'heure. Comment le manoir avait il put brûler à ce point ? Était-ce le fait d'une famille rivale ? Un simple accident ?
(Fort peu probable … Par ailleurs, ce ne serait pas la première fois que l'on cherche à éliminer la famille An'Dariel. Ou du moins ce qu'il en reste … Je me demande si père va bien ?)
Ma main droite me faisait atrocement souffrir et il m'était impossible de la bouger sans ressentir une douleur plus lancinante encore. Dans les ténèbres, je ne distinguais guère l'aspect de celle-ci, mais je devinais sans peine que ce devait être repoussant. De temps à autre, je sentais quelques gouttes d'un liquide chaud et poisseux perler le long de mon bras et s'écraser sur le sol, témoins dérisoires de mon passage en ces lieux.
J'avançais à présent depuis longtemps et avec une lenteur exaspérante. J’espérais trouver très bientôt une sortie, ou à tout le moins, une source de lumière. Je sentais que je faiblissais inexorablement, n'ayant pas mangé depuis la veille au soir, sans compter mes péripéties et ma blessure. Je n'osais trop penser à ce qu'il m'arriverait si je ne m'échappais pas prochainement d'ici afin de me soigner. Probablement la même chose que si j'étais resté dans le manoir … Décidément les sbires de Phaïtos me poursuivaient où que j'aille ! Mais cette fois, je n'étais point coincé comme un rat, attendant la mort. J'étais libre d'avancer, de poursuivre mon chemin – fut-il inconnu.
Je ne saurais dire quelle distance j'avais parcouru depuis mon entrée dans le tunnel, ni combien de temps s'était écoulé dans cet univers ou rien n'avait ni forme ni relief. Tout ce que je sentais – outre l'odeur abrutissante de la mousse putride – c'est que j'étais vivant que je bougeais. Mais avançais-je réellement ?
Comment aurais-je pu le savoir, n'ayant aucun repère valable dans ce monde aveugle ?
Éreinté, je songeais à me reposer un instant. M'asseyant par terre, sur le sol spongieux parsemé de lichens, je laissais mes pensées vagabonder le temps de reprendre mon souffle, devenu court à force d'effort. Au ras du sol l'odeur de décomposition était encore plus forte, presque entêtante. Par pure curiosité – et dans un souci de m'occuper l'esprit - je me demandais quelle sorte de plantae pouvait bien exhaler un arôme aussi puissant. L'alchimie et l'herboristerie ne m'étant pas étrangères, y ayant eu recours maintes fois au gré de mes recherches, je connaissais une bonne partie des communs de la région tuloraine ; néanmoins, celui-ci ne m'évoquait aucun souvenir, quoique je ne pusse me fier qu'à son parfum. Je commençais à gratter le sol afin d'en prélever quelques échantillons lorsqu'une clameur se fit entendre, résonnant en un écho lointain contre les parois souterraines. Intrigué, je me levais et me remit en marche, partagé entre l'inquiétude de rencontrer une difficulté quelconque et la possibilité réjouissante de sortir de ce merdier. Le bruit se faisait encore entendre, de plus en plus précis à mesure que je m'approchais. Après un énième tournant, je distinguais au loin une vague lueur perçant timidement les ombres, et encouragé par cette découverte, je me précipitais à sa rencontre d'un pas pressé, oubliant la traîtrise du sol visqueux.
Approchant rapidement de la source lumineuse, je songeais avec prudence qu'il me fallait être discret, et d'observer au préalable avant de pénétrer dans l'alcôve d'où provenait les cris – des voix que j'estimais humaines, quoique pourvues d'un accent aux sonorités étranges. Furtivement, je penchais la tête afin de jeter un œil à l’intérieur. S'offrait alors à ma vue une pièce confortablement meublée et chaleureusement éclairée. Une table sur laquelle trônait encore les reliefs d'un repas, un canapé vert passablement rapiécé, des chaises évidemment, mais aussi – et surtout – une étrange étagère en métal blanc, similaire à rien de ce que j'avais pu voir jusqu'alors.
Les voix quant à elles provenaient d'une entrée située à droite de la pièce. Quoique ne comprenant pas la teneur de leur conversation, je devinais à leur intonation qu'ils étaient en train de se battre. à tâtons, je m'introduisis dans la première pièce. Je voulais m'assurer avant d'annoncer ma présence qu'il ne s'agissait pas d'un groupe de voleurs ou de contrebandiers, racaille courante dans le dédale occulte des égouts de Tulorim. Cependant, j'avais bien peu de chance de tomber sur un groupe amical et hospitalier, au vu de l'endroit où je me trouvais …
De nouveau, je me penchais subrepticement, et jetais un œil à l'intérieur de la seconde salle. Celle-ci était dépouillée de tout ameublement ; toutefois, ce qui me choqua le plus fut la source des clameurs que j'avais entendues. Il faut dire que je m'attendais à tout sauf à ça ! Dans la pièce, se battaient ensemble non rien moins que quatre personnes, chacune dotée d'une arme propre : un sabre, un bâton, deux dagues étranges et deux sortes de matraques reliées entre elles par une corde. Mais plus étrange ! Ils avaient la peau verte, écailleuse et luisante, le crâne chauve, le faciès rond et reptilien, sans lèvres ni nez ni oreilles … et pour couronner le tout, ils portaient tous de larges carapaces sur le dos ! L'on eu dit des tortues humanoïdes !
Interloqué, je me retournais prestement et envisageais sérieusement à partir sans demander mon reste … pour me retrouver nez-à-nez - ou plutôt à museau - avec un autre caprice issu d'un imaginaire un peu trop entreprenant à mon goût : une autre créature humanoïde présentant toutes les caractéristiques physiques du rat. Le poil gris, les moustaches frétillantes, les dents blanches et brillantes de la taille d'un pouce, et deux yeux noir qui me fixaient sans ciller.

Doublement surpris, je ne pus réprimer un cri qui stoppa net le conflit des reptiles occupés dans mon dos. Je les entendais qui se précipitaient dans ma direction … cette fois j'étais foutu. Réfléchissant à toute vitesse, je décidais de tenter le tout pour le tout afin de me sortir de cette situation dangereuse et farfelue.
Il allait me falloir être vif et violent …
« Hé, bonjour vous. Belles moustaches ! » annonçais-je d'un air enthousiaste. Ce disant, j'espérais prendre de court mon vis-à-vis, et lui envoyer une violente mandale dans la frimousse afin de m'ouvrir le passage vers la sortie.
Mon poing volait déjà dans sa direction lorsque j'éprouvai soudain une sensation de vertige, puis un choc brutal sur le dos qui me coupa le souffle. Je suffoquais un moment, ne pouvant plus respirer, tandis qu'au travers mes yeux emplit de larmes je discernais les visages grotesques de mes cinq assaillants qui me regardaient d'un air étonné. Ils ne semblaient pas aussi pressés d'en finir avec moi et de m'arracher tripes et boyaux que je ne l'escomptais. L'une des tortues prit même la parole, s'adressant à l'homme-rat d'une voix inquiète et respectueuse.
« Maître, qui est-ce ? Un des sbires de Schredder ? Ils auraient trouvé notre planque secrète ? »
« Du calme Donatello. Il ne s'agit que d'un pauvre homme égaré. Et blessé à ce que je vois. » répondit le velu d'une voix grave et chaleureuse. « Il a sûrement paniqué en nous voyant et m'aura attaqué par instinct de survie. Malheureusement pour lui, il ne savait pas à qui il avait affaire. Hmmm ... »
Semblant réfléchir un instant, le moustachu se tourna ensuite vers l'un de ses compagnons.
« Hmm … Léonardo, portes-le sur le canapé. Nous allons l'interroger sur ce qu'il fait ici, et j'en profiterais pour examiner cette vilaine blessure à la main. Je n'ai jamais vu de ma vie un membre aussi disloqué. »
Aussi tôt dit, le dénommé Léonardo s'était empressé de me ramasser avec force et toute la délicatesse dont il était capable. Malgré ses précautions, mon bras me lançait affreusement, et je ne pus réprimer une quinte de toux spasmodique. Le contact de sa peau était froid, et avait même quelque chose d'inquiétant. Il me déposa sur le canapé et un autre me tendit un verre d'eau. Les quatre tortues mutantes me regardaient en silence, patients et attentionnés, ils attendaient que je me mette à l'aise et leur raconte la mésaventure qui m'avait conduit ici, tandis que le rat géant auscultait ma blessure d'un œil critique. Je ne pus réprimer un frisson lorsque sa patte griffue entra en contact avec la mienne. En dépit de l'apparente convivialité de ces monstres humanoïdes, je n'étais guère rassuré quant à la suite des événements. Peut être n'allaient ils tout simplement pas laisser partir ensuite ? Et s'ils cherchaient simplement à m'engraisser pour mieux me dévorer … ? Cette sombre pensée me fit de nouveau frissonner, mais je la chassais aussitôt de mon esprit, ne souhaitant pas sombrer de nouveau dans une panique aussi dangereuse qu'irréfléchie.
Comme je ne semblais pas disposé à parler, le rat prit la parole, toujours de sa voix grave et posée.
« Rassurez-vous, nous ne vous voulons aucun mal. Nous sommes simplement surpris de voir s'introduire chez nous un humain tel que vous. Ceux de votre race évitent généralement cette partie du réseau souterrain, abandonné depuis longtemps. » Ne sachant que répondre à cela, j'entretenais un mutisme prudent.
« Hmmm … c'est vraiment une mauvaise blessure. Le poignet est cassé de toute évidence, mais c'est bien la lésion qui me préoccupe le moins. L'os des deuxième et troisième phalanges est presque à nu sur toute la main, les ligaments sont en majorités rompus et votre métacarpe gravement fêlé dans tout son ensemble. C'est un miracle que vos doigts tiennent encore en place, jeune étranger, mais comment diable vous êtes vous abîmé autant ?»
Écoutant attentivement le diagnostic de la bête dont la réputation était davantage celle de transmettre les maux plutôt que les soigner, je repensais brièvement à mon coup d'éclat – au sens premier du terme – et décidais finalement de répondre, d'un ton las.
« J'ai rencontré une dalle de marbre peu encline à la discutions. Mais peu importe … rassurez-moi, vous n'allez pas me manger, si ? »
La question, importante à mes yeux, emplit les leurs d'étonnement. Soudain ils éclatèrent de rire, et ce fut à mon tour d'être interloqué. Non sans raison, la vue d'un homme-rat et de quatre tortues humaines elles aussi riant aux éclats piétinait mon sens commun, et les voir se gausser de la sorte me fit me demander si ce n'était pas moi, au final, l'anomalie dans toute cette histoire. En les observant plus attentivement, je remarquais que les quatre reptiles bipèdes portaient – en sus de leurs armes – des bandeaux de couleurs différentes. Probablement pour les reconnaître songeais-je, car en effet chacun des membres du quatuor se ressemblait comme deux gouttes d'eau.
« Mais non voyons ! Comme si on bouffait de l'humain au p'tit dej' ! » commença l'une d'elle, les larmes aux yeux.
« Nous mangeons essentiellement de la pizza, étranger. C'est bon, c'est chaud, et en plus, y a pas d'os ! » repris une autre, la voix entrecoupée par le hoquet.
(De la quoi ?)
« Allons mes amis, cessons de plaisanter. » dit simplement le rat, qui avait le plus vite repris contenance, « Commençons par nous présenter. Je suis Splinter, maître de ces jeunes gens. »
« Je me prénomme Léonardo, jeune apprenti ninja. » déclara sobrement le premier qui portait un bandeau bleu.
« L'on me nomme Donatello, et de même, je pratique le ninjutsu sous l'égide de notre vénéré maître. Je manie le bâton avec habileté, rapidité et force, mais je n'en reste pas moins un pacifiste convaincu qui ... » déblatéra celui qui arborait un bandeau violet. « Moi c'est Raphaello ! » le coupa soudainement la tortue au bandeau rouge.
« Hey salut, moi c'est Michelangelo ! » conclu le dernier, dont le bandeau était de couleur orange.
Décidément, je me trouvais dans un endroit vraiment étrange, et de nombreuses choses échappaient à ma compréhension. Leur présence n'était finalement pas si désagréable, mais j'avais tout de même hâte de retourner à la surface.
« Et vous jeune humain, comment vous appelez-vous ? »
« Sethis. Sethis Yllim An'Dariel. Je viens de la ville, juste au-dessus. » répondis-je en levant le doigt vers le plafond, afin d'appuyer mes propos. Peut être mon besoin de retourner à la surface transparaissait-il un peu trop …
« Très bien Sethis Yllim An'Dariel. Et que faites-vous dans ce dédale de couloirs obscurs ? » renchérit le rat, ses yeux mouillés me fixant toujours sans broncher. L'on eu presque dit qu'il me jaugeait …
« Juste Sethis, je vous prie. C'est une longue histoire, et pour faire simple, je me suis égaré. Je cherche d'ailleurs la sortie, sauriez vous m'indiquer le chemin vers la surface ? » demandais-je, refrénant avec peine mon impatience.
« Hmm … bien sûr que nous le savons. Nous allons vous y emmener. Vous pourrez ainsi faire soigner votre main.»
J'étais aux anges. Le cauchemar touchait à sa fin, j’allais retourner à l'air libre, revoir mon manoir – ou ce qu'il en reste – mes gens et tout ce qui m'était familier. Et reprendre mes recherches.
Sans attendre, Splinter s'engagea d'un pas sautillant vers la sortie, et je le suivis de près, mais je m'apperçu bien vite que l'obscurité reprenait vite ses droits en dehors de l'abri éclairé des tortues ninjas. Fort heureusement, l'une d'elles avait allumé une baguette étrange émettant un large faisceau lumineux, amplement suffisant pour que nous puissions tous y voir. Quoique curieux, je ne posais aucune question sur toutes les bizarreries que j'avais pu voir jusqu'alors et me contentais d'avancer.
Nous marchâmes un bon moment, la plupart du temps en silence. Les tortues me posaient de temps à autre une question, à laquelle je répondais évasivement et la discutions s'arrêtait là. Je devais probablement passer pour un pur salaud, en bonne et due forme, mais je n'en avais cure. J'étais éreinté, blessé, fourbu, affamé, las et je n'avais aucune envie de m'attarder dans ce sombre boyau puant, aussi m'épargnais-je tout ralentissement potentiel.
Parfois le rat disparaissait au détour d'un couloir, ou au loin, hors de portée du faisceau de la lampe, mais pour revenir rapidement sur ses pas et nous attendre patiemment. J'évaluais le temps de marche à une bonne trentaine de minutes, lorsque soudainement mon guide poilu revint prestement vers nous, l'air soucieux.
« Éteignez la lumière, vite ! » murmura-t-il juste assez fort pour que nous l'entendions. Léonardo s'exécuta, et nous restâmes un moment dans les ténèbres, tendant l'oreille. Tout d'abord je n'entendis rien, puis comme des bruits de pas, et enfin des éclats de voix qui se répercutaient distinctement dans le vide des tunnels. Ils étaient plusieurs, nombreux même, aussi me demandais-je ce qu'ils venaient faire ici. Et qui étaient-ils ? Des secours envoyés à ma recherche ? C'est absurde, personne ne savait que je me suis échappé par les égouts. Et l'air inquiet de Splinter avant d'éteindre la lumière m'indiquait qu'il s'agissait probablement d'une menace - encore une !
« Comment qu'on va trouver leur cachette pour les prendre par surprise maître ? » demanda une voix d'un air craintif.
« Silence misérable incapable ! Comment veux-tu que nous les prenions par surprise alors que tu jacasses ainsi ! » rétorqua une seconde voix, tranchante et glaciale.
« Mais c'est un vrai lebi ... labe ... liberynthe maître ! »
« Vas-tu te taire abrutis ?! Ou dois-je t'arracher la langue moi-même ?! »
Puis plus rien. Seulement le bruit d'une multitude s'approchant bien trop vite à mon goût.
Et cette voix qui me donnait la chair de poule brr ...
Un mouvement derrière moi, presque imperceptible dans le noir complet où nous étions. Je sentais plus que je ne voyais mes compagnons se préparer à la confrontation. Ce que je redoutais m'apparus à présent évident : ces nouveaux arrivants étaient à la recherche des tortues ! Et d'humeur plutôt belliqueuse !
D'un coup, sans crier gare, les quatre tortues s'élancèrent ensemble en direction de leurs ennemis. L'affrontement risquait d'être épique, d'autant que les adversaires étaient en surnombre, bien que cela ne semblait nullement déranger Léonardo et ses frères qui se précipitaient à leur rencontre toutes armes tirées. Splinter quant à lui avait rallumé la lampe et m'enjoignait à le suivre au plus vite.
Nous courûmes un moment avant que je ne m'aperçoive que nous étions suivi. Dans mon dos, une demi-douzaine d'hommes d'apparence similaire, tout de violet vêtus nous courraient après, mené par un homme pourvu d'une armure hérissées de pics et de lames menaçants. Quelque eut été leur motivation finale, leurs intentions étaient suffisamment claires pour me dissuader de stopper ma course et d'aller leur serrer la main en signe conciliation ; cependant, ma condition physique étant ce qu'elle était, la distance nous séparant mes assaillants et moi-même ne cessait de se réduire. L'un deux tendait d'ailleurs les bras dans ma direction, probablement dans le but inavoué de m'enlacer tendrement avant de me tuer sans vergogne. Pris d'un accès de panique, j'accélérais encore le pas, dépassant Splinter qui s'était retourné, et campé sur ses maigres pattes attendait nos poursuivants. La sortie ne devait plus être bien loin, car je voyais au bout du tunnel une lumière diffuse.
« Vous n'avez qu'à emprunter l'échelle et vous arriverez dans un lieu tranquille de la ville ! Je vais les retenir ! Adieu ! »
A peine avait-il prononcé ces mots que les hommes en violet s'étaient arrêtés, arrivés à hauteur du rat que je venais de dépasser. Ils commençaient à se disperser, visiblement dans l'espoir d'encercler le maître rat. à cet instant, l'homme en armure prit la parole, et je reconnu sans peine la voix menaçante et impérieuse que j'avais entendu tout à l'heure avant l'attaque.
« Te voici fais comme un rat Splinter ! Aujourd'hui j'aurais ta tête comme trophée ! »
« Tu prend tes désirs pour des réalités Schredder ; à moins que tu n'ai oublié le dénouement de notre dernier combat, je m'en vais te le rappeler séance tenante. » rétorqua tranquillement le vieux maître, lequel avait adopté une posture de combat pour le moins étrange. De biais, bras levés devant son visage, poignets cassés vers le bas … je ne voyais pas vraiment sa pose de dos, mais je vis très clairement celle du dénommé Schredder, qui se contenta de tendre un doigt vers son adversaire et de hurler « Attrapez le ! ». A son ordre, les six hommes violets se jetèrent comme un seul homme sur le rat, deux fois plus petit qu'eux. Et pourtant, ce dernier parvint grâce à une souplesse et une vivacité sans pareille à esquiver leurs attaques simultanées et à rendre les coups … là ou ça fait mal. Tour à tour dénuqués, énuclées, castrés, brisés, fauchés ou projetés, les attaquants auraient put être des fétus de pailles que cela n'eut probablement pas changé le dénouement du combat. Mais leur chef, qui avait attendu cette opportunité, s'était rué sur le rat avec une rage palpable et je sentais bien au fond de moi que cet adversaire ne serait pas aussi facile que ses sous-fifres, et malgré l'assurance apparente de Splinter je ne me sentait pas tranquille.
Préférant observer la voix de la raison, qui, pressante, m'intimait de partir sans demander mon reste, je détournai les yeux du combat et agrippai de ma main valide le premier barreau de l'échelle …
((( L'image utilisée est la propriété exclusive de l'artiste Dave RAPOZA, et a été trouvée sur le site
suivant. )))