Âmes sensibles s’abstenir. Évocations gores présentes.
Trio affamé.L’inconscient blondinet ne vit pas approcher l’ogre et son imposante carrure. Il s’acharnait, avec un brio certain, à exploser la tronche du dernier squelette encore sur pattes, sans faire attention à celui qui les avait dûment invoqué, l’instant d’avant. Au moment, donc, où son épée percuta le sac d’os pour le transformer littéralement en fracture ambulante, en poussière ivoire, la lame légendaire de Gurth plongea droit dans l’orbite droite du guerrier, sans laisser la moindre chance à son œil d’en échapper. Tel le squelette, juste avant, il explosa sous l’impact acéré du métal, au blanc laiteux et dégoulinant se substitua le rouge du sang, qui filtra en gerbes carmin hors de ce qui ne serait plus jamais qu’un trou béant sur un morne visage éborgné.
Une main vint se plaquer sur cet œil crevé, mais les doigts ne réussirent pas à arrêter l’afflux sanguin, qui s’écoula entre les phalanges, en glissant savamment sur la main, contre le poignet et l’avant-bras de l’homme meurtris.
De douleur et de terreur, il avait lâché sa précieuse épée sur le sol, et était tombé à genoux, hurlant de rage et de peine, pour le plus grand plaisir de l’Ogre, qui savourait cet instant avec une délectation et une jubilation non feinte. La cruauté incarnée laissa un instant cet homme enivré de douleur profiter pleinement de toute l’affliction de sa plaie sanguinolente. Puis, dominant l’homme de toute sa haute stature, il s’adressa à lui d’un ton sévère et satisfait.
« Voilà ce qu’il en coute de défier aveuglément Gurth Von Lasch. »La notion d’aveuglement n’était présente que par pur plaisir sadique de voir ce brigand tâter de toute l’horreur de son nouvel état de borgne, de relancer une nouvelle pique de souffrance dans son être, avant de le faire passer de vie à trépas. Car l’instant d’après, Gurth abaissa à nouveau sa lame sur cet ennemi à terre, ne faisant preuve d’aucune pitié à son égard. Il visait la tempe, afin de s’assurer de la mort de cet inopportun. Une mort prise avec violence, qui servirait ses pouvoirs nécromantiques par la volonté de Phaïtos.
Trois hommes inconscients l’avaient attaqué
Leur chef, éborgné, avait fini par ployer…
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Gurth Von Lasch - l'Ogre de TulorimJe hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde. (Baudelaire - Le mort joyeux)