Suite des rues de Kendra KârGriffes ressorties, lame au poing, le soleil était présent pour observer s'ouvrir les chairs, pour voir le liquide vermeille couler sur l'herbe sèche...
Ils s'avançaient. Aztai jeta encore un regard vers Waor. Le woran roux avait son poignard en main droite, les griffes prêtent à lacérer la chair. Un des gardes s'approchait du woran neige. Jamais il n'avait combattu, jamais il n'avait fait s'écouler la vie d'un homme, d'un woran, mais à la vu de son ancien maitre, le courage se réveilla en lui comme une bête tirée de son sommeil... Il n'attendit pas que le garde qui se présentait face à lui ai fini de parcourir la distance qui les séparait. S'élançant dans un rugissement, il frappa le premier. Bondissant, lame dans sa patte droite, le garde afficha une expression de surprise, n'abaissant pas pour autant son épée. Le choc résonna d'une force qui fit reculer l'homme. Waor aussi avait bondit sur son adversaire, et Aztai eu le temps de remarquer que l'homme s'était écrouler en hurlant, le visage lacéré par un puissant coup de griffe. Les six autres gardes se ruèrent sur eux et le challenge que représentait l'affrontement de trois ou simplement deux adversaires se révéla de plus en plus difficile pour Aztai. Lui et Waor repoussaient les coups, et le woran neige tentait de temps à autre de donner un coup de griffes, utilisant principalement son épée pour parer.
-Ne les tuez pas! ordonna l'homme à la rangée de dent dorée. Il beuglait des ordres, et à son écoute, les soldats redoublaient d'effort, comme s'il valait mieux mourir de la main de l'ennemi plutôt que se rendre devant lui...
Waor avait réussi à blesser grièvement un autre soldat d'un coup d'épée correctement placé, mais Aztai avait de plus en plus de ma,l et son aptitude à parer les coups s'épuisait autant que son espoir de repartir vivant de ce combat. Enfin, un soldat lui porta une estoc que le jeune woran esquiva d'une roulade sur la droite, et son agilité lui permit de retomber sur ses pattes afin de bondir sur le soldat. Celui-ci tomba à la renverse lorsqu'Aztai usa de tout son poids s'agripper totalement à lui, tout en lui déchirant des ses griffes le bras tenant l'arme. Il profita de l'élan que lui avait donner la chute du garde sur le sol pour bondir à nouveau sur un autre, aux prise avec Waor. Il ne pu cependant lui porter de coup par manque d'équilibre, mais le fit tomber en avant tête la première sur le sol. Waor recula, et de suite, Aztai se mit à ses côtés, lames toujours brandies vers l'ennemi. Les soldats, à la vues d'une telle férocité, se rapprochèrent les uns des autres. A terre gisait un corps, probablement inconscient, un des hommes s'était mis à l'écart, son visage avait deux coupures parallèles qui s'étendaient de son oreille gauche au menton. Les deux hommes qu'Aztai avais repoussés étaient tous deux debout, l'un se tenant le bras d'où le sang s'écoulait, son épée laissée par terre, l'autre une main sur le visage, au niveau du nez.
-Ils sont trop nombreux, s'exclama Aztai, essoufflé.
-S'ils nous dominent, c'est parce qu'ils attaquent simultanément. Seuls, ils sont faibles...-Si vous êtes incapables de les blesser, alors tuez-les! Hurla leur chef.
A peine avait-il prononcé ces mots que l'homme qui se tenait le visage enjamba le corps inconscient et se lança en hurlant vers les deux worans. Aztai se mit en garde mais le garde se stoppa en plein élan et s'écroula comme foudroyé. Waor avait lancé son poignard, il avait encore le bras tendu. Aztai n'eut cependant pas le temps d'exprimer sa joie: tous s'était rués derrière le soldat à présent mort, et enjambaient à leur tour les corps. Aztai sentait la panique l'envahir: Waor désarmé, cinq hommes courant vers eux avec toute la rage d'un animal. Il recula de quelques pas, mais Waor s'était à nouveau rué. Il évita de justesse un coup d'épée, et planta de toute sa force sa patte droite dans le ventre de l'un d'eux. L'homme hurla en lâchant son arme, et s'effondra en se recroquevillant par terre. Malheureusement, un autre abaissa sa lame sur son bras gauche. Aztai vint à la rescousse de son ami: poussé par la fureur, il chargea droit le plus petit des gardes. La force du choc le souleva et le projeta contre un autre qui trébucha et s'écroula au pied de l'homme au dent d'or. Aztai remarqua trop tard que celui-ci avait bander son arc, et un trait siffla dans les airs... Waor poussa un hurlement de douleur: au prise avec le soldat qui l'avait blessé plus tôt, Le woran n'eut pas le temps de réagir. La flèche se planta droite dans son épaule gauche, juste au dessus de sa plaie qui saignait abondamment... Il recula de plusieurs mètres pour se mettre hors de portée des épées. Essoufflé, une grimace de douleur sur son visage velue, Waor posa un genou à terre.
-Aztai... Mais Aztai n'eut pas le temps de réagir, ou de répondre, car une autre flèche vira droit dans la jambe soutenant le woran roux qui s'effondra au sol. La colère l'envahit, mais à son grand malheur, le temps qu'il avait pris pour regarder Waor lui serai probablement fatal. En effet, un des soldat, celui au bras écorché, profita de son inattention pour le frapper à la jambe. Surpris, Aztai n'eut pas d'autre choix que de lâcher son épée pour reculer, la douleur étant trop forte. Un autre garde se rua sur lui et lui donna un coup d'épaule, pas trop violent vu la taille plutôt massive du woran, mais suffisant à le renverser. Les autres s'enquirent de lui saisir bras et jambes, avec toute la difficulté que cela leur imposait. Aztai essayait d'enfoncer ses griffes dans la chair des survivants, mais il fallut se résoudre que ni la colère, ni l'espoir ne le sortirait de là.
Immobilisé. L'homme au dent d'or s'approcha. Les cheveux très courts, un visage dur, des petits yeux noirs, celui-ci lui décocha un magnifique coup de pied dans le flanc. Aztai rugit de douleur. L'homme répéta l'action avec une force incroyable, et Aztai sentit un craquement, suivit d'une douleur pire que la précédente.
-Voila qui devrait t'empêcher d'aller plus loin, dit-il calmement sous le rire de ses soldats.
Il se tourna vers celui qui tenait fermement la jambe gauche du woran neige, lui tendit quelque chose.
-Verse cela dans la blessure. On pourra le ramener sans encombres. Inutile d'en donner à l'autre peluche: mes flèches en sont imbibées, expliqua-t-il avec un rictus. Une fois de plus les gardes s'esclaffèrent.
Le soldat s'exécuta. Depuis une petite fiole, il versa un liquide semblable à de l'eau sur la plaie d'Aztai. Le liquide était tiède. Sous les yeux des humains, il sombra bientôt dans une sorte de sommeil éveillé. Les hommes le relevèrent, c'était à peine s'il tenait debout. Ils parlaient, mais le woran neige ne saisissait aucun sens des mots.
-...Transportez l'autre...Celui-ci...marcher...Ne fera rien...Rien...Il voyait flou, entendent de moins en moins, aucune phrase n'avait de sens. Il repensa à Waor mais bientôt il oublia pourquoi il pensait à lui, et que faisait-il à marcher? Pour aller où déjà? Une démence s'écoulait dans ses veines, une douce folie...
-Waor! Hurla-t-il inconsciemment, sans même s'entendre... Il essayait d'arracher des chaînes invisibles...
On lui relevait la Tête pour le frapper violemment, deux fois. Puis il tomba inconscient, avec pour seules compagnes, la douleur et l'ignorance...
Fin du Chapitre 1
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