Dans le chapitre précédent…Arc du Souffle du Voile
Chapitre XXIX : Déductions et hypothèses
Une fois arrivé sur la Grand’Place, Akihito commença à interpeller les différents vendeurs à l’étalage qui occupaient ladite place. Cette moisson d’informations se révéla clairement moins productive que celle de la bibliothèque. Peu de vendeurs connaissaient personnellement le mineur Arig et les autres ne le connaissaient tout simplement pas ou juste de nom. Personne ne put donner la moindre information intéressante à son sujet et ses deux compagnons semblaient encore moins connu.
(C’était à prévoir, se consola le jeune oranien. Ce n’est pas une personne influente, un simple mineur parmi tant d’autres.) Néanmoins, il continua à poser des questions et au fil de ses pas, tomba devant une échoppe dont une délicieuse odeur s’échappait par la porte. Son estomac criant famine, le jeune homme ne fit pas prier et entra dans la modeste bâtisse.
Un comptoir de pierre coupait la pièce en deux, l’une pour les clients et l’autre pour les vendeurs. Du coté client, le mobilier était inexistant excepté une petite table de bois sombre dans le coin de gauche. Le sol était pourtant propre, bien entretenu et décoré par de multiples stries dans la roche qui formaient ainsi un dessin, que Akihito identifia rapidement comme étant un moulin.
(Une boulangerie donc.) estima-t-il en observant les différents bacs à pains qui se trouvait de l’autre côté du comptoir. Une des employées arriva sur le fait et adressa un joyeux
« Bienvenue dans notre boutique ! » avant de remarquer la taille de son client et rajouter
« Oh, monsieur n’est pas du coin à ce que je vois. »Akihito commençait à être habitué à cette méfiance du premier contact des Thorkins, aussi ne lui tint pas rigueur de son ton quelque peu soupçonneux.
« Oui, je suis de passage dans votre cité et mon estomac m’a incité à me rendre dans l’établissement laissant s’échapper la meilleure odeur. Et me voici ici !- Votre estomac est un fin conseiller alors ! La boulangerie du Moulin Souterrain est la meilleure de tout Mertar, c’est moi qui vous le dit ! » répondit plus aimablement la vendeuse, mise en confiance par l’attitude sympathique du jeune homme.
(Le Moulin Souterrain ? Ca ne serait pas le nom de la boulangerie dont parle les « Chroniques de Barbe Ecarlate » ?)« Il me tarde de voir ça, avez-vous quelque chose à me conseiller ?- Je vous propose ce délicieux pain à la viande, nous l’avons fourré de petits dés de bœuf d’Alkinos, simple, efficace et délicieux ! assura-t-elle.
- Voilà qui mérite la peine d’être goûté ! J’en prend un !- Très bien monsieur, cela fera cinq yus ! » dit la vendeuse en sortant d’un des compartiments incrustés dans le mur derrière elle un pain de la taille d’une demie miche.
Le pain était encore fumant, aussi le jeune homme s’en étonna auprès de la vendeuse après l’avoir payé.
« Notre four à pain se trouve juste derrière cette paroi de pierre, nous nous servons de sa chaleur pour chauffer nos casiers à pains pour les garder toujours au chaud comme s’ils sortaient du four !- Ingénieux système ! approuva Akihito en mordant avec appétit dans son pain à la viande.
Mmmh ! Savoureux !
- N’est-ce pas ?- Oui, les dés de bœufs semblent littéralement fondre dans la bouche avec le pain. Dites, j’ai entendu parler d’une boulangerie qui serait directement attitrée à la famille royale et au palais, ça ne serait pas la vôtre par hasard ?- Oui tout à fait ! Nous tenons ce privilège de ma grand-mère qui l’a obtenu du temps du Roi Doure Barbe Ecarlate. Même si après sa disparition, elle a souhaité rompre ce contrat, mon grand-père l’a convaincue de son importance pour le prestige de la boutique et ses revenues.- Oh ? Pourquoi vouloir rompre un contrat aussi avantageux ?
- Elle ne nous l’a jamais dit, ma grand-mère est une personne pleine de mystères.- Tant mieux si vous l’avez conservée en tout cas. Je vais y aller maintenant, bonne journée ! salua le jeune enchanteur en sortant de la boutique.
- Au revoir ! Revenez vite nous voir ! »Le jeune homme sorti de la boulangerie et s’asseya à un banc sur la place, dégustant son pain à la viande encore fumant.
(J’en ramènerai un à Brumal et pétunia ce soir. Ils méritent bien ça pour leur accueil !)En mangeant tranquillement son pain, Akihito regarda les alentours. En ce début de printemps, le balai incessant des marchands reprenait petit à petit son cours dans la cité et de plus en plus de chariots arrivaient chaque jour. Les étals ne désemplissaient pas et leurs propriétaires négociaient souvent avec les nouveaux venus, marchandant des tissus à revendre à leur tour ou bien des denrées alimentaires pour une consommation plus personnelle. Alors qu’il balayait la zone du regard, quelque chose attira le regard de Akihito. Quelque chose qu’il n’avait pas vu les fois précédentes sur la Grand’Place.
Akihito se leva de son banc et approcha d’un renfoncement situé à l’ouest de la place. Il ne se démarquait pas du reste des structures, aux contraires : elles semblaient sciemment vouloir l’occulter et la faire disparaitre du paysage, redoublant de prouesses architecturales pour attirer le regard et détourner l’attention. Le renfoncement, s’aperçut l’oranais à mesure qu’il s’approchait, abritait en son centre un immense trou, ceint de barrières de protection pour prémunir d’une chute. En se penchant au-dessus, Akihito eu bien du mal à apercevoir le fond du trou, nimbé de ténèbres. Il estima sa profondeur à quatre-vingts mètres de profondeur, peut-être plus. Interpelant un milicien Thorkin visiblement de poste à proximité, Akihito lui demanda de lui en dire plus sur ce trou.
« C’est l’entrée de l’ancienne Mertar. Le puits d’accès mène directement à une partie encore praticable, le reste étant en grande partie inondé.
- On peut donc y descendre ? demanda le jeune homme, curieux.
- Ouaip, mais à votre place je tenterai pas ! C’est rempli de saloperies en dessous, infestés de goules, gobelins et autres monstres du genre. Heureusement, c’est le seul accès connu à l’ancienne Mertar, les autres galeries ont été bouchées.- Mais si quelqu’un décide d’y pénétrer quand même ?- Il doit fournir lui-même sa corde pour y descendre, environ soixante-dix mètres de descente. Il a alors une semaine pour faire Valyus sait quoi et passé ce délai, nous détachons la corde. Nous refusons de laisser un moyen d’accès aux immondices qui se trouvent là-dessous. »Remerciant le garde qui semblait avoir récité son texte comme s’il le faisait depuis des lustres, Akihito s’éloigna. Cette entrée l’intriguait. Jusqu’à présent, il avait pensé que les mines inférieures et la vieille cité était accessible aisément, mais qu’elles étaient juste inutilisées. Cette entrée changeait tout : ces zones n’étaient pas si facile d’accès que ça et le seul point de passage connu était gardé. Si le Roi Doure s’était enfuis dans ces niveaux inférieurs, il ne pourrait pas retourner à la surface.
Plus Akihito réfléchissait, plus l’hypothèse selon laquelle le roi s’y trouvait perdait en crédibilité.
(Il n’y a pas tant de possibilités que ça. S’il y est allé, deux solutions : soit il y est mort, soit il est en vie. Dans les deux cas, je descendrai pas dans un endroit pareil donc le Marteau, je ferai une croix dessus. Sauf que le roi, si c’est bien lui le coupable, était quelqu’un de relativement intelligent et qui surtout, aimait bien manger. Impossible qu’il décide sciemment de se jeter dans un endroit où la nourriture y soit aussi rare qu’ignoble à manger. Il pourrait peut-être y avoir un lien direct avec la surface autre que le puits, mais ce serai compliqué par les monstres qui s’y engouffreraient si tôt que le passage serait découvert. Et en quelques siècles, ils auraient bien fini par le trouver et le passage aurait été bouché. Non, il n’a pas pu descendre en bas. Mais dans ce cas, où est-il ?)Akihito en vint à la conclusion que pour deviner si le roi était bien descendu, il fallait en apprendre plus sur lui. S’il arrivait à prouver que c’était bien lui le voleur, il devrait chercher où il pouvait bien se cacher dans Mertar. Mais pour savoir tout ça, il devait obtenir d’autres informations. La bibliothèque ne lui en fournirait plus, aussi devait il se rabattre sur d’autres sources et l’une d’elle lui vint à l’esprit. Une personne qui avait bien connu le roi pour avoir été un membre de sa cour. Et, cerise sur le gâteau, une personne qui semblait être le point de départ de toutes les rumeurs qui circulaient à la cour à cette époque.
D’un pas décidé, Akihito pris la direction de la rue montante au nord de la place, direction les plates formes élévatrices qui s’y trouvaient. Au bout de ces plates formes, la Ville Haute. Et dans la Ville Haute, la demeure d’une certaine Comtesse. La Comtesse Cédure.
A suivre…