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 Sujet du message: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mar 28 Oct 2008 12:12 
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Les portes d'Oranan


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Les portes de la ville se dressent magistralement entre deux tours. Des gardes patrouillent, il vous faudra montrer patte blanche pour rentrer dans la ville. Malgré la circulation, les gardes fouillent tous les convois. Il y a quelques marchands et quelques habitants qui vont et qui viennent. La ville semble prête à fermer ses portes à la moindre alerte. Sur les tours, les gardes scrutent l'horizon avec une vigilance sans faille.

La grande cité fortifiée est impressionnante. À ses pieds, les murs sont hauts et épais. Vous passez la porte une fois que les gardes vous laissent tranquille. Le sol est pavé, au-dessus de vous vous pouvez apercevoir des trous, meurtrières et autres orifices destinés à ralentir une éventuelle invasion dans les murs ... Puis vous rentrez en ville.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Dim 1 Fév 2009 21:54 
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Nous voici donc arrivés devant les hautes murailles de la cité Oranienne. Symbole guerrier de la résistance farouche de ce peuple occidental face aux invasions orques, l’enceinte de la capitale d’Ynorie est robuste et solide, sans être dénuée d’une certaine prestance, d’un charme particulier sans doute commun à cette culture dont je ne connais pas grand-chose, une culture qui a su rester humble et belle, cultivant l’honneur et la beauté simple malgré ses désastres martiaux des dernières années face aux troupes de la Noire Oaxaca. Il me tarde de mettre fin à notre long voyage, à Sidë et à moi, pour enfin admirer cette vaste capitale qui m’est encore inconnue.

Suivant la route pavée menant à l’entrée, je ne peux que me résoudre à faire un constat : il y a nettement moins de monde qu’à Kendra Kâr aux portes de la cité. Là où dans la Cité Blanche tout n’était que fourmillement bruyant et remuant, il n’y a ici que deux gardiens. Le contraste entre les deux capitales est surprenant à cet égard, et sans me poser de question inutile quant à mon étonnement, j’avance jusqu’au deux cerbères à la mine sévère. Comme pour marquer la différence entre les deux peuples, leur accoutrement n’est en rien semblable à celui des humains du royaume voisin. Leur lance ne sont pas de simples piques avec une pointe acérée au bout : ce sont des véritables armes aux possibilités diverses : Il s’gait à première vue d’une lame courbe – de la taille de celle d’une épée – fixée à un manche en bois recouvert de cuir croisé un peu plus court que celui d’une lance habituelle. Leur casque est aussi assez original : il recouvre non seulement le dessus de la tête, mais aussi toute la nuque et les deux côtés du cou. Leur chemise de maille semble faite d’écailles de métal sombre qui diffèrent étonnamment de l’armure étincelante des guerriers kendrans. Dernière touche à ce tableau : la lame qu’ils arborent à leur côté n’a rien en commun avec une simple épée, puisqu’elle aussi, à l’instar de celle fixée sur leur lance, est courbe.

Et c’est avec une de ces lances étranges qu’un premier garde nous barre la route, à Sidë et à moi, pour nous empêcher d’entrer dans la cité. L’homme arbore un teint tirant sur le jaune sombre, et de longs et fins cheveux noirs tombent en une natte sur son épaule gauche. Ses yeux noirs nous fixent avec sévérité alors qu’il s’exclame une phrase plutôt banale :

« Halte là, vénérables voyageurs. Quel est le motif de votre visite dans notre humble capitale ? »

En voilà une curieuse manière de nous demander d’où nous venons et ce que nous faisons ici… Il n’est pas coutumier de recevoir tant de tact de la part de gardes, mis à part ceux du Temple des Plaisirs, mais pas dans le même genre… Je lève donc un sourcil, puis m’empresse de répondre à la question avant que Sidë n’ait le temps de me couper la parole.

« Nous venons de Kendra Kâr, en toute paix, afin d’accomplir une tâche qui nous as été dévolue… »

Une tâche… En voilà une bonne ! Et maintenant je suis bien dans le pétrin. Je me vois mal leur dire le but réel de notre mission ici, et je ne crois pas que la ruse utilisée par Sidë à notre sortie de Kendra Kâr soit tout à fait judicieuse à replacer ici. Se faire passer pour des diplomates garants d’une paix entre les deux nations ne nous amènerait qu’à nous exposer un peu trop ostentatoirement à ces gardiens.

Tout d’un coup, l’enveloppe gardée contre mon cœur se fait peser de tout son intérêt à mes yeux, et une idée germe dans mon esprit. Sans plus tarder, je poursuis sans que le garde n’ait le temps de se tracasser sur mon temps de réponse. Pour ce faire, je sors la lettre et lui tend sous les yeux tout en récitant :

« Nous sommes des messagers et voici la missive qui est le but de notre voyage. Elle est destinée au Sieur Onmal Archevent, auquel nous devons la remettre en mains propres. Sauriez-vous nous indiquer son habitation, je vous prie ? »

Poser cette question pour effacer tout doute sur une intention séditieuse de notre part, voilà qui est génial ! Si elle n’était pas si fière et râleuse de n’avoir pas pu trouver cette habile réponse toute seule, Sidë m’aurait certainement félicité ! Curieusement, le premier garde se recule et c’est au tour de l’autre de s’avancer pour regarder l’inscription du nom du père du jeune Léonid Archevent sur l’enveloppe usée par le voyage. Il semble plus âgé que son collègue, et arbore un bouc allongé sur le menton et cerné de deux longues moustaches au crin très fin couleur aile de corbeau. Sa voix est sèche et l’accent avec lequel il s’adresse à nous est plus marqué encore que celui de son frère d’armes.

« Hmm, soyez donc les bienvenus dans notre humble cité, honorables étrangers. Veuillez excuser notre méfiance, il est peu coutumier de voir en ce lieu un Sindel et une Earion… Vous trouverez sans peine la maisonnée des Archevents. Elle se situe près du rempart, au Sud-Est de la ville. Que la paix accompagne votre séjour entre nos murs, messires. »

Et il s’écarte en saluant de la tête. Je lui rends son signe et adresse un grand sourire satisfait à ma compagne de voyage qui ne bronche pas et se contente de m’envoyer un de ces regards noirs dont elle a le secret avant d’avancer d’un pas sec à travers les portes. Sans tarder, je lui emboite le pas pour passer sous l’arche de l’entrée de la ville…

Oranan, nous voilà !!

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Lun 20 Juil 2009 17:20 
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L’équipage atypique se leva avant le soleil ce qui l’étonna quelque peu, et s’en voila de nuages filaires annonciateurs de fraîches averses, de giboulées cinglantes, Hutcha voyait ça comme ça. Une double vision lutine. Faut pas trop en demander non plus. Ils partirent à la fraîche ayant mangé un brin de ce qui se trouvait dans le coin, de toutes manières aucun ne mangeait comme un goinfre. PinPin frétillait gentiment et Hutcha n’eut nulle peine à le monter. Oranan ne devait plus être loin, l’odeur des hommes envahissaient la campagne, purin et déchets, flagrances grossières couvraient les délicatesses de la nature et Hutcha ne se trouva pas en disposition à combattre tout cela en même temps et sa décision fut prise de ne pas s’arrêter chez les humains pour brigander quelques morceaux de tissus ou autre. C’est loin des portes impressionnantes à la vue des hommes, gigantesque du point de vue du lutin que leur route se poursuivit plus vers le nord. Les orcs ne devaient pas trop se frayer dans le coin, aucune odeur de mort ne courait sur les pistes qu’emprunta le lapin. Ce qui fut des plus rassurants. La plaine s’étendait un peu morne, avec de hautes futaies de droite et de gauche, des sentiers empruntés par les animaux, des touffes poilues se retrouvaient un peu partout, ce qui les guida un temps, des hautes herbes tendres et savoureuses, de rares fleurs, le froid menaçait toujours les jours et la torpeur de l’hiver ne se levait pas complètement. Un ciel voilé. En fait, la mélancolie pesait sur le paysage. La vie n’arrivait pas à pointer. Et une bise salée la faisait se taire encore plus. Les salins des hommes se trouvaient à l’ouest, ParaPara les vit ainsi que leur maître d’œuvre, de riches hommes, le sel étant de tout temps une denrée très recherchée.

« Fouiyouyou, cette terre n’est pas des meilleurs, tout y pleure !! Et mon cœur…

-Fuifuifuifui
« Oui si tu veux… »

Et il se tut devant l’autorité du lapin, qui ne souhaitait lui aussi qu’une chose, arriver à leur destination.

De :Nuit perchée

Vers: Arrivée au temple de Rana

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Hutcha, le lutin nabot

---------------------------Niveau 2---------------------------
En passe de se faire mettre en charpies


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mer 25 Nov 2009 00:05 
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Bélundir découvrit une grande ville, pendant son chemin il n'avait croisé que des petits villages. Ainsi il se dit qu'il pourrait y rester plus longtemps et peut-être faire affinité.
Il s'arrêtait prendre de l'eau, il n'avait pas bu depuis un jour et demie. En allant vers la fontaine, il croisait un garde, qui immédiatement devenait sympathique, presque respectueux, alors que Bélundir n'était qu'un piètre voyageur sans-le-sou.

-Bonjour Elfe Blanc. Bienvenue à Onaran, nous sommes ici pour vous protégez. disait le garde humain d'une voix grave.
-Ah, bonjour Messire... Dans ce cas, tout ira bien, cette ville paraît fort accueillante, même pas rentré, que l'on m'adresse la parole ! Nous nous reverrons forcement, je m'impatiente de voir le cœur de ville.
-Héhé, mais bien sur ! Aller, bonne journée à vous.


Après avoir remplit sa gourde, Bélundir continuait son chemin, tranquillement et lentement, il adorait observer les paysages.

Ensuite, dans le chemin, il croisait des marchands de toute sorte, mais il n'avait pas le temps de s'arrêter ni l'argent, et il fila dans l'auberge la plus proche pour faire un somme.

_________________
Bélundir, Elfe Blanc Guérisseur


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mar 28 Sep 2010 20:08 
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Cela faisait déjà quelques semaines que j'avais entamé le trajet jusqu'à la grande cité d'Oranan, dont les mérites m'avaient déjà tant été vanté. Simple voyageur au gré des chemins, je m'étais rapproché durant mon voyage de marchands aux sourires faciles, et à la compagnie forte agréable. Nous avons discuté et partagé nos repas dans la plus franche sympathie et je crois que ces échanges ont été plus enrichissant que ne le seront jamais leurs transactions futures. En réalité, je réalisais en les écoutant que la vie sédentaire du monastère m'avait privé de nombreuses connaissances, chose que ces colporteurs avaient acquis durant leur vie mouvementée. Ils m'ont premièrement instruit à propos des cours monétaires (je ne disposais que d'une maigre bourse offerte par le monastère), dans leur savant langage, et puis m'ont mis au courant des rumeurs qui se tramaient au nord. Ils me parlèrent aussi de villages que l'on avait retrouvé complètement incendiés, la population ayant été réduite en esclavage ou bien tuée au combat. Cette anecdote me laissa silencieux, et mes compagnons de route comprirent que la conversation était terminée pour la soirée. Je m'en excusai le lendemain.

J'étais à présent aux portes de la ville, vêtu de mon simple apparat de moine et aussi désarmé que le plus pur enfant. Je savais que je n'aurais pas besoin d'outils pour combattre, mon corps étant une arme à lui-seul. C'est sur cette pensée que je fis mes adieux aux marchands qui m'avaient accompagnés, et les regardai disparaître dans la foule, un sourire flottant sur mes lèvres. Il disparu bien vite, car je savais qu'il était à présent temps pour moi d'aborder des sujets plus sérieux. Je m'approchai d'un milicien visiblement en pleine patrouille, et joignis mes mains pour le saluer poliment.

- Que le souffle de Rana sois sur toi, fils. Je suis Waram, moine-guerrier du monastère de Ayashimi, un havre pour le corps et l'esprit ancré dans les montagnes orientales. Je suis venu dans l'intention de soutenir les efforts de la milice. Accepterais-tu de me conduire à l'office martiale ?

Je jaugeai paisiblement l'homme de mon regard serein, chacune de mes paroles étant portée par le paisible souffle de la Déesse des vents. C'est ainsi que je reçu ma première mission, au temple de Rana.

>> Temple de Rana.

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Waram, humain d'Ynorie, voleur


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Sam 30 Oct 2010 21:17 
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>> La Méduse Noire

A peine avaient-ils mis un pied dans la ville, que Yami Sama et Ringo se trouvaient aux portes de la ville, prêts à rejoindre le temple de Rana pour l'intronisation de Ringo. Le jeune moine aurait voulu souffler un peu et retrouver ses parents et le confort de la pagode familiale mais Yami Sama était clair et intransigeant. Un buffet les attendait et on ne plaisantait pas avec la nourriture à outrance, servie sur une table gigantesque.

"Bande de fouines abjectes !"

Alors qu'ils sortaient à peine des remparts de la cité, ils virent une shaakt se faire éjecter de la cité, sans trop de considération. Yami Sama prit une moue déçue et leva son bras devant Ringo pour lui indiquer d'arrêter de marcher.

"Prépare-toi à te battre, Ringo. Tu te rappelles de Mademoiselle Tlin'Baraghlek ?"
"Oh ! Je ne l'avais pas reconnu ! Juste avant mon intronisation, je ne sais pas si affronter ses morts-vivants, encore, ne va pas nous retarder..."

D'un regard de commun accord, les deux moines se séparèrent. Yami Sama s'arrêta devant les portes d'Oranan tandis que Ringo, lui, s'avança un peu plus, en première ligne. Yami Sama avait raison, la shaakt connue de tout Nirtim et même plus, se relevait indignée et le regard courroucé. Tout autour d'elle, la terre remuait dangereusement et une grosse poignée de morts-vivants sortirent de terre. Souriant d'uen façon maléfique, la vile et belle Shaakt remit son boa en place et convoqua un palanquin fait d'os et de lambeaux puis se retira de la scène, ordonnant à sa monture cadavérique de s'éloigner. Ringo l'avait déjà vu faire et la trouver plutôt classe pour une méchante. Comme il n'avait toujours pas le droit d'utiliser ses poings, Ringo se saisit de son bô de voyage et le fit tournoyer dans les airs, tout en se préparant pour ce combat fracassant. Fracassant était le mot juste. Ces squelettes avaient l'air tout chétifs et nul doute que d'ici quelques minutes, les portes d'Oranan allaient ressembler à un tas d'os. Entre les gardes, son maître et lui, les squelettes avaient déjà leur compte mais ne le savaient pas encore. Juste avant de partir au combat, Ringo avala cul-sec sa dernière fiole de fluide pyromantique.

Bien que l'aspect de ces ennemis n'était pas à proprement parler très drôle, cela amusait Ringo ! Par le passé, il avait déjà affronté ces hordes mortes et y avait pris un plaisir certain. Alors qu'un crâne se fracassait au sol suite à un coup de Ringo, ce dernier se mit à sourire avec vivacité, le feu de ses nouveaux fluides l'aidant fortement à se sentir surpuissant... Boules de feu, coups dans le vent, gardes qui hurlaient de plaisir et maître moine impassible, tel était ce champ de batailles. Livré seul au beau milieu des squelettes, Ringo s'y donnait à coeur joie. Une déflagration électrique plus tard, le jeune moine rigolait presque à concasser les côtes d'un squelette à l'aide de son bâton puis fit tournoyer ce dernier autour de son cou pour avoir plus de puissance et envoyer valser dans les airs le crâne sans vie de son adversaire. Le Destin avait voulu mettre les pas de Ringo dans ceux de Jusztriin et il remercia intérieurement Zewen car grâce à ce petit exercice, son stress pour son intronisation avait disparu. Dans cette agitation sans nom, Ringo ne vit pas un squelette sur sa droite et son coup de masse lui fit lâcher son bâton. Furieux, il crama le squelette avec une boule de feu et tâtonna le sol, les yeux rivés sur son nouvel adversaire. Mais au lieu de prendre son bâton, ce fut une colonne vertébrale ornée de son bassin qu'il avait dans la main. Lorsque son arme vint exploser en plusieurs osselets, il se rendit compte que non seulement, ce n'était pas son bâton mais qu'en plus, cette colonne vertébrale n'était pas une bonne arme. Il esquiva non sans mal deux coups mais se reçut un coup d'épée particulièrement bien placé, lui lacérant le dos. Dans un râle de colère et de souffrance, il s'écroula au sol, à la limite de l'inconscience.

Il fallait qu'il se relève, ce n'était pas une bande de squelettes puants qui allaient l'avoir, certainement pas. Lorsque Ringo rouvrit les yeux, toujours endolori du dos, il aperçut son bâton non loin de lui. Sauf qu'entre deux, deux squelettes faisaient barrage. Une nouvelle boule de feu jaillit de ses poings et il courut comme un taureau vers l'autre squelette avant de sauter les pieds joints sur son thorax décharné. Bien qu'il récupéra son arme, il se reçut un coup de caillou et quand il se retourna, il vit Yami Sama l'air pas très content, un caillou en main.

"Ringosan... Avec ton bâton, s'il te plaît ! Tu n'es pas prêt !"

C'était facile de critiquer ses actions quand on restait loin du champ de batailles, se disait Ringo alors qu'il fracassait un nouveau crâne. Heureusement, il ne restait que peu de squelettes et le reste du combat fut plus aisé. Ringo n'eut le temps que d'en fracasser un à nouveau, les gardes avec leurs flèches avaient fait le ménage du reste cadavérique pendant. Après avoir reçu les remerciements des gardes, Ringo et Yami Sama reprirent leur chemin vers le temple de Rana. Voilà. Dans moins d'une heure, il saurait enfin...

>> La Maison Rouge

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mer 29 Déc 2010 20:09 
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Les gardes en poste devant la grande porte de la cité ne sont pas les mêmes que l’autre fois. Je ne prends pas le temps d’admirer l’architecture des lieux. J’ai d’autres choses en tête. Lorsque le garde de faction me voit tenter d’entrer avec mes habits ensanglantés et ma mine fatiguée, il m’interpelle de sa voix de soldat, une voix rude et sèche.

« Hélà toi, où vas-tu donc comme ça ? »

Je n’ai guère l’envie d’inventer un mensonge, une excuse, ou de rester là dans une longue discussion. Je tourne vers lui un sourire un peu amer, avant de répondre de manière à ce qu’il me laisse passer le plus rapidement possible.

« Je me rends chez Onmal Archevent, j’ai besoin de soin et il saura m’en prodiguer. Je me suis fait attaquer sur la route… »

Le mensonge est visiblement plus naturel que je le pensais. Mais le garde rétorque aussitôt :

« Et que sont-ils devenus ? Où cela s’est-il passé ? »

Je ferme mes yeux pour me concentrer un instant. J’aurais mieux fait de raconter que j’avais fait une mauvaise chute, même si vu l’état de la blessure, c’aurait été moins crédible.

« Je les ai mis en fuite, finalement, et à part cette blessure, il n’y a eu aucune victime. Je longeais un bosquet quand cela s’est produit. À une demi-journée de marche vers Kendra Kâr, approximativement. »

Trop loin pour qu’il aille vérifier. Et je lève ainsi le doute sur ma provenance… Il me toise de la tête aux pieds en fronçant les sourcils, puis me fait signe de passer avec un grognement d’assentiment, ne m’accordant dès lors plus la moindre attention. La mine soucieuse et sombre, j’entre dans la cité Ynorienne.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Ven 1 Juil 2011 19:24 
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Les gardes nous fouillèrent et nous interrogèrent longuement. Provenance, but, armes etc. Rien avait été laissé de côté. On ne leur expliqua que rapidement la raison de notre venue ici. Le fait de devoir toujours se justifier m'agaçait profondément. On pourrait nous laisser vaquer à nos occupations tranquillement, un voleur ou autre exécuteur ne passerait pas par la porte de toute façon et les Orques sont toujours nombreux à attaquer et ne nous ressemblent pas. On nous laisse finalement passer à travers les grandes portes et nous parvenons à un chemin pavé entre différents bâtiments. On accède à l'intérieur de la ville fortifiée.

suite

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Sam 2 Juil 2011 19:04 
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Localisation: Entre Oranan et Bouhen
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Sortir de la ville était bien plus facile que d'en entrer, les gardes nous aperçurent à peine alors que nous franchissions les portes pour rejoindre le village. Nous l'atteindrons dans la journée. Enfin, j'étais assez impatient, mais ne montrais rien.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Sam 9 Juil 2011 18:20 
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Localisation: Entre Oranan et Bouhen
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Après une marche rapide nous arrivâmes devant les portes de la ville qui attendait Maruks. Le jeune garçon était impatient de rejoindre l'endroit. Il espérait sans doute trouver sa place et être protégé. C'était, je pense, une bonne chose pour lui et j'ai toujours été heureux qu'il prenne cette décision. J'avais peu discuter avec l'adolescent et pourtant il devait être à peine plus jeune que moi et il avait souffert, comme moi. Les choses étaient différentes car il ne voulait pas de vengeance, mais il était seul, tout comme moi.

"Adieu," fit Theril.

Tout le monde répéta en cœur le mot destiné au jeune homme. Même moi. Je lui adressai également un sourire alors qu'Yluica vint le serrer dans ses bras et lui souhaiter bonne chance. L'adolescent nous remercia et se dirigea, sans se retourner, vers les gardes postés devant les portes de la ville fortifiée.

"Il ne reste plus qu'à nous en aller à notre tour," marmonna la guérisseuse.

Je hochai la tête sans rien ajouter, et je suivis Theril qui s'était remis en marche.

"Au fait, fit la femme en me rattrapant le bras. Tu veux aussi nous quitter, non ?"

"Après l'Ermitage je rejoindrai Bouhen. Tout compte fait je vais quand même y passer."

"Tiens c'est pour toi, je contais te le donner depuis un moment, c'est de la part de toute la guilde."

Alors qu'elle parlait, la jeune femme me glissa un médaillon d'argent rond et assez petit.

"Merci."

"Ça n'est pas un médaillon comme les autres, sache-le. Ça t'aidera pour l'avenir."

Je le passai autour du coup et lui adressa un sourire avant de reprendre la route, d'un pas rapide, pour rattraper le groupe.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Ven 27 Juil 2012 16:45 
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Oranan ou l'art martial


< La forêt des Faeras

Ce n'était pas pour rien qu'on la nommait ainsi, la citée verte, dont les immenses murailles qui s'élevaient au-dessus de ma tête juraient avec le décor végétal encadrant la porte de la cité. Un petit pont amovible s'arquait au-dessus d'une petite rivière qui, faisant office de douves, entourait la muraille. Tout autour, de nombreux arbustes : orangers, cerisiers, noisetiers déployant leurs fleurs en ce début de printemps étaient accompagnés d'autant de fleurs aux couleurs et aux parfums exquis.

J'humai l'odeur enivrante du lotus qui envahissait l'air alors que je m'engageai sur le petit pont. La porte de la ville, bien qu'ouverte, était faite d'un bois extrêmement solide. Elle était encadrée par deux gardes en armures claquantes qui faisaient passer les voyageurs au compte goutte. De chaque côté du portail s'élevaient deux immenses tours d'où se tenaient plusieurs vigies armées d'arbalètes. Puis, la muraille en pierre s'étendait presque à perte de vue, ne laissant apercevoir de la cité que quelques bouts de toit en pointe.

Malgré l'évident but militaire d'une telle forteresse, elle n'en était pas moins accueillante puisque tout était finement décoré. Du portail en bois dans lequel étaient gravés de magnifiques scènes de batailles, aux moulures trônant le long de la muraille, en passant par la décoration végétale - magnifique en cette saison - omniprésente.

(Oranan ou l'art de faire la guerre sans en avoir trop l'air ...) pensai-je pour moi-même tandis que l'un des gardes me jaugeait du regard.

Les deux Ynoriens portaient d'étincelantes armures aux couleurs de la ville : rouge, blanc et vert fait d'un mélange de plaques et de mailles. L'ensemble semblait à la fois extrêmement efficace et léger. Ils arboraient fièrement un tabard sur lequel était cousu le blason Ynorien - un arbre vert sur fond blanc - par-dessus leur cotte de maille. On pouvait aisément remarquer que l'Ynorie était depuis longtemps en guerre, malgré le fait qu'ils semblaient vouloir le cacher.

"Heu ... Bonjour" fis-je en levant les yeux vers le garde se trouvant sur ma gauche.
"Bonjour. Quel est le motif de votre visite ?" me répondit-il l'oeil suspicieux.
"Je viens voir l'amie d'un ami. Euh ... Anthelia, c'est une tatoueuse, parait-il."
"Oui, je la connais. Je vais vous demander votre nom, race, lieu d'origine et profession."
"Psylo, Lutin, originaire de Haälekti, près de Bouhen ... Euh, pour la profession, on va dire ... euh ... aventurier ..."
"Hmpf !" Il haussa les épaules et se mit à gratter de sa plume sur un bout de papier avant de reprendre l'interrogatoire : "Avez-vous déjà voyagé jusqu'en Omyrie ou avez-vous déjà eu des contacts avec un habitant d'Omyre ou encore avec un quelconque membre de l'armée oaxienne ?"

Je haussai les sourcils. Croyaient-ils vraiment en l'efficacité de cet interrogatoire ? Si jamais j'étais un espion à la solde d'Oaxaca, aurais-je répondu oui ? J'en doutais fort. J'allais lui faire remarquer l'idiotie de telles questions avant de me reprendre. L'homme ne semblait pas prêt à faire de l'humour et je n'étais pas là pour semer le trouble. Aussi répondis-je simplement :

"Non."

Il me fixa un moment puis se pencha de nouveau sur son bout de parchemin. J'attendis pendant une bonne minute avant qu'il ne m'adresse enfin la parole de nouveau.

"Bien, pour aller chez la tatoueuse, vous continuez tout droit après la porte. Vous allez arriver à une patte d'oie, vous prenez à droite et vous continuez sur l'allée centrale. Vous allez passer devant la place de l'oracle sur votre droite, puis l'Auberge des Hommes Libres sur votre gauche, mais vous continuerez. Une fois l'auberge passée, vous croiserez une nouvelle grande allée, vous prendrez à droite. Une fois arrivé là, vous trouverez une pancarte indiquant la direction de la boutique d'Anthelia. Voilà, bonne journée !"

Je me répétai un instant les indications du garde avant de prendre congé et d'enfin pénétrer dans la citée d'Oranan.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Jeu 6 Sep 2012 05:10 
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Localisation: ~Quête 35~
~Auparavant~

~2~



Les premières lueurs du jour sont déjà là lorsque je parviens aux portes. Elles sont encore closes pour le moment, mais plusieurs personnes en sont déjà à proximité. Certaines silhouettes s'affairent auprès de chariots et d'animaux de traits, d'autres discutent simplement. Maintenant que j'y songe, je n'ai aucune idée de l'aspect du groupe que je vais rejoindre. Le seul repère que je puisse avoir, c'est le blason oranien sur la tenue portée par les membres de la milice. Je chasse une légère pointe d'angoisse d'un revers de main. Ce n'est pas le moment de me laisser aller. Je suis aussi milicien que les autres après tout.

Je m'avance en direction des personnes présentes, dénombrant plusieurs groupes. Outre les gens ressemblant à des marchands, seuls deux regroupements d'humains attirent mon regard. Le premier est un duo composé de deux ynoriens à la chevelure coiffée en chignon, un homme et une femme. L'humain, au faciès plutôt sec, doit avoisiner le mètre quatre-vingt, et est vêtu d'une armure souple et sombre, recouvrant l'intégralité de son corps. Un surplus de matière masque en partie sa gorge. Seule sa tête ne semble pas protégée, mais un coup d'oeil à sa main me permet d'y remarquer un casque. Le blason de la milice y est clairement visible. Deux fourreaux superposés sont retenus à ses hanches.

( Je sais que je ne devrais pas y songer mais... Il n'a pas l'air commode.)

La femme à laquelle il s'adresse porte une tenue semblable, quoique sensiblement plus légère. Des plaques en cuir recouvrent ses avant-bras, et elle ne porte pas de gantelets. A moins que ce soit une coïncidence, j'ai affaire à deux des miliciens de l'escorte. Je m'apprête à aller à leur rencontre quand une voix familière s'élève sur ma gauche.

"Ingrat ! La prochaine fois, tu prépareras tes vivres toi-même ! Et il se prétend milicien ? Gamin !"

"Ne sois pas trop dure avec lui... Même si je suis totalement d'accord avec toi."

"Traître ! Et pourquoi tu ne lui dis rien à lui ? Je le savais bien que c'était lui ton préféré !"

Je me dirige vers les voix, l'une que je connais, féminine, et deux autres masculines. Contournant un chariot, je découvre un visage dont je me souviens parfaitement. Il s'agit de la milicienne Uzuuma Akiko, épaulée au cours de ma première tâche de milice. Étrangement, elle ne porte pas d'équipement. Mon instant de joie en la revoyant retombe quand je songe qu'elle ne fait sans doute pas partie du voyage. C'est dommage car elle a sans doute beaucoup de choses à m'apprendre.
Elle est en pleine discussion, presque querelle d'ailleurs, avec deux ynoriens la dépassant d'une bonne tête et demie. L'un s'insurge, l'autre a un air taquin. Je suis soudain frappé par un détail à leur sujet.

Ces deux jeunes hommes sont parfaitement identiques. La forme de leur visage, et leur expression alors qu'ils se jettent un coup d'oeil, est si semblable que je suis certain d'avoir affaire à des frères, voire à des jumeaux. Leurs différences résident dans leur coiffure et leur équipement. Celui qui est le plus proche de moi porte un plastron constitué de lamelles souples et recouvrant ses épaules, mais pas ses bras. Un brassard au motif de la milice orne son membre gauche. Dessous, un pantalon renforcé de plaques de cuir protège ses cuisses et ses articulations. Une pochette, que je pense chargée d'objets vu sa forme, semble ne faire qu'un avec le cuir de sa cuisse droite. Il est coiffé comme moi, un ruban retenant sa longue chevelure noire dans son dos.

Je n'ai pas encore pu regarder son semblable que la voix féminine m'interpelle.

"Ah ! Eh ! Bonjour le débutant ! Tu vas bien ? Tu fais aussi partie de l'escorte ?"

Je n'ai pas le temps de répondre que le milicien observé se précipite à ma rencontre. S'arrêtant brutalement, il se penche, plongeant son regard sombre dans le mien.

"Huuuum ? C'est une plaisanterie ? Non mais... Tu es vraiment milicien ? En faisant cette taille ?"

Je hausse un sourcil quand ce jeune homme abaisse la main à hauteur de mon front. La surprise ainsi qu'un certain inconfort peignent mes traits. Les présentations n'ont même pas été faites que j'ai droit à une curiosité un peu déplacée. J'imagine qu'il ne pense pas à mal, mais ce n'est tout de même pas agréable. L'autre voix masculine s'élève, calme, mais sonnant avec une certaine autorité.

"Junji ! Un peu de politesse, par Rana !"

Le second frère s'approche. Sa tenue est assez étrange, grisée et d'aspect souple. J'ai davantage la sensation de voir un tissu rigide qu'une armure légère. Pourtant, tandis qu'il s'avance, aucun pli n'est visible, preuve du renfort de son habit. Ses cheveux sont coiffés en chignon, mais à mesure qu'il s'avance, je m'aperçois qu'il s'agit en fait d'une natte enroulée sur elle-même, et retenue par un cordon de cuir. Un simple signe de tête précède sa prise de parole.

"Veuillez excuser mon frère. Il est parfois un peu abrupt, mais c'est un gentil crétin."

"Eh ! Cela y est, j'ai compris... Tu te venges pour la boule de riz, c'est cela ? T'es vraiment rancunier !"

Un sourire fugace étire les lèvres du second avant qu'il ne reprenne.

"Je m'appelle Uzuuma Genji, et mon voici mon frère... "

"Junji ! Uzuuma Junji ! Mais appelle-moi Jun' ! Content de te rencontrer... Euh... "

J'esquisse un sourire et me présente à mon tour, avant de m'incliner légèrement en avant.

"D'Esh Elvohk Kiyoheiki, apprenti milicien. Heureux de faire votre connaissance."

Tandis que je vois Akiko s'avancer, Junji se tourne vers le duo ynorien, leur faisant un grand signe de la main.

"Hidate ! Aya' ! Venez donc dire bonjour à notre nouveau camarade !"

La milicienne lui jette un regard réprobateur avant de se tourner vers moi.

"Tu l'auras deviné, nous sommes apparentés. Ce sont mes cousins. Ils savent se débrouiller, mais si tu pouvais les soigner en cas de souci, je t'en serais reconnaissante... Enfin, Genji surtout. Pas la peine de te préoccuper de cet ingrat de Jun'."

"Pffff ! Eh ! Ne les écoute pas, hein ? Je ne suis pas si vilain que cela !"

Le milicien Junji appuie ses dires en même temps que son avant-bras sur mon épaule droite, tirant la langue à sa cousine de façon effrontée. Je souris amicalement, content de me voir ainsi intégré à ce petit contingent. Le binôme humain arrive enfin à notre hauteur. Lorsque la jeune femme s'aperçoit que l'un des jumeaux se sert de moi comme support, son regard se fait perçant. Impossible de dire à qui elle l'adresse.

Du moins, jusqu'à ce qu'elle prenne la parole.

"Tu appelles cela un milicien ? J'y vois à peine un amuse-gueule pour loup édenté !"

Ah. Pas de doute, son regard direct est braqué sur moi. J'affiche brièvement un air d'incompréhension, songeant que pour une première impression, c'est loin d'être une réussite.



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Dernière édition par Kiyoheiki le Sam 8 Sep 2012 18:54, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Sam 8 Sep 2012 18:53 
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~3~



Le binôme d'iris ébène se rive au mien, comme cherchant à me transpercer, à me sonder. La situation est inconfortable, et le soudain éclat de voix de la jeune femme semble même avoir eu un effet négatif sur le sourire de Junji. En quelques pas, elle franchit la distance qui nous sépare, sans me quitter du regard. Elle me jauge et me juge. En d'autres circonstances, je n'aurais sans doute pas tenu rigueur de ses propos, mais là, c'est différent. Par sa remarque, elle doute non seulement de mes compétences en tant que milicien, mais aussi du bon sens du ou des gradés m'ayant octroyé cette mission. Fronçant très légèrement les sourcils, je me décide.

Décroisant les bras, je lui renvoie son regard. Je n'ai aucune intention de la menacer, mais je refuse de me laisser marcher sur les pieds sans réagir. De plus, les propos qu'elle a tenu ne font honneur à personne, et surtout pas à elle. Un sourire mesquin étire soudain ses lèvres tandis qu'elle incline légèrement la tête sur le côté. J'ai beau être quelqu'un de calme et de réfléchi, son air suffisant et immature m'agace. Elle me lance une pique, profitant du silence gêné des miliciens présents.

"Bouh, qu'il me fait peur ! Qu'est-ce qu'il y a ? La vérité te blesse, débutant ?"

"Eh !"

Lorsque j'entends la voix de la milicienne, faisant un pas en avant pour s'interposer, je lève la main et la regarde. Je sais que je manque d'expérience, mais avoir toujours une personne pour me protéger ne m'aidera pas à grandir. J'en suis conscient, et c'est pour cela que je fais un signe de tête négatif à Uzuuma Akiko. Rendant son regard à la jeune femme qui me fait face, j'inspire, prenant un instant de calme. Je n'ai pas l'intention de la provoquer, mais il est hors de question que je ploie.

"Pas du tout. Vous n'avez pas tout à fait tort, dans le fond. Je ne suis pas un guerrier expérimenté, ni rompu aux combats difficiles. Néanmoins..."

Je tends ma paume droite devant moi, y rassemblant mes fluides de lumière, que je manipule à la surface de ma peau. La lueur magique qui en résulte éclaire doucement les environs, du chariot proche aux visages des présents. Je n'y accorde pas un regard, conservant une ligne de vue directement dans les yeux noirs.

"La milice ne m'a pas intégré dans ses rangs par pitié. J'ignore ce que vous avez contre moi, mais à me dénigrer de la sorte, vous pensez indirectement que nos supérieurs sont des inconscients."

"Je n'ai pas..."

"Si, en suggérant que je n'ai pas ma place ici, vous remettez en cause leur jugement. Si vous me cherchez querelle, soit, tant que cela n'influe en rien sur notre mission.

Mon coeur cogne rudement dans ma poitrine, mais j'essaie malgré tout de conserver un air stoïque. Je n'aime pas les conflits de ce genre, ni d'être pris à parti par quelqu'un que je ne connais pas, et qui ne sait sans doute rien de moi.
La jeune femme reste silencieuse, me poignardant du regard. Ce n'est qu'à son air contrarié que je constate que les autres membres du groupe se jettent des coup d'yeux gênés. D'un coup, le grand humain tend le bras, apposant sa main gantelée sur l'épaule de la jeune femme. Celle-ci le regarde sévèrement, recevant un signe de tête négatif. Ses yeux balaient ensuite les personnes autour d'elle. Son expression énervée disparait peu à peu, se changeant en un air contrarié et boudeur.

Haussant vivement l'épaule, elle se débarrasse de la main qui la touche, croisant ensuite les bras.

"C'est cela, maintenant on dirait que c'est moi la mauvaise graine ! Peuh ! Bande d'hypocrites. Je suis sûre que vous avez tous pensé la même chose en le voyant !"

Les bras se croisent, les regards se font un peu distants et un léger silence s'installe. Une sensation désagréable m'enserre la gorge. Je sais bien que mon physique fait partie de mes points faibles, mais j'ignorais que les miliciens présents y accordaient une telle importance. Le silence est soudain brisé par la voix posée de Genji.

"J'avoue que j'ai eu la même réflexion... Mais je me suis dit, au fond, pas la peine d'avoir un physique de colosse pour être milicien. Tu en es un exemple parfait, pas vrai Ayame ?"

"Et tu peux parler ! Il y a encore une semaine, c'est toi qu'on appelait la novice !"

La jeune femme semble pétrifiée un court instant. Elle croise les bras avec force, puis va se planter devant le jeune homme. Elle lève d'un coup les bras, comme une enfant cherchant la bagarre avec un adversaire bien plus grand.

"Uzuuma Junji ! La divulgation de ce genre d'information est passible d'une belle punition !"

Alors que le milicien lève les mains pour intercepter les assauts aux poings, c'est la pose douloureuse d'un talon sur ses orteils qui le fait réagir. Tandis qu'il se réfugie derrière son jumeau presque impassible, la jeune femme grogne, cherchant à l'atteindre. La scène me laisse perplexe, mais l'atmosphère négative semble se dissiper. Uzuuma Akiko pousse un soupir, puis me pose doucement une main sur l'épaule. Son expression est difficile à déchiffrer, mais pas ses paroles.

"Le contrôle de soi est une qualité primordiale dans la milice. Garde toujours cela à l'esprit."

J'acquiesce, percevant le mouvement du grand humain, appelé plus tôt Hidate par Junji. Ses yeux sombres se rivent aux miens, comme s'il voulait dire quelque chose. Au bout de longues secondes de silence de sa part, il entrouvre les lèvres. Après une courte phrase, il se présente à son tour puis désigne la jeune femme d'un signe de tête.

"La nervosité a diverses manifestations. Tanigura Hidate et Nawakura Ayame."

Je lui rends sa salutation, regardant de nouveau Nawakura et Uzuuma se chamailler assez amicalement. Soudain, une voix féminine fait cesser tout mouvement.

"Ahem ! Si vous pouviez arrêter de faire honte à la milice en place publique, je vous en serais gré."

Une femme de grande taille, montée sur un cheval d'un brun roux, s'approche de nous. Elle est revêtue d'une armure à l'aspect lourd, et est coiffée d'un casque arborant un léger panache blanc. Une cicatrice marque la droite de sa lèvre supérieure, et son attitude me parait bien imposante. Le jeu entre les jeunes gens cesse, et en la remarquant, ils prennent une position respectueuse. Calant mon poing droit dans ma paume gauche, je fais de même. Seule Akiko n'a pas cette attitude. Avec un grand sourire, elle s'approche de la guerrière, tendant une main vivement empoignée en retour.

Détournant les yeux, je remarque l'approche d'un coche de belle facture. Le véhicule fermé est tracté par un cheval mené adroitement par un homme d'une trentaine d'années. A la fenêtre, un visage sévère se penche. Un autre oranien, aux cheveux grisonnants et aux longues moustaches, scrute notre groupe à mesure qu'il approche. Un peu perturbé par le regain d'activité, je manque quelques paroles de la guerrière. Secouant la tête, je m'oblige à prêter attention.

"... D'entre vous me connait. Je suis le capitaine Harkan. Je représente l'autorité, je donne les ordres et j'attends de vous un respect et une discipline faisant honneur à la République. "

Sur ce, elle adresse un court regard sévère à Junji et Ayame. Elle reprend, désignant le coche derrière elle.

"Notre tâche consiste à protéger notre dignitaire pendant le voyage. Dans trois jours, nous rejoindrons d'autres miliciens qui prendront la relève. Des questions ? Eh bien nous n'avons pas le temps ! Nawakura ! Vous conduirez le chariot d'équipement. Tanigura, vous fermerez la marche. Pour les autres, restez de part et d'autre du coche."

L'équidé monté se met à piaffer, tapant le pavage du sabot droit. Un lourd grincement se fait entendre tandis que les portes sont finalement ouvertes. Notre convoi de deux véhicules et huit personnes se met en route. J'ai un tas de questions en tête, mais vu le rythme imposé, je doute avoir le temps de m'en préoccuper. Se positionnant à ma gauche, Junji se retourne brièvement, saluant Akiko avec un grand sourire.

"On se revoit dans une semaine, cousine !"

Je suis tendu, mais empli d'impatience. J'ai hâte de savoir ce que nous réserve ce voyage en groupe. Peut-être est-ce l'occasion de forger des liens avec des camarades miliciens ?



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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Jeu 13 Sep 2012 14:48 
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Les portes d’Oranan se sont ouvertes peu après les premières fleurs du matin, lorsque la lumière commençait à baigner le paysage alentour, le dévoilant jusqu’à l’horizon aux yeux des guetteurs postés sur les plus hautes tours. Le regard de ces derniers balayait l’arc s’étendant du nord à l’ouest, d’où pouvaient survenir les hordes d’Omyre, avec une attention proportionnelle à la menace. La sagesse populaire dit que le plus faible des hommes peut devenir votre plus puissant ennemi s’il se présente dans votre dos… Il en va de même pour une ville, aussi d’autres hommes montaient la garde tournés vers le sud : qui pouvait garantir qu’une troupe ne descendre pas loin au sud, à l’abri des montagnes, pour ensuite remonter le pays là où nul ne les attends ?

La vigilance des gardes garantit la sécurité des habitants. Voilà qui justifie les contrôles répétés aux portes, pour les individus souhaitant entrer tout comme ceux souhaitant sortir. Nul n’imagine l’intrusion d’un sekteg grimé dans l’enceinte de la cité, mais des hommes ont vendu leurs services aux forces de l’ombre, des espions redoutés pour leur nuisance, redoutables car semblables aux plus innocents des voyageurs. La suspicion pèse déjà sur l’homme allant tête nue, visage découvert, sans manifester ni culpabilité ni duplicité ; quelle serait-elle envers celui dont les traits sont dissimulés par le masque ? L’ample kimono de Caabon dissimule le long couteau qui lui a été offert lors de son quinzième anniversaire, une arme élégante, ne manifestant la richesse que pour celui qui reconnait dans la facture et les finitions les marques du savoir faire d’un artisan de talent, mais ces vingt centimètres de bel acier sont d’un embarras moindre que la peau dont il ne peut se défaire. Rien n’exclut qu’en cas d’arrestation il recoure à la protection de celui qui fut son sauveur, son tuteur durant vingt longues années, si ce n’est la répugnance que lui inspire cette idée : l’homme prépare un mariage avantageux, ce serait un bien piètre remerciement que de ternir, voire contrarier, l’évènement, avec ce qui peut rapidement prendre la forme d’un scandale, tache sur la réputation d’un honnête marchand.

La dissimulation n’est plus de mise sous le costume adopté par Caabon, ses vêtements doivent devenir une image, conformément au plan conçu pour son départ avec l’assistance de son tuteur. D’un pas hésitant à la limite de la claudication, longuement répété dans les allées du jardin où jadis il apprît à se mouvoir avec élégance, il s’avance vers la porte, sonnant sa clochette à toute volée. Les passants comprennent rapidement qu’il ne vaut mieux pas se frotter à cet homme tout de gris vêtu, l’odeur méphitique qu’il traîne dans son sillage les confortant dans cette décision : tant puer n’est pas chose courante à Oranan, et il en a coûté à Caabon de s’enduire de différentes substances pour peaufiner son personnage, mais la mascarade exigeait ce sacrifice olfactif. Le raisonnement du milicien le plus gradé en charge de la sécurité de la porte ouest est moins influencé par son nez, libre de toute répugnance instinctive du fait de la distance, il se livre à quelques réflexions, tandis que ses hommes fouillent un chariot arrêté : les individus masqués cherchent à dissimuler leurs traits, et qui dissimule ses traits ne cherche pas à attirer l’attention… mais quelle est alors l’intention de l’homme masqué agitant à la volée une clochette comme si le manche de celle-ci lui brûle la main tout en y restant résolument accrochée ? Son casque se fait le toit d’un vaste chantier, alors que s’échafaudent diverses hypothèses sous ses cheveux que l’âge commence à faire grisonner. Penser à bon escient lui a valu de monter en grade, et jamais il ne s’est départi de cette habitude. Seulement, le corps tend à réagir de lui-même face aux agressions. Les narines du soldat, bien qu’habituées aux différentes odeurs du combat, allant de la sueur des guerriers jusqu’à la merde tapissant le fond des pantalons des pleutres, se contractent face à l’attaque, et la main vole jusqu’au sabre fixé à la ceinture. Cette brève perte de la maîtrise de soi passe inaperçue, tant ses subordonnés concentrent leur attention sur l’homme au masque, ou plutôt sur les moyens de se soustraire à ses exhalaisons pestilentielles avec dignité et sans entorse au règlement militaire. La fouille du chariot est abrégée, un sac de graines confisqué à seul but de rentrer dans le poste de garde pour rédiger un rapide rapport sur la saisie.

« Toi ! Arrête ! Toi qui ne montre pas ton visage, qui es-tu ? »

« Un malheureux affligé de la lèpre, seigneur, soucieux de libérer les citoyens d’Oranan du mal dont il est porteur… Mon maître m’a gardé dans sa maison aussi longtemps qu’il l’a pu, mais je suis un trop lourd fardeau, un déchet tout juste bon à rester cloîtrer dans sa chambre pour éviter de répandre son fléau, un misérable ne méritant pas la pitié dont il a été l’objet et… »

« As-tu une preuve de ce que tu avances ? »

« Oui, seigneur, j’ai une lettre de mon maître… »

Caabon tire d’une poche intérieure de son kimono un pli scellé portant dans la cire le sceau du marchand dont il fut le protégé. Le parchemin a été imprégné de différentes humeurs tirées d’animaux morts, pouvant aux yeux de tous passer pour les exsudations des chairs touchées par le mal. Du bout ferré du bâton de marche sur lequel il s’appuyait, il pousse dans la poussière le message. Personne ne fait mine de vouloir saisir la lettre, aussi le chef juge-t-il qu’il est de son devoir de montrer l’exemple à ses hommes : il s’agenouille, sors une dague du fourreau à sa ceinture, fait sauter le cachet et déploie la missive à la pointe de sa lame. L’autorisation de sortie de la ville est en règle ; deux signataires se côtoient, ornées de paraphes montrant une certaine maîtrise de la calligraphie, mais avant tout garantes de la bonne foi du porteur.

« Bien, passe. »

« Merci, bon citoyen, merci de ne pas accabler de plus de tourment un homme qui souffre déjà tant. »

« Sache que je te plains, pauvre homme. Te voilà affligé d’un mal bien plus grand que celui qui afflige tes chairs. Tu es dès aujourd’hui apatride, car nul ne te laissera plus entrer dans notre cité, et je doute qu’une autre t’accueille. Meurs dignement. »

Les gardes font preuve d’une raideur qui n’a rien de militaire lorsque passe le prétendu lépreux. Peu importe à Caabon. Il ne tourne pas la tête pour admirer une dernière fois les remparts d’Oranan, ce ne sont que des murs, d’autres murs, plus hauts, plus imposants que ceux au sein desquels il vécût. Mais devant lui…
Une route. Un coup de vent soulève de légers nuages de poussière qui se révèlent aussitôt dans la lumière matinale en un fin nuage or-argent, une rafale plus violente les rabats sur les dalles usées, et le manège recommence, lentement, irrégulier comme souffle changeant de l’air. Caabon s’arrête un instant pour profiter du spectacle.

(Une vie d’étude, dans une prison de raffinement. Vingt ans de solitude, le prix de cette nouvelle liberté. J’ai lu des récits de voyage, j’ai vu des tableaux… mais cela. Un monde figé, clos, mort. J’ai quitté Oranan comme un mourant, je suis mort pour cette cité, mort sous l’identité qui me protégeait le plus, et je doute pouvoir jamais regagner ce qui fut mon foyer au grand jour. Je doute vouloir revenir… Après tout, je ne connais qu’un homme ici, un homme qui reconstruit sa vie, ou qui s’(apprête à en créer une autre... Enfin… maintenant, où aller ?)

Une poche intérieure du kimono contient les quelques yus que possède Caabon, il en tire une pièce de bronze frappée par Oranan. Pile, ce sera Kendra Kâr. Face, ce sera Bouhen. Une ville en vaut une autre lorsque toutes sont inconnues, toutes ont le même attrait. Que valent des textes, des gravures, des lithographies pour un homme qui découvre que les herbes sauvages balayées par les rafales marines ? Ces herbes, il les connait, elles figurent dans des herbiers que quelques passionnés de la flore de la région ont constitué à Oranan, et pourtant… Elles ploient, les couleurs sont plus vives, la sécheresse et le papier n’ont pas bu leur vie au cours des années.

(Il doit en aller de même pour les villes. La ville est une entité que jamais je n’aurais pu aborder au sein d’un livre. Je n’en ai aperçu que des parties, des esquisses, des descriptions de tel ou tel lieu… Sentir les odeurs des villes, en voir les couleurs au matin, la pluie, le vent, et voir la vie… Une vie peut-être différente de celle d’Oranan, une ville dans laquelle je ne devrais peut-être pas me dissimuler… )

Face.

Caabon quitte la route jusqu’au talus, creuse de ses mains un coin de terre meuble et enterre la pièce de cuivre. Symboliquement, c’est Oranan qu’il ensevelit, la cité telle qu’il l’a connue : lisse, froide, étrangère et aussi impersonnelle que cette pièce de monnaie.

Les souvenirs de cartes ne sont que des souvenirs, les détails se sont estompés avec le temps, mais les grandes lignes sont gravées dans la mémoire de Caabon. Bouhen. Le sud. Il suffit de suivre la route, les bornes ponctuant le chemin indiquent la direction à suivre, bien qu’il est difficile de se perdre sur le long ruban dallé.

Route vers Bouhen

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* * *



C'est par la sagesse qu'on bâtit une maison, par l'intelligence qu'on l'affermit ;
par le savoir, on emplit ses greniers de tous les biens précieux et désirables.
Proverbes, 24, 3-4


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 Sujet du message: Re: Les portes d'Oranan
MessagePosté: Mer 26 Sep 2012 17:50 
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[Interlude]
~1~



Le soleil a déjà dépassé le zénith depuis quelques heures lorsque le groupe atteint les portes. Notre supérieure a eu la bonne idée, même si elle ne l'a pas formulé à voix haute, de réduire notre vitesse de déplacement. Ma hanche meurtrie lui en est reconnaissante, tout comme le milicien Tanigura Hidate, très vite remis de sa blessure à la jambe. La milicienne Nawakura Ayame ne m'a pas adressé la parole pendant le reste du voyage, et je dois dire que j'en suis plutôt soulagé. J'ai beau lui avoir dit que j'allais m'améliorer en tant que milicien, je sens qu'elle est du genre à chercher querelle pour des broutilles.

Les portes franchies, je récupère le paquetage porté par le chariot d'équipement. En voyant la poussière couvrant ma main, je pousse un souffle dépité. La mission est remplie, mais je suis dans un état pire que pour celle d'avant. Une esquisse de sourire s'affiche sur mes lèvres quand je pense à la tête que va faire oncle Masaya. D'ailleurs, j'espère que tout va bien pour lui, et que son inquiétude à mon égard s'est quelque peu apaisée. Tout en finissant d'ajuster la cordelette de mon bagage, j'effleure la perforation dans mon yukata, tendant une oreille distraite aux voix désormais connues.

C'est Uzuuma Junji, un rire dans la voix, qui s'exprime en premier.

"Enfin rentré ! J'espère qu'Akiko a pensé à refaire des pains au sucre !"

Immédiatement, son jumeau émet un son moqueur. Uzuuma Genji réagit rapidement, envoyant une petite pique taquine à l'ynorien.

"Je n'en suis pas sûr. Après tout, elle n'a peut-être pas lu la quinzaine de messages calligraphiés au charbon que tu lui as laissé."

"J'espère que si ! J'ai faim !"

La voix de Nawakura s'élève, envoyant une réplique sèche.

"Manger, manger, manger... Tu ne pourrais pas parler d'autre chose ? "

"Mais si ! Par contre, je ne suis pas sûr que tu veuilles entendre cela."

Levant les yeux, j'aperçois une expression de gamin joueur sur les traits du jeune homme. La réaction féminine est immédiate, se traduisant par une coloration écarlate du visage. J'ignore à quoi ils font référence, mais la milicienne est visiblement embarrassée. Pour couronner le tout, elle cherche à frapper le jeune homme, se faisant aisément contrer à chaque assaut. Jetant un regard circulaire à ce petit contingent, je reste immobile, amusé par le côté "vie quotidienne" de ce que j'ai sous les yeux. Qui pourrait dire en les voyant qu'ils ont pris la vie de plusieurs personnes quelques jours plus tôt ? Enfin, je devrais dire "nous".

Cette simple idée me ramène au visage de l'adolescent que mon Fang Bian Chan a mené au trépas. Je me sens fatigué, et les nuits ponctuées de cauchemars n'ont rien arrangé. Je ferme les yeux, tentant de me concentrer sur les voix bien vivantes et les sons autour de moi. Pour le moment tout va bien, mais je suis certain que dès la venue d'un silence prolongé, mes oreilles en pointes vibreront de nouveau de ces sons d'agonie. J'ai beau rationaliser, penser que je n'ai fait que me défendre, je me sens sali. C'en est au point que j'ai des réticences à prier Gaïa.

C'est la voix de notre supérieure qui me tire de mes réflexions.

"Une bonne chose de faite. Tanigura et Uzuuma Junji, vous m'accompagnez. Nous ne serons pas trop de trois pour le compte-rendu. Les autres, vous pouvez disposer."

"Argh ! Mais pourquoi moi ? J'ai des petits pains qui..."

"Je dois avoir mal entendu. Est-ce qu'une personne dans les environs discuterait mes ordres ?"

"Quelqu'un oserait ? Oh ! Quel sans-gêne... "

Junji affiche un grand sourire, et c'est seulement en apercevant l'expression amusée du capitaine Harkan que je perçois leur complicité. Masquant un léger rire de gorge, j'adresse une salutation respectueuse et amicale à mes compagnons d'arme, puis me retourne. J'ai hâte de rentrer chez mon parent, et de me débarrasser de cette crasse de voyage. J'imagine que c'est ce que vont faire les autres. Nul ynorien bien élevé n'apprécie de paraître sale ou malodorant en public, après tout.

Je m'apprête à m'engager dans une rue quand une voix masculine, venant de derrière moi, m'interpelle.

"Apprenti d'Esh... Ah. Kiyoheiki !"

Un quart de tour suffit à mettre Uzuuma Genji dans mon champ de vision. Il est encore à quelques mètres derrière moi, et semble hésitant. Je patiente, mais devant son absence de mouvement, je prends les devants.

"Oui ? Qu'y a-t-il ?"

"Je me demandais juste si... Si vous alliez bien."

Genji a beau savoir taquiner son frère sans difficulté, j'ai l'impression qu'il est, au fond, quelqu'un d'un peu timide. Je lui fais face, tentant de déchiffrer son expression. Lui me scrute, attendant certainement ma réponse. Lorsque j'effleure la déchirure dans mon habit, ses yeux se plissent un peu. Quelque peu touché par l'intérêt qu'il me porte, je reste un instant à l'écoute de mes sensations, puis lui souris.

"La plaie est fermée, mais il va falloir un peu de temps pour que tout revienne à la normale. "

"Ah. Tant mieux."

Un court silence prend place. Je suis quasiment certain qu'il veut me demander autre chose, mais il ne dit pas un mot de plus. Me plaçant de profil, je lui adresse un signe de tête poli.

"Bon, eh bien bonne fin de journée."

Alors que je m'apprête à faire volte-face, l'ynorien se décide et arrive à ma hauteur. Son regard sombre balaie rapidement ma personne. Il semble chercher quelque chose, amenant une main devant son visage, regardant derrière puis au-devant de lui. Intrigué par son manège, je demeure silencieux. Au bout de quelques secondes, il pousse un soupir et affiche un air amusé. Désignant mon paquetage, il y pose la main. Je le laisse faire lorsqu'il décide de le porter, en plus de son propre bagage.

Tandis que je me masse l'épaule, il brise le silence par un léger rire.

"Huhu. Uzuuma Genji ou comment passer pour un bambin apeuré, simplement parce que je n'arrive pas à vous demander de me laisser faire un bout de chemin avec vous."

Je réponds à son rire par une expression amusée, sans lui dire que je peux porter mon paquetage seul. Visiblement, me rendre service semble lui faire plaisir. Je n'arrive pas à déterminer ce qui le motive. Est-il inquiet pour moi ? Craint-il de s'ennuyer sans la présence de son jumeau ? A-t-il une autre raison pour ne pas vouloir rentrer immédiatement à son domicile ? Quoi qu'il en soit, face à son air décidé, je n'objecte pas.

Faisant un pas supplémentaire, je l'invite à me suivre. C'est l'occasion de présenter l'un de mes camarades miliciens à mon oncle. Qui sait ? Genji pourra peut-être répondre à certaines questions que se pose mon parent.



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